29 Mar

Quand l’UMP sort le grand jeu (Huffington Post)

Confirmation, si besoin, de ce que je pointais lundi, les Français de l’Étranger font désormais l’objet d’une attention quasi quotidienne dans les médias. Dernière exemple, la contribution publiée hier par le Huffington Post. Le journaliste Geoffroy Clavel, s’appuyant sur le lancement le jour même de la version internationale de « La France Forte ». met l’accent sur l’attention toute particulière que l’UMP accorde à cet électorat.

Une initiative qui fait suite à beaucoup d’autres et qui vient couronner un effort sans équivalent sur l’échiquier politique

« Attentions particulières »

Une mobilisation tous azimuts qui, on le sait ici, n’est pas sans poser de problèmes. Geoffroy Clavel rappelle toutes les polémiques déclenchées par cet effort unique :

  • création d’un opportun Secrétariat d’État aux Français de l’étranger
  • campagnes d’ e mailing soutenues, assimilées à des spams par bon nombre d’électeurs, tout surpris de comprendre que leur adresse mail était devenue une donnée facilement accessible (lire les commentaires)
  • soupçons de campagne électorale au frais de l’état adressés aux ministres candidats, qui multiplient les voyages officiels dans leurs circonscriptions
  • retour sur les conditions du découpage de ces mêmes circonscriptions

Un corps électoral renouvelé

Bref. Un éclairage très fouillé…à un détail près. A la toile de fond, manque une couleur. Une touche essentielle pour saisir la composition d’ensemble.

La création des onze circonscriptions législatives a été trop longtemps regardée sous l’angle de l’opportunité politique. Réputés acquis à la droite, les Français de l’étranger semblaient constituer un gain assuré d’au moins 9 circonscriptions à la majorité présidentielle. La découverte « tardive » de la mutation profonde de la population expatriée ces dix dernières années a relancé l’intérêt et les spéculations sur leur poids politique. Au fur et à mesure des exercices de prospectives électorales, les pronostics se sont fortement resserrés, jusqu’à envisager un possible renversement de tendance/slate.fr en juin prochain.. Vous trouverez dans la rubrique « législatives » de ce blog la trace de cette prise de conscience progressive ici, et encore .

Un  mot encore pour signaler cet article de Rue89 « Après Sarkozy, au tour de Hollande de spammer les expatriés ». et cet autre article publié par le Huffington Post, « Président ou candidat, quel Sarkozy parle aux Français de l’étranger? » ou l’auteur, Aurélien Le Genissel, analyse le contenu des mails qu’il a lui même reçu en tant que…(journaliste) expatrié !
Pour suivre au jour le jour l’actualité de la campagne et des thèmes qui concernent les expatriés, je vous rappelle le lien Scoop it « Du bout du monde..au coin de la rue »

28 Mar

Français du Mali : « ce soir, au comptoir du « Blabla » ! »

Il sont un peu plus de 6000 en temps normal. Mais quand les expats français ont entendu le consul les avertir plus d’une semaine avant (!) des risques de coup d’état, les entreprises françaises ont commencé à rapatrier ou à relocaliser leurs salariés dans les pays voisins. Pour ceux qui sont restés, le plus difficile, jusqu’à hier soir, aura été de prendre leur mal en patience, bloqués chez eux, comme en témoigne le blog underground gastronome et ses rubriques « détachées »:  « Que lire  pendant un coup d’état ?: « Ce coup d’Etat au Mali n’en finit pas. Les putschistes n’ont pas l’air de bien savoir quoi faire de cet Etat qu’ils viennent de conquérir, la rumeur annonce une contre-offensive loyaliste qui ne vient pas, il fait un temps de sieste – 40 degrés,  des ambassadeurs se font piquer leur auto diplomatique devant l’ambassade de France, l’absurde est roi.. Le moment est donc favorable pour se plonger dans la lecture de Festins Orphiques » .

Fin du couvre feu

Mais la situation a évolué. « le couvre feu a été levé hier soir (mardi), les frontières sont réouvertes, on a à nouveau le droit de sortir de chez nous… »
L’occasion de se faire une idée par soi même des premiers effets des événements. Alors que rien n’est définitivement réglé, il est déjà clair que le retour à la normale risque de prendre  un peu de temps. Témoignage reçu ce midi, d’un expat qui préfère garder l’anonymat.
« La coopération pour laquelle je travaille est suspendue et l’ambassade m’a demandé de rester chez moi jusqu’à nouvel ordre. La cité administrative, lieu où tous les ministères sont concentrés, a été saccagée. Mon ministère a aussi été saccagé. Tous les ordinateurs ont été volés, ça ne va pas favoriser la reprise du travail. Mon bureau qui n’est pas situé dans la cité administrative  a été épargné. J’ai parlé avec quelques uns de mes collègues. Ils sont très prudents dans leurs propos. Il me semble que comme la situation n’est pas stabilisée, ils ont peu de visibilité sur leur avenir personnel et ne prennent pas de position qui pourrait leur nuire. Ils sont fatalistes ? confiants ? Je ne saurais dire ce que signifie. ‘Tout va s’arranger’ Inch Allah' »

« la famine va leur péter à la figure »

La ville bruisse de rumeurs sur les négociations en cours mais au final on ne sait pas bien encore ce qui se dessine.  Ce qui me frappe, c’est que personne n’évoque la famine.. On parle de la guerre dans le nord mais pas du tout de la famine… C’est comme avant le coup d’état, le maître mot était ‘y’a pas de problème’. Alors que tout autant que le nord, la famine va leur péter à la figure.

La récolte a été très mauvaise et plusieurs régions, en dehors des zones de combat du nord, ont des problèmes. Mon chauffeur qui est bozo, de l’ethnie des pêcheurs, est parti dans son village il y a 8 jours, vers Mopti. Il n’y avait plus rien à manger là bas, il était très inquiet. Les journaux maliens commencent à reparaître sur le web. Le maliweb notamment. Il est étonnant de lire des articles aussi critiques sur le nouveau pouvoir alors que la situation n’est pas encore stabilisée. »

« A bas la France »


Ce matin des milliers de manifestants ont occupé la rue à Bamako en soutien à la junte. Sur certaines pancartes, on pouvait lire « A bas la France ».  Nouveau témoignage :

« Cela fait quelque temps déjà qu’il y a un sentiment anti-français qui monte au Mali de la part d’une partie de la classe politique et de la population. La France est notamment accusée d’accueillir des éléments du MNLA et d’être trop bienveillante à leur égard.. On soupçonne aussi la sarkozie d’être prête  à tout pour faire libérer les otages avant la présidentielle. L’ambassadeur de France avait même fait une mise au point en démentant tout en bloc, dans les journaux maliens en février. Enfin, une partie de la rébellion touareg est une conséquence directe de la guerre contre Kadhafi, où la France était en pointe. La suspension de l’aide internationale va vraisemblablement renforcer ce sentiment dans les semaines à venir  (le budget de l’état malien dépend pour partie de l’aide internationale et les fins de mois vont être encore plus difficiles à boucler pour lui, dorénavant, (d’autant que la guerre coûte cher) et l’élargir à d’autres nationalités.. l’Amérique pourrait être en bonne place de détestation.. On se sentira moins seul comme ça ! »


Ce soir au Blabla




Pas question pour autant de se laisser aller à la sinistrose ou à la crainte. La levée du couvre feu permet une reprise de la vie sociale, le comptoir du Blabla, haut lieu de la vie nocturne bamakoise devrait dès ce soir faire le plein et accueillir ses fidèles, Maliens et étrangers qui ont l’habitude de s’y rencontrer :
« je vais résolument au Blabla ce soir car cela fait une semaine que je ne suis pas sorti de chez moi et qu’il faut bien vivre quand même ! De plus, cela permet de savoir ce qui se passe en ville. Il y a toujours des journalistes et des gens au fait de l’actualité au Blabla. »


26 Mar

Les voix des Français de l’étranger sur la voie médiatique

Ce lundi matin sur France Info : un « terrain de campagne » de 7 minutes sur les enjeux du vote des Français de l’étranger. Des témoignages enregistrés à Londres et à Shanghai, des chiffres, des analyses fouillées et une remarquable infographie qui rassemble toutes les données pour découvrir cette population largement méconnue à l’intérieur..

Ils sont de plus en plus sollicités (ici le Figaro,/MAJ), on les entend de plus en plus. Les Français de l’étranger ont désormais clairement droit de cité dans la campagne électorale. On pouvait s’en douter, le débat sur l’éventuelle taxation des « exilés fiscaux », cité par les témoins de France Info, aura probablement servi de catalyseur pour les médias généralistes.

Bien sûr, la campagne officielle de la présidentielle, avec ses temps de paroles égalitaires, n’est pas de nature, a priori, à favoriser une meilleure exposition des Français établis hors de France. Mais si les écarts devaient se resserrer encore entre les principaux candidats, on pourrait bien voir les expatriés sollicités comme témoins ou et/ou acteurs de la réputation de la France à l’étranger.

des partenaires naturels

En attendant la campagne des législatives qui devrait relancer l’attention pour les circonscriptions de l’étranger, les médias dédiés pourront prendre le relais. Car l’écho du débat fiscal aura eu aussi cet effet de réveiller l’intérêt des expatriés eux mêmes pour les enjeux électoraux.

Au premier rang des ces médias, TV5 , la chaîne francophone, qui s’est fortement mobilisée pour l’occasion. Depuis le 29 février la chaîne propose tous les mercredis France 2012 , 2 heures de débats préparées avec lepetitjournal.com et les correspondants de l’AFP à l’étranger. Ce mercredi 28 mars, Eva Joly, Nicolas Dupont-Aignan et Nathalie Kosciusko-Morizet répondront aux questions de Philippe Dessaint et des internautes.

Le travail des journalistes du site lepetitjournal.com est à souligner. Fort de ses 37 implantations (!!), le site est présent sur tous les fronts, élection présidentielle et législatives et assure une couverture quasi exhaustive de la campagne dans chacune des 11 circonscriptions !

  • Autre acteur qui se révèle dans cette campagne, la plate forme Expatunited qui prolonge sa vocation de carrefour de services en organisant des vidéoconférences électorales en direct depuis Paris. Le prochain « rendez-vous de l’expatriation » , le 5 avril permettra aux internautes de dialoguer par webcam ou par écrit avec les représentants de 4 des principaux partis.

A noter parmi les sites qui permettent d’avoir une vision panoramique de cette actualité politique, deux adresses intéressantes.

  • D2 Horizons Expats, l’initiative d’un consultant spécialisé, Pierre-Olivier Drai, qui ne manque quasiment rien de la production éditoriale sur ces élections.
  • La plate forme Aujourd’hui/ le Monde qui décline l’actualité francophone, pays par pays (placer le nom du pays souhaité en tête de l’url), en donnant notamment la parole à tous les candidats aux législatives.

Enfin, comme on est jamais si bien servi que par soit même, je vous redonne les liens vers les revues thématiques Scoop it qui servent de base arrière éditoriale  à ce blog

23 Mar

Frédéric Lefèbvre : « Je vous le dit à tous, ça suffit ! »

« Je suis de nature pondérée et réfléchie. Mais là, sur ma posture morale intellectuelle, après le drame de Toulouse, je n’accepterai pas les polémiques politiciennes et abjectes »

« Je vous le dis à tous , Ça suffit ! Je pense ce que je dis, Oui, je suis juif en ces heures Oui, je me sens juif et j’ai eu une peine sincère pour cette veuve, ces familles. Je me fiche des quolibets sur la « forme » de mon témoignage instantané. Oui, je voulais crier ma colère. Et vite. Par mail ou tous moyens. Oui, je voulais faire entendre mon chagrin. »

Frédéric Lefèbvre en a assez. Assez d’être moqué à la moindre maladresse, assez d’être montré du doigt. Ce soir, dans le mail qu’il m’a fait parvenir, c’est  l’homme, visiblement blessé, plus que le Secrétaire d’état qui s’exprime. Et qui cherche à contre attaquer !

Depuis, ce matin, j’avais fais part à ses conseillers de mon intention de consacrer un billet aux réactions provoquées par son adresse aux victimes du tueur de Toulouse. Les réactions d’indignation commençaient en effet à fleurir sur le net.

En concluant mardi son message de compassion d’un vibrant « Aujourd’hui, je suis juif ! », l’homme avait en effet semblé choisir ses victimes, provoquant l’indignation de la blogueuse Auror Gorius dans leplus.nouvelobs.com : « Quand Frédéric quand Frédéric Lefebvre (UMP) récupère la tuerie de Toulouse« .

En adressant son texte, par e-mail, aux électeurs nord américains de la circonscription des Français de l’étranger où il se présente, le candidat avait nourri la suspicion d’une « compassion électoraliste ». Alertés par la candidate Modem de la circonscription, lepetitjournal.com, puis le site américain frenchmorning s’étaient fait naturellement l’écho de la polémique « Le “Je suis juif” de Lefebvre provoque des remous »

Des questions, des émotions

Car à l’évidence, il y avait matière à s’interroger. Journalistiquement. Mardi, Frédéric Lefebvre avait été très clair en surlignant vers qui « allaient ses pensées » au moment de se recueillir et en demandant « pardon à tous ces amis juifs » pour « cette image obsédante d’un individu assassinant aveuglément avant de saisir la tête de sa proie, une âme pure de 8 ans, pour l’abattre froidement est atroce, odieuse, révulsante ». Mais ce faisant, le secrétaire d’état avait laissé largement de côté les autres victimes, les jeunes militaires, à peine mentionnés au début de son texte, « Après le meurtre d’hommes qui consacrent leur vie à défendre notre patrie », oubliant ainsi d’autres familles, d’autres origines.

Sur ce point, Frédéric Lefèbvre ne revient pas dans son mail de ce soir. Sur tous les autres, il le dit avec force, il assume. « Oui », il a envoyé « un mail », mais c’était parce qu »il voulait crier sa colère et vite. Par mail ou tous moyens ». Pourquoi un envoi ciblé sur sa terre électorale ? Pouvait-il ignorer, malgré les circonstances, les effets de son geste ? La réponse est en partie éludée. J’aurais préféré poser la question de vive voix.

Pour le reste, l’essentiel, l’émotion et la colère, les mots sont assez forts  « Mon impuissance face à ces drames m’a révolté. Je soutiens ces veuves, ces familles, ces parents dévastés par ces crimes. »(..) « honte à cette polémique »(..) « Le cœur n’a pas à entrer dans des calculs, dans des réflexions rationnelles. Chers amis de la communauté juive, à laquelle je n’appartiens pas,  je suis avec vous. »

Un tel plaidoyer pro domo est assez inhabituel. Frédéric Lefebvre demande le respect. Pour les victimes, bien sûr, mais aussi pour lui dont la fonction lui avait interdit jusqu’ici de répondre à des attaques faciles et grossières. Cette fois, c’est dit.


L’intégral du  mail de Frédéric Lefèbvre

Et pour être complet, parce que la forme du mail, sa présentation elle même, n’est pas neutre, je vous le redonne intégralement ,sous son apparence originelle,

« Un oeil sur la planète » : Triple A, comment font les autres ?

La dette, la dette, la dette !!! Après un début d’année en fanfare, suite à la décision de Standard and Poor’s de dégrader la note française le 13 janvier dernier, le débat sur la dette s’est progressivement assourdi au fil de l’avancée de la campagne.

C’est le premier mérite du magazine « Un œil sur la planète » de nous remettre en perspective cette problématique…qui redeviendra centrale dès le 7 mai prochain.

Selon son excellent principe, l’émission de France 2 s’est déplacée du bout du monde, au Canada, au coin de la rue, en Suède, aux Pays Bas et en Allemagne. Vous l’avez déjà peut-être remarqué, Patrick Boitet, le rédacteur en chef de l’émission, et son équipe, ont une légère propension à appuyer où cela fait un peu mal. Journalistes, va ! ;^). Avec eux, l’herbe est souvent plus verte de l’autre côté de la barrière. Et, ce 36è numéro de l’émission ne déroge pas à la règle, les 4 pays cités ont en effet en commun d’être parvenu, avec force grimaces.., à redresser leur situation budgétaire !

Alors dans quelques mois, comme là bas, ici ? C’est à vous de voir, lundi 26 mars, à partir de 22h50 sur France 2. En attendant, vous pouvez vous faire une idée plus précise du contenu des reportages en vous rendant sur le site de l’émission. Et si vous avez envie à votre tour, de porter un regard critique sur le travail de mes confères, ne vous gênez pas. Vous pouvez le faire ici, ou chez eux.

22 Mar

Français de l’étranger ou à l’étranger : identité et sémantique

Avec sa proposition choc de lier impôt et nationalité, Nicolas Sarkozy a provoqué un véritable bouillonnement. Sur la mesure en elle même, sa pertinence et sa faisabilité (voir billet précédent) mais aussi sur la notion même d’expatriation.

En tentant d’établir la distinction entre bons et mauvais expatriés, entre ambassadeurs et déserteurs, la proposition a provoqué quelques réactions plutôt intéressantes. J’en ai retenu deux particulièrement. Antagonistes.

Le blogueur INSIDE AMERICA n’a pas d’identité claire mais un style incisif. Sous le titre, « les bons, la brute et les méchants », l’auteur se livre à un exercice assez réjouissant de bonneteau sémantique sur les bons expatriés, cocardes tricolore en bandoulière, qui font de mauvais immigrés et ces déserteurs fiscaux qui se comportent comme des immigrés modèles dans leur pays d’adoption.

Un peu compliqué ? Lisez le billet intégralement vous comprendrez mieux.

Le second polémiste se nomme Ruben Mohedano-Brèthes. Il est candidat  « indépendant centriste humaniste » (si, si !) dans la 4ème circonscription, des législatives de l’étranger, à savoir le Benelux. Lui aussi est un adepte de la sémantique. Mais d’une sémantique plus.. patriotique.  « Non, nous ne sommes pas des Français »de » l’étranger » assène-t-il avec force. Car cette petite locution, à l’apparence de particule, n’aurait, selon lui, rien de noble en la circonstance :

D’où cette préférence affichée pour l’expression « Français « à » l’étranger », revendiquée comme un label, une sorte d’Appellation d’Origine Contrôlée..

Pas sûr qu’ « INSIDE AMERICA » partage cette vision un peu messianique de l’expatriation, mais c’est clairement une partie du raisonnement qui a prévalu à la création des circonscriptions des Français de l’étranger.

« Expat ou immigré ? »

Quoiqu’il en soit, le débat n’est pas près d’être clos. Le questionnement identitaire, qu’il soit sociologique, sémantique ou philosophique est dans la nature même de l’expatriation. Vous en trouverez d’autres échos dans la rubrique éponyme de ce blog (expats ou immigrés ?). Parmi l’ensemble des liens, je vous en recommande deux en particulier :

  • – « Il y a d’autres motifs au départ comme le gout pour l’aventure, l’éducation ou l’exil politique, mais la majorité des étrangers sont à là  pour l’argent. Ce ne sont ni des expatriés, ni des immigrés, car le choix de rester ou partir dépend de la réalité économique. Ce qu’ils sont – ce que nous sommes – c’est des migrants économiques. » Un point de vue décalé et inversé développé par Néo,  expat/immigré africain en Occident
  • – « Plus profondément, c’est l’identité même de celui, celle, qui part à l’étranger qui est posée. Pourquoi part-on ? Qu’y recherche t-on ? Veux -t-on voir du pays, c’est à dire beaucoup de pays différents ? Ou s’installer dans un pays? Vivant en couple mixte ? Avec des enfants qui peut-être devront choisir entre deux passeports à leur majorité? Et quand cesse t-on d’être un expatrié et devient-on un immigré? ». Le premier commentaire enregistré dans ce blog,  signé @Mpouy, installé depuis 10 ans à Berlin et engagé dans la campagne du PS



15 Mar

Législatives de l’étranger : quelques difficultés de compréhension…

Ils ne sont pas encore légion, les reportages consacrés à la campagne dans les circonscriptions de l’étranger. Bien sûr, il y a périodiquement des articles sur les enjeux de cette élection inédite. A lire par exemple celui du JDD.fr, « les Français de l’étranger très courtisés » dans lequel notre confrère fondateur du petitjournal.com, Hervé Heyraud continue son travail pédagogique auprès des lecteurs  et… des rédactions parfois un peu démunies en la matière.

Il est vrai qu’ à l’instar des candidats qui  peinent à faire campagne notamment dans les circonscriptions « continent » comme l’Asie ou l’Amérique du sud, peu de rédactions ont les moyens de financer des envoyés spéciaux au long cours. Si besoin, cette carte interactive du Monde est là pour fixer les idées

carte interactive du monde.fr

Alors quand on découvre un papier qui décrit en long et en large les affres d’« une campagne à 10 000 km de Paris, on a tout de suite envie de le partager. Las, publié le 8 mars dans l’édition papier du Monde, cet article de Sylvia Zappi est resté cantonné pendant plusieurs jours dans l’édition abonné du monde.fr. A se demander si la rédaction du quotidien a une ligne établie sur la chronologie de diffusion entre print et numérique ou si les décisions se prennent au jour le jour selon l’intérêt éditorial des contenus et/ou celui de ses abonnés. Contactée, la newsroom du Monde n’a pas (encore) répondu à cette interrogation.

Ces Français qui ne parlent pas français

Au détour de cet article, et parmi plein de détails instructifs, une information a particulièrement  attiré mon attention. C’est Sergio Coronado, le candidat PS/EELV en Amérique du sud qui affirme « qu’il est souvent amené à développer ses arguments en espagnol devant des Français qui ne maîtrisent pas très bien la langue de Molière. »

Au cours de la campagne de 2007, j’avais déjà recueilli ce type de témoignages. Et pas besoin de chercher des destinations lointaines même si on m’avait déjà signalé l’Amérique du Sud en général et le Mexique en particulier. Plus près de nous, en Suisse, la représentante UMP de Berne m’avait ainsi expliqué que sa fille maitrisait mal le français et qu’il lui faudrait l’accompagner le jour J pour lui expliquer, en sus, les modalités du vote  dans l’isoloir..

Au moment où Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rivalisaient sur le terrain patriotique et sur la nécessité d’exiger la maitrise du français de la part des étrangers désireux de venir, cette information m’avait un peu troublé. N’ayant pas eu la possibilité d’obtenir et d’enregistrer d’autres témoignages directs, j’en étais resté là. Après la citation de Sergio Coronado dans l’article du Monde, j’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai donc posé la question au Quai d’Orsay. Voici la réponse du service de presse du ministère :

« Nous n’avons aucune statistique sur la connaissance de la langue française par nos compatriotes établis à l’étranger. Ce serait d’ailleurs discriminatoire de distinguer entre les Français ceux qui parlent français et les autres. La langue de la République étant le français conformément à l’article 2 de la constitution de 1958, il n’est prévu aucune traduction des informations relatives aux élections. »

En recoupant les informations, on peut s’apercevoir au moins d’une chose. Comme dans l’exemple suisse, il semble que la problématique concerne plus particulièrement des enfants d’expatriés de longue date qui ont perdu l’usage de leur langue maternelle. A ce propos, on peut lire deux contributions publiées en janvier dernier sur le lab Europe 1. Le blogueur Guy Birenbaum s’était interrogé sur l’intérêt de s’adresser en anglais aux électeurs après avoir mis en ligne (thème n° 4) un spot de Julien Balkany, candidat dans la 1 ère circonscription des Français de l’étranger (Amérique du nord ).

P.S. Will Mael Nyamat, qui s’exprime sur le sujet est lui aussi candidat (indépendant de gauche ) dans la 3ème circonscription (Europe du nord).

10 Mar

Fukushima : être parti, être resté, y aller, en revenir…

Des expatriés vivaient au Japon, il y a un an. Avant la catastrophe, Mathieu Moindron se sentait plus dans la peau d’un émigré que d’un expat. « Installé avec ma femme (japonaise) à Sendaï, j’ai trouvé un travail, je me suis fait des amis, j’ai pu rencontrer la famille de mon épouse. J’étais bien, ma vie était là-bas. » Virage brutal, tête à queue.  Départ précipité pour un retour en France pourtant inenvisageable 3 jours plus tôt… « Sendaï compte plus d’un million d’habitants et n’est située qu’à une centaine de kilomètres de la centrale de Fukushima. Inconsciemment (..), j’ai songé à Tchernobyl. J’ai repensé aux images de ces enfants irradiés, des dégâts que provoquait ce mal invisible et des mensonges qui l’accompagnaient. J’ai regardé ma fille, âgée de quatre ans à peine et je n’ai plus songé qu’à une chose : rentrer. » La bonne décision affirme-t-il aujourd’hui au terme d’une (belle) réflexion sur ce qui s’est passé vraiment (à lire sur leplus.nouvelobs.com)

Marguerite et cet autre Français sont restés. Ils racontent les bouleversements de leur quotidien au Figaro. École de musique dévitalisée, vigilance permanente sur les aliments. La peur et le doute dans la vie de leurs hôtes Japonais. « un second accident » dit l’homme « signerait la fin du Japon moderne, la structure politique pourrait partir dans n’importe quelle direction…»

Immersions

L’impact de la catastrophe, c’est ce qui intrigue le plus l’artiste rémois, Brice Maire : « D’une manière générale, le nucléaire est révélateur de ce qu’est notre société moderne ; souvent, qu’il soit pour ou contre, le public est spolié du débat. » Plasticien, photographe,  déjà auteur de « Zone contaminée », un ensemble de travaux artistiques sur la catastrophe de Tchernobyl, Brice Maire a décidé de récidiver en partant s’immerger 15 jours à Fukushima. A suivre au jour le jour sur le blog  « road to Fukushima ».

Au cours de son périple, Brice Maire croisera  peut-être certaines de ces familles japonaises et expatriés déjà rencontrées par le documentariste belge Alain de Halleux. Lui aussi familier du questionnement sur le nucléaire, le réalisateur  a précédé  l’artiste sur les lieux de la catastrophe. Il en a tiré notamment une web série « récits de Fukushima », en cours de diffusion sur Arte dont voici la bande annonce

Le premier épisode nous emmène à la rencontre de David et Eiko Morel en proie à « la grande question » : rester ou partir. Le couple avait ouvert une crêperie bretonne à Tokyo, il y a 5 ans. L’incapacité des autorités japonaises à assurer la traçabilité des produits alimentaires a levé leurs derniers doutes. Un an après, les mêmes arguments, la même décision que Mathieu. L’avenir de leur petite fille sera probablement en France, loin de cet ennemi invisible que la culture japonaise, laissée à elle même,  préfère ne pas regarder en face.

07 Mar

Législatives : des couacs pour les Français de l’étranger (synthèse FTVi)

Si tous les Français de l’étranger ne sont pas encore conscients des élections législatives inédites du mois de juin, que dire des Français de l’intérieur ?  Cet article publié sur la « plate forme mère » de « francetvinfo » qui fait le point sur les thématiques déjà abordées ici est donc le bienvenu. Une enquête signée Yann Thompson.