28 Sep

Alerte Rouge pour Speedos et les techniciens du spectacle toulousain

Il y a les artistes et ceux qui sont derrière. Jean-Luc Petit alias « Speedos » a fait le son pour Cats on Trees, Stan Getz, Fabulous Troubadors, Mano Negra, Massilia… On le retrouve souvent aux concerts du Bikini à Toulouse. Mais depuis le printemps, les consoles restent muettes. L’Alerte Rouge a été déclarée. Si on parle souvent des artistes, tous ceux qui leur permettent de se produire sont en galère. Exemple avec « Speedos » qui a choisi ce métier pour s’enrichir les oreilles.

Photo Audio-Lum

Jean-Luc Petit est un passionné du son et du spectacle en général. Si on l’appelle « Speedos », c’est parce qu’il voudrait toujours donner plus pour sa passion. Mais depuis 6 mois, c’est le calme plat. Il aurait dû être sur un festival, peut-être participer à un concert au Bikini (Toulouse). Mais il est chez lui, avec son entreprise Audio-Lum fondée en 1989.

Audio-Lum passe au rouge comme d’autres sociétés

Non loin de Toulouse, à Drémil-Lafage, Jean-Luc trouve le temps long. Cet éternel bon vivant optimiste commence à se faire du mouron pour ses 3 salariés permanents et la quinzaine d’intermittents qui travaillent régulièrement. « Aujourd’hui, nous en sommes à 190 jours de concerts annulés depuis le 16 mars. Depuis cette date, il ne s’est rien passé non plus à la salle du Bikini ». Jean-Luc est à la tête d’une petite structure indépendante (l’une des dernières) qui intervient sur de nombreux festivals, qui suit les artistes en tournée et qui fournit beaucoup de prestations pour des salles de spectacle; notamment le Bikini à Toulouse.

Cette année les « Arts scenics » de Lisle-sur-Tarn n’ont pas eu lieu, les « Siestes électroniques » à Toulouse se sont endormies pour un an. Idem le festival « Rock en Stock » dans le Gers, le « Tangopostale » à Toulouse. Quand le téléphone sonne chez Speedos, ce n’est plus pour une commande mais pour supprimer encore une date. Ses salariés sont en chômage partiel. Lui, il n’y a pas droit mais touche des aides de l’Etat. Certains mois 1500 €, d’autres un peu moins. La Région Occitanie a été solidaire : 2000 €. Heureusement, la comptabilité de sa boîte était saine. Il puise donc dans les réserves. « Nous avons fait quelques concerts en plein air devant la Halle de la Machine (Toulouse), quelques petites locations. Nous avons perdu 80 % de notre activité depuis mars. Pendant le confinement, nous n’avons rien fait. Habituellement, notre chiffre d’affaire annuel est de 650 000 €. Cette année, nous arriverions péniblement à 150 000 € si on arrive à travailler. » 

Alerte Rouge devant le Bikini (Toulouse). Photo : Benoît Roux FTV

Les métiers de l’ombre au bord du gouffre

En Midi-Pyrénées, l’ensemble de la filière concert-événement fait travailler 9000 personnes. Les 200 prestataires techniques de l’ancienne région ont déjà perdu 2,5 M d’€. Si l’on comptabilise toutes les retombées financière générées par un événement, ce serait 8 M d’€ de pertes de chiffre d’affaire par semaine !

Mercredi 16 septembre, les professionnels des métiers du spectacle et de l’événementiel ont lancé une Alerte Rouge. Une idée venue d’Allemagne pour alerter sur leur situation plus critique encore que celle des artistes. En France, le SYNPASE (Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Évènementiel) a porté ce mouvement. Plusieurs collectivités locales (Département de la Haute-Garonne, Région Occitanie) mais aussi des salles de Spectacle (Bikini, Halle de la Machine…) ont mis du rouge sur leur façade.

Depuis, l’événement a trouvé un écho médiatique et les échanges avec Bercy ont été intenses. « On était dans le vide, nous n’étions absolument pas pris en compte. On voulait être au premier rang, ne pas solliciter les artistes, faire voir ce dont nous étions capables. La culture, ils connaissaient…le tourisme aussi. Mais nos dirigeants ignoraient que l’on était des indépendants et que nous n’étions pas payés par les artistes. » Finalement, les discussions avancent, des propositions pourraient être reprises. Et la nouvelle ministre ? « Bachelot a bien réagi. Dans ses interventions, elle a su expliquer que derrière un artiste, il y a un savoir-faire. On a un début de prise en compte. »

Jean-Luc Petit Photo : Audio-Lum

L’avenir

Pour l’heure c’est le calme plat jusqu’à l’été 2021. Le printemps risque d’être aussi confiné que celui de cette année. « On réfléchit a savoir comment trouver une activité annexe mais c’est compliqué car notre savoir-faire est particulier. Notre outil de travail est important et cher mais il ne sert qu’à ça. On a des camions, on pourrait s’en servir mais il faudrait une licence de transporteur. Alors on essaie de se mettre à la vente de matériel car des salles continuent à s’équiper. Il faut tenir. On va serrer tous les frais, bénéficier au max des aides, repousser des paiements et attendre que ça redémarre. » 

Le confinement a été propice à des expérimentations. Les artistes ont fait des « lives », confinés chez eux, sans avoir besoin de matériel. Il y a eu aussi les concerts « drive » sur des parkings, dans sa voiture comme à Albi ou Tarbes. Mais c’était pour maintenir du lien, car ces concerts ne peuvent pas être rentables. Ils nécessitent du matériel supplémentaire pour avoir du son dans les voitures et une jauge plus que réduite. Audio-Lum a d’ailleurs envoyé un technicien pour le dive d’Albi avec le groupe Boulevard des Airs.

Speedos dernier des Mohicans

Speedos devait d’ailleurs accompagner le groupe sur des festivals. Il venait aussi de signer un artiste français qui devait tourner après le confinement. C’était lui aussi qui fournissait du matériel pour la tournée de Christophe…« Ce qui fait mal aussi, c’est que nous perdons notre savoir-faire à force de rester chez soi ». Et Speedos n’en manque pas.

L’un de ses premiers concerts, c’était Ella Fitzgerald. Il a fait aussi Stan Getz, Paco de Lucia, Stéphane Grappelli,  la scène alternative (Mano Negra, Garçons Bouchers, Béruriers Noirs). Il a suivi les Fabulous Troubadors en tournée aux States. « Mon meilleur souvenir. J’ai passé de très bons moments avec eux et on a fait le tour du monde. Ils aimaient avoir le temps. Pour 2 concerts, on restait une semaine sur place. On enrichissait notre culture en faisant de belles rencontres. »  Il suit aussi les Cats on Trees. En fait, il a le luxe de suivre les gens qu’il aime. « Je fais partie des derniers des Mohicans. Maintenant ils sont plus dans la finance que dans la technique. Ils n’ont pas l’amour que l’on a nous. On a vu l’évolution d’un métier : de quelque chose qui n’existait pas à un truc industriel. »

On est passé de la grotte à Versailles

Préoccupé par la situation mais heureux de faire ce métier, Speedos avance toujours sans faire de concessions. Il aurait pu aller à Paris, accompagner des artistes plus prestigieux mais c’est à la campagne (Drémil-Lafage) qu’il a monté sa boîte. « Je devrais être plus riche d’argent mais j’ai compensé avec d’autres richesses. Je changerais pour rien au monde. Les gens m’ont apporté beaucoup plus que l’argent. »

Les camions sont à quai, les flight-cases rangées, mais Speedos est prêt. Toujours speed pour son métier, toujours partant pour des échanges artistiques et humains. Toute cette richesse se cache derrière son sourire et sa voix si particulière. Le dernier des Mohicans est très attachant.

Audio-Lum

Benoît Roux

25 Sep

Bruce Springsteen sort un 2ème single plus rock

Après « Letter to you », Bruce Springsteen sort un second single : « Ghosts ». Un morceau résolument rock. De quoi chauffer les fans avant la sortie de l’album le 23 octobre.

Le Boss avec le E-Street-Band à Berlin 2012. Photo: Britta Pedersen via MaxPPP

I’m Alive !

Dès l’intro à la batterie, on sent qu’il va se passer quelque chose : « I hear the sound of your guitar » chante le Boss. Arrive alors le son mythique et si caractéristique du E-Street-Band. « C’est le seul album où tout le groupe joue en même tempsavec toutes les voix et tout cela complètement en live », précise Springsteen au magazine Rolling Stone. On retrouve donc le souffle inspiré du groupe, avec un son plus direct et une flamme retrouvée dans la voix de Bruce Springsteen. Tout l’album a été enregistré chez lui dans le New Jersey, en 5 jours seulement !

Pour être franc, ce titre accroche plus que le précédent single « Letter To You » plus ballade et moins convaincant.  « Ghosts » est un hommage puissant au Rock et ceux qui ont croisé le E-Street-Band. « Ghosts’ is about the beauty and joy of being in a band, and the pain of losing one another to illness and time. ‘Ghosts’ tries to speak to the spirit of the music itself, something none of us owns but can only discover and share together. In the E Street Band, it resides in our collective soul, powered by the heart. » Le clip mélange des prises de l’enregistrement et des images d’archives du groupe en concert. 

 Bruce Springsteen and the E-Street-Band – Ghosts clip réalisé par Thom Zimny


Un morceau sorti au moment de son anniversaire qui promet beaucoup pour le live. On s’y sent déjà, prêts à se laisser transporter. Si la tournée prévue après la sortie du nouvel album le 23 octobre est maintenue.

A ECOUTER AUSSI : « LETTER TO YOU » premier single

SITE OFFICIEL

24 Sep

Juliette Gréco, l’élégante et captivante interprète de la chanson française

A l’instar d’un Brel ou d’une Barbara ses 2 maîtres, Juliette Gréco était une interprète hors norme. Une élégance, une sensualité, une intelligence qui habitent aussi sa personnalité. Celle qui a chanté Brel, Brassens, Ferré, Aznavour, Gainsbourg ou Biolay s’en est allée. La chanson française perd l’une de ses grandes dames.

Juliette Gréco Festival Jazz de Montreux Photo : JEAN-CHRISTOPHE BOT via MaxPPP

A 93 ans, Juliette Gréco a tiré sa révérence. « Il faut partir d’un coup, pas quand on ne peut plus. C’est une question d’orgueil et de dignité. Je veux m’en aller debout, s’en faire pitié. » Ce sont ses mots, dans plusieurs interviews. Elle aura vécu grandement, en s’amusant, sans prétention, avec un regard toujours lucide sur les gens et les choses.

Juliette Gréco – Je suis comme je suis

« Je suis comme je suis », paroles de jacques Prévert, le titre d’un album sorti en 1968. L’élégance de Greco, c’est aussi dans les textes.

Des hommes à sa plume

L’enfance de Gréco, c’est le sud-ouest, une naissance à Montpellier, une jeunesse en Gironde, dans le Périgord. Et puis le choc : sa mère, sa sœur, déportées pendant la guerre. Elle se retrouve en prison, à Fresnes. Mais Juliette c’est la liberté…à Saint-Germain-des-Prés. Elle y rencontre beaucoup d’intellectuels qui vont aider son envol : Sartre, Beauvoir, Camus, Merleau Ponty, Queneau qui lui écrit « Si tu t’imagines ».

Juliette Gréco – Si tu t’imagines (Live au japon 1961)


La dame en noir prend vie. « Le noir c’est la couleur de la protection au Japon. J’ai toujours eu de la chance, j’ai été choisie. Je ne sais pas pourquoi. »

Viennent ensuite Boris Vian et un autre jazzmen et non des moindres : Miles Davis. C’était l’époque (les années 50) où un homme noir ne pouvait pas s’afficher avec une femme blanche sans se faire traiter de putain. Miles Davis ne l’épousera pas pour ces raisons là. Mais il lui dira peu avant sa mort : « même s’il y avait plusieurs milliers de personnes, même de dos, je vous reconnaîtrais parmi toutes les femmes. »

Quand la chanson prend l’emprise sur le cinéma, Béart, Aznavour puis Gainsbourg écrivent pour elle. Tout n’a pas été facile pour la « Javanaise ». Personne n’en voulais. Les paroles « j’avoue j’en ai bavé pas vous » prennent tout leur sens.

Juliette Gréco et ibrahim Maalouf – La Javanaise Live à l’Olympia

Le tube presque immédiat de sa carrière c’est le fameux « Déshabillez-moi », alors que la femme n’est pas encore totalement libérée. L’audace, toujours l’audace. De toute façon, Gréco fait ce qu’elle veut. Elle reprend même une chanson de Ferré « Jolie môme ». Elle qui disait : « je ne fais pas de reprises. Chaque artiste est un univers, un monde. A quoi bon le copier. » 

Juliette Gréco – Jolie môme


Mais avec intelligence, on peut s’emparer de la chanson de Brel. « Je ne suis pas dans l’interprétation masculine d’un homme serpillière prêt à tout pour reconquérir. Je suis une femme qui menace. »

L’éternelle jeunesse

Jusqu’à la fin, même pour ses adieux au public en 2016, Juliette Gréco est restée en prise avec son temps. Les jeunes artistes l’ont toujours admirée. Beaucoup ont écrit pour elle. Benjamin Biolay bien sûr, mais aussi Christophe Miossec, Olivia Ruiz, Abd Al Malik… Dans un entretien au journal La Croix, elle clame un intérêt réciproque. « Je les aime infiniment ces jeunes gens. Je peux comprendre qu’ils soient impressionnés de rejoindre des auteurs que je chante comme Brel, Ferré, Prévert ou Gainsbourg et que l’on puisse les comparer à ces anciens. Mais j’aime dire que j’ai toujours chanté des auteurs jeunes, à leur époque. J’ai vu débarquer Brel, quasi famélique alors que sa carrière n’avait pas l’audience qu’elle a eue par la suite. Je constate que les mots de la nouvelle promotion me vont bien. Olivia Ruiz (qui a écrit deux chansons) a estimé que je pouvais être cette femme qui ouvre la boîte aux souvenirs. Dans la vie, je ne suis pas encore celle-là. Je veux toujours tout recommencer ! »

Elle récidive dans Le Figaro. «C’est moi qui ai fait appel à eux. Je n’ai jamais fait autre chose et j’ai retrouvé le même bonheur qu’avec Gainsbourg, Ferré ou Béart. J’ai bien reçu 1 000 Déshabillez-moi et 500 Feuilles mortes… Mais en moins bon. Eux m’ont écrit autre chose. Tout est original et beau…» 

Juliette Gréco – Comme si de rien n’était (Biolay/Jouannest)


Un texte de Biolay sur une musique de son mari Gérard Jouannest. Tout est dit :

En rêvant d’impossible
Au fond du cœur, possible
Qu’on ait des remords
Mais on rentre à bon port
Comme si de rien n’était

« Nous étions une génération de fous. On n’avait pas d ‘argent mais on était riches… Aujourd’hui on est dans la méfiance. Tout le monde se méfie. Je suis assez contente d’être vieille pour ça. Je suis une incurable optimiste », confie t-elle à Bruno Duvic sur France Inter. 

Gréco n’avait peur de rien, pas même de la mort. « Une interprète c’est une servante, aimante, attentionnée, qui donne tout. » La chanson française avait là une sacré ambassadrice. Sa voix envoutante, ses mains parlantes, sa longue silhouette en quête de liberté  n’ont pas fini de nous hanter.

Juliette GRECO : « Ma vie est une grande histoire d’amour » TV5 Monde

Benoît Roux

 

21 Sep

Et si c’était lui le gardien de la musique des Pink Floyd ?

Nick Mason est moins connu que Roger Waters ou David Gilmour. Mais le batteur des Pink Floyd a joué sur tous les disques et il parle encore avec les autres membres. Il vient de sortir un disque live consacré exclusivement aux morceaux antérieurs à « Dark Side of the Moon » . Il retourne ainsi aux sources des Floyd et permet d’écouter des morceaux riches mais moins connus que « The Wall », « Money » ou « Confortably Numbs ».

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Live avec les musiciens Guy Pratt, Gary Kemp, Lee Harris et Dom Beken ©Joël PHILIPPON via MaxPPP

Pendant que David Gilmour et Rogers Waters menaient des carrières solos, Nick Mason s’était retiré de la vie musicale. L’adrénaline lui manque un peu, alors il passe sa licence de pilotage d’hélicoptère et prend place dans les baquets pour faire des courses automobiles. Certes, de temps en temps il rejoue avec Waters ou Gilmour (notamment sur l’album « The Endless River »).

Pink Floyd – Astronomy Domine 1970 (Syd Barrett)

Mais des copains musiciens lui proposent de faire une tournée solo. « J’ai aussi travaillé sur les rééditions et les compilations de Pink Floyd parce que j’avais tendance à être le seul à vouloir aller en parler à la radio ou ailleurs », confie-t-il au magazine Rolling Stones. On lui propose même un projet pour reprendre les vieux morceaux des Floyd très peu joués en concerts. Des titres avant l’album mythique « Dark Side of The Moon »  (Money, Us and Them…). Il y a deux ans, Mason forme son groupe « Saucerful of Secrets » du nom du 2ème album du groupe enregistré en 67-68 dans les studios Abbey Road. 

Nouveau groupe « Saucerful of secrets »

Fin des années 60, les Floyd sont dans leur période psychédélique très influencée par le génial mais barré Syd Barrett. Le groupe passera avec « Dark Side of The Moon » à des compos rock-space plus efficaces et surtout moins originales. Dans le groupe, Mason s’entoure de valeurs sûres comme Guy Pratt à la basse (qui avait remplacé Waters), la claviériste Dom Beken, le guitariste Lee Harris (The Blockheads) et plus surprenant : l’ex guitariste de Spandau-Ballet Garry Kemp qui assure aussi le chant. On ne peut pas dire que Spandau-Ballet soit musicalement proche des Floyd mais à l’écoute de l’album, il s’en sort plutôt bien.

La créativité des Floyd des années 60-70

Pour ceux qui seraient un peu lassés d’entendre toujours les mêmes morceaux du groupe anglais, l’initiative de Nick Mason est une aubaine. Tout d’abord parce que la créativité et l’inventivité du groupe est à son comble. Après un premier album sous l’influence claire de Barrett et où il n’y avait pas encore Gilmour, « Saucerful of secrets » est une transition. C’est la dernière collaboration avec Sid Barrett de plus en plus sous l’emprise du LSD, les autres membres fondateurs (Richard Wright et Roger Waters) commencent à poser leur patte sur le groupe.

Pink Floyd – Atom Heart Mother 1970 (Nick Mason)

Malgré un succès honorable qui place le groupe sur le devant de la scène, ces morceaux ne seront que trop rarement joués en public. Pourtant, leur richesse est indéniable et la tournée plus le disque live qui vient de sortir en sont la preuve.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – One Of These Days (Nick Mason)

L’album live « Nick Mason’s Saucerful of Secrets »

Le groupe « Nick Mason’s Saucerful of Secrets » revisite donc le répertoire des premiers albums du Floyd, de « Piper at the Gates of Dawn » (1967) à « Meddle » (1971). Dans une interview à Télérama, le leader malgré lui de ce nouveau groupe explique : « Lee Harris [le guitariste, ndlr] se demandait pourquoi je ne faisais rien. Je ne le connaissais pas à l’époque, mais il a eu la bonne idée d’en parler à Guy Pratt [bassiste], que je fréquente depuis trente ans. J’ai beaucoup de respect pour lui, ce n’est pas le genre de type à se mobiliser pour des projets foireux. Aussi l’ai-je écouté quand il m’a proposé ce projet. »

Nick Mason’s Saucerful of Secrets – Lucifer Sam (Syd Barrett)

Mason a beaucoup réécouté les morceaux initiaux pour voir dans quel état d’esprit ils avaient été faits. Ne pas trahir mais ne pas faire une copie trop conforme non plus. Comme le Monsieur est plus qu’honorable dans sa démarche, il a choisit des morceaux composés par Barrett (« Interstellar Overdrive », « Astronomy Domine », « Lucifer Sam » « Arnold Layne », mais aussi Richard Wright (« Remember a Day ») comme Waters (« If », « Green is the Colour ») comme les siennes. D’ailleurs, ses compositions sont de qualité comme l’excellent « When you’re In » et le connu « Atom Heart Mother » (qui a donné son titre à l’album des Floyd avec une vache) d’une incroyable diversité.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Atom Heart Mother (Nick Mason)

Plus qu’un hommage très honorable, ce disque prouve qu’à 76 ans, le batteur n’a rien perdu de son jeu subtil et varié. Les autres musiciens et notamment Garry Kemp sont très crédibles (voix et guitare), c’est d’ailleurs lui qui avait écrit la majeure partie des morceaux de Spandau Ballet. La basse de Guy Pratt très ronde et efficace. Années 70 oblige, les claviers de Dom Beken sonnent comme des orgues. Le son est bon et le mix efficace.

Dans Télérama toujours, Mason précise son projet : « Je ne voulais en aucun cas entrer en compétition avec ce que font Roger Waters et David Gilmour, leurs tournées solo où ils reprennent beaucoup de morceaux du Floyd, ni même être comparé avec les innombrables tribute bands en activité. Je n’ai aucune envie de savoir qui fait la meilleure version de Comfortably Numb ! »

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Fearless (David Gilmour)


Pari réussi. Nick Mason et sa bande devraient reprendre la tournée suspendue par le Covid. En attendant il se pose comme le gardien fidèle et exigeant des Pink Floyd. Son album live est un vrai plaisir pour les amoureux du rock psychédélique, tous ceux qui ont envie d’un peu de diversité et d’originalité, dans la musique en général et celle des Floyd en particulier.

SITE INTERNET

Benoît Roux

20 Sep

Suzanne Vega, la référence et l’histoire du MP3

Suzanne Vega vient de sortir un nouvel album disponible au format MP3 sur les plateformes. L’interprète de Luka a d’ailleurs servi de référence quand le numérique est apparu pour supplanter l’analogique. Arrivée en même temps que la radio numérique terrestre, le MP3 permet de compresser, d’emporter et partager plus facilement de la musique

Live de Suzanne Vega Photo : Gérard Drouot Productions

My Name is Suzanne. I’m the reference of MP3. Si l’artiste californienne est surtout connue pour son tube « Luka », c’est un autre morceau « Tom’s diner » qui a intéressé les créateurs du son numérique compressé : le MP3. Ce format est apparu en 1993. Il va changer fondamentalement la manière dont la musique sera distribuée et partagée. Oubliés les K7 (oui oui, certains se rappellent de ce support qu’il ne fallait pas oublier de retourner !), les vinyles (provisoirement) et même les CD. Malgré des débuts difficiles, le MP3 s’impose pour le côté pratique de son utilisation.

Un ingénieur allemand écoute 1000 fois Suzanne Vega

Le MP3 est né d’une collaboration entre Thomson et l’Institut allemand Franhaufer, Précisément, Karlheinz Brandenburg est le père du nouveau format numérique. Pour lui, « Tom’s dinner » était la chanson de référence pour obtenir le meilleur son. « Le son était très mauvais lors des premiers essais. L’encodage de la voix était plutôt réussi. Mais si on appliquait cet algorithme pour la musique, c’était horrible ». Le mathématicien choisit donc un morceau a cappella pour travailler. On considère que cette chanson est difficile à encoder sans perte de qualité. Les ingénieurs mettront 10 ans pour y parvenir.

Le challenge : compresser cette voix pure sans la détériorer Il va écouter plus de 1000 fois « Tom’s diner » pour trouver un résultat satisfaisant. Les puristes diront à juste titre que le MP3 ne vaut pas le CD et encore moins le vinyle. Mais Karlheinz Brandenburg devient le père du MP3 et Suzanne Vega sa mère. Ils sont à l’origine d’un tournant dans l’industrie musicale.

Développement et régression du MP3

On l’oublie souvent mais le MP3 doit son existence au projet EUREKA initié par le couple franco-allemand Mitterrand-Kohl et financé par l’Union Européenne. Des logiciels de partage de fichiers comme Winamp puis Napster vont permettre au MP3 de rencontrer le grand public. Ils s’attireront surtout les foudres des maisons de disques et de certains artistes comme Metallica. Car le MP3 est gratuit et tue tué le sentiment d’appartenance que l’on avait en achetant une K7, un vinyle, un CD.L’arrivée de l’I-pod (+ de 270 M d’exemplaires vendus) fera le reste. Plus tard, Apple lancera l’iTunes Store avec un nouveau format de compression. L’apparition des smartphones compatibles avec de multiples formats sonnent le déclin.

Les plateformes Qobuz ou encore Tidal n’utiliseront pas non plus ce format mais un autre mode plus qualitatif. Le MP3 a souvent été l’apanage des téléchargements illégaux ou de ceux qui se satisfont d’un accès à la musique gratuite mais de piètre qualité en termes de son. You Tube en est le meilleur exemple. La plateforme est devenu le diffuseur facile pour les maisons de disque et les artistes, tel un MTV numérique. Mais la messe est dite. En 2017, la société allemande Fraunhofer-Gesellschaft à l’origine du format annonce que les brevets de licence du MP3 tombent dans le domaine public. 

Suzanne Vega, une artiste emblématique

Quant à Suzanne Vega, elle est devenue une artiste emblématique avec sa chanson manifeste « Luka » sur les maltraitances familiales. « Tom’s Diner »  avec son gimmick vocal accrocheur et son tempo inoubliable ne peut se limiter à l’anecdote du MP3.

Suzanne Vega – Anniversary

Avec son complice guitariste Gerry Leonard, elle revisite de manière intimiste son riche répertoire. Son album live enregistré au Carlyle Café à New York permet de mesurer tout le talent de la chanteuse. 

Suzanne Vega – Walk on the Wild Side (Lou Reed)

Histoire (non compressée) du MP3

Suzanne Vega 

 

19 Sep

Blues Pills : la bombe musique qui pile tout

Les suédois de Blues Pills viennent de sortir leur 3ème album. Transcendé par la voix puissante de leur chanteuse, le groupe signe « Holy Moly ! », un album complet qui oscille entre le rock (presque hard) et le rythme and blues. Une sacré découverte qui relève de la bombe musicale. A laisser exploser sans modération.

Pochette nouvel album Blues Pills

Il y a quelques heures, je ne connaissais pas cette formation. Au hasard d’une écoute dans un magasin, je ne pouvais pas faire autrement que de vous parler de « Blues Pills ». La chanteuse  Elin Larsson a du coffre et derrière, ça verrouille grave.

Guitares éraillées, batterie lourde, basse lourde, on pourrait ranger leur musique dans le bon vieux rock limite hard des années 70-80. Seulement voilà, les capacités vocales de la chanteuse amènent la formation vers du Rhythm and Blues teinté de soul. Le tout avec une énergie incroyable, tant au niveau des musiciens que la chanteuse.

« Proud Women », le premier morceau donne le ton. Ca sonne live et hurlant, rugissant de guitares. Mais à vrai dire, les 3 premiers morceaux ne sont pas les plus intéressants. Ca joue, c’est technique, ça rugit de partout, la chanteuse s’égosille plutôt bien, mais les compos et arrangements n’ont pas de quoi encore vous renverser totalement. Un bon petit tour de chauffe.

Blues Pills – Proud Women


Au contraire de « California » privé de son hôtel mais farouchement habité. Les choses sérieuses commencent. Plus posé dans le rythme, les performances vocales de la miss sont plus notables. A faire pâlir Aretha Franklin son idole. Sur des rivages soul, frôlant la puissance d’une Janis Joplin, on aurait pu la croire noire. Mais Elin Larsson a de quoi surprendre.

Blues Pills – California


Façon poste de radio qui change de fréquences, « Rhythm in the blues » prend la relève. Toujours aussi ébouriffant. Roulements de caisses claires, son limite saturée, voix égratignée, le groupe poursuit sa chevauchée fantastique, guitares et batterie en avant.

Rien n’est à l’économie. Surtout pas le jeu très sportif du batteur et des guitares déchaînées. Quelle puissance sur « Low Road ».

Blues Pills – Low Road


« Dust » est aussi un titre réussi. Effets de son, voix plus « propre », la poussière se pose. Mais ça gronde toujours autant derrière. Avec des choeurs discret marqués soul.

« Wish I’d know » renoue avec un peu de calme. Grappes de guitare, c’est encore une autre facette de la voix de la chanteuse. Très à l’aise sur la ballade au début, ça monte vite dans les aigus avec un contrepoint de cordes graves. Un morceau somme toute gospel avec une chorale qui assure pour terminer en douceur.

Song from a Mourning dove

Début au piano ponctué par les riffs de guitare. Voix sans effets, déchaînements de guitares. Et toujours le chant assuré sans faillir. Aérien, émouvant et imparable.

Et pour clore ce très bon album, « Longest lasting friend », quelques notes égrainées, la voix qui se pose. Une sorte de xylophone pour agrémenter, les prouesses vocales toujours là. Comme un geyzer qu’on ne saurait apaiser.

Pour ce troisième album auto-produit, les Blues Pills lâchent les chevaux et on en ressort tout ébouriffés. Un disque revigorant, bouillonnant, celui de la libération.

Blues Pills

Benoît Roux

17 Sep

Le nouveau clip du Duo Anadjoh contre les violences familiales

Le duo Toulousain Anadjoh sort un deuxième clip. Après avoir posé son regard sur la situation des polyhandicapés, le nouveau single « From Hell » met les points (poings) sur les violences familiales. Un beau morceau, un clip sobre et soigné avec une prestation remarquée de Pierre Matras.

Après avoir donné dans les reprises, Johanna et Christophe ont profité du confinement pour croire en leurs créations.

Le premier titre « Why » est sorti à la fin du printemps. Comme une renaissance qui a permis aussi de parler de leur engagement au quotidien pour que leur fille polyhandicapée trouve la vie plus douce. Poser des mots pour traduire l’incompréhension face à certaines situations qu’ils traversent. D’où le titre.

Avec « From Hell », ils continuent d’interpeller sur certaines causes comme les violences familiales, notamment conjugales.

Un clip noir, éclairé par Pierre Matras

Christophe a toujours voulu faire des musiques de film. Alors pour chaque nouveau morceau, un clip l’accompagne. C’est Johanna qui trouve les idées de réalisations. Christophe s’occupe du rythme et affine le montage.

Pour ce titre, les violences sont filmées depuis le point de vue de la femme. L’homme visé, c’est Pierre Matras, excellent comédien du Grenier de Toulouse. Un clip sous tension, froid et stressant, en noir et blanc où Pierre Matras incarne un homme au train de vie plutôt aisé. Car la violence dégaine dans toutes les classes sociales.

Duo Anadjoh et Pierre Matras – From Hell

Des colères (noires elles aussi) à répétition, des incompréhensions, jusqu’au geste fatal. Des images, à la limite du supportable et une vrai force dans le texte, la musique. La présence de Pierre Matras donne une dimension encore plus profonde.

Quant au morceau, il a été remixé, travaillé, le master passé dans un simulateur de magnéto à bande, vous savez le son chaleureux des bon vieux Ampex ! Le mix est d’ailleurs plus équilibré, plus immédiat que l’initial posté sur Youtube il y a 2 mois.

Pierre Matras Clip « From Hell » Photo : Duo Anadjoh

D’autres morceaux, Halloween, Bourges…

Les projets prennent corps au fur et à mesure. Le Duo Anadjoh va s’agrandir pour la scène. Un set live qui devrait être encore plus rock. Les musiciens vont répéter à la MJC du Pont des Demoiselles de Toulouse. En ligne de mire, les sélections pour le Printemps de Bourges qui se feront en mars.

Un nouveau clip sera bientôt tourné sur le morceau « Dream or Nightmare ». Avec, comme pour les précédents, un artiste invité. Un court métrage qui s’annonce délirant, prévu pour Halloween, avec le danseur de hip-hop David Dee. Un parti pris du duo pour défendre sa musique. Un financement participatif leur permet de le financer en partie.

Christophe et Johanna ont aussi cherché un label, un producteur qui leur ferait confiance pour les aider tout en préservant leur identité artistique. Pas de réponses du côté Français mais les Anglo-Saxons ont frappé à la porte. Sans vraiment comprendre les attentes du duo. Même si parmi ces contacts, il y avait l’un des premiers producteurs de Bowie.

Le groupe continue de se battre, sans concessions pour garder leur côté électro-rock et ne pas céder aux sirènes du marché. Car dans le son comme dans la vie, le Duo Anadjoh est résolument engagé.

Facebook Johanna Dorso

Christophe Dorso

Benoît Roux

16 Sep

Musique et discrimination : les femmes ne veulent plus être menées à la baguette

En France 4% des chefs d’orchestre seraient des femmes. Dans le monde, seuls 48 orchestres permanents sur 778 ont une femme au pupitre. Le concours La Maestra organisé par la Philharmonie de Paris veut attirer l’attention sur ces femmes veulent mener à la baguette, à l’égal des hommes.

Claire Gibault à la tête de l’Ensemble Cénoman © OLIVIER BLIN via MAXPPP – PHOTO 

Parmi les musiciens de conservatoires, il y a autant de femmes que d’hommes. Dans les orchestres, presque autant (40%).  Mais à la direction d’orchestre, seulement 4% en France (6% au niveau mondial) de femmes se retrouvent au pupitre. Pour dénoncer cette situation et prouver que les femmes ont autant de capacité, un concours de cheffes est organisé cette semaine.

Des cheffes pour tenir tête

220 femmes, d’une cinquantaine de nationalités différentes vont concourir du 15 au 18 septembre. La Philharmonie de Paris et le Paris Mozart Orchestra donnent ainsi une vitrine (retransmis sur Arte) et veulent créer des vocations. Car mise à part Debora Waldman nommée à la tête de l’orchestre d’Avignon, il n’y a pas d’autre exemple d’une femme dirigeant un orchestre national permanent.  Et encore, c’est une nomination récente. Debora Waldman avait dû créer son propre orchestre auparavant pour pouvoir diriger.

Claire Gibault qui est à la tête du Paris Mozart Orchestra et membre du jury a elle même été victime de remarques machiste comme beaucoup d’autres. Elle confie au journal 20 minutes qu’un  médecin d’un chef d’orchestre aurait affirmé « que les femmes ne peuvent pas être cheffes d’orchestre » pour des raisons « biologiques » : « Il m’a dit qu’elles avaient les bras tournés vers l’avant, pour tenir les bébés dans leurs bras ». On est prié surtout de ne pas rire. 

Un concours mais après?

En 2018 déjà, la Philharmonie de Paris avait organisé un tremplin pour promouvoir les cheffes. Cette année, 220 cheffes ont postulé  12 ont été sélectionnées dans le monde entier et 3 se retrouveront en finale le vendredi 18 septembre. On remarquera qu’une seule française (franco-britannique) : Stéphanie Childress se trouve parmi parmi les finalistes.

Les 12 cheffes sélectionnées pour le concours. Photo site La Mastra

La gagnante empochera 20 000 €. Mais après ?  Emmanuelle Haïm ou encore Nathalie Stutzmann commencent à se faire une place. Un léger mieux ces dernières années mais on part de très loin. Peu nombreuses au pupitre, les femmes sont quasi inexistantes aussi au niveau de la composition. Le syndrome Alma Mahler persiste. On se souvent que la femme du compositeur autrichien Gustav Mahler avait du ranger ses partitions pour ne pas faire concurrence à son homme alors qu’elle avait du talent.

La cheffe d’orchestre américaine Marin Alsop était la semaine dernière avec l’Orchestre de Paris. Mais c’est la baguette qui cache le désert à l’international. Elle sera membre du jury de La Maestra.

Ce nouveau concours La Maestra veut remettre les femmes dans le bon tempo. Certains pays (scandinaves) ont établi des quotas. En France, ce concours permettra de les accompagner pendant 2 ans, d’enregistrer des albums ou d’être invitées par les orchestres pour rétablir l’équilibre. On leur souhaite la même réussite que la Lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla, directrice artistique de l’Orchestre Symphonique de Birmingham. L’an dernier le célèbre label Deutsche Grammophon a signé un contrat d’exclusivité avec cette jeune cheffe. Une Maestra au domaine des machos.

PROGRAMME LA MAESTRA 

Benoît Roux

15 Sep

Springsteen retrouve le E-Street Band pour un nouvel album

Bruce Springsteen vient de sortir un nouveau titre « Letter to You ». Un morceau enregistré avec sa formation mythique : The E Street Band. Le nouvel album composé de 12 titres sortira le 23 octobre. Le vingtième de sa carrière.

Nouveau single. Photo : site officiel Bruce Springsteen

Springsteen avait roulé sa bosse en solitaire sur son dernier album. Une chevauchée en aparté sans ses célèbres cavaliers. A la sortie de l’album (juin 2019) il avouait avoir écrit d’autres titres pour enregistrer avec son groupe.

Ré-entendre The E-Street Band procure toujours un grand plaisir. Voilà 6 ans qu’ils ne s’étaient plus retrouvés en studio. La magie du son est toujours là : profondeur des guitares, piano impeccable, basse efficace, orgue vivifiante, batterie imparable, des musiciens hors pair au service du boss. « J‘adore le son du E Street Band complètement live en studio, d’une façon que nous n’avions jamais tentée auparavant, et sans overdubs » avoue le Boss sur son site.

Même si la voix a forcément moins de puissance avec l’âge, la magie opère toujours. La composition de ce titre « Letter to you » n’est pas exceptionnelle mais la richesse des musiciens fait le reste. Un morceau enregistré dans un esprit « live », tout comme le futur album à paraître.

Bruce Springsteen – Letter to You


Springsteen a écrit ce morceau pendant le confinement. Sacré période tout de même qui paralyse la culture mais libère la création. Springsteen précise sur son site qu’il y aura 9 nouveaux titres et 3 enregistrements d’anciens morceaux composés dans les années 70 : « Janey Needs a Shooter » , « If I Was the Priest » et « Song for Orphans ».

Bruce Springsteen – Janey Needs a Shooter


On va donc assister aux retrouvailles studio pour un album complet d’ici quelques semaines. L’album a été enregistré en 5 jours, dans le même esprit que le titre éponyme « Letter to You ». En attendant la confirmation d’une tournée avec le E-Street Band. Ce n’était pas arrivé depuis « The River Tour » en 2016.

SITE BRUCE SPRINGSTEEN

Benoît Roux

14 Sep

Asaf Avidan : la voix dans tous ses éclats

Poursuivant sa carrière solo, Asaf Avidan sort un 7ème album toujours aussi singulier. « Anagnorisis » passe aisément d’un style musical à un autre, porté par la voix stratosphérique du chanteur israélien. Un disque produit sobrement et avec efficacité qui place Asaf Avidan parmi les valeurs sûres des artistes inventifs. Notamment par l’utilisation de la voix. Assurément le nouvel album de la semaine.

Quand on a une voix aussi particulière, c’est tout l’univers musical qui est influencé. Asaf Avidan continue d’explorer avec une certaine aisance différents genres avec une voix qui porte en elle beaucoup de fragilité mais aussi tellement de diversité et de puissance.

Les voix d’Asaf Avidan

Suspendue aux aigus comme dans « 900 days », elle sait aussi se faire grave avec un registre plus normal. Surtout, cet album est un festival de voix, et c’est l’artiste lui-même qui les faits toutes. Etonnant.

Asaf Avidan – Lost Horse – (live C à Vous – 10/09/2020)

S’aventurant dans une ballade (« Earth Odyssey »), Avidan joue sur les 2 niveaux, aigu et grave. Riffs de guitare, sonorités électro, chorale d’enfants façon « The wall » sur un refrain haut perché. Tout paraît simple, équilibré, avec des sons « classiques » et des ajouts de sons électroniques.

Avec « No Words », on touche l’intime avec légèreté sur quelques notes de piano feutré et chœurs éthérés. Joliment fait. Avec l’élégance d’un Jeff Buckley.

Asaf Avidan – No words

Un disque intimiste à la production impeccable

Mêmes composantes pour  « Anagnorisis » avec une voix encore plus écorchée. Sublimé par une trompette profonde et quelques éclairs de piano. Où l’on voit aussi tout le talent de compositeur d’Avidan.

« Rock of Lazarus » montre une autre facette de l’artiste, beaucoup plus contemporaine, avec un travail sur les sons intéressant. Et comme toujours, au-delà du chant lead, la voix est un instrument à part entière avec lequel Avidan s’amuse par petites touches à créer quelques surprises. « Wildfire » prend même quelques accents Bowien ou Reediens. Le tout, très bien mixé.

On passe d’un morceau à l’autre sans lassitude, toujours séduit par la variété des compositions et des arrangements. Mention spéciale aux voix en tous genres.

Petit bijou mélancolique

« Darkness song » porte bien son nom. Assez sombre beaucoup des titres d’Asaf Avidan. Le morceaux est vraiment superbe de maîtrise, avec des chœurs murmurés et un piano presque étouffé, voix écorchée du chanteur.

Asaf Avidan – Darkness song

Très belle ballade qui fait penser à Nick Cave aussi dans la sobriété de la production. Idem pour le morceau qui clôt l’album « I see her don’t be afraid ». Toujours Nick Cave toujours sur fond de bourdon et d’harmonium. Comme une embarcation à la dérive, lourde de mélancolie, qui finit par échouer sur un rivage plus paisible.

Ce n’est pas le disque de l’année mais c’est très agréable à écouter. Résolument à part, intimiste, fragile, équilibré, épuré. Un petit bijou.

Asaf Avidan Live à Paris (09/2020)

Benoît Roux