09 Août

Pages d’été : Demo, une exploration des affres de l’adolescence signée Becky Cloonan et Brian Wood

Couv_303837C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Voilà un beau pavé de près de 500 pages qui pourrait bien vous servir d’oreiller sur la plage après lecture, bien évidemment. Demo, c’est son nom, a débarqué en France en mai dernier sous pavillon Glénat, le tout en version intégrale et définitive, de quoi rassasier pour de bon tous ceux qui attendaient fermement ce qui est considéré comme un petit chef d’oeuvre du comics, qui a en tout cas rencontré un immense succès de l’autre côté de l’Atlantique au point d’être nommé comics indé de l’année par Wizard Magazine en 2004 et se retrouver en compétition pour deux Eisner Awards. Rien que ça ! Et quand je dis que les fans l’attendaient fermement, je fais light parce que pour de vrai, ils trépignaient d’impatiente depuis que le bouquin était paru en italien, en portugais et en allemand, c’était il y a maintenant plus de huit ans!

Bref, la vie appartient à ceux qui se lèvent tôt et savent patienter. Au scénario, on retrouve Brian Wood, à qui l’on doit DMZ, Channel Zero ou encore The Couriers, et au dessin, Becky Cloonan, une talentueuse dessinatrice influencée par le manga et par ailleurs responsable de la série East Coast Rising qui lui valut une troisième nomination aux Eisner Awards dans la catégorie « meilleure nouvelle série ». C’est clair, on n’a pas affaire à des amateurs!

Mais que raconte Demo ? Très bonne question. Demo s’intéresse à l’adolescence, vous savez cette période de la vie entre l’enfance et l’âge adulte qui est souvent source de multiples préoccupations. L’originalité ici, c’est que les auteurs parlent des ados, de leur vie, de leurs joies, de leurs peines, à travers des personnages qui collectionnent, en plus des questions existentielles, des superpouvoirs. Dix-huit histoires courtes en tout, indépendantes, concises et nerveuses, à lire entre deux petits ploufs !

Eric Guillaud

Demo, de Becky Cloonan et Brian Wood. Editions Glénat. 30€

© Glénat / Cloonan & Wood

© Glénat / Cloonan & Wood

Pages d’été : Strangers in paradise, le soap opera de Terry Moore réédité en intégrale aux éditions Delcourt

strangersInParadiseT1

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

« Sans amour, nous ne serons que des étrangers au paradis » . Ne me demandez pas qui a écrit ça, je n’en sais rien, mais cette citation qui revient à plusieurs reprises dans le récit de Terry Moore résume bien l’affaire, Strangers in paradise, Étrangers au paradis en bon français, est d’ailleurs le titre de cette série déjà publiée au format comics en France dans les années 2000 et aux States quelques années plus tôt.

Et on s’en fiche à vrai dire de savoir qui – ou simplement si quelqu’un – a prononcé cette phrase, elle est belle et suffisamment explicite pour que chacun comprenne ce qu’est Strangers in paradise, une histoire de vies ordinaires confrontées au quotidien, pas l’enfer mais presque, une comédie de situation ou – histoire de faire plus branché – un soap opéra à la Plus belle la vie. C’est un exemple bien sûr !

Comédie de situation ou soap opéra, l’important est à l’intérieur et de ce côté-là, c’est que du bon. « J’ai commencé à écrire Strangers in paradise parce que je ne trouvais rien de comparable en librairies… », explique l’auteur, « je mourais d’envie de lire une histoire d’amour, d’amitié, de bravoure… ».

Amour, gloire et beauté, non pardon, amour, amitié et bravoure sont effectivement au coeur de Strangers in paradise. Côté casting, l’histoire tourne autour de trois personnages qu’on apprend à connaître et aimer au fil des pages, trois personnages super-attachants, deux filles, Francine et Katchoo, un garçon, David. Pour faire vite, vraiment très vite, David aime Katchoo, Kaztchoo aime Francine, Francine aime les garçons, les garçons n’aiment pas vraiment Francine pour ce qu’elle est.

« J’ai donc abordé ce récit en passant du temps avec ces personnages, jusqu’à ce qu’ils deviennent des êtres que j’ai appris à aimer, avec toutes les émotions et tous les sentiments contradictoires que cela induit, et parfois même avec des comportements imprévisibles et exaspérants. Et de l’espoir, Tout cela parle d’espoir, parce que sans espoir, tout le reste est une tragédie inévitable »

Alors que sort cette intégrale en France, l’auteur aurait annoncé selon les éditions Delcourt son intention de reprendre la série. En attendant, jetez-vous sur ce premier des trois volumes prévus, 600 pages de bonheur scénaristique et graphique pour un prix, il est vrai, assez costaud. Annoncé dans un premier temps à 45€, l’album est finalement arrivé sur les étagères de nos chers libraires à 39,95€. Par les temps qui courent, ça pique un peu !

Eric Guillaud

Strangers in paradise (Intégrale 1), de Terry Moore. Éditions Delcourt. 39,95€

© Delcourt / Terry Moore

© Delcourt / Terry Moore

04 Août

Pages d’été : Ultimex en enfer, Gad au paradis

UnknownC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Dire que le purgatoire ressemble à la ville du Havre, la bonne ville portuaire de notre premier ministre, mérite une sentence sans appel. Mais Ultimex et Steve ne sont plus à ça près. En quatre pages ni plus ni moins de ce nouvel opus sorti conjointement par les éditions lapin et Vraoum, nos deux gaillards se sont attaqués à l’une des institutions de notre pays, l’église catholique, en tirant une balle sur une représentation du christ, en volant l’argent d’une urne, en provoquant un arrêt cardiaque à une bonne soeur qui passait par là et en envoyant un camion citerne chargé de 30 000 litres d’essence sur une église. Alors oui, dire que la ville du Havre ressemble au purgatoire ou inversement, c’est mal, très mal, mais encore acceptable par rapport au reste.

« Quand on a bouffé la vie comme nous, c’est à dire en se bâfrant et en s’en foutant partout, on ne peut pas ignorer l’addition quand le serveur l’apporte ».

Ultimex et Steve iront en enfer, c’est une certitude, mais Gad, l’auteur de cette diablerie, ira lui au paradis tant le scénario, le dessin et les dialogues relèvent d’un savoureux miracle. Deux personnages complètement dingues qui réunissent à eux seuls tous les défauts du monde et au final un album savoureusement irrévérencieux, irrespectueux, punk dans l’âme, qui parle d’enfer, de paradis, de filles, de sexe… C’est trash, totalement trash, souvent scatologique mais drôle à mourir sur le coup sans avoir le temps de prendre un ticket pour l’enfer ou le paradis. Il fallait oser inventer un personnage avec une tête d’oeil, Gad l’a fait. Mieux vaut ça finalement qu’une tête de c… Depuis 2008, Ultimex agite le web et l’édition papier avec une dizaine d’albums au compteur et on est loin de s’en lasser. À lire avant la prière du soir !

Eric Guillaud

Ultimex en enfer, de Gad. Éditions Lapin / Vraoum. 20€

© Lapin Vraoum / Gad

© Lapin Vraoum / Gad

03 Août

Pages dété : Happy Birds ou l’histoire d’un gars fan d’Angry Birds signée Lewis Trondheim et Hugo Piette

happyBirdsC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Il ne mange plus ou mal, il ne se lave plus ou presque, il ne cherche plus de travail, il n’a pas le temps, Pekko ne fait que jouer, jouer et jouer à son jeu préféré, Angry Birds, du matin au soir, du lundi au dimanche. Jusqu’au jour où une offre d’emploi à la mesure de son talent retient son attention. Angry Birds recrute ! Du moins la société qui le produit : Rovio.

Et contre toutes attentes, Pekko est embauché et commence directement en haut de l’échelle. Oui oui, tout en haut, à plusieurs mètres de hauteur, à empiler les cartons de merchandising dans les entrepôts de la société. C’est sûr, il aurait préféré faire partie de l’équipe créative ou  – mieux encore – des testeurs mais il faut bien commencer par un bout. Et dans l’immédiat, ça lui suffit amplement pour draguer les filles à la cafétéria et se prendre parfois pour un oiseau…

Si on ne peut décemment pas ignorer qui est Lewis Trondheim, j’avoue que je ne connaissais pas le dessinateur belge Hugo Piette qui a pourtant signé dans un passé proche Poncho et Semelle chez Sarbacane, Les arrachés : Ni Dieu, ni freins chez Fluide Glacial et plus récemment Varulf avec le Nantais Gwen de Bonneval chez Gallimard/ Bayou. Et c’est mal ! Car Hugo Piette a un sacré coup de pinceau, du genre à vous faire marrer sans même lire les dialogues. C’est dire. Mais bon, comme j’ai récemment appris à lire, j’ai lu.

Et là pas de mystère, Lewis Trondheim, pour ceux qui pourraient en douter, a encore de beaux restes. Non pas qu’il soit vieux mais avec autant de bouquins à son actif, on pourrait imaginer qu’il commence à s’essouffler. Même pas ! Cette histoire de ludophage qui va gravir les échelons du monde du travail comme on gravit les niveaux d’Angry Birds, est tout simplement un petit chef d’oeuvre de rigolade. Pas de cette rigolade blafarde avec le sourire de circonstance hein mais bien avec le rire, le vrai, celui qui fait travailler les zygomatiques.

Mais je m’égare. Happy Birds est un petit chef d’oeuvre donc, je l’ai dit, mais aussi un beau petit bouquin au format à l’italienne avec des gags sur toutes les pages. De quoi en ressortir happy !

Eric Guillaud

Happy Birds, de Lewis Trondheim et Hugo Piette. Éditions Delcourt. 14,95€

© Delcourt / Trondheim & Piette

© Delcourt / Trondheim & Piette

02 Août

Pages d’été : Zorglub décolle à plein tube sous la plume et le pinceau de Jose Luis Munuera

aeMoOEOXYsZhaXVQX0isTYGW03UarSaH-couv-1200 C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un héros est né ! Enfin pas tout à fait, d’abord parce qu’il n’a rien d’un jeunot et encore moins d’un de ces héros extra-ordinaires comme on peut les imaginer, les rêver, les fantasmer. Son nom qui commence par un Z comme Zorro et se poursuit comme une onomatopée aquatique est déjà en lui-même une sacrée gageure. Côté physique, ce n’est pas beaucoup mieux, son crâne largement dégarni et son collier de barbe l’écartent définitivement des rôles de jeunes premiers sur le marché international de la bande dessinée.

Mais peu importe, Zorglub, c’est son nom, n’est pas là pour épater la galerie et émoustiller les midinettes. À 58 ans, ce personnage créé par André Franquin dans l’aventure de Spirou et Fantasio intitulée Z comme Zorglub, a une toute autre réputation à défendre, celle du savant fou et mégalomane capable du pire et parfois, oui parfois, du moins pire. Car Zorglub est un être plus complexe qu’il n’y paraît.

« Pour moi… », confie l’auteur Jose Luis Munuera, « c’est un des personnages de la série les plus riches et les plus vrais, en fin de compte. Même si, au départ, il incarne un archétype, celui du savant mégalomane, celui du méchant des années cinquante, des James Bond des débuts, ce côté-là est contrebalancé par son profil de gaffeur impénitent, de crétin pitoyable qui essaie d’attirer l’attention du monde entier par ses inventions qui se révèlent de plus en plus ridicules ! A cause de, ou grâce à ces contradictions, c’est un personnage qui détient un charme et un potentiel dramatique formidables! ».

À lire Jose Luis Munuera, Il en deviendrait presque attachant. Et c’est le cas. Surtout dans son rôle de père. Oui, Zorglub est papa. C’est du moins ce que met en scène Munuera dans le premier volet de ce qu’on appelle un spin-off, autrement dit une série dérivée, de Spirou et Fantasio.

Impossible bien évidemment de ne pas penser à Gru, le gentil méchant de Moi, moche et méchant, et à sa progéniture, avec cette particularité supplémentaire que la fille de Zorglub, Zandra, pour ne pas la nommer, est un, enfin une… disons qu’elle a des origines inattendues. Mais ceci n’empêche pas celà, Zorglug est un papa poule ultra-protecteur. Impossible d’approcher la fille sans que le père déclenche une guerre totale. André, jeune prétendant l’apprendra à ses dépens…

En résumé, alliant un côté résolument aventure, tendance superproduction hollywoodienne, et une approche intime et sentimentale du personnage et des relations père-fille, La fille du Z est un très bon album offrant une mise en place remarquable de l’univers, avec beaucoup d’action, d’humour, de dérision même. À ce titre, la scène d’ouverture mettant en scène André et Zendra sortant d’une séance de cinéma et regrettant la quantité impressionnante de spin-offs, remakes et autres suites inondant la production tant au cinéma qu’en BD est une merveille ! À défaut de nouvel héros, un univers est né !

Eric Guillaud

La fille du Z, Zorglub (tome 1), de Munuera. Éditions Dupuis. 10,95€

© Dupuis / Munuera

© Dupuis / Munuera

12 Août

Pages d’été : Macha, une aventure humaniste et écologiste de Flora Grimaldi et Maike Plenzke

9782344012390-LC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Sur l’île d’Errance, les Créatures – un ensemble d’êtres magiques aux pouvoirs redoutables – vivent en paix depuis des lustres. Au point de reléguer la guerre au rang de légende. Mais les choses ont subitement changé avec l’arrivée des humains qui ont abattu des forêts entières et parfois tué des Créatures. L’appât du gain. Alors, tout ce que compte l’île d’Errance en habitants s’est réuni pour voter la guerre. Les Danaïdes, les Primals, les Pucas et les Sylvains, tous bien décidés à sauver leur île.

Après Bran, Flora Grimaldi et Maike Plenzke nous plongent une nouvelle fois dans leur univers de fantasy inspiré des contes et légendes celtiques. L’histoire se déroule quelques années avant Bran. On y découvre le passé de Macha et les origines de sa quête. Une aventure teintée d’humanisme et d’écologie magnifiquement mise en images par l’Allemande Maike Plenzke.

Eric Guillaud

Macha, de Flora Grimaldi et Maike Plenzke. Editions Glénat. 14,95 €

© Glénat / Grimaldi & Plenzke

© Glénat / Grimaldi & Plenzke

Pages d’été : Mercredi ou la grande aventure du quotidien selon Juan Berrio

album-cover-large-29868C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Ils sont jeunes, vieux, seuls ou en couples, policiers ou retraités, pauvres ou riches, ils sont tous les habitants d’un même quartier, des voisins en somme qui se connaissent ou pas, se parlent ou pas, se croisent plus ou moins formant une vie de quartier ordinaire un mercredi.

Mais l’ordinaire a parfois tout de l’extraordinaire. Juan Berrio, l’auteur de ce roman graphique paru chez Steinkis en mai dernier, nous le raconte avec beaucoup de finesse et de tendresse faisant ressortir le côté poétique du moindre geste, de la moindre rencontre, de la moindre parole.

Avec un trait, fin et élégant, Juan Berrio met en situation ses personnages à l’aspect fongiforme plus attachants les uns que les autres dans une succession de petites scènes pleines d’humanité… C’est frais, c’est léger, c’est humain, une petite douceur dans un monde de brutes.

Eric Guillaud

Mercredi, de Juan Berrio. Editions Steinkis. 15 €

© Steinkis / Berrio

© Steinkis / Berrio

Pages d’été : Bobby change de linge, un roman graphique qui a de la classe signé Hugues Barthe à La Boîte à Bulles

9782849532584_cgC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

En fait, cet album-là ne traîne pas sur ma table de chevet depuis bien longtemps. Il est tout chaud sorti des imprimeries et n’est pas encore disponible en librairie à l’heure où j’écris ces quelques lignes. Vous devrez patienter jusqu’au 24 août pour le tenir entre vos petites mains, de quoi finir cette période estivale en beauté !

Oui, vraiment, en beauté, car Bobby change de linge est un roman qui a de la classe, beaucoup de classe même, avec un graphisme et une narration qui ne sont pas sans rappeler l’esprit des romans graphiques américains actuels, et surtout une histoire singulière qui nous interpelle, nous interroge sur notre monde, notre société.

La classe populaire est-elle soluble dans la classe bourgeoise ? C’est un peu la question que pose Hugues Barthe dans cet album. Et plus largement, l’ascension sociale est-elle une invention des riches ou un fantasme des pauvres ? Derrière une couverture affichant le rose du bonheur pour la vie et les sourires de façade, l’auteur raconte le parcours de Bobby, oui oui Bobby comme Bobby Ewing du feuilleton Dallas, un parcours pas aussi rose qu’il en a l’air.

Bobby aurait préféré s’appeler Boris comme Boris Vian, Marcel comme Proust, Serge comme Gainsbourg, Arthur comme Rimbaud, mais ses parents ont choisi Bobby. Chacun sa culture. Chacun ses références, me direz-vous. Bobby, vous l’aurez compris, vient d’un milieu très populaire. Et un prénom comme celui-ci n’est pas toujours facile à porter, surtout dans le beau monde.

Et le beau monde, le beau linge comme on dit, Bobby va le fréquenter, mieux il va l’épouser. Elle s’appelle Victoire. Son monde à elle, c’est celui de la culture avec un grand C, les livres, la littérature, les grands auteurs. Son père est patron d’une grande librairie. Bobby travaille d’ailleurs pour lui et est promis à un bel avenir au sein de la petite entreprise familiale.

Oui mais voilà, Bobby veut écrire des livres, pas les mettre en rayon. Et peu importe que certains de ses collègues le considèrent comme un petit prétentieux. Il sait qu’il y parviendra en s’appuyant sur ce monde de la bourgeoisie si loin de ses racines, si proche de ses aspirations…

Bien qu’il ait débuté dans la BD d’humour, le Rouennais Hugues Barthe s’est fait remarqué par les lecteurs et les professionnels du milieu avec des thématiques plus sérieuses, notamment l’homosexualité (Dans la peau d’un jeune homo), ou les violences conjugales (L’Été 79 et L’Automne 79). Avec Boby change de linge, il signe un très bel album, une très belle histoire, traitée avec intelligence et finesse, autour de personnages attachants et jamais caricaturaux… Que du bonheur !

Eric Guillaud

Bobby change de linge, de Hugues Barthe. Editions La Boîte à bulles. 18 €

© La Boîte à bulles / Barthe

© La Boîte à bulles / Barthe

06 Août

Pages d’été : un album complètement Loup-phoque de Davy Mourier chez Delcourt

UnknownC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

On se marre sur la banquise ! A s’en couper un bras. Ou deux ! Les hommes se prennent pour des lapins, les poissons ont des tendances suicidaires, les baleines dégazent, les ours blancs rêvent d’attraper le soleil, les étoiles de mer jouent au shérif…. et les loups copulent avec les phoques renouvelant ainsi la faune en donnant naissance à des bestioles qui ne ressemblent à rien, des phoque-loups ou des loup-phoques, moches et inutiles.

C’est l’univers loup-phoque de Davy Mourier, bien connu dans le monde de la BD et au-delà. Relation Cheap, c’est lui. La petite mort, c’est encore lui. Super Caca et Dieu n’aime pas papa, c’est pour la rentrée. On retrouve son humour décalé également sur la toile, où les dessins de Loup-Phoque ont d’ailleurs été prépubliés, et au théâtre où il a notamment travaillé sur le one woman show de Constance, Les Mères de famille se cachent pour mourir, et présenté ses propres spectacles comme Anecdotes. C’est drôle, c’est fin, ça se mange sans faim.

Eric Guillaud 

Loup-phoque, de Davy Mourier. Editions Delcourt. 17,95€

© Delcourt / Mourier

© Delcourt / Mourier

04 Août

Pages d’été : un hommage à Fantômas signé Philippe Chanoinat et Charles Da Costa

CaptureC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

En ces temps-là, les acteurs avaient des gueules d’atmosphère, des tronches de caricatures, des pifs de pas-commodes. Louis de Funès, Bernard Blier, Lino Ventura, Jean Marais, Francis Blanche, Jean Lefevre, Jean-Paul Belmondo, Jean Gabin… Inutile de forcer trop le trait, la nature a déjà fait le boulot. Reste néanmoins que l’approche de Charles Da Costa, appuyée par les textes de Philippe Chanoinat, dans ces livres-hommage au cinéma français des années 50/60 est remarquable. Tout est là, dans l’expression du visage, dans une mimique, un regard, une attitude, un geste.

Après Ne nous fâchons pas, La 7e Compagnie, Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes, Un Singe en hiver… c’est au tour de la trilogie culte d’André Hunebelle, Fantômas, d’être croqué dans cet album paru en juin chez Glénat. Des caricatures d’un côté, des textes de l’autre, des textes qui nous en apprennent plus sur le film, le réalisateur, les acteurs…

Simultanément à la sortie de Je t’aurai Fantômas, les éditions Glénat ont réédité Les Tontons éparpillés façon puzzle. Que du culte !

Eric Guillaud

Je t’aurai, Fantômas!, de Charles da Costa et Philippe Chanoinat. Editions Glénat. 15€

Les Tontons éparpillés façon puzzle, de Charles Da Costa et Philippe Chanoinat. Editions Glénat. 15€

© Glénat / Chanoinat & Da Costa

© Glénat / Chanoinat & Da Costa