22 Mar

Français de l’étranger ou à l’étranger : identité et sémantique

Avec sa proposition choc de lier impôt et nationalité, Nicolas Sarkozy a provoqué un véritable bouillonnement. Sur la mesure en elle même, sa pertinence et sa faisabilité (voir billet précédent) mais aussi sur la notion même d’expatriation.

En tentant d’établir la distinction entre bons et mauvais expatriés, entre ambassadeurs et déserteurs, la proposition a provoqué quelques réactions plutôt intéressantes. J’en ai retenu deux particulièrement. Antagonistes.

Le blogueur INSIDE AMERICA n’a pas d’identité claire mais un style incisif. Sous le titre, « les bons, la brute et les méchants », l’auteur se livre à un exercice assez réjouissant de bonneteau sémantique sur les bons expatriés, cocardes tricolore en bandoulière, qui font de mauvais immigrés et ces déserteurs fiscaux qui se comportent comme des immigrés modèles dans leur pays d’adoption.

Un peu compliqué ? Lisez le billet intégralement vous comprendrez mieux.

Le second polémiste se nomme Ruben Mohedano-Brèthes. Il est candidat  « indépendant centriste humaniste » (si, si !) dans la 4ème circonscription, des législatives de l’étranger, à savoir le Benelux. Lui aussi est un adepte de la sémantique. Mais d’une sémantique plus.. patriotique.  « Non, nous ne sommes pas des Français »de » l’étranger » assène-t-il avec force. Car cette petite locution, à l’apparence de particule, n’aurait, selon lui, rien de noble en la circonstance :

D’où cette préférence affichée pour l’expression « Français « à » l’étranger », revendiquée comme un label, une sorte d’Appellation d’Origine Contrôlée..

Pas sûr qu’ « INSIDE AMERICA » partage cette vision un peu messianique de l’expatriation, mais c’est clairement une partie du raisonnement qui a prévalu à la création des circonscriptions des Français de l’étranger.

« Expat ou immigré ? »

Quoiqu’il en soit, le débat n’est pas près d’être clos. Le questionnement identitaire, qu’il soit sociologique, sémantique ou philosophique est dans la nature même de l’expatriation. Vous en trouverez d’autres échos dans la rubrique éponyme de ce blog (expats ou immigrés ?). Parmi l’ensemble des liens, je vous en recommande deux en particulier :

  • – « Il y a d’autres motifs au départ comme le gout pour l’aventure, l’éducation ou l’exil politique, mais la majorité des étrangers sont à là  pour l’argent. Ce ne sont ni des expatriés, ni des immigrés, car le choix de rester ou partir dépend de la réalité économique. Ce qu’ils sont – ce que nous sommes – c’est des migrants économiques. » Un point de vue décalé et inversé développé par Néo,  expat/immigré africain en Occident
  • – « Plus profondément, c’est l’identité même de celui, celle, qui part à l’étranger qui est posée. Pourquoi part-on ? Qu’y recherche t-on ? Veux -t-on voir du pays, c’est à dire beaucoup de pays différents ? Ou s’installer dans un pays? Vivant en couple mixte ? Avec des enfants qui peut-être devront choisir entre deux passeports à leur majorité? Et quand cesse t-on d’être un expatrié et devient-on un immigré? ». Le premier commentaire enregistré dans ce blog,  signé @Mpouy, installé depuis 10 ans à Berlin et engagé dans la campagne du PS



10 Mar

Fukushima : être parti, être resté, y aller, en revenir…

Des expatriés vivaient au Japon, il y a un an. Avant la catastrophe, Mathieu Moindron se sentait plus dans la peau d’un émigré que d’un expat. « Installé avec ma femme (japonaise) à Sendaï, j’ai trouvé un travail, je me suis fait des amis, j’ai pu rencontrer la famille de mon épouse. J’étais bien, ma vie était là-bas. » Virage brutal, tête à queue.  Départ précipité pour un retour en France pourtant inenvisageable 3 jours plus tôt… « Sendaï compte plus d’un million d’habitants et n’est située qu’à une centaine de kilomètres de la centrale de Fukushima. Inconsciemment (..), j’ai songé à Tchernobyl. J’ai repensé aux images de ces enfants irradiés, des dégâts que provoquait ce mal invisible et des mensonges qui l’accompagnaient. J’ai regardé ma fille, âgée de quatre ans à peine et je n’ai plus songé qu’à une chose : rentrer. » La bonne décision affirme-t-il aujourd’hui au terme d’une (belle) réflexion sur ce qui s’est passé vraiment (à lire sur leplus.nouvelobs.com)

Marguerite et cet autre Français sont restés. Ils racontent les bouleversements de leur quotidien au Figaro. École de musique dévitalisée, vigilance permanente sur les aliments. La peur et le doute dans la vie de leurs hôtes Japonais. « un second accident » dit l’homme « signerait la fin du Japon moderne, la structure politique pourrait partir dans n’importe quelle direction…»

Immersions

L’impact de la catastrophe, c’est ce qui intrigue le plus l’artiste rémois, Brice Maire : « D’une manière générale, le nucléaire est révélateur de ce qu’est notre société moderne ; souvent, qu’il soit pour ou contre, le public est spolié du débat. » Plasticien, photographe,  déjà auteur de « Zone contaminée », un ensemble de travaux artistiques sur la catastrophe de Tchernobyl, Brice Maire a décidé de récidiver en partant s’immerger 15 jours à Fukushima. A suivre au jour le jour sur le blog  « road to Fukushima ».

Au cours de son périple, Brice Maire croisera  peut-être certaines de ces familles japonaises et expatriés déjà rencontrées par le documentariste belge Alain de Halleux. Lui aussi familier du questionnement sur le nucléaire, le réalisateur  a précédé  l’artiste sur les lieux de la catastrophe. Il en a tiré notamment une web série « récits de Fukushima », en cours de diffusion sur Arte dont voici la bande annonce

Le premier épisode nous emmène à la rencontre de David et Eiko Morel en proie à « la grande question » : rester ou partir. Le couple avait ouvert une crêperie bretonne à Tokyo, il y a 5 ans. L’incapacité des autorités japonaises à assurer la traçabilité des produits alimentaires a levé leurs derniers doutes. Un an après, les mêmes arguments, la même décision que Mathieu. L’avenir de leur petite fille sera probablement en France, loin de cet ennemi invisible que la culture japonaise, laissée à elle même,  préfère ne pas regarder en face.

28 Fév

Binationalité : le rempart des Français de l’étranger tiendra-t-il ?

La binationalité peut s’avérer un sujet délicat. Quelle attitude en cas de conflit d’intérêts entre ses deux identités ? La question peut s’entendre, certaines réponses plus difficilement…notamment quand on brigue les suffrages des Français de l’étranger. Le débat s’était donc assourdi. Mais l’élection probable de députés français binationaux relance le débat périodiquement. Attention terrain glissant.

Arithmétique contre calculs

On croyait le couvercle définitivement refermé depuis la mi 2011. Depuis que le gouvernement avait mis le holà aux débats sans nuances qui faisaient rage à la droite de la droite. Dans la foulée des débats sur l’identité nationale, Marine Lepen et la Droite Populaire s’étaient en effet lancés dans une véritable surenchère sur ce terrain, rivalisant pour savoir qui, le premier, obtiendrait la suppression de la possibilité même d’être binational. Il avait fallu l’intervention de deux ministres particulièrement attentifs pour circonscrire l’incendie .

Extrait d'un article d’Éric Nunès publié dans Le Monde du 5 juillet 2011

« ils sont près des ¾ dans cette situation au Proche et Moyen-Orient. En Europe un expatrié sur trois détient plusieurs nationalités, un chiffre qui s’élève à un sur deux en Amérique du Nord ». Au total, selon les données issues des registres consulaires de 2011, ce sont plus de 40 % du million et demi de Français établis hors de France (42,5% précisément ) qui possèdent, au minimum, une deuxième nationalité. Si la proportion est équivalente sur les listes électorales (un million d’inscrits), les comptes sont vite faits. Plus question donc de jouer aux apprentis sorciers avec le statut et la sensibilité de plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’électeurs potentiels…Quitte à faire des calculs politiques, autant faire des additions…

7 mois plus tard

Mais la passion idéologique a parfois ses raisons que la raison ignore. Coup sur coup, deux éclats sont venus ébrécher ce rempart statistique.

Le premier est signé Philippe Meunier, le second, Edward Amiach. Le premier est député UMP, membre de la Droite Populaire. Le second était, il y a quelques jours encore candidat indépendant de droite, dans la 8è circonscription de l’étranger. Chacun à sa façon, antagoniste, les deux hommes ont fait ressurgir les démons de l’identité nationale.

Le premier, Philippe Meunier en exprimant publiquement des doutes sur la loyauté d’un éventuel député franco russe. Le second, Edward Amiach, en lançant un appel aux candidats juifs de la 8è pour ne pas manquer cette occasion unique d’envoyer… un lobbyiste israélien à l’assemblée nationale.

Le premier a été très vite recadré par Thierry Mariani. Il est vrai que Philippe Meunier avait réussi l’exploit de contrarier en une seule sentence, et le fondateur de son courant (La Droite Populaire ), et le candidat en Asie, et l’heureux époux d’une binationale…franco russe !

cité par par Sophie Huet, Le Figaro, 21 février

Député Français…ou lobbyiste israélien ?

Le second n’en était pas à son coup d’essai. Dès sa déclaration de candidature, Edward Amiach, membre de l’Union des Patrons Juifs n’avait pas fait mystère de son objectif principal. Au delà de la défense des thématiques propres aux expatriés, obtenir la possibilité de mieux faire comprendre, en France, les réalités d’Israël.

"être le lobbyiste d'Israël à l'assemblée", hamodia.fr, 16 novembre 2011

Considérant qu’avec la moitié du corps électoral de la  circonscription résidant en Israël, il ne fallait pas laisser les électeurs grecs et italiens choisir le député de la 8è (Chypre, Grèce, Italie, Israël, Malte, Saint-Marin, Saint-Siège et Turquie), Edward Amiach avait proposé à ses concurrents franco israéliens d’organiser une primaire pour optimiser l’opportunité d’avoir un élu « bien pensant ». N’ayant pas obtenu de réponse, il vient de décider de se retirer de la compétition, pour donner l’exemple… Sinon, prédit-il  « Tout le monde va perdre.. ». Tout le monde ?

En attendant la réponse des électeurs à cette vision « qui n’est pas dans la tradition française », Edward Amiach, sans parti, ne courait pas le risque d’être recadré par un dirigeant. Pour trouver un point de vue contradictoire, il fallait découvrir le blogueur Berjac, sur la  plateforme du monde.fr. Dans un billet du 10 décembre, l’auteur dénonçait les tenants de cette manière de penser  consistant « à utiliser la fonction élective qu’ils briguent, comme levier pour contrôler la politique française. »

Pour autant, le débat n’a pas prospéré. Le thème de la binationalité a donc à nouveau disparu du radar électoral. Jusqu’au 16 janvier. Et ce jour là, on aurait été prêt à parier qu’il ne reviendrait plus.

Binationalité et carte de séjour

Qui parle ? Nicolas Sarkozy, le 16 janvier dernier à Madrid. Ce jour là, le Président de la République présente ses vœux aux Français de l’étranger et le propos est clair, net et précis.

Il le sera un peu moins, 4 semaines plus tard, quand, dans le cours de l’interview accordée au Figaro magazine, Nicolas Sarkozy aborde la question des couples mixtes sous l’angle de l’immigration et du mariage  :

Extrait de "mes valeurs pour le France", Le Figaro Magazine du 10 février

Le propos du président ce jour là résonne étrangement, comme en écho aux débats de 2011. La binationalité réduite aux acquêts d’une carte de séjour, c’était en effet un des thèmes privilégiés des débats du printemps dernier. Du FN à la Droite Populaire, c’est bien de cette « binationalité » là qu’il était avant tout question. Une binationalité « subie » en quelque sorte et donc suspecte a priori d’insincérité.

Une binationalité à géométrie variable qui ferait des couples mixtes, des couples franco-étrangers en deçà des frontières et des couples binationaux au delà. Une différence de vocabulaire et de perception qui pourrait expliquer le risque pris par le candidat vis à vis des Français de l’étranger, par ailleurs choyés par le président.

Un principe, une pratique…

Une proposition troublante que ne relèvera pas le très pragmatique Alain Marsaud, auteur un peu plus tard d’un plaidoyer ardent en faveur du respect de la binationalité, « une chance et un atout pour notre pays « .

A l’appui de sa démonstration, le candidat UMP, qui a choisi une suppléante binationale pour la 10ème circonscription ajoute un argument  pour faire taire les doutes de son propre camp. Au principe, dit-il en substance, il faut ajouter la pratique :

(Éric Besson, Thierry Mariani et Jean François Copé. NDR).

Aux dernières nouvelles, la binationalité est donc redevenue une valeur positive. Si elle le reste jusqu’à l’élection, la participation inédite des Français de l’étranger aura eu ce premier mérite de pacifier la campagne, au moins sur ce thème.

MAJ.  Marine Lepen est revenue  sur sa conception de la binationalité au cours de la première émission de campagne de TV5 ce mercredi soir : « réserver la binationalité aux européens de l’UE », « la double nationalité avec les pays du Maghreb pose plus de problèmes d’assimilation ». Vous pouvez relire ces déclarations sur le site du petitjournal.com partenaire de cette série d’émissions (à partir de 16′)

A écouter également, cette ITW de François Kahn, candidat centriste pour la 10è circonscription qui dénonce l’obstination de la Droite populaire à remettre en question la binationalité

10 Fév

Le vote par internet: un avenir radieux ?

« Un investissement pour l’avenir », selon Édouard Courtial. « Sans doute une première mondiale », selon François Saint Paul, Directeur des Français de l’Étranger.

En présentant ce matin, les résultats positifs d’un test « grandeur nature » de vote par internet,  le Secrétaire d’État aux Français de l’étranger et son équipe ont eu un peu de mal à résister à la tentation de prendre date. Les résultats de la simulation réalisée en janvier auprès de 15 000 inscrits sur des listes électorales consulaires des 5 continents, les ont en effet conforté dans la conviction qu’ils conduisaient « l’une des plus importantes innovations du droit électoral de ces dernières années ».

un schéma calqué sur le réel

De quoi s’agit-il ? Sur le papier, le principe est simple. Il s’agit de reproduire à l’identique dans le monde électronique, l’ensemble des étapes et des dispositifs d’un vote dans le monde physique. Ici, l’isoloir est virtuel, l’urne numérique, le bureau de vote électronique, la confidentialité algorithmique ! Concrètement, le procédé est très élaboré.

  • Garantir le secret du vote et la sincérité du scrutin. Après avoir reçu son identifiant par courrier postal et SMS, et un mot de passe par courriel l’électeur vote dans une « applet java »(son isoloir) qui le transmet, crypté, jusqu’à une urne électronique rendue inviolable. La clé de chiffrement a été fragmentée, le vote codé de l’électeur a été ainsi réparti sur les cartes à puces des assesseurs du Bureau de Vote Électronique. Au moment du dépouillement, la réunion des cartes à puce permet de restituer le vote initial.

    Fin janvier, le test s’est donc déroulé sans incident notoire. Seul problème repéré : l’obsolescence de certains équipements individuels, ordinateurs et navigateurs, incapables de charger l’applet java qui sert d’isoloir virtuel. Mais comme le code des électeurs est personnel, il est toujours possible d’utiliser une autre machine. Au final, 30% des 15 000 électeurs sollicités ont participé au premier tour, 33 % au second. Un résultat considéré comme appréciable par Édouard Courtial, convaincu qu’à terme, le vote par Internet favorisera la participation des Français de l’étranger.

    Seul bémol à l’optimisme de ses promoteurs, la sécurité extérieure du dispositif. Les attaques des Anonymous contre les sites de l’Élysée et d’Hadopi (en réaction à la fermeture de Megaupload) avait ainsi incité le ministère à ne pas communiquer en amont du test. « Sur Internet, on est jamais en sécurité totale, on est en gestion de risques » a admis un collaborateur du ministre.

    MAJ ( les spécialistes continuent de lancer avertissements sur avertissements sur les risques pris à travers cette initiative. Lire le nouveau billet « Vote par Internet : l’opacité en questions «  publié le 15 mai )

08 Fév

Grèce : 3 blogueuses et un emballement

Aucune des trois n’avait vocation à se lancer dans le commentaire d’actualité. A remonter dans les archives de leurs blogs respectifs, on découvre les préoccupations classiques des expatriés qui cherchent à partager leurs découvertes de leur pays d’adoption. Tourisme, gastronomie, histoire et traditions constituent le fonds de curiosité commun aux blogs « Les carnets de Bérénice », « Sous le meltem » ou encore « Paris-Athènes« .

le syndrome d’Athènes

Oui mais voilà, c’était sans compter sur la violence de la crise qui, depuis des mois, secoue le pays, « leur pays« .  Sur « Paris-Athènes », Valérie Camus l’avoue sans ambages : « je suis passionnément proche des Grecs, même que parfois (ou plutôt très souvent!) je me sens Grecque. Mais c’est normal quand on vit ici depuis si longtemps. Je m’inquiète énormément de notre lendemain, j’ai espoir aussi mais il est si mince cet espoir. »

Portées par le même sentiment (cf. commentaires du billet « qui paiera l’ardoise ?« ), les trois femmes vont avoir le même réflexe, faire de leur blog une tribune, une chambre d’écho à la « détresse du peuple grec ».


C’est  Valérie qui offre « son grec approximatif » pour traduire l’article d’un journaliste du quotidien grec « Ethnos » : « Quel serait le sentiment véritable pour chaque travailleur, si après de nombreuses années d’expérience (sic, dans la même entreprise) payés avec un salaire de 1.200, 1.500 ou 2.000 euros, et qu’un beau matin son employeur arrive et lui dit : « à partir de demain, ton salaire sera … le salaire minimum de base, 750 euros brut ! »


C’est Fabienne, qui relaie le carnet de note engagé de l’historien et ethnologue, Panagiotis Grigoriou, qui chronique au quotidien l’actualité de son pays sur le site greekcrisisnow : « Les hauts gradés de la Police se disent persuadés, que le temps des révoltes est proche. Ils notent avec désarroi qu’il n’y a plus «en face» un mouvement organisé, syndicaliste, ou alors politiquement connu et balisé (celui de la gauche communiste par exemple), ni même celui des indignés, comme durant l’été dernier. Donc il peut y avoir autre chose.« 


C’est enfin Bérénice qui avoue avoir délaissé son blog et ses carnets pour se consacrer, sur un mode plus distancié que ses consœurs, à une revue de presse en français, « la lettre de Grèce » .  Un  travail de curation qui permet de suivre l’actualité de la crise au jour le jour… depuis la fin juin 2011.

11 Jan

Japon : « Etranger, des deux côtés… »

Derrière soi, le pays que l’on a quitté semble de plus en plus lointain. Devant soi, un pays d’adoption qui se refuse… à vous adopter. Ce ressenti est sans doute assez commun pour qui a déjà vécu une expérience d’expatriation. Mais, à lire ce blog, « Inari’s diary » on comprend que ce trouble a plus de chance de vous submerger au Japon, ce pays où « personne ne comprend ce que nous faisons là, à vivre à l’autre bout de la Terre, seuls, éloignés de tout ce qui nous est familier. »


Rien à voir avec le « syndrôme japonais », expression utilisée à rebours pour nommer ce trouble de l’identité qui frappe, parfois jusqu’à la folie, de jeunes Japonais en visite à Paris. Non, ici, il s’agit plus simplement du vague à l’âme d’une Française qui, à l’aube de 2012, s’interroge sur son entre-deux identitaire. L’expression d’un dépit amoureux teinté d’un brin de masochisme.

Sur un ton très personnel malgré le nous qui rythme son récit (un couple ?), Inari témoigne de son malaise et d’une certaine irritation contre cette société «  dans laquelle personne ne veut se lier d’amitié avec vous, puisque, vous repartirez, c’est une évidence !! (pourquoi???) ».

Pas question pour autant de céder à la nostalgie et de regretter « la France, ce pays de gros sales parlant fort et se prenant constamment la tête pour un oui ou pour un non. » (merci, pour nous ;^). Non, que les choses soient claires « Nous sommes des expatriés et nous sommes fiers de l’être. »


P.S. parmi les descriptions d’Inari, on trouve celle ci : divinité liminale entre l’homme et les animaux, et entre l’homme et le divin, le culte à Inari serait l’une des métaphores de la société japonaise : une unité de façade et une hétérogénéité de fait...