13 Oct

Affaire d’épandages à Villeneuve : « la Sepanso ne poursuit pas la viticulture, elle poursuit la bêtise ! »

L’avocat de la Sepanso, François Ruffié, s’exprime et conteste le classement pour infraction insuffisamment caractérisée de l’affaire de Villeneuve du 5 mai 2014. Un appel est en cours devant le parquet général. Les faits, témoignages et constats sont éloquents et plaident en faveur de poursuites dans cette affaire, qui avait ému la France entière.

François Ruffié, avocat de la Sepanso © JPS

François Ruffié, avocat de la Sepanso, avait déposé plainte contre X, aujourd’hui il fait appel de la décison de classement pour infraction insuffisamment caractérisée © JPS

Ce 5 mai 2014, le directeur de l’école avait déjà croisé une machine en action lors de l’entrée en cours à 8h20. Puis à d’autres moments de la matinée, lors de la récréation, et en début d’après-midi. On peut même dire en croisant l’ensemble des témoins que les traitement étaient forts nombreux.

A tel point que la récréation de 10h a dû être écourtée: « L’épandage s’est fait contre l’école à un moment où les enfants étaient dehors, les enseignants ont été obligés de rentrer précipitamment les élèves 2 fois, le matin et entre midi et deux. Il y a des témoins qui disent que les enfants mettent les mains sur le grillage et ils ont les doigts bleus ou verts avec des traces de produit. »

L'école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

L’école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

La suite, on la connaît: dès la récréation du matin, à 10h25,  certains élèves se disent incommodés par les odeurs désagréables et se plaignent de picotements dans les yeux.  Dans l’après-midi, c’est alors une nouvelle séquence émotion: à 13h20, l’institutrice a « la tête qui tourne » et a « une vision trouble. » Elle n’est pas seule, de nombreux élèves, au total 23, vont se plaindre également de maux de tête, vertiges, douleurs abdominales, nausées, gorges et yeux irrités ! L’institutrice est alors emmenée aux urgences à l’Hôpital de Blaye, elle va se sentir mal durant deux jours…

Et François Ruffié de poursuivre : »Le lendemain, l’inspecteur d’académie qui se rend sur les lieux dit qu’il y a des odeurs caractéristiques de produits phytosanitaires. Et d’autre part il y avait du vent, il y avait beaucoup de vent, à partir de la mi-journée on est très au-delà des 19 km/h de vent qui autorisent l’épandage, donc effectivement il ne fallait pas épandre ce jour-là ».

villeneuve 263

La station météo de Mérignac a relevé ce 5 mai 2014 des rafales à plus de 20 km/h, or par arrêté du 12 septembre 2006 du code rural L 253-1 les produits ne peuvent pas être utilisés en pulvérisation ou en poudrage (car l’utilisation est strictement réglementée à un degré d’intensité inférieur ou égale à 3 sur l’échelle de Beaufort (de 12 à 19 km/h)

La Sepanso ne s’oppose aux traitements, aux principes de la viticulture, mais là ça a été fait n’importe comment. La Sepanso ne poursuit pas la viticulture, elle poursuit la bêtise ! » François Ruffié, avocat de la Sepanso.

Marie-Lys Bibeyran a alncé une pétition qui a recueilli prsè de 13 000 signatures © JPS

Marie-Lys Bibeyran a alncé une pétition qui a recueilli prsè de 13 000 signatures © JPS

A Listrac-Médoc, Marie-Lys Bibeyran, salariée viticole dont le frère est décédé des suites d’un cancer après avoir pulvérisé pendant 35 ans des pesticides, milite pour arrêter les traitements le long des écoles, ou au pire traiter ces parcelles qui jouxtent les écoles en bio : « cette pétition, je l’ai lancée le 26 septembre et elle compte à ce jour 12828 signatures…  Pourquoi cette pétition ? Parce que sur le terrain il y  a urgence, on va d’études en études, d’enquêtes en enquêtes, mais sur le terrain les pulvérisations sont tourjours là, les enfants sont toujours exposés et concrêtement il n’y a rien qui change. »

villeneuve 272

En tant que salariée agricole, elle avance une alternative : « Les affaires de Villeneuve et de Preignac nous prouvent qu’il y a un problème; la seule solution admissible serait de cultiver en bio toutes les zones agricoles a proximité immédiate non seulement des écoles mais de toutes les infrastructures qui accueillent des enfants sportives et culturelles ».

Et François Ruffié ne comprend pas l’attitude du directeur de la Draaf Aquitaine. La Draaf dans un premier temps a fait ces nombreux constats cités ci-dessus, et puis au final le directeur  écrit « il n’est pas possible d’attester formellement de la réalité et de la matérialité de l’infraction », ce que le parquet a traduit par la suite par ce classement.

Nous avons sollicité la préfecture, la Draaf, aucun commentaire à faire, juste un mail rappelant la position de la préfecture l’an dernier et l’arrêté pris:

Arrêté préfectoral pris l'an dernier

Arrêté préfectoral pris l’an dernier

Depuis l’incident, il n’y a plus de traitement dans les vignes durant les heures de classe . L’école est prévenue par la mairie lorsque les parcelles sont traitées, après la classe.

Nous avons aussi sollicité une interview de Madame le Maire, propriétaire de l’un des deux châteaux mis en cause, en vain.

villeneuve 257

La balle est désormais dans le camp du Parquet Général qui devra dire s’il y a lieu de poursuivre ou non, et si ces élèves et cette institutrice ont été pris de malaises comme par enchantement….

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et de Pascal Lécuyer

10 Oct

Epandage de pesticides à Villeneuve-de-Blaye : la Sepanso conteste le classement de l’affaire

L’affaire avait fait grand bruit au point que le gouvernement et Ségolène Royal s’en étaient émus…et puis plus rien. Aujoud’hui elle a fait « pschitt » selon la célèbre expression si chère à l’un de nos anciens présidents de la République. L’avocat de la Sepanso, François Ruffié fait appel de la décision de classement.

L'école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

L’école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

Comment se fait-il que 23 élèves de cette école primaire aient été pris de vomissements et maux de tête le 5 mai 2014 à Villeneuve-de-Blaye, comment se fait-il que cette prise de conscience collective qui a reçu encore récemment un écho avec l’affaire de Preignac soit aussi vite enterrée ? On peut se poser des questions, d’autant qu’il en va de la santé publique et encore plus important de la santé de nos enfants !

Joint ce matin François Ruffié avocat de la Sépanso relate que « les services de la Draaf ont fait une enquête, très bien faite d’ailleurs, en 7 -8 pages où il est souligné que ce jour-là la force du vent était trop importante et n’aurait pas du permettre ces épandages, par ailleurs les gamins qui touchaient la clôture avaient les doigts bleus et l’Inspecteur d’Académie le lendemain trouvait que ça sentait encore. »

Dans ces conditions, alors même que le rapport démontre un épandage inadapapté, voire fautif, l’avocat de la Sepanso ne comprend pas ce classement qui « correspond à la position du directeur de la Draaf qui en une page rend un avis totalement contraire au rapport. Nous, on ne poursuit pas l’agriculteur, on poursuit la bêtise: épandre avec tous les gamins qui sont à l’école, ça s’appelle de la bêtise ! », continue Me Ruffié.

Daniel Delestre, le Président de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

Daniel Delestre, le Président de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

Pour Daniel Delestre, le Président de la Sepanso Gironde: « je trouve que c’est tout-à-fait regrettable ! Les fautes étaient caractérisées tant dans la gestion des pesticides, que dans l’emploi des pesticides par jour de grand vent et à proximité d’une école. Il y a quand même eu toute une école qui est partie à l’hôpital. Aujourd’hui les gens ont une inquiétude majeure, on n’arrête pas de lire des articles dans les journaux. La France est l’un des premiers pays consommateurs de pesticides, il faut commencer à agir, car on en retrouve dans nos rivières aussi. Nous on a bien l’intention de relancer le procureur général et on envisage éventuellement de nous porter partie civile. »

Me François Ruffié a confirmé à Côté Châteaux avoir fait appel auprès du Parquet Général de cette décision de classement du Parquet de Libourne.

Pour vous remettre en mémoire cette histoire, relire : Affaire d’épandage près d’une école à Villeneuve-de-Blaye en Gironde: la Sepanso dépose plainte contre X…

28 Sep

LGV : les vignerons de Sauternes et Barsac dénoncent une méthode anti-démocratique et interpellent la ministre de l’Ecologie, Mme Ségolène Royal

Les réactions commencent à fleurir depuis que le gouvernement a validé samedi les projets de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Des réactions qui mûrissent doucement comme le raisin, reste à savoir si elles auront un goût de pourriture noble… Les viticulteurs du sauternais interpellent en tout cas la ministre de l’Ecologie  à travers ce communiqué :

Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie  © gouvernement.fr

Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie © gouvernement.fr

« C’est un projet délétère pour notre appellation. Le gouvernement refuse de prendre en compte la biodiversité et la richesse de Sauternes. Avec ce tracé qui traverse la zone humide de la vallée du Ciron et sa hêtraie vieille de 50 000 ans, le microclimat du Sauternais est menacé. C’est le Ciron qui est responsable de la richesse de nos terroirs et de l’apparition du botrytis. Ce projet est une catastrophe pour nous ! » s’indigne Xavier Planty, président de l’ODG de Sauternes et Barsac.

« C’est un projet destructeur pour l’environnement et pour les 170 propriétés de l’appellation, poursuit Stéphane Wagrez, président de la commission promotion de Sauternes et Barsac. C’est un projet anti-démocratique. La sagesse populaire s’est élevée contre ce tracé ubuesque, qui détruira plus de 48 000 hectares de forêts et terres agricoles et compromet l’équilibre écologique de toute une vallée. Le commissaire de la Cour des comptes s’est lui-même prononcé contre ce projet qui est une hérésie financière. Que fait la ministre de l’Ecologie, Mme Ségolène Royal ? »

« Nous ne comprenons pas que les pouvoirs publics préfèrent la mégalomanie de certains élus locaux à la sagesse populaire de cette enquête publique. Nous ne comptons pas nous arrêter là », conclut Xavier Planty. Une réunion de mobilisation est prévue ce lundi.

 

Xavier Planty, le président de l’ODG Sauternes, réagit farouchement sur la relance de la LGV : « Comment se fait-il qu’on puisse passer outre 14 000 contributions ? C’est hallucinant ! »

Le président des viticulteurs de Barsac et Sauternes est furieux depuis l’annonce de relance du projet de LGV au sud de Bordeaux, qui mettrait en péril les vins de Sauternes et ceux de 10 autres appellations de liquoreux de Bordeaux. Il a livré ce matin ses premières impressions à Côté Châteaux.

Xavier Planty, le président de l'ODG Barsac et Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Xavier Planty, le président de l’ODG Barsac et Sauternes © Jean-Pierre Stahl

La première réaction de Xavier Planty, président de l’Organisme de Défense et de Gestion de Sauternes et Barsac, vise d’emblée les élus : « les politiques sont déconnectés de la réalité. On est sur des shémas décisionnaires archaïques, dignes du stalinisme… La notion de dégat écologisque est quantitatif dans leur esprit, mais ils n’ont aucune notion du lien de cause à effet. L’argument qu’on nous sert tous les jours « ça ne touche pas Sauternes, foutez-nous la paix » est faux. C’est un refus de comprendre ce que disent les écologistes, les philosophes et intellectuels. »

Nous sommes dans une maison commune, il y a des gens qui ont le droit de tout casser et d’autres de dormir sur les gravats », Xavier Planty président de l’ODG Sauternes-Barsac

Et de continuer : « il y a un vrai problème par rapport à l’éthique politique. Ca va finir de manière catastrophique et ça ne sera pas de mon fait. »

« Comment se fait-il qu’on puisse passer outre 14 000 contributions ? C’est hallucinant ! Comment d’un trait de plume est-on capable de mettre en péril la forêt résiduaire du Ciron ? C’est comme mettre un coup de bulldozer sur Lascaux ! On a un trésor végétal en France unique en Europe (une forêt qui n’a jamais été déplacée depuis 50 000 ans). On va la mettre en péril en passant à 2 km, ça va avoir des répercussions sur le Ciron. »

« On subit les conséquences de 30 ans de politique écologique marginale, confisquée par les verts qu’on n’a même pas entendus…ils sont avec Alain Rousset et à droite pas mieux, quand on parle d’écologie ils pensent qu’on est de gauche.

« Pour ‘heure, on n’a pas encore fait de réunion, car la nouvelle est tombée samedi après-midi. La réaction des viticulteurs sera calme et posée, mais ça risque d’être du pipi de chat par rapport aux forestiers et défenseurs du Ciron. Je le crains et je n’ai pas envie de cela. »

« A force de prendre les citoyens pour des c…, ça ne va pas aller. Nous on vit dans la nature toute la semaine, il faut voir en ce moment les brouillards qui se forment le matin dûs au Ciron (brouillards qui permettent la formation du botrytis primordial pour les vins liquoreux et le Sauternes). Là, on continue pour le moment de vendanger, 2015 sera un grand millésime. »

Pour en savoir plus relisez cet article réalisé en août dernier: Des réactions très fortes face à la LGV : les viticulteurs de Sauternes en appellent à la raison, il faut sauver le Ciron !

18 Sep

Réunion d’information et de prévention sur les pesticides à Preignac : au nom des enfants…

Cette semaine s’est déroulée une réunion à huis clos en mairie de Preignac. Une table ronde pour mettre en commun les informations des uns et des autres concernant les répercussions probable de l’utilisation de pesticides dans les vignes autour de l’école. 9 enfants avaient été victimes de cancers en quelques années.

L'école de Preignac environnée de vignes © France 3 Aquitaine

L’école de Preignac environnée de vignes © France 3 Aquitaine

Ce qui a mis le feu aux poudres c’est l’enquête dévoilée en août dernier qui révélait un taux de cancers plus élévé que la moyenne dans cette commune viticole, non loin de Sauternes. Le 19 décembre 2012, l‘ancien maire de Preignac, Jean-Pierre Manceau, avait saisi l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS). Dans son courrier, le maire faisait état de cas de cancers déclarés chez des enfants fréquentant ou ayant fréquenté l’école primaire de la commune, laquelle est contigüe à des parcelles viticoles traitées aux pesticides.  

« Sur le 14 années qui ont été constatées, 9 cas ont été identifiés, c’est une réalité », explique Olivier Serre le directeur de l’Agence Régionale de Santé de Bordeaux, tout en précisant: « sur les deux dernières années aucun cas n’a été repéré, c’est autre réalité. Je ne dis pas pour autant que le risque n’est pas présent, qu’il n’y a pas des facteurs qui participent oui, les phytosanitaires mais pas seulement, des pathologies que nous pouvont constater. »

S’il n’y a pas de lien direct avéré pour l’heure, des doutes subsistent dans les esprits car l’école était environnées de vignes régulièrement traitées par ces produits phytosanitaires, avec donc ce taux de cancers bizarremment plus élevé…

Le maire de Peignac, Jean-Gilbert Bapsalle, réagit, mais avec beaucoup de précautions: « On ne peut pas dire qu’il y a un problème, mais il faut s’inquiéter quand même et continuer, comme l’a dit l’ARS à être vigilant sur les problèmes qu’il pourrait y avoir sur l’ensemble de la région viticole mais pas forcément sur Preignac » et de continuer:  « laissons passer les vendanges, le cru de Sauternes c’est quand même très important et une grappe de raisin, ça coûte cher… »

Devant cette prise de conscience et petite avancée de transparence, les habitants n’étaient toutefois pas conviés à laréunion, alors qu’ils sont aussi aux premières loges, habitant à côté des vignes.

Le sous-préfet de Langon Frédéric Carre précise (dans une réponse, comment dire quelque, peu alambiquée ?): « l’intérêt collectif est de mieux se connaître et de connaître les usages par rapport aux nouvelles populations qui viennent sur ces territoires, pour limiter ,autant que faire ce peu, qu’il y ait contact entre la population et les exploitants agricoles qui sont aujourd’hui dans l’obligation de traiter par des produits phytosanitaires »

Il faut préciser que depuis juin 2014, l’utilisation de ces produits phytosanitaires sont interdits à proximité des écoles suite à ce scandale à Villeneuve-de-Blaye où une vingtaine d’élèves d’une école girondine se sont sentis mal,pris de maux de tête et de vomissements, après l’épandage au beau milieu la journée de pesticides sur des vignes attenantes à leur établissement scolaire.

Pour rappel, voici le rapport de l’INVS : Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de Gironde

Regardez le reportage de  Yannick de Solminihac et Bernard Hostein-Aris :

01 Sep

Orage de grêle en Bourgogne: Chablis a été sévèrement touché par endroits

 Cette nuit vers 1h30 du matin, un violent orage de grêle a causé d’importants dégâts dans les vignes de Chablis, mais aussi d’Irancy dans l’Yonne. De grands crus ont été touchés, obligeant à récolter plus tôt ce qu’il reste. Fort heureusement, tout le vignoble n’a pas été meurtri. 

©

Les dégâts dans le vignoble au matin © Damien Rabeisen

A 1H30, de gros grêlons sont tombés pendant près de dix minutes, avec beaucoup d’eau, certains secteurs, notamment des premiers crus, sont bien touchés »« , Frédéric Gueguen, président de l’appellation des producteurs de Chablis
L’orage de grêle est tombé sur un couloir allant d’Irancy à Chablis : « c’est très localisé, c’est une minorité du vignoble qui est touché, soit 10 à 15%, mais malheureusement, sur le Chablis, c’est la belle partie avec les Grands Crus et quelques Premiers Crus », selon Louis Moreau, le président de la commission Chablis du BIVB (Bureau Interprofessionel des vins de Bourgogne).
De mémoire de viticulteur, de telles rafales de vent, de telles pluies diluviennes et ces grêlons, c’est une première à une semaine des vendanges à Chablis… En moins de 12h , 65mm d’eau ont été relevés à Chablis. Du coup, les viticulteurs touchés ont décidé d’avancer la récolte de peur de voir se développer rapidement des champignons et de perdre leur récolte.
Il va falloir se dépêcher pour vendanger. La maturité était déjà presque au bout. Je pensais ne commencer que dans une semaine, mais on va attaquer jeudi ou vendredi », Gérard Robin, viticulteur

11 Août

Pesticides à Preignac : le rapport de l’Institut National de Veille Sanitaire qui accuse !

Des pesticides d’origine viticole pourraient être à l’origine de cancers développés chez des enfants scolarisés dans une école de Preignac en Gironde. Selon ce rapport publié le 5 août, « la contribution des pesticides au risque cancer ne peut être exclue. » 4 cas de cancers ont été relevés entre 1999 et 2012.

b

La municipalité de Preignac a décidé d’acheter les vignes autour de l’école afin de limiter les risques potentiels © Didier Bonnet

Le 19 décembre 2012, le maire de Preignac Jean-Pierre Manceau interpellait par courrier l’INVS, l’Institut national de veille sanitaire. Le maire faisait état de cas de cancers déclarés chez des enfants fréquentant ou ayant fréquenté l’école primaire de la commune, une école qui jouxte des parcelles viticoles traitées régulièrement par des pesticides.  

Le rapport de l’INVS, qui a donc réalisé son enquête, est éloquent:   » Si l’on prend en compte l’ensemble des cancers de l’enfant, il semble y avoir un excès relativement faible au cours des 14 dernières années (4 cas observés pour 0,8 attendu), confirmant la perception initiale du maire de la commune. [….]Si l’on ne peut écarter l’absence d’excès de cas de cancer sur Preignac ou sa zone, celui-ci reste faible et ne concerne pas un type de cancer spécifique. »

Par précaution, la municipalité a décidé de racheter la parcelle d’1 hectare et demi proche de l’école: « cela permettra à l’école de ne plus avoir de vigne à ses abords, et de répondre de la manière la plus forte aux normes en vigueur aujourd’hui et il n’y aura plus de traitement phytosanitaire à moins de 200 m des école », précise Jean-Michel Lecomte, adjoint au maire de Preignac chargé de l’environnement et de l’urbanisme ».

Et le rapport d’enfoncer le clou: « il est recommandé par précaution de mettre en place des actions, au-delà des mesures de prévention initiées par le maire en terme d’urbanisme (zone tampon de protection entre habitat ou école et vignes dans le cadre du plan local d’urbanisation). Ces actions pourront porter sur la diminution de l’exposition aux pesticides au niveau de l’école et une surveillance sanitaire renforcée… »

Le rapport rélève que est la seule source de polluants sur la commune de Preignac est ces traitements phytosanitaires, ce qui abonde bien sûr dans cet idée de principe de précaution qui a poussé la commune à prendre des mesures.

« La commune de Preignac est caractérisée par une forte activité viticole, et par une proximité des habitations et de l’école par rapport aux vignes. Il existe donc une exposition possible aux épandages de pesticides des enfants de l’école, sans que l’on puisse à ce jour la quantifier ».

Pour l’heure, le lien entre ce grand nombre de cancers et l’épandage de pesticides, n’est pas établi formellement par les experts, seule la justice pourra le faire, avec des études plus importantes. Malgré tout, l’INVS n’écarte pas la responsabilité des susbtances chimiques : « Si l’excès de cancer reste modéré, la contribution des pesticides au risque cancer ne peut donc être exclue. »

Marie-Lys Bibeyran réclame pour sa par une généralisation de mesures par rapport aux écoles, voire aux habitations à proximité immédiate de parcelles de vignes qui sont régulièrement traitées: « comment face à un taux aussi inquiétant, on peut se contenter de mesures uniquement sur la commune de Preignac ? Et ne pas alerter l’ensemble des communes viticoles, et ne pas diligenter des enquêtes sur l’ensemble des communes viticoles nationales pour comparer aux communes non viticoles ? »

A la lecture de ce rapport réalisé après coup, on ne peut que s’interroger sur la proximité immédiate de l’école et des vignes traitées, du nombre multiplié par 4 du nombre de cancers (4 au lieu de 0,8), d’un grand vide par manque d’études et de conclusions à tirer. Il serait grand temps entre cet exemple, celui de Villeneuve où nombre d’enfants avaient été pris de malaises, que les pouvoirs publics prenne cette question de santé publique au sérieux et mène des enquêtes plus poussées sur l’utilisation des pesticides et les conséquences irréversibles sur nos chères têtes blondes…

Pour en savoir plus sur cette enquête :Investigation d’une suspicion d’agrégat de cancers pédiatriques dans une commune viticole de  Gironde

A lire également le papier de Marie-Lys Bibeyran: Villeneuve-Preignac : mêmes causes mêmes effets. Combien de temps allons-nous encore compter les cercueils ?

Regardez également le reportage et réactions recueillies par Guillaume Decaix et Didier Bonnet

06 Août

Le château de Sarcignan bientôt rasé par la commune de Villenave d’Ornon ! Habitants et associations sont « vent debout »…

C’est une mobilisation tous azimuts. Des habitants de Villenave d’Ornon en Gironde, des associations de défense du patrimoine et des internautes font circuler une pétition qui a obtenu plus de 10 000 signatures. Ils espèrent faire reculer la municipalité qui a prévu de demolir cet ancien château viticole pour construire à la place une maison des associations. Deux recours sont par ailleurs intentés…

Les "Amis du Château de Sarcignan" mobilisés devant le château à Villanave d'Ornon © Jean-Pierre Stahl

Les « Amis du Château de Sarcignan » mobilisés devant le château à Villenave d’Ornon © Jean-Pierre Stahl

Avec des trémolos dans la voix, Michel Poirier le président de la toute jeune association « les Amis du Château de Sarcignan », qui s’est créée en juillet, est très ému: « les gens sont effarés qu’on puisse démolir un château, rien que le fait qu’on puisse démolir un château, c’est effarant… »  répète-t-il. « Pour nous c’est un point de repère dans l’espace et dans le temps. Enfant, j’ai joué dans ce château… »

Un panneau qui interpelle sur les grilles du château © JPS

Un panneau qui interpelle sur les grilles du château © JPS

Depuis juin dernier, lorsque les riverains ont découvert le panneau permis de démolir sur les grilles du château, ils se sont sentis meurtris et se sont bougés, réalisant 2 pétitions, l’une en ligne (Sauvons le château de Sarcignan ! ) et l’autre sur papier : « il y a une mobilisation très importante sur un site en ligne, on a à ce jour plus de 10 000 signatures et une pétition papier où on a 600 à 700 signatures », ajoute le président des Amis du château de Sarcignan.

Le château de Sarcignac construit de 1860 à 1870 par Alary Lamartinie, notaire à Bordeaux et ancien conseiller municipal de Villenave d'Ornon © Jean-Pierre Stahl

Le château de Sarcignac construit de 1860 à 1870 par Philippe Alary Lamartinie, notaire à Bordeaux et ancien conseiller municipal de Villenave d’Ornon © Jean-Pierre Stahl

Michèle Poirier, son épouse, également membre de l’association confie: « c’est l’ultime combat, on espère encore un délai de notre municipalité pour le sauver. Notre pétition en ligne marche très très bien. » Ce matin, ils étaient une bonne quinzaine à se mobiliser devant le château.

Sarcignac 279

Pour leur avocat, Il y a deux recours qui seront engagés, un recours gracieux par les citoyens (devant la mairie) et un recours contentieux qui devrait être déposé devant le tribunal administratif si la mairie n’entend pas les arguments qui sont développés depuis 2 semaines

Marie-France Laloue-Labarthe, présdidente de la Société Archéologique de Bordeaux au secours du château de Sarcignan © JPS

Marie-France Lacoue-Labarthe, présidente de la Société Archéologique de Bordeaux au secours du château de Sarcignan © JPS

Marie-France Lacoue-Labarthe, présidente de la Société Archéologique de Bordeaux s’est sentie aussi très concernée et est venue au secours du château de Sarcignan: « Il y a eu un décor inventif tout autour des baies, avec des fruits, des pommes des poires et des raisins car on est ici sur le territoire d’un ancien vignoble… »

« Ce n’est pas Versailles, mais c’est original…c’est un château remarquable il représente une forme d’invention dans le développement du néogothique qui lui -même s’inscrit dans le décor écclectique de la 2e moitié du XIXe siècle ».

Une architecture néogothique remarquable, unique dans la région bordelaise © JPS

Une architecture néogothique remarquable, unique dans la région bordelaise © JPS

Ce château fut construit de 1860 à 1870 par un notaire de Bordeaux et conseiller municipal de Villenave d’Ornon, Philippe Alary Lamartinie, en plein coeur des Graves et aujourd’hui de Pessac-Léognan (dont l’AOC fut créée bien des années plus tard en 1987). A la fin du XIXe siècle, ce château était l’un des prestigieux crus classés de l’appellation Premières Graves, comme son décor (de grappes de raisin) en témoigne encore aujourd’hui. Un  château transmis à d’autres familles, jusqu’à une expropriation par la Communaurté Urbaine de Bordeaux pour la construction de la rocade, avant de le céder à la ville.

Michel Poignonec, 1er adjoint au Maire de Villenave d'Ornon précise que c'est "irrévocable" ! © Jean-Pierre Sathl

Michel Poignonec, 1er adjoint au Maire de Villenave d’Ornon précise que c’est « irrévocable » ! © Jean-Pierre Stahl

Toutefois ce joyau architectural ne correspond pas au projet de la mairie de Villenave d’Ornon. Celle-ci a promis de construire une maison des associations pouvant accueillir les associations caritatives et autres de la ville. Un projet voté et acté en conseil municipal par 35 élus « à l’unanimité » selon le 1er adjoint au maire Michel Poignonec qui précise : « les 200 m2 à l’étage (du château de Sarcignac) sont quasiment inutilisables. Il faudrait investir lourdement et ajouter un bâtiment de 800 m2. Par ailleurs, les associations caritatives ne veulent pas partir du secteur du Pont de la Maye, car bon nombre de bénéficiaires n’ont pas de moyen de locomotion. On a proposé la solution derrière l’Hôpital Robert Piqué mais elles ont dit non. » Pour être tout-à-fait juste, certaines associations avaient vu leurs locaux disparaître avec l’arrivée récemment de la ligne de tramway et il fallait leur trouver une autre solution. La mairie a décidé de détruire ainsi le château et de construire une salle des associations pour 3,2 millions d’euros.

Sarcignac 281

« Le Conseil Municipal s’est prononcé à deux reprises pour la destruction.Ce n’est pas une décision facile du conseil municipal, on n’est pas des démolisseurs dans l’âme mais cette décision a été mûrement réfléchie pour les finances communales.  Un jeune architecte parisien nous a montré des chiffres farfelus, qui coûterait moins chère de 400 000 €. La décision est irrévocable, c’est ce qui nous anime au premier rang, c’est de livrer la maison des associations de 1000 m2 pour décembre 2016 et là il n’y a plus de temps à perdre, » conclue ainsi le 1er adjoint au maire de la ville.

Rémi Desalbres, le président de l'"association nationale des Architectes du Patrimoine" © JPS

Rémi Desalbres, le président de l’association des Architectes du Patrimoine » © JPS

C’était sans compter l’arrivée depuis quelques semaines de deux associations de sauvegarde du patrimoine reconnues: la SPPEF (Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France, reconnue d’utilité publique), qui intente ce jour le recours contentieux avec Maître de Lagausie devant le tribunal administratif de Bordeaux, et l’Association des Architectes du Patrimoine.

Sarcignac 298

Son président, très remonté, Rémi Desalbres: « cette démolition annoncée est un véritable acte de vandalisme, c’est la raison pour laquelle des associations nationales de défense du patrimoine se sont mobilisées » Et Rémi Desalbres de confier qu’hier de nombreux intervenants avaient analysé la situation: « ce château peut être sauvé, il est en relativement bon état. L’économie qui pourrait être être tirée de la réhabilitation de ce château est de l’ordre de 400 000 € , on est sur un coup de réhabilitation de 1400 à 1500 € du m2 ». Le président de l’association des architectes du patrimoine annonce un coup de réhabilitation du château de moins de 600 000 €. Des chiffres que le 1er adjoint (qui a rencontré hier une délégation) trouve « farfelus« .

On sent que les uns et les autres ne s’entendent pas. Pourtant, on pourrait sans doute mieux étudier la construction d’une annexe à côté ou dans le prolongement du château. Car une fois que c’est détruit, c’est un crève-coeur pour tous. Tout le monde doit avoir en tête cette destruction de l’église gothique d’Abbeville qui avait sucité l’émoi de la population sur l’instant et bien des années plus tard…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer (intervenants: Michèle Poirier des Amis du Château de Sarcignan, Michel Cotnoir avocat, Marie-France Lacoue-Labarthe présidente de la Société Archéologique de Bordeaux, Michel Poignonec 1er adjoint au Maire de Villenave d’Ornon, Rémi Desalbres président de  l’Association des Architectes du Patrimoine.)

04 Août

La LGV Sud-Ouest, toujours pas enterrée, inquiète les viticulteurs de Sauternes

La Ligne à Grande Vitesse qui relie Bordeaux – Toulouse et Bordeaux – Dax est toujours dans la tête des politiques, alors que la commission d’enquête publique a donné un avis défavorable. Les viticulteurs de Sauternes et les amoureux de la nature se disent très inquiets ! « Un projet désastreux, absurde et impopulaire », remis à l’ordre du jour : la LGV Sud-Ouest. Voici en substance leur cri d’alarme qu’ils ont envoyé à Côté Châteaux:

Xavier Planty,  président des Sauternes. © Jean-Pierre Stahl

Xavier Planty, président de l’ODG Sauternes-Barsac © Jean-Pierre Stahl

« Un projet absurde, impopulaire et totalement dépassé de Ligne à GrandeVitesse (entre Bordeaux et Toulouse, et Bordeaux et Dax) menace la vallée du Ciron, un écosystème unique au monde, qui est à l’origine du microclimat du sauternais et donc de la fameuse pourriture noble… Ou comment pour gagner
seulement 30 minutes* des technocrates et politiciens aveugles veulent détruire de façon irrémédiable un environnement, une culture, un trésor séculaire que le monde entier nous envie ! »

« La commission d’enquête publique chargée d’examiner ce projet a donné un avis défavorable extrêmement argumenté. Sur les 14000 contributions, 96% ont donné un avis négatif. Malgré cette écrasante majorité, le projet continue d’avoir des défenseurs acharnés. Or, si par malheur il était déclaré d’utilité publique et appliqué, notre environnement, notre production et toute la filière qui en vit seraient en péril. »

« Ce projet ne passe pas directement sur les vignobles, mais les menace de façon plus grave encore, en détruisant ce qui fait leur spécificité exceptionnelle : sans doute savez-vous que les Sauternes et Barsac doivent leur histoire multiséculaire, le raffinement exceptionnel de leurs vins, la renommée mondiale qui en découle, à la fameuse pourriture noble. Or, ce «Botrytis cinerea» est un champignon microscopique qui se développe dans des conditions de microclimat très spécifiques et rarissimes, dont nous avons la chance de bénéficier grâce à l’écosystème de la vallée du Ciron, un affluent de la Garonne. C’est justement cet écosystème unique au monde qui est aujourd’hui gravement menacé par le projet de LGV ! »

Ca se passe justement l’été, car le Président de la République doit prendre la décision d’utilité publique. Tout me laisse à croire qu’il va décider de façon positive pour la LGV. Ce qu’ils attendent, c’est qu’il y ait des recours et que la justice tranche. Mais les recours en attendant n’arrêtent pas les procédures d’expropriations »  Xavier Planty Président de l’ODG Sauternes-Barsac

Des grains botityséS et passeriés © JPS

La fameuse pourriture noble qui se forme miraculeusement dans la vallée du Ciron © Jean-Pierre Stahl

LE MIRACLE SAUTERNAIS

« La vallée du Ciron est véritablement à l’origine du miracle sauternais. Il existe en effet dans cette zone un bassin versant comprenant de nombreuses rivières souterraines et nappes phréatiques peu profondes qui alimentent la rivière Ciron, laquelle est abritée au creux de gorges étroites, ombragées par une ripisylve. Les eaux naturellement froides de la rivière (14°) finissent leur cours dans le sauternais, pour se jeter à Barsac dans la Garonne, provoquant des brouillards souvent épais qui sont la clé indispensable du développement de la pourriture noble. »

Sauternes - le brouillard se dissipe.

Sauternes – le brouillard se dissipe © vinsvignesvignerons.com

« Le vignoble s’est développé depuis des siècles autour de la partie aval du Ciron, et c’est bien la rivière qui a véritablement créé la spécificité des appellations Sauternes et Barsac. Eaux froides, eaux chaudes : le Ciron se jette dans la Garonne et chaque matin d’automne le brouillard monte dans la vallée, envahit le vignoble et mouille les raisins mûrs. L’après-midi le soleil les sèche. De cette alternance mécanique naît le miracle de la pourriture noble : Botrytis cinerea se répand avec l’humidité du brouillard, puis le soleil et le vent le contraignent à acquérir ses lettres de noblesse…La prolifération vulgaire cède la place à la rédemption de la moisissure. Pénétrant la baie, le champignon magique crée les conditions d’une concentration de la baie de raisin, bien plus encore il devient l’alchimiste qui permettra de changer le jus en or. En attaquant son hôte, le parasite le sublime, il modifie son métabolisme pour exalter sa richesse, son équilibre, son potentiel aromatique. Concentration, rééquilibrage des acides, création de glycérine qui donne de la rondeur, et peut-être surtout, multiplication invraisemblable des précurseurs aromatiques, qui permettront à la fermentation de libérer ces milliers de notes aromatiques qui font des sauternes les plus grands parfums…à humer et à boire. »

Yquem, 1er cru classé de Sauternes, l'emblème myhique... © JPS

Yquem, 1er cru classé de Sauternes, l’emblème myhique… © JPS

« Ces vins de renommée internationale ont fait vibrer de tout temps de grands amateurs, de Jefferson aux tsars de Russie, en passant par Colette, Cocteau ou Coco Chanel… et ils sont aujourd’hui très appréciés sur le marché international. Parmi ces vins que le monde entier nous envie, citons notamment 27 Crus honorés par le célèbre Classement de 1855, dont 11 Premiers Crus Classés, et le seul et unique Premier Cru Supérieur, le mythique Château d’Yquem…
Soulignons que ces vins uniques ont un cahier des charges déposé auprès de l’Union Européenne, qui met l’accent sur le caractère déterminant de la vallée du Ciron dans leur terroir et leur essence même. »

« Les vignobles de Sauternes et Barsac couvrent 2200 hectares, sur une zone de 6000 hectares, ils représentent 170 producteurs, font vivre directement de nombreux foyers, et bien plus encore indirectement. Ils sont garants, avec d’autres acteurs économiques et sociaux, de la préservation du paysage de tout ce territoire, par ailleurs remarquablement beau et historiquement très riche, qui attire de plus en plus : l’oenotourisme y est en plein essor et représente un avenir très encourageant pour cette appellation et bien au-delà. »

Sylvio Denz, le président de Lalique, rachète Lafaurie Peyraguey

Sylvio Denz, le président de Lalique, a achèté en 2014 © Lafaurie Peyraguey

UNE FAUNE ET UNE FLORE UNIQUES AU MONDE

« La vallée du Ciron, zone humide à l’écosystème très particulier abrite d’autre part une faune et une flore dont la richesse, la variété et la rareté sont tout à fait extraordinaires ! On y trouve notamment une forêt résiduaire unique au monde, une hêtraie ripisylve vieille de plus de 40 000 ans, qui a résisté aux glaciations et aux réchauffements grâce au microclimat frais de cette zone, auquel elle participe en retour. Elle est étudiée de très près par l’INRA, et son patrimoine génétique unique en Europe a été retenu en priorité par la Commission des Ressources Génétiques et Forestières pour sa conservation, en tant que réservoir génétique potentiellement utile en période de réchauffement climatique. La biodiversité de la vallée du Ciron est exceptionnelle à maints autres niveaux : visons d’Europe (menacés d’extinction), cistudes (tortue d’Europe), loutres, population exceptionnellement variée de poissons de rivière, nombreuses variétés de chauvesouris et d’insectes, variétés de fleurs sub-montagnardes, nombreux champignons rares… »

« Cette vallée totalement unique devrait donc être considérée comme un patrimoine commun à préserver en priorité, a fortiori dans cette période de changement climatique ! Et pourtant, c’est tout l’inverse qui se passe : elle ne cesse d’être agressée par des infrastructures gigantesques et souvent inutiles, comme cette autoroute Bordeaux-Pau, superbe éléphant blanc dont nous vous engageons à consulter les statistiques de fréquentation… »

Regardez le reportage de Candice Olivari et Thierry Julien sur le Ciron menacé par la LGV (du 5 décembre 2014)

UN PROJET RUINEUX, INCOHÉRENT ET IRRESPONSABLE, DONT L‘UTILITÉ PUBLIQUE EST TRÈS CONTESTÉE

« Ce projet de LGV fait vraiment dans ce contexte figure de véritable provocation au bon sens, à la logique et au respect minimal de ce que nous avons de plus précieux : elle s’acharne en effet sur cette vallée, prévoyant de créer une énorme balafre coupant 3 fois le Ciron, 30 de ses affluents et plus de 80 de ses contributaires ! Que RFF prétende dans ce cas qu’il n’y aura pas de conséquences sur l’environnement dépasse l’entendement : les répercussions sur les réseaux hydrographiques des petits et moyens cours d’eau et sur les zones humides connexes seraient en effet irrémédiables, non seulement par les travaux gigantesques envisagés que par l’entretien des voies à grands renforts d’herbicides. RFF rejette toute idée d’incidence du projet sur nos vignobles
sous le prétexte un peu court qu’ils ne sont pas directement traversés…Avons-nous déjà observé une plante capable de survivre à la destruction de ses racines ?! »

« Dans notre contribution à l’enquête publique, nous avons émis de nombreux arguments, dont certains ont été développés par plusieurs associations environnementales sérieuses s’appuyant sur des connaissances scientifiques incontestables. Cerise sur le gâteau de l’incompétence, TIGF (Transport et Infrastructure Gaz France) a révélé dans sa contribution à l’enquête publique que le tracé avait été prévu au niveau d’un noeud de gazoducs très conséquent, dont visiblement les experts de RFF ne connaissaient même pas l’existence, et qui coûterait des milliards d’Euros à déplacer !

Château la Tour Blanche 1er cru classé de Sauternes

Château la Tour Blanche 1er cru classé de Sauternes © Jean-Pierre Stahl

Si tout cela ne suffisait pas, de nombreux experts dénoncent ce projet pharaonique et ruineux dont l’utilité publique est très sérieusement contestée, dont la rentabilité est plus que douteuse… La Cour des Comptes elle-même a sévèrement condamné cette obsession du TGV dont la logique économique et l’impact sur le développement du territoire sont devenus négatifs. Dans ce contexte, nous nous demandons quels intérêts politiques et industriels peuvent bien
aujourd’hui défendre ce projet que nous pouvons qualifier tout bonnement d’ubuesque sans prendre le risque d’une quelconque exagération. De surcroît, il paraît particulièrement malvenu dans cette période financière difficile, ainsi que dans le climat actuel de contestation de projets sensibles d’aménagement du territoire. Le Président de la République lui-même ayant demandé dans ce cadre davantage de concertation, nous voyons mal comment ce projet insensé pourrait voir le jour. »

Des vins de légende rayés d'un coup de crayon sur une carte ? © JPS

Des vins de légende rayés d’un coup de crayon sur une carte ? © JPS

« Néanmoins, notre inquiétude est grande face à l’obstination de certains élus comme Alain Rousset, Président du Conseil Régional d’Aquitaine, qui a appelé il y a peu à manifester pour ce projet insensé et totalement déphasé. Les conséquences aux plans socio-économique, environnemental, humain et culturel de ce projet seraient donc clairement catastrophiques. Les opposants à ce projet, qu’ils soient viticulteurs, associations environnementales
et locales, sont très déterminés mais veulent éviter tout dérapage. Mais il est clair que la mise en oeuvre d’un projet aussi impopulaire constituerait un point d’achoppement très sensible, avec un risque élevé de débordements insurrectionnels et d’occupation de type ZAD… ce qui serait dommageable pour tout le monde. Si le gouvernement veut éviter cela, il faut purement et simplement enterrer ce projet absurde et dangereux ! »

Regardez ce reportage sur le miracle du botrytis à Sauternes en octobre 2013 par Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet

 

03 Août

Alerte aux orages de grêle…

17 départements du grand sud ouest sont placés en vigilance orange aux orages, dont les 5 départements d’Aquitaine. Les viticulteurs, s’ils voient d’un bon oeil ces précipitations annoncées, redoutent en revanche la grêle. Ils ont en tête le dramatique épisode d’il y a deux ans, presque jour pour jour.

Capture

A partir de 19h, et jusqu’à demain matin 6h, toute l’Aquitaine est placée en alerte. Par prévention, de nombreux viticulteurs ont traité leurs vignes ce matin, car de fortes précipitations sont annoncées.

Mais ce qu’ils redoutent le plus, ce sont des vents violents qui pourraient souffler en rafale jusqu’à 100 km/h, ainsi que de la grêle qui risque de mettre en péril la récolte 2015, récolte qui jusqu’ici s’annonce prometteuse.

Météo France prévoit des pluies intenses donnant des cumuls de 20 à 30 mm, voire jusqu’à 50 mm en 1 à 3 heures, de fortes chutes de grêle ainsi qu’une activité électrique importante ». Il ne faudrait pas que cet épisode orageux ressemble à celui d’il y a 2 ans: en Gironde 1600 viticulteurs avaient été touchés sur plus de 15000 ha. 500 viticulteurs avaient vu leur vignoble totalement hâché par la grêle.