31 Oct

Les « Daunas de Còr » réinventent la féminité polyphonique

Dans la discographie occitane et dans la discographie tout court d’ailleurs, il est des disques qui « resclantisson » : autrement dit, qui retentissent de façon éclatante. Ces disques-là, quand on les écoute, vous donnent des petits frissons sur les bras et dans le haut du dos. Ces disques-là vous font s’envoler en un instant. C’est un peu comme un grand bol d’air frais qui vous remplit les poumons, qui vous remplit le cœur.

Peut-être, ressentirez-vous tout cela en les écoutant. Elles, ce sont les « Daunas de Còr », (Dames de Coeur). Et un cœur, elles en ont un de… gros.  Tellement gros qu’il est difficile de ne pas être ému par leurs vibrations chorales à l’écoute de leur premier album « AirEtèras ».

Imprégnées par la simple tradition du chant bigourdan, ces six voix inventent, réinvente une féminité polyphonique pyrénéenne. D’habitude, ce sont des hommes que l’on entend chanter, quelque fois des groupes mixtes mais des femmes et uniquement des femmes… Serait-ce presque interdit ?

Les «  Daunas de Còr  » osent et parcourent un répertoire qui part de la Gascogne et nous emmène jusque dans le Piémont Italien, du chant sacré en passant par le traditionnel et en occitan, majoritairement.

D’une force délicatesse, Nosta Dama de Varètja (Notre Dame de Barèges) introduit l’album et pose tout de suite un cadre : sans inutile fioriture, avec une multitude de dynamiques vocales et harmoniques. L’acre mélodie du Kyrie, interprété en suivant, nous transporterait presque dans les Balkans. Il s’agit pourtant d’un chant transmis par Nadeta Carita, une des six chanteuses du groupe, d’après la messe de Dumont en version polyphonique traditionnelle d’Ayros Arbouix en Bigorre. Puis des Landes en vallée d’Aspe, AirEtèras file son chemin vocal en toute liberté. Comme cette suite de bourrées auvergnates chantées « spontanément » par les filles. Les voix hautes, basses et normale  « s’entremesclan » généreusement et même si les mains qui piquent les trois temps pour danser « la borèia » manque de précision, la diction rouergate elle, est parfaite.  L’univers sonore qui enveloppe tous ces chants fait respirer l’album. Enregistrés en prise directe dans l’Eglise d’Arcizans-Avant, dont on entend la cloche sonner l’heure, à table, au restaurant, ou encore au coin d’une cheminée dont le feu crépite naturellement, les 18 chants s’achève au sommet : Montanhas sus Montanhas. Là, dans ces montagnes pyrénéennes où vivent Nadèta Carita, Anne Enjalbert, Valeria Vedere, Mimi David, Laurence Benac et Emilie Manescau : Les « Daunas de Còr ».

Clément Alet

Les "Daunas de Còr" au Théâtre des Nouveautés à Tarbes lors du tournage de l'émission spéciale de "Viure al País" du 9 décembre 2012 dédiée au chant polyphonique pyrénéen - © Amic Bedel

Les « Daunas de Còr » au Théâtre des Nouveautés à Tarbes lors du tournage de l’émission spéciale de « Viure al País » du 9 décembre 2012 dédiée au chant polyphonique pyrénéen – © Amic Bedel

28 Oct

Anèm Oc ! pour la 5ème fois…

Comme l’annonçaient nos confrères de La Setmana sur leur site internet dès jeudi dernier, les Occitans ont bien l’intention de redescendre dans la rue en 2014. Après Carcassonne en 2005, Béziers en 2007, de nouveau Carcassonne en 2009 puis Toulouse en 2012, c’est le 8 novembre 2014 qu’une nouvelle grande manifestation devrait se tenir en Occitanie. Où? Personne ne le sait encore et la coordination « anèm òc » étudie pour l’instant la question. Pour l’heure, il ne s’agit que d’un projet mais il semblerait  que cette journée de manifestation soit organisée simultanément en Catalogne (du Nord), Pays Basque et Bretagne, comme c’était déjà le cas lors de la dernière manifestation du 31 mars 2012. 30.000 personnes avaient défilé dans les rues de Toulouse.

La prochaine manifestation du 8 novembre 2014 intervient une nouvelle fois dans un contexte pré-électoral. Les élections régionales et départementales auront lieu en 2015 et les organisateurs entendent faire pression auprès des élus. Ils demandent encore et toujours une seule et même chose : un véritable statut juridique pour les langues régionales, rien de moins qu’une loi.

Sirine Tijani et Clément Alet

25 Oct

Còps d’ala tòrna prener la volada, nouvelle série en occitan.

 

La série Còp d’Ala reprend son envol.

10 nouveaux épisodes pour mieux comprendre les fondements de villes et villages d’Occitanie.

Et voilà une série qui va séduire tous ceux qui s’intéressent à l’Histoire, à l’urbanisme, à la belle image et bien sûr, à l’occitan.

Écrite de main d’expert par Pierre Brun, portée par sa voix, la langue d’oc y est fouillée, riche, travaillée imagée…Un vrai travail linguistique et pédagogique qui pourrait servir en classe.

D’autant plus que l’on y parle d’Histoire et que celle-ci ne figure pas toujours dans les manuels scolaires.

Les faits se passent au Moyen-âge, globalement du Xème au XIIIème siècles. L’apogée en quelques sorte de la langue d’oc, très présente dans la population mais aussi dans les cours européennes. Un rayonnement culturel avec la littérature des Troubadours, et plus tard Dante…

Seulement voilà. C’est aussi l’époque de la Croisade contre les Albigeois, pour annihiler le catharisme et s’emparer des terres du sud.

La série présente de nombreuses découvertes comme à Cordes (81) avec la maison du Grand Veneur construite par un descendant de famille cathare. Sur le mur gothique on y voit  ces visages effrayés, des femmes qui protègent leurs enfants, des personnages qui se tiennent la tête…

Pour chaque épisode, une ville et un type d’organisation : ville marchande (Lauzerte, Montech, Castelsarrasin), sauveté (Villeneuve d’Aveyron), bourg castral (Cordes), château stratégique (Najac) ou encore bastide (Lisle-sur-Tarn, Montesquieu-Volvestre).

Còp d’Ala explique donc comment et pourquoi se sont constitués villes et villages d’Occitanie. Et en soit, c’est un document d’urbanisme.

Enfin les images sont de grande qualité. A l’époque où l’on voit beaucoup d’images aériennes réalisées par des drones, celles-ci sont faite depuis un ULM, avec une caméra HD par Amic Bedel. A l’arrivée : un regard original et authentique avec une vraie sensibilité.

A ne pas manquer cette saison dans Viure al País. Premier épisode consacré à Lauzerte (Tarn et Garonne) le dimanche 3 novembre à 11H25 sur France 3 Midi-Pyrénées, Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

Benoît Roux

24 Oct

Langues régionales : un code, sans loi ?

Remis le 15 juillet dernier auprès de la Ministre de la culture Aurélie Filippetti, le rapport Caron rédigé par le Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et la pluralité linguistique interne devrait déboucher sur des propositions d’ici à la fin de l’année. « La ministre m’a promis qu’il ne resterait pas dans un tiroir. On nous a demandé de faire quelque chose de réaliste, c’est ce que l’on a fait » précise David Grosclaude, membre du comité qui a participé à la rédaction.

Deux pistes essentielles sont avancées dans le rapport : la première concerne une loi sur les langues régionales et la seconde s’oriente vers un code des langues de France. Deux chemins, pas tout à fait identiques, l’un bien plus complexe que l’autre, l’un bien plus volontariste et politique que l’autre. La loi apparaît évidemment comme le cadre le plus ambitieux et le plus abouti pour les langues régionales au détriment du code qui ne serait qu’une compilation de l’ensemble de la législation existante sur ces questions. « L’idée du code est partie d’un constitutionnaliste, membre du comité, faisant remarquer que l’Administration ne savait pas toujours comment agir face à telle ou telle situation sur l’usage d’une langue régionale. Le principe du code est de pouvoir dire tout ce qui est donc autorisé dans le droit actuel » résume David Grosclaude. « Là, par exemple, on ne perdra plus de temps sur la question des panneaux bilingues à l’entrée des villes. On trouvera dans le Code l’article qui s’y réfère et les derniers jugements qui les autorisent ».  Si ce code a le mérite de devenir un outil utile pour les citoyens autant que pour les administrations, il n’apporte rien de nouveau aux langues régionales en France. Il semble en revanche avoir les faveurs de la ministre. Auditionnée le 9 octobre dernier à l’Assemblée Nationale par les députés du groupe d’étude sur les langues régionales, Aurélie Filippetti s’est déclarée favorable à l’élaboration d’un « code des langues de France ». Pas un mot, pour l’instant, concernant la loi. Mais après en avoir discuté avec le Premier Ministre, Aurélie Fillippetti a promis aux membres du comité consultatif qu’elle reviendrait vers eux avec des propositions d’ici à la fin de l’année. La partie n’est donc pas tout à fait terminée.

Clément Alet

23 Oct

Le Tram de Montpellier bientôt en òc ?

Montpellier - Tramway - centre de la ville

© IngolfBLN – creative commons

Estacion venenta, Comèdia : voilà donc ce que pourraient bien entendre un jour les Montpelliérains dans leur Tram. Des annonces de stations et d’arrêts en occitan : l’idée vient d’être lancée à travers une pétition en ligne depuis le 22 octobre. « Pour un tramway bilingue Français/Occitan à Montpellier » a recueilli en un jour plus de 250 signatures et les initiateurs justifient leur envie en occitan : Perque l’occitan es nòstre patrimòni, perque los elegits son daccòrdi amb aqueste projècte. Nos cal capitar de far aquò a Montpelhièr, es ja fach a Tolosa e Niça, alara qu’esperam? Parce que l’occitan est notre patrimoine, parce que les élus sont d’accord avec ce projet. Nous devons le faire aboutir à Montpellier, c’est déjà fait à Toulouse et Nice, alors qu’attendons-nous?

Espérons que les Occitans n’attendent pas forcément le soutien de la population montpelliéraine dans son ensemble car si l’on s’en réfère à l’expérience toulousaine, rien n’aurait été possible sans la pugnacité des associations occitanes et de l’exploitant Tisséo. A l’époque, l’arrivée des premières annonces bilingues avaient été plutôt mal reçues par les usagers. Depuis, la voix du métro toulousain a changé pour le bien être de nos oreilles.

Clément Alet

 

 

 

18 Oct

Aqui es Besièrs ! L’ASBH et l’occitan

Ce n’est pas encore le grand Béziers des années 70, du temps où les Palmier, Vaquerin, Paco, Cantoni et Astre raflaient 11 titres de champions de France. Mais l’ASBH Association Sportive Béziers Hérault stabilisée en Pro D2 veut renouer avec ses racines. Et parmi elles, l’occitan.

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A la broa del gorg, au bord du gouffre.

Si le club va mieux désormais sur un plan sportif et financier, il est passé pas loin du gouffre, en passe de tomber dans l’anonymat. En 2010, le club est rétrogradé en Fédérale. Il joue les barrages pour remonter en Pro D2. Pour forcer le destin, des supporteurs se mettent à chanter le Se Canta. Au moment où résonnait parfois le Copa Santa plus provençal. De quoi donner des idées à certains.

Los Occitans de Besièrs dins la mesclanha, les Occitans de Béziers dans la mêlée  

Béziers, c’est le club de cœur et la ville du chanteur Joanda. Il va souvent au stade de la Méditerranée. La passion du sport et la frustration de ne pas y voir et y entendre plus d’occitan. Mais il va rencontrer le restaurateur célèbre Pierre Augé, le chanteur et musicien Jean-Brice Viétri, le président délégué de l’ASBH Ghislain Jansé et Floréal Vaquerin le fils d’Elie. Ils se réunissent un soir et après un repas très convivial, décident de créer le CNOSF : le Comité National Occitan Sans Frontière. Une blague au départ et un pied de nez à son homonyme, le Comité National Olympique et Sportif Français qui avait imposé aux Biterrois de rejouer un match, risquant ainsi de les faire redescendre en Fédérale en cas de défaite. Sans conséquence sportive mais avec une incidence culturelle…

 

Lo Comitat Nacional Occitan sens frontièras, qu’es aquò ?

L’ASBH est le premier club français de rugby à se doter officiellement d’une commission culturelle. Un organisme qui permettra au club de se doter d’une identité forte à l’image de l’USAP pour les Catalans, de l’Aviron Bayonnais et du Biarritz Olympique pour les Basques. Le CNOSF se réunit une fois par mois et Joanda en assure la présidence. Et les idées ne manquent pas : animer l’avant match au clubhouse avec des chanteurs et des instruments occitans, chanter le Se Canta juste avant l’entrée des joueurs comme l’ont fait Joanda et Floréal Vaquerin pour la réception du Lyon Olympique Universitaire.  Pourquoi pas l’annonce du score en oc, une signalétique bilingue… Sans oublier le chant des supporteurs Aqui, aqui es Besièrs et le journal du club Sèm fòrça. Le nouveau site de l’ASBH aura une page consacrée au CNOSF. On parle même de mettre en place une journée de formation culturelle sur l’histoire et la langue d’oc pour les joueurs et dirigeants. Les marqueurs identitaires ne manqueront pas.

Dissabte la Seccion Paulina a l’estadi de la Mediterranèa, samedi la Section Paloise au stade de la Méditerranée

Si les joueurs arborent une croix occitane pour les matchs à l’extérieur, « l’occitanité » est plus flagrante à domicile. Et pour préserver leur invincibilité à la Méditerranée, les joueurs pourront compter sur un public de plus en plus nombreux : près de 5000 abonnés qui ont tous reçu leur écharpe Aqui es Besièrs. Ce samedi 19 octobre la Section Paloise -autre club occitan habitué au Se Canta– ne sera pas trop dépaysée. Pour accueillir ce prétendant à l’accession en Top 14, le Club House ouvrira ses portes dès 16 heures avec les chanteurs Flo Vaquerin et Joanda, accompagnés par Patrice Villaumé (Troubadours Art Ensemble) à la flûte occitane. Après la bodega de la Montagne Noire, un autre instrument occitan sera donc de la partie. Et pour donner le coup d’envoi : Didier Amiel, l’entraîneur de l’Equipe d’Occitanie de Football qui viendra avec plusieurs de ses joueurs. Un tour de chauffe avant d’en découdre le 15 décembre avec le Racing Club Narbonne Méditerranée pour un grand derby occitan.

Benoît Roux

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 28/09 ASBH-LOU de gauche à droite : Floréal Vaquerin, Joanda et Nicolas Dedieu </p#>

11 Oct

Amado Boudou, un occitan différent en Argentine.

Amado Boudou, un occitan pas coma los autres en Argentina. 

Le nom de Boudou fait irrémédiablement penser au grand écrivain rouergat et occitan Jean-Boudou. Mais pas sûr qu’il faille pousser l’analogie plus loin. Tant celui qui est aujourd’hui le vice-président de ce grand pays d’Amérique Latine est sujet à controverses.

Dins la dralha de las 40 familhas aveironesas que van a Pigüe.

 

 

Frédéric Boudou et Eugénie Vernhes

Aimé Boudou

Amado Boudou est né le 19 novembre 1963 à Buenos Aires. Il est le descendant d’une des 3 familles Boudou qui ont quitté leur Rouergue natal à la fin du XIXème siècle pour les terres argentines. En 1903, ses arrières grands parents Frédéric Boudou et Eugénie Vernhes abandonnent leur village de Durenque (Aveyron). Ils partent avec leurs 7 enfants dont Aimé, le grand-père d’Amado. Comme l’ont fait les pionniers quelques années plus tôt : Clément Cabanettes et François Issaly qui achetèrent 27 000 hectares en 1884 pour les revendre aux familles aveyronnaises venues tenter fortune et fuir une certaine misère.

Pigüe, vila occitana dins la Pampa 

Implantée sur une zone un peu désertique, sur des terres où vivaient jadis les Indiens mapuches, la ville de Pigüe est fondée le 4 décembre 1884.

Avant de partir en Argentine, la famille d’Amado garde sa ferme de Puot à Durenque. Au cas où…  Mais en 1911 ils vendent la dite propriété rouergate pour investir en Argentine dans le district de Coronel Suarez, à Obigny, ville située à 60 kilomètres à l’est de Pigüe.

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Photo : Famille Boudou vers 1906

Les Boudou comme les autres Aveyronnais gardent des liens étroits avec leur terre, leur culture et leur langue d’origine. Les journées se passent au son de la bourrée, de l’accordéon et de la langue d’oc. La presse publie des textes en occitan. On assiste à une véritable endogamie. On retrouve à Pigüe les mêmes noms de familles (Avit, Bras, Ferrand, Viala, Bouscayrol, Ginestet…), les mêmes dénominations de rues que dans l’Aveyron.

 

Photo : rue de Rodez à Pigüe

Mais après la première Guerre Mondiale, l’occitan laisse son exclusive au français puis au castillan. En 1974, une enquête démontre que tout n’est pas encore perdu : 12% de la population de Pigüe parle encore l’occitan, 26% le comprend… Dans une ville qui compte aujourd’hui 14 000 habitants.

Amado, un personatge a despart

Le vice président argentin a grandi à Mar del Plata. Il joue au rugby, fait le DJ dans les boites très branchées de la côte…Se passionne pour la guitare électrique et le rock. Il entreprend des études plutôt brillantes en économie. Mais souvent en dilettante.

A 35 ans, il revient à Buenos Aires où commence son engagement politique. En 2009, il devient Ministre de l’économie jusqu’en 2011. Il forme un couple très « tendance » avec Agustina Kämpfer, une journaliste de 20 ans sa cadette.

A la surprise générale, la présidente sortante Cristina Kirchner le choisi comme colistier pour les présidentielles de 2011. Une présidente réélue mais convalescente. Comme le prévoit la constitution, Amado fait son entrée à la Casa Rosada –le palais présidentiel- et assure la présidence par intérim du 4 au 24 janvier 2012.

Le 8 octobre dernier, il reprend les rênes du pays suite à une opération de la présidente.

Voilà pour le côté « glamour » du personnage. Mais tout est loin d’être rose pour le locataire temporaire de la Casa Rosada.

 

Amado… pas tant aimat !

A quelques jours des élections législatives (le 27 octobre), le retour d’Amado sur le devant de la scène politique n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour le FPV (Front pour la Victoire) de Cristina Kirchner. Longtemps protégé par cette péroniste de centre gauche, la fronde anti-Amado vient désormais de son propre parti. Cité dans six enquêtes judiciaires, il est soupçonné de trafic d’influence et blanchiment d’argent dans l’affaire Ciccone (une imprimerie ayant évité le dépôt de bilan suite à son intervention).

La justice est donc en passe de rattraper ce play-boy de 50 ans à l’allure décontractée, blouson de cuir, moto et guitare électrique qu’il sort régulièrement lors des meetings électoraux.

La semaine dernière, il se fait photographier à Brasilia (Brésil) au guidon de sa Harley…au moment où la présidente vient d’être hospitalisée. Un tantinet désinvolte ! Depuis il a été sommé de rentrer pour faire l’intérim.

Nous sommes loin, très loin de l’image d’Epinal de l’Aveyronnais grand travailleur et plutôt discret. Très loin aussi de 2015 où -en d’autres temps- certains le voyaient succéder à Cristina Kirchner.

Benoît Roux

09 Oct

Pierre François, « pintre embelinaire »

 

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« Si j’avais vécu à Paris, je n’aurais pas pu peindre, j’aurais été gangrené par ces capitales qui se regardent trop le nombril ».

Pierre François est né à Sète, « la ville qui compte plus de peintres que d’habitants ». Et pour lui, tout y est propice à la peinture, sur tous les supports : chaussures, boiseries, pavois (bouclier des jouteurs), enveloppes, boîtes à fromages et…les toiles bien sûr.

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Issu de l’émigration italienne, comme beaucoup de sétois, son premier métier sera peseur de vin. Avec son épouse, ils gèrent aussi un parc à huîtres  tout en gardant ses yeux pour la peinture.

Pierre François, c’est le peintre de l’émerveillement. Comme un adulte réfléchi qui garderait son âme d’enfant. Avec toujours cette propension au bonheur.

Pierre François e la lenga d’òc

A Sète il y a son grand ami, son fraire : Yves Rouquette. Sétois de naissance lui aussi, Yves l’amène à collaborer avec le milieu artistique occitan.

Il y a Claude Marti bien sûr, Patric, Jean-Marie Petit, mais aussi Banda Sagana, André Benedetto… Il réalise alors des affiches, des couvertures, des pochettes de disques, des décors, des costumes. Il travaille ainsi pour le Théâtre de la Carriera, le Théâtre des Carmes

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Il se définit lui-même comme un peintre décorateur, pour sublimer la réalité et embellir la vie. Il peint tout ce qui l’entoure : Sète, ses joutes, le canal, la mer, les poissons. Ses toiles fourmillent de couleurs chatoyantes où domine le bleu, un foisonnement de personnages où se glissent des détails que l’on ne perçoit pas à première vue.

Los amics de Pierre François

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Il peint la culture du Languedoc mais aussi New-York, avec plusieurs tableaux magnifiques, habités par le mouvement.

Les tableaux de Pierre François ne sont pas souvent dans les expositions officielles, mais ils sont accrochés dans le monde entier, chez des privés.

En 2007, il s’éteint subitement à l’âge de 72 ans. Il laisse une œuvre multiple, disparate, essaimée…

© Photos Frédéric Jaulmes

Passé le deuil, sa fille Isabelle et sa famille ont décidé de répertorier et promouvoir son travail. Un travail de Titan qui vient d’aboutir avec la création de l’association « Les amis de Pierre François » et le lancement du site internet.

Les 26 et 27 octobre prochains, on pourra voir ses toiles au Carrousel du Louvre à Paris.

amb l’aimabla autorisacion de la Familha François

Benoît Roux

 

 

 

 

02 Oct

La Fac du Mirail se met à la page occitane

C’est LA dernière nouveauté du site internet de l’Université du Mirail à Toulouse : le site a sa version occitane.

Le nouveau site de la fac du Mirail, mis en ligne au début du mois, a rajouté le 27 septembre dernier une 4ème langue à son portail.
En plus du français, de l’anglais et de l’espagnol, la langue occitane (languedocien) est donc proposée dès la page d’accueil. Ce sont les professeurs d’occitan de la fac, mestrejats per Joëlle Ginestet et Patrick Sauzet qui ont impulsé la démarche et ce sont eux également qui en ont supervisé la traduction. La quasi-totalité du site est donc revirat en lenga, sauf l’onglet qui concerne les formations. Tot aquò es de descobrir aquí !

Clément Alet

01 Oct

Moussu T en virada al Japon

Moussu T e lei Jovents en virada al Japon

 

On savait la culture occitane très prisée au Japon… L’Ariégeoise Rosina de Peira est même une véritable reine là-bas. Beaucoup d’Occitans ont aussi croisé Naoko Sano, professeur de français à Nagoya et auteur d’un dictionnaire japonais-occitan…

Voilà que Moussu T et ses Jovents viennent eux aussi entretenir ces relations privilégiées entre Occitanie et Japon.

Il aura fallu 5 ans pour que le projet aboutisse. 5 c’est aussi le nombre de dates que le groupe de La Ciotat vient de réaliser là-bas dont la dernière le lundi 30 septembre.

La formation était au grand complet avec leur dernière recrue : le bassiste Fred Simbolotti. A la clé, deux concerts à l’Institut Français de Tokyo et trois du côté d’Osaka avec en première partie Saigenji un auteur japonais de musique brésilienne.

Coma a la Ciotat

Dans une interview donnée au magazine occitan Aquò d’Aqui, l’un des chanteurs du groupe (Tatou) apprécie de jouer à Osaka : « C’est le Marseille des Japonais, une ville-port où l’on parle plusieurs langues, où l’accent est différent et dont les habitants sont considérés comme le sont les Marseillais par le reste des Français. » 

De bons amics

C’est grâce à deux personnes qui travaillent dans les Musiques du Monde au Japon que cette mini-tournée a pu se faire : « Tatsuya et Yoshiko sont venus nous voir jouer, ainsi que Massilia Sound System il y a longtemps et ce sont maintenant des amis. »

Des amis qui devront se résoudre à ne pas profiter très longtemps de leurs hôtes. Dès vendredi, le groupe donnera un concert à La Spezia en Italie pour la Festa della Marineria.

Benoît Roux