23 Déc

Temps de Nadal : Un secret de Moissac

Si vous êtes passés par l’abbatiale de Moissac cette semaine, un soir entre 18H et 20H, vous aurez sans doute remarqué des projections et entendu la langue occitane. « Un secret de Moissac » est un conte bilingue imaginé par les enfants de l’école Louis Gardes et illustré par d’autes enfants d’autres écoles de la ville. C’est Laurent Villanova qui assure la mise en scène de ce Son et Lumière assez original.

Tout est parti de l’idée d’un son et lumières sur l’abbatiale. Et pourquoi pas en occitan… histoire de promouvoir le patrimoine matériel et immatériel. Moissac a la particularité de compter 2 écoles bilingues depuis la rentrée; c’est la plus ancienne (Louis Gardes) qui est sollicitée pour écrire un conte. Les enfants auront un mois pour le faire… Sabine Augé -l’élue qui qui a lancé ce projet- se dit alors que d’autres classes pourraient y participer pour les illustrations.

Ils reçoivent 360 dessins pour le conte et sur les monuments historiques de la ville ! 40 sont sélectionnés pour rentrer dans le conte, lui même traduit en français pour un accés tous publics. Des élèves ont participé à un chant de Noël, l’école de musique a également contribué… Ca s’appelle un projet participatif.

Côté technique, la projection a été confié à Laurent Villanova, un professeur de technologie gascon exilé à Paris qui a monté la société « còps de pè ». Il a retravaillé les dessins, fait des animations et assure donc la mise en image sur l’église. Il assure la partie « Rencontres de façades » qui mélange des images et des éléments du patrimoine de Moissac. Sébastien Stinville de la société Éclairage Technique International de Toulouse a ralisé la conception lumière. Une tache pas vraiment facile tant il est vrai que, la façade n’étant pas lisse, on a du mal à distinguer les images et tout le travail de création. Mais l’idée est originale et le graphisme plutôt réussi.

 

On suit donc les pérégrinations du Père Noël et sa Mère Noël fruit de l’imagination plutôt fertile des enfants. Plutôt distrait le bonhomme en rouge. A perdre son bonnet, ses cadeaux… Heureusement -tradition de noël oblige- les bêtes parlent et viennent au secours du bienfaiteur. Il finit par atterrir à Moissac, fait son petit marché incognito…

Pas de panique, tout sera prêt pour la nuit de demain. Ce soir, ce sera la dernière projection sur l’abbatiale mais un livre bilingue sortira en janvier pour témoigner de cette belle expérience.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

Eric Fraj, un RDV ultime

Ce sera sa dernière, toute dernière création. Il continuera de chanter mais à la demande, sans se soucier de produire de nouvelles chansons. RDV sera donc l’oeuvre ultime retraçant son parcours, son voyage artistique et les personnes qui l’ont jalonné. Eric Fraj a confié ce nouveau projet à Guillaume Lopez -complice de 15 ans- et à sa compagnie : le CAMOM. Tout se peaufine en résidence depuis lundi au COMDT de Toulouse. Ce soir, ils feront part de leur travail pour un RenDez-Vous sortie de résidence à 18H30.

photo : Maxime Lopez

photo : Maxime Lopez

45 ans de cantas e de rescontres

Eric Fraj a parcouru des chemins, le corps trapu d’un athlète en marche, le visage sensible d’un artiste où l’on peut lire les emprunts au temps. Il semble un roc inébranlable, à la sensibilité lisible, fort d’un parcours artistique de 45 bornes. Eric Fraj, 60 ans au compteur, le monde comme ouverture, valises en mains et des artistes comme balises. Jacques Brel dont il reprend en oc « La Quête » dans ce spectacle, le poète du Moyen-Age François Villon et sa « Balada dels dires menuts » qu’il a traduite du vieux français de François et qui résonne comme une seconde peau :

Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes

Des rendez-vous de toutes sortes, des marques à vie, comme sa rencontre avec Lluis Llach et un duo sur scène en 2005… Colette Magny avec qui il a partagé la scène à plusieurs reprises, Robert Marty qui lui a écrit ses premiers textes, l’autre Marti, Atahualpa Yupanqui, Servat, la liste serait longue de ces personnes qui l’ont influencé même si toutes ne se retrouvent pas dans ce spectacle. « Comment ne pas en dire la joie, mais aussi ce que je leur dois, mais encore qui je suis -et ce que je sais- à travers eux, grâce à eux ? « 

Photo : Maxime Lopez

Photo : Maxime Lopez

RDV ambe la joventut artistica

Pour jouer ce spectacle somme toute intime, pas de place pour la nostalgie. RDV sonne ibérique, tout simplement méditerranéen. Simon Portefaix a laissé ses futs pour prendre des percussions : tambourtins, bendirs… Cyrille Brotto abandonne presque son diato pour violon et karkabou (percussions algériennes)… Morgan Astruc égraîne toujours ses accords flamenco mais fait aussi de la Beat-Box. Louis Navarro joue la contrebasse et Guillaume Lopez flûtes et cornemuse. Il signe aussi la direction artistique. Sa complicité avec Eric Fraj est évidente et elle s’entend.

Ce qu’Eric m’a apporté c’est l’envie et la prise de conscience que je pouvais mélanger à la fois la culture occitane, ma culture espagnole, le français, le catalan. Cette ouverture d’esprit qui caractérise sa carrière. C’est quelque chose qui m’a beaucoup influencé. On n’essaie pas spécialement d’inventer. On veut simplement faire une musique honnête et sincère.

RDV sera donc un spectacle intime, retraçant des racines singulières et des universalités plurielles. Sus la dralha d’autres espectacles : « Pep el Mal » d’Eric Fraj, « La retirada et l’exil » de Guillaume Lopez qui évoquaient la vie et le parcours de leurs grands-pères. RDV a aussi de la diversité dans ses langues : 2 chansons en français, 2 en catalan, 2 en castillan et le reste en occitan.

« Balada dels dires menuts » version occitane de la « Ballade des menus propos » du poète médiéval François Villon. Images : Olivier Denoun. Son : Michel Blasco et Nicolas Panek

 

Concert gratuit ce soir à 18H30 au COMDT (Conservatoire Occitan) de Toulouse.

Le 17 février 2017 à l’Isle-Jourdain, le 4 mars 2017 à la Scène Nationale de Foix et le 20 mai à Carbonne

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

 

21 Déc

L’ostal d’Occitània fa los 10 ans

Divendres passat, l’Ostal d’Occitània de Tolosa estrenava los 10 ans. Fa donc 10 ans, un 16 de decembre, que lo meteis cònse Jean-Luc Moudenc batejet l’endret que data del sègle XV.

Photo : France 3

Photo : France 3

Lo projèct tòrna montar a 2001 e la promessa del candidat Philippe Douste-Blazy de dedicar un luòc a Tolosa per la cultura occitana. Una volontat partajada per las autras collectivitats territorialas que adujan l’ostal amai se la vila ne demòra lo proprietari.

Photo : France 3

Photo : France 3

Duèi Convergéncia Occitana que recampa 80 associacions far viure los bastiments. Òm i pòt trapar 2 salas per se recampar, un per las mòstras, La Tuta d’Òc per crompar libres musica e filmes. E dempuèi aquest’an, i a quitament un restaurant : La Topina.

Retorn sus l’ostal, sonses 10 ans e la serada del divendres 16 de decembre dedicada a las femnas

La Mal Coiffée Photo : France 3

La Mal Coiffée Photo : France 3

 

17 Déc

Mort de l’éditeur Francis Loubatières

Hier soir nous avons appris la mort de l’éditeur Francis Loubatières. Il avait fondé La Carterie Occitane et les éditions Loubatières dans les années 70, au moment où il n’existait pas grand chose au niveau régionaliste. Il n’a cessé de publier ce qui lui plaisait, dans tous les domaines, sans chercher une quelconque rentabilité. On lui doit beaucoup de livres en français sur l’occitan et sur l’Occitanie en général qu’il a beaucoup contribué à faire connaître.

Dessin de l'illustrateur Guibillon

Dessin de l’illustrateur Guibillon

Un éditeur éclectique

1974-77, c’est le tout début des éditions Loubatières. Avant que la société Macarel n’existe, Francis Loubatières a créé La Carterie occitane, toute une cartographie avec les emblèmes de la région. On lui doit les premières cartes postales, autocollants et autres écussons régionalistes, avec tout ce qui représente sa région.

 

Notamment une belle collection de cartes « ethnographiques » avec les peintures de Paul Sibra. Plus tard viendront les livres. Il n’a pas hésité à publier Claude Marti, Marie Rouanet, Charles Mouly, Anne Brenon et plus tard Yves Rouquette avec son magnifique Cathares. A une époque où l’occitan ne faisait pas beaucoup vendre.

On lui doit aussi A bisto de nas de Bernard Vavassori, La croix occitane de Bertran de la Farge, plusieurs livres de vulgarisation (au sens noble du terme) liés à la langue et la culture occitanes. Citons encore des ouvrages de Rémy Pech comme Toulouse au temps des Trente glorieuses, et enfin Le dictionnaire de Toulouse en 2004. Des oeuvres grand public mais toujours de grande qualité.

 

Des curiosités également comme Amour courtois et libertinage de Didier Alibeu ou encore le très beau Dessin baroque en Languedoc et Provence avec le musée Paul Dupuy. Il donna ses premières lettres à Marie Rouanet pour  La cuisine amoureuse courtoise et occitanePlusieurs livres également du dessinateur Jean-Claude Pertuzé : la série sur Pyrène, Les Contes de Gascogne, Mirguette et Toustounet. Francis Loubatières ne publiait jamais pour des raisons mercantiles mais simplement sur des coups de coeur.

 

Un homme passionné

Francis Loubatières était passioné par sa région, ses terres du Lauragais, l’art et le patrimoine, un amoureux du verbe et des lettres. Il a plusieurs fois participé au Marathon des mots de Toulouse. C’était un militant occitaniste à sa façon et sans répit. Il n’hésitait pas à donner des coups de mains quand il le fallait comme quand le carnaval de Toulouse avec le COCU étaient en difficulté et qu’il publia un bel ouvrage. Il a contribué à une prise de conscience de ce qu’est et représente l’occitan et l’occitanité. Son audace et son coeur énorme lui ont causé quelques soucis économiques. Les ventes n’ont pas toujours été au niveau des espérances et il a dû se séparer de son entreprise. Les Nouvelles éditions Loubatières ont ainsi vu le jour en 2001.

Atteint d’une grave maladie, ses dernières passions étaient le jardinage et flâner dans Toulouse. Il s’est éteint à 72 ans et laissera l’image d’un homme d’une grande sensibilité, à l’esprit curieux et profond.

Lo Benaset @Benoit1Roux

16 Déc

Temps de Nadal : Dames en choeur

Las Daunas de Còr (Dames de coeur) viennent de sortir leur second disque. A peine 10 ans d’existence et déjà une telle maîtrise, une telle sérénité dans le chant. Pour ce deuxième opus, les 6 femmes interprètent des nadalets occitans de toutes provenances et des chants sacrés en latin. Le disque s’appelle Aròu (le cercle). Il est tout simplement indispensable.

Photo : Facebook du groupe

Photo : Facebook du groupe

Le contexte

Nous les avions quittées sur un premier disque brillant « airEtèras ». Un CD lumineux, plus aérien, enregistré dans l’église d’Arcizans-Avant, avec des voix plus dissociées, des solos plus marqués et un répertoire plus varié. Avec Aròu, il s’agit là uniquement de chants de noël. Une tradition populaire et religieuse qui résonnait dans les églises situées sur les flancs du Hautacam au début des années 70. Des chants de noël en occitan, mais aussi des chants sacrés de Bigorre en latin . C’est Nadèta Carita (une des 6 Daunas) qui a porté ce patrimoine qu’elle chantait dès sa plus jeune enfance et qu’elle vient d’amener au groupe.

Enregistré lui aussi dans une autre église à Vier-Bordes (65) avec un son sensiblement différent du premier, plus direct, plus proche, avec moins de réverbération, pour des chants interprétés sur 3 voix différentes comme le veut la tradition. La réalisation du disque signée Audrey Ginestet et Pascal Caumont est sobre et magnifique, sans artifices. La mastérisation du disque a été faite par Dominique Blanc-Francard le célèbre ingénieur du son et producteur français.

Le disque

Dès le premier morceau, la magie opère avec « Pastors sus pè », un chant du Béarn et de Bigorre. Les voix sont parfaitement en place, bien timbrées et vraiment ensemble. La réalisation est parfaite, directe, et tout le disque est dans la même unité. Bien sûr on pense aux timbres des voix bulgares sur certains morceaux… Au magnifique CD « Nadal encara » de Rosine, Martine et Claire de Pèira avec Françoise Dague, avec moins d’ornements. Le disque laisse place aussi à des témoignages sur le temps de Noël dans ces vallées, des précisions sur certains morceaux avec Nadèta Carita qui les chantent depuis l’âge de 5 ans.

On se laisse prendre par les tubes : « Sonatz campanetas », « Cantem en allegressa », « Aneit qu’es vasut Nadau » ou le fameux « Nadal Tindaire » arrangé différemment. On se fait surtout surprendre par des choses plus rares comme la superbe interprétation du « Lauda sion », une prière chantée le jour de la Fête-Dieu ou lors des rogations. Lumineux. On pourrait aussi citer  le pastoral « Adishatz pastorelas de Comelí » ou les plus religieux « Stabat Mater », « Tantum ergo » et un un « Benedictus » plein de maîtrise et de sérénité. Ces morceaux ont été transmis par Nadèta dans leur version d’Ayros-Arbouix. Le disque s’achève par le somptueux « La nòvis n’a la corona l’i tomba » collecté par Félix Arnaudin pour le texte et Jacques Baudoin pour la musique.

Aròu

Pas besoin de croire en quoi que ce soit pour apprécier ce disque. Il suffit d’être mélomane et d’aimer les belles choses, simples, maîtrisées, sans fioritures. Un chant qui ouvre le champs des possibles, un Aròu (cercle) qui n’en finit pas de tourner dans nos oreilles, une bulle qui nous transporte ailleurs.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Concert le 18 décembre dans l’église d’Argelès-Gazost et le 20 à Beaudéan.

https://www.facebook.com/Daunas-De-C%C3%B2r-164873440231078/

 

08 Déc

Tèrras comunas

Es un reportatge que pòrta sens, ambe de ressons particulars dins aquesta passa de paurs divèrsas, subretot de la diferéncia. « Tèrras comunas » es un documentari produsit per l’IEO de Lemosin que tòrna sus aquestas tèrras de Lemosin que vegèron partir de monde al sègle 19 e d’autre monde tornar e s’integrar coma cal dins los vilatges. Una idèia del partatge, de las causas comunas, comunalas e… comunistas.

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Viure amassa

Lo film de 52 menutas compta donc l’istòria d’aquestas tèrras lemosinas sul platèu de Miuvachas. De tèrras pauras mas generosas, ont los paisans petits partiguèron per se ganhar la crosta endacòm mai. D’unses per bastir de barris complèts a Paris o Lion (Les maçons de la Creuse); d’autres pels bòsques de Lanas o Charenta… Un jorn tornèron al país, riches de la lor experiéncia e d’idèias pels caps. De tot aquò, nasquèt de valors : partatge, egalitat, l’ajuda mutuala e la solidaritat. Espeliguèt lo comunisme rural qu’es lo fial conductor del film.

Tèrra d’acuèlh e de luchas

Lo film tòrna sus divèrses episòdis istorics tals coma la primièra guèrra mondiala, las proprietats crompadas juste de d’aprèp a la borgesia. La segonda ambe l’esperit de resisténcia d’una populacion a 90% pel maquís, la comuna de Saint-Gilles-les-Fôrets e lo regent Georges Guingouin, companhon de la liberacion, un eroi vertadièr… La guèrra en Argeria e un autre regent arrestat alèra que lo camp de La Courtine deviá anar aval. Pas cap de monde del coet èra per aquesta guèrra e lo sosten al regent foguèt total. Enfin lo famós 11 de novembre de 2008, Julien Coupat victima presque perfiècha de politics que volián anar viste dins l’afar d’un sabotatge sus las linhas de la SNCF. Lo discors de la menistra de l’interior de l’epòca Michèle Alliot-Marie que parla « d’un trabalh d’enquista » (sic) per menar a l’arrestacion de Julien Coupat, un dels nombroses joves a s’èsser enstallat a Tarnac. Un copable politic, un fracàs judiciari e Julien Coupat que faguèt 6 meses de preson abans d’èsser liberat. Domatge que lo film ne diguèssa pas mai sus el, se demòra totjorn a Tarnac o pas… Julien Coupat passarà lo 13 de decembre dabans la cort de cassacion per « associacion de malfactors »…

Fòto : France 3 Lemosin

Fòto : France 3 Lemosin

Lo còp de Tarnac (19)

Es lo moment fòrt del reportatge. Lo cònse ancian Jean Plazanet que parla d’aquelses joves que cercavon una bòria per la menar en collectivitat, de tot lo trabalh que faguèron e que fan encara per far viure lo vilatge. Un engajament total per repréner l’especiariá non pas per far de moneda mas per rendre servicis. Seguissèm aital Benjamin Rosaux que mena lo camion que fa la virada per ravitalhar las campanhas, l’estanquet représ el tanben, l’escòla que se manten amb aquesta joventut novèla.

Lo camion davant l'especiariá de Tarnac

Lo camion davant l’especiariá de Tarnac  Fòto : France 3 Lemosin

E aqueste còp de tròne en fin d’annada de 2008 ambe lo còp de Tarnac, Coupat e d’autres arrestats… delictes de morre que conven pas e d’idèias supausadas missantas. Lo sosten del vilatge foguèt total. Duèi, los joves an vielhit mas contunhan de rebussar las margas e de s’engajar. Una leiçon de vida amassa, de soscadissas sus la societat, de luchas tanben contra las conerias de la vida.
France 3 Limousin Terres communes • Production : Institut d’Etudes Occitanes du Limousin  –  • Réalisation : Jean-Marie Caunet & Jean-Paul Faure
Lo film es bilingüe occitan-francés, e fa de ben d’ausir d’occitan dins son dialècte de Lemosin. Amai de flaquesas dins la realizacion, las transicions e de còps que i a lo son qu’es pas tarrible, lo documentari pòrta de soscadissas e d’esclairatges plan vius sul monde d’aièr e lo de duèi. Es un imne al « Viure amassa » a l’acuèlh. Pren un resson particular al moment ont tant de conerias son dichas e fachas ambe los migrants de tota mena.

Lo film ven de passar sus França 3 Lemosin e passarà diluns que ven 12 de decembre sus las antenas de Tolosa e Montpelhièr a 9 oras manca dètz del matin. 

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo France 3 LImousin

Fòto : France 3 Lemosin

 

07 Déc

Proposition de loi Le Houérou : un débat en absurdie

Voilà une semaine que la proposition de loi d’Annie le Houérou (Députée PS des Côtes d’Armor) a été discutée à l’Assemblée Nationale. 7 articles et seulement 4 de votés. Pas de date précise pour la suite… Une proposition de loi signée par la moitié des députés PS mais… un gouvernement qui ne la soutient et même, s’y oppose. Ce n’est pas demain que nous allons passer d’une TOLERANCE à une PROMOTION des langues régionales de France. Alors que la demande et l’intérêt qu’elles suscitent est de plus en plus forte. Voyage en absurdie.

  • Une obstruction du gouvernement … qui aurait dû souvenir le texte

Malgré des consultations, malgré certaines promesses, le texte de loi d’Annie le Houérou a tout d’abord eu du mal…à être inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Ceci nous a été confirmé par l’entourage de la députée des Côtes d’Armor. La Proposition de Loi était prête en juin; elle n’a été mise à la discussion que pour le 30 novembre.

Les 2 ministres concernées par le texte (Education et Culture) n’ont pas daigné se déplacer. C’est Estelle Grelier, simple secrétaire d’Etat aux collectivités locales qui représentait le gouvernement. Alors que le texte était passé en commission sans obstacle, le gouvernement a rendu 4 avis défavorables aux 4 articles votés ! A croire que le gouvernement et les députés PS ne sont pas du même parti !

Le gouvernement aurait pu reprendre ce texte et en faire un projet de loi. Il ne l’a pas fait et au vu des débats, on comprend pourquoi. Il pourrait aussi demander une procédure accélérée et c’est peu probable qu’il le fasse.

  • Une pluie d’amendements… d’un député LR… favorable aux langues régionales

Alors qu’encore une fois le texte était simple, l’opposition a déposé une bonne cinquantaine d’amendements (une centaine en tout avec ceux de la majorité), portés par l’un des députés du parti Les Républicains qui est sans doute l’un des plus favorables aux langues régionales ! Marc Le Fur a demandé un renvoi du texte devant la commission qu’il n’a pas obtenu. Il a dégainé ses amendements et multiplié les prises de paroles sur des sujets pas tous essentiels. Tant et si bien que la séance a été levée à 1H10 du matin. Ceci sans doute pour éviter que le texte arrive devant le sénat et que son rejet incombe aux sénateurs Les Républicains comme pour la ratification de la charte.

 

  • L’article 2 et des arguments IIIème république

Le débat certes très long (6H) n’a pas échappé aux bons vieux clichés. A plusieurs reprises, Estelle Grelier s’est abritée derrière l’article 2 et les décisions du Conseil d’Etat. Facile. L’unité Républicaine aussi, ça peut toujours servir. Comme si la République avait déjà été menacée par les langues régionales et ses défenseurs.

Nous avons eu droit également à un florilège de clichés et autres bêtises sur les langues régionales. Certains ne voient pas la nécessité de faire un texte, car tout va bien, elles existent, on les tolère…Mais ceci n’est rien par rapport à ceux qui les accusent directement ou indirectement de tous les maux, par exemple en faisant un lien avec illettrisme. Mention spéciale pour l’ensemble de son oeuvre à Jean-Luc Laurent président du Mouvement Républicain et Citoyen, l’auteur de la fameuse formule : « quand on parle de langues régionales, on vit chez les dingues! » Il a remis le couvert avec…

Quel projet politique portent les promoteurs des langues régionales ? Ils nous proposent non pas de les sauver, de les promouvoir, de les préserver, de les développer – ces objectifs, quoique discutables, sont légitimes, et, sans les partager, je les admets –, mais de les faire entrer à l’école et dans la sphère publique. Ils nous proposent de construire pour demain une France balkanisée et fragmentée, en commençant par ses marges géographiques et linguistiques, une France dans laquelle les étudiants, les écoliers, les fonctionnaires ne circuleront plus facilement au cours de leur vie, parce qu’ils se poseront la question de leur identité, de leur appartenance.

C’est du costaud. Idem pour Marie-Françoise Bechtel (PS) :

Je suis élue dans un département, l’Aisne, où il y a 16,7 % d’illettrés, contre 4 % en Île-de-France. Je pose simplement la question, mes chers collègues : dans quel monde vivez-vous si vous croyez que les gens demandent que leurs enfants apprennent le picard à l’école ?

Soutenue immédiatement par Annie Genevard (LR) : « C’est là le caractère un peu miraculeux de ce débat récurrent sur les langues régionales : on voit des alliances assez improbables. » Improbables politiquement mais prévisibles linguistiquement. Le plus surréaliste étant sans doute Jean Lassalle, ardent défenseur des langues, mais qui s’est trompé de tribune pour rappeler qu’il était candidat à la présidence de la République.

Les textes des interventions sont à retrouver à cette adresse.

http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2016-2017/20170066.asp

Analyse très intéressante de Philippe Martel (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc)

 

  • Maintenant c’est mort !

Si la porte était encore un peu entrouverte jusqu’à jeudi matin, elle s’est sans doute bien refermée. Le chemin de croix pour réinscrire les langues régionales à l’ordre du jour afin de voter les 3 articles restant  a repris. Pour l’instant, Annie le Houérou s’est vu proposer une date fin janvier. Comme ça, on est sûr que la proposition de loi n’a aucune chance de faire la navette Assemblée-Sénat. Si elle était adoptée finalement en première lecture à l’Assemblée, la nouvelle majorité issue des élections présidentielles et législatives aurait la possibilité de poursuivre les discussions au sénat. Ce qui ne s’est quasiment pas fait depuis la Vème République. Et vu les 2 candidats (e) actuellement en tête des sondages… Ce serait encore plus absurde d’attendre quelque chose de Marine Le Pen et François Fillon.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

05 Déc

Renée Bagelet, femme authentique

A bientôt 86 ans, Renée Bagelet ne perd pas le nord. Lucide, et très active, même si depuis 5 ans elle n’amène plus ses bœufs dans les champs pour labourer, charger du foin ou sortir du bois… Mais n’allez pas croire qu’elle reste assise sur sa chaise, al canton. Renée, c’est une vedette. Les visites se succèdent : des curieux qui l’ont vue dans un film, impatients de la découvrir… Des habitués qui ne peuvent pas se résoudre à ne plus prendre de nouvelles. Plusieurs films sont sortis sur elle dont celui d’Amic Bedel et Jack Levé « Las 4 sasons de la Renada » en V Òc. Jacques Laporte, un photographe qui la suit depuis 15 ans va sortir un livre d’ici quelques jours. Renée, sous les projecteurs mais nous ne sommes pas au spectacle. Une femme authentique qui se fiche pas mal du qu’en-dira-t-on.

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

Una mirgueta per las polas

Elle a le sens de la formule; des piques aussi. Mais elle sait également être dame de coeur. C’était ma première rencontre avec cette légende. J’en ai vu d’autres, mais me voilà un peu sur ma réserve. Jacques Laporte le photographe nous attend. Il l’a prévenue. Mais elle a déjà oublié. On ne va pas s’embarrasser avec les présentations. La Renada sap pas ont se virar. Oc-ben! Quitament a 85 ans ! Pas besoin de lui demander de faire quelque chose. Elle fera ce qu’elle voudra, comme elle entend, au moment choisi. Un brin résistant, un zeste cabot. Elle observe, écoute mon occitan : « es pas lo mème que lo meu mas parlas melhor que l’autre que venguèt ». Me damne, un compliment ! C’est Jacques qui va prendre : « Aquel li comprend pas res. Parla francés. Li vos cal explicar ». Elle « rondine » un peu mais se prête au jeu : « sabiái sachut, auriái metut un polit capèl. N’ai un trentenat! ». Mais pas de temps à perdre. Il faut aller nourrir les poules… avec une souris qu’elle a attrapée ! Dans la grange, Blanchette et surtout Pétassou ne sont plus là : « Es mòrta aquí, dabant ieu, de vielhum ». Depuis 5 ans, elle ne travaille plus les champs avec son parelh de buòus dondats. Fini les labours, les moissons, le foin, rentrer le bois, faire la vigne. Tot aquò ambe los buòus…e de bravas susadas ! Mais la grange n’est pas vide pour autant. Jacques Laporte lui demande de travailler. Elle fait la litière des 5 vaches. Jack Levé qui avait fait les images du film d’Amic Bedel est revenu pour s’y frotter. Mais c’est son manteau qui ressort, orné de paille. Prétexte ou pas, Renée a l’œil et se fait un plaisir de le brosser. Un tantinet séductrice.

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

Jacques lo pastissièr

Ca fait plus de 15 ans que Jacques laisse ses éclairs. Il a flashé sur la Renée. Pâtissier de métier, sortir des murs pour mettre en boîte la nature, les savoirs-faire qui se perdent, ceux qui les font encore. Une photographe humaniste tel qu’il se définit. Un ami lui a parlé de Renée. « Je suis des années 50 et j’ai connu ce monde paysan en pleine mutation. Aujourd’hui on veut refaire du folklore. Mais Renée c’est de l’authentique ». Renée, il faut savoir l’apprivoiser. Alors Jacques lui amène des gâteaux. « Les photos c’est joli. Mais les gâteaux c’est bien meilleur ! » Alors lo pastissièr comme elle l’appelle a gagné sa confiance. Mais pas totale : « Vous avez intérêt à me donner un livre quand il sortira ! » Jacques préfère en rire. Elle semble satisfaite des photos du livre. Mais sa coquetterie en pâtit. « J’ai les cheveux frisés comme une queue de rat. Et là, mais je suis grosse comme une barrique !  » Mais se rassure de suite : « Là j’étais plus jeune, j’aurais pu encore me remarier ». Son premier mari : « l’ai fotut a la pòrta » !

 

 

Photo Jacques Laporte

Photo Jacques Laporte

 

Lo regent que quirda

Vient le moment de l’interview. De cette vie riche faite d’authenticité de durs labeurs, tout lui semble normal. « Que volètz que vos digue? Era coma aquò. » Bien sûr, elle égraine ses histoires, son histoire, avec la même saveur, ce certificat d’études loupé pour un exercice de calcul mental. « I comprenguèri pas res, mè alèra res de tot ! E lo regent me fotèt una engulada, quirdava talament, entendi enquèra que quirda! » Un sens inné de la formule, magnifié par une théâtralité très probante. D’ailleurs elle a longtemps brûlé les planches. Sa vie de regenta aurait été plus calme mais certainement plus banale et moins médiatique. Car Renée n’en finit plus d’être connue et reconnue. « N’i a que son jaloses. Tè, enquèra la Renée que passa al cinema. Que vòl enquèra ? … M’en foti, los emmèrdi ! » Pas facile, sans concession mais attachante. Elle ne dit rien de ce qu’on attend mais se raconte à sa manière. Elle a l’allumage facile mais c’est sans doute une marque de gratitude. De toute façon c’est comme ça. E se siás pas content, vira te lo cuol al vent !

En quittant la Renada, je lui fait le poutou. Oui, vraiment, dans ce monde d’uniformité et de conventions, l’authenticité de La Renada détonne. Elle tonnera et trônera longtemps dans ma mémoire.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Plus d’informations sur ce livre qui fait appel au financement participatif :

https://fr.ulule.com/femme-paysanne/description/
Renée Bagelet et ses bœufs Photo : Jacques Laporte

Photo : Jacques Laporte

01 Déc

Langues régionales : le chemin tortueux semé d’embûches pour un statut

Hier mercredi après-midi jusque tard dans la nuit, on discutait des langues régionales à l’Assemblée Nationale. Une proposition très tardive de certains députés socialistes et apparentés, portée par la député PS Annie Le Houérou. C’était la 6ème tentative lors de cette législature qui prendra fin dans 90 jours. Et C’est bien là le problème ! Mercredi, la Proposition de Loi d’Annie Le Houérou n’a pas pu être votée dans son intégralité mais seulement 4 des 7 articles. La séance à été levée à 1H du matin passé. Déjà que le timing était serré, cette proposition de loi a peu de chances d’entrer en vigueur faute de volonté gouvernementale et de majorité au Sénat.

Photo : site Assemblée Nationale

Photo : site Assemblée Nationale

Le débat du 30 novembre 2016

Les optimistes y verront une avancée au moins symbolique, les pessimistes un éternel bégaiement insupportable de l’Etat français incapable de faire une place à une autre langue que le français. Dans le premier camp, on relèvera un hémicycle plus rempli que d’habitude sur le sujet des langues régionales, de bonnes interventions documentées et pertinentes, à droite comme à gauche. Dans le second camp, on relèvera à juste titre que les 2 Ministres concernées (Culture et Education) ont brillé par leur absence, que cette proposition de loi n’a pas été déposée au nom du groupe socialiste mais seulement signée par 143 députés PS et apparentés. Sans oublier les éternels épouvantails brandis par les opposants : l’enseignement des langues régionales qui pénaliserait celui du français, contribuerait à l’illettrisme, etc… Sans oublier ceux qui pensent que les langues régionales sont suffisamment enseignées, utilisées et protégées sans avoir à leur donner un statut juridique.

Pour le reste, on aura vu la gauche reprocher de manière véhémente le rejet du texte permettant la ratification de la charte européenne par la droite sénatoriale en octobre 2015. Cette même droite se gaussant avec un certain talent dans la bouche de Marc Le Fur les tergiversations et manœuvres politiciennes de la gauche qui attend la fin de la législature pour proposer un texte qui n’aura pas le temps de terminer son parcours législatif.

Le texte examiné par l’Assemblée Nationale

La proposition d’Annie Le Houérou comprend 7 articles qui concernent 3 domaines : l’enseignement, la signalétique et la visibilité des langues régionales et enfin les médias. Sur l’enseignement, il s’agit de généraliser ce qui se passe en Corse, c’est à dire la proposition systématique d’un enseignement des langues régionales là où ces langues sont présentes, un enseignement facultatif évidemment. Il s’agit aussi d’officialiser cet enseignement à l’université. En revanche, rien n’est inscrit dans ce texte par rapport à l’enseignement immersif toujours sujet à débats.

Sur la signalétique, le texte insiste sur le rôle quasi exclusif que peuvent jouer les régions en la matière. Il s’agit d’encourager la signalétique bilingue et la place des langues régionales dans l’espace public.

Enfin le troisième secteur, celui des médias, avec 2 axes :

-que les publications en langues régionales puissent bénéficier des mêmes aides que celles en français

-attribuer un rôle majeur au CSA, notamment dans l’octroi des fréquences pour les radios en langues régionales.

Ce dernier point étant celui qui a soulevé le plus d’opposition.

A une heure du matin, la séance a été suspendue. Les 4 premiers articles ont bien été adoptés et la plupart des amendements (une bonne soixantaine) rejetés. Il reste encore 3 articles à voter, ce qui va rendre le parcours du texte encore plus sinueux. La date de l’examen du reste de la proposition de loi n’a pas encore été fixé.

Assemblée Na

1H10 du matin : la séance est suspendue !

Un texte voué à rester à quai

Soyons clairs : l’arrivée très tardive de ce texte rend son adoption quasi impossible. Le débat d’hier à donné quelques éclairages plutôt sombres. Non, le gouvernement ne reprendra pas le texte à son compte pour en faire un projet de loi. Ce qui permettrait de gagner du temps et d’imposer un tempo au sénat. On sait que la Ministre de l’Education et certainement celle de la Culture sont très frileuses sur ce texte. A défaut de le reprendre, le gouvernement pourrait aussi demander une procédure accélérée. Au vu du débat d’hier, rien n’indique que ce sera le cas.

Reste le Sénat. Plusieurs interventions de députés Les Républicains laissent entendre que ce texte n’est pas prioritaire pour le Sénat et que, même s’il était mis à l’ordre du jour, la droite n’aurait pas spécialement envie de faire un cadeau à la gauche.

Impasse sur la ratification des langues régionales, voie sans issue pour tout texte donnant un statut juridique aux langues régionales, une fois de plus certains politiques font la démonstration qu’ils sont à contre-courant des aspirations d’un nombre de citoyen de plus en plus important.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Vous pouvez visionner les débats sur le site de l’assemblée

http://videos.assemblee-nationale.fr/

Reportage complet dans le JT OC de France 3 samedi