24 Jan

Après le terrible gel d’avril 2017, focus sur le malaise des petits vignerons de Bordeaux

Le monde paysan et viticole n’a pas l’habitude de se plaindre pour rien. Quand il le fait, c’est que déjà des compagnons de route, des petits sont dans un état de grande détresse ou ont déjà fondu les plombs. Depuis le gel d’avril, de nombreux petits vignerons se retrouvent en difficulté et attendent désespérément des aides des pouvoirs publics.

Des passionnés de la vigne qui ont subi en 3 ans deux énormes événements climatiques : la grêle en 2013 et le gel en 2017 © JPS

Des passionnés de la vigne qui ont subi en 3 ans deux énormes événements climatiques : la grêle en 2013 et le gel en 2017 © JPS

Dans un mail envoyé en début de semaine tout était résumé dans leur titre « il règne dans les campagnes une angoisse silencieuse. » Un peu comme ce jour du gel du 27 avril, beau, blanc, puissant et après un état de désolation, gris, brun et une repousse qui n’a pas été cela ! « On a récolté 2 hectos à l’hectare » autant dire rien ou presque pour Alain Goumaud, 72 ans, vigneron depuis 50 ans et exploitant à Saint-Magne de Castillon depuis 1979, qui a été gelé à près de 100%.

Dans le Bordelais, « c’est vrai que la crise dure depuis longtemps », témoigne Paul Cardoso, vigneron en AOC Castillon. Pas pour tout le monde. Mais surtout pour les petits. Le drame, c’est que l’accompagnement n’est pas là, ou quasiment pas.

Certes, on vous dit qu’il y a eu des reports de cotisation MSA ou un dégrèvement des taxes sur le foncier non bâti, mais ça ne suffit pas. Les charges sont toujours là avec les contributions volontaires obligatoires aux ODG et à l’interprofession.

Alain Goumaud, vigneron depuis 50 ans, aimerait bien transmettre à ses deux fils sa propriété... © JPS

Alain Goumaud, vigneron depuis 50 ans, aimerait bien transmettre à ses deux fils sa propriété… © JPS

Ce malaise du petit vigneron, Alain Goumaud le résume très bien: « j’ai peu de stock, au niveau trésorerie, ce n’est pas très brillant comme la plupart d’entre nous et aujourd’hui si les banques ne nous donnent pas un coup de pouce et si les pouvoirs publics ne prennent pas conscience du désarroi des viticulteurs on s’en va droit dans le mur, dans pas longtemps ».

Pour bien comprendre le contexte difficile qui touche ces petits Bordeaux: ils ont longtemps vendu dans les années 2000 avec un cours du tonneau très bas allant jusqu’à 700 €, alors qu’aujourd’hui il a quasiment doublé. Mais il y a eu aussi de nombreux événements climatiques qui se sont ajoutés, notamment un épisode de grêle intense en 2013 qui a fragilisé de nombreuses exploitations.

« 2013, ça a été 0 bouteille alors que j’en produis habituellement 200000,  » commente Loïc de Roquefeuil, viticulteur à Saint-Léon; « 2014 j’ai fait 10% d’une récolte normale, 2015 une demi-récolte et 2016 une vraie récolte qui rendrait heureux tout le monde, et 2017 la totalité a été gelée. »

Depuis le drame de 2013, bon nombre de vignerons se sont assurés. Mais l’assurance est bien souvent calculée sur la production des 5 dernières années, ce qui n’est pas suffisant.

Paul Cardoso et son épouse Florence ont créé en novembre ce dépot de pain, et d'excellentes viennoiseries, ils proposent aussi des produits du terroir et de nombreux vins © JPS

Paul Cardoso et son épouse Florence ont créé en novembre ce dépot de pain, et d’excellentes viennoiseries, ils proposent aussi des produits du terroir et de nombreux vins © JPS

Aussi les Cardoso ont eu cette bonne idée de créer à côté du Leclerc de Castillon un dépôt de pain, sandwicherie, cave et produits du terroir pour s’en sortir.

« C’est une question de survie, on a gelé à 95% donc on a pensé s’installer, présenter les produits directement de la propriété et d’autres producteurs pour améliorer le revenu de l’année », précise Florence Cardoso présidente de SOS Vignerons Sinistrés et co-présidente de Solidarité Paysans. Une femme qui s’investit pleinement depuis 2013 aux côtés de vignerons sinistrés.

Aujourd’hui le morcellement guette ou le départ en retraite pour quelques-uns alors même que Bordeaux connaissait avant le gel de 2017 d’énormes difficultés pour que les enfants prennent la suite de leurs parents.

Loïc de Roquefeuil, Sylvain Destrieux, Alain Gomaud et Paul Cardoso © JPS

Loïc de Roquefeuil, Sylvain Destrieux, Alain Gomaud et Paul Cardoso © JPS

« Je pense qu’il va y avoir des ventes de parcelles un petit peu au tout venant, des structures qui sont déjà très grosses qui vont encore s’agrandir parce qu’elles ont une capacité de financement plus importante, donc vraiment un modèle familial en danger,  » précise Sylvain Destrieux viticulteur à Ruch, 25 ha en bio dans l’Entre-deux-Mers, et membre de la Confédération Paysane.

Tous espèrent une prise de conscience réelle des pouvoirs publics et que les négociations de la nouvelle PAC leur soient favorables avec des aides qui reflètent ou soient fonction de leur faible production et non des investissements, ce qui favorise les plus gros car eux n’ont pas les moyens de monter de gros dossiers avec des experts, ils passent pour certains tous leurs jours dans la vigne, n’ayant plus de salarié…

Concours de la carte de voeux…la plus bobo écolo

Suite du concours de la carte de voeux la plus intelligente ou vin…solite. Elle est envoyée par les vignerons de Buzet et a été oubliée du concours lancé par Côté Châteaux car en retard, mais toujours dans les clous car on peut souhaiter les voeux jusqu’au 31 janvier. Une carte très écolo qui cadre avec leur démarche depuis 2005 de « s’engager autrement ! »

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Pour être honnête, je l’ai reçue en début de semaine. Mais après mon premier billet sur le concours de la carte de voeux la plus intelligente.

Je ne peux que décerner un autre prix spécial du jury, celui de la carte la plus écolo, et puis bobo, car il y a un B…dans Buzet. Ce sont les vignerons de Buzet, « inspirés par la nature », qui n’arrêtent pas de trouver des idées géniales pour faire vivre la bio-diversité sur leur terroir avec la chouette Athéna, la tulipe d’Agen, le label « bee friendly » et aussi les vins « vegan. »

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Là ils envoient leurs voeux d’une « viticulture respectueuse de l’Homme »sur une carte qui contient des graines de fleurs. Une carte bio dégradable à arracher en petits morceaux et à planter dans un pot, c’est rigolo et en plus ça va bientôt fleurir. Pas bête la guêpe !

Lire ou relire :

C’est à Buzet ! Ils s’engagent autrement…Les Vignerons de Buzet concilient depuis 10 ans viticulture et environnement

23 Jan

A l’aube de Vinexpo New-York, les Etats-Unis sont « number one » de la consommation de vin depuis 23 ans !

Pour la 23e année consécutive, les Etats-Unis sont numéro un mondial de la consommation de vin avec 34 milliards de dollars en 2016 et ça devrait encore se poursuivre pour les 5 prochaines années. Vinexpo New-York va donc s’ouvrir dans de bonnes conditions les 5 et 6 mars prochains.

Vinexpo-Destination-New-York-les-5-et-6-mars-2018_2014_news_imgVinexpo aux States, cela fait 14 ans que cela n’était pas arrivé. 14 ans depuis Vinexpo Chicago et un peu plus depuis Vinexpo New-York 2002. Le contexte à l’époque était particulier, car après les attentats du 11 septembre 2001 pour le dernier et après l’intervention américaine en Irak pour laquelle la France avait eu une position différente, ce qui lui a valu un french bashing.

Aujourd’hui le contexte est différent et l’amitié avec les Etats-Unis est de retour ou plutôt n’a jamais cessé.

Il faut dire que les Etats-Unis ont de quoi impressionner en étant le leader mondial des volumes de vin consommés pour la 23e année consécutive et cela devrait se poursuivre pour les cinq prochaines années selon Vinexpo.

Ainsi après une consommation de près de 34 milliards de dollars en 2016, les Etats-Unis devraient voir ces chiffres croître d’ici 2021 pour atteindre 45 milliards de dollars, sur un marché mondial estimé au total à 224 milliards de dollars  et 2,66 milliards de caisses de 9 litres (ou de 12 bouteilles), selon une étude Vinexpo/IWSR (International Wine and Spirit Research).

En comparaison, les grands marchés viticoles européens, comme la France, l’Allemagne et l’Italie, ont baissé en valeur et en volume en 2016, poursuivant ainsi une tendance durable.

Les principaux marchés fournisseurs de vin aux États-Unis

La consommation de vin aux Etats-Unis devrait continuer à croître jusqu’en 2021 avec un taux  de 1%. Voici d’ailleurs les principaux marchés porteurs et fournisseurs selon l’étude :

 

  1. Italie (25,5 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021 : -1 %)
  2. Australie (15,7 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021: -1,4 %)
  3. France (10,4 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021 : +2,8 %)
  4. Chili (6,8 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021 : +0,5 %)
  5. Argentine (6,1 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021: +0,5 %)
  6. Nouvelle Zélande (5,2 millions de caisses de 9 litres importées en 2016. TCAC 2016-2021: +9,9 %)

Les États-Unis en pleine effervescence

La consommation américaine des vins effervescents va augmenter d’environ 6% par an jusqu’en 2021, contre 2% au niveau mondial. En Europe, première région du monde consommatrice de vins effervescents, les perspectives sont également globalement positives.

Les États-Unis sont actuellement le 4ème marché de consommation de vin effervescent au monde, mais ils devraient dépasser la France d’ici 2012. Le Prosecco devrait connaître sa plus forte croissance aux États-Unis. L’étude prévoit que les États-Unis vont dépasser l’Allemagne pour les volumes importés et se placeront au 3ème rang des pays consommateurs de Prosecco, derrière l’Italie et le Royaume-Uni.

Avec Vinexpo et son étude IWSR

 

22 Jan

Conséquences du gel : « la disparité entre le Bordeaux qui rit et celui qui pleure n’a fait que s’accentuer »

Le gel d’avril dernier est douloureusement vécu à Bordeaux. De très nombreux vignobles ont été touchés, d’autres moins, les grands châteaux s’en sortent en général mais chez les tout petits c’est plus difficile. Ceux-ci tenaient une réunion le 11 janvier. Voici ce qu’ils disent aujourd’hui.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel début mai 2017 dans le vignoble de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

« La disparité entre le Bordeaux qui rit et celui qui pleure n’a fait que s’accentuer, c’est le constat fait par Solidarité Paysans Aquitaine, SOS vignerons et la Confédération Paysanne de la Gironde qui se sont réunis le jeudi 11 janvier au siège de Solidarité Paysans. Les 3 organisations ont échangé autour des conséquences du gel du printemps dernier, qui a touché la plus grande partie du vignoble dans nos départements d’Aquitaine, ainsi que les vergers et autres cultures.

Alors oui, effectivement les dispositifs d’aide actuels sont bien activés mais avec un goût d’amertume et de déjà vécu. Les 3 organisations ont reconnu qu’elles sont inadaptées aux sinistres de ces dernières années.

Des solutions réelles viables existent et, face à cette angoisse silencieuse, face aux nombreux paysans qui n’auront d’autre choix que d’arrêter tout en continuant à porter des dettes, face à ceux qui ne savent pas comment ils vont financer la prochaine saison, nous disons:

– Résistons ensemble : Nous connaissons les solutions nous permettant de nous en sortir sans que cela ne coûte en plus à l’Etat.

Voici quelques pistes : l’aide à la gratuité des procédures collectives (RAJ, Redressement…), les facilités bancaires, le déblocage anticipé des comptes retraites sans pénalités, le dégrèvement des cotisations CIVB pour certaines appellations, la Réserve Climatique élargie (VCI ), le recalcul des assurances,et à moyen terme modification de la distribution des aides de la future PAC 2020 / 2026 dans le sens d’une aide directe au revenu des vignerons ( A savoir 2018 étant l’année charniere sur les négociations pour la mise en place des nouvelles règles de la nouvelle Pac)

Devant ce spectacle de désolation, exigeons des Pouvoirs Publics du soutien pour mener à bien l’ensemble de ces dispositions afin de faire évoluer les dispositifs dédiés aux vignerons.

Demandons à la presse d’être le révélateur de la vie réelle de cette partie du vignoble Bordelais, moins glamour aujourd’hui, mais tant porteuse de son identité profonde.

C’est pourquoi les 3 organisations tirent la sonnette afin d’alerter les institutions. La détresse des vignerons reste un sujet d’actualité.

Il va falloir y répondre concrètement. »

SOS Vignerons, Solidarité Paysans et la Confédération Paysanne de Gironde.

21 Jan

Paul Bocuse restera à jamais gravé dans nos mémoires

C’était un personnage ce Monsieur Paul ! L’Empereur de la Cuisine Française avait le don aussi de faire des petites phrases, qui aujourd’hui résonnent dans nos coeurs. De bons mots, pour un maître queux, extraordinaires et ancrés dans la vie, d’ailleurs « la vie est une farce… »

Le Chef Paul Bocuse cachait sous sa toque aussi de bons mots

Le Chef Paul Bocuse cachait sous sa toque aussi de bons mots

Farceur et friand de bons mots, Paul Bocuse, « empereur » de la cuisine française, décédé à l’âge de 91 ans, avait le sens de la réplique et parfois la dent dure. Voici un florilège de ses petites phrases:
« La vie est une farce, je l’ai compris à 19 ans, pendant la guerre. Lorsque
mes copains tombent à côté de moi, je me demande « Pourquoi pas moi? » La chance,
la santé, le travail et une dérision profonde deviennent mes maîtres mots ».
« La vie peut s’arrêter à chaque seconde. Alors il faut travailler comme si on
allait mourir à 100 ans et vivre comme si on devait mourir demain ».
« Je tiens à rester classique, cette cuisine a des amateurs (…) si un jour
le restaurant est vide, je me poserai des questions, mais ce n’est pas le cas ».
« Bien faire un travail ne prend pas plus de temps que de le faire mal ».
« Vous avez fait de piètres études? », lui demande un animateur. « Oui mais j’ai
mes deux bacs: le bac d’eau froide et le bac d’eau chaude », répond-il.
– Son coq tatoué sur le bras? « C’est mon copain! Lorsque quelqu’un m’enquiquine,
je lui parle à voix basse. Cela me calme et surtout déstabilise l’adversaire ».
« La véritable cuisine sera toujours celle du terroir. En France le beurre,
la crème et le vin en constitueront toujours les bases ».
« Pour moi, la bonne cuisine, c’est quand on soulève le couvercle, que ça fume,
que ça sent bon et qu’on peut se resservir ».
« Président, il faut casser la croûte » (en servant à Valéry Giscard d’Estaing
sa fameuse soupe de truffes recouverte d’une coque feuilletée)
« La cuisine c’est la paix dans le monde ».
« C’est vrai, il faut être un peu cabot. Je fais un métier où l’on donne deux
représentations par jour, et certains soirs, où on préférerait être dans son lit,
il faut y aller quand même et avec le sourire ».
– D’un de ses concurrents: « Il copie tout, c’est le Laurent Gerra de la cuisine,
sans le talent ».
« J’adore les femmes et nous vivons trop longtemps de nos jours pour passer une
vie entière avec une seule ».
« De ma vie je ne regrette rien, sauf peut-être la peine que j’ai pu faire aux
femmes de ma vie. J’espère qu’elles me pardonneront ».
« Aujourd’hui, être seul et le soir, observer les canards avec mes chiens, puis
dormir dans la chambre même qui m’a vu naître suffit à mon bonheur ».

Avec AFP

20 Jan

Un grand merci Mr Paul Bocuse : le Monument de la Gastronomie Française nous a quitté

A 91 ans, le plus grand cuisinier de France, un père pour bon nombre de jeunes générations s’en est allé. Paul Bocuse, surnommé à juste titre « le Pape de la Gastronomie Française » ou « Mr Paul » vient de disparaître. Avec sa gouaille, il avait réussi à être l’ambassadeur de la cuisine française à travers le monde. Hommage de ses pairs recueilli par Côté Châteaux.

12694913_1281781278504917_8805669339623030213_o« Pape de la gastronomie française », « primat des gueules » ou simplement « M. Paul », Paul Bocuse, décédé à 91 ans, a incarné avec une gouaille unique la gastronomie française durant des décennies, en étant le premier chef à parcourir le monde pour défendre ses couleurs.

Star parmi les stars des fourneaux, bâtisseur d’un empire estimé à plus de 50 millions d’euros, Paul Bocuse, toujours prêt à poser avec sa veste et sa toque de cuisinier, était aussi le plus ancien des trois étoiles au monde, depuis 1965 sans discontinuer. Ce qui n’empêche pas certains critiques de dire que son restaurant des bords de Saône n’était plus à la hauteur et certains guides de le classer dans la catégorie institution, à défaut de le noter.

Né le 11 février 1926 dans une famille de cuisiniers de père en fils à Collonges-au-Mont d’Or, près de Lyon, cet épicurien à l’énergie débordante, infatigable globe-trotteur, a consacré sa vie à la gastronomie.

Entré en apprentissage à 16 ans à Lyon — enfant, il préférait la chasse et la braconne aux études –, il poursuit après la guerre sa formation chez Eugénie Brazier, première femme triplement étoilée en 1933, qui lui inculquera la rigueur. Puis chez Fernand Point, à Vienne (Isère), au début des années 1950, devenu son « maître à penser ».

Il obtient sa première étoile au Michelin en 1958, puis une deuxième deux ans plus tard en transformant l’auberge familiale qui deviendra le temple de la gastronomie française. Meilleur Ouvrier de France en 1961, Bocuse décroche sa troisième étoile en 1965, consacrant sa fulgurante ascension.

On afflue du monde entier pour déguster sa « poularde demi-deuil », son « gratin de queues d’écrevisses », ou sa « soupe VGE », un consommé à la truffe surmonté d’un dôme de pâte feuilletée, créé en 1975 pour la remise de sa Légion d’honneur à l’Elysée. Autant de classiques devenus des incontournables de la carte de son célèbre restaurant de Collonges-au-Mont-d’Or, à la façade verte et rose, où trône son portrait en trompe-l’oeil.

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Pour les 90 ans de Mr Paul © Gérard Collomb

Dans « Paul Bocuse, le Feu sacré » (Ed. Glénat – 2005), « Monsieur Paul » se définissait comme « un adepte de la cuisine traditionnelle », qui « aime le beurre, la crème, le vin », et pas « les petits pois coupés en quatre ». « Oui, sûrement, ma cuisine est ringarde », admettait ce bon vivant qui se régalait de « plats simples » comme le pot-au-feu ou le boeuf bourguignon.

Elu « cuisinier du siècle » en 1989 par le guide Gault et Millau, puis sacré « chef du siècle » en 2011 par le prestigieux Culinary Institute of America (CIA), Bocuse aura ouvert de nouveaux horizons à la gastronomie française, érigeant son nom en marque.

Dès 1960, il laisse ses fourneaux pour voyager en Europe, au Japon, aux Etats-Unis. « J’étais un précurseur, ma curiosité m’a emmené un peu partout », disait-il. Il en rapportait des recettes, déclinées dès 1994 dans ses brasseries lyonnaises:

Le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest, l’Argenson ou l’Auberge de Fond Rose. En janvier 2007, il ouvre sa première brasserie au Japon. Sept autres suivront. En février 2013, tout juste remis d’une hospitalisation, il inaugurait encore en super-star un restaurant à son nom, au nord de New-York.

Paul Bocuse entouré de son équpe et du maire de lyon © Gérard Collomb

Paul Bocuse entouré de son équpe et du maire de Lyon en février 2016, aujourd’hui Ministre de l’Intérieur © Gérard Collomb

Président de l’Institut Paul Bocuse d’Ecully (Rhône), qui forme aux métiers de l’Hôtellerie, de la Restauration et des Arts Culinaires, Bocuse aimait transmettre le « goût du travail bien fait ». Le concours international du « Bocuse d’Or », lancé en 1987, constitue un véritable tremplin pour de jeunes chefs. Souffrant de la maladie de Parkinson et préparant sa succession, il avait ouvert en 2010 le capital de ses brasseries lyonnaises et placé des proches à des postes stratégiques en France et aux Etats-Unis.

« Je travaille comme si j’allais vivre 100 ans et je savoure la vie comme si chaque jour était le dernier », se plaisait à dire ce séducteur invétéré, qui arborait fièrement un coq tatoué sur son épaule par les Américains pendant la guerre. Son incroyable appétit de vivre s’exprimait aussi dans la vie privée de ce polygame assumé: marié depuis 1946 à Raymonde, qui lui a donné une fille, Bocuse a également partagé sa vie pendant plus de 60 ans avec Raymone, la mère de son fils Jérôme, et pendant plus de 40 ans avec Patricia, qui gère sa communication. « J’adore les femmes et nous vivons trop longtemps de nos jours pour passer une vie entière avec une seule », confiait-il en 2005 au Daily Telegraph.

Avec AFP

LES REACTIONS DES GRANDS CHEFS DE NOUVELLE-AQUITAINE RECUEILLIES PAR COTE CHATEAUX :

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POUR ALEXANDRE BAUMARD * (LOGIS DE LA CADENE A SAINT-EMILION EN GIRONDE) : « C’EST VRAIMENT LA PERTE D’UN PERE »

On sent le jeune cuisinier du Logis de la Cadène, propriété de la famille de Boüard, très ému en ce début d’après-midi. « Sur quasiment 3 ans que j’ai passé chez lui, je n’ai que des bons souvenirs, humainement et professionnellement.

C’est vraiment la perte d’un père. C’est lui qui m’a tout apporté et l’étoile que j’ai obtenue en 2017, je la lui dois. »

Il avait une vision de la cuisine, un respect du produit, sans lui je n’en serais pas là. C’est une grosse perte. Je me souviens en 2006 de cet homme incroyable, il n’était pas malade alors,en pleine forme, il était à la table des chefs en train de discuter et à un moment il a sauté de sa chaise pour montrer à un cuisinier comment brûler un poulet ! »

Ce sont 3 années qui ont marqué ma carrière, c’est une grande maison.pour tous ceux qui l’on cotoyé. Dans la transmission, c’était un homme hors pair.

Je me souiens aussi du 6 juin 2006 où j’ai commencé là-bas, Mr Paul me voit à l’extérieur et me demande si j’avais fait mon service militaire… Je lui ait dit que non. Il m’a dit ce n’est pas grave, ici tu vas l’apprendre…Et après il me disait, je suis fier de toi et maintenant tu as travailler. »

« Mr Paul restera toujours présent, ce n’est pas pour rien qu’il a été élu cuisinier du siècle. Personne ne prendra sa place à tous les niveaux ! »

POUR PASCAL PRESSAC * (LA GRANGE AUX OIES A NIEUIL EN CHARENTE) : « Mr PAUL ETAIT NOTRE MAITRE A TOUS »

« Evidemment, Mr Paul était notre maître à tous, le pape de la gastronomie, mais je crois qu’au-dela de son talent de cuisinier, c’est lui qui nous a fait sortir de nos cuisines. Il a su médiatiser notre profession, donner les lettres de noblesse aux cuisiniers. »

« Je l’ai rencontré une fois au Bocuse d’Or, un bref échange, une poignée de mains et un regard qui m’a donné enie de continuer dans cette profession. Je lui ai dit : Mr Paul, ce soir, je dîne chez vous. Il m’a répondu, je ne serai pas là pour t’accueillir mais je serai dans ton assiette. Son sourire et son regard lors de ce bref échange sont mon plus beau cadeau »

POUR NICOLAS MAGIE * (LE SAINT-JAMES A BOULIAC) : « GRACE A LUI, LE CUISINIER EST SORTI DE DERRIERE LES FOURNEAUX »

« C’est un très très grand Monsieur qui est parti. Grâce à lui le cuisinier est ce qu il est aujourd’hui , sorti de derrière les fourneaux, mis en avant d’être starisé pour certains. Ce métier à vraiment été mis en valeur. Merci Monsieur Paul »

CapturePOUR RONAN KERVARREC ** (HOSTELLERIE DE PLAISANCE A SAINT-EMILION EN GIRONDE) : « IL A PORTE HAUT ET FORT LE DRAPEAU TRICOLORE A TRAVERS LE MONDE »

« Un homme passionné nous à quitté et toutes mes pensées vont naturellement à son épouse et ses enfants, ainsi qu’à ses équipes qui sont aujourd’hui orphelins ».

« Cet homme a apporté une ouverture Mondiale de notre métier de cuisiner, il nous a apporté la respectabilité à travers toutes les couches sociales.

Il a porté haut et fort le drapeau tricolore à travers le monde. Il a  porté la gastronomie au Zénith du savoir faire.

À nous aujourd’hui de perpétuer cet héritage, à continuer de porter haut et fort la symbolique du haut niveau en toute humilité et de continuer à partager fraternellement son image ».

CapturePOUR MICHEL TRAMA ** (PUYMIROL DANS LE LOT-et-GARONNE) : « UN JOUR JE MONTERAI LE REJOINDRE ET SERAI SON MARMITON »

Michel Trama est ce soir bien triste, ce grand chef de Puymirol qui a lancé les Bouffons de la Cuisine en décembre pour offrir un repas de Noël aux démunis partageait avec Mr Paul ces traits de Grande Humanité.

« C’est Mr Paul qui nous a fait sortir de la cuisine, Mr Paul avec tout le respect que les cuisiniers lui doivent, Mr Paul un grand Monsieur. Il m’a remis le mérite national à Collonges. Il est venu 3 fois à Puymirol. Il aimait bien notre maison, il avait pris le même architecte »

« Tous les cuisiniers, on est ses enfants spirituels, c’est lui qui a inculqué la noblesse de notre métier. »

« Mais la mort, c’est la vie, elle est inéluctable. Moi, je me réjouis de monter au ciel et d’être son marmiton. »

C’est une grande perte, mais il nous a mis sur le chemin mondial, international de la cuisine française et elle est en haut de l’échelle. Il nous a ouvert la voie. C’est un Grand Monsieur. »

Pesticides : lorsque les associations s’en prennent à Bernard Farges, celui-ci se défend

On a assisté hier à une passe d’armes entre d’un côté Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran et de l’autre Bernard Farges, avec en toile de fond les traitements phytosanitaires que celui-ci effectue sur sa propriété. Les deux responsables d’associations Alerte aux Toxiques et Info Médoc Pesticides ont fait analyser une cuvée 2014 de la production du viticulteur et vice-président du CIVB, et ont trouvé 16 molécules de pesticides. Bernard Farges de son côté a écrit une lettre ouverte à ces deux militantes où il regrette cette attaque mais confirme que le monde viticole et sa propriété sont en train de changer. Voici leurs échanges musclés.

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

Bernard Farges au bar à vins du CIVB à Bordeaux © JPS

En début d’après-midi, ce vendredi Bernard Farges, figure de Bordeaux, puisqu’ancien président du CIVB, et vice-président actuel, envoie une lettre ouverte à Valérie MURAT et Marie-Lys BIBEYRAN : « Vous avez diffusé ce matin un communiqué de presse me mettant en cause personnellement. Cette attitude est regrettable sur la forme, mais plus encore sur le fond, puisque vous faites état de résultats d’analyses mettant en évidence des traces de 16 pesticides dont 4 CMR retrouvés dans mon domaine le Château de l’Enclos 2014. »

Le matin même, ces responsables d’associations qui luttent contre les pesticides, dont un père et un frère sont décédés des suites de traitements qu’ils effectuaient dans les vignes, n’y étaient pas allées avec le dos de la cuillère et faisaient une attaque plutôt virulente : « Stupéfaites d’entendre M. Farges assumer encore, à l’été 2017, l’utilisation de produits phytosanitaires classés CMR sur son propre domaine,* nous avons donc fait analyser les résidus de pesticides du Château de l’Enclos 2014, cuvée phare de la cave de Sauveterre et propriété de « Mrs. Farges ».Après lecture des résultats d’analyse, nous nous frottons les yeux. On en a pour son argent ! 16 molécules de pesticides retrouvées dont 4 cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques ».

Valérie Murat m’explique aujourd’hui :« on n’a pas choisit Bernard Farges comme un vigneron comme les autres, mais à 3 titres en tant que vice-président du CIVB, représentant des Grands Vins de Bordeaux et Président de la Fédération Européenne des vins sous Appellation. Il a un devoir d’exemple ».

Bernard Farges leur rétorque que « vous souhaitez disqualifier mon engagement réel et sincère de réduction et de sortie à terme de l’usage des pesticides, engagement que j’ai pris publiquement en avril 2016 lorsque j’étais Président du CIVB. Je voudrais vous rappeler avec force que le monde viticole est en train de changer répondant ainsi aux attentes de la société dont il fait naturellement partie. Oui, je ne suis ni meilleur ni plus mauvais que la plupart des vignerons de notre région. Je suis même tout à fait représentatif des profonds changements en cours. J’ai fortement diminué l’utilisation de pesticides depuis 2016 et j’ai également limité le recours aux CMR à chaque fois que c’était possible. J’espère bien réussir, en 2018, à n’en utiliser aucun. »

Et de confirmer « ce sujet est aujourd’hui dans la tête de tous les viticulteurs, on sait que l’utilisation globale va beaucoup baisser en Gironde et globalement que la transition est en cours. Le mouvement aujourd’hui est plus rapide. La communication de Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran leur appartient ».

Et les militantes de dire : « Quelle crédibilité reste-t-il à des responsables qui tiennent un discours et agissent autrement ? »  Bernard Farges de leur rétorquer : « Votre attitude Mesdames est d’une rare mauvaise foi. Délibérément vous choisissez un vin de 2014 alors que vous savez pertinemment que mon engagement au nom de la filière viticole bordelaise date d’avril 2016. Pourquoi me déniez-vous le droit de changer ? Le droit de faire mieux ? Pourquoi ne regardez-vous pas la réalité telle qu’elle est ? Pourquoi ne m’accordez-vous aucun crédit alors que précisément je mets en accord mes actes avec mes discours ? »

Bernard Farges confirme aujourd’hui que « le mouvement est enclenché, massif et puissant. »

Valérie Murat et Marie-Lys Bibeyran terminent en disant « Nous attendons, que derrière l’enfumage du double discours, apparaisse enfin une vraie stratégie offensive de sortie des CMR à Bordeaux. Les riverains, les salariés et les vignerons méritent bien cela. Leur santé ne peut se contenter d’un simple « principe » d’évitement ».

Enfin la parole à la défense :  « Je sais Mesdames que vous avez eu à souffrir à titre personnel de ces pratiques anciennes, nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’en parler à Bordeaux à maintes reprises. Plutôt que d’alimenter une polémique vaine et injuste par médias interposés, et de choisir la voie de l’attaque personnelle, je trouverais plus constructif de mettre nos énergies et nos compétences en commun pour accompagner la dynamique engagée à Bordeaux. Je vous le propose à nouveau ».

Ce vif échange intervient près d’un mois après l’enquête de Que Choisir qui avait analysé 40 châteaux à Bordeaux et montré qu’en 4 ans, il y avait eu une diminution par 3 des résidus, molécules et traces de pesticides. (« Enquête bidon » selon Valérie Murat, le protocole d’analyses est insuffisant; il n’y a pas de législation pour établir une LMR limitation maximale de résidus, il y a un vide juridique ».) L’émission Cash Investigation sur France 2 remonte à 2 ans, pour ces militantes la vitesse à laquelle les changements interviennent n’est pas suffisante, elles réclament l’abandon des produits avec CMR les plus dangereux.

Une chose est sûre le dialogue serein est à privilégier, alors de part et d’autre, laissez retomber la pression et parlez-vous, dans un respect mutuel.

19 Jan

Qui a gagné le concours de la carte de voeux…la plus intelligente ?

Côté châteaux s’amuse chaque année à décerner ses étoiles aux cartes de voeux qui lui sont envoyées. Les critères retenus sont l’originalité, la présentation, l’aspect ludique, et l’intérêt culturel. Tous ne jouant pas dans la même cour Côté Châteaux a décidé de récompenser les postulants dans deux catégories : les très grands et les moyens ou plus petits châteaux, syndicats viticoles ou interprofessions.

Les cartes en papier sont ce que les tubes sont aux vinyles, une chanson qui va durer ! © JPS

Les cartes en papier sont ce que les tubes sont aux vinyles, une chanson qui va durer ! © JPS

Chaque année, il y a de plus en plus de participants, c’est très sportif, un peu comme le marathon du Médoc ou celui de Bordeaux…

Cette fois-ci et pour la dernière année, Côté Châteaux, plutôt vieille France dans l’âme, n’a retenu que les cartes en papier. Eh oui il en reste, même si chez nous à France Télé… on les a dématérialisé…Mais promis, l’année prochaine, le concours sera aussi ouvert aux cartes éléctroniques ou voeux par mail, du moment où il y a une originalité…

Bon sans plus attendre, dans la catégorie des grands châteaux, voici le palmarès qui s’est relativement imposé facilement pour l’originalité, l’histoire et la culture :

Une pièce romaine retrouvée sur les terres d'Haut-Brion, et du coup c'est une grande carte entière dédiée à cette histoire © JPS

Une pièce romaine retrouvée sur les terres d’Haut-Brion, et du coup c’est une grande carte entière dédiée à cette histoire © JPS

N°1 Haut-Brion : ce n’est certainement pas pour ses vins fins qu’ils réalisent chaque année, mais pour une magnifique carte de 8 pages qui retrace l’histoire insolite d’une de leur collègue Hélène Limnaïos, qui par une matinée brumeuse de 2017 observait la vigne et fit une découverte dans ce sol humide de graves… un objet vert et brillant qui luisait doucement par l’ondée du matin. Elle venait de découvrir une magnifique pièce de monnaie romaine à l’effigie de l’Empereur Claude sur laquelle était inscrit « l’Empereur Tibère Claude, César, Auguste grand pontife revêtu de la puissance tribunicienne. » Côté face apparaîssait Libertas,  la divinité romaine tenant un bonnet phrygien dans la mains droite. La personne qui a perdu cette pièce l’a sans doute égaré en montant le sommet de la croupe de Haut-Brion, il se peut qu’elle travaillait déjà la vigne à cette époque car cette découverte s’est faite en dehors de tout chemin même ancien. Cette pièce a dès lors trouvé sa place dans l’une des 10 vitrines dédiée à l’Art des Anciennes Civilisations. Bravo à S.A.S. le Prince Robert du Luxembourg qui a ainsi rendu grâce à Hélène de cette belle découverte et qui nous l’a faite partager :

Notre histoire et notre terroir regorgent de trésors archéologiques. Ceci transcende même parfois le potentiel d’excellence que l’homme et la vigne sont capables d’atteindre à travers l’alchimie magique de la vinification, » Robert du Luxembourg.

En 2017, Malartic Lagravière jouait sur ses 20 ans, cette fois la carte retrace le plus gros événement organisé de main de maître par les Bonnie avec la Commanderie du Bontemps © JPS

En 2017, Malartic Lagravière jouait sur ses 20 ans, cette fois la carte retrace le plus gros événement organisé de main de maître par les Bonnie avec la Commanderie du Bontemps © JPS

N°2 : Malartic-Lagravière, pour qui l’année 2017 a connu un double événement avec les 20 ans de l’arrivée de la famille Bonnie à la tête de ce cru classé de Pessac-Léognan et l’organisation de la magistrale Fête de la Fleur avec Yannick Alléno comme chef d’orchestre. Cette carte de voeux « songe d’une nuit d’été » retrace les temps forts de cette Fête de la Fleur co-organisée par le château et la Commanderie du Bontemps.

C'est original, comme un livre qui invite au voyage... Angélus à Paris, c'est presque comme Tintin en Amérique ? © JPS

C’est original, comme un livre qui invite au voyage… Angélus à Paris, c’est presque comme Tintin en Amérique ? © JPS

N°3 : Angélus qui a sorti une carte de voeux sous forme d’un carnet de voyage « Angélus in Paris »  avec une carte blanche donnée à Floc’h pour une vingtaine de dessins pour retracer un périple à travers le monde (dont certains sont reproduits dans cette carte). L’intelligence de Stéphanie de Boüard et de Thierry Genié est aussi de recencer les adresses d’Angélus à Paris avec les Hôtels comme le Meurice, le Crillon, Shangri-La Hôtel ou encore les restaurants l’Arpège, Guy Savoy,le Plazza Athénée ou le Pavillon Ledoyen, avec encore Yannick Alléno. Il faut dire qu’en 2017, c’était le grand chef 3* mis en avant avec son restaurant 1947. Il y a aussi 11 caves à vins citées ainsi que de nombreux musées, avec un plan de Paris à l’appui. Un véritable petit guide.

Bergerac et Duras, chez les plus petits et Saint-Emilion et son bar Ephémère lors du Saint-Emilion Jazz Festival autant de rendez-vous et de vins à découvrir en 2018 © JPS

Bergerac et Duras, chez les plus petits et Saint-Emilion et son bar Ephémère lors du Saint-Emilion Jazz Festival autant de rendez-vous et de vins à découvrir en 2018 © JPS

Chez les plus humbles mais néanmoins originaux, N°1 les Vins de Bergerac et de Duras qui mettent en avant leur authenticité, la qualité et la diversité de leurs vins et la convivialité de leurs vignerons. « Douceur et générosité » nous promettent-ils avec un avant-goût de Saint-Valentin des petits bouchons entrelacés avec un coeur.

IMG_4025N°2 le Saint-Emilion Jazz Festival, l’un des festivals de grande qualité installé depuis 6 éditions à Saint-Emilion. Il nous fixe rendez-vous les 20, 21 et 22 juillet prochains pour une programmation de folie.

N°3 Château Siran, une carte plus classique mais avec à l’intéreur du château une originalité qui avait arrêté Côté Châteaux en 2017, sa fabuleuse collection de contenants du vin, jacquots et autres tastevins. Cette année, ils ont aussi une belle actualité en recevant les primeurs pour l’appellation Margaux.

De la terre de Saint-Emilion, des sarments et une carte d'un vigneron, bravo Mangot prix spécial su jury ! © JPS

De la terre de Saint-Emilion, des sarments et une carte d’un vigneron, bravo Mangot prix spécial su jury ! © JPS

Enfin prix spécial du jury, hors catégorie ou dans la catégorie vin…solite, la petite boîte envoyée par Mangot. Une boîte magique qui quand vous la secouez vous vous demandez bien qu’est-ce qu’ils m’ont envoyé les frères Todeschini (dont on avait tiré leur portrait lors de vendanges avec les soeurs Courselle). A l’ouverture, le choc… ils ont envoyé leur terroir ! En fait un WIT empli de leur terre. Mais aussi des morceaux de sarments de quoi faire griller une entrecôte…enfin une mini-entrecôte et une carte de voeux. Le tout fait main. Ils ont bien du s’amuser à faire leur petites boîtes qui ont fait un petit buzz sur Facebook. C’est un peu comme le festival de Cannes (mais sans sucre ajouté), Prix Spécial « Mangot sapin » ou « Terroir, mon beau terroir, dis-moi qui fait le meilleur vin ».

Les cartes en papier sont ce que les tubes sont aux vinyles, une chanson qui va durer ! © JPS

Les cartes en papier sont ce que les tubes sont aux vinyles, une chanson qui va durer ! © JPS

Allez, bonne année à toutes et tous, merci encore pour vos cartes de voeux, et trouvez de bonnes idées pour l’année prochaine.

18 Jan

Vin…solite : un vigneron des Graves enfouit son vin à 2400 m d’altitude, sous la neige

Ce n’est pas une livraison ordinaire, mais une image des plus vin…solites : une cargaison de vins de Bordeaux transportée par hélicoptère à 2400 m d’altitude. Le vin va vieillir dans des conditions optimales dans l’obscurité et sous la neige. Il sera dégusté au printemps.

Des images

Des images aériennes des 1200 bouteilles de Franck Labeyrie enfouies à Cauterets © Matthieu Pinaud

C’est Franck Labeyrie, viticulteur dans les Graves, qui a eu cette idée géniale d’enfouir 1200 bouteilles de vins blancs et de vins rouges sous la neige.

Pour lui, ces bouteilles vont pleinement se bonifier, dans le noir total, à une température quasi constante proche de 0°

Cette initiative, il l’a menée avec la station de ski de Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées. Une initiative qui en rappelle une autre, celle du Blanc des Cabanes qu’il fait reposer au fond des eaux du Bassin d’Arcachon, une véritable réussite que s’arrache quelques bonnes tables en France et qu’il a présenté en juin dernier lors de Vinexpo.

Il n’est pas le seul à chercher des lieux insolites d’élevage, ainsi en mars dernier les Vins de Turson ont enfoui dans le sable à Message des tonneaux pour rechercher aussi un élevage doux à une température constante de 15°C; il y a aussi eu cette immersion en pleine mer du côté de Ciboure dans les Pyrénées-Atlantiques…

Ces bouteilles ne vont pas rester des lustres, Franck Labeyrie compte bien les récupérer en mai à la fonte des neiges.

Il organisera dans son chai en suivant une dégustation des différentes cuvées de ce vin élevé sous la neige, mas aussi deans ses chais et aussi sous l’eau…

Une innovation qui fait et va encore faire couler beaucoup d’encre, mais sur le blanc, ça va forcément ressortir !

Chapeau Franck !

Regardez la video réalisée par Matthieu Pinaud. Commentaire JP Stahl

17 Jan

Bordeaux : les vins d’assemblages sont rois, mais les vins de cépages commencent à se faire une jolie place

Bordeaux est connu pour ses vins d’assemblages, très appréciés en France et dans le monde, mais dont la lisibilité et la compréhension sont parfois difficile par le consommateur étranger… Bien que les vins d’assemblages soient la règle à Bordeaux, certains vignerons ont commencé à s’amuser à produire des vins de cépages, et ça marche !

Hubert de Boüard a lancé ses vins de cépages dès le millésime 2016 avec un Chardonnay et un Sauvignon © JPS

Hubert de Boüard a lancé ses vins de cépages dès le millésime 2016 avec un Chardonnay et un Sauvignon © JPS

Aux Artigues-de-Lussac, un nouveau chai est sorti de terre récemment. Ici, on ne fait que des vins de cépages.

Image-2En 2016, Hubert de Boüard (co-propriétaire du fameux Angélus 1er Cru Classé A de Saint-Emilion, et oenologue consultant) a lancé ses 100% Chardonnay, 100% Sauvignon, et il a  poursuivi en 2017 avec ses Sémillons, et 3 monocépages en rouge (cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, (et bientôt syrah)). Des vins faciles à comprendre sur les marchés étrangers et notamment en Amérique.

Image-3« Historiquement, on sait que le Chardonnay, ça fonctionne bien à Bordeaux, mais ce n’est pas dans le cahier des charges d’ailleurs on ne fait pas un Bordeaux Chardonnay, on fait un Chardonnay qui est fait à Bordeaux mais c’est un vin de pays de l’Atlantique, pourquoi parce qu’il y a une belle expression, l’idée c’est de faire des vins qu’on a envie de boire facilement. Quand on ouvre un très bel Entre-deux-Mers, souvent c’est un nom de château, on ne sait pas le cépage, on a voulu faciliter et pas laisser à d’autres régions du monde l’opportunité ou l’exclusivité de pouvoir utiliser des cépages qui sont des cépages français. »

Au château Landereau, on réalise sur des vins d'assemblage comme dans bon nombre de châteaux à Bordeaux © JPS

Au château Landereau, on réalise sur des vins d’assemblage comme dans bon nombre de châteaux à Bordeaux © JPS

Dans l’Entre-Deux-Mers, Bruno Baylet, propriétaire du château Landereau réalise un blanc sec d’assemblage avec 20% de sémillon, 70% de sauvignon et 10% de msucadelle. Une production de 200000 bouteilles (sur une production globale de 500000 pour l’ensemble du domaine).

Bruno Baylet du château Landereau en plein assemblage © JPS

Bruno Baylet du château Landereau en plein assemblage © JPS

« L’assemblage nous amène vraiment une complexité aromatique, avec le côté minéral et agrumes du sauvignon, le côté citronné, poire et fruits blancs du sémillon, avec ce gras et cette onctuosité ; et on va avoir également les petites notes florales de la muscadelle, » selon Bruno Baylet du château Landereau.

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Avec ses 80 hectares, Bruno Baylet a de quoi s’exprimer, il a toutefois réservé 1 hectare de son terroir d’argile rouge et de graves pour réaliser un 100% Syrah qu’il a nommé « le syrah d’ici ».

"Le Syrah d'ici" de Landereau © JPS

« Le Syrah d’ici » de Landereau © JPS

« On a vraiment un côté très épicé, poivré, et derrière on a des arômes de mûre, de cassis, c’est un vin très complet, qui a en même temps une belle structure, un vin gourmand. On a vraiment tenu à faire un monocépage avec cette syrah pour ne pas essayer de l’assembler avec des merlots ou des cabernet-sauvignons parce que je voulais vraiment avoir cette pureté de la syrah. »

Bruno Baylet et son épouse Odile au château Landereau © JPS

Bruno Baylet et son épouse Odile au château Landereau © JPS

A Bordeaux, on s’amuse de plus en plus, on a vu les soeurs Courselle lancer également du Chardonnay ou de la Syrah, de même pour Stéphane Derenoncourt avec un Chardonnay ; à la différence que ces vins de cépages ne sont pas forcément commercialisés en Bordeaux (sauf pour les cépages originaires de Bordeaux), mais en vins de table ou vins de pays. Ils portent alors le nom du cépage, le nom du vigneron ou oenologue célèbre…comme Hubert de Boüard.

Image-1« Là, c’est un pur sauvignon, j’ai voulu faire un sauvignon qui est un peu différent qui ressemble un peu aux sauvignons de Loire, qui avait cette tension, cette fraîcheur…. » explique Hubert de Boüard. « Je m’amuse aussi beaucoup, tout en voulant faire de cette entreprise un vrai succès. »

ImageAvec seulement 13000 bouteilles produites en 2016, Hubert de Boüard compte sortir d’ici 4 ans 150000 à 180000 bouteilles de vins de cépages avec 8 variétés différentes. Il y aura même un sparkling.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Nicolas Pressigout et Boris Chague :