14 Avr

Pas de déconfinement pour tous dès le 11 mai: un coup de massue pour les restaurants de Gironde

Après l’annonce du Président Macron de prolonger le confinement jusqu’au 11 mai et d’en sortir progressivement, les cafés et restaurants de la Gironde ne savent pas quand ils pourront  réouvrir. Emmanuel Macron a précisé que ces établissements resteront fermés à ce stade. Réactions des restaurateurs de Gironde qui attendent un plan de relance.

Hervé Valverde, à la tête du Bistro du Sommelier à Bordeaux © JPS

« Les lieux rassemblant du public, cafés, restaurants, cinémas, salle de spectacle et musée, resteront fermés à ce stade », cette phrase prononcée hier par le Président de la République a été ressentie par certains comme une douche froide…

A QUAND LA REOUVERTURE DES RESTAURANTS ?

Pour Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier depuis 1987 à Bordeaux : « cela fait 41 ans que je travaille, j’ai connu des périodes difficiles dans ma carrière mais pas une période comme celle-là. Je pense qu’il va y avoir de la casse dans la restauration, des gens qui ne pourront pas rouvrir…C’est surtout les petites structures qui vont être mises à mal. C’est difficile pour nous quand on a 5 ou 6 clients à table, comment on va faire pour les espacer, et pour les brasseries parisiennes ou bistrots où tu es épaule contre épaule, et le personnel, il va falloir qu’il travaille avec un masque ?…C’est quand même triste, on crée un lien social… Après je n’en veux à personne, malheureusement c’est un aléa de la vie, qui est très très lourd. Dans ma profession, on avait plaisir à se retrouver au marché ou chez Métro, pour s’approvisionner et boire un café, là il n’y plus cela… »

« Personnellement, et même avec des amis restaurateurs, on s’en doutait », commente ce matin également Romain Cazalas du Bistrot Le Coq à Bordeaux.  « C’était compliqué de se dire que demain on allait pouvoir réouvrir nos cafés et restaurants, très honnêtement je ne suis pas étonné, mais la date de peut-être mi-juillet cela fait un peu loin…Les rassemblements comme les Epicuriables (allées de Tourny à Bordeaux), auxquelles je participe depuis 3 ans ne sont pas autorisés… Quand j’ai vu la semaine dernière l’annulation de la Fête du Vin, là j’ai compris, on s’y attendait pour cet événement aussi. » 

Romain Cazalas, lors de l’opération Blaye au Comptoir en février 2019 © JPS

Pour ce restaurateur à la tête de 3 établissements, il a du comme les autres s’adapter en mettant ses « 5 salariés au chômage partiel, mettre les projets en stand-by et tout décaler à 3 mois: on se met dans la difficulté. »

Sur la première période, on a pu bénéficier du report des charges Urssaf qu’il faudra de toute manière assumer, l‘autre difficulté c’est de sortir les loyers », Romain Cazalas du Bistrot Le Coq

« Avec ma propriétaire sur Le Coq on a pu s’arranger, quant aux encours avec les banques, on a pu décaler les crédits. C’est surtout l’après qu’il faut anticiper…Il y a eu ce prêt d’Etat auquel on a pu souscrire mais avec au bout d’un an un remboursement sans trop de frais ou alors étalé sur 5 ans. Notre plus grande demande, c’est que les assureurs jouent le jeu, que la perte d’exploitation puisse être assurée au moins sur une partie du chiffre d’affaire, pour les restaurateurs c’est le plus important. »

DES ANNULATIONS DE CHARGES TRES ATTENDUES

Au Café de la Gare 1900, c’est un coup dur aussi pour Dominique Clément et son associé Stéphane Coeuret, qui venaient de racheter cet établissement, relancé par Jean Lissague en face de la gare de Saint-André-de-Cubzac, qui en avait fait un endroit très prisé parmi les brasseries de Gironde: « c’était il y atout juste un an, cela se passait bien, on faisait un peu plus de 200 couverts par jour, 7 jours sur 7, avec 18 salariés…

« Le confinement, on respecte le choix et après il y a l’aspect économique. Le déconfinement est prévu à partir du 11 mai sauf pour les restaurants, nous nous ne sommes pas concernés, quand on va réouvrir on ne sait pas, un mois après ? Et comment cela va se passer ? Une table sur deux ? La capacité va dégringoler et est-ce qu’on va être soutenu financièrement ? »

« Le prêt d’Etat ce n’est pas une subvention, ce sont des difficultés pour nos entreprises plus tard. S’il y a des suppressions de charges, ça c’est bien, ça va nous aider car on est inquiet et on se demande si on va pouvoir conserver les employés. La banque a réagi très rapidement pour débloquer les fonds, cela a permis de payer tout le monde. Mon inquiétude est vraiment l’aspect économique car il faut 70 000€ par mois pour couvrir les frais fixes, loyer, électricité, etc tous frais compris, c’est lourd. Ce qui a été fait, c’est vraiment bien, mais s’il y a des annulations de charges, ça va nous soulager (comme l’a laissé entendre le Président Macron). Dominique Clément confie par ailleurs qu’ils avaient aussi comme projet de refaire la cuisine et les toilettes de l’établissements, pour 180 000€ d’investissements hors taxe, « tout cela est reculé… »

L’allocution du Président Emmanuel Macron, hier soir © JPS

IL FAUDRA REPRENDRE UNE ACTIVITE NORMALE SELON L’UMIH

« On n’a pas de visibilité, mais ce n’est la faute de personne, ni des politiques, ni des médecins, ni de l’ARS; personne n’a les clés de lecture », commente tout d’abord Laurent Tournier, le président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de Gironde qui regroupe 4000 établissements (cafés, hôtels, restaurants) avec 25 000 salariés.

« Pour l’heure et dans un premier temps, on s’occupe de confiner nos entreprises correctement, ce qui n’est pas forcément le cas:

0 chiffre d’affaire devait correspondre à 0 charge, on n’y est pas. Il faut que les banques, assureurs, bailleurs et prestataires prennent la mesure de l’événement et nous permettent de franchir le gué »  Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

« Dans un deuxième temps, le déconfinement doit être ON ou OFF; un déconfinement partiel serait dommageable pour nos établissements (on ne peut pas couper en deux le personnel ou les clients, avec limitation de 100 personnes par exemple). Il faudra reprendre une activité normale pour refaire de la trésorerie et faire repartir la machine ».

LA QUESTION DES AIDES

Quand aux aides, comment les perçoit-il ? « Les aides elles sont là mais il faut déjà bien les mettre en place. Le système bancaire est complètement engorgé par les fortes demandes de prêts, il y a une demande extraordinaire et le problème c’est la réponse. Aujourd’hui tout le monde n’a pas droit aux prêts et notamment au prêt d’Etat, les banques font un tri entre les bonnes entreprises et les moins bonnes, des entreprises déjà fragilisées depuis plus d’un an à cause des mouvements sociaux des ilets jaunes et des retraites.

On milite pour que tous les petits dossiers inférieurs à 30 000€ soient acceptés, mais aussi pour une exemption totale de charges » Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

Il est clair que la réouverture doit être accompagnée, avec des aménagements et un vrai plan de relance, « l’Etat a fait un gros travail en mettant nos salariés au chômage partiel, mais nos entreprises ont encore 15% de charges fixes. Il faut que cette partie-là soit prise en charge par les assurances, l’Etat, des prêts bancaires pour ne pas mettre à mal nos entreprises. C’est pour cela que l’on demande un exemption ou un allégement des charges pour faire face à la reprise. »

« La vraie casse va intervenir avec les plus fragiles. ma peur est davantage tournée vers l’hiver prochain » Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

« En général au printemps, l’été et à l’automne c’est là qu’on engrange une bonne partie de trésorerie, mais quand on impacté un tiers ou la moitié, cela va faire défaut en janvier ou février quand nos entreprises sont en veille. On n’échappera pas à des mesures d’accompagnement pour éviter cet hiver trop rigoureux et que certaines entreprises ne fassent défaut… »

Le Président de l’UMIH national a interpelé ce matin le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire à ce sujet ainsi que Jean-Baptiste Lemoyne secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères.

Quant aux restaurateurs, ils préparent déjà le jour de réouverture « on va faire une carte plus réduite et baisser les prix sur certains vins, et on va relancer comme cela », confie Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.

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Comment les chefs cuisiniers vivent le confinement…

13 Avr

Pour la 1ère fois de son histoire, la cérémonie des étoiles du Guide Michelin se fera à Cognac en 2021

C’est une première dans l’histoire du célèbre guide rouge: décentraliser la cérémonie des étoiles tant convoitées de Paris en province, et notamment à Cognac, histoire de mettre en avant la richesse de nos régions et l’hospitalité charentaise.

Présentation en mars dernier avec Michel Gourinchas, Maire de Cognac, Jérôme Sourisseau, Président de Grand Cognac, Jean-Hubert Lelièvre, Président de Charentes Tourisme porte-parole et initiateur du projet Cognac territoire hôte 2021, Gwendal Poullennec, Directeur international des Guides Michelin, Vincent Chappe, Représentant de la filière Cognac, François Bonneau, Président du Conseil départemental de la Charente © Guide Michelin

Quand le Guide décide, c’est que le Guide Suprême (de volaille) a toujours raison. Ce n’est pas Mao qui va dire le contraire, lui aussi fut un guide rouge, à la différence c’est que notre Guide Rouge bien français dicte toujours sa loi dans le monde de la gastronomie et cela fait 120 ans que cela dure.

La prochaine cérémonie de remise des étoiles du Guide Michelin se tiendra donc à Cognac le 18 janvier prochain, si le chemin (de table) est encore long, il s’agit de mettre les petits plats dans les grands pour accueillir la crème de la crème, toutes ces grandes toques de la gastronomie qui recevront pour certaines leur première étoile, pour d’autres passeront à l’échelon supérieur et pour quelques rares, pour ne pas dire très rares grands chefs sioux, gagneront leur 3e étoile…alors que d’autres en perdront, ainsi le dit le Guide Suprême…

Chaque année, le Guide MICHELIN valorise la gastronomie de toutes les régions de France à travers sa sélection de restaurants. Dans le Guide France 2020, nous recensons 465 restaurants dans Paris intra-muros et 2970 restaurants en province »Gwendal Poullennec, directeur international des Guides Michelin.

© Guide Michelin

C’est donc le 18 janvier que l’équipe du Michelin occupera de nombreux médias depuis Cognac. Pourquoi Cognac ? Et pourquoi pas? C’est l’une des régions de France qui est fière de son patrimoine gastronomique riche  (trufficulture, affinage, ostréiculture, pisciculture…) et de ses appellations importantes outre le Cognac, le Pineau des Charente et les vins d’IGP Charentais. Et puis le Guide avait décerné cette année une 3e étoile à Christopher Coutanceau, chef de La Rochelle, non loin de là.

Ce sera l’occasion aussi de mettre à l’honneur les différents métiers de salle et notamment le noble métier de chef sommelier. « Le déplacement de notre cérémonie des étoiles de Paris à Cognac est une preuve supplémentaire due l’engagement du Guide auprès des terroirs, des producteurs locaux et de la filière alimentaire de qualité », continue Gwendal Poullennec. « Le rôle du Guide Michelin est d’être un porte-voix pour rapprocher les talents qui oeuvrent en cuisine du plus grand nombre de gourmets. Nous souhaitons également mettre en lumière les artisans et leur région, source d’inspiration inépuisable des Chefs qui ancrent leur cuisine dans leur environnement immédiat et dans les saisons. »

11 Avr

Hôpitaux de Gironde: « les vins de Bordeaux leur disent Merci »

C’est une opération caritative que lancent les vins de Bordeaux, qui seront présents à la même période que Bordeaux Fête le Vin (reporté) par cette vente aux enchères au profit exclusif des Hôpitaux de Gironde, du 15 au 21 juin. Entretien avec Christophe Chateau du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

« Les vins de Bordeaux leur disent MERCI », c’est une idée qui a germé depuis quelque temps au sein du CIVB et des viticulteurs de Gironde. Continuer la lecture

10 Avr

Les réactions du monde du vin à l’annonce du report de Bordeaux Fête le Vin

C’est officiel, Nicolas Florian, le Maire de Bordeaux, vient d’annoncer lors de son point presse le report de Bordeaux Fête le Vin en 2021, cet après-midi depuis la Mairie de Bordeaux. Les réactions du monde du vin et des internautes saluent ce report sage, auquel quelques-uns s’attendaient. Bordeaux Fête le Vin se tiendra ainsi du 17 au 20 juin 2021.

Bordeaux Fête le Vin en 2016, avec un stand de l’Ecole du Vin très prisé pour apprendre à déguster, sur les appellations et les terroirs © JPS

« Quel dommage ! » ou « cela paraît sage », ce sont les premières réactions d’internautes, fidèles de Bordeaux Fête le Vin sur la toile, apprenant la nouvelle.

La manifestation qui a fêté ses 20 ans en grandes pompes en 2018 ne va donc pas se tenir en 2020, prévue initialement du 18 au 21 juin. C’est la crise actuelle liée à la pandémie de coronavirus ou civid-19 qui a justifié cette décision.

Nicolas Florian, Stephan Delaux et Régis Labeaume, lors de la dernière fête du vin fin août 2019 à Québec © Laurent Moujon

Cela a été une décision difficile, le report de la Fête du Vin, l’un des plus gros rassemblements qui puisse exister. On l’a reporté en juin 2021.On a pris cette décision avec le CIVB. On s’est posé la question de savoir si on pouvait envisager Bordeaux Fête le Vin à l’automne mais on sait que ce sont les vendanges à ce moment là. « , Nicolas Florian.

Nicolas Florian, le Maire de Bordeaux, annonçant le report à 2021 de Bordeaux Fête le Vin © Nicolas Corne

Et de poursuivre : « à un moment donné il faut que je prenne mes responsabilités et pour ne pas mètre en difficulté nos partenaires et prestataires, j’ai voulu anticiper, car je ne sais pas si on sera encore en confinement total ou partiel à ce moment là. Donc en 2021, ce sera Bordeaux Fête le Vin et en 2022 Bordeaux Fête le Fleuve » a-t-il précisé.

BORDEAUX FETE LE VIN DU 17 AU 21 JUIN 2021

Bordeaux Fête le Vin se tiendra donc du 17 au 21 juin 2021, les pass déjà achetés restent valables pour la prochaine édition, une manière de soutenir aussi l’événement dans une période complexe, il y a aussi la possibilité de se faire rembourser en envoyant un mail à bfv@bordeaux-tourisme.com

Pour Michel Rouyer, directeur du syndicat des Côtes de Blaye, syndicat présent sous le pavillon des Côtes de Bordeaux :

Michaël Rouyer à la Maison du Vin de Blaye en février dernier © JPS

Michaël Rouyer à la Maison du Vin de Blaye en février dernier © JPSC’est le bon sens qui l’a emporté, déguster avec des masques cela aurait quand même été un peu compliqué...Michaël Rouyer directeur Blaye côtes de Bordeaux

On s’y attendait, c’était quasiment acquis qu’il n’y aurait pas de Bordeaux Fête le Vin. Il ne va rien se passer en terme d’événementiel jusqu’à fin juin… »

« Très honnêtement, les conditions ne permettaient pas la tenue de Bordeaux Fête le Vin dans des conditions normales », commente à son tour Mayeul L’Huillier, directeur du syndicat des Graves. « Cela a beaucoup de retentissement, Bordeaux Fête le Vin brasse énormément de monde.

Mayeul L’Huillier aux côté de Xavier Perromat du château e Cérons © JPS

Je préfère avoir un Bordeaux Fête le Vin dans des conditions normales qu’un Bordeaux Fête le Vin réduit, avec des mesures de distanciation » Mayeul L’Huillier directeur du syndicat des Graves de Bordeaux

Cela n’aurait pas été simple.C’est un mal pour un bien.L’année prochaine, ce sera un Bordeaux Fête le Vin normal et cela nous permettra de reprendre la marche normale, même si on avait envie de faire la promotion de nos vins, mais il semble que ce ne soit pas le moment. »

Pour Didier Gontier, directeur du syndicat des Côtes de Bourg : « c’est une décision sage car on n’a pas de visibilité sur ce que sera le contexte. Surtout avoir un événement de cette ampleur, cela paraissait compliqué de le maintenir.

Didier Gontier, le directeur des Côtes de Bourg en octobre 2018 © JPS

Didier Gontier, le directeur des Côtes de Bourg, au bar à vins des Côtes – en octobre 2018 © JPSJour après jour, c’est un cumul d’annulations, d’événements ou de salons, qui vous enlèvent des opportunités de communication et de mettre en valeur nos produits », Didier Gontier directeur des Côtes de Bourg.

« Il est sage de le reporter en 2021, on sera d’autant plus fort collectivement pour parler des vins de Bordeaux. On revoit actuellement notre programme 2020 pour relancer des actions sur le second semestre. Pour l’heure, on ne sait pas ce qu’il en sera de Vinexpo à Hong-Kong en juillet, la Fête du Vin à Bruxelles est pour l’instant maintenue… »

UNE GRANDE OPERATION SOLIDAIRE ENVERS LES HOPITAUX

Histoire de ne pas être en reste, la filière des Vins de Bordeaux et l’Office de Tourisme lancent une grande opération de solidarité, destinée à soutenir les professionnels des hôpitaux de Gironde, aux dates initiales de Bordeaux Fête le Vin: l’opération LES VINS DE BORDEAUX LEUR DISENT MERCI est une vente aux enchères ouverte au grand public du 15 au 21 juin, avec des vins offerts par les châteaux et négociants, dont le fruit sera reversé aux hôpitaux impacté par le Covid-19.

INQUIETUDE SUR L’OENOTOURISME ET LA COMMERCIALISATION

« Bordeaux Fête le Vin reporté, comme le Printemps de Blaye, c’est pour mieux les faire l’année prochaine, plus beaux et plus forts », continue Michaël Rouyer. L’inquiétude est maintenant sur l’oenotourisme, au niveau des visites des châteaux et des propriétés, quid de la saison ? Beaucoup de viticulteurs ont fait des investissements dans des chambres d’hôtes ou dans du réceptif et salles de mariage. S’il faut prendre des mesures de sécurité, avec port du masque obligatoire, cela peut être compliqué à gérer. Et puis au niveau de la situation économique, c’est une situation qui ne va pas s’arranger dans les mois qui viennent. Il y a la question des traitements de la vigne avec l’achat de produits phytosanitaires et pas mal de vin dans les chais encore à vendre, avec une nouvelle récolte qui va arriver. Même si les propriétés peuvent bénéficier d’un report de 3 mois de prêts, ce n’est qu’une solution provisoire, on entend à nouveau parler d’arrachage et de distillation pour vider les chais… »

On le voit bien, les vignerons sont toujours autant préoccupés par leur quotidien à gérer au delà du festif, entre la production à la vigne et au chai et la commercialisation. Elle n’était déjà pas simple et elle l’est d’autant moins avec cette crise sanitaire mondiale. On espère tous une embellie et on l’espère rapidement pour ces vignerons.

09 Avr

Bordeaux Fête le Vin devrait être finalement reporté à l’année prochaine

Une petite exclu… L’annonce devrait être faite demain par le Maire de Bordeaux Nicolas Florian. La version que l’on connaît de Bordeaux Fête le Vin ne devrait  pas se tenir comme prévue initialement du 18 au 21 juin.

L’une des entrées su site Bordeaux Fête le vin en 2018 © JPS

Selon les informations de Côté Châteaux, Bordeaux Fête le Vin ne se tiendra pas en juin prochain, mais en 2021. C’est une décision sage prise par Nicolas Florian de concert avec les organisateurs, le CIVB et Bordeaux Grands Evénements; le Maire de Bordeaux tiendra demain un point presse pour expliquer plus en détails ce report. Ce qui a motivé cette décision c’est le manque de perspectives sur la sortie de crise actuelle liée au coronavirus.

C’est une décision sage, vus les moyens qui devaient être engagés par la filière où généralement les 65 appellations de Bordeaux et celles du grand sud-ouest sont présentes, sans parler de grandes maisons de négoce, vue aussi la fréquentation de masse où généralement on considère que près de 500 000 personnes sont assidues à l’événement durant ces 4 jours de festivités.

Comment les chefs cuisiniers vivent le confinement…

Ils ont brutalement arrêté leur activité le 14 mars à minuit, prévenus 4 heures avant par le Premier Ministre.  Voilà bientôt 4 semaines qu’ils sont fermés, comment vivent-ils cette période jamais vue, quelles répercussions économiques sur leurs établissements et comment vont-ils préparer l’après. Eléments de réponse avec plusieurs de chefs de la région.

Le chef Ronan Kervarrec dans sa cuisine de l’Hostellerie de Plaisance au printemps 2019 © JPS

C’est un confit… mais pas de canard. Un confit…nement. 4 semaines de cuisson, à feu doux, sans oublier de mettre le couvercle…Au delà de la métaphore, on ne peut pas dire que les chefs soient comme ils disent d’habitude « dans le jus », mais plutôt qu’ils vivent « une vie de retraité » comme le souligne Ronan Kerverrec, chef 2** à l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion (33). C’est pour eux, une première historique, de nombreux chefs ont commencé dès l’âge de 14-15 ans et n’ont jamais sur s’arrêter comme Michel Guérard, 3* des Prés d’Eugénie à Eugénie-les Bains 40), toujours derrière ses fourneaux à 87 ans, incroyable. Incroyable fut aussi ce séisme pour la profession:

Quand on t’annonce à 20h que tu fermes à minuit, on a été vachement secoué…Les clients aussi. Il y avait du coup une ambiance on veut rester à table, on ne veut pas partir…Ils se sont dit intérieurement, c’est notre dernier repas avant je ne sais pas quand, il y avait une chouette ambiance dans la salle, » Ronan Kervarrec.

L’équipe de l’Oiseau Bleu avec Frédéric Lafon et François Sauvêtre lors de l’obtention de la première étoile au © guide Michelin en janvier dernier 

Frédéric Lafon de l’Oiseau Bleu à Bordeaux, récemment étoilé par le guide Michelin, avoue également « on n’a pas très bien vécu cela, l’annonce a été un peu brutale, si on nous l’avait dit au moins 2-3 jours à l’avance… mais bon, on est solidaire, on confine. S’il faut en passer par là pour sauver des gens, on est solidaire.

Quant aux pertes de matières premières, « on n’en a pas eu car on était samedi soir et on n’ouvre pas le dimanche, on avait donc les frigos à moitié vide »continue Frédéric Lafon, de même pour Ronan Kervarrec « au niveau de la marchandise, on n’a pas eu de perte, car je travaille à flux tendu qu’avec des petits producteurs, un produit ne fait pas plus de 24h, pour garder de la fraîcheur et de la saveur. Mais en une soirée et le lendemain, il a fallu tout nettoyer comme si on partait en vacances et cela faisait bizarre… »

A Puymirol (47), Michel Trama, chef de l’Aubergeade essaie d’être philosophe : « il y a déjà deux mois, quand j’ai perdu la deuxième étoile (avec ou sans raison), il a fallu se réinventer une vie et là plus que jamais, la façon de recevoir les gens chez nous. Mais ce ne sera plus jamais comme avant, la nature se révolte…

L’homme a mis la main sur la nature et on ne doit pas trop se servir de la nature, il faut préserver la nature et se servir raisonnablement », Michel Trama

En octobre dernier, le chef 3 étoiles Michel Guérard (à gauche) et le chef 2 étoiles Michel Trama (au centre), parrains du Gault et Millau Tour 2019 © JPS

Il faut privilégier l’agriculture bio, c’est la moins pire, voilà mon état d’esprit. Quand on fait une compote de pommes avec des pommes qui ont eu plusieurs dizaines de traitements, c’est une compote de pesticides. On n’a jamais vu cela, c’est pas loin de la fin du monde. Et le gouvernement ne sait pas un coup c’est blanc, un coup c’est noir, mais moi je pense avant tout aux SDF. J’ai eu une chance dans ma vie, quand on a de la chance on gagne au loto, ou quelqu’un vient vous chercher à l’orphelinat quand vous avez 11 ans, j’ai eu cette chance là. SdF, cela peut être quelqu’un d’entre nous un jour ou l’autre, tu perds ton logement et tu te retrouves dans la rue, cela peut arriver à tout le monde. »

Les chefs ont lancé cette campagne pour sensibiliser la population sur l’utilité de rester confiné © Michel Trama

En ce moment, Michel Trama, ce chef au grand coeur, comme il le fait durant novembre et décembre avec les Bouffons de la Cuisine (son réseau d’ amis chefs cuisiniers qu’il sollicite pour les fêtes de fin d’année pour les plus démunis), se mobilise pour être solidaire : « je fais des trucs pour récolter un peu de sous pour les hôpitaux ou pour ceux qui y font le ménage, on est plusieurs Bouffons de la Cuisine à faire cela. Je fais aussi des petits cours de cuisine sur comment faire cuire des pommes de terre, du riz ou comment faire un riz au lait, des choses simples que les gens ne savevnet pas forcément faire. »

Pour garder le contact avec l’équipe, « j’envoie régulièrement des petits textos pour savoir comment ils vont ainsi que leur famille, pour savoir s’ils ne sont pas touchés. Après, on ne sait pas quand cela va redémarrer et c’est hyper angoissant pour tous, » commente Ronan Kervarrec.

« Nous on a deux restos, l’Oiseau Bleu et Côté Zinc, qu’on a racheté l’an dernier juste à côté avec une formule le midi à 18€ et le soir une formule tapas, 2 ambiances différentes, c’est sympa. Les deux sont bien sûr fermés », continue Frédéric Lafon.

« D’un point de vue économique, c’est pas évident pour tous, mais nous cela fait 20 ans qu’on a ouvert l’Oiseau Bleu donc on a un peu de trésorerie, en plus on a mis en place du chômage partiel, on a décalé les prêts… J’ai un peu plus peur de la reprise car on va réouvrir sans doute après tout le monde. A l’Oiseau Bleu, c’est un gastro, on ne peut pas faire de la vente à emporter, l’autre peut-être » explique Frédéric Lafon.

Enfin le plus stressant, le plus dur à accepter, c’est de ne pas savoir quand on va réouvrir » Frédéric Lafon

Des questions, tous s’en posent sur le déconfinement et les règles à observer : « on ne sait pas si tout le monde va être testé, comment on va reprendre, dans une cuisine c’est compliqué car on n’est souvent à moins de 1 mètre de distance. Les règles d’hygiène, on les a toujours eu en se lavant les mains tout le temps, du gel hydro alcoolique on en a toujours eu bien avant, on désinfecte les portes tous les jours… »

« Financièrement, cela va être une catastrophe pour toute une profession », renchérit Ronan Kervarrec. « Tout le monde va souffrir…vignerons, cavistes et nous. Les Français resteront en France et vont sans doute se rabattre sur de la petite restauration qui va reprendre, mais pour la gastronomie ou le luxe, ça risque d’être un peu plus compliqué, surtout pour nous à Saint-Emilion. Les Etats-Unis, cela va mettre du temps à reprendre, les Chinois ne vont pas bouger de sitôt, de même pour les Brésiliens ou la Grande-Bretagne, cela m’étonnerait. J’espère une reprise en Europe, cela va être dur. 

« L’ironie du sort, c’est qu’on avait du mal à trouver des chefs de rang ou de partie, et là après on n’embauchera pas, on va mettre au chômage partiel, voire licencier, oui ça va être dur. Ceux qui ont de la trésorerie vont pouvoir tenir, mais pour ceux qui n’en n’ont pas ou pas assez il va y avoir beaucoup de casse dans les commerces de bouche ».

« Dans cette catastrophe, la chose à souligner c’est que les Français se retournent vers les petits producteurs, eux s’en sortent bien et j’espère que cela va rester, car c’est dur d’habitude pour eux. Et on continue, nous, à les aider, comme Luc Alberti notre maraîcher qui continue à livrer ses cagettes à des particuliers; j’ai contacté beaucoup de potes et je regroupe les commandes qu’ils viennent chercher, pareil pour notre producteur d’agneau (pour les fêtes de Pâques) ou d’huîtres d’Yvon de la Cabane au Ferret. On essaie de continuer à les faire travailler, c’est ma façon de les soutenir, de ne pas les laisser tomber du jour au lendemain ».

« Sinon, je fais à manger pour ma famille en ce moment et je trouve de nouvelles idées, j’essaie de nouvelles recettes, il faut que je continue à faire évoluer le niveau, il y a toujours une motivation et un engouement dans la maison ». 

Bon courage à tous les chefs de France et de Navarre en cette période délicate, on pense aussi à eux.

Et voici les bons conseils du moment de Michel Trama pour réussir un riz au lait :

08 Avr

A visiter cette expo virtuelle sur le Vin et les Arts Visuels

Dans ce contexte de coronavirus, le Musée du Vin et du Négoce aux Chartrons à Bordeaux a fermé provisoirement ses portes…mais il ne s’avoue pas vaincu… Ainsi, faisant preuve d’imagination il propose une visite virtuelle qui parle de l’Univers du Vin et de son Histoire. C’est très bien réalisé, et c’est à voir sans modération.

Directement  «chez vous» sans besoin de sortir, voici le meilleur de l’univers du Vin et de son Histoire ! C’est raconté de manière ludique, en visite virtuelle par Wine Tv Bordeaux, où vous voyez passer les BD réalisées notamment par Corbeyran, les affiches de films qui parlent de vin (« Ce qui nous lie », « Tu seras mon fils », « Premiers Crus », « L’Aile ou la Cuisse », « Saint-Amour » « Garçon », « La Traversée de Paris », « Un singe en hiver » ou le doc « Mondovino »), et des peintures consacrées aux châteaux, au vin, et à l’univers de Bacchus et retraçant le transport maritime des vins depuis La Rochelle ou Bordeaux..des scènes majoritairement du XVIIIe au XXe siècle.

Dans cette période de confinement, le Musée du Vin et du Négoce de Bordeaux est convaincu que l’accès permanent à la culture permet de rompre plus facilement l’isolement, »  Grégory Pécastaing président du Musée du Vin et du Négoce.

« On est parti dans l’idée avec un ami de partager un moment convivial, à travers cette visite virtuelle. Vu qu’on ne sait pas pour combien de temps, on est parti dans le confinement. C’était déjà un peu compliqué pour le tourisme et le négoce, il va falloir qu’on rebondisse tous ensemble. Il va falloir qu’on commercialise différemment pour Bordeaux et pour la filière et qu’on trouve des alternatives. C’est vrai qu’on a besoin de parler de Bordeaux en ce moment, on a des vignerons qui ont leurs chais encore pleins, qui vont voir arriver les prochaines vendanges, et on réfléchit à les aider à vendre leurs vins. Avec le Musée, on essaie de regarder comment faire une plateforme pour vendre leurs vins. »

Ensemble soutenons nos vignerons, nos négociants et leur Musée du Vin et du Négoce de Bordeaux face à la crise économique et aux dégâts du gel de printemps, en dégustant un bon verre de vin devant celle belle expo virtuelle de 4mn »

« Là on est déjà en train de réaliser un numéro 2 sur Bordeaux, le négoce et les vignerons et le vignoble bordelais, car on a besoin de faire la promotion de Bordeaux en ce moment. Les gens ont souvent l’impression de bien connaître leur vignoble et malheureusement pas. C’est pareil pour d’autres régions viticoles, si on veut on peut s’amuser avec toutes les régions viticoles, » commente encore Grégory Pécastaing pour Côté Châteaux. Bravo pour ces initiatives.

L’ expo virtuelle le Vin et les Arts Visuels est à voir ici: 

07 Avr

Confluent d’Arts au château de la Rivière est reporté aux 3, 4 et 5 septembre prochains

Face à la crise du coronavirus ou Covid-19, les organisateurs ont fait le choix de reporter ce festival qui devait se tenir début juillet au château de la Rivière à la Rivière en Gironde. Un festival qui a pris beaucoup d’ampleur et gagné en notoriété. Le concert de Catherine Ringer qui devait chanter les standards des Rita Mitsouko affichait depuis longtemps complet.

Xavier Buffo, en janvier dernier présentant en exclu à Côté Châteaux l’affiche du festival Confluent d’Arts prévu initialement les 2,3 et 4 juillet © JPS

 

« C’est comme ça, la, la, la, la… », ce qui est bien avec ce refrain de Catherine Ringer, c’est qu’on peut le resservir à chaque billet ou post. Eh oui, comme bon nombre de manifestations, comme les primeurs, les salons des vignerons indépendants ou autres festivals, Confluent d’Arts est déplacé à début septembre. C’est plus sage, car vu que la sortie du confinement va être très progressive et qu’il plane encore beaucoup d’incertitudes sur juin et juillet, mieux vaut reporter.

Ainsi ce matin sur sa page Facebook, Confluent d’Arts annonce « l’état d’urgence du Covid-19 nous met face à une situation d’une ampleur inédite. Les artistes sont directement touchés dans leurs activités et de représentation. »

On a essayé de prendre une décision sage et responsable, et d’anticiper un maximum, tant il est clair qu’en juillet les rassemblements ne sont pas encore assurés », Xavier Buffo directeur du château de la Rivière

Un tel rendez-vous ne laisse pas de place à l’improvisation, vus les moyens engagés, et même si ce festival fonctionne avec beaucoup de bénévoles, les artistes doivent planifier aussi leurs tournées dans les conditions les plus optimales et en minimisant les risques pour tout le monde, risques d’un point de vue sanitaire mais aussi les risques financiers, on se souvient trop le concert de Johnny annulé en dernière minute en 1998 au Stade de France devant un public qui l’avait attendu pendant des heures sous la pluie et qui fut un sacré fiasco. Le public a droit aussi à avoir des dates fiables auxquelles il va pouvoir se raccrocher.

Et Xavier Buffo de compléter: « il n’y a pas trente-six-mille dates, il fallait s’assurer que Catherine Ringer pouvait être disponible et on a bloqué la date. Si cela se fait, ce sera un super festival. On a contacté tous les artistes initialement prévus, quasiment tout le monde sera présent, il manquera deux artistes de rue, mais il y en a d’autres que l’on va contacter et qui seront heureux de venir, pour les intermittents du spectacle, c’est aussi dur en ce moment… »

Et donc rendez-vous est donné à tous les 3,4 et 5 septembre 2020 pour le concert de Catherine Ringer et bien d’autres (dont voici le programme initialement prévu en jancvier dernier), le cinéma de plein air et spectacles de rue, sans oublier la dégustation de vin…avec modération.

06 Avr

Wine-drives, livraisons à domicile ou cavistes ouverts: comment on s’adapte durant le confinement

Demain Millésima ouvrira son wine-drive à Bordeaux, d’autres ont aussi fait preuve de réactivité pour ne pas perdre trop de marchés, comme des cavistes ou des vignerons-négociants qui livrent, enfin quelques cavistes restent malgré tout ouverts. Car il faut bien se rendre compte que jamais depuis le confinement, les gens n’ont autant bu ou dégusté des vins…

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima lors des primeurs 2017 © JPS

Cet après-midi, Fabrice Bernard me confie « on va lancer demain Millésima Drive depuis le Quai de Paludate à Bordeaux, avec bien sûr un protocole pour que les gens ne se touchent pas. Il n’y aura aucun contact, tous auront payé avant et auront réservé un créneau horaire pour venir chercher leur caisse(s) de vins. Et pour ceux qui redoutent, ils pourront même laisser leur caisse dans leur coffre de voiture et décharger le lendemain.

« Alors que 70% des salariés sont en télétravail, on a 5 personnes dans les chais pour traiter les commandes. La 1ère semaine on avait lancé une opération frais de port gratuits, la deuxième sur les vente de champagne Billecart-Salmon on reversait 20% du prix aux Hôpitaux de France, là on lance le drive et on réfléchit à d’autres idées « sociales »

Guillaume Cottin, le Président de la Vinothèque de Bordeaux © JPS

La Vinothèque de Bordeaux a été très réactive : « on a fermé le samedi 14 mars juste après l’annonce d’Edouard Philippe » de fermeture des restaurants et autres commerces, « même si on aurait pu rester ouvert (comme cela a été précisé le lundi qui a suivi)… Mais on a trouvé que ce n’était pas sérieux, vue la configuration de la Vinothèque et en prime quand on conseille les gens on reste proche d’eux. C’est très dur de respecter les distances de sécurité et donc pour la sécurité tant de nos clients que de nos salariés on a décidé de fermer. On a fermé aussi Dubos, puis finalement réouvert la semaine dernière, avec 2 personnes qui viennent travailler au lieu de 6, pour des commandes déjà prêtes ou toutes les commandes internet sur le site de la Vinothèque qu’on assure dans un délai de 4 à 5 jours pour les livraisons. Et puisque le hasard fait bien les choses, « on est en pleine foire aux vins, avec des prix intéressants. »

Cash Vin s’est aussi adapté et a inventé le « Call & Collect » où vous pouvez commander et retirer vos produits en drive du lundi au samedi de 9h30 à 12h30. Il suffit d’appeler son magasin par téléphone ou par mail, vous commandez au minimum 6 bouteilles et payez à distance. Vous venez ensuite récupérer en convenant avec le caviste d’un jour et d’une heure pour être servi façon drive où on vous met le carton dans le coffre directement.

Parmi les cavistes qui ont fait le choix de rester ouverts Guy Hiblot et Prestige des Bulles à Pessac : « je suis resté ouvert car le décret du 16 mars nous a autorisé à rester « ouvert, » je fais partie de la liste mais je ne suis pas le seul à Bordeaux. En plus la chance que j’ai c’est que je suis tout seul, je n’ai pas de salarié et donc je ne fais pas prendre de risque à mes employés, » par ailleurs « je fais tout pour respecter la sécurité de mes clients, une personne à la fois pour garder  les distances. Je privilégie aussi beaucoup le drive… » Ses clients peuvent l’appeler et tout est préparé en amont, à distance…Après, il est clair que « si je reste fermé, je n’aurai droit à rien et donc c’est non seulement par passion mais aussi pour payer les charges, sinon je mettrais la clé sous la porte ». Et de faire comprendre aussi que « il faut aussi que les vignerons continuent à vivre, notamment ceux qui ont gelé, cette semaine j’ai eu en ligne un vigneron de Chablis dont je vends son vin qui m’a dit que cela avait encore été rude… »

Benoit-Manuel Trocard livre toutes les semaines © JPS

Sur le pont aussi et depuis le début du confinement, Benoît-Manuel Trocard avec sa petite maison de négoce Wine Ressource qu’il manage avec Célia Carrillo : « on a réfléchi et on a mis en place au lendemain du confinement un système de livraison à domicile avec tous nos clients sur Bordeaux Métropole et le grande Gironde. On a fait un mailing et on a proposé nos blancs Octave Trocard qui venaient par exemple de sortir à 30€ le carton livraison comprise, et on s’est aussi adapté avec des bag-in-box en 5 litres plus facile pour la consommation en appartement… Pour nous pas de contact direct non plus on fonctionne avec des RIB, on regroupe les commandes et on livre une fois par semaine, la prochaine livraison ce sera mercredi pour 600 bouteilles, une palette…C’est vrai que les caves se vident quand les gens sont confinés… »

Bon ce n’est pas bien de dire cela, mais on redoute que le volume de consommation en France par an et par habitant -qui était plus proche des 40 litres- ne remonte brutalement, tant le confinement a tapé sur le système des gens. Même l’actrice Ariane Ascaride s’est laissée allée sur France 2, le 29 mars, en plein direct où elle en a profité pour non seulement saluer les soignants (qu’il faudra après, quand cela sera fini, continuer à aider…) mais aussi à dire qu’à l’issue du confinement elle irait non seulement voir ses enfants (qu’elle ne peut pas voir) et « la deuxième chose je vais faire c’est me saouler la gueule »… Avec modération l’a reprise ma consoeur Sophie Lesaint, loi Evin oblige, « aucune modération, je vous assure ». On espère en tout cas que les gens resteront « raisonnables », il ne faudrait tout de même pas renouer avec les 120 litres par an et par habitant comme dans les années 60. Hips…ou oups…

05 Avr

Durant le confinement, débouchez donc « Le Goût du Vin » sur Netflix

Jamais les plateformes de films et séries n’ont aussi bien marché. Profitez-en pour vous ouvrir l’esprit avec ce joli film réalisé par Prentice Penny qui dresse le portrait d’un jeune américain dont le rêve est de devenir sommelier. Un film pour cinéphiles et amateurs de vin, qui met en avant notamment les vins français et la Maison Albert Bichot.

C’est un joli rôle que nos offre Mamadou Athie, alias Elijah dans le film, « le Goût du Vin » ou « Unkorked » de son titre originel en anglais « débouché ». Il incarne un jeune noir dont le destin est presque déjà écrit, à suivre les traces de son père cuisinier et son son grand-père avant lui, qui ont monté un restaurant spécialisé dans le barbecue dans un Memphis très vivant, une affaire qui marche grâce à la passion et l’investissement de toute la famille. Mais Elijah a vu naître en lui une autre passion, celle du vin et il souhaite poursuivre des études de sommelier, tout en continuant de travailler quelque peu comme caviste et auprès de son père.

Au cours de ce film, certains vins américains sont mis en avant de la Napa ou Sonoma, mais pas seulement, il ya aussi des vins du vieux continent italiens de Barolo, ou français Pouilly, Chablis, ou d’autres appellations de Côte d’Or. Ce qui montre la belle ouverture d’esprit, qui correspond au métier de sommelier « open mind » avec tous les vins locaux mais étrangers. Et des pépites comme un Chablis de chez Simmonnet-Febvre ou un Corton Charlemagne de chez Louis Latour. Avec un clin d’oeil aussi à la Maison Albert Bichot, une institution en Bourgogne, maison quasi bi-centenaire, dirigée par Guillaume Deglise (ancien directeur de Vinexpo à Bordeaux), très présente à Chablis, Nuits-Saint-Georges, Pommard, Mercurey…Elijah encense ainsi de son Corton Grand Cru 2016.

Un film fort sympathique (loin d’être un chef d’ouvre, et désolé pour Télérama, mais cela se laisse regarder, pas vraiment « piquette », à force de vouloir tomber dans les clichés de l’utilisation de mots, il faut savoir laisser s’aérer et reconnaître les efforts pour se mettre à la portée du grand public) où avec des airs entrainants de R&B ou de rap, où vous allez voir si Elijah va finalement réaliser son rêve de devenir Master of Wine.

Regardez la bande annonce sur You Tube du Goût du Vin réalisé par Prentice Penny :