26 Mar

Mauresca fa virar!

Tournée générale ! Mauresca, 5 albums au compteur pour ces 5 serveurs de hip hop ragga, en occitan sioplèt. Leur nouvel album, Riòta ils viendront l’arroser jeudi soir 27 mars. Histoire de chauffer et recharger La Dynamo (Toulouse).

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Un collectif très coopératif né en 1998 à la fois local et international, engagé et poétique, qui fait danser et réfléchir avec de la tchatche , des musiciens et des machines…

Et ça bolèga grave chez ces enfants de Paul Valéry. Des horizons différents : Chab de Provença, Benezet Hérault et chant polyphonique, Drac aux Platines , Inti from Bolivia et Massimo d’Italia. Ils ont laissé sur la route le Fracas Dub pour ne garder que la Mauresca. L’écriture plus que jamais affûtée, la plume acérée et poétique. .

 

Riòta

L’album n’est pas encore sorti mais le groupe a profité des élections pour faire tourner un premier tròc : « Mauvaises idées ». Gros son, mix classieux riche et équilibré, rythme implacable et dansant à la Zebda, des scratchs qui scandent,  des voix parfaitement posées et colorées en òc et français. Et le texte qui envoie : les mêmes et mauvaises idées…

 poussées par la peur</p#>

l’ignorance et l’orgueil,</p#>

nourries de rancœur </p#>

que la haine recueille, </p#>

gonflées par l’erreur </p#>

comprenne qui veuille </p#>

méfiance et rumeur</p#>

gentil n’a qu’un œil</p#>

c’est la sombre couleur</p#>

l’embuche et l’écueil</p#>

c’est la brune terreur</p#>

la nation en deuil…    </p#>

Autant dire que le scrutin municipal leur a donné raison et que la Riòta (titre de l’album) est plus que jamais sur la place. Un titre sur fond de révolte et de punk qui fait indubitablement penser au « White Riot » des Clash et « Teen Age Riot » de Sonic Youth. Un morceau qui s’est déjà escapat sur les ondes de « Good Morning Occitania » et qui semble du même tonneau que « Mauvaises idées ». De quoi nous assoiffer en attendant la sortie prévue fin avril.

En attendant, tournée générale : Mauresca sera jeudi à 20H à la Dynamo de Toulouse, vendredi matin dans les studios de « Good Morning Occitania » pour Radio País et Occitania et samedi dans le Jornalet de France 3. Sans oublier Doctors de Trobar vendredi à l’Estanquet de Tolosa. Fai virar !

Lo Benaset…de la 3 !

 

06 Mar

Los camins e identitats multiples d’Eric Fraj

Dire qu’Eric Fraj a plus d’une corde à son art est un doux euphémisme. Chanteur multi-langues, musicien, écrivain, poète, philosophe…Aussi à l’aise chez Jean Boudou que dans Jaufre Rudèl ou encore Garcia Lorca.

Toujours en réflexion, à débusquer des ambiguïtés,  en errance pour se retrouver, passe frontière en quête de mélanges. Toujours s’interroger. « Qu’un occitan per deman ? Lengatge e democracia » son dernier livre est le fruit de ce parcours. Un essai qui remue, interroge, sur les identités justement, sur les chemins de la langue et de sa transmission. Eric Fraj en parle dans cet article paru dans le Jornalet. Son livre a été longuement commenté et analysé.

 

Il revient aussi dans l’actualité avec 2 albums.

Le premier « Pep el Mal » est l’histoire de son grand-père José Fraj parti à pied d’Alcoi, proche d’Alicante en Pays Valencien pour s’établir à Lavelanet puis Toulouse. C’était en 1920, pour fuir la misère et la guerre. Une aventure humaine faite de mouvements et d’identités. L’homme qui marche pour ne pas arriver. Ce café toulousain dans le quartier de La Concorde à Toulouse où José venait, où nous avions retrouvé Eric en 2007. Au moment de son spectacle « Pep el Mal » avec d’autres musiciens.

 

Aujourd’hui c’est un disque, nouveaux arrangements et collaborateurs. Un disque avec ses 12 chansons embarquées en tournée. Après Toulouse cette semaine, il sera en Ariège à Oust le 28 et Dun le 29, puis à Auch le 22 mai.

fraj-lorca-500Le second : « Eric Fraj chante Lorca en occitan ». Et ce n’est pas la première fois qu’Eric se frotte au répertoire espagnol, en l’occurrence andalou. Les traductions du grand poète Federico sont signées Max Rouquetteavec une introduction de Philippe Gardy. Des textes tirés du Romancero Gitano, Cante Jondo entr’autres.

Toujours à propos de traduction, Eric Fraj signe la partie française et la préface de « Viaur », un recueil de 2 romans de Robert Marty.

Quand on vous dit cheminement,  éclectisme et identités…

Benoît Roux

03 Mar

The Inspector Cluzo : du rock gascon 4 étoiles

Il y a bien quatre étoiles sur leur logo. Tels des mousquetaires, ces cadets de Gascogne auraient pu être quatre pour faire leur musique…Mais voilà, ils ne sont que 2 : Laurent Lacrouts & Mathieu Jourdain alias Malcom & Phil de The Inspector Cluzo.

Un duo ébouriffant, plus déjanté que les Rita Mitsouko, moins glamour qu’Eurythmics, tout aussi créatif que les Daft Punk.

Leur réputation, ils l’ont faite sur scène, à l’énergie, à la provocation, Laurent Lacrouts à la batterie et Mathieu Jourdain aux guitares. Ni basse, ni clavier, ni artifices, des riffs et des rythmiques qui sonnent et cognent comme un groupe plus large.

Un jeu de scène décoiffant exercé sur les plus grandes scènes rock, dans les festivals les plus réputés, et dans le monde entier. Il suffit de jeter un œil sur leur site : Chine, Afrique du Sud, Japon, USA, Australie et partout en France pour 2014. Leur album vient de sortir au Japon avec une tournée à suivre.

 Identitat

Mais attention, pas de concerts sans un « Adishatz », une bannière gasconne, un maillot du Stade Montois. Car oui nos gascons viennent des Landes, occupés à faire les paysans à Saint-Martin du Mont (Landes) quand la scène et le milieu artistique ne les accaparent plus. Physiques et engagés comme de bons rugbymans, ils n’hésitent pas à envoyer « la Cazérienne », l’imne gascon de la corsa landesa. Après avoir brocardé avec des gestes sans équivoque le géant mondial des semences transgéniques en pleine tournée américaine ! C’était à Los Angeles le 20 décembre dernier. C’est aussi sur leur dernier disque « Gasconha Rocks ».

The Inspector Cluzo en tournée aux USA

Ces artisans de la musique font tout eux-mêmes : imprésario  compta, design, packaging, production…Sur « Gasconha Rocks », on retrouve Jean Barrère, le célèbre éleveur de vaches landaises en photo sur la pochette.

Sur leur site, on découvre aussi des infos sur « La seleccion de Gasconha » de rugby montée par l’association « Los mousquetaires de Gasconha ».

Fenomèn mediatic

Véritables stars de la scène rock, les médias se sont emparés du phénomène. Notamment en France. M6 leur a consacré une partie d’un magazine sur « Ces français qui triomphent à l’étranger », on peut aussi les voir sur Culture Box, le site culturel de France Télévisions. Et ils seront en avril dans Viure Al País.

La presse spécialisée est dithyrambique, et même Géo dans son dernier numéro avec Jan Barrère en couverture se penche sur leur cas et sur leurs oies.

Aussi célèbres et drôles que l’Inspecteur Clouseau cher à Blake Edwards, Phil & Malcom ont le vent en poupe, mais ils restent égaux à eux-mêmes. Et ce n’est pas une Gasconnade !

Benoît Roux

 

16 Jan

Vox Bigerri Vox Dei

Cap aus sorelhs, le 4ème album du groupe polyphonique Vox Bigerri ne passe pas inaperçu. Avec ces chants religieux qui fleurent bon l’hérétique, ces 5 chanteurs ont tapé dans les oreilles les plus fines et parfois inattendues. Ainsi le dernier numéro des Inrocks. « Nulle trace de solennité bêlante ne se discerne au sein (ardent) de ce recueil rigoureusement tendu vers l’épure et caractérisé par une mise en son d’une remarquable clarté. Porté par cinq corps et âme vibrant à l’unisson, l’ensemble s’avère tel que le titre le suggère : lumineux ». Il ne vous reste plus qu’à les écouter notamment le 25 janvier prochain à Marseille.

Benoît Roux

10 Jan

Du Bartas, du rythme dans l’occitan

D’un trio à l’origine, le groupe a rajouté deux cordes (dont un violon) à son arc pour devenir quintette. Il s’est fait un nom : du Bartàs. Au milieu de personnages célèbres et lettrés : Louis Barthas de Peyriac-Minervois tonnelier, écrivain et caporal durant la Grande Guerre et Guillaume Dubartas, poète occitan du XVIème.

Mais ceci est de l’histoire ancienne et Tant que vira (Tant que ça  tourne..) c’est le titre du quatrième album de cette formation languedocienne produit par la coopérative artistique Sirventés. Les pieds bien ancrés dans leurs racines plus ou moins vigneronnes, les yeux bien ouverts sur les problématiques actuelles Du Bartàs n’en finit pas de réinventer les traditions et de nourrir la création occitane contemporaine.

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Photo © Sirventés

Du Bartàs c’est d’abord un groupe. Pas de meneur, de chanteur exclusif, de batteur percussionniste attitré, soliste et autre virtuose mais une osmose parfaite entre les 5 éléments. L’initiateur Laurent Cavalié laisse volontiers le chant à ses acolytes complices. Mais il continue à gratter la terre occitane pour y extraire des pépites, ou prendre sa plume pour rouméguer contre les dérives de la société. Musicalement, ça sent bon la Méditerranée et pas trop la tradition. Ou alors LES traditions. La faute aussi à Abdel Bousbiba, un Audois qui a laissé ses oreilles et son toucher à Fés avec violon et bendir dès la première chanson. Il chante en arabe mais aussi en occitan. Un peu surprenant de prime abord, tellement évident par la suite.

Les textes ne sont pas en reste. Plutôt bien bâtis notamment pour Cantèri quand èri ou la complainte immobilière de la maison moderne qui part en ruine façon Babau que me pica. Piquant drôle et réussi. Et puis l’istòria vertadièra d’aquel Fadòli de petròli. Ce n’est pas au royaume Qatari mais à Ferrals, en pleine Montagne…Noire mais pas de pétrole !

Dans ce disque, il ne faut pas chercher une production sophistiquée, un son hyper travaillé, des voix maintes fois enregistrées…Mais de la spontanéité, de la fraicheur et des rythmiques hyper travaillés, multiformes : tarentelle, sardane, bourrée. Côté Espagne Ai !Carmela ! version occitane de ce chant qui est devenu un hymne aux réfugiées. Côté Italie, Qual es que ten façon tarentelle et Sante Geronimo Caserio du nom d’un jeune anarchiste italien qui failli escotelar le président Sadi Carnot.  Il y a ce rythme presque tribal qui va faire du bien aux oreilles des identitaires Sèm totis bastards. Et la célèbre Fièra d’Olonzac à la rythmique implacable, un traditionnel réinventé.

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« Du Bartàs en concert »  © Popeulz

Le disque est de bonne facture, à l’écoute riche et colorée et qui donne envie d’être partagé. Avec une seule frustration : Du Bartàs est un groupe de balèti, de rencontre, qu’il faut voir et écouter sur scène, en situation. Ça tombe bien. Après s’être posé sur les pages, les ondes et la toile de grands médias parisiens, le groupe est en tournée. Ils seront à Rodez le 17 janvier et Carcassonne le 24.

E tant que Du Bartàs virarà, nos anirem leugièr, leugièr, nos anirem leugierament…

Benoît Roux


Du Bartàs – Hestiv’Òc 2012 par FestivalHestivOc

27 Nov

Vox Bigerri : des hérétiques occitans dans les églises

Cap aus sorelhs (face aux soleils), le 4ème CD  de Vox Bigerri consacre l’avènement du groupe pyrénéen. Il est dédié  aux polyphonies sacrées de l’Europe du Sud.

Une première pour cette formation exclusivement masculine et qui aimait plutôt se frotter aux chants populaires et traditionnels un peu sus la talvera (à la marge).

VOX BIGERRI Cap aus sorelhs

Erètges…(hérétiques)

Toujours à la recherche d’une oralité ancrée et souvent atypique, Vox Bigerri a donc traqué les morceaux qui –tout en étant sacrés- pourraient répondre à leurs problématiques. Et pour se faire, pas besoin de s’adresser à Dieu et à ses Saints, mais plutôt d’aller écouter los ainats (anciens) e los pastres (bergers) tous autodidactes et pas encore formatés.

Ainsi « Su innu », un morceau sarde loin du chant canonique religieux stéréotypé et pas toujours en odeur de sainteté dans les églises sardes.

Le répertoire parcourt donc la Méditerranée jusqu’aux Pyrénées. On y trouve « Passion » selon Félix (Arnaudin) et non Saint-Jean ou Saint-Paul. Une œuvre collectée et mise en partition par le célèbre ethnographe Landais en 1883. Une « Passion » longtemps oubliée par les chanteurs tellement son approche est différente et ses sonorités hors normes.  «  9 menutas de canta sus una escala musicala estranha que sembla quicòm vengut de Magreb » , avoue Pascal Caumont, l’un des membres fondateurs de Vox Bigerri.

Vox Bigerri, « la passion » from lefil on Vimeo.

De quoi faire trembler quelques soutanes et remettre au diapason des vérités trop établies. « Dins aquel repertòri, çò que nos interèssa es la pausicion de las voses, de tecnicas que son benlèu pas tròp catolicas… Un cant natural e libertari ! ». Pascal Caumont ou comment sonner le tocsin des « Petits Chanteurs à la Croix de Bois ». Une croix, fut-elle cathare ! Car on trouve aussi sur le CD une création du groupe à partir du poème de René Nelli « Montségur 1244 ». Sacrilège.

Dans le disque, on savoure aussi comme des païens un « Ave Maria de Barètge » (65), toujours dans la tradition orale et chanté lors des enterrements, le « Salve Regina des bergers du Rouergue » attribué aux moines d’Estaing ou un « Magnificat de Vésubie » de tradition Nissarde et Provençale. Il y en a pour toutes les paroisses.

 

dins las Glèisas (dans les églises)

Pas de quoi lancer un anathème mais c’est dans les églises que le groupe a choisi de chanter, y compris ces chants pas très catholiques. Non pour communier ou être inspiré, mais tout simplement pour une question d’acoustique. « L’avèm enregistrat dins l’abadiala Santa-Fe de Concas (Conques-Aveyron). Avèm cercat mai d’un endret dins la glèisa. Fin finala èra facia al còr, l’esquina virada al public. Es aqui que lo son èra lo melhor. Cò que correspond tanben al biais tradicional de cantar », confesse Pascal. Une recherche sonore pour des postures précises. Les Sardes chantent souvent en se tenant par les épaules de manière naturelle. « Cal aver una sensacion fisica del son. » Trouver sa place pour que le son ne fasse qu’un et résonne dans chaque organisme. « Los pès plantats pel sòl per una respiracion mai prigonda ».

Pécher mon frère? Non, car il ne faut pas oublier que religion vient de religare et donc relier ou relegere relire. Sans être prosélyte, Pascal fait parfois des adeptes. « Ensenhi aquel biais al conservatòri a de professors de cant del classic. Son estabosits d’aquela experimentacion». Une approche donc plus « sauvage », vivante et sociale chère à Vox Bigerri. « La cultura borgesa a tot copat, tot desconectat. Lo cant gregorian a tirat çò de natural dins la tradicion ».

Amen

 

La messe est dite. Vox Bigerri, ce n’est pas les nouveaux Prêtres. Mais Pascal Caumont, Olivier Capmartin, Fabrice Lapeyrere, Bastien Zaoui et Régis Latapie vont partir en tournée avec un premier concert le jeudi 5 décembre à Tarbes. Puis l’Aveyron, le Tarn, Vienne (Autriche) en février, peut-être Barcelone… Un nouveau CD est déjà en préparation : des textes modernes basques et occitans (Bernat Lesfargues) mis en musique par des compositeurs contemporains. Diable, on a hâte de le découvrir ! En attendant tournez-vous Cap aus sorelhs dès le 9 décembre. Ce n’est pas pécher ni  blasphème et c’est ce qui se fait de mieux en termes de polyphonie. Juré craché !

Benoît Roux

07 Nov

Nadau, l’encantada en occitan

 Quand Nadau arriba en vila.

Nadau arrive en ville et il ne vient pas de nulle part. Bien ancré dans le Béarn, le groupe a écumé les campagnes, égrainant de-ci de-là 40 ans de chansons pour un public sans cesse renouvelé. Ils n’ont pas l’air du tout viril et c’est plutôt beau à voir…

 Car oui, enfin, Nadau se défait peu à peu de son image assumée de groupe rural qui conquiert difficilement les villes. En octobre dernier Nadau a été programmé à Odyssud à Blagnac. Une salle réputée et pas vraiment pour programmer de l’occitan. Résultat : premier concert sold out comme on dit en òc. Un deuxième jour en sus et une salle remplie en quelques heures. Un phénomène. « Sèm plan contents d’arribar pauc a pauc dins las vilas grandas » (Nous sommes très contents d’arriver peu à peu dans les grandes villes), nous dit Jan de Nadau.

nadauolimpiaL’Olimpia tornamai

Et puis, il y aura Paris et l’Olympia une quatrième fois le 10 mai 2014. Mais sans le train et le débarquement des Béarnais à Austerlitz comme jadis. Trop de rambalh et de soulerie. Mais la fête sera là. « 40 ans, serà la hèsta. I aurà una scèna dubèrta per totes los gropes. Per las cantas, las dansas, la musica… » (40 ans ça se fête. Il y aura scène ouverte pour tous les groupes. Pour les chants, les danses, la musique…). Jan va donc squatter l’Olympia avec ses musiciens et ses amis jusqu’à 2-3 heures du matin.

 

L’Encantada

NadauIl y aura bien sur l’Immortèla, Un trin que s’en va de Pau et bien d’autres…Mais aussi les chansons extraites du nouvel album qui sortira vers le 15 novembre. 15 chansons pour la plupart déjà étrennées sur scène, mais réenregistrées pour l’occasion. Et après le Vam caminar  de cap tà l’immortèla, Nadau a sorti un autre tube qui donne le titre de l’album : L’Encantada. Avec ce don sans pareil d’écrire des textes et des musiques auxquels s’identifient de suite les gens. Au point que beaucoup croient que ce sont des morceaux traditionnels. « L’Encantada a fat descolar lo grop dins lo Sud-Oèst cap e tot » (L’Encantada a fait décoller le groupe dans tout le Sud-ouest), nous dit le Jan. Pas une banda, pas une chorale, pas un groupe qui n’ait déjà repris ce qui est devenu le tube du Sud-ouest. « L’Encantada es vengut l’imne de las corsas landesas, del rugbí per exemple al Mont, al basquet a Pau » (C’est devenu l’hymne des courses landaises, du rugby comme à Mont De Marsan, du basket à Pau)… Et la modestie en prime : « Se sabiái cossi far un tube, ne fariái un cada matin…Vesi pas venir las causas ». (Si je savais faire un tube, j’en ferais un tous les matins. Je ne vois pas venir les choses)

Nadau, lo rocker en vèsta de cuèr

Populaire et sympathique certes, mais souvent revendicatif. L’un des nouveaux morceaux s’appelle L’adagio des abrutis. Référence à 2008 à Arbas pour le lâchage d’un nouvel ours. La Ministre de l’écologie Nelly Ollin est présente officiellement. Les opposants s’invitent. « Lo menaire (Philippe Lacube) es sortit del bòsc una esquèra a la man. A marchat cap a la caissa de l’ors…Nelly Olin los a tractats d’ases, d’imbecils ». (Philippe Lacube -le meneur- est sorti du bois une sonnaille à la main. Il a marché vers la caisse de l’ours…Nelly Olin les a traités d’ânes, d’imbéciles). Impossible à admettre pour Jan. Il en a fait un morceau instrumental vielle-cornemuse inspiré de Braveheart.

Notre « Robin des bois » béarnais est particulièrement affuté contre la société liberticide. « Defensa, aquela cançon l’ai arrestada en causa de la longor. Mas cada jorn se podriá ajustar un coplèt. » (« Defense », j’ai terminé la chanson à cause de la longueur. Mais chaque jour on pourrait y rajouter un couplet.) La liste des choses qui ne sont plus autorisées et des actes prohibés est en effet longue, très longue. « La libertat es tuada cada jorn. E dison que fan aquò dins lo nòstre interèst. Cal culpabilisar lo monde. Aqui lo cancèr de la societat. Fan de la securitat un business ». (La liberté est tuée chaque jour. Ils prétendent le faire dans notre intérêt. Il faut culpabiliser les gens. C’est le cancer de la société. Ils font de la sécurité un business).

Los dobridors de parapluèjas 

Et Jan de rappeler qu’il devient très difficile d’organiser un concert. A Montech dans le Tarn et Garonne : 1 500 personnes et 12 vigiles pour la sécurité. « Per fotre la paur al monde » (Pour faire peur aux gens). A Luchon : 2 000 chaises à l’extérieur, et pas aux normes. 4 000 euros pour en faire venir d’autres ! Des fois que mamies, papys et autres adolescents envoient chaises et objets volants sur scène, tel un bon vieux concert des Who. On savait Jan grand admirateur de Springsteen, mais au point de déchaîner une telle violence !

« Es la republica dels dobridors de parapluèjas » ! C’est la république des ouvreurs de parapluies !

Nadau story

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Jan va donc laisser son parapluie à la maison et poursuivre son oeuvre.  » Content de la musica qu’avèm heita. Sem al servici d’una cançon, d’un repertòri. Cal anar cap a la simplificacion. L’essencial es de tocar lo monde. » (Je suis content de la musique que nous avons faite. Nous sommes au service d’une chanson, d’un répertoire).

Mission accomplie. Nadau c’est plus de 1 000 soirées, 13 albums (dont 8 en CD), 3 vidéos, 2 DVD plus de 60 000 disques vendus. Et toujours la même devise : « N’em pas aqui tà mushar que jogam plan » ! Nous ne sommes pas là pour montrer que nous jouons bien !

Benoît Roux

31 Oct

Les « Daunas de Còr » réinventent la féminité polyphonique

Dans la discographie occitane et dans la discographie tout court d’ailleurs, il est des disques qui « resclantisson » : autrement dit, qui retentissent de façon éclatante. Ces disques-là, quand on les écoute, vous donnent des petits frissons sur les bras et dans le haut du dos. Ces disques-là vous font s’envoler en un instant. C’est un peu comme un grand bol d’air frais qui vous remplit les poumons, qui vous remplit le cœur.

Peut-être, ressentirez-vous tout cela en les écoutant. Elles, ce sont les « Daunas de Còr », (Dames de Coeur). Et un cœur, elles en ont un de… gros.  Tellement gros qu’il est difficile de ne pas être ému par leurs vibrations chorales à l’écoute de leur premier album « AirEtèras ».

Imprégnées par la simple tradition du chant bigourdan, ces six voix inventent, réinvente une féminité polyphonique pyrénéenne. D’habitude, ce sont des hommes que l’on entend chanter, quelque fois des groupes mixtes mais des femmes et uniquement des femmes… Serait-ce presque interdit ?

Les «  Daunas de Còr  » osent et parcourent un répertoire qui part de la Gascogne et nous emmène jusque dans le Piémont Italien, du chant sacré en passant par le traditionnel et en occitan, majoritairement.

D’une force délicatesse, Nosta Dama de Varètja (Notre Dame de Barèges) introduit l’album et pose tout de suite un cadre : sans inutile fioriture, avec une multitude de dynamiques vocales et harmoniques. L’acre mélodie du Kyrie, interprété en suivant, nous transporterait presque dans les Balkans. Il s’agit pourtant d’un chant transmis par Nadeta Carita, une des six chanteuses du groupe, d’après la messe de Dumont en version polyphonique traditionnelle d’Ayros Arbouix en Bigorre. Puis des Landes en vallée d’Aspe, AirEtèras file son chemin vocal en toute liberté. Comme cette suite de bourrées auvergnates chantées « spontanément » par les filles. Les voix hautes, basses et normale  « s’entremesclan » généreusement et même si les mains qui piquent les trois temps pour danser « la borèia » manque de précision, la diction rouergate elle, est parfaite.  L’univers sonore qui enveloppe tous ces chants fait respirer l’album. Enregistrés en prise directe dans l’Eglise d’Arcizans-Avant, dont on entend la cloche sonner l’heure, à table, au restaurant, ou encore au coin d’une cheminée dont le feu crépite naturellement, les 18 chants s’achève au sommet : Montanhas sus Montanhas. Là, dans ces montagnes pyrénéennes où vivent Nadèta Carita, Anne Enjalbert, Valeria Vedere, Mimi David, Laurence Benac et Emilie Manescau : Les « Daunas de Còr ».

Clément Alet

Les "Daunas de Còr" au Théâtre des Nouveautés à Tarbes lors du tournage de l'émission spéciale de "Viure al País" du 9 décembre 2012 dédiée au chant polyphonique pyrénéen - © Amic Bedel

Les « Daunas de Còr » au Théâtre des Nouveautés à Tarbes lors du tournage de l’émission spéciale de « Viure al País » du 9 décembre 2012 dédiée au chant polyphonique pyrénéen – © Amic Bedel

01 Oct

Moussu T en virada al Japon

Moussu T e lei Jovents en virada al Japon

 

On savait la culture occitane très prisée au Japon… L’Ariégeoise Rosina de Peira est même une véritable reine là-bas. Beaucoup d’Occitans ont aussi croisé Naoko Sano, professeur de français à Nagoya et auteur d’un dictionnaire japonais-occitan…

Voilà que Moussu T et ses Jovents viennent eux aussi entretenir ces relations privilégiées entre Occitanie et Japon.

Il aura fallu 5 ans pour que le projet aboutisse. 5 c’est aussi le nombre de dates que le groupe de La Ciotat vient de réaliser là-bas dont la dernière le lundi 30 septembre.

La formation était au grand complet avec leur dernière recrue : le bassiste Fred Simbolotti. A la clé, deux concerts à l’Institut Français de Tokyo et trois du côté d’Osaka avec en première partie Saigenji un auteur japonais de musique brésilienne.

Coma a la Ciotat

Dans une interview donnée au magazine occitan Aquò d’Aqui, l’un des chanteurs du groupe (Tatou) apprécie de jouer à Osaka : « C’est le Marseille des Japonais, une ville-port où l’on parle plusieurs langues, où l’accent est différent et dont les habitants sont considérés comme le sont les Marseillais par le reste des Français. » 

De bons amics

C’est grâce à deux personnes qui travaillent dans les Musiques du Monde au Japon que cette mini-tournée a pu se faire : « Tatsuya et Yoshiko sont venus nous voir jouer, ainsi que Massilia Sound System il y a longtemps et ce sont maintenant des amis. »

Des amis qui devront se résoudre à ne pas profiter très longtemps de leurs hôtes. Dès vendredi, le groupe donnera un concert à La Spezia en Italie pour la Festa della Marineria.

Benoît Roux

 

 

19 Sep

40 ans de Pagalha…

L’histoire commence en 1972. Une bande de huit jeunes hommes originaires d’Artix en Béarn, se retrouve invitée au mariage de l’un d’entre eux. Jusque-là, rien d’exceptionnel sauf que dans ce pays où le chant, la Canta en occitan, est un peu ce que le sein est au nourrisson, rien d’étonnant à ce que le groupe de jeunes chanteurs improvisant pour la noce décide de ne plus se séparer. Un an plus tard, au Festival de Chant de Siros, (vérritapple institution du chant béarnais), nos acolytes poussent à nouveau la canta. Dès le lendemain, un journaliste écrira à leur propos qu’il s’agissait d’une équipée charmante mais « hèra pagalhosa »… Une équipée très « pagailleuse » : « Los Pagalhós » étaient nés. Depuis, la recette n’a pas changé. Alain Abadie, un des membres fondateur du groupe n’en revient toujours pas alors qu’il s’apprête à fêter dignement les 40 ans des Pagalhós ce week-end aux arènes d’Arzacq. « La recette ? Je ne la connais pas. Je crois que c’est avant tout une histoire de rencontre, d’amitié… Et puis ce n’est pas du folklore, ni une mode. On vit comme ça, on est comme ça ». Chanter, faire rire, faire passer quelques messages au passage, voilà leur devise, leur identité, à ces pagailleux. Sur scène, c’est un méticuleux mélange de chants traditionnels, de sketches, de parodies finement piquantes, de contes, de musique. Una pagalha qui se joue à 17 sur scène désormais. Tous sont bénévoles et sont aux Pagalhós par plaisir et passion. « De toute façon, quand quelqu’un nous rejoint dans le groupe, avant même de parler de chanter ou autre, on parle. Chacun doit trouver sa place, et partager nos idées progressistes. Y compris celle sur l’occitanisme. Notre vision de la langue et de la culture est à l’opposée des traditionnalistes et des conservateurs, » explique Alain Abadie. Après 5 albums et des centaines de spectacles un peu partout en France depuis 40 ans, Los Pagalhós entendent bien marquer le coup et fêter fièrement leur anniversaire. Ils ont prévu de retrouver tous leurs amis mais également les anciens chanteurs du groupe à Arzacq per un còp de mai : ne cantar una…

Clément Alet