11 Fév

Classement 1855 : adieu la reconnaissance Unesco

Le classement 1855 des Bordeaux abandonne sa quête de reconnaissance Unesco, une idée lancée lors de Vinexpo 2013, mais qui a crispé bon nombre de châteaux qui ont eu peur de voir surgir des actions contre ce classement figé dans le marbre.

Le classement 1855 réalisé sous Napoléon 3 qui fixe une hiérarchie des crus classés, ici on peut lire © château Margaux parmi les 1ers crus classés

Le classement 1855 réalisé sous Napoléon 3 qui fixe une hiérarchie des crus classés, ici on peut lire © château Margaux parmi les 1ers crus classés

L’idée avait été lancée en 2013 lors de Vinexpo et du dîner de gala donné au Château Mouton-Rothschild qui inaugurait ses nouveaux chais: comme les vignoble de Saint-Emilion, de la Champagne et de la Bourgogne, le classement 1855 des vins de Bordeaux souhaitait être inscrit à l’inventaire français du patrimoine avant de tenter l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

En 2015, lors de la célébration du 160e anniversaire de ce classement des grands crus du Médoc et de Sauternes, Laurent Fabius avait même apporté son soutien à cette démarche, mais elle a été abandonnée faute d’unanimité au sein des propriétés (61 dans le Médoc, 27 en Sauternais
et une dans les Graves).

Pour autant, 2015 a été faste pour le Conseil des grands crus classés 1855 avec la reconnaissance de la date « 1855 » comme mention traditionnelle
européenne viticole, au même titre que les mentions « château », « 1er cru » ou « cru classé ». Le Conseil des crus classés 1855 a également récupéré la marque et le nom de domaine « 1855 » qui avaient été confisqués par le site 1855.com qui a fait faillite après avoir escroqué plusieurs client jamais livrés. La marque « Grand cru classé 1855 » est, elle, reconnue en Chine et donc protégée.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet sur les deux types de classement à Bordeaux: celui de 1855 et celui de Saint-emilion révisable

02 Fév

9200 bouteilles de faux champagne « Moët & Chandon » saisies en Italie

La police italienne a annoncé lundi avoir saisi 9.200 bouteilles de faux champagne « Moët et Chandon » ainsi que 40.000 étiquettes contrefaites de la prestigieuse marque près de Padoue (nord).

a100731918df2125bda7bed352a0cc27_largeDéclenchée avec la découverte, lors d’un contrôle dans un commerce, d’une bouteille de champagne dont l’étiquette ne mentionnait pas de numéro de lot de fabrication, l’enquête a conduit jusqu’à un hangar en rase campagne. C’était peu avant Noël, et huit personnes s’affairaient pour maquiller les bouteilles remplies d’un vin mousseux blanc.

Selon les estimations de la police italienne, la vente des bouteilles aurait rapporté 350.000 euros, tandis que les étiquettes pouvaient laisser envisager jusqu’à plus de 1,8 million de recettes.

Une fois garantie la qualité du vin qu’elles contenaient réellement, les bouteilles de mousseux, débarrassées de leurs fausses étiquettes, ont été données à des associations de la région de Venise, a précisé la police.

L’enquête se poursuit pour tenter de déterminer d’où venaient ce vin et le matériel de fabrication des étiquettes.

AFP

Elle est comme ça Elise Lucet, plutôt cash : ce soir la Gironde est en noir dans l’utilisation des pesticides dans Cash Investigation

Notre consoeur de France 2 n’a pas froid aux yeux et ce devant les lobbys et le ministre de l’Agriculture. Elle lui a mis sous le nez la carte de France de vente des pesticides dangereux en France. C’est pas joli, joli, et même noir par endroits. A voir dans Cash Investigation.

La Carte de France concernant la vente de pesticides © Cash Investigation

La Carte de France concernant la vente de pesticides © Cash Investigation

Les équipes de « Cash Investigation » ont réalisé la première carte illustrant l’utilisation des pesticides dangereux en France, département par département. Elise Lucet l’a présentée au ministre de l’Agriculture, qui a accepté de répondre à ses questions. A voir dans « Cash Investigation. Produits chimiques, nos enfants en danger », ce mardi 2 février à 20h55 sur France 2.

Après plusieurs semaines de discussions, le ministre de l’Agriculture a accepté de répondre aux questions d’Elise Lucet sur les pesticides. Pour l’occasion, l’équipe de « Cash Investigation » a réalisé un décor inédit : une carte géante, celle de l’utilisation des pesticides dangereux en France. Ceux qui sont classés cancérigènes, nocives pour la reproduction, perturbateurs endocriniens ou neurotoxiques. Classement département par département.

Cette carte a été réalisée, en quatre mois, à partir d’une base de données confidentielles détaillant les ventes de pesticides en France, produit par produit, entre 2008 et 2013. L’objectif du ministre de l’Agriculture : parvenir à faire baisser de 50% l’utilisation des pesticides d’ici à 2025. Optimiste.

Un extrait de « Cash Investigation. Produits chimiques, nos enfants en danger« , une enquête de Martin Boudot, diffusée mardi 2 février à 20h55 sur France 2.

Cash Investigation en replay

CARTE. Quels pesticides dangereux sont utilisés près de chez vous ?

14 Jan

Réunion d’information sur l’impact des pesticides sur la santé à Langon

Ce soir, une réunion d’information est organisée à Langon concernant l’impact des pesticides sur la santé. Une réunion animée par le docteur Pierre-Michel Perinaud.

pesticidesThème de cette réunion : L’IMPACT DES PESTICIDES SUR LA SANTE

Cette soirée sera animée par :

– Dr Pierre-Michel PERINAUD,

Président de l’association AMLP

– Monsieur CICOLELLA, Toxicologue et porte-parole du réseau Environnement Santé

Cette soirée d’information est organisée par Marie-Lys Bibeyran, Valérie Murat et Pascale Mothes. Entrée gratuite ouverte à tous.

Par ailleurs Cash Investigation d’Elise Lucet va revenir prochainement sur ces produits chimiques et les différentes affaires qui ont mis en danger la santé des enfants notamment.

07 Jan

Exclu : l’affaire des pesticides de Villeneuve en Gironde est relancée avec l’ouverture d’une information judiciaire contre X

Côté châteaux l’apprend ce matin : une information judiciaire contre X a été ouverte pour utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques dans l’affaire de Villeneuve près de Blaye en Gironde où plus d’une vingtaine d’enfants et une enseignante avaient été intoxiqués suite à des épandages de pesticides du mois de mai 2014.

François Ruffié, l'avocat de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

François Ruffié, l’avocat de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

L’affaire avait été classée sans suite après le rapport de la Draaf par le parquet de Libourne. « On avait constesté ce classement sans suite du 23/4/2015 », commente François Ruffié, avocat de la Sepanso, « et envoyé une lettre recommandée avec accusée réception. Hier on a reçu ce message pour savoir si nous souhaitions nous constituer partie civile avec cette ouverture d’une information judiciaire contre X pour utilisation inappropriée de produits phytopharmaceutiques », suite aux épandages du 5 mai 2014. Le parquet de Libourne a confirmé l’ouverture de cette information durant la deuxième semaine de décembre : ce sera au magistrat instructeur de faire toute la lumière sur cette affaire.

Bien sûr la Sepanso, représentée par Me François Ruffié avocat à Libourne, va se constituer partie civile: « on se réjouit car on avait assisté à un grand débat public (l’affaire avait ému Ségolène Royal à l’époque). Il y a une législation sur la question, il faut qu’elle soit appliquée. Pour nous l’infraction est parfaitement constituée. »

Daniel Delestre, le Président de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

Daniel Delestre, le Président de la Sepanso © Jean-Pierre Stahl

Et Daniel Delestre, Président de la Sepanso Gironde, interviewé cet après-midi de confirmer ce sentiment : »nous sommes extrêmement satisfaits. On avait essayé d’agir auprès de la justice pour signaler ces faits répréhensibles d’épandage de produits phytosanitaires dans des conditions de vent dans lesquelles une institutrice et une vingtaine d’ élèves en avaient subi les conséquences facheuses, puisque l’institutrice avait fini à l’hôpital et donc ça me paraissait totalement anormal ; et donc on est content que la justice s’empare de cette affaire. »

« Les élèves étaient pris de vomissements d’autres avaient les yeux qui leur piquaient, le professeur avait arrêté la classé et empêchait les enfants de sortir en récréation, c’est quand même totalement anormal, qui plus est dans un pays de tradition viticole. Donc il faut que la justice fasse la lumière sur cette affaire, c’est important. » Et de préciser que ces produits avaient été épandus alors qu’il y avait pas mal de vent, comme l’indiquaient les relevés de vent de Météo France à Mérignac, supérieur à Force 3.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Xavier Granger.

Relire le dossier de Côté Châteaux du mois d’octobre: Affaire d’épandages à Villeneuve : « la Sepanso ne poursuit pas la viticulture, elle poursuit la bêtise ! »

27 Déc

Pas ou peu de vins de glace cette année en Alsace

La douceur des températures en novembre et décembre dans la région n’a pas fait l’affaire des viticulteurs d’Alsace pour la production de leur traditionnel vin de glace qui se ramasse par -7 ou -8° Celsius.

vin de glace« Cette année, il ne devrait pas être question de vins de glace », estime Frédéric Bach, directeur de l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA). Hormis quelques « coups de givre », la douceur des températures en novembre et décembre dans la région n’a pas permis de réunir les conditions climatiques pour ce vin récolté habituellement par -7 ou -8 degrés Celsius.

Le vin de glace s’obtient par cryogénisation naturelle, avec une gelée brutale du raisin.

Très classiquement, le vin de glace est obtenu à partir de cépages de gewurztraminer, un raisin qui résiste dans la durée, plus sucré, qui a une tendance à la conservation »,  Frédéric Bach directeur AVA

Appelés parfois « vin des neiges » ou « vin des frimas », les vins de glace ne possèdent aucun étiquetage reconnu en France, contrairement à l’Allemagne, à l’Autriche et au Canada, mais leur production très confidentielle – parfois de l’ordre de quelques centaines de litres par viticulteur – en font des vins rares dont les bouteilles peuvent se négocier autour de plusieurs centaines d’euros. Selon les années, on recense en Alsace jusqu’à une dizaine de producteurs de vin de glace. Selon les années, on recense en Alsace jusqu’à une dizaine de producteurs de vin de glace.

2015, UNE ANNEE A RIESLING

Le Riesling se taille en revanche cette année une place notable dans la production des vins d’Alsace. Habituellement marginal, il se hisse en 3e position avec 3.698 hectolitres.

La production alsacienne 2015 totalise 23.742 hl, dont 13.852 hl de gewurztraminer, 5.662 hl de pinot gris et 528 hl de muscat. « Cette année, nous avons beaucoup de riesling parce qu’il a mûri très vite », a expliqué Frédéric Bach, directeur de l’Association des viticulteurs d’Alsace (AVA).

« L’automne, quasiment sans pluie, le soleil et les températures clémentes avoisinant parfois les 22 degrés, ont été particulièrement favorables à la récolte, avec des conditions comparables aux grands millésimes de 1947 et 1959. Les viticulteurs ont pu récolter le raisin comme ils voulaient, sans pression de la météo. Les qualités sont exceptionnelles et cela se traduit sur le haut de gamme, les grands crus et les sélections vendanges tardives ».

Avec AFP.

26 Déc

31 caisses de la Romanée Conti volées, un docker du Havre écroué : « il prétend être collectionneur » selon le procureur

On ne plaisante pas avec de tels flacons… Il y en a pour des milliers d’euros de préjudice. Un docker avait fait main basse sur 31 caisses de ce vin exceptionnel de Bourgogne au port du Havre. Il a été mis en examen juste avant Noël et placé en détention provisoire.

© AFP PHOTO / LAURENT FIEVET Des bouteilles de Romanée Conti présentées avant une vente aux enchères à Hong Kong le 14 septembre 2011

Le domaine de la Romanée-Conti, en Côte-d’Or, a porté plainte le 9 décembre 2015. En effet, 31 caisses de vins qui avaient transité par le port du Havre en direction du Canada n’ont jamais été reçues par leur acheteur. Le préjudice est estimé à plus de 100 000 euros.

Il y a quelques jours, les enquêteurs dijonnais avaient repéré deux magnums de Romanée-Conti sur « le bon coin », vendus 48 000 euros. Selon le quotidien Le Bien Public de Dijon, le vendeur a été interpellé à Versailles lors d’une souricière tendue le 15 décembre qui a permis de retrouver les deux magnums volés auprès d’un intermédiaire bordelais, interpellé à son tour en possession de quatre bouteilles disparues. Les enquêteurs ont pu remonter la filière et tomber sur la trace du docker havrais. Selon François Gosselin, les bouteilles ont disparu entre Honfleur dans le Calvados, où elles ont été dédouanées, et le port du Havre. 

L’homme, âgé de 34 ans, a été mis en examen mardi 22 décembre et a été placé en détention provisoire. « Il a été trouvé détenteur de nombreuses bouteilles qu’il va falloir identifier pour voir si elles proviennent d’un ou plusieurs vols », a,déclaré le procureur de la République au Havre, François Gosselin. 

Le docker « prétend qu’il est collectionneur », selon François Gosselin procureur de la République au Havre

Les trente-et-un cartons de Romanée-conti n’ont pas été retrouvés. Les six bouteilles retrouvées sont, elles, bien cachées, en attendant d’être renvoyées à leur acquéreur au Canada. Le préjudice est important pour ce distributeur : entre 40 000 et 50 000 euros perdus

Le Romanée-Conti est réputé dans le monde entier. Ce vin est issu d’une parcelle d’une superficie de 1,81 hectare seulement. La production annuelle du domaine est d’environ 6 000 bouteilles. Les prix de ces prestigieux flacons atteignent des milliers d’euros. 

En 2013, une vaste opération menée à l’échelle européenne avait permis de démanteler un réseau de trafiquants de Romanée-Conti. Environ 400 bouteilles avaient été frauduleusement vendues pour une somme avoisinant les deux millions d’euros.

Avec B.L., Sylvain Bouillot de France 3 Bourgogne, le Bien Public et l’AFP

Regardez le sujet de Sylvain Bouillot et Jean-François Guilmard 

17 Déc

Le château le plus cher au monde ! 275 millions d’euros, et il a trouvé preneur…

On le nomme « Château Louis XIV » car dans la plus pure tradition des constructions du XVIIe siècle. Une château très récent ayant pris Vaux-le-Vicomte comme inspiration. Ce château, qui n’est pas un château viticole mais d’agrément à Louveciennes, vient d’être acheté 275 millions d’euros par un particulier du Moyen-Orient. Sans doute charmé par la cave à vins.

Le château Louis XIV s'inspire parfaitement de Vaux-le Vicomte et des jardins façon Le Nôtre © aartil.com

Le château Louis XIV s’inspire parfaitement de Vaux-le Vicomte et des jardins façon Le Nôtre © aartil.com

La demeure privée la plus chère au monde, un château construit en 2011 en région parisienne, a été acquise en septembre, par un particulier du Moyen-Orient pour le montant exceptionnel de 275 millions d’euros, a-t-on appris jeudi auprès d’une source informée.

Cette propriété n’a « absolument pas » été achetée par les dirigeants qataris du Paris-Saint-Germain, a indiqué cette source, démentant des rumeurs évoquées dans la presse. « Il y a une confusion, liée au fait que l’acquéreur vient du Moyen-Orient », a-t-elle précisé.

Ni la société spécialisée dans l’immobilier de luxe Daniel Féau, membre du réseau Christie’s, qui a réalisé la transaction, ni le promoteur Cogemad, n’ont souhaité s’exprimer sur cette information, révélée par l’agence Bloomberg.

Capture Google Map

Bâtie à Louveciennes (Yvelines) sur un terrain de 23 hectares, la propriété baptisée « Château Louis XIV » dispose d’une surface habitable de 5.000 m2 et promet « les fastes de Versailles sous la révolution high tech », selon le site internet de son promoteur.

La bâtisse mêle décor inspiré du « Grand Siècle » – lustres, fresques peintes à la main, moulures dorées à la feuille, marqueteries de marbre… – et confort moderne : salle de cinéma, cave à vin, aquarium géant, piscine.

© REUTERS / Charles Platiau

© REUTERS / Charles Platiau

Comme les jardins, dont le dessin imite les créations du paysagiste du Roi Soleil, Le Nôtre, elle « répond aux normes des Monuments historiques », assure la Cogemad. « Aucune propriété ne s’est vendue aussi cher dans le monde », selon un spécialistedu secteur, interrogé par l’AFP.

En 2008, la vente pour 370 millions d’euros de l’une des plus somptueuses demeures de la Côte d’Azur, la villa Leopolda, avait avorté, l’acquéreur, le magnat russe Mikhaïl Prokhorov, ayant finalement renoncé à la transaction sans donner d’explication.

AFP

08 Déc

Le classement de l’AOC « Saint-Emilion Grand Cru » devant le tribunal administratif de Bordeaux

Ce matin, le tribunal administratif de Bordeaux examinait 3 demandes d’annulation de l’arrêté interministériel du 29/10/2012 portant homologation du classement des crus de l’AOC « Saint-Emilion Grand Cru ». Ambiance, ambiance…

Pierre et Lucile Carle du château Croque-Michotte, 40 ans classé et puis plus rien © Jean-Pierre Stahl

Pierre et Lucile Carle du château Croque-Michotte, 40 ans grand cru classé et puis plus rien, devant le tribunal administratif ce matin © Jean-Pierre Stahl

Il y a comme ça des affaires qui se passent dans une petite rue de Bordeaux, au 9 rue Tastet, et qui peuvent se faire entendre sur la planète entière. Car toucher à Saint-Emilion, à son ordre établi, c’est un peu comme faire une mini révolution… Non pas que ce classement soit figé dans le marbre comme celui de 1855, mais c’est un classement révisable tous les 10 ans qui a une visibilité partout dans le monde.

Eh bien, il y avait 3 irréductibles plaignants, de la fibre de ces gaulois qui veulent que l’on respecte leur histoire et leur terroir, qui étaient présents pour enfin faire entendre leur voix. Depuis 3 ans, les gérants des châteaux Croque-Michotte, Corbin-Michotte, et la Tour du Pin Figeac, à savoir Pierre Carle, Jean-Noël Boidron et André Giraud attendaient ce moment.

On a été quand même 40 ans Grand Cru Classé, le terroir n’est pas parti de dessous nos pieds par surprise ! On est entre Cheval Blanc, Petrus, Grand Corbin-Despagne et un certain nombre d’autres », Pierre Carle du château Croque-Michotte.

Les 3 châteaux de Saint-Emilion avant l'audience © JPS

Les 3 châteaux de Saint-Emilion avant l’audience © JPS

Et d’ajouter les quelques griefs qui ont coûté des points au château dans sa notation: « on nous a reproché d’avoir Croque-Michotte avec 3 parcelles séparées, on se demande quel est l’intérêt géographique, touristique, viticole de ce genre de disposition, d’ailleurs l’INAO dans d’autres endroits en France cherche des histoires à des viticulteurs parce que leur propriété n’est formée que d’un seul tenant. » « Le risque qu’ont pris l’INAO Aquitaine et le Conseil des Vins de Saint-Emilion, c’est de s’enferrer à ne pas vouloir corriger notre dossier, à dire qu’il n’était pas bon et au risque que le classement soit annulé pour tout le monde. » Et d’enfoncer le clou sur les points avancés dans ce dossier : »l’INAO a utilisé une carte géologique en contradiction avec les affirmations de l’auteur de la carte géologique (de 1989), les sondages montrent qu’il n’ y a pas d’eau… » « Là aussi, c’est un peu gros, on était parmi les 1er à être en agriculture biologique en 1999 et l’INAO nous a écrit noir sur blanc que nous n’avions fait aucune démarche de gestion durable ! »

On sent ces gérants et propriétaires de châteaux familiaux quelque peu excédés, comme Jean-Noël Boidron pour le château Corbin-Michotte, à la sortie de l’audience : « en 2012 à la Coupe des Crus Classés de Saint-Emilion dont nous faisions partie jusque-là, nous sommes sortis seconds devant ceux qui sont passés « 1er » (cc), et après on nous dit vous n’êtes plus bon, il y a quelque chose, j’ai tendance à dire qu’on a été matraqué pour une raison personnelle. »

Pessac et procès Saint-EMILION 038Lors de l’audience les deux avocates avancent les arguments devant le tribunal: dans le nouveau cahier des charges du nouveau classement, il y a eu un manque de transparence et d’égalité de traitement :  »

« On a privilégié le gros par rapport au petit, par rapport à la structure familiale… Ainsi, il fallait (comme critères retenus pour avoir des points) une salle de séminère, un lieu de séjour pour personnes invitées, des personnes chargées de l’accueil. On va privilégier des structures qui ont 10 personnes et où l’on parle anglais ou chinois. Il y a un manquement par rapport à l’égalité de traitement, » avance Me Chloé Maisonneuve avocate des plaignants. Et sa consoeur d’ajouter que la grille de notation n’a été déterminée que 3 semaines après le dépôt des dossiers de candidatures : « ils ont découvert après coup des règles du jeu, ils auraient pu modifier la présentation de leur dossier sur certains points. »

L’avovat de l’INAO Didier Pinet rétorque qu’au contraire :

En réalité, il y a eu beaucoup de transparence dans ce dossier, notamment par la communication de la grille de notation », Didier Pinet avocat de l’INAO

Pierre Carle, avec François des Ligneris et Dominique Techer © JPS

Pierre Carle, avec François des Ligneris et Dominique Techer © JPS

Autre point avancé par Chloé Maisonneuve le problème d’impartialité « pas mineur » : « une plainte au pénal est toujours en cours d’instruction pour prise illégale d’intérêt. Il y a dans ce dossier deux personnes qui avaient des fonctions éminentes, réelles, avaient des intérêts économiques évidents et ont une part importante dans les délibérations. » Ce à quoi l’avocat de l’INAO rétorque : « le grief de l’impartialité est mal fondé. Ils n’étaient pas membres de la commission de classement, ces deux personnes étaient absentes lors de la séance, elles n’ont pas participé et pris part au vote. Il y avait une commission de classement (ad hoc) et 2 organisations indépendantes certifiées. Il y a eu un vrai travail pour rénover la procédure de classement, on ne peut difficilement aller au-delà de ce qui a été fait. »

Le rapporteur public a de son côté balayé rapidement les moyens avancés par les parties, notamment sur l’anonymat des bouteilles qui aurait été rompu, « la rupture de l’égalité de traitement ne pouvait pas être établi », il a demandé le rejet des demandes en annulation de l’arrêté interministériel.

Pessac et procès Saint-EMILION 045

Parmi le public, il y avait bien sûr Franck Binard le directeur du Conseil des Vins de Saint-Emilion : « c‘est une décision lourde, très attendue des viticulteurs…(pour info 82 châteaux sont classés, 18 en 1er cc et 64 crus classé de Saint-emilion). On ne veut pas refaire les débats en marge des débats. On souhaite avant toute chose s’en remettre à la décision souveraine du juge. »

Il y avait aussi quelques figures du monde du vin comme Dominique Techer, propriétaire à Pomerol, qui avait fait une apparition dans Vino Business d’Isabelle Saporta, et également François des Ligneris, ancien propriétaire du château Soutard, cru classé de Saint-Emilion : « ce qui m’intéresse dans cette histoire de classement, c’est que Saint-Emilion retrouve la paix et que les choses se passent, pour construire en toute transparence et en toute sérénité. »

Le tribunal administratif de Bordeaux a mis son jugement en délibéré sans donner de date.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Didier Bonnet et Xavier Granger

13 Nov

Liber Pater a eu 500 pieds de vigne saccagés : la réaction de Loïc Pasquet « quand on en arrive là, ça devient dramatique, c’est le patrimoine de Bordeaux. »

C’est un vin de garage. Une perle avec des vignes exceptionnelles. Cette semaine, 500 pieds historiques ont été saccagés, coupés au sécateur. Loîc Pasquet a confié à Côté Châteaux : « moi je m’en remettrai, mais ça fait mal au coeur ! »

© Liber Pater, un vin et une étiquette remarquables

© Liber Pater, un vin et une étiquette remarquables

Liber Pater, un «vin de garage», exceptionnel à divers titres. Déjà il est issu d’un vignoble de très petite taille, les rendements sont très faibles, les cépages rares, le travail à la vigne avec un cheval de labour et la vinification atypiques.Toujours à la recherche de l’excellence.

Joint ce soir par Côté Châteaux, Loïc Pasquet, son propriétaire dans la région viticole des Graves, à Landiras (Gironde), exprime son ressenti, après avoir découvert 500 pieds coupés au sécateur: « sincèrement, ce n’est pas une maladie grave, moi je m’en remettrai mais ça fait mal au coeur. C’était un cépage oublié, un trésor... » Cet acte de vandalisme touche en effet de très vieux cépages comme le castet qui avait disparu de Bordeaux du fait de la crise du phylloxéra. La démarche était noble et belle. Elle a été coupée dans son élan:

« Ce sont des pieds que l’on redécouvre, ce serait quand même gênant fondazmentalement de tout clôturer, de mettre des murs de 2 mètres partout. Quand on en arrive là, ça devient dramatique. Il faut que la gendarmerie retrouve les auteurs, car c’est récurrent. Cette fois, j’ai décidé de ne pas laisser passer !« 

Au sécateur, on ne fait pas 500 pieds de vigne en 2 minutes », Loïc Pasquet propriétaire de Liber Pater

Et d’ajouter, « on ne fait pas cela le matin en se levant. Personne n’a rien vu ». Cet acte prémédité a en effet été perpétré de nuit, un acte sans doute de jalousie car ces vins en question sont vendus à des prix astronomiques : pas moins de 1000 € la bouteille et jusqu’à 4000 pour un millésime 2009, un peu plus cher que les 1ers crus classés de Bordeaux.

On fait ce vin pour redonner un goût oublié, on a une vrai parcelle qui appartient au patrimoine de Bordeaux, il faudrait la protéger » Loïc Pasquet

Parmi ces cépages décimés par la crise mondiale du vignoble après l’apparition des ravages de l’insecte en 1861, Loïc Pasquet a planté du castet, du mancin ou du saint-macaire.

Depuis la révélation de cette affaire, Loïc Pasquet reçoit de nombreux témoignages de soutien et de sympathie : « la vigne est impreignée dans la culture des gens. Bon, on va rebondir, mais c’est embêtant. »

De son côté, le Syndicat Viticole des Graves condamne vigoureusement les destructions du vignoble et apporte son entier soutien à Loïc Pasquet, viticulteur, victime de ces attaques et administrateur du syndicat.

« La vigne, c’est le cœur du travail du viticulteur. Nous y passons tous beaucoup de temps. Je me suis rendu sur place dès que possible. La vision de ceps coupés à quelques centimètres du pied est dramatique. Nous nous sentons tous touchés dans ce que nous avons de plus cher. Nous sommes abasourdis. » a déclaré Dominique Guignard, président du Syndicat Viticole des Graves.

Le Syndicat Viticole des Graves attend désormais que l’enquête permette d’identifier les coupables et de faire en sorte que ce genre d’agissements ne se reproduise plus afin que l’ensemble des viticulteurs de notre appellation puissent travailler sereinement à nouveau.