28 Avr

Pour sortir du confinement : « across the universe » d’Al di Meola

Le brillant guitariste multistyles vient de publier un second disque dédié au répertoire des Beatles. « Across the universe » montre une fois de plus tout le talent de musicien et d’arrangeur du guitariste américain. Trop fan des Beatles pour esquisser une trahison; trop créatif pour s’en tenir à une simple copie. Si vous avez envie d’écouter un bon disque servi par un artiste hors-pair, cet album vaut le détour. Un voyage « A travers l’univers » des Beatles pour oublier le confinement.

« Across the universe » 2020 Ear Music

J’attribue vraiment aux Beatles la raison pour laquelle je joue de la guitare

L’hommage est clair et net. En 2013 déjà, Al di Meola sortait un premier disque au titre explicite : « All your life » consacré au Fab Four anglais. L’album était entièrement joué sur des guitares acoustiques, ici l’américain augmente sa panoplie en y jouant des guitares électriques mais aussi de la basse, batterie, percussions… C’est à la fois fidèle aux Beatles dans le son mais au final, ça sonne davantage Al di Meola tant les arrangements et les jeux de guitares sont personnels à l’artiste.

Il y aura toujours les inconditionnels (j’en fais partie) et les détracteurs. Ce disque ne changera pas la donne. Par contre si vous ne connaissez pas Al di Meola, c’est un bon moyen de le découvrir au travers des Beatles.

Un artiste qui dépasse les limites de l’instrument

Il existe d’autres grands, très grands guitaristes. Mais ils sont souvent cantonnés à un certain style musical. Pour Al di Meola, on oublie. Son disque le plus connu c’est « Friday night in San Francisco. Un Super Guitar Trio qu’il forme début des années 80.

Une période Flamenco assurée mais l’italo américain n’a pas fait que ça. Il a longtemps donné  dans le jazz-fusion avec Stanley Clarke et le Français Jean-Luc Ponty. Puis ce sera sa formation « World Sinfonia 2000 », certainement le moment le plus abouti de sa carrière où il reprend et s’inspire des morceaux d’Astor Piazzolla. Après un retour réussi à la fusion, il s’essaiera aussi il y a peu à la world music avec le « Morocco Fantasia » composé de musiciens traditionnels. Tout ceci fait d’Al di Meola un des plus grands guitaristes au monde et assurément le plus créatif.

« Across the universe » : tellement Beatles, tellement autre chose

Le maestro commence avec « Here come the sun » aux sonorités quasi conformes à l’original. Puis la machine s’emballe et comme souvent, il emporte le morceau ailleurs. Oui cet album n’est plus vraiment des Beatles mais Al di Meola ne pers pas son auditeur et donne toujours quelques repères dans les sonorités comme la guitare hindoue sonnant comme un sitar dans « Norwegian wood ». Mais ensuite, il se libère des références et élargie le spectre. Dans « Golden slumbers medley », guitares électriques et acoustiques dialoguent. L’américain fait la plupart des instruments mais sur cet album, il a convié le guitariste Hernan Romero qui jouait avec lui dans le « World Sinfonia 2000 », le trompettiste Randy Brecker, Fausto Beccalossi à l’accordéon et le surprenant Amit Kavithar qui joue des tablas indiens notamment sur « Norwegian wood » et sur « Strawberry fields forever ». Autant dire là-aussi que l’univers est large.

« Strawberry fields forever » extrait de l’album « Across the universe »

Bien sûr c’est sur les grands standards qu’on attend le musicien. Comme « Yesterday » au début très classique et qui sonne comme une étude avec les 2 guitares acoustiques qui jouent quasiment les mêmes notes. Même respect appliqué sur « Hey Jude » jusqu’à la partie finale où les chœurs  sont remplacée par une partie très free.

Un phrasé extraordinaire

Dans cet album, le phrasé du musicien sur les guitares acoustiques est sans équivalent. Une finesse remarquable avec une avalanche de notes pour mieux en extraire une au final. Ou encore ces changements de rythmes soudains, les crescendos/decrescendos qui se succèdent en une fraction de seconde. Sans que tout ceci -comme très souvent en jazz- ne tourne à la démonstration technique.

Interview sur l’album « Across the universe »

L’album est d’une grande richesse, l’apport des guitares électriques qu’il n’y avait pas dans le précédent Tribute to The Beatles vient rajouter une corde à ce foisonnement artistique très riche. Une pyrotechnie musicale totale avec une connaissance de l’instrument incroyable. Tout simplement un immense plaisir, y compris pour ceux qui ne seraient pas des inconditionnels des Beatles.

Bonus Track : 2 morceaux live du premier album de reprises des Beatles

Al Di Meola Beatles and More – « Day in Life and Elenor Rigby » (2013)

« Because » (2013)

25 Avr

Les nouveaux titres de l’album « Paz » avec Bertrand Cantat

Après le single « Ta peau » dévoilé la semaine dernière, la nouvelle production de Bertrand Cantat est parue le vendredi 24 avril sur les plateformes numériques. Ce n’est pas un disque de Bertrand Cantat mais un projet plus large travaillé depuis plusieurs années avec ses nouveaux musiciens et l’écrivain Caryl Ferey. Après le spectacle « Condor Live » à la fois lecture chantée et musicale, voici « Paz ». Une couleur plus poétique et beaucoup moins rock que sur les productions précédentes.

On y retrouve la même équipe : Bertrand Cantat (voix), ses complices Marc Sens (guitares), et Manusound (basse et machines) ainsi que Laul (Laurent) Girard (guitare, chœurs, basse, percussions). 

« Paz » est un roman de Caryl Feret qui se déroule en Colombie mais ce n’est pas une adaptation du livre. L’écrivain et le chanteur se sont rendus en Colombie pour imaginer cette œuvre originale. Sur les 7 titres, 3 seraient de l’auteur breton Caryl Ferey et 4 de Bertrand Cantat : « Babel », « La dune », « Fleur de bunker » et « Paix éclair ».

« Babel »

Un son qui tourne, des bruits au lointain, une guitare, des percussions… C’est l’ouverture qui précède les 6 tableaux. Le morceau de 7 minutes s’installe peu à peu. Des murmures… Puis, Bertrand Cantat se contente d’y poser le même mot décliné en plusieurs langues : Paz, peace, paix, pace, paci, patz, pau, shalom, etc… Un travail sur les sons. Pas de vrai texte mais des effets de voix qui s’amplifient et qui se fondent dans les nappes. Last but not least. Le denier…. le mohican : Anachemowegan. Paix.

« La Dune »

Son plus cristallin. Texte tout aussi désespéré et poétique. Les guitares qui grondent. Dénonciation des dérives modernes :

« Oh, construisons des digues et des palais refuges
Basta la vie volée, la vie privée de tout ce qui serait la vie

Repose-toi là, repose-toi, repose-toi là, repose-toi »

Ce texte est aussi signé Cantat. La chanson s’apaise à la fin. Un univers très personnel et la voix de Cantat toujours aussi expressive. Plutôt réussi.

« Diana »

Début du morceau qui fait penser au titre « Aucun express » de Bashung dans l’univers et la poésie. Le texte est aussi de Caryl Ferey :

Diana, prise dans ses rêves, s’endort et se relève
Toute fleur d’or et diamant, ramassée pêle-mêle
Un sourire assoupi sur l’oreiller à peine
Si je souffle, elle s’envole, l’infini à tire-d’aile

 

Univers un peu moins sombre. Même si :

Sous ses draps de paupières bleues  incognito
Princesse de sel sous la pluie bientôt ne sera plus
Qu’une traînée de poudre indigo
Je t’aime dans le désordre au revers de la horde qu’on fuit
A l’horizon, l’amour, combien de divisions

« Détruit / cassé »

Un son dur, rugueux cadencé de cordes. Les mots très courts de Caryl Ferey. Des sensations. Une voix parfois très proche du timbre de Brel. Une mise en abîme.

Clip « Ta peau » Conception vidéo : Emmanuel Brillet ©℗ A Parté

« Fleur de bunker », extrait de l’album « Paz »

Voix haute. Univers toujours grave et résonnant. De la douceur qui survient. Les mots toujours aussi beaux et poétiques de Cantat :

Enterre, déterre, la hache de guerre
On ne peut pas toujours s’aimer
Fleur de bunker, à votre bon cœur
Tout ira bien, tout ira bien
Berce-moi sans douces illusions
Accorde-moi la trêve quand pâlit la saison

Très beau morceau avec la voix de Cantat qui va chercher d’autres sensations. Un modèle d’interprétation et de mise en musique d’un poème. 

 

« Paix éclair »

Plus de guitares que de nappes sombres, c’est le morceau le plus rythmé, où la voix s’attarde le moins. Le texte est aussi de Cantat. Plus lumineux, même si les ombres et le vacarme sont toujours là. Et les messages bien envoyés.

De quelles ombres, soeur des hommes doit-on se recouvrir
Pour éviter les phares du bolide
Go fast, go and crash, escarabuya tutti…

Evidemment, on peut y lire des messages très très personnels:

A tous les points cardinaux transformés en points morts
Sortez des angles injurieux
Vous êtes douceurs assimilées quand la sphère vous absorbe et déglutit pêle-mêle des odyssées de charmeurs de serpents
Ce cœur finira par être au bon endroit et c’est partout nulle part
Et nulle part est amour qui hurle en tout lieu le temps d’une paix éclair

Cet album, comme les précédents, fera beaucoup parler. Malheureusement plus sur des à-côtés que sur sa valeur artistique. Elle est pourtant bien réelle et singulière. Les textes poétiques sont ciselés, sculptés, magnifiques, les univers sombres et obsédants. Pour certains fans de Noir Désir, il manquera l’énergie rock, les rythmes. D’autres découvriront peut-être la richesse créative de cet artiste auteur-compositeur-interprète hors du commun.

https://www.facebook.com/projetpaz/

https://www.instagram.com/projet_paz/

téléchargements

label a-parte

24 Avr

Nouveau miracle : les Rolling Stones apportent leur pierre au confinement

Les trajectoires sont assez similaires. Comme Bob Dylan il y a quelques jours, les dieux vivants du rock publient un morceau plus tôt que prévu. Si « Living in a Ghost Town » (Vivre dans une ville fantôme) a forcément des résonances de confinement, il met fin a une longue attente des fans (plus de 8 ans). Excepté des disques de reprises de standards de blues, comme Bob Dylan l’avait aussi fait récemment avec Franck Sinatra.

Un titre en attendant un album et la tournée reportée

Le No Filter Tour devait démarrer aux USA le 8 mai. Mais la quinzaine de date prévue a été reportée. Depuis plusieurs mois, Mick Jagger désormais confiné en Touraine et sa bande se retrouvaient régulièrement en studio pour enregistrer à Los Angeles. Dans une interview accordée à Apple Music, le chanteur et le guitariste reconnaîssent que « Living in a Ghost Town » a été écrit en 10 minutes, voilà plusieurs mois. « Les Stones étaient en studio pour enregistrer des nouveaux titres avant le confinement, et il y avait une chanson qui résonnait étrangement par rapport à la période que nous traversons en ce moment » indiquent-ils dans un communiqué de presse. Apparemment, le texte a été quelque peu retouché et les Stones ont décidé de le sortir prématurément. Hormis le côté prémonitoire des paroles, que vaut ce morceau?

Clip mis en image par Joe Connor avec images et photos de villes désertes : Londres, Los Angeles, Oslo, Toronto, etc…

« Living in a Ghost Town » : un bon vieux rock-blues

I’m a ghost/Livin’ in a ghost town/I’m goin’ nowhere/Shut up all alone/So much time to lose/Just starin’ at my phone/Every night I am dreamin’ that you’ll come and creep in my bed/Please let this be over, not stuck in a world without end, my friend

Des chœurs obsédants, Mick Jagger plutôt en forme vocale avec un harmonica bien affûté, le morceau est assez classique mis à part un break dub-reggae. La rythmique est aussi sans surprise, assurée par le métronome Charlie Watts et le toujours puissant et précis Daryl Jones. Les riffs des guitares de Keith Richards et Ronnie Wood assurent. Les claviers et les cuivres sont signés Matt Clifford, collaborateur régulier de Mick Jagger et des Stones. Pour la petite histoire, il a aussi arrangé et produit la musique de l’UEFA Champions League, le thème de la Coupe UEFA et joué pour Daniel Balavoine et Julien Clerc.

Ni du grand, ni du mauvais Rolling Stones. Moins surprenant que le nouveau titre « Murder Most Foul » d’un autre septuagénaire sur le retour (Bob Dylan). Pas de quoi augmenter l’impatience des fans. Mais en ces circonstances, tout est possible. « Linving in a Ghost Town » peut devenir l’hymne officiel du confinement.

Il nous aura permis de ré-écouter Charlie Watts avec une vraie batterie. Ce qui n’était pas le cas le week-end dernier pour la reprise de « You Can’t Always Get What You Want » à l’occasion du concert de charité One World: Together at Home organisé par Lady Gaga.

 

« Anda-Lutz » de Guillaume Lopez : les cultures en lumière

Il y a des disques pour lesquels on se sent de suite chez soi, en osmose. C’est le cas d’Anda-Lutz de Guillaume Lopez. Un disque où s’allient les musiques andalouse, arabe, occitane et jazz. Comme une évidence. Porté par un quatuor équitable de musiciens d’univers différents : Guillaume Lopez, Thierry Roques, Nicolas Gardel et Saïd El Maloumi. Une fusion enivrante, une invitation prenante au voyage et à la découverte.

Les lumières en avant

« Anda » (mouvement, en avant), « Lutz » (lumière du jour) est un disque énergique et lumineux. Comme en cuisine, il est toujours un peu périlleux d’associer des épices très différents. Ca demande en tous cas de la maîtrise. Ici, il y en a. Guillaume Lopez a été plutôt nourri aux musiques traditionnelles occitane et espagnole. Pour Thierry Roques c’est plutôt la variété (Francis Cabrel entr’autres pour l’album « Sarbacane », le bal avec son père accordéoniste lui aussi. Nicolas Gardel est très affûté et fait reluire les cuivres, Saïd El Maloumi trouve des résonnances aux percussions. On sent qu’ils ont tous longuement goûté des cuisines riches et qu’ils les ont parfaitement digéré.

On n’arrive pas à un disque d’une telle maturité par hasard. C’est un art culinaire où tout doit mariner, suer. Chacun étant l’exhausteur de l’autre, ne pas trop en faire, pas trop en mettre au risque d’annihiler les autres saveurs. Ca induit une intelligence musicale pour écouter l’autre, une fraternité pour lui faire confiance et qu’il puisse exprimer ce qu’il a de meilleur en lui. Sur Anda-Lutz, personne ne s’approprie la lumière, ni ne la cache. Les morceaux sont équilibrés, chacun porte son souffle et ses épices. Et tout finit par être lumineux : les cuivres rutilants de Nicolas Gardel, la voix ornementée et les flutes ardentes de Guillaume Lopez, l’accordéon flamboyant de Thierry Roques et les percussions radieuses et limpides de Saïd El Maloumi.

Un mélange de cultures avec des musiciens haute-couture

J’ai déjà évoqué la génèse de ce projet lié à la Méditerranée. A l’écoute de l’album, l’alchimie fonctionne et on ne sait plus qui est qui : l’occitan, le marocain, l’andalous, le jazzman, l’accompagnateur en gammes. Premier morceau après l’introduction : « Su memoria Su destino », sa mémoire son destin. Et sans mémoire, sans racines, on ne peut pas s’envoler vers son destin. Guillaume Lopez a fait le texte, Nicolas Gardel la musique. Mais dans ce disque, chacun met la main à la pâte. La compo d’après est signée Thierry Roques : « Sueño de Launac ». Un morceau enlevé, enflammé parfois, un dialogue flute-accordéon-cajon presque flamenco signé Saïd el Maloumi.

Anda-Lutz « Su Memoria, Su Destino » – Cie Guillaume Lopez Réalisation Amic Bedel

Tantôt en occitan, tantôt en castillan ou même en français, c’est Guillaume Lopez qui assure le chant. D’une voix chaleureuse, qui monte parfois haut, ample et maîtrisée, dans la douleur comme dans la joie. Guillaume Lopez a énormément progressé au niveau vocal. Son chant, il l’assume, ses appogiatures sont maîtrisées et justifiées. Il a désormais le « duende » des grands chanteurs qui ont « lo fuòc ». Et les instrumentistes ne sont pas en reste.

On connaissait déjà Guillaume Lopez sur les chemins arabo-andalous (Sòmi de Granadas, Med’in aqui, Tres vidas) mais beaucoup moins sur le registre jazz. Nicolas Gardel apporte une couleur qui manquait un peu à son répertoire. Un trompettiste au pedigree impressionnant (David Sanborn, Riccardo Del Fra, Glenn Ferris ou Chris Potter, Ibrahim Maalouf…) il s’intègre parfaitement au projet. Il est vrai que ses racines sont en partie ariégeoises.

Enregistrement de l’album au studio Elixir. Ingénieur du son Alfonso Bravo

Le disque étant très rythmique et assez « groovant », Thierry Roques est à son aise. Les sonorités de son accordéon sont belles, parfois bandonéon, parfois avec des beaux passages de basses, le tout avec beaucoup de finesse et d’intelligence. Avec de belles envolées comme sur le titre « Douceur pour 2R ».

Saïd El Maloumi est un maître des percussions. Pas celles de son pays (le Maroc) mais plutôt le cajon espagnol, il troque le bendir pour le daf ou le zarb iraniens. Il a appris la musique au contact de son frère Driss, virtuose du oud avec lequel il forme un trio. Une famille de musiciens qui souhaite amener sa musique dans une autre dimension. Un jeu subtil qui joue dans les nuances et sur les couleurs.

Des moments éclairés

La première fulgurance que j’ai ressentie en écoutant le disque, c’est avec le morceau « Aure ». Un instrumental agrémenté de choeurs à la fin que l’on doit au gascon Christian Vieussens, un habitué des mélanges de culture et de cuisines épicées. Le morceau est magique, le voyage extraordinaire. De la vraie musique arabo-andalouse, retenue puis sublimée par les cuivres de Nicolas Gardel, emportée par flutes, l’accordéon qui pousse, les percussions qui séquencent les ruptures, dans un final festif façon nouba.

« Aure » de Guillaume Lopez Album « Anda-Lutz »

Il y a ces clins d’œil. Un hommage à Amine Tilioua jeune virtuose du violon arabe, élève en musiques traditionnelles de Xavier Vidal, décédé brutalement il y a un an. Avec « Palancas » (passerelle), Guillaume Lopez salue l’artiste avec lequel il a souvent travaillé, notamment pour « Med’in aqui » à l’Estivada 2015. Autre main tendue, celle au poète et grand humaniste Alem Surre-Garcia. Guillaume Lopez dit l’un de ses textes « Revolum de posca » (tourbillon de poussière). Un poème émouvant, empreint de sensations qui s’attardent sur les détails et sur les manques. Le morceau se termine par une fanfare prenante à faire rugir Emir Kusturica.

Tout aussi poétique; le texte de Guillaume Lopez « Coûte que coûte », un autoportrait rempli de sens sur une musique du compositeur espagnol classique Frederic Monpou.

Sur le chemin J’y vois sans doute La fuite de ce train-train Coûte que coûte….S’égarer pour découvrir le lointain. Mets-moi un peu de cumin … Regardons un peu plus loin Que d’habitude, Ne restons pas dans nos coins … Ouvrons la route

« Jamei Jo non veirèi » de Guillaume Lopez album « Anda-Lutz »

Enfin le summum du disque, l’apothéose : la reprise de ce traditionnel occitan-gascon « Jamei Jo Non Veirèi ». Un morceau lent comme Guillaume les aime. Une piste d’atterrissage pour ses envolées vocales tel un muezzin à la prière. Nicolas Gardel a mis plusieurs couches de trompettes, un son entre l’harmonium et l’orgue où se glisse l’accompagnement main gauche de l’accordéon. Un morceau splendide, une interprétation de très haute volée qui se termine par la respiration, le bourdon de la boha (cornemuse). Frissons et chapeau bas.

Anda-Lutz, comme une belle et grande nouba des cultures, où chacune est à la fête.

Site de Guillaume Lopez

Chaîne YouTube de Guillaume Lopez

 

23 Avr

Miracle du confinement : le retour du prophète Bob Dylan

Quasiment muet depuis son dernier album de créations en 2012, tout honoré d’un prix nobel de littérature, Bob Dylan avais juste prêté sa voix pour des reprises. Hasard ou miracle du confinement, depuis sa demeure de Californie, le Révérent Bob revient avec une odyssée prenante de 17 minutes « Murder Most Foul » et une seconde nouveauté publiée il y a quelques jours : « I Contain Multitude ». 2 morceaux sous forme d’hommage à des disparus prestigieux qui laissent présager le retour du prophète troubadour.

« Murder Most Foul », une odyssée habitée d’illuminations poétiques

« Ce sombre jour à Dallas, en novembre 63 Un jour dont nous vivons à jamais l’infamie »

Sur une accroche grave de violoncelle à peine éclairée de quelques notes de piano, ainsi débute par ces mots la longue litanie du révérent Bob . Au moment de l’assassinat de JFK, jour où l’Amérique toute entière vacille. Un épisode sombre de l’innocence perdue. De sa voix nasale de canard grippé, il égraine façon « talking blues » pas moins de 164 vers sur les traumas d’une nation. L’occasion de saluer des héros disparus, l’apocalypse selon Saint Bob.

Sans couplet ni refrain, comme une homélie sombre limite sépulcrale, il salue les spectres des chers disparus, dans un paysage sonore délicatement tissé par un piano, un violoncelle et quelques percussions. Un flot de paroles et de poésie qui aurait pu s’avérer long (17 minutes) mais qui ne l’est pas car la tension tragique jamais ne retombe, servi par une voix sans fioriture et un accompagnement musical à la mesure.

Assurément du grand Bob Dylan comme rarement entendu récemment. Les Américains ne s’y sont pas trompés. A presque 79 ans et pour la première fois de sa carrière, Bob Dylan s’est classé N°1du Billboard américain. Le single est arrivé en tête du classement des ventes digitales rock avec 10.000 téléchargements.

« I Contain Multitudes »

 « Je suis pétri de contradictions, je suis d’humeur changeante »

Moins long et moins prenant, « I contain multitudes », le second morceau que vient de publier Bob Dylan depuis le confinement. Toujours aussi mystérieux, l’artiste indique qu’il l’a écrite « il y a quelques temps »… on ne sait quand!

Le titre est tout aussi minimaliste, peu d’instruments, pas de véritable structure, place à la poésie. Là aussi, il digresse dans le passé aux références multiples en parlant de William Blake, Edgar Allan Poe, Chopin, Beethoven, mais aussi les Rolling Stones et Indiana Jones!


Perso, je trouve ce morceau moins intéressant dans l’intensité et la finesse des arrangements mais supérieur aux dernières productions de l’artiste.

Sur son site, Bob Dylan salue ses fans, exprime sa gratitude pour leur soutien et leur loyauté à travers les années. Après des temps de disette, l’attente n’aura pas été veine. Ces 2 titres annoncent des jours meilleurs.

21 Avr

Guillaume Lopez, l’artiste vagabond en équilibre

Malgré son jeune âge, Guillaume Lopez a plusieurs décennies de pratiques musicales derrière lui. Dans quelques jours il sortira son nouvel album « Anda-Lutz ». Pas loin d’être le 20ème… peu importe le nombre mais quand même. Un disque qui réunit à part égales les musiques qui l’ont toujours porté : occitane, andalouse, arabe et, petite nouveauté : jazz. C’est dire l’éclectisme de l’artiste. Un musicien vagabond, qui se nourrit des autres, toujours dans l’équilibre. Rencontre.

Guillaume Lopez et les musiciens d’Anda-Lutz. Photo : Amic Bedel

Anda-lutz, génèse du projet

Guillaume Lopez a toujours été un artiste en recherche, curieux des rencontres et des enrichissements qu’elles procurent. En l’occurrence, nous sommes en 2006 et le projet « Sòmi de Granadas » avec l’accordéoniste Thierry Roques. Un parcours musical qui fait le lien entre Grenade-sur-Garonne et Granada en Andalousie. 2017, coup de fil du Conseil Régional d’Occitanie. L’idée : réunir un artiste d’Occitanie et un autre du Maroc. « Je connaissais déjà le musicien percussionniste Saïd El Maloumi. Nous avions fait une création à Cahors avec lui mais aussi Xavier Vidal, Thierry Roques, Dominique Regef et d’autres. » Les artistes ayant peu de temps pour répéter, ça allait faciliter les choses. Un seul spectacle à l’Institut français au Maroc à convaincu la présidente de région. « Il faut continuer », paroles de Carole Delga.

Teaser création du projet Anda-Lutz

Novembre 2018, 4 artistes se retrouvent au Maroc pour parfaire le projet. Il y a Guillaume bien sûr, Thierry Roques, Saïd El Maloumi et le jazzman Nicolas Gardel. « A l’âge de 8 ans, nous étions ensemble à l’harmonie de Tournefeuille. On s’est côtoyés pendant 10 ans. J’avais envie de rajouter une couleur jazz à ma musique, j’ai de suite pensé à lui. Je connais bien Nicolas. Il est toulousain et sincère. C’est aussi un musicien qui crée et qui sait se mettre au service d’un projet.  » 

Les 4 musiciens au Maroc. Photos Amic Bedel

Avril 2019 la saison culturelle Occitanie-Maroc s’annonce. Les musiciens se produisent pour une date au Palais du Méchouar de Casablanca et d’autres dans différents instituts français du Maroc. « C’était très bien. De ne pas jouer devant un public conquis c’est enrichissant. Et puis l’ambiance, extraordinaire! »

C’est devenu le projet phare de la compagnie Le CAMOM (Collectif Artistique et Musical Occitanie Méditerranée) de Guillaume Lopez. Octobre 2019 : résidence à la scène nationale d’Albi. L’album s’enregistre avec le fidèle ingénieur du son Alfonso Bravo au studio » Elixir » proche de Toulouse. « Nous avons enregistré une base live puis des nouvelles prises pour compléter, corriger. C’est Nicolas Gardel qui à réalisé l’album. »

Il sortira sur les plateformes de streaming vendredi 24 avril et sera chroniqué sur ce blog.

L’œil d’Alem Surre-Garcia, l’oreille de Christian Vieussens

« Depuis 2004, je suis sur la dralha avec Alem Surre-Garcia. C’est mon moteur intellectuel. »Pas plus grand spécialiste et grand vulgarisateur au sens noble du terme qu’Alem Surre-Garcia sur les relations arabo-occitanes. Ensemble ils ont tissé ce lien historique et culturel entre l’Occitanie et le Magreb via l’Andalousie. Idéologiquement pertinent, musicalement évident. Ce cheminement a nourri Guillaume, lui a permis d’assumer ses racines andalo-occitanes et ses aspirations. « J’ai toujours voulu mélanger les musiques du monde -y compris l’occitan- à des musique improvisées. Manu Théron fait ça aussi. La musique occitane n’est pas plus ni moins importante. Les musiques sont au même niveau. »

 

Christian Vieussens, président de la compagnie de Guillaume Lopez (Le CAMOM dans le Gers) a lui aussi toujours voulu mélanger les cultures en respectant leurs identités. « Je m’identifie beaucoup à son travail, sa recherche sur le pifre (fifre) gascon. Nous sommes flutistes tous les deux. Son contact m’a ouvert beaucoup de chemins. »

Avancer sur les chemins pour découvrir l’autre, s’enrichir, sans trahir, Guillaume Lopez ne s’est jamais arrêté. Tel un vagabond en quête de musique, tantôt en Andalousie, Occitanie, Magreb, Chine et maintenant  en Argentine pour des productions à venir. « Ce qui me touche, ce sont les gens qui ont une forte personnalité musicale et qui sont sincères. Pour faire quelque chose non pas qui me plaît mais qui me ressemble. »

Avec Anda-Lutz, le vagabond de la musique a trouvé son équilibre. Et ça s’entend.

Bonus Track : extrait live du spectacle janvier 2020

20 Avr

Un Printemps de Bourges imaginaire avec 2 artistes d’Occitanie bien réels !

Pépinière pour faire éclore de jeunes talents à coté des confirmés, le Printemps de Bourges se réinvente en mode virtuel confiné. « Le Printemps Imaginaire » nouvelle version aura bien lieu dès demain, non pas à Bourges mais sur les réseaux sociaux et dans certains médias notamment sur les antennes de Radio France. Des artistes ont répondu présent comme Alain Souchon, Catherine Ringer, Yael Naim, Jeanne Added, Tryo, Jeanne Cherhal, ou encore Renan Luce… Mais plus de 70% de la programmation est faite avec des musiciens et chanteurs émergents. Parmi eux, 2 artistes d’Occitanie Alicia et Oordaya qui ont passé les sélections régionales. 

Programmation du nouveau festival

Alicia et Oordaya : 2 femmes d’Occitanie qui rêvent en grand

Ils sont plusieurs milliers de groupes à postuler. Mais peu sont les élus à passer les épreuves de sélection pour avoir leur nom sur les affiches du festival catégorie « Inouïs ». Candidats en région, sélectionnés par elle, parfois ils ne sont malgré tout pas retenus pour la scène. Cette année, malgré le contexte, Alicia et Oordaya, 2 femmes d’Occitanie se retrouve dans la programmation.

En premier Alicia, une toulousaine qui a chanté sous le pseudo Aliyas en référence à Alicia Keys.

Alicia. Photo site Printemps de Bourges

Le site du festival la présente ainsi : « Alicia… chante avec une maturité déroutante pour son jeune âge et une voix chaude qui caresse l’oreille. Entre rap, pop et r’n’b, elle oscille avec agilité entre reprise de Damso et poignant appel à l’aide de femme victime de violences ». La scène de Bourges, elle s’y préparait. Les événements en ont décidé autrement. Faute de scène, place à l’imaginaire. Elle a envoyé au festival une chanson inédite. 

Même situation pour la jeune Oordaya, 19 ans. Cette artiste française d’origine algérienne a déjà 1 mini album et des vidéos à son actif. Un deuxième EP devait sortir en avril.  Une atmosphère planante, dans l’air du temps, Oordaya (la fleur) a déjà beaucoup d’assurance.

Oordaya – Listen

 

Pour le festival, elle a réalisé une vidéo pour se présenter au public confiné.

Oordaya. Photo : site Printemps de Bourges

Pour Rita Sa Rego qui s’occupe de cette programmation jeunes talents : « On étudie la possibilité d’offrir une scène à tous ces lauréats régionaux. Cela pourrait avoir lieu fin août ou début septembre à Bourges. Tout dépendra des conditions sanitaires à ce moment là. Ce serait le Printemps mais autrement. »

Un printemps de Bourges ré-inventé

Artistes mais aussi festivaliers sont invités à faire preuve d’imagination. Lives, chroniques, illustrations, et même danses et playbacks pour les spectateurs, tout le monde à carte blanche pour un printemps plus verdissant encore ! et leurs œuvres sont offertes à tous sur nos réseaux sociaux ».

Vous êtes même sollicités si le cœur vous en dit pour faire des chorégraphies sur des thèmes imposés.

MARDI : « Y’a le printemps qui chante » de Claude François
MERCREDI : « Mojo » de -M-
JEUDI : « Khapta » de Heuss l’enfoiré
VENDREDI : « La banane » de Philippe Katerine
SAMEDI : « Le Temps est bon » de Bon Entendeur
DIMANCHE : « Les planètes » de Matt Pokora
Vous avez jusqu’à la veille 12h pour envoyer vos vidéos à l’adresse : communication@printemps-bourges.com

Tous les jours à 18H, une vidéo collective sera diffusée sur les réseaux sociaux.

Le service public va répondre présent avec les antennes de Radio France : les France Bleu, FIP, France Musique, France Culture. Dès ce soir 20H, le Printemps de Bourges  sera sur France Inter avec un best of des éditions précédentes. Vendredi, concert confiné de la chanteuse Izia (Higelin) et du DJ Rone. Le Mouv quant à lui proposera des soirées rap, mercredi 22 et jeudi 23 avril.

18 Avr

Mon conte de Monte-Cristo. Hommage à Christophe.

Un brin solitaire, une once dans la lumière, tel était Daniel Bevilacqua : Christophe, prince de l’élégance, apôtre chic de la nonchalance. Bevilacqua, né à Juvisy mais aux assonances corse et italienne. Je voudrais lui faire cet hommage sensible, si possible différent; comme il l’était. Je l’imagine corsaire de la musique, sur la petite île de Monte Cristo. Capitaine atypique d’un bateau bardé de claviers, toujours prêt à faire une embardée pour des territoires nouveaux. Voici mon conte de Monte-Cristo.

©PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/Alexandre MARCHI via MaxPPP

Ca fait bien longtemps que Christophe à quitté Aline et autres Marionnettes yé-yé. Pour moi Christophe ce n’est pas ça, juste un moment de jeunesse avant de trouver sa vraie identité. Un Paradis perdu qu’il faut un jour quitter, entendre une dernière fois ses idoles Eddie Cochran, Gene Vincent… C’est assez étonnant le décalage qu’il y a eu longtemps entre certaines de ses chansons un peu faciles, presque kitchs, et sa personnalité sophistiquée, élégante, perfectionniste.

Christophe c’est le maître du son, chantre des nappes synthés, des atmosphères sonores, scrutant les horizons jusqu’aux profondeurs des abysses. Tel un Manset ou Bashung, il a chez lui la nostalgie de paradis perdus, une quête poétique inassouvie.

Ses paysages sonores sont à l’infini, des univers, où se raccrochent des mélodies. Oui c’était un grand mélodiste, la note juste, sans excés. Un interprète aussi, de sa voix fragile et désabusée, sur les cimes des crêtes, funambule en détresse. En quête d’amour, de sensualité sur des terrains glissants et aux contours déroutants. Comme le morceau J’lai pas touchée en touches sensorielles.

Des titres trompeurs qui cachent des lettres poétiques un brin désabusées comme cette supplique à la princesse Stéphanie Ne raccroche pas. L’amoureux des voitures a parfois frôlé la sortie de route sur des mots faciles, mais la force de sa musique l’emporte souvent. Tel un autre grand mélodiste : Michel Polnareff celui de Lettre à France ou Goodbye Marylou. Comme marieur de notes, Christophe est moins à l’aise dans les rythmes avec des batteries souvent prétexte et des basses improbables.

©PHOTOPQR/LE PARISIEN : OLIVIER LEJEUNE JEAN-MICHEL JARRE ET CHRISTOPHE (CHEZ LUI) via MaxPPP

Il a souvent confié ses mots à Jean-Michel Jarre (Les mots bleus, Paradis perdus, Senorita…) mais aussi à Boris Bergman, souffleur de mots, l’auteur des premiers Bashung. Parfois il les a abandonnés pour des morceaux presque sans paroles, des onomatopées. Il y a eu aussi ce Paradis retrouvé, en yaourt anglais ou les mots n’ont plus de sens mais juste une forme et du son.

Une œuvre souvent sombre et belle ou rien n’est certitude ou tout est amplitude. Impossible d’y coller des étiquettes, si ce n’est celle d’un dandy aux commandes d’un OVNI pour des expérimentations en tous genres. Sa parole est pesée, rare. 

Album « Aimer ce que nous sommes »

En 2008, il sort un pur bijou sonore Aimer ce que nous sommes, disque magnifique, splendide dans sa diversité, sa quête des sons aux guitares déchirées. Un travail de longue haleine où l’on retrouve les plus grands musiciens mais aussi Isabelle Adjani, Daniel Filipacchi ou son ami, celui qui l’a découvert et l’a produit : Francis Dreyfus. Un disque aérien, grandiose où les genres se croisent et s’entrecroisent. Sans doute la consécration, la constellation parfaite. 

Quatre plus tard, sa production ultime, il nous laisse avec Les vestiges du chaos. L’équilibriste funambule a fini par tomber. Le capitaine des claviers vaisseaux est parti sur un autre ilôt.

Il y aura toujours mon île du comte de Monté Cristo. Une île que l’on aime retrouver, se réfugier et se perdre pour d’autres voyages. Ciao belissimo!

Photo : MaxPPP

Bonus Track : le making off de l’album Aimer ce que nous sommes

Le périple musical de cet album magnifique. Où l’on voit tout le travail de recherche de l’artiste.

17 Avr

Un nouveau disque, bientôt un film, David Bowie toujours dans l’actualité

Aujourd’hui sur les plateformes de streaming, on peut écouter un nouveau Bowie. Pas de nouvelles chansons mais une version unplugged inédite des titres qu’aimait bien l’artiste. 9 morceaux diffusés par la BBC en janvier 1997, pour ses 50 ans. Par ailleurs des images du film consacré à la pop-star et réalisé par Gabriel Range ont été dévoilées.

ChangesNowBowie nouvel album de David Bowie

Les 50 ans de Bowie

Nous sommes en 1997. Avec plus de 20 albums studios à son actif dont le dernier « Earthling », David Bowie fête ses 50 ans. Sur la scène du Madison Square Garden de New York, l’artiste est avec Lou Reed, Robert Smith, Sonic Youth, Frank Black et d’autres invités. Deux mois plus tôt, le Thin White Duke ( personnage scénique crtéé par Bowie) répétait pour l’événement avec la bassiste Gail Ann Dorsey, le guitariste Reeves Gabrels et le claviériste et programmateur batterie Mark Plati. Neuf titres de cette répétition sont alors enregistrés en version accoustique comme c’était tendance à l’époque. L’album s’ouvre sur « The Man Who Sold The World« , un titre ayant connu un regain d’intérêt avec la reprise acoustique chantée par Kurt Cobain pour le « Nirvana Unplugged in New York », enregistré en 1994. 

 La voix de Bowie, la basse de Gail Ann Dorsey

Unplugged oblige, les morceaux sonnent différemment. Sur The Man Who Sold the World, ce qui frappe en premier lieu c’est la voix magnifique de maîtrise de Bowie et la basse toute en douce puissance de Gail Ann Dorsey qui assure le tempo, et parfois même la voix comme sur Aladdin Sane

Deux classiques du répertoire de Bowie. Vient ensuite une reprise musclée du White Light/White Heat du Velvet Underground où s’illustre la guitare punchie de Gabrels. Classique mais plutôt réussi. La production est intelligente et l’équilibre entre chaque instrument bien respecté pour servir la voix. Exemple, Shopping For Girls extrait du deuxième album de son groupe Tin Machine. Sur cet album « ChangesNowBowie » on retrouve aussi Lady Stardust dans une très belle version où la sobriété concourt  avec l’émotion, porté par la voix de Bowie et des chœurs efficaces. Tout aussi performant, les morceaux The Supermen et Repetition avec une vidéo diffusée il y a quelques jours.

Mine de rien c’est le témoignage en 1997 de 30 ans d’une carrière riche et éclectique. L’album se termine par 2 versions assez émouvantes d’Andy Warhol et du superbe Quicksand, mon morceau préféré du disque.

Un autre disque pour juin 2020

Le disque est disponible en téléchargement, en attendant la version « physique » annoncée pour le 20 juin. D’autre part, une autre disque live est annoncé pour la même date. Il s’agit de « I’m Only Dancing », enregistrement du « Soul Tour 74 » jusqu’alors inédit en disque même si des versions pirates ont circulé. Il s’agit d’un double album (deux vinyls ou 2 CD) compilant un concert donné à Detroit en octobre 74.

Des images inédites de Stardust le film de Gabriel Range

David Robert Jones fait aussi l’actualité cinématographique. Le film « Stardust » n’est pas un biopic dans la lignée des films dédiés à Queen ou plus récemment Elton John. Le fils de Bowie confirme qu’il n’y aura pas de chansons de son père tel que le film est prévu à l’heure actuelle. La famille de Bowie n’a pas donné son accord pour ce film réalisé par l’auteur de documentaires Gabriel Range. Tourné dès juin 2019, c’est à l’acteur et musicien britannique Johnny Flynn que revient la lourde tache de faire revivre Bowie. Les premières images ont été dévoilées cette semaine.

Le film retrace une période bien précise de David Bowie, celle de son premier voyage aux USA en 1971. Bowie n’a que 24 ans. L’album The Man Who Sold The World » est sorti un an auparavant. Space Oddity existe aussi et le 5 ème album Ziggy Stardust n’est pas loin. D’où le titre du film.

Après un EP intitulé « Is it Any Wonder? » sorti en février, plus de 4 ans après sa mort, David Bowie est toujours dans l’actualité.

16 Avr

« Ta peau » nouveau single de Bertrand Cantat en attendant l’album « Paz »

Le nouveau single de l’ancien chanteur de Noir Désir Bertrand Cantat est sorti ce mercredi. Un titre court co-écrit avec l’écrivain breton Caryl Ferey. L’album « Paz » sortira la semaine prochaine le 24 avril.

Le morceau est court mais intense. Une ballade noire aux sons stridents portée par le souffle de la voix de Cantat et la sobriété créative des musiciens qui font cogner les mots de Ferey.

Ils essuient leurs mains dans des torchons de sang

Comme les abeilles agonisent comme ça en passant

Des cadavres par dizaines au pied des fleuves

Toutes tiges dehors sous le regard des miradors

Pour l’impunité, ma chère, il faudra se lever tôt

Ya les mouches qu’on nous laisse

Les promesses qui nous baisent

Mais de bas en haut, de bas en haut, ta peau

La chanson a été publié par l’écrivain sur sa page Facebook. On y retrouve Bertrand Cantat (voix et chants), ses complices Marc Sens (qui a accompagné Miossec et Yan Tiersen), et Manusound (basse et machines) ainsi que Laul (Laurent) Girard (guitare, chœurs, basse, percussions). 

Le chanteur et l’écrivain n’en sont pas à leur première collaboration. Cantat avait fait une lecture chantée d’un roman de Ferey « Condor ».

« Paz » (Paix) est aussi le titre d’un roman de Ferey mais l’album qui sortira la semaine prochaine n’est pas une adaptation. C’est une création des 2 artistes inspirée d’un voyage en Amérique du Sud.

« Ta peau » premier single puissant et incandescent, laisse augurer un album de bonne facture pour Bertrand Cantat.