19 Fév

Plus de 82500 signatures pour la pétition «traitez en Bio toutes les zones agricoles situées le long des écoles » : elle sera remise au préfet Pierre Dartout

Marie-Lys Bibeyran, de Générations Futures, va remettre le 1er mars prochain la pétition qu’elle a lancée suite aux problèmes de santé rencontrés par les enfants à Villeneune et Preignac en Gironde.Sa pétition a recueilli plus de 82500 signatures

L'ecole de Villeneuve en Gironde où plus de 20 enfants et une enseignantes avaient été intoxiqués par l'épandage phyto-sanitaires

L’ecole de Villeneuve en Gironde où plus de 20 enfants et une enseignantes avaient été intoxiqués par l’épandage phyto-sanitaires

Sur Facebook, depuis hier soir, Marie-Lys Bibeyran a posté « Le mardi 1 er mars à 16h j’ai rendez-vous avec Monsieur le Préfet de la Gironde Pierre Dartout pour lui remettre ma pétition « Traitez en Bio toutes les zones agricoles situées le long des écoles et des infrastructures sportives et culturelles accueillant des enfants ».

« Après le succès de la Marche blanche du 14 février et la tentative de dix députés de la Gironde de gagner du temps en demandant une énième mission parlementaire, et de discréditer les études scientifiques réalisées en parlant de « rumeurs » à propos des liens entre pesticides et santé , il est urgent et primordial d’occuper le terrain afin de montrer que nous ne lâcherons rien ! »

Cette militante, dont le frère est décédé des suites d’un cancer lié aux traitements durant des années des vignes en Médoc, va ainsi officialiser cette mobilisation et prise de position citoyennes sur internet vis-à-vis de l’Etat…mais elle compte bien sensibiliser le préfet également sur les études et missions déjà menés par l’Inserm et le Sénat, pour faire remonter au plus haut niveau, la nécessité d’agir à court et moyen terme sur la question des pesticides.

Et de Marie-Lys Bibeyran de lancer une nouveau rassemblement « devant la préfecture le mardi 1er mars à 15h, pour défendre la santé de nos enfants face aux pesticides ! »

Pour aller plus loin : lire ou relire l’article d’octobre dernier Plus de 53 000 signatures pour la pétition pour traiter les vignes en bio près des écoles

mais aussi : Exclu : l’affaire des pesticides de Villeneuve en Gironde est relancée avec l’ouverture d’une information judiciaire contre X

Pesticides à Preignac : le rapport de l’Institut National de Veille Sanitaire qui accuse !

17 Fév

10 députés de Gironde réclament l’ouverture d’une mission parlementaire sur les pesticides

Cash Investigation continue de faire des remous. Après les réactions suite à l’émission, après la marche blanche contre les pesticides dimanche à Bordeaux, ce sont 10 députés de gauche dont 1 écologiste qui se mobilisent et s’interrogent. Pour que la vérité éclate, ils demandent l’ouverture d’une mission parlementaire.

Florent Boudié, Giles Savary, et Michèle Delaunay lors de leur conférence d presse à l'Assemblée Nationale

Florent Boudié, Giles Savary, et Michèle Delaunay lors de leur conférence d presse à l’Assemblée Nationale

9 députés socialistes et l’écologiste Noël Mamère se sont fait entendre aujourd’hui pour demander depuis l’Assemblée Natioanle l’ouverture d’une mission d’information parlementaire sur les effets des pesticides suite à l’émission Cash Investigation qui a selon eux « exacerbé des craintes ».  Florent Boudié, Gilles Savary et Michèle Delaunay étaient côte-à-côte ce mercredi après-midi pour demander cette ouverture,  avec un écho de leurs collègues girondins.

La mission, qui comprendrait des membres de diverses commissions de l’Assemblée (Développement durable, Affaires sociales, Affaires économiques) et devrait,  être présidée par un député « neutre, ni du vignoble, ni des vergers », pourrait conduire ses travaux jusqu’à fin 2016, puis faire des préconisations au gouvernement.

Selon Gilles Savary, député de la 9e circonscription de Gionde qui comprend « Sauternes, Graves, Pessac », ce « sujet chronique » des risques des pesticides est ravivé par les « inquiétudes des néoruraux » et aussi « des agriculteurs eux-mêmes qui ont peur pour l’avenir de leur métier et peur pour leur santé et celle de leurs employés ».

 Tout en préciant qu’il y a « besoin de dépassionner le débat », il a déjà demandé à la ministre de la Santé Marisol Touraine des données épidémiologiques, en particulier sur les cas de cancer.

Une intervention qui s’inscrit deux semaines après la diffusion de l’enquête de Cash Investigation et 3 jours après la manifestation contre les pesticides à Bordeaux qui a rassemblé plus de 600 personnes. Pour Florent Boudié, député de Libourne, présent lors de ce point presse : « On sent localement une pression sociétale forte », alors que Michèle Delaunay, ancienne ministre et député de la 2e circonscription de Bordeaux, elle estimait pour sa part que « le vignoble bordelais ne doit pas être entaché de suspicion ».

La Marche Blanche Contre les Pesticides à Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

La Marche Blanche Contre les Pesticides à Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Pour Marie-Lys Bibeyran (Générations Futures et Confédération Paysane, à l’origine avec Valérie Murat de la Marche Blanche contre les Pesticides), leur intérêt « soudain » la fait s’interroger sur les réseaux sociaux :  » Mme Delaunay , (…) qui m’avait répondu en décembre 2014, que les pesticides n’étaient plus utilisés en viticulture et que les cancers des salariés agricoles étaient causés par le soleil !!
Pour ma part je n’y crois pas du tout à leur soudain éveil. …Mr Gilles Savary je lui ai adressé ma pétition, il m’a répondu par mail que ses enfants sont allés dans une école située au milieu des vignes et n’ont jamais eu le moindre problème…. »

Par ailleurs, dans un communiqué rendu public ce 18 février, Générations Futures s’interroge aussi sur cette nouvelle mission « pour quoi faire ? » alors que « le Sénat a déjà fait le travail avec une mission et un rapport sur l’impact sanitaire des pesticides en 2012 » ! Une mission d’un an avec des dizaines de recommandations remises au Ministre de l’Agriculture, dont certaines se sont traduites en loi (Labbé)

De même, « le rapport Inserm de 2013 a aussi fait le point sur les effets délétères des pesticides » (augmentation du risque de cancer de la prostate chez les agriculteurs, de maladies de parkinson ou malformations génitales et troubles neuro-comportementaux chez les enfants riverains de zones cultivées).

Et pour conclure « il n’est donc plus temps de faire de l’information, mais de …reprendre les propositions et recommandations du rapport des Sénateurs et de les mettre en application. Nous invitons donc ces 10 députés de Gironde à prendre connaissance de ce rapport du Sénat et à se rapprocher de leurs collègues pour envisager l’avenir. »

Ces organisations affirment se tenir à la disposition des parlementaires pour échanger et mettre en oeuvre des mesures à court et moyen terme…à bon entendeur, comme on dit….

14 Fév

Marche blanche contre les pesticides à Bordeaux : « halte à l’omerta ! »

Plusieurs centaines de personnes ont bravé la pluie pour manifester cet après-midi  à Bordeaux suite aux révélations de Cash Investigation sur les dangers des pesticides sur la santé de nos enfants. Des manifestants venus de toute la Gironde et même d’autres départements en France.

Marie-Lys Bibeyran, Valérie Murat et Dominique Techer parmi les organisateurs tenant la banderolle © Jean-Pierre Stahl

Marie-Lys Bibeyran, Valérie Murat et Dominique Techer parmi les organisateurs tenant la banderolle © Jean-Pierre Stahl

Sortant ses pancartes, Valérie Murat a décidé de braver les éléments. C’est l’une des deux organisatrices avec Marie-Lys Bibeyran de cette Marche Blanche lancée le week-end dernier, après la diffusion de Cash Investigation, le 2 février dernier en prime-time sur France 2.

Valérie Murat, tenant les pancartes, et Dominique Techer de la confédération Paysane © JPS

Valérie Murat, tenant les pancartes, et Dominique Techer de la confédération Paysane © JPS

Toutes deux sont les figures de proue de ce combat, car elles ont payé un lourd tribu, la première a perdu son père, la seconde, son frère, des vignerons-ouvriers viticoles décédés des suite de cancers.

Beaucoup de forces de police pour encadrer la manifestation © JPS

Beaucoup de forces de police pour encadrer la manifestation © JPS

Sous une pluie battante, ils ne sont pas nombreux à 14h, une centaine de personnes rassemblés devant la cathédrale de Bordeaux. Mais comme le veut la tradition du « quart d’heure bordelais », il y a toujours des retardataires : en effet, les participants vont être un peu plus de 400 selon la police, 1500 selon Valérie Murat,  pour le début de la manifestation passant rue des frères Bonie, devant le Palais de Justice.

Marche blanche 023Ce qu’ils réclament c’est une prise de conscience comme le souligne Dominique Techer, de la Confédération Paysane et propriétaire de château Gombaude-Guillot à Pomerol :

Suite aux révélations de Cash, on aurait espéré qu’il se passerait quelque chose…Il y a eu une émotion considérable. On aurait espéré que les autorités ait conscience de cela, mais ça n’a pas été le cas. Ca a été l’omerta ! » Dominique Techer Confédération Paysane.

Et de poursuivre : « On nous a ressorti les mêmes arguments. Alors qu’il y avait une sidération de l’opinion, nous avons cristallisé ce mouvement. » 

La famille, avec ses 5 enfants, qui habite au beau milieu des vignes dans le Médoc © JPS

La famille, avec ses 5 enfants, qui habite au beau milieu des vignes dans le Médoc © JPS

Dans le public de nombreux anonymes, en dehors de toute association et toute récupération, comme ce père de famille venu du Médoc près de Lesparre avec sa femme et ses 5 enfants en bas-âge: « c’est la première fois que je manifeste ! » En guise de prénom et nom, voilà ce qu’il me répond : « Alto Vin » :

On habite au beau milieu des vignes dans le Haut-Médoc.Quand il y a des traitements, on est obligé de fermer les volets, d’arrêter la VMC, il faut habiter au milieu des vignes pour s’en rendre compte ; je les aime mes enfants, ils valent beaucoup plus que quelques hectolitres. » Un père de 5 enfants du Médoc

Le magazine Cash Investigation avait établi une carte de France des Départements qui achetaient et utilisaient le plus de pesticides et la Gironde figurait en noir sur la carte présentée au Ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. DSelon un tract distribué : ce département est « ainsi montré du doigt, comme département le plus consommateur de pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes reprotoxiques), mais ce n’est plus seulement l’affaire des viticulteurs, toute la société civile est concernée… ».

Dominique Dupuy, Evelyne et Frédéric Wielezynski et Bernard Simian © JPS

Dominique Dupuy, Evelyne et Frédéric Wielezynski et Bernard Simian © JPS

Justement nombre de personnes concernées étaient là comme Dominique Dupuy, viticulteur bio à Saint-Emilion : « il y a un gros souci avec les pesticides. Il y a de grosses propriétés qui m’entourent et n’hésitent pas à traiter. Ca peut être tous les 8 jours, mais c’est variable; j’ai fait analyser mes vins sur 2015 et j’ai pu vérifier sur les bords de mes voisins que j’avais sur des lots 4 ou 5 molécules de pesticides… Moi, je suis en bio, c’est encore beaucoup de cuivre mais on peut progresser. C’est moins pire mais on peut mieux faire. »

A ses côtés, deux responsables d’associations d’apiculteurs : Bernard Simian, Président du Syndicat Apicole de la Gironde (UNAF) qui a constaté « qu’il y a 30 ans, on avait 5% de mortalité des abeilles, aujourd’hui c’est 30% » et d’en vouloir aux sénateurs de Gironde qui ont rejeté l’amendement sur les « néonicotinoïde » (interdiction de ces pesticides violents) : « on avait adressé deux courriers aux sénateurs, vu le résultat de leur vote, on ne peut plus leur faire confiance. » L’autre président du Syndicat National des Apiculteurs Frédéric Wielezynski confirme que « les populations d’abeilles ont du mal à passer l’hiver… »

Marche blanche 047Quant à Valérie Murat, qui interpelle la foule venue malgré les intempéries, elle confie à Côté Châteaux : « La mobilisation ? C’est pas mal du tout, avec le temps qu’il fait, on est plusieurs centaines : ils se sont bougés malgré la pluie, malgré la Saint-Valentin. Il y en a qui viennent du Nord-Pas-de-Calais, de Montpellier, et de toute la Gironde. Preuve que la société civile a pris conscience. Il y a eu un gros électrochoc avec Cash Investigation ».

La Marche Blanche Contre les Pesticides à Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

La Marche Blanche Contre les Pesticides à Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Et de conclure : » C’est la preuve que notre combat individuel, à Marie-Lys Bibeyran et moi-même, devient un combat collectif. Il y a un débat sur la santé des agriculteurs, des habitants et de leurs enfants. Ils ont envie de reprendre leur santé en main. »

Les manifestants n’ont pas dit leur dernier mot, ils annoncent déjà leur participation à la Marche contre Monsanto & Co, le samedi 21 mai prochain, à Bordeaux. Cette fois, il fera beau ?

09 Fév

Une marche blanche contre les pesticides prévue ce dimanche 14 février à Bordeaux

Suite à la diffusion du magazine de Cash Investigation sur les dangers pour la santé des pesticides, Valérie Murat, Marie-Lys Bibeyran et de nombreuses associations se sont regroupées pour organiser ce dimanche une « marche blanche contre les pesticides » à 14h place Pey Berland. Côté Châteaux a recueilli le témoignage de Valérie Murat de Générations Futures.

Une

La marche blanche contre les pesticides – Photo d’une précédente manifestation contre Monsanto © KAMI

Pourquoi organiser une telle marche ? « Avec ma camarade médocaine Marie-Lys Bibeyran, on voulait faire une manifestation depuis un moment », commence par m’expliquer Valérie Murat dont le père vigneron est décédé en 2010 des suites de cancer lié aux pesticides (elle a déposé plainte contre X). Après la diffusion de l’enquête jeudi soir de Cash Investigation, il n’y avait plus à attendre davantage.

Suite à l’émotion suscitée, et notamment dans nos cercles privés « tu as vu Cash ? », ça a été un électrochoc », Valérie Murat.

Et de poursuivre, « les gens on été plus au clair » avec la démonstration d’Elice Lucet et de Martin Boudot, sur les répercussions des persticides sur la santé des enfants et avec les analyses de mèches de cheveux effectuées. « On s’est dit c’est le bon moment pour mobiliser la société civile et une partie de la population pas du tout informée car les gens ont envi de protéger leurs gosses.

« On a pu lire aussi après l’émission que la machine à désinformer était en route avec le CIVB, la Chambre d’Agriculture et la FDSEA qui nient en bloc des études sur lesquelles s’est appuyé Cash Investigation. Ils balaient d’un revers de la main l’émotion suscitée et les études menées par l’INSERM, une étude académique. Messieurs Farges et Vasseur nous agitent l’étude Agrican, co-financée par l’UIPP, par les firmes. »

Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran (dont le frère salarié viticole est aussi décédé des suites d’un cancer lié aux pesticides) ont obtenu le soutien de Dominique Techer de la Confédération Paysane Gironde, de l’association Générations Futures, du Collectif Alerte Pesticides de Léognan, des Amis de la Terre et Allassac ONGF….qui aussi vont participer dimanche 14 février à ce rassemblement

A cette heure on va passer la barre des 400 inscrits (sur Facebook) et des gens de différentes régions nous contactent pour faire des marches dans d’autres régions ».

C’est vraiment une mobilisation citoyenne contre l’omerta, contre les pesticides« , Valérie Murat.

Le texte sur les réseaux sociaux de leur appel à La Marche Blanche Contre les Pesticides:

« Vous êtes nombreux aujourd’hui dans notre société, à être conscients et inquiets des dangers des pesticides, encore plus nombreux grâce au reportage Cash Investigations d’Elise Lucet du 2 février dernier qui a touché le grand public.

Ce documentaire a confirmé la dangerosité de nombreux produits homologués et la mise en danger de la santé des enfants, des riverains et des agriculteurs. Il a montré l’impunité des firmes de l’industrie chimique, la complicité de nos élus.
Il légitime par ailleurs, les actions en justice engagées ici en Gironde pour faire reconnaître la responsabilité des pesticides dans la mort de professionnels de la Viticulture.

Aujourd’hui, la Gironde est montrée du doigt, comme département le plus consommateur de pesticides CMR (cancérigènes, mutagènes reprotoxiques), mais ce n’est plus seulement l’affaire des viticulteurs, nous sommes tous concernés.

Si la société civile veut protéger ses enfants elle doit montrer sa volonté de faire cesser le déni et l’omerta des institutions viticoles.
Avec La Confédération Paysanne 33, Générations Futures, Collectif Alerte Pesticides Léognan, Les Amis de la Terre, Allassac ONGF »

07 Fév

Cash Investigation sur les dangers des pesticides : le point de vue de Marie-Lys Bibeyran

Marie-Lys Bibeyran, dont le frère salarié viticole est décédé des suites d’un cancer, a participé au printemps 2015 à l’enquête menée par Martin Boudot pour Cash Investigation. Comme elle nous l’écrit : « il en reste quelques pages au début du livre  retraçant cette année d’investigation ». Dans ce débat sur les pesticides mis sur la place publique, Côté Châteaux a souhaité connaître le point de vue de cette femme, militante anti-pesticides, qui mène un combat quotidien avec Générations Futures pour une prise de conscience collective.

Marie-Lys Bibeyran, en octobre dernier © JPS

Marie-Lys Bibeyran, en octobre dernier © JPS

« J’ai regardé très attentivement le résultat de ce travail de fourmi, il en ressort un documentaire à mon sens très important pour deux raisons. D’abord parce qu’il met des personnes et des images sur les désastres sanitaires causés par les pesticides, lire des articles disant même sur appui scientifique que c’est très nocif est une chose, pourvoir en identifier des victimes qui plus est des enfants en est une autre ! Ensuite, parce qu’il révèle au grand jour la collusion entre les pouvoirs publics et les industriels de la chimie agricole, la détermination et ma capacité financière de ces derniers à tout faire pour que leur businnes ne soit pas ébranlé ».

« Je pense que pour des téléspectateurs qui en sont au stade de l’interrogation sur la dangerosité des pesticides, ce documentaire est un véritable électrochoc ».

« Pour ma part ce qui m’a le plus interpellée ce sont les chiffres. Un enfant vivant en Gironde a 20% de risque supplémentaire de développer une leucémie par rapport à un autre département en France ! C’est ahurissant ! Une femme enceinte vivant à proximité d’une zone agricole sur laquelle des pesticides sont appliqués à 3 fois plus de risque d’avoir un enfant autiste. Qu’est-ce qui est fait pour remédier à cet état de fait ?!

« Là, nous prenons  la mesure de l’urgence qu’il y a réagir ».

« Je pense que chaque maillon de la chaîne doit prendre sa part de responsabilité. Du consommateur, qui doit prendre conscience que son pouvoir d’achat est avant tout un pouvoir de refuser d’acheter les produits issus de ces pratiques mortifères,  en passant par les professionnels de la viticulture qui doivent accepter un changement de leurs pratiques. Apporter une réponse à la problématique des pesticides, ce n’est pas uniquement opérer à long terme un changement des pratiques , c’est aussi apporter une réponse immédiate sur le terrain par un changement de comportement ! Pour la proximité des vignes avec les établissements scolaires par exemple, appliquer sur ces parcelles là uniquement des produits homologués pour la viticulture biologique, solutionnerait le problème dans l’urgence et constituerait en même temps un premier pas vers une transition ultérieure et générale vers le Bio, sans pour autant menacer l’équilibre économique de l’entreprise puisque tout le vignoble ne serait pas concerné au début ».

« Les instances viticoles ont un rôle considérable d’impulsion à jouer au niveau local. Il n’est plus admissible aujourd’hui en l’état des connaissances scientifiques et au vu des affaires qui sont sur la place juridico bordelaise, d’entendre un représentant du Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux  prétendre qu’il n’a jamais lu d’études scientifiques faisant état d’effets des pesticides sur la santé humaine. Ces propos sont gravissimes et contre productifs pour l’image des vins de Bordeaux ». 

« Les pouvoirs publics doivent bien entendu légiférer sur l’interdiction pure et simple des pesticides les plus dangereux, sur la mise en place de zones tampons autour des habitations et de tous les lieux de vie, sans oublier sur les conditions de travail des personnels exposés. Mais nous savons tous que le temps législatif n’est pas conciliable avec l’urgence du terrain, c’est pourquoi je pense que la volonté des instances locales et des professionnels doit venir en amont de cette, espérons-le, future législation. L’image de la viticulture, a tout à y gagner ».

Propos de Marie-Lys Bibeyran recueillis par Côté Châteaux.

Et pour revoir l’émission de France 2 :Cash Investigation. Produits chimiques : nos enfants en danger

06 Fév

Bernard Farges réagit après l’émission de Cash Investigation

Bernard Farges, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, s’exprime sur l’émission Cash Investigation et la prise de conscience collective face aux dangers des pesticides dans la viticulture et pour les populations habitant à proximité des vignes traitées. Il est l’invité de Parole d’expert ce mois-ci dans Côté Châteaux.

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Bernard Farges, vous avez regardé l’émission Cash Investigation ce jeudi, qui met en avant les dangers des pesticides, quelle a été votre première réaction en voyant la Gironde en noir sur la carte établie par l’émission, concernant la vente de pesticides notamment? »

Bernard Farges : « D’abord ça a été une réaction attentive, tout au long du reportage. Après il n’ y pas que la Gironde qui est dans cette situation là. On a pu voir aussi dans le reportage une carte qui a été moins diffusée : la carte de la qualité des eaux et là vous avez pu voir que la Gironde était plutôt bien placée, donc il aurait été utile de comparer les deux.

Après, le sujet évoqué est un sujet important et pour nous la diminution des intrants, la diminution des pesticides est une nécessité.

Nous la pratiquons et mettons tout en oeuvre depuis quelques années maintenant pour informer les viticulteurs, pour former les viticulteurs et faire en sorte qu’ils utilisent moins d’intrants. C’est un travail important de pédagogie. Ce n’est pas le Civb, ce n’est pas dans un bureau, qu’on va décider que tous les viticulteurs vont agir de manière différente ou qu’ils vont changer leurs pratiques.Pour cela, il faut les encourager, les former et les informer. Ce travail est mené, nous avons d’ailleurs eu il y a quelques jours le 8e forum environnemental qui a rassemblé plus de 400 personnes avec de nombreux journalistes aussi sur ce thème-là.

C’était l’occasion pour nous de faire le point de ce qui est fait, de manière individuelle -des actions faites par les viticulteurs – et de manière collective -des encadrements le système de management environnemental- ; aujourd’hui 45% des entreprises sont certifiées sur des pratiques environnementales qui permettent d’avoir une évolution positive des intrants et puis il y a  des sujets importants d’avenir sur lesquels nous investissons, notamment la recherche.

La recherche nous dit qu’il y a des pistes très intéressantes sur l’utilisation et l’obtention de cépages, comme le merlot et le cabernet que l’on connaît ici ou le sauvignon, qui pourraient être davantage résistants aux maladies que ce que nous connaissons aujourd’hui. C’est une piste très intéressante sur laquelle nous travaillons très fort. Mais nous avons quelques soucis réglementaires qui nous permettraient d’avancer encore plus vite. Là nous interpelons notre ministre de l’agriculture et ses services pour avancer plus vite sur ce sujet là.

Lorsque nous aurons des cépages plus résitants, tout en gardant la typicité parce que ce sont des merlots et de cabernets, ce sera la consommation des intrants qui aura largement diminué, et qu’ils soient bio ou pas, car le sujet est bien de diminuer tous les intrants. »

Rousset et vins 126JPS : « Est-ce qu’il n’y a pas des mesures rapides à prendre, quand on voit les prélèvements faits sur les mèches de cheveux des enfants, notamment de ceux qui sont dans des écoles à proximité des vignobles ? »

Bernard Farges : « Des mesures rapides ont déjà été prises. Notamment, après l’événement de Villeneuve de Blaye il y a deux ans, qui était je le rappelle une mauvaise pratique de la part de la part de deux de nos collègues, que l’on ne peut pas approuver et même que l’on condamne : lorsqu’un viticulteur traite alors que les enfants sont dans la cour de l’école, nous savons que l’on peut faire différemment.

Il faut traiter lorsque les enfants ne sont pas à l’école, tout simplement. les enfants ne sont pas à l’école tout au long de la semaine, donc on a la capacité de s’organiser et il faut s’organiser.

Il faut changer nos pratiques dans des lieux sensibles, lorsqu’on a des voisins, lorsqu’il y a une école, on doit s’organiser et travailler différemment. D’abord respecter la loi, traiter en dehors des périodes de vent, être plus précautionneux, et encore une fois c’est le sujet du bien vivre ensemble. Si on a une pratique normale et une pratique réfléchie, il n’y a pas de raison que les choses se passent mal.

Après l’objectif de diminuer les intrants est un objectif important, je l’ai rappelé avec les cépages résistants. Nous avons un travail à mener et nous engageons la région à nous rejoindre sur la recherche concernant le matériel de pulvérisation, et là nous savons que nous avons de gros progrès à faire, et cela ça peut aller assez vite. »

Interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix:


02 Fév

Elle est comme ça Elise Lucet, plutôt cash : ce soir la Gironde est en noir dans l’utilisation des pesticides dans Cash Investigation

Notre consoeur de France 2 n’a pas froid aux yeux et ce devant les lobbys et le ministre de l’Agriculture. Elle lui a mis sous le nez la carte de France de vente des pesticides dangereux en France. C’est pas joli, joli, et même noir par endroits. A voir dans Cash Investigation.

La Carte de France concernant la vente de pesticides © Cash Investigation

La Carte de France concernant la vente de pesticides © Cash Investigation

Les équipes de « Cash Investigation » ont réalisé la première carte illustrant l’utilisation des pesticides dangereux en France, département par département. Elise Lucet l’a présentée au ministre de l’Agriculture, qui a accepté de répondre à ses questions. A voir dans « Cash Investigation. Produits chimiques, nos enfants en danger », ce mardi 2 février à 20h55 sur France 2.

Après plusieurs semaines de discussions, le ministre de l’Agriculture a accepté de répondre aux questions d’Elise Lucet sur les pesticides. Pour l’occasion, l’équipe de « Cash Investigation » a réalisé un décor inédit : une carte géante, celle de l’utilisation des pesticides dangereux en France. Ceux qui sont classés cancérigènes, nocives pour la reproduction, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques. Classement département par département.

Cette carte a été réalisée, en quatre mois, à partir d’une base de données confidentielles détaillant les ventes de pesticides en France, produit par produit, entre 2008 et 2013. L’objectif du ministre de l’Agriculture : parvenir à faire baisser de 50% l’utilisation des pesticides d’ici à 2025. Optimiste.

Un extrait de « Cash Investigation. Produits chimiques, nos enfants en danger« , une enquête de Martin Boudot, diffusée mardi 2 février à 20h55 sur France 2.

Cash Investigation en replay

CARTE. Quels pesticides dangereux sont utilisés près de chez vous ?

30 Jan

Le Cristal Roederer passe au vert

C’est la mode du bio ! De plus en plus de grands noms, châteaux du Bordelais comme Palmer, maisons de champagne et autres domaines alsaciens ou du Languedoc-Roussillon, s’y mettent. Dernière annonce en date le célèbre Cristal Roederer sera bio…d’ici 2020.

Le célèbre © Cristal Roederer

Le célèbre © Cristal Roederer

Signe d’une viticulture de plus en plus durable, le Cristal Roederer, célébrissime champagne de la maison Louis Roederer, entend revendiquer d’ici 2020 l’appellation agriculture biologique.

L’emblématique flacon transparent, créé spécialement pour le tsar Alexandre II de Russie, sera élaboré à partir des 74 hectares de chardonnay et de pinot noir cultivés en biodynamie et répartis sur l’ensemble du domaine de 240 hectares.

Pour aller plus loin avec l’Union de Reims

Découvrez ici Cristal et la Maison Louis Roederer

29 Jan

Bordeaux demande à l’Union Européenne de fixer un seuil de résidus de pesticides dans le vin

C’était mercredi de la semaine dernière à l’occasion du forum environnemental, Bernard Farges s’est dit favorable au nom du CIVB à fixer un seuil de résidus de pesticides dans le vin C’est à l’Union Européenne de le faire.

Bernard Farges président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux © JPS

Bernard Farges président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux © JPS

L’interprofession des vins de Bordeaux a demandé à l’Union européenne de fixer un seuil de limites de résidus (LMR) de pesticides dans le vin.

« On nous oppose qu’il y a des résidus de pesticides dans le vin. On est demandeurs à ce que l’Europe dise s’il peut y avoir un référentiel, ainsi ça purgera la question », indique le président du Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Bernard Farges. A ce jour les textes européens ne fixent pas de tel seuil sur les produits transformés mais seulement sur les matières premières, en l’occurrence le raisin.

Selon Bernard Farges, des études ont montré « qu’il n’y a pas d’augmentation du nombre de molécules après fermentation » mais « au contraire une diminution » par rapport aux relevés effectués sur le raisin.

Avec Afp

23 Jan

8e Forum Environnemental : les Vins de Bordeaux vont continuer leurs efforts

Mercredi dernier se tenait le 8ème Forum Environnemental, l’occasion pour la filière des vins de Bordeaux de présenter, au Palais des Congrès, son plan pour accélérer sa démarche d’amélioration en matière environnementale. Un sujet sensible avec une grosse attente des populations qui vivent à proximité des vignes, des salariés viticoles et des consommateurs en général.

Bernard Farges, le président du © CIVB lors du 8e Forum Environnemental à Bordeaux

Bernard Farges, le président du © CIVB lors du 8e Forum Environnemental à Bordeaux

Objectif 2020
Les vins de Bordeaux sont résolument et collectivement engagés depuis plus de 25 ans dans des pratiques respectueuses de l’environnement. Le CIVB consacre notamment chaque année 1,2 million d’euros à d’importants programmes de recherche et expérimentation afin d’anticiper les exigences de demain.

CaptureEn 2008, après avoir réalisé son 1er Bilan Carbone, la filière s’est dotée d’un Plan Climat 2020 des vins de Bordeaux. En 2013, un point d’étape a été réalisé.
Résultats = une baisse de 9% des émissions de GES (gaz à effet de serre) de la filière en 5 ans, grâce à de multiples actions et malgré une forte activité à l’export et de nombreux investissements, consommateurs d’énergie, tournés vers la qualité.

Émissions de la filière
• 2008 : 840 000 tonnes Éq CO2
• 2013 : 770 000

La Feuille de Route du Plan Climat 2020

Pour atteindre les objectifs en 2020, la filière a poursuivi sa stratégie fondée sur le collectif. Toutes les parties prenantes ont été impliquées dans l’élaboration d’un plan d’actions. Des représentants des vignerons, négociants, caves coopératives, distilleries, ADEME*, du Conseil Départemental et Régional, de la recherche, de la Chambre d’Agriculture, des transporteurs, des fournisseurs d’énergie, … ont travaillé ensemble dans le cadre de 4 groupes de travail.
Leur mission : prioriser et décliner des solutions pratiques et concrètes ayant un impact favorable sur les objectifs du Plan Climat 2020 des vins de Bordeaux.
Plus de 20 actions prioritaires,toutes issues de success stories individuelles de terrain, ont été retenues pour la feuille de route 2016. Ce document conçu comme un véritable outil de travail, développera de façon pragmatique l’ensemble de ces actions et leur mise en oeuvre.

Plus de 20 actions prioritaires, toutes issues de success stories individuelles de terrain, ont été retenues pour la feuille de route 2016. Ce document conçu comme un véritable outil de travail, développera de façon pragmatique l’ensemble de ces actions et leur mise en oeuvre.

• Généraliser le recours aux bouteilles en verre de moindre poids à gamme équivalente
• Développer le compostage des sarments et effluents
• Développer les actions de mutualisation de collecte et de recyclage
• Favoriser la collecte des eaux de pluie
• Favoriser l’implantation des haies et arbres sur le territoire

CaptureLa filière des vins de Bordeaux a fondé sa stratégie de développement durable sur une démarche collective. Cette stratégie se décline en objectifs partagés et s’appuie sur des outils déployés pour l’ensemble de la filière. L’ambition est d’engager 100% de la filière dans une démarche de développement durable.
Aujourd’hui, plus de 45% de la surface du vignoble bordelais est certifiée dans le cadre d’une démarche environnementale.

Le Système de management Environnemental (SME) du Vin de Bordeaux : un dispositif innovant
Le CIVB a créé en 2010 le SME du Vin de Bordeaux pour permettre aux entreprises de la filière d’adopter une démarche environnementale collective au service de leurs performances.
Cet outil vise à mettre à la disposition de l’ensemble des entreprises de la filière des vins de Bordeaux (viticulture, cave coopérative et négoce) un outil de progrès environnemental continu, indépendamment de leur diversité. Les fondements de cette démarche sont le volontariat, le partage d’expériences et la mutualisation de moyens.

Valérie Murat © France 3

Les acteurs de la filière interpelés par Valérie Murat de l’association Générations Futures

Lors de ce forum, Valérie Murat, dont le père est décédé après avoir passé toute sa vie dans les vignes dans l’Entre-Deux-Mers, a pris la parole pour sensibiliser la profession sur la dangerosité des traitements phytosanitaires. Elle a d’ailleurs lancé une association « Générations Futures » et organisé la semaine passé une réunion d’information à Langon avec Marie-Lys Bibeyran.

Elle considère qu’il y a une certaine omerta de la profession sur la dangerosité  des ces traitements : « Non tout ne va pas bien car les vignerons et les ouvriers bordelais tombent malades. Ils tombent malades et ils meurent. Ils meurent et leurs familles sont détruites.  Leurs propriétés sont récupérées par des spéculateurs qui cherchent des lignes supplémentaires a leurs capitaux, loin de savoir plier une aste et encore moins savoir tailler un pied de vigne » a-t-elle dénoncé.

Arrivée tôt au Forum, elle a pu discuté avec l’animateur qui a bien voulu lui céder 5 minutes la parole pour qu’elle puisse lire son discours : « les gens aujourd’hui sont demandeurs d’informations et j’ai été agréablement surprise à la fin certains m’ont applaudi. » Valérie Murat a toutefois rencontré quelques personnes réticentes par rapport à ses prises de positions, les échanges ont pu être vifs mais sont restés courtois.

Et de dire à la Tribune : « Alors qu’aujourd’hui de nombreuses études ont montré le lien entre certaines pathologies très lourdes et l’utilisation de pesticides, que des pratiques respectueuses de l’homme et de l’environnement existent, que la viticulture française consomme 20% du tonnage annuel de pesticides en France, Si le CIVB persiste dans un tel déni, il faudra le moment venu qu il en assume les conséquences. »

Les avancées sont en effet au démarrage de ce qu’elles pourraient être dans les années à venir, les acteurs de la filière qui commencent à prendre conscience du problème se doivent de modérer leurs traitements comme certains le font déjà, de ne traiter qu’en dehors des heures de classes pour ces vignobles à proximité des écoles, d’en avertir aussi les chefs d’établissements ou le voisinage… Certains prônent le traitement en bio, est-ce vraiment la solution, à suivre…