01 Déc

Noël : des BD par milliers !

Vous cherchez une idée de cadeau pour les fêtes, une bande dessinée, un manga, un comics ? Vous êtes à la bonne adresse. Didier Morel et Eric Guillaud ont sélectionné pour vous le Meilleur de la BD. Fouillez sur le blog, vous y trouverez forcément votre bonheur… et même des BD à gagner avec France 3 Pays de la Loire et les Éditions Dupuis ici-même!

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27 Nov

Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême : la sélection officielle 2014

affiche-fibd-73852-4661bLa sélection officielle 2014 ainsi que la sélection jeunesse, patrimoine et polar ont été révélées aujourd’hui à Paris en présence de Willem, Grand Prix de la ville 2013 et président de cette 41e édition.

La sélection officielle

Ainsi se tut Zarathoustra, de Nicolas Wild (La Boîte à bulles)

Annie Sullivan et Helen Keller, de Joseph Lambert (Ça et là / Cambourakis)

L’Attaque des Titans, tome 1, de Hajime Isayama (Pika)

C’est toi ma maman?, d’Alison Bechdel (Denoël)

Carnet du Pérou – Sur la route de Cuzco, de Fabcaro (Six pieds sous terre)

Cesare, tome 1, de Fuyumi Soryo (Ki-oon)

Charly 9, de Richard Guérineau et Jean Teulé (Delcourt)

Le Chien qui louche, d’Étienne Davodeau (Futuropolis)

Come Prima, d’Alfred (Delcourt)

Deadline, de Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi (Glénat)

L’Étranger (d’après l’œuvre d’Albert Camus), de Jacques Ferrandez (Gallimard)

Fenêtres sur rue – Matinées / Soirées, de Pascal Rabaté (Soleil)

Fuzz and Pluck, tome 2, Splitsville, de Ted Steam (Cornélius)

Googles, de Tetsuya Toyoda (Ki-oon)

Goliath, de Tom Gauld (L’Association)

Les Guerres silencieuses, de Jaime Martin (Dupuis)

Hawkeye, tome 1, Ma vie est une arme, de David Aja et Matt Fraction (Panini)

In God We Trust, de Winshluss (Les Requins marteaux)

Jonathan, tome 16, Celle qui fut, de Cosey (Le Lombard)

Kililana Song, tome 2, de Benjamin Flao (Futuropolis)

Lastman, tome 1, de Balak, Michaël Sanlaville et Bastien Vivès (Casterman)

Le Livre de Léviathan, de Peter Blegvad (L’Apocalypse)

Macanudo, tome 4, de Liniers (La Pastèque)

Mauvais genre, de Chloé Cruchaudet (Delcourt)

Mon ami Dahmer, de Derf Backderf (Ça et là)

Opus, tome 1, de Satoshi Kon (Imho)

Paco les mains rouges, tome 1, d’Éric Sagot et Fabien Vehlmann (Dargaud)

Un petit détour et autres racontars, tome 3, de Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle (Sarbacane)

La Propriété, de Rutu Modan (Actes Sud)

Le Roi des mouches, tome 3, Sourire suivant, de Mezzo et Pirus (Glénat)

Saga, tome 1, de Fiona Staples et Brian K. Vaughan (Urban Comics)

Les Temps mauvais – Madrid 1936-1939, de Carlos Gimenez (Fluide glacial)

La Tendresse des pierres, de Marion Fayolle (Magnani)

Vapor, de Max (L’Apocalypse)

Les Voleurs de Carthage, tome 1, Le Serment du Tophet, d’Apollo et Hervé Tanquerelle (Dargaud)

La sélection Jeunesse

Agito Cosmos, tome 2, Pro Humanitae, de Fabien Mense et Olivier Milhaud (Glénat)

Battling Boy, tome 1, de Paul Pope (Dargaud)

Carnets de Cerise, tome 2, Le Livre d’Hector, de Joris Chamblain et Aurélie Neyret (Soleil)

Détective Rollmops, de Renaud Farace et Olivier Philipponneau (Hoochie Coochie)

Jane, le renard et moi, d’Isabelle Arsenault et Fanny Britt (La Pastèque)

Kairos, tome 1, d’Ulysse Malassagne (Ankama)

Klaw, tome 1, Éveil, de Joël Jurion et Antoine Ozanam (Le Lombard)

Louca, tome 1, Coup d’envoi (Dupuis)

Le Monde de Milo, tome 1, de Christophe Ferreira et Richard Marazano (Dargaud)

Space Brothers, tome 1, de Chüya Koyama (Pika)

Walhalla, tome 1, Terre d’écueils, de Marc Lechuga et Nicolas Pothier (Treize étrange)

Zita, la fille de l’espace, tome 1, de Ben Hatke (Rue de Sèvres)

La sélection Polar

Heartbreak Valley, de Simon Roussin (Éditions 2024)

Lartigues et Prévert, de Benjamin Adam (La Pastèque)

Ma révérence, de Wilfrid Lupano et Rodguen (Delcourt)

Scalped, tome 8, Le Prix du salut (Urban Comics)

Tyler Cross, de Brüno et Fabien Nury (Dargaud)

La sélection Patrimoine

Cowboy Henk, de Kamagurka et Herr Seele (Frémok)

Fritz the Cat, de Robert Crumb (Cornélius)

Frontline Combat, tome 2, d’Harvey Kurtzman et al. (Akileos)

Jack Kirby Anthologie, de Jack Kirby (Urban Comics)

Mélody, de Sylvie Rancourt (Ego comme X)

Nancy – 1943-1945, d’Ernie Bushmiller (Actes Sud)

Poissons en eaux troubles, de Susumu Katsumata (Lézard noir)

Spirou par Y.Chaland, d’Yves Chaland (Dupuis)

Les Trois royaumes, de Luo Guanzhong (Éditions Fei)

22 Nov

Humour Helvète : Quand l’un fait Plonk, l’autre fait Replonk

 

De Zéro à Z  par Plonk et Replonk – Hoëbeke

De Zéro à Z par Plonk et Replonk – Hoëbeke

Plonk et Replonk sont frères, citoyens suisse et caustiques. Leur humour grinçant a dépoussiéré l’art de la carte postale drôle.

De Zéro à Z le programme de ce nouveau livre est vaste et à la fois circonscrit à un abécédaire à 10 chiffres. Impossible de savoir qui est Plonk et qui est Replonk, les deux Froidevaux (leur vrai nom), Hubert et Jacques, brouillent les cartes avec leurs détournements, collage, et autres montages. Quand ils ont investis les pages de Libération avec leur illustrations, ils ont fait une réponse bien à eux : « Plonk c’est le bruit du marteau enfonçant le clou, et Replonk, c’est histoire d’insister car, bien sur, il faut toujours enfoncer le clou, surtout dans le crâne d’un rhinocéros. »

De Zéro à Z  par Plonk et Replonk – Hoëbeke

De Zéro à Z par Plonk et Replonk – Hoëbeke

Formés sur le tard à l’art du photomontage et du graphisme (ils ont abandonné la tradition horlogère Jura Suisse et la menuiserie familiale), les deux frangins collent et recollent des clichés tirés de photos et de cartes anciennes. Du choc des sens qu’il en résulte, nait une légende drôle et décalé. L’absurde le dispute à l’extravagance. Du Swiss retouch fabriqué dans le canton de Neuchatel ! Leur slogan depuis leurs premières cartes en 1997 : « Offrez les, avant que l’on ne vous les offre » invite à renouer avec le plaisir épistolaire, et pas seulement en vacances ou à la fin de l’année. Comme ils le conseillent, « n’oubliez pas d’introduire votre code postal confidentiel ».

Mes préférés : dans la série les bas fond de Paris : le cœur interlope du vieux quartier suisse, et le vandalisme gratuit au début du XXe siècle.

De Zéro à Z  par Plonk et Replonk – Hoëbeke

De Zéro à Z par Plonk et Replonk – Hoëbeke

Vous trouverez ce livre ainsi que les cartes à envoyer dans les bonnes librairies de votre quartier. Comme ils le disent en début d’ouvrage dans un avertissement : « Les personnes non prévenues peuvent considérer qu’elles le sont maintenant. »

Didier Morel

De Zéro à Z  par Plonk et Replonk – Hoëbeke

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Like a Rolling Stone par Pascal Comelade

12 Nov

Un Dahlia noir vient de fleurir en novembre

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

 

Amateur de polar noir, peut-être avez-vous déjà succombé à l’intensité graphique du fusain de cet américain formé aux Beaux-Arts de Paris. Le Dahlia noir de Miles Hyman est à lire, bien sûr, et surtout à voir …

Avec le scénariste rouennais Matz, le dessinateur Miles Hyman s’est déjà fait remarqué en 2008 pour leur adaptation réussie de Jim Thompson, La Nuit de Fureur. Parisien d’adoption, il expose ses meilleures planches au crayon gras et en couleur dans la Galerie Champaka dans le 3ème arrondissement. Et pas n’importe quelles planches : celles du Dahlia Noir, le polar noir de référence de James Ellroy. Le roman graphique vient d’arriver dans les bonnes librairies et nous en parlons ici

Didier Morel

Galerie Champaka – Arts de la Bande Dessinée – 67, rue Quincampoix 75003 Paris jusqu’au 30 novembre 2013

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher - Rivages/Casterman/Noir

Le Dahlia Noir par Miles Hyman, Matz & David Fincher – Rivages/Casterman/Noir

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de ce roman graphique exceptionnelle :

Ecoutez la voix envoutante de Goldfrapp dans son nouvel album aux tonalités cinématographiques Tales of us

10 Nov

Diagnostics, un récit de Diego Agrimbau et Lucas Varela aux éditions Tanibis

Capture d’écran 2013-11-09 à 18.55.23Un coup d’oeil rapide suffit amplement à considérer que nous ne sommes pas en présence d’un album ordinaire. Diagnostics, c’est son nom, est constitué de six histoires courtes ayant pour thèmes des troubles mentaux comme la claustrophobie que tout le monde connaît, l’aphasie ou mutisme, l’akinétopsie qui se caractérise par un déficit de perception du mouvement ou encore la prosopagnosie qui est l’incapacité à identifier un visage connu. Si le fond n’est déjà pas courant en lui-même, c’est bien dans la forme que l’album se distingue. Les auteurs revisitent le récit de genre en mettent en scène chacun de ces troubles par une exploration singulière des codes de la BD. Ainsi, Soledad, la jeune héroïne atteinte de claustrophobie, doit-elle s’échapper de la planche de BD pour enfin se délivrer de son histoire. Ainsi, Miranda qui souffre d’aphasie ou trouble du langage, voit-elle ses pensées s’imprimer partout dans son environnement, sur les panneaux publicitaires, les camions, les murs, les objets du quotidien…

Né de la rencontre entre deux auteurs argentins, Lucas Varela et Diego Agrimbau, à l’occasion d’une résidence à la Maison des Auteurs à Angoulême, Diagnostics est un album véritablement étonnant, un laboratoire, pour reprendre l’expression du petit éditeur lyonnais Tanibis, d’expérimentations narratives et graphiques. En librairie le 15 novembre.

Eric Guillaud

Diagnostics, de Diego Agrimbau et Lucas Varela. Editions Tanibis. 17 euros

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09 Nov

L’album Fanfulla d’Hugo Pratt et Milo Milani réédité aux éditions Rue de Sèvres

Capture d’écran 2013-11-09 à 16.40.03Comme le souligne très justement l’auteur Antonio Carboni en préface, Fanfulla est l’une des histoires de Pratt les moins connues du grand public. Elle a été réalisée en 1965 à la fin de la collaboration de l’auteur avec l’hebdomadaire italien pour la jeunesse Corriere dei Piccoli, collaboration qui avait donné naissance à plusieurs autres récits, parmi lesquels Billy James, L’Ombre ou encore L’île au trésor.

Edité en album en 1981 puis 1987 aux Humanoïdes Associés, Fanfulla ne souleva jamais l’enthousiasme des foules au point que le récit disparut de la circulation. Il faut attendre la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Rue de Sèvres, pour le retrouver enfin dans un format à l’italienne pour le moins judicieux et recolorisé sobrement par Patrizia Zanotti. De quoi apprécier pleinement le génie du bientôt créateur de Corto Maltese et son trait qui oscille alors entre un réalisme classique et une figuration simplifiée par de grands aplats de noir.

Côté histoire, Fanfulla nous plonge dans l’Italie du 16e siècle, au coeur des luttes pour la possession des grandes villes, Rome d’abord, Florence ensuite. Fanfulla le mercenaire, borgne sans pitié, navigue entre alliances et trahisons, combats violents et rédemptions. Un album indispensable pour les amoureux de Pratt, une curiosité pour les autres !

Eric Guillaud

Fanfulla, de Hugo Pratt et Mino Milani. Editions Rue de Sèvres. 20 euros

04 Nov

L’album Paco les mains rouges de Sagot et Vehlmann reçoit le prix Lulu la Nantaise

9782205068122-couv-I400x523Lulu la Nantaise, la blonde comac de Saïgon, ça vous cause ? Quelques secondes de dialogues entre Lino Ventura et Bernard Blier dans la fameuse scène de la cuisine du non moins fameux film Les Tontons flingueurs ont suffit à la rendre célèbre pour l’éternité et au-delà.

Lulu la Nantaise est aussi le nom d’un prix littéraire, oui oui, décerné chaque année ou à peu près du côté de Nantes par le groupe de jazz du même nom.

Et cette année, dans la foulée du Goncourt et du Renaudot, le jury a décerné le Prix Lulu la Nantaise 2013 à la bande dessinée Paco les mains rouges de Fabien Vehlmann et Eric Sagot.

Eric Guillaud

Retrouvez la chronique de l’album signée Didier Morel ici et la cérémonie officielle filmée par Ouest France là…

03 Nov

La Bande Dessinée regarde le monde

Festival Forum des imagesOu comment le 9ème art s’associe au 7ème pour la 5ème édition du festival Un état du monde … et du cinéma au Forum des Images. Du 8 au 17 novembre 2013, ce festival a pour vocation d’analyser et de questionner le monde par le prisme du cinéma. Cette année, il accueille dans ces salles obscures « la BD, celle qui crayonne l’actualité et esquisse la marche du monde », dixit Laurence Hesberg, la directrice du forum des Images.

Chroniques historiques, romans graphiques ou reportages dessinés, tous les genres seront présents pour rendre compte de la vitalité d’un art pour raconter des histoires actuelles et les mettre en images.

Au programme, six rencontres appelées, tenez vous bien, apéros géopolitiques.

 

Je vous recommande :

–         l’excellent Patrick Chapatte. Suivant les traces du père de la BD-reportage Joe Sacco, le cartooniste helvète se met lui aussi en scène dans ses albums aux quatre coins du monde (Mexique, Liban, Palestine …) Le lundi 11 nov. à 19h avec Erwan Desplanques (Télérama), Patrick Chapatte (Le Temps) présentera BD Reporter : du Printemps arabe aux coulisses de l’Elysée .

–         Bertrand Tavernier sera aussi pour parler de son nouveau film adapté de la BD multi-primé Quai d’Orsay avec dessinateur Christophe Blain. Samedi 9 nov. à 18h

–         Vous pourrez prendre des Nouvelles d’Alain (édition les Arènes XXI) avec le dessinateur Emmanuel Guibert et bien sur le reporter photographe Alain Keler, lui qui a visité pendant 10 ans les villages de Roms au volant de sa vielle Skoda. Un thème toujours autant d’actualité. Mardi 12 nov. à 19h

–         Peut-être avez vous apprécié la nouvelle Revue Dessinée. Le vendredi 15 nov. ce sera l’occasion de rencontrer de des auteurs qui ont participé à ce premier numéro en enquêtant sur Les Pionniers du gaz de schiste : Daniel Blancou et Sylvain Lapoix.

Pour compléter ce regard porté sur le monde, à voir également sur place une exposition en partenariat avec la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême et des films adaptés de BD (Aya de Youpougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Couleur de peau : miel de Laurent Boileau et Jung Sik-jun)

Didier Morel

Plus d’info sur le programme : Forum des Images

31 Oct

Après « Toby mon ami », Grégory Panaccione publie « Âme perdue » chez Delcourt

album-cover-large-20300230 pages avec une histoire muette ou quasi-muette, c’est un beau challenge. Il faut dire que Grégory Panaccione a de ce côté-là un peu d’entrainement. Son allbum précédent, Toby mon ami, une histoire de chien fou, était tout aussi muet. Mais attention, muet ne veut pas dire bâclé et donc à lire par dessus l’épaule un jour de pluie au milieu du mois de novembre en préprant un riz au lait pour les cousins de passage. Non, un récit de Panaccione se savoure et se lit calmement, comme le conseille l’auteur lui-même dans une note introductive. Donc, on respire, on s’allonge dans le meilleur canapé du coin et on ouvre l’album pour y découvrir une créature un peu étrange, un peu humaine mais pas complètement, qui s’éveille un beau jour, nu, au milieu de rien et découvre autour de lui un monde étrange, un monde où il fait froid, où il pleut souvent, où les dangers peuvent surgir de partout à tout instant et où les amis sont plutôt rares.

Sorti fin août mais bien évidemment encore disponible dans les meilleurs librairies du monde, Âme perdue est un récit à la fois profondément noir et drôle, une espèce de quête d’identité en même temps qu’une découverte de la vie avec un personnage dont on finira par comprendre qui il est et d’où il sort. Et toujours ce dessin vif et expressif réalisé sans crayonné préliminaire !

Eric Guillaud

Âme perdue, de Grégory Panaccione. Editions Delcourt. 19,99 euros

 

24 Oct

Lire ou ne pas lire ce 35ème album d’Astérix chez les Pictes ?

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad - Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Editions Albert René

Astérix chez les Pictes signe-t-il le retour d’une potion goûteuse ou une fois de trop un album vraiment plus ragoutant ?

La question se pose tant il a été difficile d’assister à la lente agonie des dix derniers albums de la collection. Depuis 1980, Albert Uderzo a œuvré en solitaire après la mort de son formidable comparse, le scénariste René Goscinny. En plus du dessin, Uderzo s’est mis à écrire, a dilué les ingrédients qui ont fait le succès de la série, puis a sombré avec Le Ciel leur est tombé sur la tête, une mixture au goût de navet, du même tonneau que la pochade des Gendarmes et les Extra-Terrestres. Albert avait livré là son combat des chefs de trop et de lui nous préférons retenir le meilleur album sur le plan graphique Astérix et Cléopâtre et le plus drôle malgré les années, le premier Astérix le Gaulois.

Evidemment, l’a priori est ici favorable quand on sait que Jean-Yves Ferri est entré en cuisine, lui, qui associé au talentueux Manu Larcenet, a signé un grand Retour à la Terre, sans oublier le chef d’œuvre d’humour de la 5ème République De Gaulle à la Plage. De nombreux pièges attendaient Ferri (4 pièges identiques déjà identifiés dans des séries tout autant codifiées comme Lucky Luke ou Blake et Mortiner). Son parti pris de reprendre un à un tous les éléments de la potion originale rassurera le lecteur le plus sourcilleux. Dès la première case nous retrouvons le village avec tous ses personnages, tels que nous les avons toujours connus; arrive ensuite un voyage à l’étranger, dans la grande tradition d’Astérix chez les Bretons, chez les Helvètes, chez les Belges … ; un couple d’amoureux à réunir Mac Oloch & Camomilla (Astérix Légionnaire Tragicomix & Falbala) ; et bien sûr tout ce qui fait le sel et l’humour de la série la plus vendue et la plus traduite : les jeux de mots ( Mac Abbeh, Mac Robiotik …), le comique de répétition («Non, je ne suis pas gros »), les caricatures (cette fois ci, jouez à retrouver Johnny Halliday et Vincent Cassel) et les anachronismes (les pictogrammes). En fait, il ne manque qu’une maxime latine et le pirate Triple-patte qui les prononce en guise de consolation quand le bateau coule. Nous pouvons suggérer aux latinophiles : A cane non magno sæpe tenetur aper.

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad - Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Editions Albert René

Tout est là donc et bien là comme dans une impression de déjà vu, impression amplifiée par les dessins réalisés à la perfection par Didier Conrad (Les Innommables), un véritable moine copiste surveillé par Uderzo lui-même.

Au final, le succès annoncé de cet album en terme de vente depuis plusieurs semaines, aura bien lieu. Le lecteur de tout âge y trouvera son compte de sesterces dans cette nouvelle potion comme à l’ancienne. Mais il faudra attendre encore quelques albums pour que ce nouveau tandem d’auteurs épice ses recettes gauloises et montre que c’est aussi pour leur talent inventif qu’ils ont été choisis. Comme dirait l’autre : Cave Carmen,  soit en dans un latin de cuisine Craignez de succomber au Charme … de cette potion !

Didier Morel

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Pour le plaisir de se replonger dans la marmite des origines l’expo avec un point d’exclamation Astérix à la BNF !

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Pour le plaisir, la B.O. du film d’Alain Chabat :

Snoop Dogg & Jamel Debbouze Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre