23 Déc

Toulouse : Concert en ligne Harry Potter en direct par le Neko Light Orchestra

Le groupe toulousain Neko Light Orchestra spécialisé dans les reprises de musique de film se produit au studio Grand 7 de Colomiers. 2 concerts événements ce mercredi  23 décembre 2020 à 18H et 21H. Un spécial JK Rowling avec des musiques d’Harry Potter et des Animaux Fantastiques à suivre gratuitement sur la plateforme Twitch du groupe.

Répétition The Neko Light Orchestra © Benoît Roux

Le monde de la culture est à l’arrêt : salles fermées, pas de concerts, très peu de sorties d’albums. Mais la solidarité est toujours là. Ce mercredi 23 décembre 2020, les société Master Films et Concept Group de Laurent Chabaud (Monsieur « Alerte Rouge » à Toulouse et co-organisateur du spectacle impressionnant des professions liées à la culture, l’événementiel et la restauration à Toulouseont mis en place un show assez exceptionnel pour le groupe Neko Light Orchestra. Le concert est gratuit mais tout les internautes peuvent se montrer solidaire via un financement participatif.

Neko Light Orchestra en direct avec un financement participatif

Le Neko Light Orchestra est un collectif de compositeurs français, orchestre rock mélodique qui s’est spécialisé dans la ré interprétation des musiques des cultures de l’imaginaire, notamment les musiques de film. Ce soir, c’est un cadeau de Noël avant l’heure pour vous, mais que vous pouvez faire aux artistes et techniciens. Il suffit de définir le prix de la place que vous auriez payé si vous aviez assisté à un concert normal, et ensuite de vous montrer solidaire via le financement participatif envers le groupe et les structures qui le soutiennent. 

C’est ouvert à tous, sur simple lien, vous pouvez aussi vous abonner à la chaîne du groupe et voir le concert en replay. L’événement dure une heure et demie, c’est le 3ème sous cette formule. Le premier concert avait eu lieu le 14 juin avec des reprises de musiques de Miyazaki. Le 4 octobre, place au « Seigneur des Anneaux » et « Harry Potter ». Pour le 23 décembre, JK Rowling est à la fête avec les musiques d’Harry Potter et des Animaux Fantastiques.

Tout est filmé par Master Films, les lumières et les équipements pour le son proviennent de Concept Group, tout est enregistré au studio Grand 7 à Colomiers où le groupe a crée aussi sa propre chaîne TV : BlueNekoTV.

Son binaural, décor féerique et 13 musiciens

Sur scène, le groupe toulousain compte 13 membres. Pas de superstition, Harry Potter veille. Il y a Nicolas -le fondateur du groupe- au piano, 4 musiciens aux cuivres, 1 harpiste, 1 flûtiste, 3 cordes au féminin qui font aussi les chœurs , et ensuite le « classique basse-guitare-batterie. Le décor est magique, en pleine féerie de Noël. Tout est filmé depuis un studio de cinéma, avec de belles lumières et de nombreuses caméras.

Un mot particulier sur le son. Pas moins de 54 micros ont été placés. Car la diffusion se fait en son binaural, c’est à dire pour schématiser, l’équivalent de la 3D pour le son. Le tout mixé en direct par Johnny Torchy.

Johnny Torchy en plein mix © Benoît Roux

Tout ceci a nécessité de nombreuses semaines de résidence pour le Neko Light Orchestra et l’ingénieur du son pour optimiser ce son binaural.

Un show magnifique pour l’image et le son, preuve de l’inventivité des artistes en ces temps moroses. La magie de Noël que l’on aimerait voir se poursuivre les prochains mois.

LIEN CONCERT

LIEN GROUPE

Benoît Roux

21 Déc

La voix et la musique envoûtante de Lindçay Love à Toulouse

Une voix grave très belle, des guitares qui montrent les voies, Lindçay Love sort un premier EP en solo après une aventure en groupe. Elle n’est pas encore très connue mais son univers dark envoûtant et des ballades folk-blues très bien écrites devraient lui permettre de trouver son public.

Du noir aux bleus très profonds, la pochette de son premier EP « Chasing Light » fait penser aux sombres couleurs de David Lynch ou Jim Jarmusch pour les lumières. Côté son : du rock blues, folk un peu Chris Isaak et Alain Bashung (« Bleu Pétrole »).

Imaginary Romance : sensualité, pulsions et émotion

Dès les premières images du clip, sensualité et mystère sont au rendez-vous. Cette vidéo à l’atmosphère sensuelle et onirique a été tournée à Tepoztlán, dans les montagnes magiques du Mexique. Elle captive direct.

Des trémolos égrainés à la guitare électrique, une rythmique à la guitare acoustique, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. « Imaginary Romance », la voix arrive, ajoutant du mystère, de la noirceur et de la beauté dans les graves. Une voix basse explorée sous toutes les coutures, une profondeur des tessitures assez rare en France. Et dans ce côté sombre caverneux, les lumières s’infiltrent. On sent que Lindçay aime jouer avec, suggérer, faire naître l’émotion, l’obsession parfois. Tout ceci fait penser à plusieurs morceaux du dernier album de Bashung.

Le clip réalisé au Mexique par Léa Soler joue sur ces atmosphères mystérieuses et envoûtantes. Dans une interview à Phenixwebzine, elle explique son attachement à ce pays. « J’y suis allée pour la première fois en 2009, j’en suis tombée profondément amoureuse, j’y suis donc retournée presque chaque année. C’est un pays très fort, mystique, puissant. Plein de contrastes, et d’une grande beauté́. J’y ai plusieurs de mes meilleurs amis, dont Léa qui a réalisé́ plusieurs de mes clips. Le Mexique est dans mon cœur, je rêve souvent que je suis là- bas ». 

Lindçay Love – Imaginary Romance

L’Occitanie, les voyages, Aretha Franklin, Lana del Rey et November Ultra

Lindçay est née à Nîmes d’une mère française et d’un père pakistanais. Elle voyage beaucoup et ses oreilles aussi : Maria Carey, Céline Dion, Juliette Armanet mais encore Agnès Obel, Aretha Franklin, Leonard Cohen ou sa dernière trouvaille : November Ultra. Un morceau ouaté à écouter en boucle pour adoucir les journées rugueuses.

November Ultra – Soft & Tender

D’où la richesse de ses univers musicaux dark folk rock blues nourries au road-trip. Elle apprend l’anglais toute seule dès 8 ans en traduisant des chansons. Aujourd’hui sa couleur musicale va de pair avec la langue anglaise qu’elle maîtrise vocalement.

A Toulouse, elle suit pendant trois ans des études d’anthropologie. Elle découvre aussi la photographie, la poésie, une curiosité au naturel nourrie par les voyages. Assez timide, elle finit par se faire confiance et se lance pour vivre sa passion. Elle reste 7 ans au sein d’un groupe blues-rock des années 50 : Jerry Khan Bangers. Chanteuse autodidacte, elle prend des cours de chant Jazz et Tzigane à Music’Halles (Toulouse). Après avoir sillonné différentes scènes -dont une apparition au Montreux Jazz Festival en 2016- elle quitte son groupe en 2019 pour son projet solo. Mais elle garde certains musiciens pour son premier EP. 

Lindçay Love © Théo Berchet

Chasing Light

Son premier EP « Chasing Lignt » (une référence à la photographie) regroupe 4 morceaux. Telle une photo argentique, elle développe son univers dans le noir, crée des fissures où se glissent la lumière. Une réalisation impeccable signée une fois de plus par le toulousain Serge Faubert. 4 titres à la fois de la même veine, mais avec un sang intérieur différent. Il y a déjà beaucoup d’assurance dans la voix, des certitudes aussi sur une vraie personnalité artistique.

Les références musicales restent les mêmes (ballades folk, rock, soul), sa voix qui creuse dans les graves prend parfois un peu de hauteur, comme dans le titre « Fear », un hymne à l’espoir. Tout coule parfaitement, travaillé aux guitares aux sonorités « classiques » qui rappellent les grands espaces de certains artistes américains comme Chris Isaak ou Ry Cooder. 

Ensuite, sa voix fait la différence. Tout est chanté intelligemment, sans maniérisme, avec souplesse, pour une osmose quasi parfaite entre le chant et la musique. Simple, efficace, touchant, une vraie personnalité musicale, tout ceci donne envie d’en connaître plus sur Lindçay. Hâte de découvrir davantage cette artiste prometteuse. 

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EP CHASING LIGHT

Benoît Roux

20 Déc

La vidéo du jour : le Live Session de RoSaWay

Extrait de leur second EP, la vidéo de « Dreamer » en live par le groupe RosaWay. Filmée dans de très bonnes conditions à L’Oreille Cassée, en partenariat avec « Du SON dans mon SALON ». L’occasion de découvrir tous les talents musicaux de Rachel Ombredane et Stéphane Avellaneda. 

RoSaWay @AUDREY+WANDY

C’est une découverte récente. Un jeune groupe émergent, même si ces 2 artistes sont dans la musique depuis belle lurette. De l’électro pop élégante, riche, encore plus prenante en live.

Le duo est donc allé enregistrer ce morceau à la MJC L’Oreille Cassée en banlieue parisienne, grâce aux moyens de la structure « Du SON dans mon SALON », un programme court de découvertes musicales que l’on retrouve ensuite sur les TV, Radios, Web. 

RoSaWay – Dreamer Live Session


Une version à la fois proche de l’EP mais avec le groove et la batterie de Stéphane plus présents et la voix encore plus souple et expressive de Rachel. Un titre tout aussi efficace que le premier single « On Your way Up », roulements de caisse claire sonnants et flûte aux épices sauvages et exotiques. Une chanson écrite dans les bouchons de Los Angeles qui évoque les envies d’ailleurs, un nouveau destin, une aventure… Une vie en mode robot, répétitive, empreinte de solitude qui n’est pas sans évoquer certaines situations actuelles.

Quoi qu’il en soit, cette vidéo rappelle quelques évidences : la complicité des deux artistes, l’originalité de leurs univers musicaux, leur aisance et leur plaisir dans le live.

FACEBOOK ROSAWAY

DU SON DANS MON SALON

L’OREILLE CASSÉE

Benoît Roux

16 Déc

Furax Barbarossa en direct du Bikini à Toulouse ce soir

Le rappeur toulousain Furax Barbarossa sera sur la scène du Bikini de Toulouse ce mercredi 16 décembre 2020 et en direct sur sa chaîne Youtube dès 21H. Le troisième épisode de son Digital Tour entamé le 25 novembre. Le feu sur scène et sur les réseaux pour réchauffer une période un peu refroidie.

Furax Barbararossa & 10Vers à l’isolement au Bikini

Ses freestyles ont animé les réseaux sociaux dès le premier confinement. « On a commencé sur un projet de disque dénommé « A l’isolement ». Nous avons eu d’énormes retours. Furax Barbarossa a été très soutenu par son public. Nous avions envie de recommencer sur cette lancée ». Gaël Duveau son producteur du label toulousain «  »Jardins Noirs » retrouve des couleurs. A défaut de public dans la salle mythique du Bikini de Toulouse, les fans pourront suivre la performance en direct depuis Youtube. Première éclaircie le 25 novembre dernier avec un concert filmé depuis le studio Rimshot. 

Furax barbarossa – Digital Tour#1

Ce nouveau rendez-vous au Bikini permet de mettre à l’honneur une partie de la discographie du membre de la Bastard Prod. Une série de concerts en digital poursuivie le 2 décembre avec son complice MC 10Vers, retransmis en live gratuitement, une démarche 100% Hip-Hop, qui permet de sortir un temps de l’isolement grisant. « C’est l’opportunité de créer de l’actualité culturelle. C’est un artiste qui fait beaucoup de scène. C’était l’occasion pour lui d’en refaire et de retrouver indirectement du public. » L’artiste en tous cas prévoit des surprise pour ce feu d’artifice final du Digital tour. Dans une interview à La Dépêche, il envoie le flow : : « Je ne veux pas trop en dire. J’ai envie que ce soit le bouquet final de ce Digital Tour. Je veux envoyer une gifle. Comparé aux deux concerts précédents, c’est un autre niveau. Visuellement, mon public va être choqué. Musicalement, ça sera la même chose. c’est une rétrospective de ma carrière. Il se peut que certains invités surprises soient à mes côtés… »

SUJET FRANCE 3 OCCITANIE S. Pointaire C. Romain S. Fabre


Ce sera le premier concert du Digital tour sur une scène.

Quand le Digital devient tendance

La culture étant toujours confinée, les mondes artistique et économique doivent s’adapter. C’est ainsi que les projets fleurissent. Après les lives confinés de l’épisode 1 désormais oubliés, place aux concerts en live stream. Le français Dazzle a lancé sa plateforme de streaming payante pour certains concerts et gratuite pour d’autres dont le premier d’Alicia Keys. A Toulouse, c’est carrément une plateforme vidéo dédiée à la musique qui se met en placeSon nom : « Allive ». Ce nouveau venu sera dédié principalement aux artistes indépendants et émergents. Un modèle équitable pour redistribuer les recettes générées par des abonnements mensuels qui coûteront moins de 5€ et moins de 50€ pour un an. Le lancement est prévu dès janvier. 

L’ancien monde n’est heureusement pas encore mort mais le nouveau se prépare. « Je suis sûr que ça va prendre de l’ampleur, déclare Gaël Duveau, le producteur de Furax Barbaroosa. Il faut trouver le bon moyen de le faire. Le public est prêt. Je sais que dans le milieu de l’opéra certains réfléchissent à ce nouveau procédé. Ca va permettre à des gens de s’intéresser plus facilement à des domaines où ils n’avaient pas la possibilité d’aller. « 

Pas si facile. Mais en tous cas, il devient vital d’inventer de nouveaux modèles.

DIGITAL TOUR #3 Mercredi 16 décembre 21H depuis le Bikini

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Benoît Roux

15 Déc

L’électro pop élégante de RoSaWay

Un moment se poser et se laisser surprendre. L’alliance de Rachel (voix soul et flûte traversière) avec SteF (batterie blues et sons électro). A l’écoute de RoSaWay, c’est la fraîcheur et l’inventivité qui dominent. Une pop métissée au clin d’œil vintage, un deuxième EP « Dreamer » qui symbolise bien leur audace.

Rachel + SteF © Audrey + Wandy

Qu’irait donc faire une flûte traversière avec une batterie blues-jazz sur les sentiers parfois trop prévisibles de la musique ? C’est toute l’originalité de ce duo venu de la région parisienne. RoSaWay a éclot en 2017, d’une union improbable entre la chanteuse et musicienne Rachel et la batterie énergique, nervée de blues, de SteF. Un petit côté kitsch assumé et une modernité bien ancrée. Ils viennent de sortir leur second EP « Dreamer » qui confirme le travail original et approfondi de ce duo haut en couleurs.

« On Your Way Up » premier single très singulier

Etre artiste, c’est avoir son propre univers, une personnalité très marquée dans sa vie, taillée aussi dans l’art. Dans ce groupe, l’élégance est frappante. Des tenues, des postures raffinées qui ne sont pas que vestimentaires. Leur musique est aussi très colorée et sophistiquée. Du sur-mesure ou rien n’est forcé, ni trop grand, ni superflu. Il y a juste ce qu’il faut.

« On your way up » a été écrite pendant le premier confinement. Le titre raconte les errances, les hauts, les bas, les coups durs qui vous scotchent, les petits bonheurs qui rendent léger. Le clip donne un petit côté road trip (en DS s’il vous plaît!) à 2 artistes qui se cherchent mais qui se sont parfaitement trouvés. Une ascension et des retombées coulées dans l’esthétisme, une chorégraphie embellie par Audrey + Wandy.

RoSaWay – On Your Way Up

La haute couture artistique

RoSaWay c’est aller loin dans l’exigence artistique. Dans leur musique, on sent tout d’abord 2 très bons musiciens. Flûte traversière et batterie,quelle drôle d’aventure et pourtant, ça fonctionne parfaitement avec des pointes electro. Les sons, la dextérité, l’utilisation que fait Rachel de cet instrument pour installer des univers est assez surprenante. Même recherche pour SteF qui a beaucoup vécu aux States. Les Drummies Awards l’ont classé dans le Top 5 des batteurs mondiaux (catégorie blues). Son toucher, la variété de sons et la richesse des rythmes tranchent beaucoup avec le côté mécanique d’autres musiciens. Il y a un son SteF et surtout une créativité vivifiée par le plaisir de jouer.

Une maîtrise technique qui ne vire pas à la démonstration, mais qui va juste à l’essentiel. La voix de Rachel est à la fois douce et puissante mais elle recherche la sobriété et l’efficacité, l’expression du son. Idem pour la batterie. Ce n’est pas la technicité qui prime mais comment créer l’osmose entre la voix et les sons qui gravitent autour. L’exemple parfait dans cette session réalisée à la maison, où la complicité humaine et musicale sonnent comme une évidence.


Les 5 titres de leur EP sorti en octobre prouvent la richesse de leur créativité. Une pop électro, influencée par le jazz, la soul music, le blues… Un côté très New Orleans aussi, la musique qu’ils aiment. Les 2 derniers titres s’enchaînent avec une rythmique très forte portée par 4 batteurs en feu. Mention spéciale sur cet EP éclectique et réussi pour le titre « Dreamer », entêtant et imparable.

RoSaWay – Dreamer

Signé par le label américain « Infinity Gritty », le duo RosaWay est assurément un groupe à suivre. C’est frais, élégant, ça sonne. Juste le plaisir de l’écoute.

Benoît Roux

ROSAWAY

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11 Déc

Gainsbourg, Daho, décryptage du dernier album de Jane Birkin

Jane Birkin n’avait plus sorti de disque depuis 2008. Grâce à Etienne Daho, elle renaît aujourd’hui artistiquement avec l’album Oh ! Pardon tu dormais… Tous les ingrédients de son mentor Gainsbourg sont là : orchestre classique, pop élégante, voix parlée chantée, clins d’œil à l’album mythique Melody Nelson. Décryptage d’une très bonne surprise discographique.

Jane Birkin et sa fille Kate Barry en 1982 lors du défilé Lanvin ©Tony Hage via MAXPPP

De l’aveu même de son co-auteur Etienne Daho, ce nouvel opus devait être un GRAND Jane Birkin. A l’écoute des 13 chansons, on peut le confirmer. A la fois respectueux de l’univers Gainsbourien, Daho réussit a redonner confiance à la chanteuse. Un disque noir -qui évoque entr’autres la perte de sa fille Kate en 2013- sincère et artistiquement très riche.

L’histoire de ce disque

Oh ! Pardon tu dormais… » c’est tout d’abord une fiction que Jane Birkin a réalisé pour Arte en 1992 , un téléfilm qui deviendra plus tard une pièce de théâtre. Plusieurs soirs, Etienne Daho est dans la salle. Il est séduit par les mots de Jane, sa sincérité.

Daho/Birkin, l’alliance paraît naturelle et artistiquement bénéfique. Etienne et Jane se connaissent depuis des années. Ils se rencontrent en 1986 sur une émission des Carpentier. Sur le premier album post Gainsbourg de l’artiste, on retrouve L’autre moi signé Daho. A plusieurs reprises, ils chantent en duo sur les titres de Serge. Le chanteur n’a pas besoin de changer de nature pour endosser le costume de l’Homme à la tête de choux tant les univers musicaux sont relativement proches. Daho connaît bien aussi Lou Doillon (l’autre fille de Jane). Il avait produit son premier album Places en 2012, un an avant la mort de sa sœur : la photographe Kate Barry. Daho était sans doute l’artiste idéal pour redonner confiance, traduire en paroles et musique le deuil d’un enfant, transformer le noir profond en gris plus clair.

La petite histoire retiendra que cet album sort 7 ans jour pour jour après la mort de Kate, 3 jours avant le 74ème anniversaire de Jane. 

Des nombreux clins d’œil

Le disque commence par quelques notes de piano identiques à celles de Heures Hindoues de Daho. Auto-citation discrète, mais pour le reste, c’est bien les citations et l’univers musical de Gainsbourg que l’on retrouve dans Oh! Pardon tu dormais. Etienne Daho va d’ailleurs à l’essentiel : les disques Melody Nelson et à un degré moindre L’Homme à tête de chou, 2 purs joyaux de la production de la maison Gainsbourg.

Jane Birkin – Oh! Pardon Tu Dormais

Daho et son complice Jean-Louis Piérot respectent parfaitement l’esprit et les arrangements de ceux qui les ont précédés : Michel Colombier, Jean-Claude Vannier, Philippe Lerichomme. Gainsbourg, c’est du classique classieux. Les producteurs ont fait fait appel à l’Orchestre National d’Ile de France et Les Petits Chanteurs d’Asnières pour des chœurs amples et aériens.

Le premier titre Oh! Pardon tu dormais est une chanson duo avec Daho avec des répliques à la Melody Nelson. L’un des deux titres en hommage à sa fille Cigarettes sonne piano déglingué à la Kurt Weil que l’on retrouve dans Elisa de Gainsbourg, une rythmique proche aussi de Nicotine. Le premier single Jeux interdits est une référence cinématographique chère à Gainsbourg, sur une rythmique Di Doo Dah.

 Jane Birkin – Les Jeux Interdits

Moins flagrants mais bien présents, les références à son premier mari, le compositeur John Barry. Déjà dans le titre Oh ! Pardon tu dormais… qui parle de cette période où elle passait son temps à l’attendre, en essayant d’attirer son attention. On retrouve dans l’album aussi du cymbalum, instrument cher au compositeur anglais que l’on entend dans Amicalement vôtre. Beaucoup de compositions aussi installent une atmosphère pesante à la James Bond.

Evidemment, Daho n’est pas en reste. On sent bien sa patte notamment dans certaines rythmiques comme sur le très beau titre Pas d’accord dont il est le compositeur. Très Gainsbourien dans le titre et le début puis très Daho avec le rythme de Philippe Entressangle qui est aussi son batteur.

Dans cet album, Birkin se livre sur des maux profonds, sans les mots de Gainsbourg, avec une sincérité et presque une impudeur désarmante. On la sent beaucoup plus à l’aise sur les titres en anglais comme le magnifique Ghosts, tous ces fantômes qui traînent encore et qui l’habitent toujours. Avec même un petit air de cornemuse sur A Marée Haute. Oui, son « vieux pays » comme elle dit, est toujours là.

La mélancolie magnifiée

Un retour, des choses personnelles, le deuil, cet album avait de quoi rendre sceptique même les fans de la galaxie Gainsbourg. Il s’avère être une très bonne surprise. Les 13 titres ne sont pas égaux et certains sont sans doute moins indispensables. N’empêche que ce disque tient la route avec des chansons de haute volée comme Max, Ghosts, Ta Sentinelle qui raconte le coup de foudre qui ne dure pas ou encore A Marée Haute avec une pop à l’image de Gainsbourg et Daho : élégante et sophistiquée.

Jane Birkin – Ta Sentinelle

A la fois fidèle à la production de l’artiste, mais parfois déroutant comme sur le titre Cigarettes, rythme entrainant pour évoquer le deuil, une voix qui cherche moins les aigus… Les surprises ne manquent pas et l’infidélité fait parfois du bien. Mention aussi à Jean-Louis Piérot qui a élaboré ce disque avec Daho dans les arrangements et les compositions. Le fondateur des Max Valentin avec Edith Fambuena (autre complice de Daho) signe plusieurs mélodies et arrangements remarquables comme Ta Sentinelle ou le titre qui clôt l’album Catch Me If You Can.

Jane Birkin – Catch Me If You Can

Oh! Pardon tu dormais compte parmi les très bonnes productions et les heureuses surprises de cette année sinistrée. La culture -comme Jane Birkin- sont dans le noir. Etienne Daho, Jean-Louis Piérot et Jane Birkin ont réussi le pari de mettre au clair cette mélancolie profonde. Un noir magnifié, artistique et élégant. Si le miracle se poursuit, Jane Birkin sera en résidence en mars prochain avant une tournée en avril. Resurrection for everybody .

ECOUTER Jane Birkin

Benoît Roux 

 

06 Déc

Yous MC et OZ, 2 rappeurs toulousains en live Facebook

Yous MC et OZ sont 2 rappeurs multi-influences empreints de poésie. Ils seront ce dimanche 6 décembre en concert livestream depuis la Médiathèque José Cabanis de Toulouse. C’est le webzine musical Opus qui co-organise ces parenthèses acoustiques.

Yous MC et Oz en concert live Facebook Photos : Remy Sirieix

C’est la 9ème édition des Parenthèses Acoustiques. D’habitude, c’est en public à la médiathèque José Cabanis de Toulouse. Ce dimanche 6 décembre 2020, ce sera la première parenthèse en live Facebook et Youtube. Le webzine musical toulousain Opus espère bien que ce sera l’unique parenthèse sans public dans la salle.

Les Parenthèses acoustiques

« Dans les Parenthèses Acoustiques, on cherche à valoriser des esthétiques musicales différentes. Ce serait facile de ne faire jouer que des projets folk. » Remy Sirieix veut promouvoir les jeunes pousses du terreau musical toulousain. Il a créé le Webzine musical Opus qui se décline désormais en « Focus d’Opus », un magazine mensuel vidéo.

Même esprit pour ces parenthèses musicales organisées avec Bibam qui assure la captation live et Nuance Records qui s’occupe du son. Ces deux entreprises sont spécialisée dans les captations pour les acteurs culturels. Nuance Records dispose d’un studio d’enregistrement mobile. Chaque artiste se produit environ 40 minutes. S’en suit une interview d’un quart d’heure des 2 artistes puis le set du second invité. Tout ceci sera filmé en direct et diffusé sur la page Facebook d’Opus Musiques, Bibam et les sites Facebook et Youtube de la Médiathèque José Cabanis. Rendez-vous ce dimanche 6 décembre à 15h pour profiter du live acoustique de Yous Mc et d’ OZ en direct ou en replay plus tard.

Yous MC et OZ : du rap poétique en live

OZ sera le premier à chauffer le micro. Derrière ces 2 lettres, Tristan, un magicien des sons révélé sous le nom d’OZ. déjà présenté sur ce blog.  « Dans mon métier, on m’a souvent fait comprendre que j’étais un provincial et qu’il fallait gommer mon accent, que l’on ne pouvait réussir qu’à Paris. Quand j’ai vu que KDD ou Bigflo & Oli pouvaient réussir dans d’autres conditions, ils m’ont donné un idéal. Je me suis dit que nous avions le droit d’y arriver ici. » Du rap aux multiples influences, mélodique, des sons qu’il crée lui mêmes, OZ a abandonné les starts-up et l’ingénierie pour vivre de sa passion.

OZ – J’sais pas

Yous MC est un peu de la même veine. Dans le webzine Opus, il se confiait : « Je suis un peu à part dans la musique, je suis un rappeur qui parle d’animaux et pas de benz, j’ai un imaginaire tout autre et beaucoup moins violent au final. J’ai une approche plus poétique et naturelle. Et à part par mes origines et là où j’ai grandi. Je navigue entre plusieurs eaux, campagne et street, très France mais en même temps bled, ca navigue constamment. »
Son rap est effectivement très imaginaire, on y croise souvent l’éléphant et d’autres animaux. Comme OZ, il se nourrit de multiples influences : soul, rap, hip hop et son écriture est très aiguisée.

Al’Tarba x Yous MC – Animal Etranger

« On a toujours voulu amener des projets hip hop… Dans la recherche de projets qui marcheraient en acoustique, ces 2 noms sont arrivés comme des évidences. Parce que leur rap est déjà très musical, porté par des instruments. Parce que leurs univers sont portés par une poésie qui peut créer une belle magie en acoustique, » déclare Remy Sirieix. Cet après-midi ce sera encore le cas. Une belle parenthèse pour faire oublier un temps aux artistes et aux mélomanes la difficile période que nous vivons.

OPUS

BIBAM

MEDIATHEQUE JOSE CABANIS

Benoît Roux

 

29 Nov

A Toulouse, une chanteuse veut montrer les voies de la voix

Audrey Marchal est une chanteuse lyrique qui vit à Toulouse. Elle est aussi coach vocal et conseillère de prise de parole en public. La voix c’est un tout, le reflet de l’âme. Elle souhaite explorer les différentes voies de la voix qui mènent à la confiance en soi.

Audrey Marchal © Chrisô

Son vœux le plus cher : se sentir utile. Ses moteurs : la curiosité, l’échange, le mouvement. Le chant lyrique est une passion comme une autre, presque un hasard dans son parcours humain et artistique. Rencontre.

De l’opéra à Science-Po en passant par Nathalie Dessay

Elle n’a que 14 ans lorsqu’elle devient pro du chant pour des chœurs d’enfants, puis des solos à l’opéra. « Je n’avais pas envisagé de partir sur la musique. C’était juste le plaisir de chanter. Un peu de pratique du piano aussi. J’étais programmée pour des études universitaires scientifiques ou une école de commerce pour devenir chef d’entreprise ou diplomate. » Une terminale au lycée Fermat à Toulouse et déjà le conservatoire pour des cours de chant. Sa professeur lui explique que le chant n’est pas compatible avec une classe préparatoire qui demande beaucoup trop de temps. Il va falloir choisir. Et ce sera… Sciences Po.

Elle est reçue en 2003. Le côté multidisciplinaire lui plaît. Les 2 domaines ne sont pas si éloignés que ça, elle y trouve des interconnections. En 3ème année, une convention doit être signée entre le conservatoire et l’Institut d’Etudes Politiques pour qu’elle puisse continuer. Car chaque année, comme pour les autres étudiants, sa présence au conservatoire peut être remise en cause. Tout peut s’arrêter. Pour son mémoire, elle choisit l’opéra. « J’ai interviewé des metteurs en scène et des solistes. J’ai dû faire le pied de grue à la sortie des opéras. Mais quel plaisir d’interroger des artistes comme Nathalie Dessay, Sophie Koch, Marcelo Alvarez, Emiliano Gonzalez Toro et des chefs comme Maurizio Benini ou Claus Peter Flor. Nathalie Dessay m’a beaucoup impressionnée. Elle est très naturelle et abordable. Elle est même venue m’écouter et m’a fait une lettre de recommandation » Elle mène de front ses études politiques et le chant. A la sortie de Sciences Po, elle intègre les chœurs supplémentaires de l’opéra du Capitole, pour accompagner les premiers rôles.

Elle passe une année à Nice au centre d’art lyrique de Méditerranée, obtient le diplôme de musique ancienne à Toulouse en suivant. Elle parle italien, espagnol, anglais et un peu d’allemand pour la prononciation. La voilà armée pour chanter l’opéra. 

Audrey Marchal & Orchestre Mozart (2019) – « Dulcissime » Carmina Burana de Carl Orff

La soprano colorature en quête d’humanité

« Je n’étais pas complètement préparée pour en faire mon métier. J’ai compris l’importance des relations humaines, des réseaux. J’ai pris du recul sur les auditions car parfois on vous rappelle 4 ans après. » François Dusser est devenu son agent artistique. Il a rencontré Audrey il y a 5 ans : « Elle m’a beaucoup plu de suite : sa voix, la clarté de la voix, son timbre léger, aérien, éthéré. »  Il est aussi marqué par la personnalité d’Audrey  :  « Je l’ai rencontrée plusieurs fois. Elle a beaucoup de force de caractère, très à l’aise sur scène. Elle dégage beaucoup de sympathie. Je me suis dit que ça valait le coup de la promouvoir. »  

Tellement à l’aise et chaleureuse que certains vont la voir à la sortie des concerts pour des cours de chants. Des aptitudes à occuper la scène comme pour transmettre son savoir. « Ce qui est nécessaire pour nourrir le chant, c’est l’état émotionnel de tous les jours et une posture physique d’ouverture, de disponibilité et de générosité. Je fais travailler l’art oratoire et la prise de parole en public. Le chanteur n’est pas seulement un artiste, c’est l’art de la scène, la communication avec le public. Ca nécessite un accord avec soi-même. Il faut prendre conscience que par l’état, la respiration, on peut dépasser ses peurs, tout en restant fidèle à soi. »

Süsser Trost (extraits), BWV 151 / Audrey Marchal / Marie-Emilie Gauffre / Tania Dovgal

Chanter, c’est aussi un équilibre. Percer dans ce milieu, suppose de sacrifier certaines choses. Audrey n’a pas voulu passer beaucoup d’auditions à Paris ou trop loin de chez elle. Sa famille est une priorité, une source d’équilibre. La carrière n’est pas une obsession. Elle s’est spécialisée dans la musique baroque pour son répertoire mais aussi en créant l’ensemble vocal « Carré de cœur ». On la voit sur plusieurs grandes scènes à Toulouse et dans la région. Elle interprète aussi les grands airs des sopranos colorature comme la « Reine de la nuit » de Mozart, « Lakmé » de Delibes ou les lieder de Richard Strauss. Son agent reconnaît que ce n’est pas toujours simple : « J’essaie de la faire connaître, qu’elle sorte un peu de la région. Quand elle aura accroché quelque chose, ça ira tout seul. » Audrey a perdu son statut d’intermittente mais elle a trouvé un équilibre. Elle s’est installée comme auto-entrepreneuse. Sa nouvelle activité complémentaire : coach vocal.

Du chant lyrique à la prise de parole en public

Audrey se lance dans une nouvelle voie avant le premier confinement : aider les gens à s’affirmer, prendre la parole sans avoir peur et sans renier sa personnalité. S’imposer dans une réunion, s’affirmer en public mais aussi au sein d’un cercle d’amis, le rapport à la voix peut être conflictuel. Elle vient de mettre à jour son site internet en ajoutant une nouvelle corde vocale. « J’aide les gens à se trouver pour occuper leur place dans l’espace sonore et spatial. Il faut d’abord se connecter à soi-même, ne pas jouer un rôle, savoir qui on est. » Se sentir utile, aider les autres, réparer des injustices, ont toujours fait partie de son ADN. A travers son parcours, elle peut trouver des ressources pour en faire profiter ceux qui en ont besoin. Son perfectionnisme devrait là-aussi donner de bons résultats. 

Toujours curieuse, la chanteuse aimerait tout concilier sans sacrifier un domaine. Plaisir de chanter, de transmettre et d’être utile. Le lyrique est toujours là. « J’ai vu beaucoup de personnes abandonner ce que leur avait apporté la musique. On passe notre temps à tout remettre en question. Ca me fait mal au cœur. » Pas question de céder à un quelconque fatalisme, ce n’est pas son genre. Toujours continuer d’avancer, de faire des choses. Elle passe beaucoup de temps à podcaster des émissions sur France Culture, visionner des choses sur Arte. La curiosité toujours en éveil, l’optimisme en étendard. Elle écrit aussi des contes, enregistre des histoires. Une quête infinie pour trouver les bonnes voies, être en paix avec soi, dans le chant comme ailleurs.

 

Le mouvement c’est la vie. Si on s’arrête pour la regarder, c’est fini.

AUDREY MARCHAL

AGENCE MICROLOGUS

Benoît Roux

22 Nov

A Toulouse, un artiste poète hip hop signé par un label américain

Rodin Kaufmann est un artiste pluriel. Comédien de formation, chanteur, rappeur, poète, rappeur, compositeur, beatmaker, graphiste, plasticien. Une diversité culturelle, un esthétisme qui se retrouve dans sa musique. Son premier album sortira en février, signé par un label américain. 

Photo extraite du clip « Leis Alas dau temps »

Il faut voir son art comme quelque chose de global : les sons, la musique, la poésie, l’engagement, le visuel. L’un ne va pas sans l’autre et fait de Rodin Kaufmann un artiste singulier. En 2015, paraissait « Ara », 6 pièces poétiques aux mots lyriques décollées par 6 musiciens qui franchissent les murs du sons, aux univers longs porteurs.  « Leis alas dau temps » (Les ailes du temps) le premier titre du nouvel album vient de sortir sous la forme d’un clip superbe. Rodin a gardé toutes ses particularités, ses richesses culturelles tout en les rendant plus accessibles avec cette nouvelle production qu’il a lui même réalisée.

Du hip hop poétique

« Les alas dau temps » est plutôt un morceau doux, mené par une voix légère, quelques sons cristallins comme des gouttes d’eau pour ponctuer. On sent d’emblée que la production est solide, le flow assuré, apaisé aussi. Ce pourrait être une berceuse, inspirée par une chanson traditionnelle « La nòvia » (La mariée). Une chanson de séparation, d’amour de loin cher aux troubadours (« Amor de lonh »). « Pour moi, les Troubadours sont les rappeurs du Moyen-Age. Leur lien avec la langue, l’excellence de leur écriture, la complexité aussi… ». Chez Rodin, les références à ces chanteurs poètes du Moyen-Age sont nombreuses. L’album qui sortira en février s’appelle « Pantais clus » (Rêve fermé, clos) en référence au « Trobar clus » des troubadours (Trobar : composer, écrire un poème).

Pour ce clip, Rodin Kaufmann a fait appel une fois de plus à Amic Bedel. D’ailleurs est-ce vraiment un clip, une fiction, une épopée, une allégorie ? Les pistes sont ouvertes. La réalité est obscure et la nature remplie de poésie. Ces « Ailes du temps » nous font passer les époques pour nous laisser suspendus au temps.

Rodin Kaufmann – Leis alas dau temps (Les ailes du temps) clip réalisé par Amic Bedel

 

Le film interroge, mélange les genres et les époques. En tous cas il captive. Rodin et Amic ont prévu de faire une vidéo explicative à ce premier volet d’une trilogie de clips consacrée à cet album qui sortira en février 2021. « Leis alas dau temps » se termine par les mots et la voix magnifique du poète occitan Max Rouquette. « On utilise souvent des samples dans le hip hop. Il y avait cet enregistrement de Max Rouquette des années 80. Le texte est puissant, la voix aussi. C’est une manière de le faire revivre.  » Dans cette œuvre empreinte de poésie, cet hommage vient conclure parfaitement le morceau avec beaucoup de solennité.

Photo extraite du clip « Leis Alas dau temps »

Comme souvent chez Rodin, les références et les univers sont multiples. On y voit un clin d’œil aux troubadours mais aussi à la nouvelle chanson occitane des années 70-80. On pense à Rosina de Peira, merveilleuse interprète de la chanson « La nòvia » qui a inspiré ce morceau. Il y a aussi une référence au monde Perse avec le Khorassan, source de l’amour, le lieu aussi où se sont rencontrés ses parents au Nord de l’Iran.

Un album à venir signé par le label américain Fake Four

Difficile de coller une étiquette sur la musique de Rodin même si la dominante est bien hip hop. Un ovni dans la production hexagonale, avec la barrière fatale de la langue occitane. Car forcément, l’occitan appartient au passé et ne doit pas exister dans les temps présent et futur des musiques actuelles. La lumière est donc venue des Américains. Le disque est déjà prêt, produit par Rodin. Mais qui veut s’aventurer à sortir un disque de musiques actuelles…en occitan ? Heureusement, Francis Esteve alias Cisco connaît bien Rodin, la musique et le milieu américain. C’est lui qui va aller dénicher le label alternatif Fake Four qui compte beaucoup d’artistes rattachés à une minorité. « J’ai trouvé une vraie famille musicale qui comprend ce que je fais. Fake Four va distribuer ce disque. Francis l’a écouté. Avec son label Dora Dorovitch, il touche l’international. « 

Photo extraite du clip « Leis alas dau temps »

Et les projets ne manquent pas. Un second titre « Rei de la luna » (roi de la lune) sortira le 6 janvier, avec des petits teaser vidéos pour l’accompagner d’ici-là. Pour l’avoir écouté, le morceau est superbe avec des chœurs et un flow poétique de toute beauté Le clip est déjà tourné, sur plusieurs lieux liés à l’enfance de Rodin. Le 10 février, l’album « Pantais clus » suivra sur les plateformes numériques et en sortie physique. Il y aura une version « deluxe » avec des mixs différents et 3 titres en plus. Un troisième clip « Pensarai en tu » (je penserai en toi) sera publié le 17 février pour clore la trilogie. Ce qui donnera lieu à un film d’une vingtaine de minutes avec les 3 clips, d’autres chansons et des morceaux en live.

En parallèle, Rodin travaille sur d’autres projets avec les Américains, notamment avec les indiens Navajos de l’Arizona. Il collabore également avec d’autres artistes de rap et de hip hop. En 2013, il avait enregistré ce clip à New-York avec Amic Bedel.

Rodin feat citizen chance – Indignats (Indignés)


Rodin bouscule les genres, fait voler les schémas classiques pour des créations transversales. Dans un monde d’uniformité, sa singularité interpelle. Le côté global et total de sa créativité aussi.

RODIN

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Label Fake Four

Benoît Roux

18 Nov

Shaken Soda réveille le live sur France 3 Occitanie

Le trio toulousain Shaken Soda est venu enregistrer 2 morceaux et un bout d’interview dans les studios de France 3 Occitanie à Toulouse. Une prestation survitaminée qui sera diffusée en janvier lors d’un nouveau programme numérique.

Shaken Soda dans le studio de France 3 Occitanie Photo : Benoît Roux FTV

De la pop rock bien léchée, vive, variée et vitaminée, voilà la marque de Shaken Soda. Le trio vient d’enregistrer un premier EP très remarqué. France 3 Occitanie les a repérés. Ils inaugurent un nouveau programme diffusé sur internet. En attendant d’autres groupes de la Région et d’autres nouveaux programmes. Car France 3 est lancée sur la voie de la régionalisation.

Un nouveau programme musical numérique dès janvier

Tout est parti d’un papier pour le blog musique sur ce nouveau groupe pop rock qui bouge sur Toulouse.

Bien avant le confinement, Fabrice Valéry Délégué aux Antennes et Contenus de France 3 Occitanie avait envie de réinstaller la chaîne sur des contenus culturels au sens large et sur des formes différentes de la télé traditionnelle.  Les musiciens en avant, pas de présentateur, juste un enregistrement en live avec une interview pour mieux connaître le groupe. « On n’était pas très présents sur les musiques amplifiées, l’électro pop, le rap… Nous avons voulu aménager un espace pour accueillir dans d’excellentes conditions acoustiques des formations musicales pour en faire un nouveau programme qui sera diffusé en janvier 2021 ». 

Lors de l’enregistrement de Shaken Soda. Photo : Benoît Roux

Le lieu, un studio de 450 m2 qui n’avait pas connu une telle agitation depuis belle lurette. Il a fallu démonter les anciens rails d’éclairages obsolètes, aménager un espace avec de hautes tentures noires, des portiques pour fixer éclairages et caméras. Côté vidéos, 4 caméras avec une unité de tournage smartphone à l’essai pour l’instant. Derrière les rideaux, la régie vidéo pour caler les lumières et les commutations de Gaétan Guétière à la réalisation. Une pièce plus loin, la régie son pour travailler un peu à l’écart.

Tôt ce matin, Olivier, Mikaël et Pierre ont posé leurs racks. Une foule de micros pour la batterie de Mikaël, l’ampli pour la basse de Pierre, les effets pour la guitare d’Olivier. Petit à petit, la chrysalide Shaken Soda sort du cocon pour mieux réveiller son monde. Pas de pression mais plutôt une bonne humeur communicative et quelques blagounettes.

Fin de matinée, interview sur fond vert, sans présentateurs. Les musiciens assis sur les flights cases et questions en OFF détendues. Shaken soda, c’est qui, c’est quoi?

Shaken Soda, pop-rock vitaminée sur voix haut perchée

Dans le shaker, 3 musiciens qui se complètent, 3 univers musicaux éclectiques. « Nous n’avons pas de style attitré mais des influences très différentes ». Paroles d’Olivier pour qui la référence, c’est Mathieu Chédid. Normal, il fait de la guitare… Mais il a fait le conservatoire de Toulouse pour le violoncelle. Pour Pierre à la voix si singulière qui réussit la gageure de passer au-dessus de la vague déferlante guitare-basse-batterie, aucune hésitation : Sting, Sir Paul McCartney et Claude Nougaro : « Le seul français qui m’attire vraiment ». Quand on l’entend frapper, aucun doute : Mikaël est bien un batteur rock.

Mikaël à la batterie avec Pierre à la basse Photo : Benoît Roux

Il n’en fait pas des caisses, mais il voue une admiration sans borne à Dave Grohl, batteur de Nirvana et chanteur de Foo Fighters. Dans ses baguettes, pléthore de groupes complètement différents : « Je suis dans un groupe qui s’appelle Line qui fait dans la pop. Conga Libre est plutôt salsa, le Funky Style Brass est une fanfare électro. Enfin je fais partie aussi de Panda’s Cover Gang qui fait des reprises de tubes des années 70 en fanfare. » 

Drapé dans un espèce de Pancho -il a fait pas mal de jazz manouche et de musique d’Amérique Latine- Olivier dégage une énergie insoupçonnable lors de son arrivée au studio. Il a mixé le 5 titres qui est sorti en octobre. « Notre identité c’est l’ouverture d’esprit ». Sous la gratte, on sent que ça peut exploser à tout moment et dans tous les styles.

Premier morceau : « My Barbarella » une fable sur un prisonnier qui compose une chanson pour s’évader. L’anglais, comme une évidence pour Pierre parti à Londres pour le parler correctement. C’est là qu’il a découvert la musique avec un pote écossais. Un peu de piano auparavant et désormais de la basse en autodidacte. Et cette voix un peu aigue, qui donne vraiment l’identité du groupe. Ca sonne british. On pense à Frantz Ferdinand, les Red Hot et Artic Monkeys.

Photo : Benoît Roux

Ca déménage grave, tout en énergie et équilibre. Dans l’envers du décor, les techniciens sons et images ont la banane. Le plaisir de faire une activité différente, de se mettre en danger aussi. Car des sessions live comme celle-là, elles sont plutôt rares à France 3. « On est dans l’expérimental, déclare Fabrice Valéry de France 3. Ce pilote que nous faisons aujourd’hui doit devenir contenu numérique récurrent. On se situe dans le cadre de la régionalisation de France 3 qui va commencer à se voir en 2021. On ne s’interdit rien. On va essayer de faire des choses pour tout le monde, un service à tous les publics. »

S’il y avait encore des indécis pour reconnaître l’intérêt d’un tel programme, le second titre « Complex identity » emporte le morceau. Une chanson anti-préjugés justement particulièrement efficace. C’est d’ailleurs le single qu’a choisi de sortir le groupe.

Clip Shaken Soda – Complex Identity

A l’issue de l’enregistrement, techniciens et artistes sont un peu vannés d’avoir tout donné. Compensé très vite par la joie d’avoir été les acteurs de cette expérience. On pourra voir tout ça en noir et blanc sur la chaîne YouTube et le site de France 3 Occitanie en janvier. D’autres groupes viendront. L’idée serait d’en faire un par semaine. En tous cas Shaken Soda aura bien secoué le studio de France 3 pour cette première. De très bonnes vibrations.

Shaken Sofa ! Photo Benoît Roux

Benoît Roux