13 Jan

Michel Ohayon lance le 1er centre oenotouristique d’Europe depuis les anciennes casernes de Libourne

C’est un projet d’envergure, quasi-pharaonique, qui se dessine à l’emplacement de l’ESOG, l’ancienne école de sous-officiers de la gendarmerie qui a fermé ses portes en 2009. Depuis la mairie de Libourne avait espéré relancer une activité jusqu’à l’arrivée en 2019 de Michel Ohayon. Celui-ci souhaite faire de ces 6 hectares et 14 bâtiments un complexe totalement repensé, tout en gardant les anciennes casernes, pour en faire le 1er centre oenotouristique d’Europe où l’on va trouver « la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial », sans compter une offre de prêt-à-porter de luxe et un hôtel 5 étoiles, comme l’Intercontinental de Bordeaux.

Le projet de centre oenotouristique avec une reconversion des casernes de Libourne par © Michel Ohayon et Michel Pétuaud-Létang

C’est un projet qui décoiffe, en ces temps de paralysie et de pandémie covidaire… « Osons ! », aurait dit en son temps, Jean-Pierre Elkabbach. Eh bien Michel Ohayon, y croit et se lance avec de très nombreux partenaires dans un projet grandiose qui risque de faire passer Bordeaux désormais pour le « petit poucet », face à Libourne qui pourrait devenir l’ogre oenotouristique !

Michel Pétuaud-Létang, Michel Ohayon, Philippe Buisson et Jean-Philippe Le Gal © JPS

C’était cet après-midi un show que nous offraient Michel Ohayon, et Philippe Buisson depuis la salle des mariages de la Mairie de Libourne, avec la présence également de l’architecte bordelais Michel Pétuaud-Létang et Jean-Philippe Le Gal adjoint au maire en charge des casernes. La découverte de ce que Michel Ohayon dépeint comme « le 1er centre oenotouristique d’Europe »:

Michel Ohayon © JPS

Ce sera la plus grande cave mondiale, le grenier du vin mondial, et à côté de cela vous aurez toute une offre de mode très forte, des équipements de la personne, dans le luxe à prix très accessible, on va aussi dupliquer le grand hôtel intercontinental de Bordeaux ici au milieu des vignes, d’ailleurs le bâtiment a des similitudes assez fraternelles avec ce bâtiment », Michel Ohayon

La conférence de presse « historique » à 14h depuis l’Hôtel de Ville de Libourne © JPS

Le projet est assez dantesque, d’ailleurs Michel Ohayon décrit dans son exposé « 2 bâtiments de plus de 120 mètres de long » que sont l’aile des soldats et le manège, perpendiculaires au Pavillon des Officiers. Ces casernes, que nous avons revisitées ce matin, font intimement partie de l’Histoire de Libourne, construites à partir de 1766 sous Louis XV et jusqu’en 1877, sous la IIIe République.

Jean-Philippe Le Gal,  adjoint au projet urbain de la ville de Libourne et aux casernes © JPS

Nous sommes sur un site patrimonial fermé depuis 2009 de 6 ha avec 31000 m2 de bâtiments en plein centre ville,  c’est un lieu vivant patrimonial auquel les libournais sont attachés et donc nous souhaitons le faire revivre et en faire un centre d’attractivité de Libourne », Jean-Philippe Le Gal

 Même si le projet n’est « pas encore abouti » comme le précise Philippe Buisson, il est déjà pas mal avancé, une vidéo immersive a d’ailleurs été projetée cet après-midi à la presse. Fini donc le « dossier fantôme de l’ESOG », bonjour au temple de l’oenotourisme souhaité par Michel Ohayon qui va donner sa propre vision de ce qu’est l’oenotourisme, un terme qu’il n’aime pas forcément, mais qui sera redéfini par ce complexe touristique, commercial et multi-culturel… Car qu’on ne s’y trompe pas Michel Ohayon  mise avant tout sur une rencontre d’hommes, avec « Philippe Buisson et son dynamisme qui m’encouragent et me donnent envie de faire », épaulé aussi par son ami architecte Michel Pétuaud-Létang.

« Ecrire un rêve nécessite beaucoup de contraintes », fort de ce constat et du respect des casernes existantes, il y aura aussi de nouveaux bâtiments et également un décaissement pour permettre d’envisager des déambulations sur plusieurs niveaux avec plusieurs chemins d’accès à tous ces commerces de vin, de bouche et d’habillement…

L’ancien manège à chevaux deviendra-t-il une gigantesque cave ? © JPS

« Le site vient en numéro 2, même si tout le monde dit toujours l’emplacement, l’emplacement »...continue Michel Ohayon qui reconnaît que « si cela n’avait été qu’un projet hôtelier, je reconnais que je ne l’aurais pas fait…La nous avons près de 7 ha en coeur de ville, avec une architecture remarquable, une alliance, une alchimie entre le minéral et le végétal… »

Il y a peu d’individus en France qui peuvent porter un tel projet avec une telle crédibilité et incontestablement Michel Ohayon en est un, en plus c’est un acteur girondin, un grand hôtelier bordelais et un viticulteur libournais…C’est l’histoire d’une rencontre comme il l’a dit d’hommes mais aussi d’un lieu, il a flashé », Philippe Buisson Maire de Libourne

D’autant comme le précise Michel Ohayon que Libourne est doté d’infrastructures qui emportent la mise aussi avec « une gare, un port, des infrastructures autoroutières » non loin. Et puis comme il dit « Libourne est au coeur de la bourgeoisie bordelaise qui fait notre blason, au coeur du vignoble connu mondialement Saint-Emilion, Pomerol, Bordeaux, près des plages océanes, avec un patrimoine exceptionnel ». Bref un cocktail ou un nectar qui devrait attirer l’abeille ou plutôt le touriste. Allez soyons fou, on a parlé peut-être de plusieurs millions qui pourraient venir jusque là. Il faut dire que Michel Ohayon dispose aussi de très nombreux partenaires 150 avancés dont les groupe LVMH ou Kéring qui seront de la partie.

Le Pavillon des Officiers ○ JPS

« L’idée, c’est de faire un endroit où près de 150 marchands vont présenter dans un décor de pierre, de bois, moyenageux ou futuriste, quelque chose d’exceptionnel, l’écrin sera sublime ! » En prime, Michel Ohayon compte également créer ici un musée automobile pour des vieux bolides des années 30 à 60, , un centre d’art contemporain et un lieu dédié à la brocante, des activités qui se complètent bien et plaisent aux amateurs de vin.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Jean-Michel Litvine, montage Robin Nouvelle: 

12 Jan

Boeing-Airbus: l’UE «regrette» les nouvelles taxes américaines et attend Biden

Côté Châteaux vous en parlait il y a une semaine, avec Georges Haushalter qui s’exprimait pour le négoce bordelais… Les nouvelles taxes, ce baroud d’honneur lancé par Donald Trump font réagir partout sur la planète vin en France et dans l’Union européenne. Bruxelles a dit «regretter» l’entrée en vigueur mardi de nouvelles taxes américaines sur certains produits européens dans le cadre du vieux litige entre Boeing et Airbus, qu’elle espère solder avec l’arrivée prochaine du président Joe Biden.

«Nous regrettons que les États-Unis aient choisi d’ajouter d’autres produits de l’UE à leur liste de représailles», a déclaré mardi une porte-parole de la Commission européenne.

L’exécutif européen se dit «impatient» de s’engager «de manière constructive avec la nouvelle administration américaine pour résoudre ce différend de longue date dans le cadre d’un programme transatlantique renouvelé», a-t-elle insisté.

Cette administration «aura les mains libres pour négocier», ont renchéri les producteurs de cognac par la voix du directeur général de leur interprofession (BNIC), Raphaël Delpech.

Nous espérons que le gouvernement français, l’Union européenne trouveront les moyens d’engager une discussion extrêmement rapide avec cette nouvelle administration pour d’une manière ou d’une autre arriver au moins à sortir nos produits de ce mauvais pas et suspendre les droits actuellement appliqués», Nicolas Ozanam, directeur général de la fédération des exportateurs de vins et spiritueux en France (FEVS).

«Les sujets ne seront pas réglés le 21 janvier du fait de l’arrivée de M. Biden», a toutefois averti M. Ozanam, soulignant l’urgence de la situation, les entreprises perdant de la trésorerie et risquant de perdre des parts du premier marché mondial, avec «potentiellement plus d’un milliard d’euros de pertes pour le secteur».

«Nous exhortons vivement les États-Unis, l’UE et le Royaume-Uni à retourner à la table des négociations sans délai et à parvenir à un accord pour suspendre immédiatement ces taxes», a déclaré une coalition de 21 organisations commerciales américaines, britanniques et européennes du secteur des vins et spiritueux.

L’application des nouvelles taxes est «contreproductive» et «ne contribue pas à créer un climat de confiance pour trouver une solution négociée», a estimé pour sa part Airbus, qui fait «confiance» à l’Europe pour défendre ses intérêts.

Washington avait annoncé en fin d’année des droits de douanes supplémentaires à partir du 12 janvier, visant des produits français et allemands: +25% sur les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et +15% sur les pièces de fuselage, d’empennage et autres pièces aéronautiques.

Ces taxes entrent en vigueur à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, pendant lequel les relations commerciales des États-Unis avec l’UE se sont profondément détériorées.

Elles s’ajoutent à celles imposées depuis 2019 sur des produits européens (vin, fromage, huile d’olive, whisky) et sur les avions d’Airbus. Washington avait été autorisé à les appliquer par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans une décision miroir en octobre 2020, l’institution avait également autorisé l’UE à mettre en place des tarifs sur des produits importés des États-Unis.

Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’Union européenne et les États-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’OMC sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales, dans le conflit commercial le plus long et le plus compliqué traité par le juge de paix des échanges mondiaux.

Les États-Unis ont été autorisés à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, la sanction la plus lourde jamais imposée par l’OMC. En représailles, l’UE impose depuis début novembre des droits de douane sur 4 milliards de dollars d’exportations américaines.

AFP

10 Jan

Un thermopolium, « fast-food » antique, découvert intact à Pompei

Un thermopolium, sorte de « fast-food » de rue dans la Rome antique, a été mis au jour à Pompéi, orné de motifs polychromes et dans un état de conservation exceptionnel, ont annoncé fin décembre les responsables du site.

Publication sur © Twitter de Pompeii Sites fin décembre

 

Le comptoir figé par la cendre volcanique avait été en partie exhumé en 2019 mais les travaux ont été étendus pour préserver au mieux l’intégralité de l’emplacement, situé dans un quartier qui était très fréquenté au croisement de la rue des Noces d’argent et de la rue des Balcons.

Outre une fresque déjà connue représentant une Néréide (nymphe marine) sur un cheval, les chercheurs ont retrouvé, peints dans des couleurs vives, des animaux, en particulier de la volaille et des canards colvert qui devaient être consommés avec du vin ou des boissons chaudes. Et surtout, les scientifiques ont retrouvé dans les creusements de la table des reliefs alimentaires qui pourraient apporter de précieuses informations sur les habitudes gastronomiques à Pompéi au moment de l’éruption du Vésuve en 79 après JC.

Un fragment d’os de canard, mais aussi des restes de porc, de chèvre, de poisson et d’escargots ont été récupérés dans les pots en terre cuite. Plusieurs ingrédients étaient cuisinés ensemble, un peu comme une paella. Au fond d’une jarre ont été trouvées des fèves pilées, lesquelles servaient à modifier le goût du vin.

En plus d’être un témoignage sur la vie quotidienne à Pompéi, les possibilités d’analyse de ce thermopolium sont exceptionnelles, parce que pour la première fois on a exhumé un environnement entier », Massimo Osanna, directeur général du parc archéologique de Pompéi

Des amphores, une citerne et une fontaine, ainsi que des ossements humains, ont été découverts à proximité, notamment ceux d’un homme d’une cinquantaine d’année près d’un lit d’enfant. « L’échoppe semble avoir été fermée à toute hâte et abandonnée par ses propriétaires, mais il est possible que quelqu’un, peut-être l’homme le plus âgé, soit resté et ait péri au cours de la première phase de l’éruption, dans l’effondrement du grenier », a expliqué Massimo Osanna dans un entretien à l’agence Ansa.

L’autre corps pourrait être celui d’un voleur ou d’un fugitif affamé « surpris par les vapeurs ardentes avec à la main le couvercle du pot qu’il venait d’ouvrir », a-t-il ajouté.

Les thermopolium (du grec « thermos » qui signifie chaud, et « pôléô » qui signifie vendre) étaient très populaires dans le monde romain. Pompéi en comptait 80 à elle seule.

Pompéi, ensevelie par l’éruption du Vésuve en 79 après JC, est le deuxième site le plus visité d’Italie après le Colisée de Rome, avec près de quatre millions de visiteurs en 2019. Seul un tiers du site, qui s’étend actuellement sur 44 hectares non loin de Naples, a été mis au jour par les archéologues.

AFP

06 Jan

Bordeaux : 1 hectare de vigne peut se vendre 5000 euros, le même prix qu’1 m2 dans l’immobilier, un phénomène toutefois assez exceptionnel

Bernard Bouchon, vigneron à Bordeaux, pensait passer une retraite paisible, mais son fermage a été abandonné l’an dernier et le prix à l’hectare de ses vignes diminue régulièrement. Le foncier viticole a encore quelque peu diminué depuis un ou 2 ans sur les petites appellations de Bordeaux, il se situe autour de 12000 à 15000 euros selon la SAFER, mais sur certains terroirs, gélifs ou couloirs de grêle, les prix peuvent tomber à 5000 € voire ne plus se vendre du tout. Et à côté de cela, une vente a eu lieu l’an dernier à Pomerol à 8,5 millions l’hectare ! Côté châteaux a mené l’enquête.

Le constat de Bernard Bouchon sur la baisse de son patrimoine viticole © JPS

Bernard avait un nom prédestiné… Bouchon. Pour sûr, prédestiné au métier de vigneron et à Bordeaux, qui plus est, on l’était de père en fils…« Vous me demandez depuis quand je suis vigneron ? Depuis ma naissance ! Je suis fils de viticulteur et il n’était à l’époque pas envisageable qu’un fils de viticulteur puisse faire autre chose… A 14-15 ans, on travaillait déjà à la vigne… »

S’il a pris sa retraite en 2016, c’est aussi pour permettre à son épouse d’avoir elle-même une petite retraite en lui transférant une partie de propriété, même s’il sait que la retraite de sa femme ne sera pas mirobolante. Son château Gadis, il l’a acquis en 1978, 12 hectares achetés auprès de la SAFER dans l’Entre-deux-Mers en Gironde, aujourd’hui il compte 15 hectares au total.

Pour préparer sa retraite, il a vendu 3 hectares, mis 6 hectares en fermage et gardé 6 autres pour faire de l’ordre de 30 000 bouteilles, avec de la vente à la propriété qu’il a essayé de développer au maximum ces dernières années.

Le problème c’est que l’an dernier, celui qui lui louait ses vignes a abandonné le fermage au mois d’avril, en période de covid, car le prix du tonneau qui était monté jusqu’à 1500 € a chuté à 700 €, d’où l’impossibilité pour ce fermier de continuer en vendant à perte. « A 66 ans l’an dernier, je n’ai du coup pas pu trouver quelqu’un et je n’allais pas faire le travail, vu le prix diu tonneau, et donc je n’ai pas travaillé ces vignes… »

J’appartiens à une génération où on avait une fierté à reprendre une exploitation, aujourd’hui la fierté est accolée à un vrai malheur ».

« Le foncier viticole aujourd’hui traduit une difficulté majeure pour beaucoup avec un taux d’endettement assez élevé sur des valeurs foncières autrefois de 25 à 30 000 euros, rendus à 12 à 15 000 euros aujourd’hui avec un cours du tonneau à 700 € alors qu’il était monté à près de 1500… », commente encore Bernard Bouchon. »On est sur le foncier viticole le meilleur marché de France, même les terres arables valent plus cher. C’est insupportable d’arriver à payer moins cher la vigne que la terre nue… »

Dominique Techer porte-parole de la Confédération Paysane © JPS

A ses côtés, Dominique Techer de la Confédération Paysane qui constate que ce que vit Bernard est « général et un drame silencieux car on n’en parle pas.Les gens font leur comptes et donc tout ce que j’ai en fermage je l’abandonne, parce que je ne gagne pas d’argent dessus, et donc il y a des retraités qui gagnent 600 à 800 € de retraite, ils avaient un fermage pour faire un complément de retraite, et ils se retrouvent avec zéro » (rentrée au niveau du fermage).

« C’est dramatique parce ce que les viticulteurs ont investi en fonction de cette valeur du foncier viticole et de l’hectolitre de vin, donc les gens qui ont fait des investissements vont se retrouver dans une situation où la valeur de leur patrimoine ne suffira pas à rembourser les dettes qu’ils ont auprès du Crédit Agricole…J’éprouve un sentiment de tristesse car une profession que j’ai aimée , que j’ai connue toute ma vie , qui en arrive à une telle situation est une profession en perdition…je ne sais pas ce qu’il va en rester sur la génération suivante… » poursuit Bernard Bouchon.

Confirmation de cette tendance auprès du président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, Stéphane Gabard, rencontré sur son domaine à Galgon : « au niveau des prix on constate une légère baisse, mais un marché assez stagnant.

Il y a quelques ventes qui s’effectuent mais cela va dépendre de la situation des terroirs, des parcelles, les bons terroirs ou à côté d’exploitations dynamiques ont tendance à se vendre, par contre on obtient des secteurs où là il y a carence d’acheteur et là ce n’est même plus une question de prix, il n’y a plus du tout de preneur »,  Stéphane Gabard pdt Bordeaux et Bordeaux Supérieur

Stéphane Gabard, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur © JPS

« On a un marché qui est très compliqué depuis quelques années avec des prix qui sont plutôt à la baisse, avec une succession de catastrophes naturelles qui impactent grandement nos récoltes donc une situation pour le viticulteur quand même assez dure, on a une pyramide des âges aussi passablement inversée avec une  majorité d’exploitations conduites par des personnes qui sont âgées voire très âgées, qui n’ont pas obligatoirement de repreneur, les métiers de la terre ne font plus rêver, on a une désaffection dans les lycées agricoles de jeunes en formation; donc voilà beaucoup de surfaces à prendre, qui doivent changer de propriétaires et tout compte fait peu d’acquéreurs. »

Michel Lachat, directeur départemental de la SAFER Gironde © JPS

Pour Michel Lachat, gardien du temple ou plutôt de ces chiffres des transactions, en tant que directeur départemental de la SAFER Nouvelle-Aquitaine: « le vignoble bordelais est en crise, on peut dire, cela ne date pas du covid, les premiers signes on les a constaté en 2019 avec des vignes à vendre en situation importante, le nombre d’acheteurs qui diminue du fait de la situation économique: on a un rapport entre l’offre et la demande qui se détériore avec une offre conséquente et une demande plutôt légère », Michel Lachat directeur SAFER 33. Sans compter la disparité des prix avec certains hectares qui peuvent se vendre 2 à 3 millions d’euros à Pomerol, Pauillac ou Saint-Emilion et puis sur des parcelles les moins intéressantes du bordelais quelques milliers d’euros.

Le coeur du marché en vignes AOC Bordeaux se négocie entre 12000 et 15000 euros l’hectare pour des vignes en bon état, par contre pour des vignes mal placées, qui ont subi des sinistres climatiques liés au gel et dont le matériel végétal est en mauvais état, là on peut tomber assez bas, il y a eu des transactions à 5000 à 6000 € l’hectare effectivement », Michel Lachat directeur service foncier Gironde de la Safer

« Après pour des plateaux bien exposés notamment de l’Entre deux Mers avec des vignes bien structurées (d’un seul tenant) et des vignes qui sont aux normes par rapport au cahier des charges de l’appellation bordeaux, on voit encore des transactions se réaliser à 17000-18000 € l’hectare voire 20000 € même si ce n’est pas la règle aujourd’hui (entre 12000 et 15000€ l’hectare). Bordeaux est riche de 1000 et un talents en terme de viticulteurs et les périodes de crise sont aussi pour des personnes innovantes des périodes particulières pour exprimer un talent particulier. Dans cet environnement un peu dégradé, il y a des gens qui continuent à y croire et à investir »

Et pour être tout-à-fait juste, Michel Lachat souligne que « des jeunes continuent à s’installer avec des dispositifs un peu particuliers, soit parce qu’ils ont pu bénéficier de portage du foncier (la SAFER achète du foncier qu’elle stocke pendant 5 ans, ce qui permet à ces jeunes d’exploiter pendant 5 ans avant d’avoir à payer la première annuité foncière), soit en ayant recours à des groupements fonciers viticoles, on trouve toujours des investisseurs qui vont le mettre à disposition de viticulteurs qui vont l’exploiter, cela existe et peut permettre à des jeunes de se lancer en viticulture. »

 

Certaines vignes dont le fermage a été abandonné n’ont pas été travaillées l’an dernier © JPS

CA ce jour Bordeaux compte 5800 vignerons qui exploitent 110000 hectares de vigne, selon le CIVB, la surface moyenne est de 19 ha par vigneron, la production annuelle est en moyenne de 5 millions d’hectolitres de vin, 3 millions 900000 hectolitres ont été commercialisés sur les 12 derniers mois.

Prix du foncier moyen par appellation dans le vignoble bordelais selon la SAFER (chiffres actualisés):

  • Bordeaux-Bx Supérieur : 12000 – 15 000 €
  • Entre-Deux-Mers : 12 000 – 15 000 €
  • Côtes de Bordeaux : 13 000 – 20 000 €
  • Graves : 27 000 – 50 000 €
  • Sauternes : 30 000- 35 000 (et jusqu’à 100 000 proche Yquem)
  • Médoc : 35 000 – 50 000€
  • Haut-Médoc : 50 000 – 80 000
  • Saint-Estèphe : 280 000 – 900 000
  • Margaux : 1,2 million à 2 m
  • Pauillac : 2,5 à 3 en augmentation avec une vente à 3,5 m
  • Saint-Emilion de 200 000 0 2,5-3 millions
  • Pessac-Léognan de 450 000 à 700 000 €
  • Pomerol 2 à 3 millions avec une vente exceptionnelle à 8,5 millions d’euros (sur micro parcelle)

04 Jan

Donald Trump élargit la taxe de 25% à tous les vins français, réaction de Georges Haushalter pour le négoce bordelais

A compter du 12 janvier, la taxe américaine qui ne s’appliquait que sur les vins qui titraient moins de 14° d’alcool va être étendue à tous les vins français. Un nouveau coup dur, alors que certains avaient réussi à éviter cette taxe. Réaction de Georges Haushalter, vice-président du Négoce Bordelais, dans le 12/13 de France 3 Aquitaine.

Georges Haushalter en avril 2019 lors de la dégustation des primeurs © JPS

Tous les vins de Bordeaux vont être concernés. « Jusqu’à présent, nos vins qui titraient plus de 14° d’alcool n’étaient pas taxés mais à partir du 12 janvier prochain, ce sera tous nos vins, il n’y aura plus d’échappatoire… La situation était déjà dramatique, elle sera vraiment catastrophique », commentait ce samedi midi Georges Haushalter vice-président du Négoce Bordelais.

Le marché américain constitue le 2e marché à l’export pour les vins de Bordeaux avec 200 millions d’euros, derrière la Chine et Hong-Kong 500 millions, et devant le Royaume-Uni avec 195 millions.

Nous avons déjà perdu 1/3 de nos affaires aux Etats-Unis, sur les 12 derniers mois et nous nous apprêtons à subir un deuxième choc, ce sera probablement aussi grave » Georges Haushalter vice président du Négoce Bordelais.

« C’est d’autant plus ennuyeux que c’est un marché rémunérateur qui achète les vins les plus hauts de gamme et profitables pour nos vignerons… », ajoutait Georges Haushalter. Aujourd’hui, Bordeaux ne peut pas absorber ce surcoût de 25% :

Et d’ajouter :« Pour absorber ces 25%, il faudrait qu’on baisse de 33% le prix de nos vins pour compenser cette taxe, évidemment c’est inabordable, nous ne pouvons pas le faire. Donc nous allons encore en subir les conséquences. Nous demandons au gouvernement depuis plus d’un an de compenser ce préjudice dont nous ne sommes pas responsables, parce que cela vient d’un conflit avec l’aéronautique mais nous ne sommes pas entendus, nous n’avons aucune aide pour le moment, et donc c’est notre filière qui est en train d’être détruite avec des parts de marchés perdues...qui seront extrêmement coûteuses à rattraper dans un marché extrêmement concurrentiel et très changeant comme celui des Etats-Unis ».

Un marché qui ne cesse de subir des lourdeurs administratives avec en prime le Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne : « c’est un frein de plus, mais nous ne sommes pas inquiets fondamentalement parce que le marché britannique aime les vins de Bordeaux depuis des siècles…donc à long terme, il ne devrait pas y avoir d’impact, surtout du fait de l’absence de taxe douanière, mais effectivement il y aura des complications administratives et je pense que les premiers mois vont être difficiles et vont contribuer à encore ralentir nos exportations. »

Regardez l’interview de Georges Haushalter par Hélène Chauwin sur le plateau du 12:13 de France 3 Aquitaine le 2 janvier 2021: 

03 Jan

Concours de Bordeaux le 24 avril au Palais des Congrès : les inscriptions commencent demain

La 65ème édition du Concours de Bordeaux, organisée par la Chambre d’Agriculture de la Gironde, se tiendra le samedi 24 avril 2021 au Palais des Congrès de Bordeaux. Les inscriptions commencent demain.

 C’est ce lundi 4 janvier que s’ouvrent les inscriptions pour les producteurs et ce jusqu’au 29 janvier.

Tous les producteurs de vin, caves particulières, caves coopératives ou négociants, peuvent concourir. Les trois derniers millésimes, blancs, rouges, rosés, crémants, en vrac ou en bouteille peuvent être présentés.

Les dates à retenir:

  • du 4 au 29 janvier : inscriptions des vins sur www.concours-de-bordeaux.com
  • du 2 au 19 mars : prélèvements des vins à la propriété
  • du 15 mars au 9 avril : inscriptions des dégustateurs
  • du 2 au 12 avril : mise en jury des vins candidats
  • samedi 24 avril : dégustation au Palais des Congrès

Avec Chambre d’Agriculture de la Gironde

01 Jan

Retour en 20 photos sur l’année 2020

Cette année 2020 n’aura pas été une année prolifique au niveau de la viticulture et des clichés à prendre lors de la production ou des événements pour le moins annulés, alors que devaient se tenir la Fête du Vin de Bordeaux et différents salons. Il n’empêche, des événements climatiques sont survenus et malgré tout le millésime 2020 a passé le cap sans trop d’encombres, mis à part une poussée de mildiou et la sécheresse. Une petite production s’annonce, mais de qualité. Retour sur les articles du blog les plus partagés.

Jean-François Janoueix propriétaire du château Haut-Sarpe © JPS

Gérard Descrambres montrant un dessin de Vuillemin © JPS

Valérie Eymas du château La Rose Bellevue sur le stand des Côtes de Bordeaux © JPS

Olivier Cuvellier, Armelle Cruse et Laurent Vaché à la présentation du nouveau classement des Crus Bourgeaois du Médox © JPS

Bernard Lartigue avec son chien © Loic Siri

AVRIL : la grêle au printemps en Gironde et Dordogne, ici le 17 avril

Un rang de vigne avec des abats de grêle au © château Le Raz

Yves Beck avec Eric Boissonneaut

MAI : les exportations et ventes dans les hôtels, cafés et restaurants patinent à Bordeaux du fait de la pandémie de coronavirus

Nicolas Carreau © Jean-Pierre Stahl

JUIN : Des primeurs à la mode covid-19 en juin, des dégustations allégées sur le millésime 2019

La dégustation de l’UGCB vendredi 5 juin au Grand Hôtel Intercontinental de Bordeaux © JPS

Philippe Massol, invité du 12/13 sur France Aquitaine © JPS

JUILLET : Côté châteaux N°15 spécial vignerons indépendants

Alors qu’aucun salon de vignerons indépendants n’a pu se tenir à Bordeaux, reportés 3 fois et renvoyé à l’an prochain, Côté Châteaux les mets à l’honneur ici avec Daniel Mouty, dans son chai à barriques à Sainte-Terre © JPS

AOUT : Vendanges précoces (17 août…) et réchauffement climatique, un numéro spécial consacré à ce phénomène par Côté Châteaux

Les deux symboles de ce millésime 2020, une belle grappe de sauvignon, tenue par Eric Perrin, dans le contexte de crise sanitaire © JPS

Laurent Cassy, le président des vignerons bio de Nouvelle Aquitaine JPS

SEPTEMBRE : Scoop Côté Châteaux, le Tour de France va passer en juillet 2021 à Libourne et Saint-Emilion

Bernard Lauret, le maire de Saint-Emilion : « bien sûr j’ai sauté de joie ! »

OCTOBRE : Focus sur l’appellation Saussignac dans le Côté châteaux n°17

Thierry Daulhiac du château le Payral © JPS

Marc Vanhove, créateur des Bistro Régent © JPS

Dégustation avec des journalistes, restaurateurs, sommeliers avec Stéphane Derenoncourt comme parrain © JPS

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Brice et le tressage de la vigne © Marie-Lys Bibeyran

30 Déc

Les Petites Mains de l’Ombre, un joli ouvrage qui met en valeur ces anonymes, travailleurs de la vigne par Marie-Lys Bibeyran

Voilà une idée de cadeau à faire en cette fin d’année : « les Petites Mains de l’Ombre, Gestes & Savoir-Faire des Vins du Médoc », un livre de 114 pages de photos et de textes réalisé par Marie-Lys Bibeyran, elle même travailleuse à la vigne, qui a souhaité mettre en lumière tous ces anonymes sans qui aucun grand vin ne pourrait être produit. Un hommage aux travailleurs de la vigne. Côté château lui décerne la rubrique « Vigneron du Mois »

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Marie-Lys, à quand remonte cette idée d’écrire ce livre et de photographier les « Petites Mains de l’Ombre » ?

Marie-Lys Bibeyeran : « en fait, j’ai commencé à faire des photos en janvier 2019, sans aucune idée précise, sans ce que je pouvais en faire… J’avais envie d’immortaliser des gestes, un savoir-faire, je trouvais cela beau et surtout je ne comprenais pas qu’il n’y ait rien de fait là-dessus, alors que le vin est pourtant un produit sacré… Cela a donc duré quelques mois, j’ai compilé des photos et mon entourage, notamment d’Info Médoc Pesticides m’en a dit beaucoup de bien, donc j’ai fait d’abord un calendrier, puis un livre et bientôt une expo photos. »

JPS : « Ce livre est donc un recueil de photos de ces Petites Mains de l’Ombre ? »

Marie-Lys Bibeyeran : « Oui, on y trouve une bonne cinquantaine de photos, chacune accompagnée d’un texte. On part d’une saison de taille et on suit les travailleurs des vignes sur 4 saisons, avec les travaux de sécaillage, pliage et taille… Chaque tâche est décortiquée, décrite et expliquée avec des termes techniques. Je fais référence aussi à un vocabulaire local, certaines choses se disent d’une certaine manière dans le Médoc et autrement sur d’autres etrritoires de la Gironde ».

« J’ai souhaité également prendre ces photos de ces travailleurs de manière anonyme, avec simplement leur prénom, il est nécessaire de respecter ainsi l’anonymat pour éviter qu’ils ne subissent une quelconque pression. »

« C’est avant tout une volonté de mettre en lumière tout le travail de réalisation d’un vin, qui est totalement obscurci ».

JPS : « Pour vous, il n’y a pas suffisamment de mise en valeur de ces travailleurs ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Il n’y en a pas du tout, c’est aberrant. Le vin est un produit sacré, on a l’impression que le raisin pousse tout seul, c’est incompréhensible de ne pas mettre en avant ce savoir-faire. Ce n’est pas un travail simpliste, c’est très technique, sans parler de la pénibilité… »

« C’est très important que Dominique Feydieu (maire de Cussac-Fort-Médoc et vigneron) signe la préface, que ce soit un employeur. Je précise qu’on n’est pas là sur la question des pesticides, ni contre les employeurs, cela prouve qu’on peutr être employeur et faire vivre une entreprise dans le respect des travailleurs ».

Ce sont des beaux châteaux et des grands crus, mais tout cela n’existerait pas si on n’avait pas les Petites mains de l’Ombre et leur savoir-faire » Marie-Lys Bibeyran

Le sécaillage par Miguel © Marie-Lys Bibeyran

JPS : « Qui sont ces Petites Mains de l’Ombre dans votre ouvrage ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Ce ne sont que des travailleurs du Médoc, des permanents et des saisonniers, de toutes les appellations du Médoc. Ce sont des gens passionnés qui ont un lien viscéral avec la vigne. Moi-même je suis saisonnière dans les vignes, je peux vous dire que c’est rude, mais quand bien même ils ont une grosse conscience professionnelle, ils parlent avec beaucoup d’affection de leur vigne. Il y a aussi des gens qui sont arrivés de l’étranger, ou d’autres pas natifs du Médoc, et qui maintenant sont en CDI, il y a vraiment tous les profils… »

JPS : « Ces travailleurs, ces petites mains sont-ils ou sont-elles bien rémunéré(e)s ? »

Marie-Lys Bibeyran : « Absolument pas, il y a des gens qui sont là depuis une dizaine d’années et qui sont toujours au SMIC, ils ne gagent pas plus de 1200 euros. Les gens qui gagnent plus sont souvent au prix fait ou au rendement, il peut leur arriver de faire deux journées en une, ce pour améliorer leur niveau de vie. Au niveau reconnaissance sociale, cela traîne les pieds, tant au niveau du salaire que de la Mutualité Sociale Agricole, et avec après des problèmes de santé. Ces dernières années, on parle de plus en plus de robotisation, mais on n’obtient jamais la même qualité, ni le même savoir-faire qu’avec la main de l’homme. »

Brice et le tressage de la vigne © Marie-Lys Bibeyran

JPS : « Et là, en ce moment on est justement en plein dans l’actualité avec la taille de la vigne… »

Marie-Lys Bibeyran : « oui, en ce moment, on est en plein dedans. C’est la tâche qui dure le plus longtemps, de fin novembre à fin mars. De la taille dépend la récolte. Chaque tache a son importance. Avec le réchauffement climatique, le débourrement se fait de plus en plus tôt et il faut aller vite pour avoir au final et la qualité et la vitesse du travail ainsi fait.

Une belle idée serait pour les châteaux d’associer les travailleurs de la vigne en donnant le prénom de l’un d’eux à l’une de leur cuvée.

« D’autant que certains châteaux produisent 2, 3 ou 4 vins par propriété, donc ce serait une belle reconnaissance en donnant un prénom à une cuvée pour montrer leur implication. Mon père était maître de chai, j’ai grandi au milieu de ces gens qui ont vécu dans une misère sociale, vous n’avez effectivement pas beaucoup de considération quand vous travaillez dans la vigne ».

« Mais ce que je veux souligner c’est que je ne suis pas anti-viticulteur, j’aime une viticulture paysane, humaniste et c’est possible de concilier tout cela.Mon livre est un hommage aux travailleurs de s vigne et à cette viticulture-là. »

« Les travailleurs des vignes ont été emballés par le projet, enthousiastes à y participer : « enfin, on parle de nous ! », m’ont-ils dit, dans le respect et l’anonymat. »

Les Petites Mains de l’Ombre, par Marie-Lys Bibeyran, 114 pages, à consommer sans modération, 14 €, disponible sur le site thebookedition , à la Cave les Maîtres du Vin à Saint-Médard-en-Jalles, Maisons de la Presse de Pauillac et Castelnau, librairie de Corinne à Soulac, salon de thé KTea à Saint-Estèphe et à la Fnac et sur Amazon.

27 Déc

Brexit: la filière champagne soulagée d’un « deal » avec la Grande-Bretagne, son marché historique

James Bond sans son Bollinger ? Des mandats royaux de la Famille d’Angleterre sans ses Maisons choisies ? La filière champagne, qui a tissé des liens historiques avec la Grande Bretagne, a accueilli avec soulagement le « deal » du Brexit.

le Royaume Uni ne fait plus partie de l’UE depuis février dernier © JPS

« Un immense soulagement », assure même Jean-Marie Barrillère, président de l’Union des Maisons de Champagne (UMC), qui résume: « C’est la bonne fin d’une trop longue histoire ». Une réaction à la hauteur des craintes qu’avait suscitées l’idée d’un « no deal »: « Vous vous rendez compte ! S’il n’y a pas d’accord, les Anglais deviennent des étrangers et la Grande-Bretagne un marché aussi lointain que l’Afrique ou l’Asie », s’étranglait-il encore mi-décembre. Ses mauvais rêves d’hier étaient aussi nourris de « nouvelles taxes, formalités douanières, bureaucratie complexe et cauchemars logistiques ».

Ses inquiétudes étaient d’autant plus vives que le marché anglais reste le premier marché en volume pour le champagne, entre 25 et 30 millions de bouteilles chaque année. De surcroît, les mois d’avant-Brexit avaient été favorables aux ventes sur cette zone.

« Les Anglais, particuliers ou importateurs, ont continué de stocker. Nous avons continué d’expédier », résume le président de l’UMC, qui estime à « 10% du marché annuel » le montant des stocks au 31 décembre. James Bond ne manquera donc pas de son champagne officiel pour célébrer son prochain film dont la sortie, deux fois repoussée pour cause de Covid-19, est toujours fixée au printemps 2021.

« Nous avons fait un export d’anticipation, entre un et deux mois de stock, pour passer le cap logistique », confirme Charles-Armand de Belenet, directeur général de Bollinger. « La simple poignée de mains entre Cubby Broccoli, producteur de James Bond, et Christian Bizot de Bollinger dure depuis 1979 », s’étonne presque le dirigeant de « la plus petite des grandes maisons de champagne » comme elle aime se surnommer.

LE MARCHE TIENT BIEN

Devant le coquet siège de Bollinger à Aÿ-Champagne (Marne) où trône un rutilant « Royal Warrant » (mandat royal attestant du statut de fournisseur de la Cour) datant de la reine Victoria, Charles-Armand de Belenet n’a cessé d’afficher une confiance qui détonnait dans le paysage champenois.

« Pas de catastrophisme », défendait-il avec clairvoyance quand les rumeurs de « no deal » plombaient le moral de la filière. « Les Anglais ont une grande résilience. On s’attendait à un choc de confiance. Mais le marché tient bien. Il est plus résistant que le marché français ». Bollinger réalise chaque année en Grande-Bretagne le tiers de son chiffre d’affaires, soit 1,5 million d’euros sur un total de 4,5 millions d’euros en 2019. Sa production est d’environ trois millions de cols par an.

Dans les entreprises de moindre taille, le « no deal » donnait pourtant des sueur froides.  Ainsi, avec une production annuelle de 800.000 bouteilles, dont 20% pour le marché
anglais, la maison Joseph Perrier à Châlons-en-Champagne n’affichait pas les mêmes moyens pour affronter un marché qui serait soudain devenu trop lointain.

« Comme PME, nous ne sommes pas équipés pour gérer tous les papiers de douane d’un marché lointain », s’alarmait avant l’accord Benjamin Fourmon, le directeur général de cette maison longtemps fournisseur officiel de la Famille Royale au point d’en être toujours « le partenaire officieux », n’hésitant pas à évoquer une « catastrophe ».

« Cela fait trois siècles que les vins de champagne ont conquis le coeur des Anglais. Nous allons rester vigilants mais les liens qui unissent la Champagne et le Royaume-Uni nous permettent d’être confiants », conclut Maxime Toubart, le président du Syndicat général des vignerons de champagne. Mais « la vigilance reste de mise, car la Grande-Bretagne quitte quand même l’Union
européenne et le marché unique ».

AFP

24 Déc

Joyeux Noël 2020, année du vin…

Cette année-là, on s’en souviendra. Rien n’a tourné rond à part le corona. Economie flapie, bars, restos fermés, salons et événements arrêtés. Même Terre de Vins qui organisait son Bordeaux Tasting, place de la Bourse puis reformaté au Hangar 14 à Bordeaux a du annuler l’événement pour offrir à la place un numéro spécial en kiosque: les 100 trésors de Bordeaux Tatsting. Peu importe, la vie continue, avec son lot de changements, des jours meilleurs vont forcément arriver. Joyeux Noël à tous.

« Résister Ensemble », c’est le titre de l’édito que signe Rodolphe Wartel, le directeur de Terre de Vins, qui comme tous les organisateurs de salons et d’événementiels cette année a du s’adapter à cause du Covid-19. Il cite d’ailleurs à bon escient Charles Darwin : « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le plus au changement ». Et quel changement ! Bouleversant ou mieux bouleversifiant, bref les boules. Déjà que le monde du vin se prenait dans la tronche les baisses de commandes aux USA à cause de la taxe Trump, une chute des ventes vers Hong-Kong à cause des événements là-bas, des chutes aussi en Chine par ailleurs, celui-ci s’est pris de face la fermeture à 2 reprises des bars et restaurants, grands consommateurs de belles bouteilles et des ventes à l’export qui ont pas mal fléchi… Heureusement que la grande distribution a pu sauver la mise, et encore…

Il n’empêche, malgré ce contexte des plus difficiles, les vignerons, cavistes, restaurateurs ont cherché à s’adapter et les organisateurs de salons aussi en virtuel et proposant d’autres offres comme le fait depuis la mi-novembre Terre de Vins avec ce numéro spécial « les 100 Trésors de Bordeaux Tasting », que l’on aurait du trouver sur le salon de 2020 mais que l’on peut découvrir en kiosque dans ce beau magazine. De quoi faire un peu rêver et donner des idées de bouteilles pour nos réveillons et repas de Noël et Jour de l’an.

Bordeaux Tasting c’est ce rendez-vous annuel des amateurs de vin de la mi-décembre place de la Bourse, qui cette année du fait des règles sanitaires devait se tenir au Hangar 14. Chaque année 200 vignerons stars et 8000 passionnés de grands vins aimaient se retrouver pour échanger et déguster. Cette année le Covid-19 aura eu raison de cet événement. Quand bien même, dans cette résistance Côté Châteaux s’associe et ne résiste pas à l’idée de vous faire redécouvrir son numéro spécial de l’an dernier réalisé avec Sébastien Delalot en bas de cet article.

Vous allez pouvoir apprécier aussi ce magazine collector de Terre de Vins en kiosque, qui « maintient coûte que coûte » le lien et la vie entre passionnés du vin et de se réunir et retrouver même en petit comité pour partager quelques moments autour de plats de fêtes et de bonnes bouteilles. Terre de Vins vous propose d’ailleurs de retrouver ces vins sur bordeauxtasting.com jusqu’au 31 décembre, si ce n’est pas déjà fait.

Comme le dit Rodolphe Wartel et Côté Châteaux dans ses magazines aussi, « prenez-soin de vous », « faites vous plaisir » et « Carpe Diem ». Joyeux Noël les amis.

Regardez le numéro spécial Bordeaux Tasting réalisé en décembre 2019 par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot: 

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