16 Mar

Philippe Druillet :  » Je suis né fils de collabos  » (vidéo)

MaxPPP

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Philippe Druillet est un auteur de bande dessiné plus que reconnu, un des grands noms de la Science fiction moderne. A 70 ans, cet artiste aux multiples talents et facettes lève le voile sur sa famille dans Délirium co-écrit avec David Alliot et publié aux éditions des Arènes.

Un livre qui raconte l’histoire et le parcours de Philippe Druillet, né à Toulouse et dont les parents ont dirigé la milice dans le Gers pendant la deuxième guerre mondiale. Une filiation complexe à assumer, mais dont Philippe Druillet parle avec simplicité et lucidité. Une rencontre exceptionnelle qu’ont faite Julie Valin et Denis Hemardinquer lors du passage de l’auteur à Toulouse.

 

Délirium de Philippe Druillet et David Alliot aux éditions des Arènes

21 Fév

Les trésors cachés des tiroirs de Visconti

tirois de ViscontiLes tiroirs de Visconti renferment décidément bien des surprises, bien des pépites. Ils racontent la découverte d’un homme, Paul M. au travers de sa maison qu’il fait visiter au narrateur. Au fil de leurs entretiens et des portes poussées se dévoile un étonnant personnage, ecclectique.Collectionneur, reclus au fin fond de la lande girondine, il veut échapper au temps humain, à la banalité de l’existence et la vulgarité du monde.

Mais Paul M. dit-il ce qu’il est, ce qu’il aimerait être, ce qu’il aurait aimé être ? Collectionneur, dandy, érudit, esthète, amoureux des belles choses, Paul M. ne s’en cache pas, il aurait aimé inventé sa vie. Vissé à ses mails mais curieusement anchronique par bien des aspects, Paul M. nous emmène au-delà des apparences, au fond des tiroirs de Visconti.

Les tiroirs de Visconti sont édités chez Naïve livre

  • L’auteur

Didier Goupil est né à Paris en 1963 et vit aujourd’hui à Toulouse. Après des études de lettres et des années d’enseignement il se consacre à l’écriture. Ses romans portent sur l’amérique post 11 septembre (Le jour de mon retour sur terre, Le Serpent à Plumes) ou la situation à Cuba après le départ du Lider Maximo (Castro est mort !, éditions du Rocher). Il collabore depuis 2001 avec le Festival de la Correspondance de Grignan et depuis 2007 avec la Boutique d’Écriture du Grand Toulouse. La plupart de ses textes sont lus régulièrement en public et il anime, selon les propositions, des rencontres ou des ateliers d’écriture.

  • Extrait

« Martin d’Orgeval… Vous voyez de qui il s’agit ? Le photographe ? Un ami de ce François-Marie Banier dont on parle beaucoup dans les journaux en ce moment. Martin
d’Orgeval a fait un très beau livre sur l’incendie qui a frappé la maison Deyrolle, dans lequel il montre les animaux brûlés, comme crucifiés par les flammes. Je dois l’avoir quelque part, je vais vous le montrer. »

Incroyable spectacle, en effet, que cette Arche de Noé ravagée par le feu.

« Je sais bien qu’on accuse ce Banier d’avoir délesté la première fortune de France, Liliane Bettencourt, de sommes astronomiques – et que ça ne se fait pas. Mais je trouve qu’on le caricature bien vite. Son parcours est souvent ignoré et il ne manque pourtant pas d’intérêt. Avant de se reconvertir dans la publicité, son père était ouvrier à la chaîne. Le jeune François-Marie n’a pas eu la vie aussi facile qu’on le dit. Il a toujours dû se battre. Il est allé en maison de correction, a fait une tentative de suicide, je crois, puis une longue psychothérapie. Alors, il a beau avoir perdu sa beauté raphaélique, ressembler désormais à un vieux ouistiti, on a beau nous le dépeindre comme un être cynique, sans cœur et sans fidélité, s’en prenant à de pauvres vieilles dames fortunées, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine sympathie pour lui. Ses peintures, ses photos ne m’intéressent pas trop, mais le personnage, oui. Je crois que dans le fond, ce qu’on lui reproche, ce n’est pas d’être riche, ou peu fréquentable ; des riches peu fréquentables, il y en a quand même un certain nombre. On sait bien que dans ce milieu tout le monde essaie de piquer le fric de tout le monde et il ne fait rien de plus que ce que font tous les gens qu’il côtoie. Alors pourquoi tant de vitriol dans les portraits qu’on nous en dresse ?
Ce qu’on ne lui pardonne pas en vérité, c’est de ne pas être du sérail. De ne pas appartenir à la Famille. On n’a jamais vu le bouffon manger dans l’assiette du roi, même s’il
l’a bien amusé auparavant, et c’est parce que Banier n’est qu’un saltimbanque, un histrion, qu’on nous le présente comme un voleur. Comme un vulgaire délinquant. Que je sache, ce ne sont pas des armes ou des lingots d’or qu’il achète avec son argent. Mais des tableaux, des livres ou des œuvres d’art. »

Paul M. referma le recueil de photos de Martin d’Orgeval, puis le rangea dans la bibliothèque, dont il inspecta de nouveau les rayonnages, à la recherche d’un petit volume à la
couverture précieuse, crème et granuleuse, qu’il finit par trouver : Les Plaisirs du roi, de Pierre Bettencourt.

« Dans la famille Bettencourt, c’est celui que je préfère. Il s’agit du frère d’André, feu le mari de Liliane, et c’est bien le seul à susciter ma sympathie. Vous ne l’avez jamais
lu ? »

Sur la reliure coquille d’œuf était dessiné un long phallus surmonté d’une couronne.

« Celui-ci, c’est un éloge de la fessée. L’histoire d’un roi qui aime tellement les fesses des femmes qu’il a exigé de travailler dans une pièce où une centaine de jeunes filles, entièrement dénudées, sont tournées contre les murs. Assis à son bureau, levant de temps à autre les yeux sur les fessiers qui s’offrent à lui, il signe les décrets et les papiers d’État qu’on vient inlassablement lui présenter. Quand il a fini, il se lève et passe en revue les postérieurs qui lui font face, si on peut dire ainsi, s’arrêtant sur certains d’eux qu’il masse avec gourmandise, comme s’il était en train de les modeler. Puis il choisit l’une des femmes qu’il emmène dans un salon voisin, où il la couche sur un sofa avant de longuement et savamment la fesser.
Réjouissant, n’est-ce pas, quand on voit ce qui se passe en ce moment dans cette famille ? »

Véronique Haudebourg

 

 

16 Jan

Treize nouvelles et au moins autant de cadavres avec La part du diable

diableMalgré la noirceur (affichée dans le titre de l’ouvrage) des récits de Michel Baglin, il faut tout de même reconnaître que l’on rit beaucoup à la lecture des nouvelles de La part du diable et autres nouvelles noires.

Comptez en moyenne un mort par histoire (mais ce n’est qu’une moyenne), ajoutez au choix :  des auteurs de polars qui se détestent, un flic qui rate son coupable, des poivrots, des salauds, des ordures, des policiers compréhensifs, des taulards, des romantiques, des farceurs, des assassins,  une tueuse en série, une drôle de sirène, des victimes, des poètes, des traumatisés d’AZF, un empoisonneur, et des braves gens aussi… mélangez bien et vous obtiendrez ce coktail bigarré et étonnant de La part du diable et autres nouvelles noires.

Michel Baglin vit dans la région toulousaine. Ses récits à l’écriture vive et enlevée se déroulent souvent (mais pas toujours) dans ce secteur ou en lien avec son histoire, comme avec le drame d’AZF. Fiction, réalité, les deux se rejoignent furieusement dans cet ouvrage. Oh toutes les nouvelles n’engendrent pas le même degré de plaisir de lecture, question de goûts, mais il faut bien l’avouer, l’ensemble vaut tout de même un bon pesant de cacahouettes. A lire pour rire tout de même (ou malgré), les drames et les désespoirs qu’on vous y raconte. Ca c’est pour une partie du livre. Pour le reste, à déguster pour savourer le talent de Michel Baglin pour raconter des histoires diablement bien ficelées.

La part du diable et autres nouvelles noires c’est aux éditions Le bruit des autres.

  • Extrait

Tout allait bien, il avait Monica avec lui. Il tâta la poche de sa parka, machinalement. Un geste qu’il répétait cent fois dans la journée. Monica était bien là, fidèle. Sa seule compagne depuis qu’il avait perdu Raoul. Tout allait bien, se répétait-il. Malgré sa main qui lui faisait mal. Qu’il n’arrêtait pas de masser avec son autre main, et qui lui faisait mal quand même. A cause des os, sans doute. Bon.

Dans le bistrot – les autres, ils disaient : le buffet de la gare ; mais pour lui c’était pareil qu’un troquet, n’importe quel rade – dans le bistrot, donc, il se sentait mieux. Il se rappelait même pas comment il était arrivé là. Quand il avait abandonné la fille, bien sûr… Mais après, qu’est ce qu’il avait bien pu faire ? Marché, oui. Un peu dans les rues, pas mal le long du canal. S’était même assis dans l’herbe, avait sorti Monica pour la porter à ses lèvres. Même que son haleine fumait. Soufflé un peu, joué quoi. Des trucs. Comme avant.

Dans le bistrot, ça allait. Même si l’autre type, à la table d’à côté, le regardait bizarre. Pas vraiment l’air de le voir. Plutôt occupé par des trucs dans sa tête. Lui aussi. Mais quand même. Des yeux qui percent. Et puis qui lorgnaient les gens qui entraient. Et puis qui revenaient s’accrocher à lui. Et puis qui repartaient voir dans sa tête. Des yeux de flics. Bon.

Si ç’avait été Raoul, à sa place, là, dans leur bordel de buffet de gare, comment qu’il l’aurait tamponné le type à la cravatte et aux idées pas claires ! Raoul, il rigolait pas pour les regards. Pas le chercher. On le trouvait à tous les coups. Paf ! Le nez éclaté. Comme l’autre… Bon.

Mais où est-ce qu’il était, Raoul ? Paumé, le con ! Là-bas, au marché-gare où ils étaient allés chercher de quoi croûter, hier. Disparu le Raoul. Même que ça avait gueulé. D’accord, après la gnole du camionneur. Et après avoir un peu fumé le joint… Bon. Mais quand même, on s’évapore pas comme ça !

Après, il se souvenait plsu vraiment. Il avait marché. Longtemps. Avant de revenir en ville. Et il voyait encore les guirlandes, dans la grande avenue. C’était beau. Noël, bordel ! Des illuminations partout ! Comme môme.

Véronique Haudebourg

03 Jan

Et si en 2014, on abolissait les riches ?

requiem oligarchieAvec les élections municipales et européennes, 2014 sera, assurément, politique. Alors commençons cette année par un roman, lui aussi politique et fort peu banal. Requiem pour l’oligarchie, d’Emmanuel Delattre nous raconte ce qui se passerait si, pour simplifer, les thèses de la gauche de la gauche étaient appliquées. Bref si « on abolissait les riches ».

Vaste programme, belle utopie et délectable moment de lecture en réalité. Même si l’on ne partage pas ces idées-là.

Requiem pour l’oligarchie, c’est l’histoire de Laurent, metteur en scène sans financement que les aléas de l’existence vont amener à participer à un vaste complot du PAG (le parti anticapitaliste de gauche) visant à abolir les riches. Pour cela, rien de plus évident, il va prendre la place d’un des hommes les plus influents du pays et insuffler dans le pouvoir économico-politique un nouvel élan. Simple comme bonjour.

Pour cela, Laurent va devoir se mettre dans la peau du personnage. Et une fois en place, ne pas se laisser séduire par les sirène du pouvoir et de la richesse.

Oui, on nage en pleine utopie dans ce roman. Et ça fait du bien. Au diable les injustices, les inégalités, l’argent roi, les dictatures et le mépris des classes populaires. Place au partage des richesses, au courage, à l’imagination. Laissons-nous emporter, un tant soit peu, par cette folie.

Emmanuel Delattre interprète jusqu’au bout son requiem. Même les proches d’Hector Parias, le puissant dont le héros prend la place deviennent moins détestables à son contact. L’histoire est improbable de bout en bout mais elle fonctionne. Et nous offre au passage un beau voyage en utopie.

Requiem pour l’Oligarchie est publié aux éditions Utopia.

  • L’auteur

Emmanuel Delattre est auteur et metteur en scène. Il a notamment écrit un livret d’Opéra La molécule des Fous mis en scène à Toulouse.

  • Extrait

Je m’assoie et… préside ! Voilà, j’y suis. Je préside une réunion dont chaque décision peut influencer la marche du monde. Après avoir rassuré ce sérail sur mon état de santé, je dois saluer les deux nouveaux camarades. Il me faut les soutenir face à l’aile droite du conseil – c’est à dire tout le reste, qui doute encore de ces nominations qu’ils jugent trop progressistes. S’ils savaient que l’un d’entre eux n’a qu’un CAP de tourneur-fraiseur, ils en avaleraient leurs cravates. Pour les mettre encore plus mal à l’aise, je confirme la nomination de notre nouveau directeur de la fiction à la One, que Gonzague juge maintenant « originale ».

Notre objectif est de produire de nouvelles fictions ou séries, qui parlent de la vraie vie et sachent critiquer le système, l’attaquer, le transformer. La fiction télévisuelle ayant remplacé la fiction religieuse, il s’agit de détourner ce nouvel opium des peuples pour ouvrir les consciences. Nous voudrions, d’un média d’aliénation, faire un média d’ouverture d’esprit. Pour cela, il faut agir sur la chaîne la plus regardée. Doucement déprogrammer pour reprogrammer, par petites doses presque invisibles. On commence par la fiction, ça reste ludique et attractif; ensuite l’information, les talk-shows, les débats politiques, les documentaires. On envisage même des jeux intelligents et drôles. En attendant la révolution qui verra la prise des médias par le peuple et la suppression de la publicité, cette oppression par la consommation, le nouvel Hector va tenter de désamorcer la bombe fictionnelle pour inventer un nouveau récit. Dans un premier temps, il suffira simplement de ressortir des tiroirs tous les excellents scénarios qui pullulent dans les sous-sols de la One et de ses satellites. Tous ces scénarios refusés car oligarchiquement incorrects.

Je donne ensuite la parole à Rachel pour la liste des autres nominations dans les groupes, sous groupes et filiales, en France et à l’étranger. Il y a bien quelques mouvements d’humeurs de-ci de-là, mais je confirme que je suis en accord avec ses choix. Je dois avouer que le parti n’y va pas avec le dos de la cuillère. J’y reconnais la ferveur et l’empressement d’Eric. Il dit qu’il faut profiter au maximum de la période d’état de grâce qui suivra mon accident. Au risque de provoquer des réactions en chaîne. Ce qui ne tarda pas, à propos du nouveau DRH des supermarchés.

– D’où sortez-vous cet individu ? dit l’un.
– Mais c’est un obscur directeur d’une de nos succursales discount, dit l’autre.
– Et en plus, d’après nos renseignements, il aurait milité dans un mouvement d’extrême gauche.
– Dans sa jeunesse, précisai-je. – On avait réussi à effacer les traces les plus récentes.
– Oui mais quand même ! – Il fallait que je réagisse : 
– Ecoutez, je m’occuperai personnellement de ce cas. Je le rencontrerai et je verrai ce qu’il a dans les tripes. Vous savez que dans notre maison on apprécie la valeur personnelle et le travail. S’il a mérité, je saurai le voir. Je fais aussi confiance à Rachel, qui a de très bonnes intuitions…
– Féminines, précise ma mère, qui m’aide toujours.
– Veux-tu que je fasse une enquête complémentaire ? proposa mon oncle.
– Non merci. Nous ne sommes pas le KGB, dis-je en faisant rire tout le monde et en évitant que le tonton ne fourre son nez dans cette affaire.

Il nous fallait ce DRH pour pour recruter des employés non-modèles, prêts à se syndiquer et à réclamer de meilleures conditions de travail, à lutter avec nous contre l’oligarchie. Il va bientôt y en avoir des rebelles dans le trust d’Hector Parias. Par contre, je sens qu’il va falloir un compromis pour le poste de directeur des magasins du Brésil.

– Cette fois-ci, il n’y a aucun doute. Nous sommes certains que cette personne vient des rangs du Parti Anticapitaliste de Gauche, dit un administrateur bien informé.
– Et, rajouta un autre, ce changement c’est n’importe quoi. C’est bien M. Rodriguez qui devait être nommé. – Eric était trop pressé, il fallait que je calme le jeu.
– Je suis tout à fait d’accord. Je vais revoir ce dossier. Ceci dit, être au PAG n’est quand même pas interdit par la loi. – Je testait le conseil.
– Ah ! Ils nous font déjà assez chier comme ça avec les syndicats.
– Je me demande si on ne devrait pas justement interdire ce genre de parti. Ils veulent notre mort, un point c’est tout.
– Moi, j’ai connu un ancien maoïste qui a fini numéro deux du patronnat. Comme quoi tout peut arriver, dit le tonton qui me protège.
– Il est vrai, dis-je, que beaucoup d’anciens gauchistes travaillent chez nous. Mai 68 n’a pas produit que de la chienlit. Sur cette réflexion pleine de bon sens, je reprends la main. Mais le tonton me fait un revers smashé : 
– Par contre, pour le poste au Brésil, Pierre a raison. Je décide de ne pas pousser le bouchon.
– Tu as raion Marcel, dis-je avec souplesse. Je bloquerai cette nomination. Rachel me regarde, elle a compris la manoeuvre, qu’elle approuve. On verra plus tard.

Véronique Haudebourg

 

 

23 Sep

Envers et contre tout « Pas moins que lui » de Violaine Bérot

Une plongée dans l’intimité d’une femme, directe, franche, brute. Et pas n’importe quelle femme. Une femme qui aime avec un grand A. Au nom de cet amour d’une fidélité absolue, Pénélope attendra Ulysse pendant 20 ans sur l’île d’Ithaque. L’histoire est connue, archie connue, je ne l’avais jamais lue de ce point de vue. Avec les yeux et les pensées d’une femme qui envers et contre tout attendra l’homme qu’elle aime.

Violaine Bérot s’adresse à Pénélope et  nous fait partager son cheminement pendant 20 ans. L’espoir qui devient douleur mais qui résiste, encore et encore. Le corps qui réclame l’absent, les pensées tournées vers lui en permanence. Et puis le choc. L’incroyable, l’inespéré, le retour d’Ulysse. Comment Pénélope peut-elle affronter cela ? Elle qui depuis 20 ans s’est construite autour de son absence et de l’espoir. Peut-elle accepter ce retour ?

Pas moins que lui est un livre d’une étonnante subtilité. Un texte court et profond au cœur de l’intimité et la dignité d’une femme. Envers et contre tout.

Pas moins que Lui est édité chez Lunatique

  • L’auteur

Violaine Bérot est originaire des Pyrénées. Après avoir occupé des postes à responsabilités dans le domaine de l’informatique, elle décide de commencer une nouvelle vie. Elle part retrouver ses racines en Ariège où elle élève désormais des chevaux et des chèvres, fait son fromage et s’occupe d’enfants en difficulté. Et reste une femme engagée.

Elle publie son premier roman en 1995, Jehanne chez Denoël, où elle revisite l’histoire de Jeanne d’Arc. Suivront deux romans : Léo et Lola (Denoël, 1997) le récit d’une relation incestueuse entre un frère et une sœur et Tout pour Titou (Zulma, 1999 ; réédition Lunatique, 2013) une terrifiante histoire transpirant aussi la tendresse et l’humanité. Elle rencontre aussi Jean-Claude Izzo et se livre au difficile exercice d’écrire une histoire pour Le Poulpe. Elle se prend au jeu du polar et publie Notre père qui êtes odieux (Baleine, 2000).

  • L’extrait

Ces hommes que tous les jours tu croises, eux ne se cachent pas de ton regard, eux paradent devant toi, font rouler leurs muscles, bombent leurs torses, agitent leurs puissantes mains.
Comment vis-tu cette proximité ? Comment parviens-tu à régir des années de désir réprimé et ces hommes si proches ? Où trouves-tu la volonté pour ne pas te donner, un soir de mélancolie, au premier venu, pour ne pas contre un torse lâcher prise quelques heures, te laisser enfin aller ? Comment fais-tu ?
Ton corps ne peut pas être mort, éteint. C’est le corps d’une femme éperdue d’amour, un corps se préparant chaque jour à la fête des retrouvailles, un corps vibrant. Comment vis-tu ce paradoxe de tenir ton corps prêt au retour d’Ulysse et de lui imposer une telle abstinence ? Comment fais-tu pour ne pas glisser sur cette corde raide ?
Sans doute ton corps – pour ne pas qu’il tombe en miettes à trop attendre sans jamais rien recevoir, pour ne pas qu’il se délite, qu’il s’évapore avant le retour d’Ulysse – par moments, par désespoir, par dépit, par pitié pour lui ou au contraire par respect, parfois, oui parfois, faute des mains d’Ulysse, de son sexe, de sa bouche, ce sont tes propres mains qui le caressent.
Tes mains, seulement tes mains, vingt ans durant.

  • Ils en parlent aussi

Le journal Libération

Le blog Vive la rose et le lilas !

Véronique Haudebourg

20 Sep

Voyage dans l’histoire de Jironi lo salvatge (Jérôme le sauvage)

Je dois bien l’avouer, je n’ai lu que la moitié de ce livre, et encore la deuxième moitié. Mais pouvait-il en être autrement, je ne lis pas l’occitan ! Jérôme le sauvage (titre français)  emmène le lecteur de la montagne noire à Toulouse, en évoquant Revel, Castres ou Albi, mais aussi l’Allemagne et le Languedoc. Le tout en occitan ou en français, c’est au choix.

Guy Viala nous offre un roman vif où son héros, humble fermier, survole en une centaine de pages quasiment un siècle d’histoire. L’épisode de l’évasion et du voyage retour vers son village natal est tiré de faits réels vécus et racontés à l’auteur par un de ses amis, Marcel Py.

C’est sans aucun doute le temps fort de ce livre où le personnage principal, Jérôme, va être tour à tour emporté par les évènements historiques et secoué par des épreuves familiales. Cet homme se serait pourtant accommodé d’une vie en solitaire, retiré dans sa ferme… comme un « sauvage ».

  • L’histoire

Jérôme, fils de Mélanie et de Firmin, est un enfant de Durfort*, petit village au pied de la montagne noire. Son bonheur c’est la nature qui entoure l’Armélié, la ferme parentale. Ses amis sont plus les animaux de la montagne que les copains de l’école.  Son père est mort au cours d’une bataille, là-haut dans le Nord, pendant la Grande guerre. À peine le temps de grandir et son tour il est mobilisé. Jérôme quitte donc sa campagne par obligation, il sera rapidement fait prisonnier par l’armée allemande. Désormais le retour au village sera sa seule obsession…

*Le village de Durfort se situe dans le département du Tarn entre Revel en Haute-Garonne et Sorèze dans le Tarn. Il borde les rives du Sor, la rivière locale qui descend tout droit de la Montagne Noire. ( http://www.durfort-village.com/index.htm)

Jironi lo salvatge (Jérôme le sauvage) est édité chez I.E.O. de Tarn

  • L’auteur

Guy Viala est né à Soual en 1920. Enseignant à la retraite et passionné d’histoire, il est un ardent défenseur et illustrateur de la langue occitane. Il a déjà publié une quinzaine d’ouvrage en Français et en occitan.

  • Extrait

Il faut organiser rapidement ce départ car les grands froids ne sont plus très loin. Les deux hommes sont séparés pendant la journée. Alors Jérôme doit faire les préparatifs seul. Fabrice rentre tard ; son métier l’a fait embaucher dans une boucherie du centre ville. C’est parfois un avantage car il ne demeure pas inactif et lorsqu’il peut, il apporte quelques tranches de bonne viande.

« C’est, dit-il, pour nous donner des forces ;  nous en aurons besoin, il faudra tenir le coup !

-Et su tu te fais pincer ? Tues bon pour la taule ou pire et notre plan est foutu en l’air.

-Je ne suis pas un bleu ! »

Il a l’art de dissimuler ces morceaux dans sa manche sous l’avant-bras car au retour, la fouille est systématique. Alors il lève les bras pour être tâté tout le long du corps et ça passe !

Jérôme continue sa quête. Il sait qu’un prisonnier, devenu un travailleur libre, est occupé dans un chantier de charronnerie tout près de la gare. Ce sera sans doute utile pour avoir quelques outils et surtout cacher ce qu’il faudra emporter. Presque chaque jour son groupe longe le grillage de ce chantier à l’extérieur duquel s’alignent les remorques en attente de réparation. Il faut rencontrer ce copain charron. Pour cela il faut ruser sans cesse. Jérôme se place toujours en queue de la petite colonne. Peu à peu, il ralenti le pas puis derrière une remorque fait semblant d’uriner. Il doit renouveler plusieurs fois ce manège.

Cette silhouette, est-ce un camarade ou un Allemand ? Il y a plusieurs hommes qui travaillent là. L’un d’eux momentanément se rapproche du grillage. Ce n’est pas un Allemand. Jérôme tente le contact :

« Hep ! Pst ! Camarade ! »

Nicolas Bonduelle

05 Sep

Arizona Tom- Norman Ginzberg

« Le môme, le shérif et les truands. »

 Il y a dans ce livre une ambiance qui n’appartient qu’aux westerns et à cette Amérique des pionniers où raisonnent les coups de revolvers et les sentiments bruts, celle qui ne fait pas de concession aux plus faibles.
J’en ressors avec l’impression d’être couverte de poussière, après avoir chevauchée dans un désert immense, que j’ai  parcouru aux côtés des personnages peu ordinaires de ce roman : un shérif sans ambition et très porté sur la bouteille et un enfant énigmatique. 

Ocean Miller, le shérif en question, n’est pas un héros. Non. Il n’en a pas l’étoffe et ce n’est pas son truc. Depuis le début de sa vie c’est une combinaison de hasards et des situations plus ou moins louables qui l’ont conduit là où il se trouve aujourd’hui : Dans l’Arizona, shérif de Brewsterville. Un trou. Ocean y défend son étoile et y trouve son compte, en noyant son ennui dans le whisky. Jusqu’au jour où sa route croise celle de Tom, un gosse qui  traine un cadavre démembré dans le désert, un enfant sourd et muet qui va venir bouleverser son quotidien. Et comme Ocean Miller n’a pas l’étoffe d’un héros, mais qu’il a, sous ses airs de type peu fréquentable, quelques qualités humaines, il a, lui semble t’il, quelque chose à gagner s’il résout cette énigme…

 L’auteur
Norman Ginzberg est franco-américain. Longtemps journaliste, il dirige aujourd’hui une société de conseil en communication basée à Toulouse. Il habite dans le Gers.

 L’Extrait :
 « A Brewsterville, les distractions sont rares. Un crêpage de chignon entre les deux vieilles prostituées qui occupent les chambrettes au dessus de la taverne, la traversée du village par un troupeau de Longhorn efflanquées et les véhémences du vent d’été suffisent à meubler mes journées et celles de mes compagnons d’infortune. Ce n’est pas moi qui m’ne plaindrais. Moins il s’en passe, mieux je me porte. Je suis le shérif de ce bled. Un shérif placide et discret, ni bégueule ni fiérot. Pas un de ces paltoquets qui bombent le torse devant les voleurs de poules, une main sur l’étoile, l’autre sur la crosse de leur colt. Je suis shérif comme d’autres sont putains ou croquemorts, parce qu’il en faut. Ce n’est pas par plaisir que Nativity Holmes ou Beverly Carpentier ouvrent leurs cuisses aux clients et que cette vieille bique d’Abner Drinkwater enterre une douzaine de macchabées chaque année. Pas par plaisir non plus que j’arpente matin et soir la rue principale du village. Et n’allez pas imaginer que j’apprécie, tous les deux jours, de chevaucher ma carne cagneuse pour inspecter le désert du comté à la recherche de quelques vauriens. Il faut un shérif, et c’est moi qui m’y colle. Le monde tient debout parce qu’il y a des putes qui évitent aux vachers priapiques de devenir mabouls, des croquemorts pour empêcher que les humeurs des cadavres ne nous empoisonnent l’air et des shérifs pour retenir ce petit monde tout de guingois de passer cul par-dessus tête. »

 Arizona Tom- Norman Ginzberg- Editions Héloise D’ormesson

Corinne Lebrave

Vous pourrez rencontrer, Norman Ginzberg lors du lancement de son  roman , Arizona Tom, le 9 septembre, à la librairie Ombres blanches à Toulouse.

19 Août

Bohême d’Olivier Steiner ou l’art de parler d’amour à l’heure d’internet

Cher Jérôme, cher Pierre

Je ne vais pas vous mentir, votre histoire d’amour, je m’y suis rendue à reculons. C’est juste pour voir ce que votre auteur pouvait écrire sur une relation épistolaire à l’heure d’internet que je me suis plongée dans Bohême. Et je n’ai pas regretté. Sinon, je n’en parlerai pas sur ce blog.

Oh, bien sûr, il y a eu des moments de lassitude. Passés les premiers émois, la naissance de la passion, les déclarations, les premières découvertes, vos échanges m’ont semblés un peu ennuyeux. Mais n’est-ce pas comme dans la vraie vie -comme on l’appelle-, ces périodes un peu longuettes où la routine s’installe avec le quotidien ? Ce qui me pousserait à penser que le virtuel, somme toute, est aussi la vraie vie.

Alors pour passer le temps, je me suis concentrée sur votre métier Pierre, celui d’un metteur en scène en cours de création. Cela m’a occupée. Fort heureusement pour moi, Olivier Steiner a su relancer mon attention pour achever son roman. Avec une fin des plus crédibles, et la seule possible sans nul doute.

Bref, cher Jérôme, cher Pierre, vous m’avez donné envie de lire un autre ouvrage d’Olivier Steiner, du moins quand il l’aura publié. J’espère pour vous deux que vous avez su rebondir depuis Bohême. Mais sort-on indemne de ce genre d’histoire ?

Bien à vous,

Véronique Haudebourg

PS : Ah oui, pour les lecteurs de ce blog, Bohême, pour faire court, raconte un amour épistolaire moderne, SMS et mail à la clé. Une histoire vécue par Jérôme, jeune beur bigourdan exilé à Paris et Pierre, quadragénaire, metteur en scène, marié et père de famille, en résidence aux Etats-Unis. Une histoire passionnelle que certains peuvent juger excessive et même ridicule. Mais la passion de toutes les manières, est par définition excessive et incensée.

Bohême d’Olivier Steiner est publié chez Gallimard. Il a obtenu le prix Rive gauche à Paris en 2012.

  • L’auteur

Olivier Steiner est un nom d’emprunt. A l’origine, il s’agit de Jérôme Léon. Né à Tarbes en 1976, il fréquente le lycée Théophile Gauthier et fait des études à Toulouse. Il décide assez vite de changer de vie et monte à Paris pour vivre sa passion du théâtre. Il a alors 21 ans. Il se consacre aujourd’hui entièrement à l’écriture, notamment sur le site du huffington post.

  • L’extrait

Peut-être que je suis fou, hystérique, que je délire, que je vous persécute avec mes fulgurances, que je me contemple dans votre reflet, que je n’aime que moi en train de vous aimer. Car vous êtes célèbre, ce n’est pas un détail, vous avez du pouvoir, ce n’est pas un détail. Ne suis-je qu’une pute qui fantasme ? Une pute suffisamment aveugle pour ignorer son état de pute ? Mais une pute offre son service sexuel contre de l’argent. Quelle serait la transaction entre nous ? C’est une vraie question que je pose là. Je n’en ai aucune idée. J’ai envie de pleurer. Avais-je le droit d’employer le verbe aimer ? Je tremble depuis que je l’ai écrit. Ecoutez, je ne suis plus sûr de rien… I am too much. Too much to be true. Comme la France doit vous sembler minuscule et dérisoire là où vous êtes ! Jérôme.

Pierre, c’est incompréhensible. Il se passe quelque chose de très réel. De mon côté c’est physique. Acceptez-vous d’avoir un amoureux à distance ? Un parfait inconnu amoureux à distance. Pas un admirateur, juste un garçon amoureux d’un autre garçon ? Jérôme.

Mon dîner va bientôt se terminer et je vais rentrer chez moi. Peut-être que j’aurai un mail de vous ? P.

Pierre, je m’étais endormi devant la télé ! Le bip qui vient de me réveiller vient de Californie, c’est un bonheur. Oui, vous allez trouver quelques mails, je redoute votre lecture… J.

Rendormez-vous Jérôme. Pardon de vous avoir réveillé avec le SMS. Suis rentré à la maison. Très troublé par ce que je viens de lire de vous. Perturbé, heureux, excité, comment dire cela ? Quel mot employer ? Quelque chose me coupe le souffle. Vous me dites : acceptez-vous d’avoir un amoureux à distance ? Un parfait inconnu amoureux à distance, comme un garçon avec un autre garçon ? Oui ! Oui, oui, sûrement, à priori, sauf que je veux le connaître, je veux le voir. Je vous aime déjà de façon irrationnelle, totalement irrationnelle. C’est sûrement un problème, parce que nous nous emballons tous les deux excessivement, mais j’aime ce que vous me dites, je comprends vos larmes, vos tourments, j’ai envie de les accompagner, mais vous êtes loin, et moi aussi. J’ai envie de vous parler, de vous voir. De vous toucher sûrement. Je suis troublé par des mots, un élan, une vitesse, pas encore une personne. Je devine que cet élan, que vous connaissez, qui est vous, vous manque, vous fait défaut, ne vient pas, n’est pas au rendez-vous, vous ne vous sentez plus comme vous aimez, donc vous vous sentez mal, je comprends, si c’est cela je comprends. Tellement.
Que tout est compliqué ! Et pourtant, que tout est simple ! J’entends ce que vous dites, ce que vous écrivez, il me manque la personne. La personne. Le corps. Le regard que je ne connais pas, les gestes, les bras, les mains, comment faire ? Et vous êtes épuisé, et moi aussi. Parlons-nous ? Comment faire ?
Jérôme, je viens vers vous mais quelque chose me terrasse. Vous avez le premier employé le mot « désir »… Oui, je sais que nous tournons autour de ça, depuis le début. Mais je suis mal à l’aise, pas tout à fait à ma place. En tout cas ce n’est pas ma place habituelle. Vous voyez, c’est moi maintenant qui suis confus… Je ne sais plus comment continuer. Restez là auprès de moi, encore. Rendormez-vous, à demain. je pose ma main sur votre front. Pierre.

  • Eux aussi, ils en parlent

Le site critiquesLibres.com : une histoire d’amour par SMS et par email
Le blog des Petits papiers de mademoiselle
Chroniques de la rentrée littéraire.com
Le site Rue des auteurs

Véronique Haudebourg

14 Août

La théorie du papillon – Vincent Martorell

C’est une très belle histoire dans laquelle nous entraine Vincent Martorell.
Dès le début du livre, l’auteur nous donne envie d’en savoir plus sur ces 2 sœurs si différentes et qui vont être confrontées au passé de leur mère. Un passé qu’elles ignoraient, et qui va complètement bouleverser leur vie.
Mais comment juger certains actes quand la survie est en jeu ? Comment se comporter quand toute une part d’un être que l’on aime et que l’on pensait connaitre se révèle au grand jour ? Est-il possible de pardonner ?  
Lors des obsèques de leur mère, Géneviéve Lamarthe, Alice  pleure, Gabrielle est renfrognée. D’ailleurs elle souhaite le plus rapidement possible regagner Londres où elle a choisi de vivre. Alice est ravagée par le chagrin. Divorcée, elle est restée auprès de cette mère qu’elle chérit depuis toujours et s’est occupée d’elle depuis qu’elle-même est séparée de son mari.
Les 2 sœurs ne se sont pas vues depuis dix sept ans, ne se comprennent guère et ont entretenus durant toute leur vie des liens très différents avec cette mère aujourd’hui défunte.
Les voici désormais face à face, porteuses d’un héritage qu’il va falloir gérer.
Ce qu’elles ignorent, c’est que Geneviève Lamarthe, leur mère, leur lègue une histoire qu’elle a réussit à cacher durant toute sa vie.

 Corinne Lebrave

 Extrait : « (…) Gabrielle ne cesse de jouer avec ce ruban noir qui entoure le coffret. Le fait que l’on y ait apposé un cachet de cire au centre du tissu croisé l’intrigue, mais comment peut-elle encore être étonnée ? Geneviève Lamarthe aimait à se donner des allures énigmatiques, adorant parler des esprits, convaincue que si une mauvaise action avait été commise, les âmes qui demeuraient de l’autre côté viendraient vous réclamer un jour ou l’autre des comptes. Pour une femme aussi pieuse, parler ainsi librement de ces choses avait toujours été incompréhensible pour Gabrielle, elle ne pouvait adhérer sérieusement à ces croyances ridicules qui tenaient plus du folklore que de la réalité. Mais une fois encore, ce legs et la manière dont il s’était opéré attestaient de la personnalité complexe de sa mère. »

  • L’auteur

 Né à Toulouse en février 1961, d’un père d’origine espagnole et d’une mère native des Pays de Loire, Vincent MARTORELL est auteur de nouvelles, de pièces de théâtre, et de plusieurs romans. Depuis juillet 2002, il réside en Comminges. De juillet 2011 à janvier 2012, il a collaboré en tant qu’auteur à l’exposition Un Pays, des figures, des hommes, avec le photographe Igor BERTRAND. En mars 2012, le prix Sky Prod lui été attribué pour sa nouvelle Brouillard. Portraits, un recueil de textes ayant servi de support à l’exposition Un Pays, des figures, des hommes, a été publié en juillet 2012. La Théorie du Papillon est son quatrième roman.

La théorie du papillon – Vincent Martorell
Editions Gunten

13 Août

Une belle Saloperie – Robert Littell

 

 Il s’appelle Gunn avec « Deux  n » précise-t-il, chaque fois qu’il se présente. L’homme est très à cheval sur l’orthographe de son nom.
Lemuel Gunn a des valeurs, de celles qui n’ont plus cours à notre époque. Des valeurs, des méthodes de travail, et un flair qui en font un redoutable enquêteur.
Cet ancien agent de la CIA, qui en a trop vu en Afghanistan, au point de démissionner, est devenu détective privé. Il s’est installé au Nouveau Mexique, loin du monde et de ses semblables.
Mais quand Ornella Neppi fait appel à ses services, pour retrouver un certain Emilio Gava, qui a disparu après avoir été libéré sous caution suite à une affaire de drogue, Il accepte l’enquête. Parce qu’il a besoin d’argent, et surtout Ornella, « la belle comtesse aux pieds nus », ne le laisse pas insensible.
Il n’en faut pas plus pour que le détective se lance au volant de sa Studebaker sur les routes du nouveau Mexique, puis du Nevada pour retrouver le fugitif.  Les chances d’y arriver sont minces, et surtout, il se retrouve dans une affaire bien plus complexe qu’il n’y parait au départ : FBI, mafia, argent et vengeance viennent interférer dans une enquête déjà trouble. Mais Gunn en a vu d’autres. Il ira jusqu’au bout.
Et puis on peut avoir vu des horreurs, et essayer malgré tout de garder foi en ses semblables surtout quand ils sont aussi attirants qu’Ornella.

Voici un polar de facture classique, servi par une galerie de personnages tous aussi marquants les uns que les autres. Une belle saloperie est un livre réjouissant et un bel hommage à la grande époque du roman noir. 

 Corinne Lebrave

 « Elle termina son vin et secoua la tête quand je proposai de la resservir. « bon, alors expliquez moi si vous en êtes capable : comment est –il possible d’avoir la nostalgie de choses qu’on a jamais connues ? »
Je haussai les épaules. « C’est la condition humaine selon Gunn. En pensée, nous écrivons les scénarios de la vie que nous aimerions mener » »

  •  L’auteur
    Robert Littell, l’un des grands maîtres du roman d’espionnage, après plusieurs livres qui se développent dans un contexte international, se tourne ici vers le polar et situe son récit dans un décor profondément américain.
    Ancien journaliste à Newsweek, spécialiste dans tes affaires russes et moyen-orientales, Robert Littell a notamment publié Ombres rouges (1992), Le Sphinx de Sibérie (2994), La Compagnie : le grand roman de la CIA (201)3), Légendes (2005), L’Hirondelle avant l’orage : le poète et le dictateur (2009), Philby, portrait de l’espion en jeune homme (2011), et un livre d’entretiens, Conversations avec Shimon Pères (1997). Ses livres sont traduits dans le monde entier. 
    Il vit dans le Lot , prés de Martel .
    Robert Litell  est nominé pour le Grand prix de littérature policière  décerné à la mi-septembre
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Une belle Saloperie – Robert Littell – éditions Baker Street