13 Avr

Figeac : la renaissance de ce 1er grand cru classé de Saint-Emilion avec son somptueux chai

Figeac, un nom mythique à Saint-Emilion. Le nom d’un 1er grand cru classé, 54 hectares dont 41 de vigne qui vient de terminer des travaux titanesques qui ont duré 30 mois et coûté quelques 15 millions d’euros. Tour d’horizon avec la famille Manoncourt qui me sert de guide et Frédéric Faye, le directeur général du château. Ce chai et cette histoire seront dans le prochain Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais en mai prochain sur France 3 Noa.

Une partie de la famille Manoncourt devant la bâtisse historique de Château Figeac © JPS

« Bonjour Jean-Pierre, je suis heureuse de vous recevoir, bienvenue, bienvenue à château Figeac ! Je vous présente Blandine, une de mes filles, Hortense, une autre de mes filles… La famille est ici depuis 1892,ce n’était pas un millésime terrible mais 1893 était très très bon », commente la maman  Marie-France Manoncourt. « Figeac vit depuis très longtemps avec ce nom de figeacus qui date d’un Romain qui était dans les lieux…au 2e siècle… »

Et Blandine de Brier-Manoncourt de me montrer cette cloche qui fait partie intégrante de la famille et des traditions dans ce magnifique château : « c’est la cloche qui permet d’appeler les enfants et les membres de la famille à passer à table… Quand c’est prêt, en général on nous appelle comme cela, ce qui est amusant car cela date d’avant le téléphone portable, mais on utilise toujours la cloche parce qu’on l’aime bien, on y est attaché… »

Blandine de Brier-Manoncourt, Marie-France Manoncourt et Hortense Idoine Manoncourt © JPS

« Depuis bientôt 2 millénaires, il y a toujours eu des constructions à Figeac », commente Hortense Idoine Manoncourt. « Cela a toujours évolué et à un moment donné, il faut savoir se mettre à la page… » Et Marie-France de me montrer le magnifique portail qui ouvre sur le tout nouveau chai de Figeac : « vous voyez cette frise, elle a été dessinée par mes petites filles, pendant le confinement, elles se sont rendues utiles durant le 1er confinement avec ce côté artistique, avec aussi l’ajout de la chèvre et du lion, emblèmes de la famille aussi. Et suivant la lumière cette frise rayonne de façon différente…

Le portail du nouveau chai avec ses lettres découpées au laser et la frise réalisée par les enfants Manoncourt © JPS

Durant 30 mois, château Figeac a engagé des travaux dantesques, avec pas moins de 50 entreprises, des travaux sous l’égide du cabinet d’architectes bordelais A3A, pour un montant de 15 millions d’euros. « Le plafond est une vague qui fait son petit effet et nous sommes très contents d’avoir utilisé le bois, la pierre, l’acier, des beaux matériaux…Nous n’avons utilisé que des entreprises régionales, ça cela nous faisait plaisir…« commente Marie-France Manoncout.

L’extérieur du nouveau chai en partie enterré © JPS

« Nous entrons maintenant dans le cuvier de château Figeac », explique à son tout le directeur général Frédéric Faye. « Nous avons profité du relief collinaire de la propriété pour l’intégrer dans le sol, puisque 63% du projet se trouve sous le niveau du sol. Il était important pour nous d’équipe avec la dernière technologie l’ensemble de cet outil, mais toutefois cette technologie est cachée car ce n’est pas cela qui fait un grand vin, c’est la qualité du terroir de château Figeac ».

Le chai de Figeac, doté de 32 cuves inox et 8 cuves bois © JPS

Toutes ces cuves ont été faites sur mesure, 32 cuves inox et 8 cuves bois, en relation avec nos parcelles voire nos intra-parcelles… » « Nous avons demandé au tonnelier Seguin-Moreau de nous mettre 2 douelles transparentes qui permettent d’observer ce qui se passe dans la cuve. Personnellement, j’aime beaucoup au moment de la fermentation, coller mon oreille contre la cuve car on entend tous les glouglous de ce qui se passe lors de la transformation des sucres en alcool. »

A l’étage, « nous sommes ici au dessus du cuvier bois, et une part d’innovation pour nous est liée à l’ergonomie et à la qualité de travail pour le personnel. Pour preuve ici un couvercle qui est manipulable par une seule personne… L’entreprise qui a créé cette cuve a fait appel à une entreprise qui travaille pour le théâtre et qui utilise des contre-poids. » « Cela a démarré par quelque chose qui est très tourné vers mle process, le confort de travail et le confort aussoi de la vie sur Figeac…Figeac, ce n’est pas seulement un vignoble, c’est un ensemble, avec une famille qui vit dans le château, une équipe qui travaille juste à côté dans les chais »

« Là, nous allons présenter, l’âme, la mémoire de Figeac, dans ce caveau qui est dédié à l’ensemble des millésimes, le plus ancien remonte à 1893, premier millésime de la famille Manoncourt… »

Et de passer à la partie dégustation commentée par Frédéric Faye, dans la magnifique salle qui surplombe le grand chai flambant neuf: « château Figeac 2015, très grande réussite, superbe réussite, solaire dans le bordelais, où Figeac révèle toute la fraîcheur toute la subtilité de ses graves, avec des fruits rouges, des fruits noirs, des épices… »

« On construit un chai pour durer, on fait des vins pour durer, Figeac s’inscrit dans un temps long »,  Blandine de Brier-Manoncourt.

Un toast avec le millésime 2015 en l’honneur de Figeac © JPS

Et de porter un toast, « au nouveau chai, longue vie à Figeac », « bravo à l’équipe », remercie Marie-France Manoncourt.

23 Mar

« Si Arsac m’était chanté » : une immersion en émotion dans l’histoire du château et de ses oeuvres contemporaines

En exclusivité, Côté Châteaux vous dévoile un avant-goût du spectacle de parlé-chanté du château d’Arsac dans le Médoc. Vous y découvrirez l’histoire du château de manière originale et de ses oeuvres contemporaines, histoire projetée sur le sol, les murs et les barriques des deux grands chais. Un immersion toute en émotion où le sens artistique est mis en avant et qui se conclue par une dégustation. A découvrir au château dès le 1er avril.

Philippe Raoux est un esthète et un ami des artistes. Une fois de plus il le prouve en mettant en scène l’histoire du château, avec Eric Bernard metteur en scène et directeur artistique. Un domaine qu’il a acheté en 1986 et pour lequel il a dépensé presque sans compter pour refaire ces vieilles bâtisses et ces vieux chais, mais aussi tout ce vignoble sur plus de 100 hectares.

On a une première projection qui raconte l’histoire de la reprise du château d’Arsac par Philippe Raoux dans toute la remise en état du château et une deuxième projection plus « fantasia », dans laquelle les différents ingrédients et éléments du vin vont venir se composer pour fabriquer le vin d’excellence, » Pierre Fossey scénographe.

Un spectacle de 45 minutes où en déambulation les visiteurs vont pouvoir admirer les 40 oeuvres contemporaines achetées chaque année par cet amateur d’art et de vin. Une visite oeno-musicale sur des textes écrits par  des auteurs bordelais François Gaulon et Muriel Ducros, avec Garlo comme compositeur, et avec Catherine Piffaretti et Jean-Louis Cassarino comme chanteurs.

« Ce qui est propre au château d’Arsac, c’est tout cet univers fantasmagorique et onirique important créé par toutes ces sculptures dans tout le parc… Le jour où Philippe Raoux a installé le pot de Raynaud dans les vignes, quel acte ! Donc, on a voulu transfigurer tout cela et remettre toutes ces oeuvres d’art au bénéfice du projet et de l’installation », explique Eric Bernard.

Eric Bernard et Philippe Raoux © JPS

Les installations d’art contemporain ressemblent à Philippe Raoux comme son vin lui ressemble, donc on a voulu réalisé au milieu de ces barriques réaliser une sorte d’éphéméride de tout ce qui est arrivé en terme artistique, de toutes ces installations, de les retrouver ici…de les transformer et de les faire s’animer et que tout cela soit un carnaval onirique important comme le vin peut l’être… » Eric Bernard metteur en scène.

Les visiteurs seront subjugués par la projection de ces images crées par Pierre Fossey, scénographe, et qui s’inspirent très concrètement des oeuvres  que l’on retrouve dans le parc et la vigne du château d’Arsac, comme celles des oiseaux de Folon, de la Grande Dame par Simon Beer…et bien d’autres.

C’est un projet en parlé chanté qui s’inspire des films de Jacques Demi que j’aime beaucoup, qui à la fois raconte l’histoire du château mais aussi glorifie certains moments de sa vie » Philippe Raoux, propriétairev du château d’Arsac.

Cette visite oeno-musicale ou ce son et lumière original se termine forcément par une dégustation des vins du château d’Arsac pour poursuivre l’expérience sensorielle.

A découvrir à partir du 1er avril au château d’Arsac : « Si Arsac m’était chanté » et ici diffusé dans le JT de France 3 Aquitaine, réalisé par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer et Stéphanie Plessis:

12 Fév

« Si Arsac m’était chanté » ou quand Philippe Raoux lance des visites au château d’Arsac en parlé-chanté

Philippe Raoux, c’est ce viticulteur en AOC Margaux, amoureux de l’art et des mots. Toujours à la pointe des idées novatrices et de l’insolite, il va proposer à partir du 1er avril des visites de son château d’Arsac en parlé-chanté avec des professionnels. Esthète un jour, esthète toujours.

C’est un nouveau pari sur l’avenir et une démarche très originale qu’aime souligner Côté Châteaux.

A partir du 1er avril prochain, « non ce n’est pas un poisson d’avril » me confie Philippe Raoux, le château d’Arsac, classé Cru Bourgeois Exceptionnel, va proposer à ses visiteurs une nouvelle expérience, insolite, artistique et sensorielle, en plein coeur du Médoc.

Philippe Raoux explique à Côté Châteaux cette nouvelle démarche autour de ce qui s’annonce être comme le « 1er spectacle oeno-musical » de ce genre : « c’est un projet qui est né en mars dernier. On est parti d’un constat, l’an dernier même si la propriété est en Margaux et classée Cru Bourgeois Exceptionnel, on a vendu notre vin, mais on a baissé aussi notre prix lors des primeurs de 25% pour vendre, alors que j’avais mis une éternité pour arriver à ce niveau…A côté de cela, l’oenotourisme prend de plus en plus de place et donc « :

On a eu l’idée de faire une visite en parlé-chanté, tous les films de Jacques Demy étaient en parlé-chanté comme les Demoiselles de Rochefort, les parapluies de Cherbourg ou Peau d’Ane…Et on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire… » Philippe Raoux propriétaire du château d’Arsac.

« On a constitué une équipe de 4 personnes, des professionnels, pour réaliser un petit spectacle musical de 45 minutes avec une dizaine de chansons dédiées qui parlent du vignoble de Bordeaux et du château d’Arsac », poursuit Philippe Raoux. « Il y a François Gaulon qui a créé les chansons et la la musique accompagné de son épouse Muriel, Eric Bernard -fondateur des grandes traversées et créateur de spectacles chorégraphiques modernes-, Pierre Fossey scénographe qui s’occupe de toutes les vidéos et Garlo le propriétaire du studio qui s’occupe des arrangements, avec aussi avec 2 chanteurs. »

« Ce sera une visite timée de 45 minutes, tout se passera dans les chais où visite et chansons vont aller ensemble, avec aussi une scénographie vidéo ». Pour résumer, ce sera en fait « le viticulteur qui s’exprime les pieds dans la glaise et la tête dans les étoiles, c’est très poétique », explique Philippe Raoux.

A cause des mesures sanitaires, les premières visites se feront à 6 personnes, mais le dispositif sera de 20 à 30 visiteurs dès que cela ira mieux. « On va mettre le feu, comme disait Johnny » me dit avec un sourire dans la voix Philippe Raoux. On l’espère bien.

« Si Arsac m’était conté »: spectacle Reno-musical dès le 1er avril les mercredi, vendredi et samedi à 14H30, durée 45mn et avec une dégustation 1h à 1h15; réservation obligatoire au 05 56 58 83 90 ou par mail à contact@chateau-arsac.com Tarif 20€ par adulte, 10€ par enfant de plus de 8 ans.

13 Jan

Michel Ohayon lance le 1er centre oenotouristique d’Europe depuis les anciennes casernes de Libourne

C’est un projet d’envergure, quasi-pharaonique, qui se dessine à l’emplacement de l’ESOG, l’ancienne école de sous-officiers de la gendarmerie qui a fermé ses portes en 2009. Depuis la mairie de Libourne avait espéré relancer une activité jusqu’à l’arrivée en 2019 de Michel Ohayon. Celui-ci souhaite faire de ces 6 hectares et 14 bâtiments un complexe totalement repensé, tout en gardant les anciennes casernes, pour en faire le 1er centre oenotouristique d’Europe où l’on va trouver « la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial », sans compter une offre de prêt-à-porter de luxe et un hôtel 5 étoiles, comme l’Intercontinental de Bordeaux.

Le projet de centre oenotouristique avec une reconversion des casernes de Libourne par © Michel Ohayon et Michel Pétuaud-Létang

C’est un projet qui décoiffe, en ces temps de paralysie et de pandémie covidaire… « Osons ! », aurait dit en son temps, Jean-Pierre Elkabbach. Eh bien Michel Ohayon, y croit et se lance avec de très nombreux partenaires dans un projet grandiose qui risque de faire passer Bordeaux désormais pour le « petit poucet », face à Libourne qui pourrait devenir l’ogre oenotouristique !

Michel Pétuaud-Létang, Michel Ohayon, Philippe Buisson et Jean-Philippe Le Gal © JPS

C’était cet après-midi un show que nous offraient Michel Ohayon, et Philippe Buisson depuis la salle des mariages de la Mairie de Libourne, avec la présence également de l’architecte bordelais Michel Pétuaud-Létang et Jean-Philippe Le Gal adjoint au maire en charge des casernes. La découverte de ce que Michel Ohayon dépeint comme « le 1er centre oenotouristique d’Europe »:

Michel Ohayon © JPS

Ce sera la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial, et à côté de cela vous aurez toute une offre de mode très forte, des équipements de la personne, dans le luxe à prix très accessible, on va aussi dupliquer le grand hôtel intercontinental de Bordeaux ici au milieu des vignes, d’ailleurs le bâtiment a des similitudes assez fraternelles avec ce bâtiment », Michel Ohayon

La conférence de presse « historique » à 14h depuis l’Hôtel de Ville de Libourne © JPS

Le projet est assez dantesque, d’ailleurs Michel Ohayon décrit dans son exposé « 2 bâtiments de plus de 120 mètres de long » que sont l’aile des soldats et le manège, perpendiculaires au Pavillon des Officiers. Ces casernes, que nous avons revisitées ce matin, font intimement partie de l’Histoire de Libourne, construites à partir de 1766 sous Louis XV et jusqu’en 1877, sous la IIIe République.

Jean-Philippe Le Gal,  adjoint au projet urbain de la ville de Libourne et aux casernes © JPS

Nous sommes sur un site patrimonial fermé depuis 2009 de 6 ha avec 31000 m2 de bâtiments en plein centre ville,  c’est un lieu vivant patrimonial auquel les libournais sont attachés et donc nous souhaitons le faire revivre et en faire un centre d’attractivité de Libourne », Jean-Philippe Le Gal

 Même si le projet n’est « pas encore abouti » comme le précise Philippe Buisson, il est déjà pas mal avancé, une vidéo immersive a d’ailleurs été projetée cet après-midi à la presse. Fini donc le « dossier fantôme de l’ESOG », bonjour au temple de l’oenotourisme souhaité par Michel Ohayon qui va donner sa propre vision de ce qu’est l’oenotourisme, un terme qu’il n’aime pas forcément, mais qui sera redéfini par ce complexe touristique, commercial et multi-culturel… Car qu’on ne s’y trompe pas Michel Ohayon  mise avant tout sur une rencontre d’hommes, avec « Philippe Buisson et son dynamisme qui m’encouragent et me donnent envie de faire », épaulé aussi par son ami architecte Michel Pétuaud-Létang.

« Ecrire un rêve nécessite beaucoup de contraintes », fort de ce constat et du respect des casernes existantes, il y aura aussi de nouveaux bâtiments et également un décaissement pour permettre d’envisager des déambulations sur plusieurs niveaux avec plusieurs chemins d’accès à tous ces commerces de vin, de bouche et d’habillement…

L’ancien manège à chevaux deviendra-t-il une gigantesque cave ? © JPS

« Le site vient en numéro 2, même si tout le monde dit toujours l’emplacement, l’emplacement »...continue Michel Ohayon qui reconnaît que « si cela n’avait été qu’un projet hôtelier, je reconnais que je ne l’aurais pas fait…La nous avons près de 7 ha en coeur de ville, avec une architecture remarquable, une alliance, une alchimie entre le minéral et le végétal… »

Il y a peu d’individus en France qui peuvent porter un tel projet avec une telle crédibilité et incontestablement Michel Ohayon en est un, en plus c’est un acteur girondin, un grand hôtelier bordelais et un viticulteur libournais…C’est l’histoire d’une rencontre comme il l’a dit d’hommes mais aussi d’un lieu, il a flashé », Philippe Buisson Maire de Libourne

D’autant comme le précise Michel Ohayon que Libourne est doté d’infrastructures qui emportent la mise aussi avec « une gare, un port, des infrastructures autoroutières » non loin. Et puis comme il dit « Libourne est au coeur de la bourgeoisie bordelaise qui fait notre blason, au coeur du vignoble connu mondialement Saint-Emilion, Pomerol, Bordeaux, près des plages océanes, avec un patrimoine exceptionnel ». Bref un cocktail ou un nectar qui devrait attirer l’abeille ou plutôt le touriste. Allez soyons fou, on a parlé peut-être de plusieurs millions qui pourraient venir jusque là. Il faut dire que Michel Ohayon dispose aussi de très nombreux partenaires 150 avancés dont les groupe LVMH ou Kéring qui seront de la partie.

Le Pavillon des Officiers ○ JPS

« L’idée, c’est de faire un endroit où près de 150 marchands vont présenter dans un décor de pierre, de bois, moyenageux ou futuriste, quelque chose d’exceptionnel, l’écrin sera sublime ! » En prime, Michel Ohayon compte également créer ici un musée automobile pour des vieux bolides des années 30 à 60, , un centre d’art contemporain et un lieu dédié à la brocante, des activités qui se complètent bien et plaisent aux amateurs de vin.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine, montage Robin Nouvelle: 

30 Déc

Les Petites Mains de l’Ombre, un joli ouvrage qui met en valeur ces anonymes, travailleurs de la vigne par Marie-Lys Bibeyran

Voilà une idée de cadeau à faire en cette fin d’année : « les Petites Mains de l’Ombre, Gestes & Savoir-Faire des Vins du Médoc », un livre de 114 pages de photos et de textes réalisé par Marie-Lys Bibeyran, elle même travailleuse à la vigne, qui a souhaité mettre en lumière tous ces anonymes sans qui aucun grand vin ne pourrait être produit. Un hommage aux travailleurs de la vigne. Côté château lui décerne la rubrique « Vigneron du Mois »

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Marie-Lys, à quand remonte cette idée d’écrire ce livre et de photographier les « Petites Mains de l’Ombre » ?

Marie-Lys Bibeyeran : « en fait, j’ai commencé à faire des photos en janvier 2019, sans aucune idée précise, sans ce que je pouvais en faire… J’avais envie d’immortaliser des gestes, un savoir-faire, je trouvais cela beau et surtout je ne comprenais pas qu’il n’y ait rien de fait là-dessus, alors que le vin est pourtant un produit sacré… Cela a donc duré quelques mois, j’ai compilé des photos et mon entourage, notamment d’Info Médoc Pesticides m’en a dit beaucoup de bien, donc j’ai fait d’abord un calendrier, puis un livre et bientôt une expo photos. »

JPS : « Ce livre est donc un recueil de photos de ces Petites Mains de l’Ombre ? »

Marie-Lys Bibeyeran : « Oui, on y trouve une bonne cinquantaine de photos, chacune accompagnée d’un texte. On part d’une saison de taille et on suit les travailleurs des vignes sur 4 saisons, avec les travaux de sécaillage, pliage et taille… Chaque tâche est décortiquée, décrite et expliquée avec des termes techniques. Je fais référence aussi à un vocabulaire local, certaines choses se disent d’une certaine manière dans le Médoc et autrement sur d’autres etrritoires de la Gironde ».

« J’ai souhaité également prendre ces photos de ces travailleurs de manière anonyme, avec simplement leur prénom, il est nécessaire de respecter ainsi l’anonymat pour éviter qu’ils ne subissent une quelconque pression. »

« C’est avant tout une volonté de mettre en lumière tout le travail de réalisation d’un vin, qui est totalement obscurci ».

JPS : « Pour vous, il n’y a pas suffisamment de mise en valeur de ces travailleurs ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Il n’y en a pas du tout, c’est aberrant. Le vin est un produit sacré, on a l’impression que le raisin pousse tout seul, c’est incompréhensible de ne pas mettre en avant ce savoir-faire. Ce n’est pas un travail simpliste, c’est très technique, sans parler de la pénibilité… »

« C’est très important que Dominique Feydieu (maire de Cussac-Fort-Médoc et vigneron) signe la préface, que ce soit un employeur. Je précise qu’on n’est pas là sur la question des pesticides, ni contre les employeurs, cela prouve qu’on peutr être employeur et faire vivre une entreprise dans le respect des travailleurs ».

Ce sont des beaux châteaux et des grands crus, mais tout cela n’existerait pas si on n’avait pas les Petites mains de l’Ombre et leur savoir-faire » Marie-Lys Bibeyran

Le sécaillage par Miguel © Marie-Lys Bibeyran

JPS : « Qui sont ces Petites Mains de l’Ombre dans votre ouvrage ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Ce ne sont que des travailleurs du Médoc, des permanents et des saisonniers, de toutes les appellations du Médoc. Ce sont des gens passionnés qui ont un lien viscéral avec la vigne. Moi-même je suis saisonnière dans les vignes, je peux vous dire que c’est rude, mais quand bien même ils ont une grosse conscience professionnelle, ils parlent avec beaucoup d’affection de leur vigne. Il y a aussi des gens qui sont arrivés de l’étranger, ou d’autres pas natifs du Médoc, et qui maintenant sont en CDI, il y a vraiment tous les profils… »

JPS : « Ces travailleurs, ces petites mains sont-ils ou sont-elles bien rémunéré(e)s ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Absolument pas, il y a des gens qui sont là depuis une dizaine d’années et qui sont toujours au SMIC, ils ne gagent pas plus de 1200 euros. Les gens qui gagnent plus sont souvent au prix fait ou au rendement, il peut leur arriver de faire deux journées en une, ce pour améliorer leur niveau de vie. Au niveau reconnaissance sociale, cela traîne les pieds, tant au niveau du salaire que de la Mutualité Sociale Agricole, et avec après des problèmes de santé. Ces dernières années, on parle de plus en plus de robotisation, mais on n’obtient jamais la même qualité, ni le même savoir-faire qu’avec la main de l’homme. »

Brice et le tressage de la vigne © Marie-Lys Bibeyran

JPS : « Et là, en ce moment on est justement en plein dans l’actualité avec la taille de la vigne… »

Marie-Lys Bibeyran : « oui, en ce moment, on est en plein dedans. C’est la tâche qui dure le plus longtemps, de fin novembre à fin mars. De la taille dépend la récolte. Chaque tache a son importance. Avec le réchauffement climatique, le débourrement se fait de plus en plus tôt et il faut aller vite pour avoir au final et la qualité et la vitesse du travail ainsi fait.

Une belle idée serait pour les châteaux d’associer les travailleurs de la vigne en donnant le prénom de l’un d’eux à l’une de leur cuvée.

« D’autant que certains châteaux produisent 2, 3 ou 4 vins par propriété, donc ce serait une belle reconnaissance en donnant un prénom à une cuvée pour montrer leur implication. Mon père était maître de chai, j’ai grandi au milieu de ces gens qui ont vécu dans une misère sociale, vous n’avez effectivement pas beaucoup de considération quand vous travaillez dans la vigne ».

« Mais ce que je veux souligner c’est que je ne suis pas anti-viticulteur, j’aime une viticulture paysane, humaniste et c’est possible de concilier tout cela.Mon livre est un hommage aux travailleurs de s vigne et à cette viticulture-là. »

« Les travailleurs des vignes ont été emballés par le projet, enthousiastes à y participer : « enfin, on parle de nous ! », m’ont-ils dit, dans le respect et l’anonymat. »

Les Petites Mains de l’Ombre, par Marie-Lys Bibeyran, 114 pages, à consommer sans modération, 14 €, disponible sur le site thebookedition , à la Cave les Maîtres du Vin à Saint-Médard-en-Jalles, Maisons de la Presse de Pauillac et Castelnau, librairie de Corinne à Soulac, salon de thé KTea à Saint-Estèphe et à la Fnac et sur Amazon.

01 Déc

Et voici l’étiquette de Mouton Rothschild 2018, illustrée par l’artiste chinois Xu Bing

C’est une tradition depuis 1945, initiée même en 1924 à Mouton…  Chaque année carte blanche est donnée  à un artiste international pour illustrer de manière originale l’étiquette de ce 1er cru classé de Pauillac, propriété de la famille Rothschild.

Cette année, Philippe Sereys de Rothschild, Camille Sereys de Rothschild, et Julien de Beaumarchais de Rothschild, les propriétaires du château Mouton Royhschild ont confié à l’artiste et écrivain chinois Xu Bing le soin d’orner l’ étiquette de ce 1er cru classé.

L’oeuvre réalisée pour le millésime 2018 reflète le travail de l’artiste sur la splendeur illusoire des apparences, illustrée par sa Square Word Calligraphy, qui ressemble à des caractères chinois traditionnels mais qui est en réalité composée des lettres de l’alphabet latin.

Xu Bing exprime ainsi sa créativité langagière pour inventer une écriture unique dans laquelle les mots sont absorbés dans les codes de l’idéographie chinoise traditionnelle.

L’étiquette du millésime 2018 traduit cette fraternité des cultures en donnant à lire les deux mots « Mouton Rothschild ». Ces caractères de Xu Bing sont conçus pour se révéler au lecteur attentif les uns après les autres, comme les saveurs d’un grand vin se donnent, elles aussi, peu à peu à découvrir.

En découvrant Xu Bing, j’ai été séduit par cet inventeur de signes doués d’une incroyable puissance poétique. Et puis, je me suis dit que nos étiquettes étaient elles aussi des signes : chaque oeuvre d’art renvoyant à une année : chez nous, le millésime 1973 peut se dire aussi le « Mouton Picasso » comme le millésime 2018 pourra se dire le « Mouton Xu Bing », Julien de Beaumarchais de Rothschild.

« Je connais depuis longtemps la relation étroite de Château Mouton Rothschild avec l’Art. En 2013, j’ai eu la chance d’être invité à Mouton Rothschild par la baronne Philippine de Rothschild. J’ai été impressionné par son énergie, sa personnalité chaleureuse et sa connaissance des arts. Elle m’a proposé de réaliser, un jour, une étiquette pour Château Mouton Rothschild. Quand Julien de Beaumarchais de Rothschild m’a contacté pour illustrer l’étiquette du millésime 2018, c’était pour moi à la fois un honneur et un hommage. », confi Xu Bing.

Avec Château Mouton Rothschild

21 Nov

Des carafes en éditions limitées signées Lalique pour les châteaux Lafaurie-Peyraguey et Péby-Faugères

Voici une idée originale: deux bouteilles-carafes Lalique pour un 1er cru classé de Sauternes et l’autre un cru classé de Saint-Emilion. Et une boîte en bois précieux pour les accueillir. Une idée signée Silvio Denz.

© Lalique – Twinstudio Hervé Lefèbvre

Encore une idée ingénue, associer de beaux flacons à de grands vins. Une idée signée par la cristallerie alsacienne Lalique pour les vins des châteaux Lafaurie-Peyraguey dans le Sauternais et Péby-Faugères dans le Saint-Emilionnais, l’ensemble étant présidé ou propriété par le Suisse Silvio Denz.

C’est une idée originale tant pour ce 1er cru classé de Sauternes, ce vin liquoreux remarquable de 2016 de Lafaurie-Peyraguey, que pour ce cru classé de Saint-Emilion, en rouge et pour le millésime 2016 également, pour Péby-Faugères que d’offrir un flacon en cristal avec son bouchon, ainsi qu’une boîte en guise d’écrin en bois précieux pour renfermer ces trésors…

La forme de ces deux bouteilles-carafes s’inspire de la fameuse calandre Bugatti, bolide mythique qui fut aussi produit en Alsace, à quelques encablures de la célèbre cristallerie Lalique.

Une carafe en cristal noir pour le château Péby-Faugères © Lalique – Twinstudio Hervé Lefebvre

Produites seulement en séries limitées à 25 exemplaires, chacune, ces carafes risques de s’arracher; nul doute que des acheteurs fortunés vont essayer de se ou de faire plaisir à Noël avec ces coffrets et idées originales.

Une fois les vins dégustés, les bouteilles serviront ainsi de carafes et les coffrets pourront devenir des caves à cigares… What else ? Bien vu.

10 Nov

Couleur Vigne : la BD signée Nicolas Lesaint qui dépeint le labeur très touchant du vigneron

Si Côté Châteaux vous avait présenté il y a un mois « Couleur Vigne », lors de sa sortie, Côté châteaux est allé cette fois rencontrer Nicolas Lesaint, le vigneron auteur de cette fabuleuse BD, réalisée en aquarelle. Le directeur du château de Reignac livre ce qui l’a poussé à dessiner et écrire cette histoire romancée… Une histoire qui fait s’attacher à deux personnages et au travail difficile de saisonnier et de vigneron au quotidien dans la vigne.

Nicolas Lesaint, directeur du château de Reignac à Saint-Loubès et auteur de Couleur Vigne © JPS

Quand le vigneron passionné du château de Reignac (à Saint-Loubès en Gironde) tutoie la fibre poétique du dessinateur. Cela donne Couleur Vigne. Des couleurs automnales, bien sûr, mais aussi des 4 saisons que dépeint Nicolas Lesaint car sa BD raconte le labeur du vigneron sur une année dans une vigne de l’Entre-Deux-Mers.

Ce que j’ai vraiment souhaité, c’est expliquer notre quotidien. Il y a le terroir et l’humain, et l’humain est extrêmement important dans l’utilisation de ce terroir-là et chaque décision va impacter la production du vin que l’on va faire… Et surtout, on dépend des conditions climatiques, des éléments« , Nicolas Lesaint

Réalisée en aquarelle, sur 217 planches, Couleur Vigne est une BD romancée avec Martin comme personnage principal; un gars cabossé par la vie, qui retrouve du travail grâce à Pierre, un petit vigneron de l’Entre-Deux-Mers, qui lui remet ainsi le pied à l’étrier et va même lui offrir un hébergement, le temps qu’il se refasse.

 

Nicolas Lesaint, présentant sa premère BD aux éditions Féret « Couleur Vigne » © JPS

On croise beaucoup de saisonniers dans notre profession et qui ont souvent des histoires très particulières, avec pour certains des traumatismes personnels, tant professionnels qu’humains.C’est un mélange de plusieurs personnages que j’avais pu croisé dans mon travail à Reignac, entre autres et d’un personnage Angel, un papy espagnol qui vivait dans sa voiture ».

« Martin, il incarne la personne qui ne connait rien au vin et qui découvre nos problématiques,donc  j’ai voulu que des professionnels se retrouvent concrètement dans les dessins que j’ai pu faire car il y a des détails très techniques sur notre quotidien comme le carassonnage  ou la taille de la vigne.  

Je voulais aussi que des personnes qui n’y connaissent rien, à la fin de cette histoire-là, puissent dire j’ai compris le processus au cours de la saison ».

Nicolas Lesaint dans les vignes du château de Reignac © JPS

Cette 1ère BD publée par les éditions girondines Féret a été tirée à 3000 exemplaires. Nicolas Lesaint en a déjà commencé une autre inspirée davantage du travail de vinification au chai, avec aussi une séquence en Bretagne…A suivre…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères : 

09 Oct

Un Guide du Routard Spécial Oenotourisme en Gironde

Il vient de paraître chez Hachette, le nouveau Guide du Routard est une invitation à la découverte du vignoble bordelais. Il met en lumière toute la filière oenotouristique de Gironde.

Ce guide du routard est le fruit d’un travail conjoint entre Gironde Tourisme et les Routes du Vin de Bordeaux, un boulot de 14 mois démarré avant la crise sanitaire du coronavirus.

Ce guide de 176 pages est une invitation au voyage, à la découverte de Bordeaux, mais aussi de ses territoires viticoles environnants, une région mythique où l’oenotourisme aujourd’hui est véritablement abouti avec de très nombreuses offres.

Ce guide vous propose ses coups de coeur, à commencer par la futuriste Cité du Vin, mais aussi le Musée du Vin et du Négoce au Chartrons à Bordeaux, le bar à vins du CIVB, une dégustation perché au château Rayne-Vigneau, etc…

Vous allez apprendre plein de choses avec une partie consacrée à l’histoire du vignoble, depuis la période romaine du Burdigala, jusqu’à nos jours, en passant par le XVIIe avec l’histoire insolite de la famille Pontac du château Haut-Brion qui ouvrit une taverne bar à vins à Londres, favorisant ainsi l’image des vins de Bordeaux auprès des anglais, on y évoque aussi la grandeur et décadence du vignoble au XIXe avec le classement des vins de 1855 et les maladies qui ont sévi mildiou et phylloxéra…Les nouveaux enjeux sont aussi passés en revue avec les premières caves ccopératives, les AOC, un renouveau du vignoble et un élan en faveur du bio avec les pionniers par les crus prestigieux Guiraud, Fonroque, Pontet-Canet. Le Guide évoque aussi la géographie et la géologie, les appellations et classements, les associations mets-vins et les personnages hommes illustres du Bordelais à l’instar de Montesquieu, qui fut l’un des plus grands propriétaires viticoles au XVIIIe et fut le père des Lumières et de la Révolution avec l’Esprit des Lois.

Le Routard vous emmène à travers Bordeaux, avec ses bonnes adresses de brasseries ou restos, de bars à vins, d’idée de sorties, mais aussi sur la route des Graves et Sauternes, en passant bien sur par les châteaux de Pessac-Léognan, et autres châteaux des Graves, les sites incontournables du Sauternais avec ses nombreux châteaux heureux de vous recevoir pour des visites suaves, et des déjeuners ou diners pour ceux qui ont ouvert un restaurant,…

C’est un Gironde Tour qui se poursuit avec l’Entre-Deux-Mers, les environs de Cadillac, Sainte-Croix-du-Mont, Créon, la Sauve… L’incontournable Cité Médiévale de Saint-Emilion  vous fera plonger dans un passé millénaire, avec de très nombreux châteaux à visiter, ainsi que dans les appellations satellites de Saint-Emilion.

Il y a aussi Blaye et Bourg qui au nord Gironde ne manquent pas de charme, des châteaux qui méritent aussi que l’on pousse leurs portes, et puis il y a le fameux Médoc, connu du monde entier pour ses châteaux et son traditionnel marathon très festif.De Margaux à Saint-Estèphe, en passant par Moulis, Saint-Julien, de nombreuses idées avec des châteaux qui ont de fabuleuses histoires à vous raconter comme Castera plus de 400 ans qui se sont écoulés depuis ses premières ventes de vin avec traces et preuve à l’appui.

Le Routard « Oenotourisme en Gironde » aux éditions Hachette (14€) Inclus dans ce guide une application gratuite Scan Hachette et une carte du vignoble bordelais et une autre de Bordeaux.

05 Oct

Couleur Vigne : quand le poète du vignoble, Nicolas Lesaint, humanise en BD le labeur de vigneron

C’est un grand technicien de la vigne, ingénieur agronome, qui dirige le château de Reignac, qui s’est lancé un pari: écrire une BD inspirée de son travail au quotidien et sur une année à la vigne. Ce grand gaillard, père de Reignyx qui cache en lui un poète, un dessinateur, ancien blogueur, mais aussi animateur des réseaux sociaux, vient d’accoucher d’un nouveau personnage Martin qui découvre à travers une histoire originale le travail d’une année pour réaliser un millésime…Couleur Vigne, Couleur Vécu…

Nicolas Lesaint est un garçon attachant, au propre comme au figuré: attachant les astes, mais aussi rêveur et la tête dans les astres. Non seulement, il a fait des études pointues en tant qu’ingénieur agronome à l’Ensat Toulouse, non seulement il manage de main de maître depuis 2009 le château de Reignac à Saint-Loubès, propriété d’Yves Vatelot, mais aussi il réalise constamment de superbes photos pour les réseaux sociaux dans ses vignes, des photos avec des baies à qui il ajoute des yeux, il a créé il y a quelques années un petit personnage lui aussi attachant, Reygnyx à qui il a donné une sacré identité, lui faisant commenter l’actualité du monde du vin, mais voilà Nicolas nous sort aujourd’hui une BD de plus de 200 pages aux éditions Feret…A croire qu’il a du temps ce garçon… Non, je rigole, il est presque superactif, ça bouillonne constamment dans sa tête, il a du génie, des idées à revendre, à un moment il avait créé son propre blog qui était très suivi, puis s’est recentré sur des vidéos très simples et explicites sur le travail à la vigne et son actualité….

Là, depuis 2 ans, il planche sur des dessins et un personnage qui l’a fortement inspiré qu’il a baptisé Martin. C’est à la fois très intéressant sur le job au quotidien de vigneron et avec un véritable scénario. « J’ai lu les 1ères BD sur la viticulture avec « les Ignorants » d’Etienne Davodo et « Come Prima » d’Alfred, mais je voulais vraiment donner mon idée de la viticulture qui me correspond et donner une histoire dans l’histoire avec un petit gars Martin ».

« Martin est inspiré d’un saisonnier Angel qu’on a bien connu, un papy super de 70 balais, qui avait perdu son commerce et on s’est dit on va le faire travailler. Il a du arriver en janvier 2013 ou 2014, il faisait plutôt froid -5 à -6°, et mon chef d’équipe de l’époque m’a dit qu’il dormait dans sa voiture, et bien sûr par ces températures cela n’était pas concevable, on lui a demandé et finalement il a fini par lâcher le truc: il n’avait plus de logement. A l’époque cela m’a inspiré un billet sur mon blog qui a eu beaucoup d’impact auprès des vignerons de France, certains voulaient lui offrir un poste de tractoriste…J’ai appelé mon boss et lui ai expliqué sa situation, il m’a dit on va le loger tranquillement pendant 6 mois le temps qu’il se refasse… »

« C’est un peu l’histoire de Martin aussi, on part de là et on va le faire travailler et découvrir la viticulture, on le ramène à la vie, par et à travers la viticulture », grâce à son ami Pierre, le tout en coloration manuelle, à l’aquarelle. A travers ces deux personnages, le lecteur va se prendre à l’histoire et comprendre et apprendre les étapes du travail à la vigne fonction des saisons, depuis la taille de la vigne et les bois à tirer, en passant par la pousse, avec des cauchemars par rapport à la grêle de 2013, jusqu’à la vendange et la vinification au chai… En passant par de vraies scènes de vie, avec des canons, des soirées de vignerons et les primeurs aussi au passage…

Au démarrage de cette BD, « on part de son traumatisme avec des planches en noir et blanc et puis petit à petit il va y avoir des touches de couleur, avec notamment la rencontre d’un rouge-gorge, et puis à la fin tout est en couleur… »

Reygnix, la mascotte fétiche dessinée par Nicolas Lesaint (au centre) © JPS

« Cela a été un peu un hasard que cela aboutisse, au début je l’ai fait pour moi tout seul et puis une amie m’a convaincu de faire partager ce travail en projetant ces planches lors d’un concert de rock à Cabara, et puis j’ai mis des planches sur Facebook, et un copain m’a dit c’est trop top.Il faut que tu avances et quand j’ai eu une centaine de planches, il m’a fait rencontrer un responsable de BD qui trouvé cela génial, comme BD à l’ancienne, du dessin, au coloriage et passant par le texte, je faisais tout. »

« J’ai par la suite rencontré Stéphane Zittoun qui venait de reprendre le Féret et il a trouvé cela sympa d’éditer pour la 1ère fois en 200 ans d’existence la 1ère BD du Féret. J’ai avancé à un rythme tranquille, cela m’a pris 2 ans, j’ai eu une totale liberté et un vrai respect de mon travail. J’ai dessiné au total 217 planches, plus la couverture et d’autres essais de couverture, en prévente déjà 900 BD se sont vendues sur 3000 tirées. »

Nicolas Lesaint ne va pas s’arrêter en si bon chemin, bien sûr il va assurer la promotion de sa BD qui sort officiellement le 9 octobre, avec des séquences de dédicaces à droite et à gauche, mais déjà il a un autre projet en tête : «  »je suis en train d’en faire une autre avec un oenologue de la région qui navigue dans le Libournais; il va croiser Pierre, le personnage va découvrir qu’il a été adopté, et cela va l’emmener vers Ouessant », car Nicolas a son jardin caché, il est tombé amoureux des paysages bretons et prend plaisir à s’y rendre assez souvent.

Un grand bravo à Nicolas Lesaint pour cette nouvelle aventure, Reygnyx n’a qu’a bien se tenir…il a maintenant de la concurrence et en interne. « Reygnyx est en sourdine pour l’instant, c’est Martin qui prend toute la place… »