20 Mai

Vangelis & Jon Anderson (Yes) : la rencontre de 2 étoiles

Vangelis, le sorcier des synthés s’en est allé à 79 ans. Surtout connu pour ses musiques de films : « Les chariots de feu » (oscarisé en 1982), Blade Runner (83), « 1492 Christophe Colomb (92) « Blade Runner » ou encore « Lunes de fiel ». Des synthés cosmiques qui ont aussi croisé les cordes lunaires de Jon Anderson le chanteur du groupe Yes. La rencontre de 2 astres pour une musique céleste.

Jon Anderson au chant et Vangelis aux claviers publieront 4 albums

La rencontre Joan Anderson & Vangelis

Le Grec Evangelos Papathanassiou dit Vangelis pose ses claviers dans les années 70, tout d’abord avec le groupe d’un de ses compatriotes (Demis Roussos) : les Aphrodite’s child. L’anglais Jon Anderson rejoint le groupe Yes en 1968 pour pousser ses envolées cristallines.

Dans le groupe Yes, figure un autre grand chaman du clavier Rick Wakeman. Mai 1974, il décide de quitter le groupe. Vangelis fait alors des essais pour le remplacer au sein de la formation britannique. Ils s’avèreront peu concluants mais l’amitié entre le chanteur et le créateur de musique électronique new-age se noue. Première collaboration sur l’album de vangelis où Jon Anderson chante sur un titre « So Long Ago, So Clear » .

Le côté lunaire des 2 artistes s’accorde à merveille, les claviers planants et sautillants de Vangelis portent la voix céleste et virevoltante du merveilleux Jon Anderson.

Les premiers albums

Un premier album, « Short Stories sort en 1979, l’année où le chanteur quitte le groupe Yes. Sut cet album plutôt réussi, on retrouve des compositions de Vangelis et des textes écrits et chantés par Jon Anderson.

La voix d’un autre monde d’Anderson, les mélodies concises, emphatiques de Vangelis, l’album surprend, déroute mais rencontre son public sur certains titres comme « I hear you now » et ses nombreux effets sonores.

L’album le plus réussi est certainement « The friends of Mr Cairo » qui sort un an plus tard en 1981. Plus fusionnel que le précédent entre les 2 univers, le disque compte quelques morceaux de bravoure et des pièces épiques dont l’époustouflant « I’ll find my way home » qui n’est pas ici dans sa meilleure version (playback) mais qui permet de voir les 2 artistes.

Un album très expérimental, mi-chansons mi-opéra-rock progressif. Un son marqué très années 80 au niveau des claviers mais aussi du sax de Dick Morrissey. Le titre « State of independance » deviendra très populaire, repris et entendu lors de nombreuses occasions.

Ces albums sont un peu des ovnis musicaux, pas très terrestres mais lunaires. Ils auront marqué les 2 artistes qui poursuivront ensuite leurs chemins séparemment.

4 albums et puis…

Vangelis connaîtra le succès avec ses musiques de film. Grand musicien, inventeur souvent dédaigné.


Jon Anderson rejoindra Yes avec notamment le succès tonitruant d' »Owner of a lonely heart ». Une voix atypique -encore plus dans le milieu du rock- un chant habité, il continue de traverser le temps. En 2018, le groupe fêtait ses 50 ans (et lui ses 74).

Sa prestation sur la scène de l’Apollo avec ses comparses de Yes (Rick Wakeman grandiose), plus quelques nouveaux membres est tout simplement bluffante. Superbe titre « Lift me up » avec Trevor Rabin guitare et chant.

06 Fév

Luc Aussibal, la force tranquille de la musique

Sa musique a la rondeur de sa bonhomie, la force de sa sincérité, le son de sa générosité. L’artiste aveyronnais Luc Aussibal sort un nouveau disque : « Animaux errants ». Au contraire du titre, Luc s’est bien trouvé musicalement. Les ingrédients sont là : belle voix rock, bons musiciens et textes originaux. La force tranquille.

Luc Aussibal et son groupe pour la sortie du nouvel album « Animaux errants »

Luc Aussibal est un homme attachant. Tout d’abord parce que c’est une belle personnalité, ensuite parce-que sa musique est toujours bonne comme aurait dit Jean-Jacques Goldman. Le rockeur occitan vieillit bien. Le fan des Beatles continue son « aveyron road » de belle facture.

Luc Aussibal e Mai

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore écouté ou croisé, Luc Aussibal est un artiste dans la générosité. Ce professeur d’arts plastiques a toujours allié son activité pro et le plaisir perso de la musique. Une récréation mais toujours prise au sérieux. Ses disques sont toujours bien produits, aux arrangements riches et aux textes travaillés.

Pour ce nouvel opus paru en digital chez « Fiasco production », on y retrouve ses complices : Benoît Daynac aux guitares, Thierry « Higgins » Fabre à la basse avec Jérôme Krakowski. Côté batterie Julien Bresson assure aussi la « mise en son » et la production. L’album a été enregistré dans son moulin de la vallée du Viaur. La rythmique a toujours été un élément important de sa musique et les batteurs toujours excellents (Claude Gastaldin, Julien Bresson…). Aux claviers ont entend une « ptite nouvelle » : Claire Guinot aux sons multiples tantôt piano tantôt proches de l’orgue.

Julien Bresson n’est pas dédié qu’aux baguettes, il est aussi aux manettes de Fiasco Production qui réalise des prodcutions audiovisuelles. Le nom interpelle et les actions sont orginales. Pendant le confinement ils ont notamment proposé à un groupe local de se produire dans une stabulation agricole : « un boeuf pour les vaches » !

Revenons à nos « Animaux errants ». Le groupe « Luc Aussibal e Mai » est désormais en sommeil côté scène, « une parenthèse se ferme » déclare Luc. Reste le témoignage de ce 4e disque.

« Les Animaux errants » en numérique

Ce 4e opus n’est pas sorti dans le commerce mais il est disponible sur les p;lateforme numériques. Un album plus « chansons », et l’esprit rock toujours là. A l’exemple du très beau et poétique « Un peu à peine ».

Longtemps, Luc Aussibal a travaillé avec des auteurs comme Jaumes Privat qui écrit en occitan. Le morceau « Liuç per liuç » est d’ailleurs l’un de ses poèmes. Désormais, Luc Aussibal compose toujours mais il écrit ses textes. Exercice très réussi, souvent en petites touches comme un peintre qui dépeint une situation. « Dessous la porte, le vent qui porte, dehors le bruit de la rue ». Le tout début de la chanson »Dessous » tout en touches impressionnistes rappelant qu’il est aussi un vrai peintre au talent reconnu. Des titres comme « Oh », « Un peu à peine » ou « Dessous » révèlent les talents d’écriture dans des chansons toujours riches et plus mélodiques que dans les albums précédents.

« Je fais de la chanson rock dans la lignée de Jean-Paul Verdier (poète et chanteur occitan). Il continue de m’influencer », confesse le chanteur.

L’occitan donne une autre résonnace à sa belle voix guturale. Il y a cette reprise du fameux « Pont de Mirabèl », une chanson traditionnelle occitane qu’il emmène dans d’autres eaux. En occitan justement, il y a ce petit joyau fait en duo « Lo niu d’ironda » (le nid d’hirondelle) co-composé avec Claire Guinot. La voix est plus profonde que jamais sur des notes égrenées en résonnance avant qu’un flot d’orgue transporte le morceau.

A son écoute, on pense à tous ces gens qui l’ont influencé : Bertrand Belin, Dominique A, Souchon, Feu Chatterton. Un peu de Damon Albarn, « les Beatles ma source illimitée! Ils ont balayé tellement de registres avec tellement de talent! ».

La pochette d’Animaux errants qui vient de sortir chez Fiasco Production

De la belle ouvrage comme toujours. Une page va sans doute se tourner et Luc, aller vers d’autres horizons. « Je voudrais faire un groupe en invitant des gens comme Xavier Vidal, rajouter de la viole de gambe électrique… ». Des rencontres éphémères, au fil du temps et des envies, mais toujours avec cette force tranquille qui continue de l’habiter.

Benoît Roux

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FIASCO PRODUCTIONS

30 Nov

PHOTOS reportage : Kimberose en concert à Toulouse

2 albums seulement à la clé, la chanteuse anglo-ghanéenne Kimberose fait une tournée qui passait par le Bikini proche de Toulouse. Elle a déjà une belle assurance sur scène, entourée de très bons musiciens et d’une excellente choriste.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Un show qui va crescendo, la voix qui assure dans différents styles soul-reggae-Rythm’n’blues. Kimberose voulait être « profiler », elle est devenue une artiste qui va marquer. Le Bikini de Toulouse est conquis.

Kimberose et son groupe au Bikini de Toulouse © Benoît Roux FTV

Premier constat dans la salle du Bikini plutôt bien remplie : un décalage entre la jeune artiste et sa musique très actuelle et un public plus âgé. Concert masqué (c’est désormais la règle), des personnes un peu distantes et du coup, la salle qui a un peu de mal à se chauffer.

Le Bikini presque complet pour Kimberose © Benoît Roux FTV

Pourtant, rien a dire sur la qualité des artistes. La voix atypiquement aigue de Kimberose est pleine de maîtrise, la section rythmique guitare-basse-batterie performante. Il manque juste les cuivres évidents dans ce type de musique et présents lors de certains concerts de l’artiste.

Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Rapidement, la jeune artiste née en France mais de parents anglais et ghanéen trouve le lien avec le public. Très à l’aise, elle prend le temps de remarquer : « vous êtes vraiment très nombreux dans la salle ! » et d’expliquer ses chansons. Car Kimberose compose et écrit la plupart de ses chansons.

Eliminée de la Nouvelle Star

Après un premier album « Chapter one » où elle était en groupe sous l’éteignoir de son ex-compagnon, Kimberly Rose Kitson-Mills a repris sa liberté  avec un deuxième album « Out » qui marque le début d’unecarrière solo où elle peut enfin exprimer sa personnalité. 

Progressivement, le show prend de l’épaisseur. Elle raconte et chante « I’m sorry », le titre qui l’a fait connaître et ouvert les portes des radios et télés. Enfin…pas toutes car elle a rapidement été éliminée par le jury de la Nouvelle Star.

Kimberose © Benoît Roux / FTV

Début de show personnel et intimiste

Sur la scène du Bikini, elle raconte ses blessures, ses félures. Ce père disparu alors qu’elle avait 20 ans et cette chanson « George » écrite pour lui. Un texte aussi pour sa mère, les gospels et léglise le dimanche. Au passage, dans ce début de concert plus personnel qu’énergique, elle démontre toutes les nuances de sa voix qui peut aller très haut comme dans le magnifique « We never said goodbye » ou encore « Thin air » extraits de son dernier album.

Puis vient la délicieuse chanson « L’envie de valser » composée par le fabuleux pianiste Sofiane Pamart qui n’était pas là ce soir mais remplacé par Paul Parizet dans une très belle et émouvante version guitare. L’unique chanson en français du show. Une langue qui lui va pourtant très bien.

Kimberose et son guitariste Paul Parizet sur le morceau « L’envie de valser » © Benoît Roux FTV

Bikini dance floor

Fini pour l’émotion, place à la danse. Le concert prend alors une autre tournure, tantôt soul, rythm’n blues, reggae aussi sur une rythmique implacable. Il faut dire que sa mère Ghanéenne en écoutait beaucoup. A plusieurs reprises, elle incite le public à bouger et danser. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Elle va alors dans le public pour danser avec lui. De vrais moments de partage. De retour sur scène, c’est le feu total avec le morceau « Fire » qu’elle a une fois de plus signé. « I’m on fire » et le public n’est pas en reste. Jusqu’au tube imparable qu’elle a écrit et qui est rentré dans les têtes comme un bon vieu morceau de reprise : « Back on my feet ».

L’occasion aussi d’admirer toutes les prouesses de sa choriste Prisca Solvana Vua. Electrique.

La fabuleuse choriste Prisca Solvana Vua © Benoît Roux FTV

Une petite reprise de Lauryn Hill au passage (« Ex-Factor ») qui a bercé son adolescence et montré la voie (voix).

Le show est monté crescendo pour finir en apothéose. Oui Kimberose a beaucoup de talent, une voix atypique qui pointe dans la direction des grandes divas soul-jazz comme Amy Winehsouse mais avec sa personnalité. Mention très bien aux musiciens plutôt sobres mais pertinents. Un petit regret qu’il n’y ait pas eu les cuivres comme pour le concert qu’elle a donné pour Arte.

Les musiciens et choriste de Kimberose au Bikini © Benoît Roux FTV

Une chose est sûre : beaucoup lors de ce concert (à commencer par moi) ont eu la certitude d’assister à l’éclosion d’un vrai talent qui n’est qu’à l’aube de sa carrière. Une étoile qui va monter au firmament.

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Benoît Roux

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12 Oct

The Limiñanas et Laurent Garnier : un road movie musical trippant

C’est sans aucun doute l’un des albums les plus enthousiasmants du moment. « De película » s’écoute de bout en bout, sans sortie de route, oreille au plancher. Une rencontre improbable entre l’électro de Laurent Garnier et le rock psyché de The Limiñanas. Un album plus que parfait et bien présent.

The Limiñanas Photo : Darek SZUSTER via Maxppp

Les fusions, ça ne marche pas à tous les coup mais là, cette rencontre presque improbable donne un cocktail vitaminant plein de saveurs. Ce qui n’était au départ qu’un vague travail entre le Dj techno/électro Laurent Garnier et le rock suffocant de The Limiñanas est une vraie collaboration. Chacun a laissé tomber ses domaines respectifs pour se mettre au service de l’autre.

« De película », un album concept haut de gamme

The Limiñanas fait partie de ces groupes dont la renommée est plus forte à l’étranger qu’en France. Le duo Catalan avait bien fait un ou deux coups d’éclat mais sans secouer trop le landerneau musical. A vrai dire, je faisais partie des ignorants jusque-là imperméables. La secousse tellurique n'(en est que plus grande.

Car l’album est un road-trip, road-movie autant visuel que sonore. Le retour des bons vieux albums concepts avec une vraie-fausse histoire à l’intérieur. On pense de suite à « Histoire de Melody Nelson » d’un autre musicien cinéphile : Serge Gainsbourg. Une histoire prétexte, perdue d’avance entre Saul et une jeune mineure prostituée nommé Juliette. Et tel l’album de Gainsbarre, la production est soignée entre les boucles de bases et les riffs de Lionel et la batterie tantôt lourde tantôt légère de Marie. Un travail sur les sons assez impressionnants aussi de Laurent Garnier qui a su se mettre au diapason. Un gros son fait de plusieurs couches et terriblement efficace.

Perso, un morceau est à mettre au Panthéon : « Promenade oblique » où vrombit la basse et la batterie trace sur une route de nappes. Magnifique.

Instrumentaux, textes lâchés parfois chantés

Alors que le duo devenu trio prévoyait de faire seulement 2 ou 3 plages contemplatives, il y aura bien 11 stations dans l’album. Des instrumentaux comme « Promenade oblique » ou le très enlevé « Steeplechase » impeccablement produit. Idem pour Saul qui ouvre l’album et donne les prémices du voyages. Un titre dévoilé un peu avant la sortie du disque et joué en live sur France Inter.

Lionel Limiñanas n’est pas un chanteur mais tel Gainsbourg, il sait aussi poser ses mots comme sur « Juliette dans la caravane » ou « Tu tourne en boucle ». Et quand il s’agit de chant, il s’en réfère à d’autres. Tel le fin écrivain et lui même artiste Bertrand Belin pour l’un des morceaux des plus réussis (mais ils le sont tous!) : « Au début c’était le début ». Les premiers riffs et accords de guitare sont très « bashungiens » mais la ressemblance ne s’arrête pas là. Au niveau voix, la même fragilité, une sensibilité à fleur de peau. Vraiment très réussi.

Un volcan de transe

Au cœur du cratère, ça chauffe grave. Les sons en fusion pour mieux faire irruption. Tout est juste, sans faute de goût, sans effet de mode. Les guitares sont tenues, les riffs étourdissants, les sons grondants dans une culture de transe. Certes, il y a bien quelques pauses dans certains titres pour compléter la palette. Les plages sont immenses et on aime s’y perdre. Une musique très cinématographique où l’on repense à « Sailor et Lula » de David Lynch aux couleurs forcées. Les images viennent et nous retiennent, les sons nous enveloppent comme sur le très beau « Saul s’est fait planter » aux cordes claviers magnifiques.

Et s’il fallait libérer le magma du cratère étourdissant, ce serait le bien nommé « Que calor » emmené par le chanteur franco-chilien Eduardo Henriquez. Avec cet album, The Limiñanas prend place. Tout simplement incontournable.

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Benoît Roux

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02 Oct

L’émission live de France 3 Occitanie : Sazrah, un air d’Amy Winehouse

#CestPasEnPlayback, l’émission live de France 3 accueille Sazrah, jeune mais déjà talentueuse artiste. L’occasion de découvrir ses premières chansons empreintes de soul, jazz avec un timbre de voix qui se rapproche aussi d’une certaine Amy Winehouse.

L’artiste Sazrah lors de l’émission « C’est pas en Play Back » de France 3 Occitanie ©Lola Bernal /FTV

Telle une diva sortie d’une toile ou d’une sculpture de Botero, Sazrah est apparue, comme une fleur qui ne demande qu’à éclore. Le Blog Ecoute Voir l’avait déjà repérée lors de la sortie de son premier EP. 

Son talent et son côté atypique sont apparus comme une évidence sur le plateau musical de France 3. Avec sa guitare et son yukulélé, alternant fragilité et force, elle interprète 2 chansons « Keep calm » et un inédit qui n’est pas extrait de son EP : « Sillage » 

Elle se livre aussi sur ses engagements (la nature, l’écologie, l’amour…) et sur ses influences. Son grain de voix aussi à l’aise dans l’aigu que le grave, le français que l’anglais, fait penser à Amy Winehouse, elle aussi empreinte de soul et de jazz. Dans l’émission, elle évoque une jeune chanteuse française qu’elle adore : November Ultra. A l’écoute, les similitudes sont évidentes : univers dépouillé mais riche, voix émouvante, prenante et apaisante. Un vrai joyau.

L’actualité de Sazrah, c’est aussi la continuité et une complicité artistique avec Félix, un autre Toulousain. Ils ont déjà chanté ensemble et se retrouvent sur le label Plugin Records. Après « Coffee rocket », place à « Green Tara ».

De riches collaborations en attendant un album et la scène. Quant à la suite de #CestPasEnPlayback, place au groupe BEACH SCVM (l’écume de la plage in french). Le trio toulousain a déjà enregistré sa session au grand studio de France 3 Occitanie et sera bientôt diffusée sur la chaîne YOUTUBE et les réseaux sociaux.

Le groupe BEACH SCVM en live sur France 3 Occitanie. Photo : Lola Bernal FTV

Un groupe surf pop rock punk à découvrir qui pour le coup fait plus penser à Nirvana, Greenday ou The Cure qu’à la diva anglaise Amy Winehouse. Ca promet.

FRANCE 3 OCCITANIE

SAZRAH

Benoît Roux

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10 Sep

« La grande folie », l’explosion des voix et des rythmes du groupe San Salvador

Sextette vocal épris de rythmes, le groupe San Salvador fait partie des très bonnes surprises du moment. Polyphonique, rythmique, le groupe corrézien vient de sortir un premier album très réussi après avoir emballé et mis le feu dans les festivals. « La grande folie » est une explosion de rythmes, de sons, de sensations, de transes très régénérants.

Le groupe limousin San Salvador – Affiche tournée 2021 Cholet-©-Sylvestre-Nonique-Desvergnes-

3 filles, 3 garçons qui se connaissent bien et qui partagent les mêmes valeurs artistiques, le même respect des traditions. Car voilà, ces trentenaires sont pour certains des « fils de », en l’occurrence des collecteurs et chercheurs dans le domaine des chants traditionnels limousins. Que ceux qui pensent encore que traditionnel sous entend « chiant » et « ringard » se rassurent : le groupe a sévi sur les plus belles scènes contemporaines : Vieilles Charrues, Transmusicales, Printemps de Bourges, Suds à Arles, sans oublier New-York et autres joyeusetés.

Chants vibrants et hypnotiques

Sans préjugé donc, il suffit de télécharger leur premier opus « La grande folie » ou de laisser un saphir traîner sur le vinyle. Difficile de ne pas se laisser emballer, hypnotiser par l’explosion qui s’en suit. Quelle énergie, quelle volonté de tout emporter, tout dépoussiérer, sans dénaturer les traditions. San Salvador compte 2 duos frère-sœur, dont les enfants d’Olivier Durif : Eva et Gabriel. Musicien et ethnologue, grand défenseur des chants traditionnels du massif central, Olivier Durif a dans un premier temps collecté ces chants dans les années 70 que l’on retrouve aujourd’hui sur la galette de San Salvador. Un véritable patrimoine revisité.

Claquements de mains, toms et autres percussions, voilà « La grande folie » qui démarre. Précision dans les chants, complémentarité et inventivité des voix. La force d’un collectif qui se connaît depuis le plus jeune âge. Là où certains trouvaient plus exotique de partir en quête du folk américain, d’autres ont préféré les campagnes françaises. Ils y ont trouvé un répertoire, un patrimoine tout aussi riche. Dans une interview donné à Francetvinfo, Gabriel Durif se confie : « On s’attache à être dans une fidélité à l’idée du chant des musiques populaires que l’on veut interpréter. Ce n’est pas un travail de technicité sur la voix. Nous n’avons appris à chanter nulle part. On chante comme ça vient, comme ça se présente à nous, les uns et les autres. Par contre, ce qu’on a appris, c’est que dans la musique qu’on découvrait, les sources de collectage des musiques populaires qu’on écoutait, on entendait que les gens ne trichaient pas. Ils ne trichaient pas avec ce qu’ils avaient à dire, à nommer. »

La Grande Folie

Vous les gens qui sont endormis, oh la grande folie…

8 morceaux composent ce premier album, dont le titre éponyme « La grande folie » qui a lui tout seul pourrait résumer ce premier opus. Une longue intro vocale et rythmique, le temps d’installer quelque chose pour mieux emporter le reste. Il n’est jamais facile de reproduire en studio la magie d’un concert, la puissance et la créativité d’un groupe fait pour le live. C’est pourtant le cas ici. Un véritable tourbillon qui vous donne envie de danser, de chanter, de se lever, crier, oublier, exister.

Un disque qui a d’abord existé lors des concerts et bals donnés par le groupe, travaillé rythmiquement, peaufiné dans les arrangements en gardant un maximum de spontanéité. Les morceaux sont protéiformes, presque sans fin, à la recherche du son, de la concordance, de cette grande folie qui surprend. C’est précis, virevoltant, volcanique, démesuré mais tellement prenant.

Les voix sont variées, tantôt dans les aigus pour les femmes façon « Voix bulgares » tantôt recherchant de la profondeur dans les graves. Tous les morceaux sont réussis. Mention spéciale à « San Josep », « La Liseta » et les somptueux « San Josep » et « Enfans de la campagna »

Et, au final, le groupe comme le disque respire la sincérité, l’honnêteté, la créativité à la fois punk et trad. Un chant vibrant, taillé dans le rock, emporté par les percussions. Unique et tellement beau. 

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06 Juin

Marseille : Gari Grèu, « Massilia c’est au delà de la musique »

Gari Grèu est le dernier des Maîtres de Cérémonie à avoir rejoint le groupe Massilia. Pour son plus grand bonheur. Sa vie a trouvé un sens et son engagement un écho profond et durable. A l’occasion du tout nouvel album, il nous parle de l’importance de Massilia.

Gari Grèu (à gauche) avec Papet J et Tatou Photo : Manivette records

Gari, c’est le minot du groupe. Avant d’y rentrer, son rappeur préféré c’était Papet J, son groupe, Massilia. En 1992, il réalise un rêve : partager le micro et ses idées avec le groupe.

« Massilia m’a sauvé la vie »

Chaque MC ayant ses projets solos, un disque de Massilia ne va pas de soi. Gari venait justement de sortir un album juste avant le confinement… « Ca nous a fait un bien fou psychologiquement de nous retrouver. On avait essayé de le faire il y a 2 ans mais finalement, là c’était la bonne occasion. A l’automne dernier Papet J avait un gros soucis personnel. Tout le monde a fait corps autour de lui pour le soutenir. Massilia c’est au-delà de la musique.

Papet J justement est arrivé avec le refrain de « Sale Caractère », premier single et titre de l’album. Moussu T valide et tout le monde se met au travail. Le disque prend forme très rapidement entre septembre et décembre 2020, des solos, des duos, des trios entre les MC. « On a posé des voix sur les rythmiques de KayaliK, en revenant au rub-a-dub primal. On écrit sur des instrumentaux comme les rappeurs. »

Avec Massilia, Gari a trouvé une raison d’être, l’envie toujours présente de prendre le micro avec un plaisir immense. « Massilia m’a sauvé la vie en lui donnant un sens culturel, intellectuel. Sans tout ça, je pense que j’aurais fait des conneries ».

Massilia au combat, l’aïoli en point d’équilibre

Depuis plus de 30 ans, Massilia ce n’est pas simplement des chansons mais un engagement permanent, des artistes acteurs du lieu où ils vivent. Le racisme, le capitalisme, la corruption, les conos, rien n’échappe à leur verve épique et leur verbe qui pique. Un combat et des idées qui ont parfois du mal à triompher.

« Ma ville tremble m’a ville est malade » chantait le Papet en 86. En 2021, Marseille est « A la rue » comme le décrit une chanson du dernier album très virulente. « Il pourrait y avoir un relent de fatalisme, mais on est des Maîtres de Cérémonie. On ne veut pas se forger une image, faire carrière. Nous sommes là pour apaiser la société. Tu vas chez Massilia pour regard aiguisé. Il n’y a rien de plus beau que de faire danser des gens différents, de faire monter l’aïoli pour qu’il y ait de l’osmose entre les personnes. On aurait plein de raisons de baisser les bras mais on ne le veut pas. « 

La mouche ne rate pas le coche

Le nouvel album « Sale caractère » est sorti le vendredi 4 juin 2021 et Massilia s’impatiente de retrouver la scène. « On va faire des micro-événements pour en parler, prendre du plaisir. Peut-être une déambulation dans Marseille avec un camion et une sono. Nous avions une vingtaine de festivals cet été; il n’en reste que 7. Je pense aussi à nos collègues DJ des discothèques qui sont au plus mal. Ca ne repart pas du tout. On sera là, va falloir reconstruire et comme d’habitude, le monde associatif sera en première ligne. » 

Dans cet album, Gari, interprète en solo « La mouche ». Un insecte qui met le oai,  « emmerde les milliardaires, qui fait la misère aux puissants« . Une métaphore de Massilia : « nous sommes là, face au capitalisme occidental. Il n’y a que la mouche qui puise nous sauver. »

La mouche Massilia pique régulièrement et rate rarement le coche. 

Massilia à part entière

Les exemples de groupes comme Massilia ne sont pas légion. « On n’est pas là pour se la raconter, pour subir le métier, faire carrière ou obtenir une Victoire de la Musique. Nous sommes conscients de la fonction que nous avons. On n’est pas là par piston mais par passion.  »

Tous les membres ont choisi d’adhérer, il y a eu ni casting ni calcul. Pas sûr que cette aventure artistique, humaine, sociale et politique soit possible maintenant. « J’espère que Massilia va durer longtemps. Au concert, toutes les générations se brassent. J’aurais rêvé d’aller à un concert comme ça avec mon père. »

Marseille traverse le temps et les épreuves. « Rien ne s’altère, nos valeurs restent les mêmes. Notre plus grande victoire est là. Les galères ont provoqué ça ». 

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01 Juin

Comment Massilia et Christian Philibert ont rendu hommage au Robin des Bois provençal

Entre le groupe Massilia et le réalisateur Christian Philibert, c’est un grand chemin parcouru depuis de longues années. Après avoir fait le film des 30 ans du célèbre groupe marseillais, il signe leur nouveau clip. Grand moment de cinéma et de rigolade.

©Manivette records

Le réalisateur des « 4 saisons d’Espigoule », « Travail d’arabe » et « Massilia Sound System le film » est repassé derrière les caméras, le temps d’un clip. Un court métrage en hommage à Gaspard de Besse, célèbre bandit provençal au grand cœur. Retour sur cet événement avec Christian Philibert

Massilia et Christian Philibert c’est une longue histoire …

CP : Oui, déjà ils ont joué un rôle dans mon engagement, dans le fait de rester en Provence, de vivre et de travailler ici, de ne pas «  monter » à Paris. Ils ont donné l’exemple. Au fil des années, on s’est rendu compte qu’Espigoule et Massilia, c’était le même combat. Contre le centralisme culturel notamment. Nous on s’adresse au monde entier, mais on parle d’ici. Et puis les chourmos, les concerts, mes films, tout ça c’est générateur de lien social. J’avais déjà utilisé une de leurs chansons dans Afrik’aïoli (Au marché du soleil), mais notre première véritable collaboration, c’est le long métrage que je leur ai consacré.

© Manivette records

C’est Massilia qui est revenu vers toi pour le clip ?

CP : Massilia n’a pas fait beaucoup de clips. Le dernier remontait à 1995 ! (« On Danse Le Parpanhàs »). J’avais déjà réalisé celui de la chanson « Angèle » pour le groupe Moussu T e lei jovents. Là, ils m’ont proposé de réaliser celui de « Sale Caractère ». On a mis quelques idées sur la table et finalement ils ont retenu l’hommage à Gaspard de Besse, le bandit qui prend aux riches pour donner aux pauvres, celui qu’on surnomme le Robin des bois provençal ! Une idée qui a séduit les membres du groupe car elle donnait à la chanson une connotation plus politique… une façon de défendre une meilleure répartition des richesses… 

Gaspard de Besse, ça fait longtemps que tu le suis…

CP : Oui il m’accompagne depuis longtemps. Cela fait plus de 30 ans que je travaille sur l’histoire de ce bandit avec mon ami Jacques Dussart. Livre, film, conférence, exposition, nous avons pas mal de projets le concernant. Ce personnage est absolument passionnant. C’est le plus beau héros de l’histoire de cette région. Il est mort à 24 ans, sur la roue, à Aix, huit ans avant la Révolution Française. C’était un bandit au grand cœur. Il ne tuait jamais et ne détroussait pas les gens modestes. Il était jeune, il était beau, il plaisait aux dames. Dès son exécution, il est entré dans la légende…

© Manivette records

Le tournage du clip, comment s’est-il passé ?

CP : Il a fallu faire vite car nous n’avions pas un gros budget. Nous l’avons tourné en 2 jours, à 2 caméras. A Cuges-les-Pins d’abord, près du parc d’OK Corral. Les propriétaires du parc nous ont fourni le carrosse et le cocher. Pour incarner l’aristocrate, j’ai fait appel à mon acteur fétiche Jean-Marc Ravera (4 saisons d’Espigoule, Travail d’arabe)… D’autres scènes ont été tournées à La Ciotat, dans un ancien relais de diligence. Nous y avons filmé les ripailles et les « playback » des 3 chanteurs.

Et les 6 de Massilia, ils s’en sortent bien pour des « novices » en cinéma?

CP : J’ai l’habitude de tourner avec des non pro. Mais les Massilia sont habitués aux objectifs et sont acteurs dans l‘âme. En plus, c’est un clip, donc on tourne sans son. Ça simplifie la tâche ! Comme à mon habitude, je les ai pas mal laissés improviser… Même si j’ai conçu le clip comme un court-métrage, cela reste assez différent d’un film traditionnel où c’est le réalisateur qui dirige tout. Le clip exige de se mettre au service des artistes, d’une chanson. Ils participent à l’élaboration du scénario et prennent les décisions finales. 

© Manivette records

Les costumes sont top aussi ?

CP : Oui, en fait, j’avais tourné en 2009 un court métrage intitulé « Rastègue le brigand ». L’histoire d’un bandit imaginaire qui prenait la relève de Gaspard, mais en plus maladroit. C’était inspiré d’un long métrage que j’avais failli faire avec Arte, une sorte d’Espigoule au XVIIIe siècle ! J’avais conservé les costumes dans plusieurs malles et cartons. Les Massilia les ont portés tels quels. On ne les a même pas lavés !! (rires)… Et puis il y a la Compagnie André Neyton qui nous a prêté aussi plusieurs costumes et de nombreux accessoires. Au final, ça rend bien !

D’autres projets?

CP : avec Massilia, pas encore, mais qui sait… Je reconnais que l’année 2020 m’a un peu déstabilisé. J’ai encore du mal à savoir ce que j’envie de raconter… En attendant, je continue de travailler sur Gaspard de Besse et bien d’autres personnages, comme le poète Germain Nouveau, ami de Rimbaud et de Verlaine, auquel je viens de consacrer un long métrage documentaire (Le poète illuminé, sortie prévue le 13 octobre 2021). Avec ces personnages, je tente de donner aux gens du sud l’envie de se ré-approprier leur histoire et à travers elle, de se recréer une identité.

Massilia – Sale caractère Réalisation Christian Philibert

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18 Mai

Premier single « Sale caractère » de Massilia en attendant l’album

Aïoli, Massilia is back, les minots son aqui ! « Sale caractère », premier extrait de l’album du même nom à paraître le 4 juin. Tout ce qui fait monter l’aïoli et couler le pastaga est là. Quelques surprises aussi.

Pochette de l’album « Sale caractère »

Evidemment que cette période confinée, couvrefusée (!) était propice aux romegaires (rouspéteurs) de Massilia. Tant de privations de liberté, le « Stop the cono » mouvement ne pouvait pas rester en retrait. En cette année du 40ème anniversaire de la mort du king jamaïcain Bob Marley, le reggae marseillais est dans la place.

« Sale caractère » : faire danser et réfléchir

Pourquoi changer la recette de l’aïoli quand il monte toujours bien depuis 35 ans ? Les ingrédients de ce premier single sont les mêmes. On retrouve les 3 voix complémentaires de Jali, Tatou et Gari. Chacun son timbre, chacun son flow. Pas de surprises non plus côté textes. La plume est toujours éclairée et acerbe. Pas de concession ni d’emboucanage, les « sales minots » au sale caractère ciblent les dirigeants, ceux qui divisent et les « repapiaires », ceux qui répètent indéfiniment leurs litanies. Dédicace à certains occitanistes.

Massilia – « Sale caractère », live de l’Obs au Studio K (Port de Bouc)


Le son est bon, dansant, travaillé, direct, la surprise vient dès le début du morceau avec un refrain « autotuné ». Le vocoder n’était pas le compagnon de route des Marseillais. Fallait-il l’introduire ? Le débat s’est lancé sur les réseaux sociaux avec quelques cartons rouges pour Massilia. Clin d’œil indéniable à la musique populaire, celle qu’écoutent les jeunes aujourd’hui.

Massilia en studio pour le nouvel album © Manivette records

Nouvel album à paraître le 4 juin

La dernière livraison discographique « Massilia » (très bon cru d’ailleurs) remonte à 2014. Depuis, fidèles aux bonnes habitudes, les Massilia ont repris chacun leurs routes bartassières, avec toujours le plaisir de se retrouver ensemble en studio ou sur scène. Les confinements ont arrêté brutalement les carrières solos et les ont réunis. L’été 2020 a été propice aux réflexions. En trois mois les compos et les textes sont arrivés, toujours à plusieurs mains, chacun chantant sur un même titre. Kayalik comme d’hab a assuré le mix.

La pochette sang et or matinée de bleu marseillais est assez vintage et rappelle plusieurs albums, singles ou EP (« Jompa vo », « Violent »…) du groupe. « Sale caractère », le 9ème album studio du groupe sortira le 4 juin. Entre temps, le tout nouveau clip de « Sale Caractère » fera son apparition mardi prochain. Apparemment, un moment de franche rigolade avec Massilia en costume sur les traces de Gaspard de Besse. Vous en saurez plus dans un prochain article.

Reportage France 3

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Benoît Roux

24 Mar

Gaëtan Roussel : l’artiste aux gimmicks implacables et aux mots à fortes résonnance

Louise Attaque en pause, Gaëtan Roussel poursuit son exploration solo avec un quatrième album. Plus intimiste et acoustique, « Est-ce que tu sais » explore le monde intérieur. Plus que jamais il révèle le talent d’un artiste aux gimmicks implacables avec une production raffinée. Côté textes, ses mots ont toujours une forte résonnance avec le vécu quotidien.

Photo : site Facebook Gaëtan Roussel

Voilà plus d’un an que Gaëtan Roussel travaille sur cet album. Un an, début du confinement, propice à l’introspection, retour à soi, aux choses simples. Pourquoi pas sa vieille complice : la guitare acoustique. Des musiciens à la pointe, un orfèvre pour la production son et les mots de Gaëtan Roussel pour un disque qui fait du bien. 

L’efficacité des mélodies

A la fin de la première écoute, les mélodies sont déjà en tête. Gaëtan Roussel n’a pas son pareil pour marteler des phrases -musicales ou pas- qui vous resteront en tête. Dans les rythmiques comme dans les ballades, dans les choses tristes comme dans celles porteuses d’espoir, l’artiste touche. Petit bijou de son dernier album : Les matins difficiles.

Gaëtan Roussel – Les matins difficiles

Simples, efficaces, parfois un peu sophistiqués, les mélodies de l’artiste sont surtout touchantes et obsédantes. Le son est peaufiné par l’orfèvre Maxime Le Guil qui a travaillé pour Hans Zimmer, Morrissey, Melody Gardot, Justice… Du côté des musiciens, on retrouve l’excellent bassiste Laurent Vernerey, Reyn aux claviers, complété par les touches du complice de Cali : Augustin Charnet. On reconnaît bien la patte de l’artiste toulousain qui participe à plusieurs morceaux, ravi de l’expérience. « Je suis tellement content d’y avoir participé. J’avais carte blanche! J’ai enregistré des parties additionnelles qui ont été réalisés et mixées par Maxime Le Guil. C’était essentiellement des synthés, claviers, percussions. C’est un très bel album. Il y a une très belle variété des sources qui donne un côté très organique. Gaëtan Roussel est vraiment à part dans sa manière de travailler les thèmes, les gimmick qui reviennent et qui restent. Ca rend les morceaux immédiatement très populaires. »

Il participe au titre « Je me jette à ton cou », où l’on retrouve Daniel Auteuil pour le clip.

Les sons de l’album sont magnifiques. Les claviers notamment très « orgue de cathédrale », les cordes de Clément Libes qui portent à l’élévation, les rythmiques discrètes.

La justesse des mots

Si les mélodies restent, les mots s’entêtent. Rattachés à des thèmes de société, Gaëtan Roussel a l’art d’écrire avec beaucoup de résonnance. Des mots justes, qui parlent à beaucoup de gens, pétris d’humanité, tantôt empreints de mélancolies comme « La colère »

Chaque jour il faut s’y faire
Elle revient toujours la colère
Chaque jour elle nous effleure
Je crois qu’elle vient de l’intérieur

tantôt légers comme le bonheur dans Est-ce que tu sais

Est-ce que tu sais
Que quand les fleurs se fanent
Elles nous laissent leur odeur, leur amour
Là, ici et tout autour ?

Des moments contrastés, parfois au sein de la même chanson. Une sorte de mélancolie lumineuse. Mention spéciale pour le très beau « Tu ne savais pas ».

Gaëtan Roussel – Tu ne savais pas (version acoustique)

Rarement un artiste dégage autant de puissance et de fragilité. Des textes introspectifs d’une grande intensité auxquels on s’identifie. Ce quatrième album solo est un petit bijou musical et un joyau d’humanité.

Reportage France 2 : A. Le Quéré, J-P. Magnaudet, M. Petitjean, F. Cardoen 

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Benoît Roux