26 Avr

Gel dans les vignes: des hélicoptères au secours des vignobles en Touraine et dans le Bordelais

Quatorze hélicoptères ont été mobilisés en Touraine ce jour. De même, demain de très bonne heure, d’autres hélicoptères seront sur le secteur de Saint-Emilion, pour contribuer à lutter contre le gel qui continue de menacer les vignes.

Photo d'illustration © JPS

Photo d’illustration, avec l’un des pilotes mobilisé ce jour à Saint-Emilion © JPS

« C’est le branle-bas de combat maximal. Après les énormes dégats causés l’année dernière, il n’est pas possible que le gel détruise encore la récolte », a insisté Guillaume Lapaque, directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire, alors que les services météorologiques prévoient des températures négatives matinales dans le département jusqu’à vendredi.

Comme la semaine dernière, sept appareils interviendront au-dessus des vignes de Montlouis-sur-Loire pour brasser l’air au-dessus de leurs vignes et rabattre vers le sol l’air plus chaud situé à faible altitude.

L’AOC de Montlouis, la première en France à avoir décidé collectivement de recourir à cette méthode, « a fait des émules et cinq hélicoptères sont mobilisés pour les vignes de Bourgueil, un à Vouvray et un à Azay-le-Rideau », a indiqué M. Lapaque.

« L’année dernière, les exploitations mises en difficulté ont pu trouver des aménagements avec les banques, mais deux années de suite ce serait insurmontable pour beaucoup d’entre elles : c’est comme une entreprise qui brûlerait deux fois de suite… Même en bonne santé, elle ne s’en relèverait pas », a-t-il expliqué.

Mobilisation des grands moyens, efficaces © MB

Mobilisation des grands moyens, efficaces © MB

« Tous les moyens de lutte contre le gel seront mobilisés dans le département : les tours anti-gel (qui brassent l’air elles aussi, ndlr), les bougies, les canons à air chaud, l’aspersion d’eau » (qui protège la plante en gelant, ndlr), a insisté le directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire. « Il ne s’agit pas de privilégier une méthode plutôt qu’une autre, mais d’utiliser la mieux adaptée en fonction des circonstances », a-t-il ajouté.

Le coût d’intervention des hélicoptères est de 200 à 250 euros par hectare et par intervention, selon Damien Delecheneau, le président de l’appellation Montlouis-sur-Loire, qui produit exclusivement des vins blancs effervescents ou tranquilles à base de Chenin.

« C’est une formule qui évite de faire un investissement lourd de départ comme dans le cas d’éoliennes antigel » qui coûtent entre 30.000 et 40.000 euros pièce, souligne-t-il.

Avec AFP.

Gel : « la malédiction du 21 avril »

Comme en 1991, le 21 avril a été sans pitié pour certaines exploitations du Bordelais dont 1000 hectares auraient été touchés. Dans l’Hérault, plus de 20.000 hectares de vignoble ont été meurtris la semaine passée par des « gelées d’ampleur » affectant « des centaines de viticulteurs ». Ce matin, la Champagne a encore enregistré des températures négatives…Demain, c’est annoncé encore plus froid et ça pourrait geler de nouveau à Bordeaux.

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Décidément ce 21 avril ! Les vignerons l’ont en travers de la gorge. Si le PS a eu son « 21 avril » en 2002, et les Républicains plus récemment le 23, les viticulteurs eux ont pris de plein fouet cette date comme une malédiction. 

« C’est dans la nuit de jeudi à vendredi qu’on a eu le plus de dégâts, on a eu 5 à 6 hectares de touchés », me confie Nicolas Lesaint du château de Reignac à Saint-Loubès en Gironde ; « c’est vraiment dans les bas-fonds qu’on a enregistré ces dégâts de 100% à 20%, c’est réparti sur une dizaine de spots. On a connu le 21 avril 1991, mais aussi le 21 avril 2017, mais pas dans les mêmes proportions. » Geneviève Caillard, conseillère viticole pour la Chambre d’Agriculture dans le Médoc complète : « on a des plateaux de 3, 5 ou 10 hectares touchés entre 20 et 80 %, il y a eu des secteurs plus touchés notamment dans le sud-Médoc, du côté  d’Arsac, Avensan, Ludon-Macau ».

Christophe Château du CIVB attend les retours de la chambre d’Agriculture avant de communiquer mais peut déjà affirmer que plusieurs vignobles dans « le Blayais, en Castillon et Saint-Emilion, en Entre-Deux-mers, dans les Graves et Pessac-Léognan ont été impactés », globalement ça n’a rien à voir avec 1991 mais « certaines entreprises pourraient être bien touchées à titre individuel. »

Ainsi à Moulon, Joël Duffau a perdu « 11 hectares, un tiers de mon exploitation », son épouse témoigne « on est un peu effondré, c’est assez dramatique après 2009, 2011, 2013 et 2014 où on a pris la grêle. On a très peur pour la nuit prochaine »; « ça commence à faire beaucoup mais il faut qu’on continue », positive Joël Duffau que nous avions rencontré en septembre sur un focus sur les grands vins blancs secs

Carine Delacroix, conseillère viticole de l’Union Régionale Agricole de Branne me confirme que les secteurs « les plus touchés se situent sur Génissac, Moulon et Nérigean. A Moulon, comme à Vignonet, il y a 3 jours de gelées jeudi, vendredi et samedi. Il y a eu aussi des secteurs touchés sur Saint-Sulpice-de Faleyrens, Libourne, Saint-Emilion, un peu de Pomerol aussi. On a des poches de gel qui stagnent, dans des endroits en contre-bas. C’est toujours très particulier le gel. Parfois on n’a pas toujours d’explication. »

Bruno Samie, pour la Chambre d’Agriculture de la Gironde explique que c’est aussi compliqué de donner un chiffre précis sur le nombre d’hectares touchés, mais confie que cela pourrait aller « jusqu’à 10000 ha s’il on prend en compte les parties impactées de 5 à 100 % ».

Pour l’Hérault, le constat est bien plus dramatique : « Après une visite de terrain  sur les secteurs les plus touchés, la région de Pézenas et le Minervois, on peut estimer qu’un peu plus de 20.000 hectares sont touchés, entre 10% et 100%, et que des centaines de viticulteurs sont affectés », a déclaré Jérôme Despey, président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault. « Le paysage que nous avons vu ce matin, c’était des vignes totalement grillées, comme brûlées après les fortes gelées des nuits des 19 et 20 avril », a-t-il ajouté, estimant qu’environ 20% des récoltes habituelles héraultaises pourraient être perdues, soit environ un million d’hectolitres.

A lire également : Branle-bas de combat dans l’Est : le gel touche de nombreux vignobles

20 Avr

Branle-bas de combat dans l’Est : le gel touche de nombreux vignobles

Depuis le début de semaine, les températures sont tombées en dessous de 0°C le matin dans de nombreuses régions de l’Est. Les vignobles de Champagne, Bourgogne, du Jura, des Alpes, et d’Alsace ont été plus ou moins impactés par le gel.

Le gel a impacté de nombreux vignobles comme ici à Arbois © France 3 Franche-Comté

Le gel a impacté de nombreux vignobles comme ici à Arbois © France 3 Franche-Comté

Les plus anciens se souviennent du douloureux épisode de 1991 où le gel intense du printemps avait privé de nombreux viticulteurs de récolte.

En ce mois d’avril, le dicton « ne te découvre pas d’un fil » se révèle de saison. Mais le juste ton est de se sentir solidaire de nos amis vignerons qui redoutent cet épisode de gel. Déjà certains ont pu constater dès hier de lourds dégâts sur les bourgeons sortis.

Captur2éAinsi en Champagne, on a enregistré cette nuit des températures de -5 à -7°C, et même -9 à Mourmelon. Les conséquences se sont aussitôt faites ressentir dans les rangs de vignes : près de 80% de pertes de bourgeons par endroits…

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Champagne-Ardennes : Marie-Line Fournier, Isabelle Griffon, Emile Forzy (Interviews : Xavier Muller : Président de la section locale du Syndicat Général des Vignerons Président de Champagne Mailly Grand Cru; Hugues Pereira Président des Jeunes vignerons de Champagne) :

En Alsace, même constat dramatique, à Scherwiller, au sud du Bas-Rhin, la moitié des 32 hectares de Damien Sohler a été touchée par le gel, à hauteur de 50 à 100%. Des dégâts exceptionnels qui augurent de mauvaises récoltes cet automne.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Alsace : David Meneu et Christian Laemmel. (intervenant :Damien Sohler, viticulteur à Scherwiller (Bas-Rhin)

La veille, c’est le vignoble d’Arbois qui a été pas mal meurtri, alors que la température est tombée à -2°C : 30 à 100% de pertes sur les exploitations de l’AOC Arbois…

« La vigne semble touchée à 90% là, tous les bourgeons avec des feuilles apparentes ont été brûlés par littéralement par le gel et le soleil de ce matin en définitive », témoigne Hervé Ligier, viticulteur et président de l’AOC Arbois. 

Du côté de Château-Chalon, au pays du Vin Jaune, même constat dramatique : « moi, j’ai 1,2 hectare de chardonnay en bas de la barraque-là, ça a été tout cramé… » Une catastrophe après 5 années en demi-teinte, la dernière belle récolte remontait à 2011. « Il y aura une augmentation du prix des vins forcément, car on ne peut pas être touché à 40% sur une exploitation sans réagir à ce niveau-là parce que sinon on ne pourra pas survivre », continue d’expliquer Dominique Tissot, viticulteur et président de l’AOC Château-Chalon à ma collègue Stéphanie Bourgeot.

Certains exploitants jurassiens sont assurés mais d’autres non, s’ajoute à cela un problème de stocks…au plus bas. « L’assurance ne remplace jamais le vin qu’on n’aura pas à vendre, car ne pas satisfaire nos clients est un risque très important d’un point de vue commercial, une clientèle il faut parfois 10-15 ans pour se la bâtir…et à partir du moment où on ne peut plus l’approvisionner, il y a un fort risque de détournement vers d’autres produits, » explique Hervé Ligier , président de l’AOC Arbois.

Regardez le reportage de mes confrères de France 3 Franche-Comté Stéphanie Bourgeot et J-S Meurice : intervenants Hervé Ligier (viticulteur et président de l’AOC Arbois), Dominique Tissot (viticulteur et président de l’AOC Château-Chalon)

CaptureAussi pour tenter de combattre le gel, de nombreux vignerons ont décidé d’allumer des centaines de braseros dans leurs rangs de vigne pour réchauffer l’atmosphère, comme à Chablis. Une solution qui a fait ses preuves par le passé. Les viticulteurs de Saint-Romain (Côte-d’Or) ont aussi dû allumer des braseros entre les rangs de vignes pour faire remonter la température et sauver la récolte.

« On a tout allumé et on est quand même à -1,5°C », précise un vigneron à mes confrères de France 3 Bourgogne « Au ras du sol, on est quasiment à -1,8. Donc on va essayer de sauver les meubles. » « C’est vrai que si on ne faisait rien du tout, il n’y aurait plus de question à se poser ».

Capture4D’autres techniques ont aussi été mises en place comme celle de l’aspersion d’eau, qui fige dans la glace la vigne, qui au dégel peut repartir...

Côté châteaux souhaite bon courage à tous ces vignerons de France, sur le pont dans cette épreuve, contre le gel.

12 Avr

Le vin italien redoute les conséquences du Brexit

A l’occasion de Vinitaly, de nombreux producteurs italiens ont échangé à propos du Brexit. Ils craignent que la décision des britanniques de sortir de l’Union Européenne n’aient de fâcheuses conséquences pour leurs vins.

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Si vous demandez à Cesare Cecchi ce qu’il pense du Brexit, vous le verrez faire la même moue que lorsqu’il ouvre une bouteille bouchonnée de son « chianti classico », un des vins qu’il produit en Toscane. « Nous sommes tous très inquiets parce que la situation est incertaine », affirme à ce propos le chef de file de l’une des dynasties les plus connues dans le monde du vin italien.

Cesare Cecchi ne fait qu’exprimer le sentiment de bien des producteurs, rassemblés cette semaine à Vérone (nord-est) à l’occasion de Vinitaly, le plus grand salon viticole de la péninsule.
Un rendez-vous où le Brexit est souvent revenu dans les conversations des milliers de producteurs et d’amateurs de vin présents sur les 4.000 stands de ce salon, un mois à peine après la décision du Premier ministre britannique, Theresa May, de lancer le compte à rebours du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Alex Canneti, directeur de la maison d’importation londonienne Berkmann Wine Cellars, ne cache pas que sa plus grande peur est de voir le vin et la gastronomie pris en otage des négociations qui se sont officiellement ouvertes entre Londres et Bruxelles.

L’accent mis récemment par le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, sur la nécessité pour l’Italie d’accepter le libre-échange avec le Royaume-Uni si elle voulait continuer à y vendre son célèbre Prosecco, n’est pas de ce point de vue passé inaperçu. « C’est exactement ce que nous redoutions. On s’est juste dit, « Oh mon Dieu », a-t-il raconté à l’AFP.

Oubliez les discussions sur les services financiers ou la technologie nucléaire, le noeud du problème pourrait bien être l’alimentation, assure ce professionnel. Les négociateurs pourraient ainsi avoir l’idée d’utiliser le vin ou le fromage comme un moyen de faire peur aux gens, a-t-il expliqué. « Ils le savent très bien, particulièrement en France, où il y a des groupes de vignerons prêts à brûler des camions et à se mettre en colère. Donc, c’est un moyen d’agir sur l’Europe si celle-ci ne se comporte pas comme les Britanniques le voudraient », estime M. Canneti.

La Grande-Bretagne ne produit que peu de vin, sur quelques hectares en Angleterre et dans le pays de Galles. Mais la soif des Britanniques pour le rouge ou le blanc ne s’est jamais étanchée et le Royaume-Uni est l’un des principaux débouchés des producteurs français ou italiens, derrière les Etats-Unis. Les importations de vin en Grande-Bretagne ont ainsi atteint 2,6 milliards d’euros l’an dernier en provenance de l’UE.

Cette terre de buveurs de bière est devenue en quelques années adepte du « Wine O’Clock », moment de détente autour d’un verre de vin, qui a contribué au boom des ventes de Chardonnay australien, de Pinot Grigio italien ou plus récemment de Prosecco, ce vin blanc pétillant produit notamment en Vénétie dont les importations ont fait un bond de plus de 30% l’an passé.

Ce succès a rendu certaines zones de production européennes particulièrement sensibles aux aléas du marché britannique. Or, faute d’accord au bout de deux ans sur le Brexit, une possibilité loin d’être écartée par les négociateurs, les importations de vin en provenance de l’UE seraient taxées, alors que le vin australien, sud-africain ou néo-zélandais pourrait lui entrer sans droits de douane, grâce aux accords bilatéraux que Londres veut conclure avec ces pays.

Pour certains, la différence serait minime, à peine plus d’une dizaine de pence par bouteille, ce qui est bien peu dans le cas d’une bouteille de Bordeaux
ou de Barolo coûtant plusieurs dizaines d’euros. Mais la baisse de la livre pourrait aussi alourdir la facture pour le consommateur, de quoi inquiéter les producteurs européens. « Le niveau des taxes est clairement un élément crucial, particulièrement en Grande-Bretagne où elles sont déjà parmi les plus élevées en Europe », assure M. Cecchi. « Honnêtement, je suis très inquiet, surtout en raison de l’incertitude. Mais j’espère que le sens commun l’emportera (…) c’est dans l’intérêt de tous d’avoir un bon accord », espère-t-il.

Avec AFP

26 Mar

Plusieurs milliers de vignerons en colère dans les rues de Narbonne contre les importations de vins espagnols

Hier samedi, une foule immense de vignerons et sympathisants a défilé dans les rues de Narbonne pour exprimer colère et ras le bol face aux importations massives de vins en provenance d’Espagne alors que leurs cuves sont pleines.

Manifestation des vignerons de l'Aude à Narbonne ce samedi © France 3 Narbonne

Manifestation des vignerons de l’Aude à Narbonne ce samedi © France 3 Narbonne

Une colère qui s’est exprimée ce samedi et qui dit son nom : le respect du travail de vigneron. ils étaient 2500 selon la police, 4 à 5000 selon les organisateurs à manifester dans le calme ce samedi à Narbonne.

Les viticulteurs dénoncent une concurrence déloyale notamment des vins en provenance d’Espagne.Le président du syndicat des vignerons de l’Aude, Frédéric Rouannet, avait d’ailleurs fixé comme thème central de la manifestation: « le défi de la mondialisation »

Et de rappeler qu’actuellement, ils subissent ces « huit millions hectos d’importation de vin, un record historique ». Alors que nombre de vignerons ont leurs cuves pleines, qu’ils n’arrivent pas à vendre leur vin, où alors à des prix dérisoires.

Les viticulteurs français ont par ailleurs parlé de leurs charges plus importantes que celles des Espagnols. Ils estiment également que les grandes surfaces et les négociants ne privilégient pas les approvisionnements locaux.

Cette colère, c’était aussi pour lancer un signal fort au gouvernement qui vit ses derniers instants mais aussi interpeller les candidats à l’élection présidentielle qui auront sans doute à gérer ce problème dans les mois qui viennent . 

Avec France 3 Languedoc-Roussillon

10 Mar

Des bouteilles de Bordeaux à moins d’un euro, le monde du vin déplore cette image

Réactions du monde viticole suite à l’opération spéciale d’une enseigne de la grande distribution qui a fait un « coup » en commercialisant du Bordeaux à 0,96€, avec le principe des cagnottes recréditées sur la carte du client.

Image d'illustration - DR

Image d’illustration – DR

« C’est un beau coup de publicité pour l’enseigne mais en aucun cas une bonne image pour les vins de Bordeaux ». En une phrase que me confie ce soir Bernard Farges, tout est dit. Ancien président et actuel vice-président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, Bernard Farges vient de résumer cette opération spéciale réalisée le week-end dernier où les clients d’une grande enseigne pouvaient toucher du Bordeaux à 0,96 € !

En définitive, il ne s’agissait pas du véritable prix qui était 4,80€ pour Le Comte de Talem, il s’agit « d’un dispositif légal selon le système de cagnotte qui consiste à restituer une cagnotte avec des marges faites sur d’autres produits, en massacrant le prix d’un produit ». Autrement dit ce rabais n’est valable que pour les clients porteurs de la carte de la grande surface et est recrédité pour inciter le client à revenir consommer…

« Généralement ils le font avec une marque connue, c’est une animation de magasin, c’est légal. Une autre fois ce sera sur un textile par exemple. Mais la le vin est affiché à 4,80€, un prix tout-à-fait normal, avec ensuite l’opération de remise sur la carte de fidélité. Ce n’est pas rare, mais ce n’est pas bon. Le consommateur n’est pas dupe. Il ne faut pas non plus « en faire un plat », néanmoins on doit mener des opérations plus intelligentes que celle-là. »

Sur France Bleu, Hervé Grandeau, président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux et viticulteur à Tresses, commentait :   « moins d’un euro pour une bouteille de Bordeaux, c’est tout à fait inadmissible et certainement pas justifié ».

De leurs côtés, les Vignerons Indépendants sont montés au créneau pour dénoncer cette opération, Cédric Coubris le président girondin a en effet envoyé ce communiqué aux rédactions où ils se disent « choqués et en colère »:

« Dans un contexte où l’agriculture est en difficulté, où des négociations accord/prix sont en cours concernant l’ensemble de la filière, Carrefour nous fait des pirouettes pour appliquer des prix de vente indécents, et soi-disant indéfendables.

Comment peut-on vendre des bouteilles de Bordeaux à 0,96€ TTC, sachant que rien que la matière première coûte déjà autant voir plus ?

Comment, alors que la filière entre la coopération, la production et le négoce des accords de prix minimum sont discutés, la grande distribution casse l’image des vins de Bordeaux et le respect du travail du vigneron ?

Il est certain que si la Fédération des Grands Vins de Bordeaux saisit le tribunal ou la DGCCRF, nous les accompagnerons et nous porterons partie civile si besoin.

Il est impossible de défendre et de montrer la qualité de notre travail, de valoriser le rapport qualité/prix et en même temps de se faire enterrer par des méthodes commerciales peu scrupuleuses « .

Selon Rayon-Boissons (le magazine des boissons en grande distribution), ce n’est pas une première, le site qui a dévoilé cette nouvelle offre écrit en effet : « pour l’instant, Intermarché reste devant. Avec son vin vendu à 0,89 € la bouteille en novembre dernier, l’enseigne de supermarchés conserve son « titre » de la promotion la plus agressive. Sauf que les Mousquetaires avaient proposé un vin de cépage espagnol quand Carrefour a ce week-end misé sur un vin d’appellation ».

04 Mar

Concurrence des vins espagnols : des agriculteurs du Gard en appellent aux consommateurs

Les Jeunes agriculteurs (JA) gardois ont appelé mercredi les consommateurs français à ne pas se laisser duper par des étiquetages trompeurs. Ceux-ci dissimulent du vin espagnol sous des noms et des codes marketing renvoyant à des vins de pays français.

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Anaïs Amalric, co-présidente des JA du Gard © France 3 Occitanie

« Les consommateurs doivent comprendre qu’ils sont trompés, tout autant que les producteurs » français, Continuer la lecture

02 Mar

Une soirée-débat le 22 mars sur les dangers des pesticides et leurs alternatives

Le Collectif Info Médoc Pesticides organise le 22 mars prochain une soirée d’information avec diffusion du film In Vino Veritas de Pascal Obadia. 

CaptureL’affiche de l’événement annuel du Collectif Info Médoc Pesticides a de quoi faire peur. C’est sans doute voulu. Les risques sont malheurusement peut-être là. C’est pour reparler de tout cela, informer, débattre qu’aura lieu le 22 mars cette soirée débat, à la salle des fêtes de Saint-Estèphe, au coeur du vignoble du Nord Médoc.

Un débat qui sera placé sous le thème des Alternatives, avec comme intervenants : Alain Garigou et Ghislaine Bouvier, enseignants, Dominique Techer, viticulteur bio de la confédération paysane et Thibaut Vontron du Biocoop de Parempuyre. Sera également diffusé le film de Pascal Obadia, In Vino Veritas, et s’en suivra un échange avec le public et les intervenants présents.

A 20 heures, Espace Guy Guyonnaud, 33 rue de la Mairie à Saint-Estèphe.

20 Fév

Viticulture: Cognac en guerre contre la « dérégulation »

Les viticulteurs de Cognac ont dénoncé la semaine dernière à Paris les « vautours » de la « dérégulation » accusés de détourner le système des autorisations de plantation dans leur vignoble, et de « déstabiliser » l’équilibre de leur prospère filière.

Photo tirée de la pétition lance sur change.org

Photo tirée de la pétition lance sur © change.org : « Dérégulation du vignoble de Cognac : la viticulture dit STOP »

« Nous sommes victimes de transferts de vignobles venant d’autres régions de France », permis grâce à un vide juridique dans les nouvelles réglementations européennes sur les plantations de vignoble, a dit Stephane Roy, le président de l’Union générale des viticulteurs (UGVC) pour l’AOC Cognac lors d’une conférence de presse à Paris.

L’UGCV a lancé une pétition sur change.org pour demander au gouvernement d’agir vite afin de renforcer d’urgence la régulation du secteur, le temps de négocier un nouvel accord avec Bruxelles.

Quelque 30 à 40 viticulteurs « opportunistes » sur les quelque 4.400 que compte la zone, ont en effet profité d’un vide juridique pour obtenir des droits à plantation portant sur 300 nouveaux hectares de vigne. Ils ont pour cela utilisé des transferts de droits à plantation, en achetant au préalable des vignobles dans d’autres régions françaises, en général moins riches que celle de Cognac, ou en crise, comme celle du Muscadet ou du Roussillon. Ils ont ensuite arraché ces vignes, pour générer des droits de plantation, qu’ils ont transférés dans le Cognac. Une pratique légale, mais qui porte aussi atteinte à l’image de Cognac, pouvant dès lors être accusé de « dépecer » les autres vignobles français.

« Nous connaissons les noms, mais ne les rendons pas publics » a dit M. Roy. « La colère est très forte sur le terrain, il s’agit d’une politique de déstabilisation de la filière » a ajouté M. Roy.

Au total, Cognac compte quelque 75.000 hectares de vigne et la profession veille jalousement à la limitation de l’extension de son vignoble. La filière est organisée historiquement autour d’une co-gestion très fine entre producteurs et négociants, de ses potentiels de production pour maintenir une rentabilité , optimale à ses acteurs.

« Nous nous mettons d’accord chaque année sur les surfaces plantées et le rendement en hectolitres de vin, qui définit le volume d’alcool pur obtenu », précise Alexandre Imbert, de l’UGCV.

Du coup, cette guerre fratricide au sein du cognac relève presque d’un enjeu de « sécurité publique », certains viticulteurs qui respectent les limitations de plantations souhaitant en découdre avec ceux qu’ils qualifient de « vautours », dit Christophe Forget, administrateur de la CNAOC, qui regroupe l’ensemble des syndicats viticoles
d’AOC français.

La presse locale a d’ailleurs rapporté des manifestations de Jeunes Agriculteurs pour dénoncer les « vautours » en mettant des panneaux « ici niche un vautour » devant leurs domiciles.

« Nous sommes solidaires des actions pour désigner les « vautours » au public afin d’alerter l’opinion et de la mobiliser » a déclaré M. Roy, qui semble néanmoins inquiet de la tournure que prennent les événements et de la tension. « Nous avons été interpellés par les Renseignements généraux et la gendarmerie », a ajouté M. Forget.

Après une année 2015 déjà favorable, les expéditions de Cognac ont continué leur ascension en 2016 avec une croissance de 6% en volume et de 6,8% en valeur, selon le Bureau national interprofessionnel du Cognac. Le chiffre d’affaires départ Cognac s’élevait l’an dernier à 2,76 milliards d’euros.

A elle seule, la filière, à cheval sur deux département (Charentes et Charentes Maritimes) représente plus de 20% des exportations de vins et spiritueux français. Selon M. Roy, la rentabilité d’une exploitation moyenne de cognac, juste après la distillation, est estimée entre 15 et 20%, variable selon les crus et l’âge de l’eau de vie.

AFP

19 Jan

La viticulture bordelaise exprime son « ras-le-bol » avec l’agrandissement du logo « femme enceinte » sur les étiquettes

La Fédération des Grands Vins de Bordeaux exprime sa réprobation face à la nouvelle réglementation du gouvernement qui souhaite doubler le pictogramme sur les étiquettes, en place depuis 2006 : « la viticulture girondine dit stop ! » et le fait savoir haut et fort. Entretien d’Hervé Grandeau, le président de la FGVB,  et réaction de Mathilde Bogdanoff de l’ANPAA Bordeaux, par Côté Châteaux.

L'avertissement actuel pour femme enceinte, sur une bouteille de Bordeaux © JPS

L’avertissement actuel pour femme enceinte, sur une bouteille de Bordeaux © JPS

Pour Hervé Grandeau, le Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux : « L’idée du gouvernement de faire doubler de volume ce pictogramme pour l’amener à 1 centimètre de diamètre, c’est encore une couche supplémentaire dans la réglementation. Nous allons tenir cette conférence de presse pour exprimer notre ras-le-bol qu’on nous change sans arrêt cette réglementation. Il y a d’autres choses à faire en matière de prévention sur la santé que de se cacher constamment derrière ces avertissements ».

Cette mesure, annoncée lors du Comité interministériel du handicap du 2 décembre 2016, prévoit en effet le grossissement du pictogramme représentant une femme enceinte avec un verre à la main, barrée d’un trait rouge.

Pour Bernard Farges, Président de la Confédération Nationale des AOC (CNAOC) et des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur : « cette mesure prise sans aucune concertation est une insulte à l’intelligence des femmes. Qui peut croire qu’un simple logo aura, quelle que soit sa taille, une action préventive efficace sur la consommation ? D’autant que l’efficacité réelle de ce pictogramme n’a jamais été évaluée depuis sa mise en place il y a plus de dix ans ! »

Et Hervé Grandeau de penser la même chose : « c’est un manque de respect vis-à-vis des femmes. Bien sûr, on est contre tout ce qui peut infecter le foetus dans le ventre de la maman, mais comment penser qu’en augmentant de volume ce pictogramme, les femmes, déjà averties, vont cesser toute consommation, c’est les prendre pour des … que de mettre un logo encore plus grand. »

« A l’étranger, on fait bien rire certains pays avec notre logo. Cela va avoir bien sûr comme conséquences qu’il va falloir revoir toutes nos contre-étiquettes, et puis la prochaine fois, on va nous demander cela en deux ou trois couleurs, et ce n’est pas le même prix… »

Et d’ajouter que la filière viticole, par la voix de Vin et Société, a toujours défendu le principe d’abstention de consommation pour les femmes enceintes.

« Nous en avons assez de l’inflation des normes, il y a aujourd’hui jusqu’à huit mentions obligatoires sur l’étiquetage (degré d’alcool, dénomination du produit, centilisation, allergènes, ….) Nos étiquettes n’ont pas vocation à véhiculer des avertissements médicaux, elles doivent rester des supports d’information. Nous produisons, vendons, exportons et l’inflation normative constitue une charge croissante pour nos exploitations, tout cela finit par peser sur notre compétitivité » ajoute le Président des AOC
girondines.

« Je pense que des gens au ministère de la Santé ont en travers le fait d’avoir réussi à assouplir la loi Evin, et qu’à la première occasion, ils veulent nous en remettre une couche. »

LA POSITION FAVORABLE DE L’ANPAA

Jointe ce vendredi matin, l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) de Bordeaux tient à préciser : « c’est nécessaire d’informer les gens sur les risques liés à l’alcool, notamment durant la grossesse. C’est une prévention qui reste nécessaire : plus c’est visuel pour la population, mieux, c’est, » me précise Mathilde Bogdanoff chef de service à l’ANPAA, avec Nathalie Papet médecin coordonnateur.

« On sait qu’il y a une augmentation de la consommation d’alcool chez des femmes cadres, chez les jeunes aussi, ceci dit cette prévention est nécessaire : elle concerne non seulement les femmes durant leur grossesse, mais aussi le cercle familial qui peut les inciter à consommer. C’est aussi l’occasion d’en discuter au sein des familles. »

LES VITICULTEURS DEMANDENT AU 1ER MINISTRE DE SURSOIR A CETTE MISE EN OEUVRE

La viticulture girondine considère que le grossissement du logo existant figurant sur l’étiquetage depuis 2006 n’est pas la réponse adéquate à cette problématique de santé, qui mériterait la mise en oeuvre d’une politique de prévention ciblée. Elle demande instamment au premier ministre de surseoir à sa mise en oeuvre.

Regardez le reportage de Gilles Coulon et Patricia Mondon, montage Alain Guinchard :