09 Mai

J’ai voté pour le Nom de ma Région

Lundi 9 mai, 12H. C’est l’ouverture de la consultation sur le nom de la région organisé en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Je tape l’adresse http://www.regionlrmp.fr/ On me demande si je veux aller vers le site de la région ou directement vers la consultation. Va pour la consultation. Ca rame un peu mais la page finit par s’ouvrir.

Là il faut s’inscrire en donnant une adresse mail. Va pour la professionnelle. J’ai 72H pour aller consulter mes mails et valider mon adresse. j’y vais de suite. Oui, c’est bien moi ! Je suis redirigé vers la page d’accueil mais avec le nom que j’ai bien voulu donner. Tiens, il y a déjà 1776 participants… Là, j’ai bien accès aux 5 noms proposés mais je ne peux pas les classer : OUI IL FAUT DÉSORMAIS UN NUMÉRO DE PORTABLE pour recevoir un code de participation. Je le rentre. C’est bien un numéro à 10 chiffres donc IMPOSSIBLE de VOTER depuis l’étranger. Ça c’est pour tous ceux qui me gonflent depuis ce matin dans les médias avec « le lobby catalan qui s’est organisé depuis l’Espagne ! Mon impatience grandit… Le site me signale que le code a bien été envoyé…Toujours pas affiché sur mon portable. Une minute après, c’est fait : un numéro à 6 chiffres que je rentre immédiatement.

Je suis redirigé et je peux voter. Il faut aussi remplir un questionnaire : nom, prénom, ville, département. On peut choisir de voter de manière anonyme ou publique. Là, je peux classer les 5 noms en fonction de mes préférences. Car il s’agit bien d’un classement et non d’un vote pour un seul nom. On évite de par ce système dit « de Condorcet » la dispersion des votes sur une même dénomination comme celle d’Occitanie. Et comme en plus OCCITANIE figure 2 fois, PYRÉNÉES aussi, LANGUEDOC c’est l’équité entre les items. Tout va bien. Il suffit maintenant de faire glisser chaque nom l’un après l’autre pour faire le classement. On peut toujours le modifier tant que nous ne l’avons pas validé. 

Quelques secondes (voire même une bonne minute!) de patience et je vois sur mon écran : « Votre participation a bien été enregistrée ». L’écran m’indique : 2009 participants dont 957% anonymes. Oui c’est bien un petit bug. Il ne s’agit pas d’un pourcentage mais d’un nombre. Rien de grave, c’est fait ! Comme je suis joueur -ou alors c’est une déformation professionnelle de journaliste- je me reconnecte pour vérifier… Et là on m’indique :

 

Vous avez jusqu’au vendredi 10 juin minuit pour en faire autant ! Vous pouvez aussi retrouver des coupons de participation dans la Presse Quotidienne Régionale. Une campagne de pub dans ces médias mais aussi sur France 3 va bientôt commencer.

Lo Benaset

L’ESTIVADA se dévoile

Après de multiples changements et des tergiversations nombreuses, l’édition 2016 de l’Estivada se dévoile enfin. Le pré-programme « En attendant l’Estivada » vient de commencer et s’étendra jusqu’à fin juillet. L’Estivada se déroulera du 21 au 23 juillet avec 2 créations annoncées. La programmation complète devrait être connue à la fin du mois.

2 creacions per 2016

Et tout d’abord, une prime à la jeunesse avec le duo : Alidé Sans & Paulin Courtial. Nous vous avons déjà parlé de ce duo à l’occasion de leur tournée qui passait par Toulouse. Alidé était venue à l’Estivada l’an dernier. Paulin Courtial est aveyronnais et possède plusieurs groupes. Ils se sont rencontrés l’an dernier à l’Estivada et travaillent ensemble depuis. Pour la soirée d’ouverture, ils vont co-écrire de nouveaux morceaux qu’ils joueront en duo. Le spectacle sera en plusieurs parties. Ce sera l’occasion de découvrir aussi le nouveau groupe de Paulin « Nascut », sur fond de rock occitan. Alidé sera là aussi avec ses nouveaux musicien (dont Paulin) pour jouer de nouveaux morceaux. Paulin et Alidé inviteront des artistes occitans et catalans à les rejoindre sur scène pour cette ouverture le 21 juillet.

Autre création : une carte blanche à Lionez Suarez, accordéoniste talentueux, lui aussi de Rodez. Celui qui a joué sur le dernier album de Claude Nougaro va réunir un plateaux d’artistes pour interpréter des chansons de leur répertoire en occitan mais également des chansons du répertoire actuel et traditionnel occitan. Les artistes n’ont pas encore été dévoilés mais il se murmure que des membres de Zebda pourraient être de la partie… Lionel Suarez aura carte blanche sur les 2 soirées de vendredi et samedi.

Lionel Suarez Photo : dossier de presse Estivada

Lionel Suarez
Photo : dossier de presse Estivada

Celle du samedi sera réservée à un grand balèti occitan toute la soirée. La programmation complète sera annoncée d’ici la fin du mois. Pour le reste, l’Estivada reste sur une configuration qui se veut identique aux éditions précédentes. A savoir : scène principale sur l’Esplanade des Ruthènes, d’autres lieux de concert en ville, du cinéma occitan a Cap cinéma, des débats, un village du livre…Tout ceci à partir de 10H le matin jusque tard dans la nuit.

L’Estivada se fa esperar

Comme annoncé également, plusieurs animations sont prévues dès à présent « En attendant l’Estivada ». Une exposition sur Jean Boudou est en place à l’Hôtel de Ville. Des animations sont prévues Places du Bourg et de la Cité autour des marchés et de l’opération Al Canton menée par Christian-Pierre Bedel en Aveyron. Florian Vernet, Luc Aussibal, René Duran et même Michel Onfray sont aussi programmés.

« C’est au pied du mur que l’on juge le maçon« , avions-nous écrit en février. La première pierre vient d’être posée; on commence à connaître les contours du mur. Mais il est beaucoup trop tôt pour savoir si l’édifice sera solide. En tous cas la 2 CV relookée par des jeunes des accueils de loisirs est prête.

Lo Benaset

Photo : Twitter de l'Estivada

Photo : Twitter de l’Estivada

07 Mai

Palancas musicalas entre Cèl e Tèrras

Aquesta setmana, avèta benlèu ausit aquel mescladís de musicas tradicionalas de China e d’Occitània ambe de salsa jazz. Se sona « Entre Cèl e Tèrras », un projèct palancas menat per un crane compausitor de jazz presentat diluns a Tolosa e en concèrt a Pavia dins Gèrs pel festenal Tard’Envie. Aquí lo reportatge que lor avèm consacrat pel jornalet de la 3. Podètz tanben legir la presentacion de la creacion sul blòg.

 

Jean-Christophe Cholet es sortit de Cantal mas demòra a Montargis, una vila qu’a fòrça ligams ambe lo provincia del Hunan que se tròba al centre de China. Cal dire que Deng Xiaoping i demorèt quauques temps. A donc imaginat « Entre Cèl e Tèrra » per far lo reclam de las musicas tradicionalas de las minoritats Tujia e Miao ambe de borrèias d’Auvèrnha e tanben las compausicions de Guilhèm Lopez. Tot aquò amb una seccion ritmica jazz : Gildas Boclé a la contrabassa, son filh a la batariá e el al piano.

Un pauc de timidat a la debuta, lo temps de se conéisser, de s’escotar, entre monde pas acostumat d’improvisar tals coma los de China e una musica jazz que vira a l’entorn d’aquò. Aprèp un viatge en China e la venguda dels Chineses en Occitània, los artistas s’endevenon plan.

En vistalha a Tolosa, lo parat d’ausir d’enstruments tradicionals, classics o naturals…

Lo Ehru, una mena de violon ambe sonque doas còrdas, jogat per Xia Xunmin un musicaire classic

Lo cant de las montanhas de Dòna Wu Labao acompanhat per Zhang Kaisheng, dit « A-jun » que jòga de la fuèlha. Per la pichòta istòria, aquesta fuèlha ven del ficus de l’òrt de Guilhèm !

Zhang Kaisheng que jòga tanben de l’òrgue a boca, un pauc l’aujòl de l’acordeon en China sul plan de la sonoritat…

Per ara, los artistas chineses s’en van deman. En setembre, Jean-Christophe Cholet e Guilhèm Lopez anaràn un còp de mai en China per d’autres rescontres e maites concèrts Entre Cèl e Tèrras.

Lo Benaset

 

04 Mai

Quand l’acadèmia verdejarà…

« Al cap dels sèt cent ans, verdejera lo laurel », au bout de 700 ans reverdira le laurier…Cette prédiction attribuée parfois au dernier cathare Bélibaste, peut-être fredonnée par un troubadour, si on la sort de son contexte lié au catharisme, pourrait avoir quelques résonances académiques. On parle ici, de la plus vieille d’Europe, fondée en 1324 par 7 bourgeois troubadours toulousains, bien décidés à ne pas attendre 700 pour voir le laurier reverdir après les désastres de la croisade. Ici, point d’académicien en vert, mais on y retrouve la symbolique des fleurs. Depuis presque 700 ans, l’académie des jeux floraux remet des récompenses aux écrivains et poètes en langue française mais aussi occitane. Tous les 3 mai, quasi sans interruption, 9 fleurs et de nombreuses médailles viennent récompenser des auteurs confirmés ou en herbe.

Les mainteneurs de l'académie des jeux floraux 2016. Photo : France 3

Les mainteneurs de l’académie des jeux floraux 2016.
Photo : France 3

L’acadèmia uèi

Tous les 15 jours environ, les académiciens se réunissent à l’hôtel d’Assezat de Toulouse dans l’un des salons réservés. Il y a  40 fauteuils (comme à l’académie française) dont 1 de réservé au maire de Toulouse et 1 autre pour le préfet. On y retrouve aussi des membres liés à l’occitan. Initialement, ce qui s’appelait alors « Consistori de la Subregaya companbia del Gai Saber (le consistoire du Gai Savoir) était bien là pour redonner des couleurs et manténer la lenga e  la cultura d’òc. Aujourd’hui, on compte donc 2 manteneires : l’abbé Georges Passerat (depuis 2002) et Philippe Carbonne (2009). On y retrouve aussi des « Maîtres Ès jeux floraux », des ayant remporté au moins 3 fleurs lors des concours et qui peuvent ensuite devenir des manteneires. André Lagarde est maître depuis 1982, Georges Passerat en 1990, Franc Bardou 2002, Philippe Carbonne 2005. Cette année, un Ariégeois exilé en région parisienne qui vient de connaître cet honneur : le félibre Jean-François Costes. L’académie a donc des liens privilégiés et naturels avec le félibrige, la langue d’oc, les capitouls, la religion… Cette année encore, les fleurs sont bénites le matin même lors d’une cérémonie célébrée par le père Passerat, tota en lenga nòstra à la Daurade, centre principal de la piété mariale toulousaine.

Las recompensas de 2016

Sur les traces de Ronsard, Voltaire, Rousseau, Vigny, Lamartine, Chateaubriand, Hugo mais aussi Goudouli et Mistral récompensés par l’académie, les lauréats 2016 se sont retrouvés salle des illustres à Toulouse. Le Capitole était le lieu initial de l’académie, on peut y voir une fresque de Jean-Paul Laurens relatant le premier concours et la première joïa remise au troubadour Arnaud Vidal pour sa canso à la vierge.

Fresque de Jean-Paul Laurens Photo : France 3

Fresque de Jean-Paul Laurens
Photo : France 3

Voilà pour le décor. Côté récompenses, une bonne trentaine de prix pour la prose, la poésie et la chanson poétique depuis 2006. Les œuvres occitanes et catalanes y sont en minorité et si l’on en crois le rapporteur du concours Philippe Carbonne  » ongan lo ramelet de poèmas porgit a Dòna Clamença es pas plan gròs… » Maria Dolors Forès Sedó gagne un narcisse d’argent pour son poème en catalan « Potser sí que era grisa la mar » et une mention pour le nouveau Maître Ès jeux floraux Jean-François Costes et son poème Reviscòl :

 

M’an dit qu’al blau miralh del vent

Le jorn li fèc aculhiment,

De pelhas d’aur vestida,

Se demorava al debrembièr,

Non dava pas pus alegrièr

Als ausents gardant consirièr

Que la cresián vencida.

René Raybaud de Seillons-Source-d’Argens (83) reçoit le prix Camille-Pujol, médaille d’argent pour son bestiaire poétique en provençal Li bestiouleto dóu pouèto.

Bénédiction des fleurs. Eglise Notre Dame de la Daurade (Toulouse). Photo : France 3.

Bénédiction des fleurs. Eglise Notre Dame de la Daurade (Toulouse).
Photo : France 3.

En revanche, le concours a vu fleurir des jeunes poètes et écrivains occitans, beaucoup vivaces et présents que leurs aînés. Dommage que l’on ne leur ait pas permis de lire leurs œuvres comme leurs homologues en français :

  • Une médaille d’argent aux élèves du lycée François Mitterrand de Moissac (82) pour 2 poèmes « Pimparèla » et « L’Academia ».
  • Même récompense pour Lluis Ferreres du collège Bellevue d’Albi pour son poème  « Lo poèma e la jurada ». D’autres élèves ont aussi reçu une mention.
  • Médaille d’argent aussi pour Victoria Dieu du lycée Saint-Sernin pour « Insomnias »

Le tout sous le regard bienveillant et parfois ému de Mona Ozouf, invitée d’honneur et récompensée par le Prix Béatrix de Toulouse-Lautrec (une création 2016) qui vient couronner l’oeuvre exceptionnelle d’une femme.

Un pauc d’istòria…

Pour la Toussaint de 1323, 7 troubadours de Toulouse instaurent les jeux floraux et invitent tous les poètes de langue d’oc à venir, au printemps suivant, dans un verger au Faubourg des Augustines, disputer devant lui une violette d’or. Le 3 mai 1324, Arnaud Vidal de Castelnaudary reçoit la première, immortalisée par Jean-Paul Laurens dans l’escalier du Capitole qui monte à la salle des Illustres. La Compagnie du Gai Savoir est née.

Son histoire racontée par un Maître Ès jeux : André Lagarde.

1356, las Leys d’Amors (Lois d’Amour) sont promulguées, des codifications et règles écrites par Guilhem Molinier et conservées à l’académie.

XVIème siècle, la Compagnie prend le nom de Collège de Rhétorique. Le français est désormais admis et va supplanter la langue d’oc. Depuis 1527, l’éloge de Clémence Isaure (inspiratrice et bienfaitrice des poètes) est prononcé le 3 mai. Cette journée devient la fête des fleurs.

1694 : la Compagnie est érigée en académie et prend le nom d’Académie royale des jeux floraux.

Sous la Révolution, l’académie disparaît en 1793 , certains membres sont décapités. Elle est rétablie en 1806 par Napoléon.


1895, sous l’impulsion de Frédéric Mistral membre de l’académie depuis 1875, l’académie retrouve ses vertus initiales, redevient bilingue et le restera. C’est aussi depuis 1895 qu’elle trouve son terrain de jeu à l’Hôtel d’Assezat racheté par Théodore Ozenne, non loin de la maison natale de Pierre Goudouli.

Bientôt, on célébrera donc son 700ème anniversaire. Il est encore trop tôt pour dire si d’ici là, le laurier aura reverdi, tant pour l’académie que pour la langue d’oc à la recherche de souffles nouveaux. Et pas seulement poétiques…

Lo Benaset