29 Juil

Découverte : un artiste de Toulouse au talent multiple

Il n’y pas l’ombre d’un doute, ce jeune artiste a du talent. La vingtaine tout à peine, Lombre a tout pour réussir. Il a un style particulier très poétique entre « spoken word », rap, électro et quelques effluves de rock. Il a su s’entourer de personnes qui ont de l’exigence et qui ont  l’ont compris. En septembre, il sortira son deuxième EP « La lumière du noir ». Parmi les 6 titres, Lombre rend un hommage remarqué au maître du Noir : Pierre Soulage. Son flow est personnel et inspiré.

Photo : Facebook de l’artiste

La recherche de l’exigence

Dès la première écoute, on saisit le potentiel : Lombre vous envahit et s’empare de vous. Tout d’abord le flow, prenant et poétique. Des textes délivrés sans pathos, sans le nombrilisme d’un artiste qui s’écouterais trop. Il sait écrire, il a fortement progressé en terme de chant posé et parlé, ses sons sont de plus en plus travaillés. Bref, le chemin est grand depuis son premier mini-album sorti en 2017. A l’époque, la sortie du disque s’est faite à la salle de spectacle « Le Club » à Rodez car il est né dans l’Aveyron. Pour le nouvel EP, ce sera au « PopUp du Label » à Paris, dans le 12ème. Aveyron oblige !

Pour mesurer son talent, il suffit d’écouter et de regarder son titre et son clip : « La lumière du noir ». Un concept artistique complet avec un texte magnifique, une musique au diapason et des extraits d’interview du plus célèbre des Ruthénois : Pierre Soulage. Un morceau vivant qui sait saisir les ruptures, profiter des silences, emporter, se calmer. Les sons sont très bons, magnifient les mots, servis par une mise en image puissante que l’on doit à l’agence artistique « We are Blow » et au réalisateur Benjamin Massé . Ils ont su saisir le projet et l’artiste pour le porter au plus haut. 2 artistes, LOMBRE et SOULAGE, avec le même objectif : faire briller les choses obscures.

LOMBRE – La lumière du noir

En pleine lumière le 10 septembre

L’album de 6 titres sortira le 10 septembre et l’artiste a déjà dévoilé 4 morceaux depuis le début d’année. Le 12 mars, « Quand la ville dort encore ». Des bruits de ville, un univers sonore, pour raconter une histoire de manière cinématographique. Les sons sont pointilleux et le rythme se fait dansant sur la fin. Un titre très bien produit.

LOMBRE – Quand la ville dort encore

« Espoir noir » (encore !) est le petit dernier. Chœurs éthérés, voix plus affirmée, le morceau est assez dance. Le texte est toujours beau; comme une tranche de vie recluse qui se retrouve en pleine lumière. Auparavant, un peu énervé, avec des ruptures de rythmes, le single « Lombre » servi par un très beau clip réalisé par Thibaut Lefèvre. 


Chaque morceau a sa patte et un univers affirmé. 3 ans de travail, de recherches pour arriver au joyau qu’il souhaitait polir. Pour le façonner, « We are Blow » signe aussi son nouveau site internet et la pochette du nouvel EP, soignée et plutôt classe.

Photo : site de pré-commande

L’album est en pré-commande et il sera expédié dans une belle enveloppe… Noire bien sûr ! Il reste 2 titres inédits à dévoiler (« La colombe » et « Crypté ») mais ce sont des morceaux qu’il joue sur scène.3 dates sont prévues en Occitanie : le 25/09 à Cahors, le 6/11 à Albi et il faudra attendre le 3 février 2021 pour le voir à Toulouse.

Sur les traces de Bigflo et Oli

Musicalement, ce n’est pas tout à fait le même univers. Mais Bigflo et Oli et Lombre se connaissent et se respectent. Dans leur playlist de découvertes intitulée « Tu connais non ? », les 2 frères ont mis le titre « Quand la ville dort encore ».

Le réalisateur du nouvel EP de Lombre n’est autre que Clément Libes qui a signé les 2 derniers albums de Bigflo et Oli mais aussi celui d’un autre groupe toulousain : KidWise. A 23 ans, Andréas Touzé alias Lombre ne devrait pas broyer du noir très longtemps. Prix d’écriture Claude Nougaro en 2016, compil grand Prix SACEM en 2018, Lombre commence son apprentissage de la lumière. Il rêve d’être programmé un jour aux « Vieilles Charrues ». Vu le chemin parcouru, le terrain est presque près.

LOMBRE

Ulysse Maison d’Artistes

Facebook We are Blow

Benoît Roux

25 Juil

L’un des plus beaux village de France organise tous les ans son festival autour d’Offenbach

Bruniquel, aux confins du Quercy, un petit village d’à peine 600 habitants. Sur les hauteurs qui surplombent la rivière Aveyron, 2 châteaux des XII et XVIIème siècles sont le théâtre d’un festival lyrique. Tous les ans, une joyeuse équipe composée de professionnels mais aussi de personnes des alentours monte un nouvel opéra tiré de l’œuvre de Jacques Offenbach. A partir du 30 juillet, 9 représentations de « La Grande Duchesse de Gerolstein » sont prévues. Un petit miracle qui mérite bien une rencontre avec ces artistes.

Répétitions Grande Duchesse de Gérolstein Photo : JP Duntze France 3

 

L’histoire d’une rencontre

« Le festival des châteaux » de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) existe depuis 1997. On le doit à un artiste -le ténor Franck T’Hézan- qui a su convaincre Michel Montet le maire de l’époque. Une idée un peu folle qui consiste à monter chaque année des opéras d’Offenbach avec les moyens du bord. La volonté locale et les références nationales -voire mondiales- de Franck T’Hézan ont fait le reste. Le chanteur est né à Bordeaux, puis sa famille est venue s’installer dans les bois de Bruniquel, juste en face des châteaux. L’artiste a chanté dans les salles les plus prestigieuses (Shanghai, Paris, New-York…) participé aux plus grands spectacles lyriques, fait des « prime-time » pour la télé, mais c’est à Bruniquel qu’il a choisi d’installer cette manifestation.

Franck T’Hézan Photo : JP Duntze France 3

Et depuis 1997, ça fonctionne. « On a évolué mais l’esprit de troupe du début est restée. On a toujours cette ambiance familiale, artisanale… Le succès? C’est un tout. C’est Offenbach, la qualité de notre prestation artistique… Y aussi le château qui est formidable, le village qui est très beau, l’accueil de la population qui est assez exceptionnel et le plaisir de tous se retrouver ici. C’est une véritable famille. »

Tous les ans un nouvel opéra du plus allemand des compositeurs français. Pourquoi Offenbach? Parce que les meilleurs spécialistes du compositeur sont des amis. Ils se retrouvent avec grand plaisir chaque année pour monter une nouvelle pièce. Et comme Offenbach est un compositeur plutôt joyeux à la musique enjouée, la « Compagnie de la Tour Brunehault » (du nom de la plus ancienne partie du château) s’est sentie en osmose.

Répétition Photo JP Duntze France 3

Des équipes composées pour l’occasion

Ici, ce n’est pas l’Opéra de Bastille, ni celui de Paris ou de Lyon… pas plus celui du Capitole. Pourtant sur scène, c’est bien une prestation professionnelle que l’on voit. Franck T’Hézan a d’abord choisi un chef d’orchestre qui est une référence mondiale pour Offenbach. Jean-Christophe Keck est à la tête de plusieurs formations. Il prend chaque année plusieurs musiciens pour participer au festival. Il y a des Italiens haut-alpins qui viennent de Turin, des membres de l’Orchestre Pasdeloup et des musiciens locaux. En tout, une douzaine de musiciens, ce qui correspond presque à la formation initiale dont disposait Offenbach au moment de la création en 1867. « On reste proche de la partition originale. Il nous manque cordes et c’est tout. On arrange un peu la partition. Comme ce sont des très bons professionnels, en 3 jours nous montons la partition et nous sommes prêts pour accompagner les chanteurs ». 

 

La pianiste Yoshiko Moriai Photo : B. Roux France 3

Tout ceci compose l’Ensemble Instrumental de Bruniquel. On y retrouve une autre spécialiste d’Offenbach : la chef de chant et pianiste Yoshiko Moriai. Les chanteurs (es) sont eux aussi des artistes de renom : Emmanuelle Zoldan qui tiendra le rôle de la Grande Duchesse, Xavier Mauconduit (soldat Fritz) , Michel Vaissière (général Boum), et Aurélie Fabre (Wanda) pour ne citer qu’eux, sans oublier Franck T’Hézan évidemment.

Le fauteuil de la Grande Duchesse Photo : JP Duntze France 3

Et que serait Offenbach sans les parties dansées? Ici ce n’est pas « La Vie Parisienne » et son célèbre French Cancan, mais plusieurs danses viennent rythmer cet opéra-bouffe. La chorégraphe Véronique Willig a posé ses pointes pour l’occasion et fait répéter des jeunes danseuses. « Ici on s’éclate, on retrouve son âme d’enfant. Nous avons une liberté totale. On peut aller très loin dans le clownesque. C’est ma fontaine de jouvence le festival. C’est excellent ! Monter une telle pièce en deux semaines et demie. Pour les chanteurs, les danseurs, les techniciens, les costumiers, les couturières…C’est un énorme barnum en fait. » Les filles n’ont que quelques jours pour répéter. Mais sur scène, les tenues d’apparat seront magnifiques.

Des costumes prestigieux vus dans les plus grands films

Nous sommes au second empire, à l’époque de Napoléon III. La Grande Duchesse de Gerolstein (petite ville allemande dominée elle aussi par son château médiéval) possède sa propre armée. Les habits se réfèrent bien évidemment à cette époque mais beaucoup de libertés sont prises. On distingue 3 groupes de militaires, sachant que beaucoup de femmes sont habillées en homme :

  • Les révolutionnaires
  • les filles militaires (un côté Guignol)
  • militaires danseuses (habillées en pirates)

Si vous allez au « Festival des Châteaux », certains costumes vous seront sans doute familiers. Ils ont été loué chez l’un des spécialistes mondial du costume de cinéma : l’espagnol Cornejo. On les a vus dans certains films d’époque comme « La Révolution Française » de Robert Enrico qui a tourné aussi « Le vieux fusil » aux châteaux de Bruniquel.  D’autres ont servi pour incarner Napoléon, se sont fait remarquer pour « La Favorite » ou encore « Hook ou la revanche du capitaine Crochet  » pour les enfants. C’est Guillaume Attwood qui réadapte tous ces beaux vêtements avec l’aide de couturière bénévoles. « On choisit une époque avec le metteur en scène Franck T’Hézan, on se met d’accord sur un style et ensuite on ajuste les costumes. Cette année j’ai beaucoup travaillé sur les femmes qui sortent complètement de l’époque. On est partis sur du noir et blanc très graphique. » Rien n’est laissé au hasard et on s’amuse beaucoup. Même s’il n’y a que 2 semaines pour essayer, réajuster, rajouter des accessoires. Sans compter maquillage et coiffage et une photo pour immortaliser tout ça.

Essayage des costumes Photo : JP Duntze France 3

Le festival développe des partenariats avec des écoles comme l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Lyon. Plusieurs élèves sont là pour valider une formation. On retrouve aussi du personnel habitué des loges du Théâtre du Capitole. Un travail minutieux pour parfaire des perruques, réaliser des coiffures, des masques avec le maquillage. Du plus bel effet pour la soixantaine de participants.

Extrait du spectacle 2018 « Geneviève Brabant »

La convivialité en plus

9 représentations sont prévues les 30 et 31 juillet puis les 1, 2, 5, 6, 7, 8, et 9 août. Une véritable gageure pour cette troupe non permanente et pas entièrement professionnelle. Pour les répétitions, ça travaille dur et ça rigole tout autant. Une bonne humeur et une convivialité qui est le reflet de la personnalité de Franck T’Hézan, le metteur en scène et directeur artistique.

L’originalité de cette manifestation : les fameuses tables d’hôtes juste après les représentations où les artistes et le public partagent un repas mais aussi la scène. Un coup de fourchette à la bonne franquette qui donne le ton à ce festival atypique. « On dresse des tables dans le cour des châteaux juste après le spectacle. Le public se joint aux artistes. On fait un petit « vesprail » comme on dit en occitan. A la fin, les artistes montent sur une scène improvisée et on tape le bœuf comme disent les musiciens rock! ».  Et des moments inoubliables sur scène avec de belles découvertes. Faute de grands moyens, les organisateurs regorgent d’idées. Le festival propose également de devenir Mécène. Depuis le début de l’aventure, 1200 généreux donateurs ont permis à cette manifestation de se développer et au petit miracle artistique de se perpétuer.

Château de Bruniquel Photo : B. Roux France 3

Quant à l’histoire de « La Grande Duchesse de Gerolstein », sachez que la Dame est plus passionnée par le prestige des uniformes que celui de la politique. Elle tombe amoureuse d’un simple soldat (Fritz) qu’elle promeut au grade de général en chef de ses armées. Mais il s’avère être un peu idiot, ce qui sera propice à des épisodes rocambolesques. Si les murs des châteaux ont vécu des épisodes tragiques avec le film « Le vieux fusil », place au rire, la bonne humeur et la convivialité chères à ce festival.

Reportage France 3 : B. Roux JP Duntze S. Lebéon

Site du festival      festival@bruniqueloff.com     

L’œuvre d’Offenbach peut-elle encore être d’actualité ?

Benoît Roux

24 Juil

Werdender Popstar Sofia Portanet veröffentlicht eine der Platten des Sommers

An dieser Künstlerin haftet etwas Einzigartiges. Man kann ihre Musik in noch so viele Schubladen stopfen wollen, Sofia Portanet passt in keine. Sie hat auch eine sehr persönliche Art, in verschiedenen Sprachen zu singen und das mit einer ganzen Palette an Empfindungen zu unterlegen. Ihre Stimme spielt mit den Tonlagen, ihre Neugier lässt sie immer wieder neue Richtungen erkunden. Nun ist ihre erste CD « Freier Geist » da. Man hört etwas wirklich Frisches, hat erst mal einen musikalischen Schock und will dann nur noch bis zum Ende zuhören. Auf freundliche und professionelle Art hat sie sich diesem Interview zur Verfügung gestellt.

Sofia Portanet ©Lia Kalka

Sofia Portanet wurde am Tag des Berliner Mauerfalls in Deutschland geboren. Aufgewachsen ist sie aber in Frankreich. Und « zuhause » ist ihr ein wichtiger Begriff. Ihr Vater ist spanischer Herkunft und ebenfalls Musiker und Sänger. In ihrem Haus in den Pariser Vororten befindet sich ein Aufnahmestudio. « Wir haben miteinander viel Zeit in großer Verbundenheit verbracht. Er war es, der mir den Antrieb gab, Künstlerin zu werden. » Es sei ihm gedankt.

Kulturelle Vielfalt

In Frankreich geht sie auf eine deutsche Schule. Ihren ersten ernsthaften Kontakt zum Singen hat sie in der Kantorei der Hauts-de-Seine (dem Kinderchor der Pariser Nationaloper). « Das war eine schöne Erfahrung. Ich bin fünf Jahre dort geblieben und habe vieles gelernt, das mich heute noch prägt. Aber nur vom Blatt singen war mein Ding nicht! » Keine Lust also, ihre Schöpferkraft in eine Rüstung zu quetschen.

Das Abitur legt sie in Frankreich ab, geht dann für das weitere Studium der Kommunikation und Wirtschaft nach Berlin. Immer mit dem Blick darauf, von ihrer Musik zu leben. Auf Spiegel Online erzählte sie vor kurzem, wie sie zunächst Coverversionen alter Hits in Bars und Restaurants sang. Da ihr niemand wirklich Aufmerksamkeit schenkte, fing sie an, Wörter übertrieben zu artikulieren, damit sich die Gäste an ihren Pommes verschluckten und ihr endlich zuhörten. Eine echte Persönlichkeit, ich sag’s Ihnen.

Für die Band sucht sie sich ihre Musiker selbst zusammen. « Mich interessiert nicht einfach das technische Können. Es muss auch ein gutes Gefühl für den Klang da sein, und menschlich muss es stimmen. » Ihr Schlagzeuger ist hauptberuflich Anwalt, ihr Bassist Lehrer und ihr Keyboarder Journalist. Ganz schön eklektisch.


Irgendwann fühlt sie sich stark genug, für ihre erste Platte die Stücke zu schreiben und zu komponieren. Mit ihrem Partner in Musik Steffen Kahles produziert sie die Platte und wählt die Arrangements. Steffen Kahles hat bereits einen Namen als Komponist von Filmmusik. 2018 kommen die ersten beiden Singles heraus. Dann dauert es ein ganzes Jahr des Schreibens, Aufnehmens und Produzierens. Kein Platz für Kompromisse.

 

Viele Einflüsse, aber auch eine Eigenart

Sofia Portanet kultiviert den Unterschied, und das ist keineswegs eine Pose. Beim Hineinhören bekommt man augenblicklich ihre Einzigartigkeit mit. Ja, man hört da schon auch Einflüsse heraus, aber es sind keine Kopien. « Auf dieser musikalischen Suche haben mich bestimmte Künstler wie Kate Bush inspiriert. Aber ich höre viele verschiedene Dinge: Folk, aktuellen Pop, Jazz, Soul, Rock. Ich liebe Edith Piaf und Ingrid Caven, die ein bisschen deren deutsches Pendant ist… Björk für ihre Kreativität und ihre Wandlungsfähigkeit. Aber mich beeindruckt zum Beispiel auch Yma Sumac. Und ich könnte auch Madonna nennen, Blondie für ihre Musik, ihren Charakter und das punk-hafte an ihr, die amerikanische Sängern Lene Lovich… Queen, Klaus Nomi, Nina Hagen – die ich erst spät entdeckt habe – oder auch Bowie… »

 

Ein bisschen Catherine Ribeiro klingt mit

Auf der Platte gibt es diese Singularität, dieses Lied voll wunderbarer Tiefe und Resonanzen, eine Coverversion des Liedes « Racines » von Catherine Ribeiro. Ein starker Text, beseelt, wie ein Kirchenlied, und doch absolut frei und heidnisch.

« Ich glaube nicht an Gott / Den unendlich Machtvollen / Denn ich glaube an den Menschen / an seinen noch ausstehenden Flug. / Und ich glaube an den großen Wind / der unsere Erinnerungen fort bläst / An das Heilige der jetzigen Zeit / An den vorläufigen Ausgang / An die Keime des Frühlings / An die Kurven des Sommers / An den transparenten Blick des so sehr geliebten Menschen… »

Das hat sie als Abschlussstück für die Platte gewählt, wie ein Siegelabdruck einer sehr starken Persönlichkeit. « Catherine Ribeiro, eine von Frankreichs bedeutendsten Sängerinnen, und erst spät als solche anerkannt… Ihre Musik und ihre Stimme sind unvergleichlich und übertragen Emotionen ohnegleichen. Der Text hat mich tief berührt. Ich wurde vom Goethe Institut in Houston in Texas für die Feier des dreißigsten Jahrestags des Mauerfalls eingeladen. Ich habe dieses Lied ausgesucht, da es eine besondere Bedeutung besitzt und die Fähigkeiten von Mensch und Natur ausdrückt. Die Kraft jeden Individuums, nicht GOtt, ist die Mitte von allem. »

Alle anderen Texte hat sie selbst geschrieben – wieder mit viel Eklektizismus. Man findet etwa « Menschen und Mächte » oder das galaktische « Planet Mars », hier auf englisch, das aber ursprünglich auf französisch geschrieben und in Frankreich auch auf französisch veröffentlicht ist. Ein Lied von Liebe und Abschied.

« Ich schreibe über das, was mich berührt. Über Selbstfindung, Vergänglichkeit… Und wenn ich in einer anderen Sprache schreiben möchte, hole ich mir Berufsübersetzer, damit das Ergebnis so exakt wie möglich ist. » Zu ihrer Signatur gehören auch Textausschnitte von Dichtern wie Heinrich Heine (« Wanderratte ») oder Rainer Maria Rilke (« Das Kind »).

Und wie geht es weiter?

« Freier Geist » ist seit mehreren Wochen auf den Streamingplattformen und als CD verfügbar. Am 24. Juli kommt die LP heraus. « In Deutschland ist die Resonanz auf die Platte unglaublich. Das hat mich sehr überrascht. Es gab viele Artikel in Qualitätsmedien… Aus England kamen viele private Hörermeldungen. Und von guten Rückmeldungen aus Frankreich weiß ich auch. »

In der Tat ist die Presse voll des Lobes für diese neue Künstlerin, man sieht in ihr eine Erneuerung der « Neuen Deutschen Welle ». Die Vergleiche sind ebenso schmeichelhaft wie wohlverdient.

Eine Tour einschließlich zweier Termine in Frankreich (Paris und Colmar) fand nicht statt. Anlässlich der Pandemie passt sie sich neu an und bietet nun auch eine Akustikversion. « Damit finden wir ein neues Publikum, das mit der Platte nicht so viel anfangen konnte. Die Stimme ist präsenter, die Gitarren-Arrangements spannender… Wir starten den Eroberungszug. Am 11. August gibt es einen Live-TV-Auftritt im ZDF. Das ist eine andere und sehr direkte Art, seit dieser Krise mit den Menschen in Verbindung zu kommen. » Immer zuversichtlich.

Verbindlich und entschlossen – Sofia Portanet fehlt es weder an Talent, noch an Persönlichkeit, um sich einen bleibenden Namen zu schaffen. Da ist viel Eleganz in ihrer Musik. Auch viel Eigenart und eine innere Kraft, die den Unterschied macht.

©Lia Kalka

Platte kaufen: https://www.hhv.de/shop/de/artikel/sofia-portanet-freier-geist-742321?fbclid=IwAR3-9Ju6vA5dtPcU4s1kYTUTx2H8Un4wW2U_Raq9QlVy9bHgNNUqgKuX7AU

Auf Facebook: https://www.facebook.com/sofiaportanet/

Übersetzung : Alexander Hohmann

Benoît Roux

Next popstar Sofia Portanet’s first CD to be one of the records of the summer

There is something obviously different with this artist. You can stick as many lables on her as you want, Sofia Portanet still won’t fit into any category. She has a deeply personal way of singing in various languages, using a wide array of sensations. Her voice plays up and down a variety of pitches, her curiosity takes her to always new horizons. Her first record « Freier Geist » (« Free Mind ») now hit the shelves. Listen to it, this is fresh, a musical shock immediately followed by an eagerness to just listen until the last note. She kindly and professionally agreed to this interview.

Sofia Portanet  © Lucio Aru &Franco Erre

Sofia Portanet was born in Northern Germany on the day the Berlin wall fell. But she grew up in France. « Home » means something important to her. Her Spanish-born father is a musician and singer himself. Their house in the surroundings of Paris is equipped with a recording studio. « We spent much time together in a real connectedness. It was him who sparked my desire to become an artist. » We owe him thanks for that.

 

Cultivating difference

In France, she goes to a German school. Her first contact with singing is the « Maîtrise des Hauts-de-Seine »; the children’s choir of the National Opera of Paris. « It was a beautiful experience. I stayed there for 5 years and learned so many things that still stick today. Yet, singing by simply reading from a sheet of music wasn’t fulfilling! » She obviously did not feel like squeezing her creativity into an armour.

She passes her final school exam in France and then goes on to study communication and economics in Berlin. Never letting go of her idea of eventually making a living with her music. She told the German news magazine Der Spiegel that she used to have gigs in bars and restaurants, singing cover versions of old songs, but that patrons just would never pay attention. So she started to exaggeratedly enunciate words so that people would choke on their fries and eventually listen up. Some personality there, I tell you.

She chooses herself the musicians of her group. « It is not only the technical skills that I care about. There also needs to be a good sense of the sound and we also should fit as human beings. » Her drummer is a lawyer, her bassist a teacher and a journalist plays keyboards. Eclectic.

At one point, she feels strong enough to write and compose a whole record. With her partner in music Steffen Kahles, she produces the record and works the arrangements. Steffen Kahles is a seasoned film music composer. 2018 sees the first two singles. Then, for a full year, there are all the tasks coming with writing and composing and producing, and the standards are high.

 

Influences, yet a singularity

Sofia Portanet cultivates her difference and it certainly is no posture. You immediately grasp that singularity when you listen to the record. Yes, there are immediately recognisable influences, but it never is a replica. « There are several artists that inspired me on my musical quest, like Kate Bush. But I listen to lots of different genres: folk, current music, jazz, soul, rock… I love Edith Piaf and Ingrid Caven who could be sort of her Germen counterpart… Björk for her creativity and her transformative ability. But I could also pick Yma Sumac, whom I find impressive, Madonna, Blondie for her music, her personality and the punk in her. The American singer Lene Lovich… Queen, Klaus Nomi, Nina Hagen whom I only discovered quite lately, or Bowie… »

 

Reverberations from Catherine Ribeiro

The record contains this UFO of a song, a magnificent track, rich with depth and resonances, a reprise of Catherine Ribeiro’s « Racines » (“Roots”). A powerful text, enlivened, like a church chant, yet fully pagan.

Je ne crois pas en Dieu / L’infiniment puissant / Parce-que je crois en l’homme / A son vol en suspens./ Et je crois au grand vent / Qui souffle nos mémoires / Au saint du temps présent / A l’issue provisoire / Aux germes du printemps / Aux courbes de l’été / Au regard transparent de l’être tant aimé…

I do not believe in God / The infinitely powerful / Because I believe in Man / in his suspended take-off / And I believe in the great wind / That blows away our memories / In the sacredness of present time / In temporary outcome / In the seeds of Spring / In the curves of summer / In the transparent glance of the such beloved being…

She chose this track to conclude the record, like imprinting it with the seal of a very strong personality. « Catherine Ribeiro is among the greatest French female singers, albeit acknowledged as such only quite tardily… Her music and voice are incomparable, nonpareil in conveying emotion. This text had a deeply moving effect on me. The Goethe Institute of Houston in Texas invited me to celebrate the thirtieth anniversary of the fall of the Berlin Wall. I chose this song because it has a strong meaning that emphasizes the powers of individuals and nature. At the centre of everything, there is the power of the individual. Not God. »

This last track aside, she wrote all the other lyrics, always with eclecticism. There is « Menschen und Mächte » (« people and powers »), the galactic « Planet Mars » initially written in French and available in that language in France. A song of love and farewell.

« My lyrics go with what I feel touched by, like self-exploration or fugacity… When I want to sing in another language, I hire a professional translator to get the most accurate result. » Her personal brand is also about quotes from poets like Heinrich Heine (« Wandering Rat ») oder Rainer Maria Rilke (« The Child »).

What’s next?

« Freier Geist » has already been available on streaming platforms and as a CD for a few weeks. The LP is scheduled for July 24th. « The record gets incredible feedback in Germany. That really surprised me. I got many articles in prestigious media… From the UK I received numerous listeners’ messages. And I know that France is responding well, too. »

The press actually is full of praise for this new artist who renews the « New German Wave ». Those are flattering yet deserved comparisons.
A now cancelled tour had been scheduled, including two concerts in France (Paris and Colmar). With the pandemic, she had to adapt and offers a new, acoustical version. « We do find a new public that did not really respond to the record and finds the voice more present and guitar arrangements more interesting… We are in conquest mode. On August 11th, we will play live on the second German TV programme ZDF. That is another way to directly connect with people during this crisis. » Always confident.

SofiaPortanet ©Lia Kalka

Faithful and determined, Sofia Portanet has all the talent and the personality for a bright future. There is much elegance in her music. Much singularity, too, and an inner strength that makes the difference.

Buy the record: https://www.hhv.de/shop/de/artikel/sofia-portanet-freier-geist-742321

Facebook: https://www.facebook.com/sofiaportanet/

Benoît Roux

Translation in english : Alexander Hohmann

20 Juil

La future pop star Sofia Portanet sort l’un des disques de l’été

Il y a chez cette artiste quelque chose de différent. On peut coller autant d’étiquettes que l’on veut sur sa musique, Sofia Portanet ne rentre dans aucune case. Sa manière de chanter dans plusieurs langues, sur une large palette de sensations est aussi très personnelle. Sa voix joue sur les registres, sa curiosité la pousse toujours vers autre chose. Elle vient de sortir son premier disque « Freir Geist ». A l’écoute, une vraie fraîcheur, un choc musical avec l’envie et le plaisir de l’écouter jusqu’au bout. Elle a gentiment et professionnellement accepté cette interview.

Sofia Portanet est née en Allemagne, le jour où le Mur de Berlin tombait. Mais c’est en France qu’elle a grandi. Et le « chez soi » est une notion importante chez elle. Son père d’origine espagnole est aussi musicien et chanteur. Dans leur maison aux environs de Paris, se trouve un studio d’enregistrement. « Nous avons passé beaucoup de temps ensemble avec une vraie complicité. C’est lui qui m’a donné envie de devenir artiste. » Qu’il en soit loué.

La culture de la différence

Elle fait toutes ses études en France, dans une école allemande. Son premier contact poussé avec le chant se fait à la Maîtrise des Hauts de Seine. « C’était une belle expérience. J’y suis restée 5 ans et j’ai appris beaucoup de choses qui me marquent encore aujourd’hui. Mais chanter en lisant des notes, ce n’était pas mon truc! » Pas envie d’enferrer sa créativité dans une une armure.

Elle passe son bac en France et poursuit ses études de communication et d’économie à Berlin. Toujours dans l’optique de vivre de sa musique. Elle raconte au célèbre journal Der Spiegel qu’elle a d’abord fait des reprises de vieux morceau dans les bars et restaurants. Mais vu que personne ne l’écoutait en mangeant, elle décide alors d’exagérer l’articulation de certains mots pour que les gens avalent de travers et s’intéressent à elle. De la personnalité, je vous dis.

Pour le groupe, c’est elle qui choisit les musiciens. «Ce n’est pas seulement la technicité qui m’intéresse. Il faut aussi qu’ils aient un bon feeling avec le son et que ça colle humainement. » Son batteur est avocat, son bassiste professeur et son clavier journaliste. Éclectique.

Elle se sent forte pour écrire et composer l’album. Avec son partenaire musical Steffen Kahles, elle produit le disque et signe les arrangements. Steffen Kahles est lui-même compositeur de musiques de films. Dès 2018, 2 singles sortent. Puis pendant un an, c’est le travail d’écriture, d’enregistrement et de production. Avec de l’exigence à la clé.

Des influences mais une singularité

Toute ma musique, ma manière de chanter, c’est une recherche de moi-même, savoir qui je suis.

Sofia Portanet cultive la différence et c’est tout sauf une posture. A l’écoute de l’album, on saisit de suite cette singularité. Oui, on reconnaît des influences mais ce n’est jamais une copie. « Dans ma quête musicale, certains artistes m’ont inspiré comme Kate Bush. Mais j’écoute beaucoup de choses différentes : du folklore, de la musique actuelle, du jazz, de la soul, du rock. J’adore Edith Piaf et Ingrid Caven qui lui ressemble un peu en Allemagne…. Björk pour sa créativité et sa capacité à se transformer. Mais je pourrais citer Yma Sumac qui m’impressionne, Madonna, Blondie pour sa musique, son caractère et son côté punk. La chanteuse Américaine Lene Lovich… Queen, Klaus Nomi, Nina Hagen que j’ai découverte sur le tard ou encore Bowie… »

Sofia Portanet – Art deco

Des résonances avec Catherine Ribeiro

Sur l’album, il y a cet OVNI, un morceau magnifique de profondeur et de résonances, une reprise de Catherine Ribeiro intitulée « Racines ». Un texte fort, habité, une forme de cantique mais totalement et librement païen.

Je ne crois pas en Dieu / L’infiniment puissant / Parce-que je crois en l’homme / A son vol en suspens./ Et je crois au grand vent / Qui souffle nos mémoires / Au saint du temps présent / A l’issue provisoire / Aux germes du printemps / Aux courbes de l’été / Au regard transparent de l’être tant aimé…

C’est le morceau qu’elle choisi pour clore le disque, comme un cachet qui renferme une très forte personnalité. « Catherine Ribeiro, l’une des plus grandes chanteuses françaises, reconnue telle quelle très tard… Sa musique et sa voix sont incomparables, elles transportent de l’émotion comme personne d’autre. Ce texte m’a profondément touchée. J’ai été invitée par le Goethe Institut pour célébrer les 30 ans de la chute du mur de Berlin à Huston (Texas). J’ai choisi d’interpréter cette chanson car elle a une signification forte qui montre la capacité de l’être humain et de la nature. C’est le pouvoir de chaque individu qui est au centre de tout. Pas Dieu. »


Sinon, elle signe tous les autres textes avec là aussi, de l’éclectisme. On retrouve « Menschen und Mächte » (Hommes et pouvoir), le galactique « Planète Mars », écrit originellement en français et disponible sous cette version en France. Une chanson d’amour et d’adieux.

Sofia Portanet – Planète Mars (version française)

« J’écris sur ce qui me touche. Sur la recherche de soi, l’évanescence…Et quand je veux chanter dans une autre langue, je prends des traducteurs professionnels pour être la plus juste possible ».  Sa signature, c’est aussi des extraits d’écrivains comme Heinrich Heine (Wanderratte) ou Rainer Maria Rilke (Das Kind).

La suite

« Freier Geist » est disponible sur les plateformes de streaming depuis plusieurs semaines ainsi que le CD. Le vinyle sortira le 24 juillet. « L’album reçoit un accueil incroyable en Allemagne. J’en suis très surprise. J’ai eu beaucoup de presse avec des titres prestigieux… De nombreux messages privés venant d’Angleterre. Je sais qu’en France aussi, les retours sont bons. « 

Le disque de Sofia Portanet en bonne compagnie. ©Facebook Sofia Portanet

Effectivement, le presse est très élogieuse sur cette nouvelle artiste qui renouvelle la « nouvelle vague allemande ». Les comparaisons sont flatteuses mais méritées.

Sofia Portanet – Version anglaise de Wanderratte

Il devait y avoir une tournée avec 2 dates en France (Paris et Colmar). Avec la pandémie, elle s’adapte et propose une formule acoustique. « On trouve un nouveau public qui n’avait pas encore accroché sur le disque et qui trouve la voix plus présente, les arrangements de guitares plus intéressants… On part à la conquête. Le 11 août, ce sera un live pour la télé allemande ZDF. C’est une autre manière très directe de connecter les gens depuis cette crise ». Toujours positive.

J’aimerai que l’on puisse dire de moi que je suis restée fidèle à ma propre vision musicale. Que j’ai inspiré d’autres personnes pour leur donner confiance à faire la même chose.

Fidèle et déterminée, Sofia Portanet a tout le talent et la personnalité pour que son nom reste. Il y a beaucoup d’élégances dans sa musique. Beaucoup de singularité aussi et une force intérieure qui font la différence.

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Benoît Roux

18 Juil

Inoxydable Chrissie Hynde des Pretenders

A 68 ans, la chanteuse résolument et définitivement rock Chrissie Hynde sort un onzième album. Après des escapades solos pas toujours convaincantes, elle signe le grand retour de The Pretenders avec « Hate for sale ». 10 titres impeccablement produits par Stephen Street (Blur, Morrissey, New Order…). Des morceaux à l’énergie vibrante servis par une grande dame du rock.

The Pretenders « Hate for sale »

Le grand retour de The Pretenders

Il y a comme ça des petits miracles. A l’instar d’un Bob Dylan complètement régénéré par son nouvel album, The Pretenders que l’on n’attendait plus à ce niveau renaît avec « Hate for sale ».

The Pretenders -Hate for sale

Miracle ? Pas complètement car la formation actuelle n’a pas varié depuis 15 ans et l’album est co-écrit par Chrissie Hynde et son guitariste James Walbourne.  Patience et cohérence. Ce disque marque aussi le retour du grand batteur Martin Chambers. Il est l’un des membres fondateurs de The Pretenders avec Chrissie Hynde. Les 2 autres sont morts d’une overdose. Dans une interview à Rolling Stones, l’artiste revient sur cet épisode. « Les Pretenders, c’est un son, et je m’étonne que l’on insiste si peu là-dessus, martèle-t-elle. Un son créé par les Pretenders originaux, trois musiciens dont deux sont morts à cause de la drogue, James Honeyman-Scott et Pete Farndon. »

The Pretenders, c’est effectivement un son rapidement identifiable. Un son équilibré que l’on retrouve sur ce petit bijou pop-rock « The buzz ».

The Pretenders – The buzz

Une base rock mais aussi de la pop, du punk (justement le titre éponyme « Hate for Sale »), du reggae (rappelons nous « Red red Wine » en collaboration avec UB40), ou encore l’art de la ballade cher à Chrissie. Un grand classique made in Pretenders qui démontre aussi que la chanteuse n’a rien perdu de sa voix, puissante et sensuelle à la fois. Soul à souhait.

The Pretenders – You Can’t Hurt a Fool 

L’esprit rock est intact dès la déferlante du premier morceau « Hate for sale ». Un son « sale » aux guitares rugissantes sur le titre « Turf accountant Daddy » ou encore « I didn’t know when to stop » où Chrissie prend les choses en mains et l’harmonica en bouche.

L’art de la synthèse

10 titres, 30 minutes de musique, on appelle ça l’art de la synthèse. «  On parle de rock’n’roll, là ! Tu dis ce que tu as à dire et tu libères la place. » C’est exactement ce à quoi s’applique Chrissie Hynde et James Walbourne. Pas de sur-effets, pas de répétitions, pas de solos interminables, juste le bon dosage. Les 2 morceaux les plus longs sont les plus emblématiques du son Pretenders à savoir « The Buzz » et « Maybe love is in NYC ».

The Pretenders – Didn’t want to be this lonely 

Les chansons s’enchaînent tels des tranches de vie qui passent à 100 à l’heure. La plume de l’Américaine est toujours aiguisée de frais. Elle gratte sur la dépendance aux drogues « Junkie Walk » et son côté définitif  « every junkie has to die », la solitude « Didn’t want to be this lonely » avec parfois un effet miroir autobiographique comme les titres « You can’t hurt a fool », « I didn’t know when to stop », ou encore « Crying in public ». C’est d’ailleurs le seul morceau qui détonne un peu (trop). Piano voix, cordes, oubliée l’énergie rock pour une ballade un peu trop propre.

Après le grand retour de Bob Dylan dont elle est fan, « Hate for sale » marque la résurrection de la chanteuse et guitariste américaine. L’écoute est vivifiante et régénérante. Please, come back and stay Chrissie !

Bonus track

On sort les briquets, les mouchoirs… Version cordes et chœur pour changer un peu.

The Pretenders – I’ll stand by you

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Benoît Roux

17 Juil

Le solo de légende de Prince sur une chanson des Beatles

Nous sommes en 2004. Après un début de carrière en 1978, Prince est au sommet de sa notoriété durant les années 85-95. Cette année là, il est introduit dans le célèbre Rock and Roll Hall of Fame, le musée et panthéon des serviteurs du rock. Cette reconnaissance est pleinement justifiée à l’écoute du solo légendaire qu’il a fait la même année pour un hommage à George Harrison. Une prestation légendaire, mythique aux côté de Tom Petty sur « While my guitar gently Weeps ». Sa guitare a pleuré et vibré très fort.

Tom Petty et Prince. Captation Youtube

Prince, Tom Petty, Jeff Lynne, Steve Winwood, Steve Ferrone et Dhani Harrison en hommage à George

Disparu en novembre 2001, George Harrison fait son entrée à titre posthume au Rock and Roll Hall of Fame, le panthéon du rock situé à Cleveland aux USA. Le 15 mars 2004, une cérémonie est organisée. C’est la chanson écrite et composée par Harrison « While my guitar gently weeps » qui est choisie pour le morceau de bravoure. Le solo de guitare initial avait été enregistré par le grand ami de George : Eric Clapton.

Pour cet hommage, le casting est impressionnant : Tom Petty avec Jeff Lynne et Marc Mann pour les guitares, le grand claviériste organiste Steve Winwood, Dhani Harrison (le fils de George) et  le batteur Steve Ferrone. Prince restera une grande partie du morceau dans l’ombre jusqu’à ce que…

Prince, Tom Petty, Steve Winwood, Jeff Lyne et Dhani Harrison – While My Guitar Gently Weeps

Un grand numéro de showman où ses doigts n’en finissent plus de voyager sur les cordes, différents styles, différents sons et un final des plus surprenants où sa guitare semble rejoindre George.

JOEL GALLEN (producteur et réalisateur de la cérémonie du Rock and Roll Hall of Fame) raconte qu’il avait sollicité plusieurs musiciens dont Prince. Mais la veuve d’Harrison voulait seulement des proches de son mari. Quelques semaines plus tard, le kid de Minneapolis demande à le rencontrer : «Vous savez, j’ai reçu votre lettre, j’ai aimé l’idée, je vais écouter la chanson plusieurs fois et je vous répondrai.». Prince confiera plus tard n’avoir jamais entendu la chanson avant qu’elle ne lui soit envoyée pour préparer cette performance. Sans avoir vraiment répété, il est monté sur scène en amenant le solo sur d’autres contrées. 3 minutes de pur bonheur pour celui qui était fan de Tom Petty.

Le conservateur du Musée de Cleveland n’en revient toujours pas :  « J’ai vu toutes les performances d’intronisation de 1992 à nos jours, donc c’est comme 24 spectacles. Sur un plan purement musical et technique, cette performance semble être la plus impressionnante. » 

« Love symbol » -comme il se faisait appeler à l’époque- avait laissé ses lumières pourpres et ses costards glamours pour un chapeau rouge et un costume très classe. Même sa guitare était rock. Quant à son jeu, il reste inqualifiable. Epique.

Le Rock and Roll Hall of Fame dessiné par Pei. Photo : Wikipédia

En 2004, Prince fera son entrée au Rock and Roll Hall of Fame.

SITE Rock and Roll Hall of Fame

Benoît Roux

14 Juil

Un Marseillais signe le tube de l’été

Ça donne envie de danser, c’est frais, prenant, plus sensuel que le Waka Waka de Shakira, plus folklorique que la Lambada, plus exotique que Alane de Wes plus rythmique que les Gipsy Kings, plus chicos que Roberta, un Marseillais (Port-de-Bouc exactement) vient de Tomber la chemise pour faire plus fort que le Mia. A défaut d’être le tube de l’été, Guilhaume est un morceau envoûtant. Yaka dansé. 

Tournage du clip « Guilhaume » Photo : site Facebook de l’artiste

Sam Karpienia a tellement ré-inventé des choses en musique, alors pourquoi pas le tube de l’été ? Une fois de plus, il prend les chemins de traverses pour un projet perso. Un morceau écrit pendant le confinement pour son neveu encore plus cantonné que lui puisqu’il était.. en prison.

Quel que soit le thème et le propos, son chant est toujours comme un souffle de liberté, ses compositions habitées par le feu. Le sujet aurait pu être grave, chiant, tel le Corona Song de Renaud (euhhh, y a de la marge quand même) ! Et bien non ! La chanson est au contraire enlevée, touchante et émouvante. Car voila : Guilhaume dans la vraie vie n’a pas eu beaucoup de chance, mais il n’a pas manqué d’amour. En prison, il va bientôt fêter ses 28 ans.

Siam lo més de Mai, solelha la gaug de vieure

A la poncha de l’auba siáu anat en riba de mar

Sam Karpienia – Guilhaume

Un tube en audio cuatro

Pendant le confinement, Sam se remet à la compo. Entre temps, il a découvert et s’est acheté le Cuatro qui va bien. Grand manieur de cordes, il découvre là cet instrument très rythmique, très populaire en Amérique Latine, surtout au Venezuela. C’est l’instrument du peuple, celui du folklore et de la liberté. Autrement dit, le sien.

Comme il le dit lui-même, le refrain c’est pas son fort. Alors, c’est le Cuatro qui va s’en charger. Même s’il avait fort à faire, Sam a écrit et enregistré le morceau en quelques jours. Avant d’aller tourner le clip…au Fort de Bouc ! Depuis, Guilhaume est sorti, le morceau aussi. Sam a monté sa propre boite (Kermes Prod) pour l’occasion.

Encore un autre registre pour ce musicien toujours en quête de découvertes. Avec Guilhaume, ce grand amoureux du flamenco et de Camaron signe en tous cas un morceau qui a le Duende. 

Photo : Site Facebook Sam Karpienia

A LIRE AUSSI : SAM KARPIENIA, VOIX ARDENTE ET MUSIQUE EN TRANSE

Site Facebook

Benoît Roux

10 Juil

Que retenir de l’intervention de la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot sur France Inter?

Elle vient tout juste d’être nommée Ministre de la Culture mais le chantier est immense et le temps pour agir très court. Les pertes subies par le secteur culturel depuis le confinement sont estimées à 22 milliards d’euros. Passé l’effet de surprise et un capital de sympathie dans l’opinion, Roselyne Bachelot peut-elle et va-t-elle déconfiner la culture comme elle le dit ?

Roselyne Bachelot sur France Inter

Un bon CV culturel

Sur le papier, la Ministre n’est pas là par hasard. On connaît son appétence pour la culture fusse t-elle un brin élitiste. Roselyne Bachelot s’enflamme pour l’opéra, la musique classique, le théâtre, les musées, mais on la retrouve aussi aux « Grosses Têtes », dans l’émission « Les Reines du shopping » et autres talk-shows populaires. Dans un entretien à Télérama elle confie :« C’est aussi ma personnalité, cette truculence rabelaisienne. Je peux passer de mon émission sur France Musique où j’analyse six sonates de Beethoven, aux Grosses Têtes ». Celle qui avait dit « j’aime trop la culture pour en devenir la ministre », avait aussi lâcher qu’elle ne sortirait pas de son exil de la politique « sauf si on me propose le Ministère de la Culture ».

Au fur et à mesure, elle a su se faire apprécier par les français, mais plus sur sa personnalité que sur des compétences proprement politique.

L’art des petites phrases mais…

Le temps m’est compté. Je veux déconfiner la culture pour que ce soit l’affaire de tous.

Pendant une vingtaine de minutes, Roselyne Bachelot s’est appliquée à préserver sa bonne image par une communication bien rodée. Pourquoi ce revirement alors qu’elle avait dit quelle ne ferait pas son retour en politique ? « J’ai une appétence pour la culture, les gens qui l’habitent, les artistes, créateurs. C’est au fond de moi. Je ne peux pas me défiler. »  La culture ? « C’est un très beau bijou que porte la République… Il faut sortir la culture pour qu’elle irrigue l’ensemble des politiques publiques. » Sur Malraux qui venait visiter ses parents : « Malraux a lancé cette affaire mais il faut aller au-delà. Ce n’est pas parce que c’est une icône adorée qu’il faut marcher dans ses pas. »  Elle n’oublie pas non plus que son premier portefeuille fut celui de l’écologie« Il faut que la culture quitte son pré carré, réfléchir en d’autres termes. Culture et écologie doivent marcher ensemble. Il faut des mesures d’urgences mais réfléchir aussi comment on va réadapter tout ça. »

… pour quels actes ?

Les mesures coercitives comme tout rassemblement qui ne doit pas dépasser 5000 personnes vont-elles s’assouplir?  » On donne à la culture des consignes précises, antinomiques avec la survie de ces outils culturels. Si on doit autoriser 1 spectateur sur 3 on ne peut pas faire fonctionner les théâtres. Alors qu’on est serré dans le métro… »  Mais rien de concret car elle ne peut pas décider seule mais avec le Ministère de la santé et les autorités sanitaires. Comment aider tous les festivals, les salles de spectacles, les créations pour éviter les années blanches et les fermetures ? Les pertes sont pour l’instant estimées à 22 milliards d’euros. Seul début de certitude : l’aide apportée aux intermittents du spectacle pour que la création ne s’arrête pas et qui prévoit 950 millions d’euros pour financer cette ou ces année(s) blanche(s). Seul problème : le décret du Ministère du travail qui prévoit ces mesures n’est pas encore arrivé au Conseil d’Etat. Mais qu’à cela ne tienne : « Dès que je sors de Radio France, je veux que ce décret sorte des limbes pour rendre effectif ces 950 millions. » De quoi rappeler quelques bonnes Raffarinades ou la fameuse « croissance que j’irais chercher avec les dents » méthode Sarko.

Et quid de la loi sur l’audiovisuel public?  « Le calendrier législatif va être occupé par le plan de relance. Il faudra savoir si l’on poursuit ou pas cette réforme….J’ai le sentiment qu’on n’aura pas le temps. » Et France Ô et France 4 voués à disparaitre des antennes ? « France 4 a fait un boulot remarquable en terme de programmes pour la jeunesse. » Mais a t-elle pour autant sauvé sa peau ?  « Réponse dans quelques jours. »

Lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, elle affirmait : « L’urgence absolue en ce début d’été sera d’aider à la remise en route et en état des lieux de culture: festivals, musées, cinémas, monuments historiques ». Elle souhaite tenir des « Etats Généraux » des festivals dans les prochains jours. Mais si elle ne veut pas que la Révolution du monde de la culture gronde, il faudra aller au-delà des mots et des symboles.

Benoît Roux

 

07 Juil

Ennio Morricone, l’homme aux 500 musiques devenues des classiques

Sa musique est profondément humaine tout en touchant au divin. Le compositeur italien et chef d’orchestre Ennio Morricone jouait souvent les premiers rôles dans les films dont il a composé la bande originale. Des chefs d’œuvres gravés sur pellicule et dans les mémoires. On doit 626 œuvres à Mozart durant sa courte vie et presque autant à Morricone qui vient de s’éteindre à 91 ans. Des musiques qui sont devenus des classiques. Hommage à l’un des plus grands maestros de la musique.

Graffiti Mural à Rome. Photo : FABIO FRUSTACI via MaxPPP

De la toute première « Mission ultra-secrète de Luciano Salce en 1961 à la dernière « A rose in winter » de Joshua Sinclair, Morricone aura signé la musique de plus de 500 films. Sans compter toutes les musiques écrites pour la télévision et autres œuvres orchestrales. Des musiques souvent simples, 3 ou 4 notes qui vont à l’essentiel et des arrangements hors pair. Il savait aussi jouer des silences, des bruits, des sifflements, des instruments inattendus qui s’invitent dans une mélodie. Voici quelques chefs d’œuvres de son génie créatif.

Et tout d’abord, une chanson immortalisée par Joan Baez pour le film « Sacco et Vanzetti ». A partir de 2001, Ennio Morricone a privilégié la direction d’orchestre à la composition. C’est le cas ici 2007 à Venise.

Ennio Morricone – Here’s to you

Evidemment, celui qui l’a fait connaître n’est autre que son ami d’enfance Sergio Léone. Morriconne signera la musique de la plupart de ses westerns. L’art de la mise en perspective des images, une composition orchestrale fabuleuse et une écriture pour les voix splendide.

Ennio Morricone – Once upon a time in the West

Ennio Morricone – Le bon la brute et le truand

Morricone était d’abord un trompettiste de formation qui sera diplômé plus tard en direction d’orchestre. Ce qui transparait dans beaucoup de films comme l’émouvant « Cinéma paradiso ». Une version où l’on retrouve Yo-Yo-Ma et Chris Botti.

Ennio Morricone – Cinéma paradiso

Morricone a aussi beaucoup composé pour les réalisateurs français. Il signe par exemple une partie de la bande originale de « La cage aux folles », et participe au succès du film de Georges Lautner « Le professionnel ».

Ennio Morricone – Le professionnel

Mais aussi « Le clan des Siciliens » d’Henri Verneuil avec un orchestre classique mais aussi une section rythmique basse-batterie sur des envolées de cordes.

Ennio Morricone – Le clan des Siciliens

Mais pour moi sa composition la plus touchante, la plus aboutie c’était la BO du film « Mission » de Roland Joffé. Un thème obsédant, des cordes splendides, des voix divines. Un chef-d’œuvre d’une émotion incroyable. Une version du thème principal dirigée par le maestro en 2012 lors d’un concert de noël.

Ennio Morricone – Mission

Avec sa version de l’Ave Maria Guarani. Grandiose.

En 2016 il obtient enfin la consécration. Grand fan, Quentin Tarentino prendra à plusieurs reprises ses compositions. Pour « Les 8 salopards », il obtient enfin un Oscar (il n’a jamais eu de César).

Ennio Morricone – Les 8 salopards

La même année, son étoile est inaugurée sur l’Hollywood Boulevard. L’artiste resté dans l’ombre des images méritait au moins ça. Lui qui a tant magnifié les pellicules en les empreignant de sa musique puissante, riche et inoubliable. Grazie mille Maestro Morricone.

Benoît Roux