31 Mar

Municipales et occitan : de que ne cal pensar?

Au lendemain du second tour des élections municipales, il ne sera pas utile de rajouter une ligne sur ce qui a été dit et rabâché (déroute de la gauche, victoire des abstentionnistes, le FN qui fait des vagues…) mais plutôt de voir ce qu’il est utile de retenir pour l’occitan.

Bastir!

2014-02-01 - Candidats Bastir!

Plus de 100 candidats et une cinquantaine d’élus

Et dans ces élections, la nouveauté, c’était le mouvement Bastir, seule étiquette occitane identifiable en l’absence de Libertat, Pais Nòstre, PNO, etc… Du côté mathématique, le calcul est assez simple : 37 élus au premier tour, presque 20 au second, Bastir revendique 54 élus dans les municipalités. C’est beaucoup au regard des dernières élections (une quinzaine d’élus occitanistes en 2008); c’est peu par rapport à d’autres forces régionalistes. En se positionnant différemment, hors des partis et en convoitant candidats et électeurs pas spécialement politisés, Bastir a réussi dans les petites communes avec des candidats de proximité. C’est beaucoup plus compliqué dans les grandes villes. Mis a part Auch où 4 conseillers ont été élus dès le premier tour et Muret avec 1 élu, les alliances avec les forces de gauche ont joué des tours. C’est perdu à Toulouse, Carcassonne, Pau, où les candidats PS ont été battus. A Nîmes, Aurillac, Rodez, Aurillac, Gaillac, Béziers, Castres, Bergerac pas délus non plus faute d’avoir choisi le bon candidat. Quelques exceptions à Montauban où Gaël Tabarly est élu sur la liste d’opposition PS, à Narbonne où Jean-Marie Orrit est passé sur une liste DVD. A noter aussi le cas spécifique de Thérèse de Boissezon élue à Lescar (64) sur la liste du maire sortant(PS). Mais dans cette localité béarnaise, Christian Laine (PS) et Philippe Coy (UD) ont fait exactement le même nombre de voix…

Le bilan est mitigé, notamment à cause des mauvais résultats de la gauche, mais aussi par manque de visibilité. Bastir n’a pas présenté de candidat dont la notoriété dépasserait le cadre occitaniste. Hormis David Grosclaude battu à Artix et Anne-Marie Hautant sous le feu des projecteurs à cause d’Orange. Peu de presse, des logos peu présents sur les affiches…Ce mouvement compte désormais poursuivre son ancrage local et travailler avec les conseillers municipaux de bonne volonté, élus ou pas sous la bannière Bastir. Des rapprochements devraient avoir lieu à Toulouse où Jean-Michel Lattes sera chargé de l’occitan et à Pau où François Bayrou a rencontré les associations occitanes avant son élection. Le 17 mai prochain une nouvelle association des maires et élus occitans sera lancée officiellement.

Besièrs dins lo fosc…

Tout un symbole évidemment, Béziers ville jadis du massacre et aujourd’hui du CIRDOC, du centre Aprene, de la Fèsta d’òc et…de Robert Ménard. Celui qui se dit biterrois est né en 1953 à Oran. Il part d’Algérie en 1962. Dans les années 70, il s’intéresse à la politique. Des débuts très à gauche en tant qu’anarchiste, trotskiste, encarté au PS…Aujourd’hui, il n’a pas sa carte au FN mais n’oublie pas de remercier ce parti lors de son élection. Et Béziers alors? Il y a passé une partie de sa jeunesse, a travaillé dans les radios libres avant de rejoindre Radio France Hérault à Montpellier. C’est là qu’il créera RSF en 1985.

Au même titre qu’Elie Aboud et Jean-Michel Du Plaa, les occitanistes l’ont sollicité pour qu’il fasse part de ses propositions pour l’occitan. Impossible aujourd’hui d’en retrouver la moindre trace dans cette campagne. On peut simplement lire sur son ancien site : « Oui, nous aimons le Béziers du bâtisseur Pierre-Paul Riquet, le Béziers du républicain Casimir Péret, le Béziers du résistant Jean Moulin, le Béziers de l’iconoclaste Yves Rouquette… ».

D’interrogacions ?

Dans des campagnes municipales où l’occitan a souvent fait l’objet d’un consensus mou faute d’audace, il faudra surveiller de près Besièrs, son CIRDOC, son centre Aprene, sa Fèsta d’Òc, son Camèl du Fuòc et son maire. Quid de Carcassona -autre ville symbole- avec le retour de l’ancien maire Gérard Larrat et un déficit en terme de présence culturelle occitane? Quid de Rodés où Christian Teyssèdre a été réélu et où les relations avec Patric Roux et l’Estivada se sont tendues?  A Pau, ville de l’Ostau, et du Carnaval Biarnés, d’Hestiv’òc et … des béarnistes de l’IBG, François Bayrou va t-il sortir de l’ombre et clarifier son positionnement sur l’occitan ? Il a déclaré vouloir vouloir s’occuper directement de ce dossier…

Lo trabalh fa pas que començar!

Benoît Roux

29 Mar

Mauresca sort son ragga-rocky-riot

Sur la dralha contestataire des « Pussy Riots » (féministes russes) et musicale du « Riot grrrl » (mouvement à la croisée du punk-rock et du rock alternatif aux idées féministes) les gars de Mauresca ont dégainé leur Riòta.

De brun sus la pocheta

« C’est la sombre couleur, l’embuche et l’écueil, c’est la brune terreur, la nation en deuil… » La Riòta

Si des résultats électoraux très récents ont pu donner raison à Mauresca, l’album Riòta a de quoi regonfler la chorma de ceux qui ont mal à la tête depuis dimanche. Le groupe avait pris soin de faire tourner ce morceau juste avant.

Mauresca, 5 albums au compteur avec des titres laconiques et très évocateurs : Francament (2001), Contèsta (2005) Bartàs (2008), Cooperativa (2010) et donc Riòta (2014). Pochette brune face à la vague sombre. Jeudi à Toulouse, la Riòta (émeute, soulèvement) a déjà sonné sur scène. Benezet artille : « On ne sait pas si c’est vrai mais ça nous plaît de dire que l’anglais Riot vient de l’occitan Riòta! »

 Formula novèla

Une guitare et une batterie pour étoffer le rythme, faire monter le riddim, rajouter du jeu, voilà longtemps que les 5 membres fondateurs issus de la fac Paul Valéry y songeaient. Chab, Drac, Benezet, Inti et Massimo ont fait un essai en 2013 à l’Estivada de Rodez et pour la Fèsta d’òc de Béziers. Essai transformé lors d’une résidence dans l’Aveyron pour composer le nouvel album. Massimo s’est davantage impliqué dans les créations. Il a posé ses guitares : rock, saturée, avec de gros riffs, parfois punk. Sur scène, c’est Sylvain Briat venu tout droit de The Plans qui le remplace. Côté batterie, Julien Carbonne, n’est pas vraiment dépaysé. Il vient d’un autre groupe languedocien qui s’est fait un nom sur la scène Ska-punk-raggamauffin : Stevo’s teen.

 

A l’arrivée, ça sonne british : The Clash, Dub Pistols et Ninja Tune, du nom de ce label anglais de musique électronique où se retrouvent beaucoup de DJ. Et Drac -celui de Mauresca- est très à l’aise pour envoyer ses scratches.</p#>

 Riòta, Casper e los autres sus l’empont

Sur scène, les changements sont audibles. Plus de jeux dans les rythmes, un son plus posé et plus lourd, plus d’énergie… C’est visible sur les nouveaux morceaux : des riffs rock pour « Riòta », guitares saturés sur « Mauvaises idées » du punk façon The Clash pour « Miègjornau ». Ceux plus anciens comme « Indians de las Americas » semblaient faits pour ça. « Sus la Montanha » prend de la hauteur, va plus loin sus las auturas. Le groupe n’a rien perdu de son « Boulégant », de son énergie communicative. Les voix ont évolué aussi. Et pas seulement sous l’influence de Casper, ce fantôme de micro revenu des années 50. « C’est un très vieux micro -qu’on appelle Casper- que nous branchons sur une machine pour faire des effets. C’est un gros délire. On en met partout ! », confesse Drac. Sur scène, Chab s’en amuse beaucoup. Notamment sur « Mauvaises idées ». Pour chasser le fantôme en chemise brune ?

« C’est de la faute aux autres, ainsi naissent les despotes, penses-y quand tu votes, pense au bruit des bottes. » La Riòta

Benaset de la 3

26 Mar

Mauresca fa virar!

Tournée générale ! Mauresca, 5 albums au compteur pour ces 5 serveurs de hip hop ragga, en occitan sioplèt. Leur nouvel album, Riòta ils viendront l’arroser jeudi soir 27 mars. Histoire de chauffer et recharger La Dynamo (Toulouse).

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  Photo bskb-production</p#>

Un collectif très coopératif né en 1998 à la fois local et international, engagé et poétique, qui fait danser et réfléchir avec de la tchatche , des musiciens et des machines…

Et ça bolèga grave chez ces enfants de Paul Valéry. Des horizons différents : Chab de Provença, Benezet Hérault et chant polyphonique, Drac aux Platines , Inti from Bolivia et Massimo d’Italia. Ils ont laissé sur la route le Fracas Dub pour ne garder que la Mauresca. L’écriture plus que jamais affûtée, la plume acérée et poétique. .

 

Riòta

L’album n’est pas encore sorti mais le groupe a profité des élections pour faire tourner un premier tròc : « Mauvaises idées ». Gros son, mix classieux riche et équilibré, rythme implacable et dansant à la Zebda, des scratchs qui scandent,  des voix parfaitement posées et colorées en òc et français. Et le texte qui envoie : les mêmes et mauvaises idées…

 poussées par la peur</p#>

l’ignorance et l’orgueil,</p#>

nourries de rancœur </p#>

que la haine recueille, </p#>

gonflées par l’erreur </p#>

comprenne qui veuille </p#>

méfiance et rumeur</p#>

gentil n’a qu’un œil</p#>

c’est la sombre couleur</p#>

l’embuche et l’écueil</p#>

c’est la brune terreur</p#>

la nation en deuil…    </p#>

Autant dire que le scrutin municipal leur a donné raison et que la Riòta (titre de l’album) est plus que jamais sur la place. Un titre sur fond de révolte et de punk qui fait indubitablement penser au « White Riot » des Clash et « Teen Age Riot » de Sonic Youth. Un morceau qui s’est déjà escapat sur les ondes de « Good Morning Occitania » et qui semble du même tonneau que « Mauvaises idées ». De quoi nous assoiffer en attendant la sortie prévue fin avril.

En attendant, tournée générale : Mauresca sera jeudi à 20H à la Dynamo de Toulouse, vendredi matin dans les studios de « Good Morning Occitania » pour Radio País et Occitania et samedi dans le Jornalet de France 3. Sans oublier Doctors de Trobar vendredi à l’Estanquet de Tolosa. Fai virar !

Lo Benaset…de la 3 !

 

24 Mar

L’occitan dins las comunalas

Le verdict des urnes est tombé : hausse de l’abstention, forte progression du front National, sanction du PS et de ses alliés et bilan mitigé pour l’UMP. Et du côté de l’Occitanie?

Los candidats de Bastir!

Le mouvement citoyen occitan Bastir avait validé 116 candidatures sur des listes à très forte majorité de gauche. Les listes ont eu du mal dans les grandes villes comme à Pau, Carcassonne, Montauban. Bastir compte tout de même une bonne trentaine d’élus. Essentiellement dans les petites communes où une seule liste était présente. C’est le cas à Salles-Montgiscard (64), Castelnau-de-Montmiral (81), Gavaudun (47), Marignac (31), Saint-Martin-Le-Redon (46) avec le maire sortant Roger Lassaque ou Lavercantière où Gilles Vilard a été réélu.

Le mouvement comptera 4 élus à Moussan dans l’Aude, une ville qui a doublé sa population (1806 habitants) en 15 ans. Dans ce département, Guy Sié le maire sortant de Fleury d’Aude et estampillé Bastir a été réélu. A noter 2 élus seulement dans l’opposition à Labarthe-sur-Lèze (31) et le tête de liste de Lucéram (06). Dans les grandes villes, Auch fait figure d’exception avec 3 élus sur la liste du socialiste sortant et réélu Franck Montaugé. Enfin Anne-Marie Hautant tête de liste Divers Gauche à Orange (84) et candidate Bastir a été élue mais largement battue par le candidat de la ligue du sud Jacques Bompard.

Las vilas grandas occitanas

A Marseille, pas de candidats avec une étiquette occitane. Des discussions ont eu lieu mais sans lendemain avec Pape Diouf. On sait le candidat PS Patrick Menucci un peu sensible au devenir de l’occitan. Mais Jean-Claude Gaudin a toutes les chances de retrouver son fauteuil. A Toulouse, le maire sortant Pierre Cohen PS est à nouveau devancé au premier tour par Jean-Luc Moudenc de l’UMP. Mais celui-ci n’a pas de réserves de voix pour le second tour. Dans cette ville où l’occitan bénéficie d’un large consensus, Pierre Cohen a même déclaré dimanche soir qu’il était le candidat de l’union…occitane !

A Montpellier, le premier tour se termine dans un mouchoir de poche entre les 2 candidats de gauche Jean-Pierre Mourre (25%) et Philippe Saurel (23%) face au candidat de la droite Jacques Domergue (moins de 23%). Les 3 candidats devraient se maintenir dans une ville où le Front National n’a jamais été aussi haut (13%).

A Pau, c’est l’occitanophone François Bayrou qui est largement en tête (plus de 41%) face au PS David Habib et ses colistiers Bastir (25%). A Béziers, ville occitane s’il en est où se trouve notamment le CIRDOC, tout reste possible. Bastir avait choisi la liste d’Elie Aboud ( seul cas d’un candidat Bastir sur une liste UMP). Le candidat d’Union de la gauche Jean-Michel Du Plaa a été le seul à prendre des engagements pour l’occitan. Mais ces deux listes sont largement devancée par celle de Robert Ménard peu enclin aux idées occitanes et soutenu officiellement par le FN. Pour l’instant, on ne sait pas s’il y aura un front républicain. A Nîmes, Jean-Paul Fournier (UMP) arrive en tête devant le FN, la gauche et le Front de Gauche en capacité de se maintenir. Côté Rodez, pays de l’Estivada (mais pour combien de temps?) Christian Teyssèdre est bien parti pour conserver la mairie avec 42% des suffrages. Bruno Berardi avec 2 candidats Bastir arrive en 3ème position avec plus de 13%. Enfin Montauban pourrait bien reconduire l’UMP Brigitte Barèges face à l’ancien maire Roland Garrigues soutenu par Bastir et qui s’est avancé sur des propositions concrètes pour l’occitan.

Un siti bilingüe

Enfin mention spéciale pour Chantal Castaing à Layrac (47). A notre connaissance, c’est la seule à avoir proposé un site entièrement bilingue. Elle peut se maintenir au second tour avec plus de 11% des suffrages.

Benoît Roux

21 Mar

Nougar’òc

Claude Nougaro a quitté sa citée gasconne voilà 10 ans. On ne présente plus le talent et l’immensité du répertoire de ce fils de baryton toulousain et d’une pianiste italienne. Claude Sicre et David Avezou ont eu la bonne idée de faire un film avec beaucoup d’inédits intitulé « Claude Nougaro et les Musiques du monde ». C’est Hélène, la veuve du chanteur, qui leur a confié ce trésor. A base d’archives, de clips, de confidences, ce film a été projeté au festival « Peuples et Musiques au cinéma ».

A l’écoute de cette vieille chanson « Maudit sia l’amor », d’un auteur inconnu mais popularisée par Gaston Phébus et Charles Gounod, on mesure ô combien le chanteur était pétri de culture occitane, à quel point il était à l’aise dans ce répertoire… De quoi nourrir des regrets de ne pas avoir entendu plus souvent le poète toulousain pousser la chanson d’òc.

Hélène Nougaro, Christian Laborde et Yvan Cujious seront les invités de Patrick Noviello pour un spécial « Voix est libre » samedi 22 mars à 11H30.

Benoît Roux

 

20 Mar

Le Mémento occitan de Philippe Caubère

Ce soir, Philippe Caubère est au Théâtre du Pont Tournant de Bordeaux pour « Marsiho », une pièce d’André Suarès. Et samedi à 18H, il jouera le « Mémento Occitan » d’André Benedetto. Une épopée lyrique d’un auteur qui lui est cher. L’occasion d’évoquer des racines occitanes que cet immense comédien marseillais n’a pas oubliées.

caubere-mementoMémento occitan, c’est une sorte de road movie occitan qu’il interprète avec Jérémy Campagne à la guitare. C’est un autoportrait d’André Benedetto mort en juillet 2009, terrassée par un accident vasculaire dans les vignes de Tavel.

Un texte splendide au verbe riche, du rock scandée en oc qui  interpelle sur l’identité. « L’identité occitane dépasse les caricatures : elle est une chose éternelle, qui regroupe tout ce qui se trouve au sud de la Loire, de Bordeaux à l’Italie, de l’Espagne à Clermont-Ferrand. Moi-même, je ne peux pas me détacher de mon enfance marseillaise, et Marseille, c’est tout sauf le foot ! Il y a une telle richesse, une telle diversité dans cette ville tellement belle, tellement laide, une telle violence aussi, qu’elle inspire une passion qui interdit qu’on la réduise à une ville désargentée qui jouerait au foot pour se consoler… Le Sud, ça veut dire une identité particulière, et j’ai envie d’exprimer poétiquement cette identité, qui n’est ni Paris, ni la France, qui est celle d’un autre pays que, là encore, on ne peut pas réduire à la pagnolade » disait-il dans une interview donnée au journal La Terrasse.

Un spectacle fort qui laisse souvent le spectateur sous le choc. Ébahi. Subjugué.

 

Benoît Roux

 

 

18 Mar

Calandretas desniusadas per la lei Falloux

Manif Pau - 15-03-14 -- 23Manifestation du 14 mars à Pau – Photo calandreta</p#>

Samedi, ils étaient près de 600 occitans, basques, catalans bretons et français à se retrouver à Pau pour manifester leur soutien aux écoles immersives calandreta (occitan), ikastola (basque), bressola (catalan), diwan (breton)…Avec le même slogan « Les calandretas doivent vivre » et un seul mot d’ordre : faire pression pour que les collectivités territoriales continuent d’aider ces écoles de statut privé. Ce que ne permet pas la loi Falloux.

La lei Falloux

Alfred_de_Falloux_Disderi_BNF_GallicaAlfred de Falloux était Ministre de l’Instruction Publique lorsqu’il fit voter le 15 mars 1850 une loi d’inspiration cléricale, avec plusieurs dispositions pour libérer l’enseignement. Une loi d’un autre temps (IIème République), plusieurs fois modifiée et presque abrogée, mais qui sert aujourd’hui de justification à l’Etat pour fragiliser ces écoles immersives. Car cette loi énumère énumère les conditions d’ouvertures des établissements privés et les limites de leur financement par les collectivités territoriales. « Aquela lèi es la vaca sacrada de la Republica » selon Jean-Louis Blenet, président fondateur des écoles calandretas. Une loi attaquée par la droite et soutenue par le Parti Socialiste. C’était dans les années 93-94. François Bayrou, alors Ministre de l’Education voulait réformer le texte et déplafonner la possibilité pour les collectivités territoriales de subventionner les établissements privés. On connaît la suite : des manifestations monstres début 94, des grèves et le conseil constitutionnel qui affirme que le financement de ces structures privées est contraire au principe d’égalité. Aujourd’hui cette loi fait toujours partie des textes en vigueur, intégrée dans le code de l’éducation. C’est à ce titre que la préfecture des Pyrénées Atlantiques refuse le renouvellement du bail par la municipalité d’Artix (64) avec la calandreta.

Calandreta cèrca son niu

Pour tenter d’exister, ces écoles bénéficient souvent d’un bâtiment mis à disposition par une collectivité territoriale (mairie pour le primaire, conseil général pour le secondaire) pour accueillir les enfants. Il existe une soixantaine de calandretas, la moitié hébergées par des communes. Seulement une quinzaine sont propriétaires de leurs bâtiments. « Esser proprietari del bastiment es una desfacha. O divèm pas far » nous dit Jean-Louis Blenet. Calandreta est une école associative sous contrat avec l’Etat. Elle ne peut pas et ne fdoit pas supporter de telles charges. Alors, à Artix comme ailleurs, calandreta est logée contre une somme symbolique. Mais la préfecture n’en veut plus et menace de fermer l’école d’Artix.

Manif Pau - 15-03-14 -- 4Photo calandreta</p#>

Lo fuòc en Pirenèus-Atlantics

Les difficultés sont résiduelles et perpétuelles chez calandreta. Mais depuis quelques temps, elles se concentrent sur le département des Pyrénées-Atlantiques. La faute au basque. « Dins lo 64, lo numèro 1 es basc e l’occitan es lo dorsièr junt » rappelle Jean-Louis Blenet. Ce qui a mis le feu : la volonté de la commune d’Hendaye de bâtir un local pour une école ikastola devenue trop exiguë. Une résolution suspendue par le tribunal administratif de Pau. La commune tient tête et Seaska, la fédération des écoles en langue basque, va porter l’affaire devant le Conseil Constitutionnel. La pression au pays basque, plus cette dichotomie entre la loi et la réalité sociale de ces écoles, en font aujourd’hui un dossier très sensible. Le nouveau préfet Pierre-André Durand semble avoir mis de l’eau dans son vin : « L’Etat ne s’oppose pas au bail locatif ». Plus question de fermer la calandreta d’Artix. On ne touche pas à ce qui existe mais on empêche son développement. Pour calandreta, il n’y pas a pas d’autres alternatives : « Contunhar de nos mobilizar, fargar encara mai d’escòlas. Es la sola causa que farà cambiar la lèi » martèle Jean-Louis Blenet.

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 Photo Becky Stares – Fotolia.com</p#>

E deman?

Calandreta a écrit au Premier Ministre pour que l’Etat change la loi Falloux et fasse exception du cas des langues régionales. En attendant une loi plus générale qui leur donnerait un statut… Toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, la construction d’un nouveau collège calandreta est évoquée. Actuellement à Pau comme à Montpellier, c’est le Conseil Général qui héberge ces collèges. Montpellier où calandreta demande aussi à la Région de s’engager pour créer enfin un premier lycée... « Lo dreit es pas adaptat a la realitat de la situacion » selon Jean-Louis Blenet. « Sèm dins una situacion catastrofica. En França, sèm dins lo regime de l’interdit : pas d’usatge juridic, economic, administratiu per l’occitan »…

Manif Pau - 15-03-14 -- 30Photo calandreta</p#>

Au moment où l’on parle de ratification de la Charte Européenne des langues minoritaires, où certains prétendent qu’il n’est pas utile d’en faire plus pour ces langues qui, selon eux, existent sans encombres, voilà un exemple concret à méditer. Et ce ne sont pas ses défenseurs mais l’UNESCO qui le dit : ces langues sont en danger. Alors si les écoles sont menacées…

Benoît Roux

15 Mar

Lo poèta Occitan Mistral s’en anava, i a 100 ans

Le 25 mars 1914, Frédéric Mistral disparaissait. 100 ans plus tard, l’un des plus grands auteurs de littérature d’oc est encore largement méconnu. Au-delà du prix Nobel de littérature qu’il a obtenu en 1904 pour « Mirèio », le poète occitan a laissé une importante oeuvre littéraire. Frédéric Mistral fut également l’un des membres fondateurs du Félibrige.

A l’occasion du centenaire de sa mort, plusieurs manifestations sont prévues tout au long de l’année un peu partout en Occitanie et en France. Certaines sont mêmes retenues par le Ministère de la Culture comme commémorations nationales 2014.

Le 25 mars 2014, le Cirdoc de Béziers mettra en ligne sa bibliothèque virtuelle sur le portail Occitanica. Toute l’iconographie, des manuscrits originaux ainsi qu’ une partie de la correspondance de Mistral conservés au Cirdoc seront gratuitement consultables en ligne.

Une exposition sur « Mistral et l’Europe, Renaissance d’Oc et Printemps des peuples » se tient jusqu’au 31 mars à la MJC de Béziers. Le Cirdoc accueille lui l’exposition « Mistral gagnant » au sein de sont établissement, également jusqu’au 31 mars.

Dans l’édition occitane du samedi 15 mars à 19h15, nous reviendrons sur ce centenaire de la mort de Frédéric Mistral, avec en particulier, le témoignage d’un autre grand auteur occitan, celui d’Yves Rouquette sur ce poète qu’il considère comme le plus grand et le plus important des écrivains occitans. Vous trouverez ici l’intégralité de l’interview qu’Yves Rouquette nous a accordé.

Clément Alet

 

13 Mar

VIRA-LENGA : Lena Albert

Le fauteuil rouge est allé se poser dans la Cité de Carcassonne (Aude) où il a accueilli Léna Albert, une collégienne de dix ans qui livre un texte qu’elle a écrit : Las pèiras de Ciutat. Cette écrivaine en herbe annonce des beaux jours pour la langue occitane. Elle nous fait découvrir aussi les auteurs d’aujourd’hui Florian Vernet avec l’histoire de la princesse Valentine et Michel Décor avec « langue maudite ». Vous aurez aussi de nouveaux viralengas à vous mettre en bouche. Ne ratez pas Léna, nous risquons de la retrouver dans quelques années au côté des écrivains occitans.

Cliquez ici : Lena Albert

@Vicenta

12 Mar

CÒP D’ALA épisode 16 : Najac – d’Amic Bedel et Pierre Brun

« Còp d’ala », pourrait se traduire en français par « À tire d’aile ».  Nous vous invitons à partir à la découverte de l’Occitanie, mais vue du ciel. Nous vous proposons de monter sur le dos de notre oiseau pour plonger dans l’histoire des territoires, des villes et des villages de l’Occitanie. Le seizième épisode de la série nous mène au-dessus de Najac en Aveyron, castel rouergat bâti par le Seigneur de Najac dès 980, juché au bout d’une longue crête de plus d’un kilomètre de long et sur laquelle s’étale le village.

 

@Vicenta