16 Mar

La Grosse tête, un Spirou qui n’a pas le melon signé Makyo, Toldac et Tehem

10800313_10204952416471735_1753725871_o-800x1071Faire un Spirou, rejoindre le cercle très restreint et convoité de ceux qui ont pu contribuer aux célèbres aventures du groom, ne serait-ce que le temps d’un épisode, pourrait faire enfler quelques chevilles. Mais non, Makyo, Toldac et Tehem on juste donné la grosse tête à Spirou qui, dans cette nouvelle aventure, se la joue star de cinéma.

Et on a parfois du mal à le reconnaître notre bon groom national toujours prêt d’habitude à rendre service, à combattre les méchants de tous poils, à sauver le monde d’une fin atroce. La célébrité lui est monté au ciboulot. Un premier rôle dans un film et le voilà qu’il n’en finit plus de fréquenter les plateaux télé, les tribunes de Roland Garros et les soirées people, oubliant par là même le coup d’état à Bretzelburg, l’exode, les camps de réfugiés… Des camps de réfugiés à Bretzelburg, me direz-vous ? Oui, ce petit pays que connaît si bien Spirou est tombé entre les mains de la junte militaire, laquelle a instauré un système terrifiant basé sur la consommation obligatoire et excessive de chtoumpfell, plat familial à base de saucisses, de saindoux, de patates et de fraises. Ne riez pas, c’est atroce ! Et c’est bien connu, précise un personnage de l’histoire :

« au-delà de 9000 calories par jour, les gens ne réfléchissent plus, ils digèrent« . C’est justement ce qu’espère la junte militaire.

Bon, la question est : Spirou redeviendra-t-il Spirou ? Normal quoi ? Pour le savoir, une seule solution, lire cet album qui, bien sûr, fait d’innombrables clins d’oeil à la série mère, même si le scénario du tandem Makyo-Toldac et le dessin très moderne de Tehem, membre de la bande à Tchô, apportent un regard neuf et intéressant sur une des plus grandes séries de la bande dessinée franco-belge.

« J’avoue que je n’étais pas fan de Spirou… », déclare Tehem dans une interview réalisée par l’éditeur, « J’étais plutôt un « gastoniste », un fan des gags de Gaston Lagaffe. Mais j’aime bien les challenges, et celui-ci était vraiment très intéressant. J’ai dit oui, un peu sans réfléchir…« 

Inutile de réfléchir trop longtemps pour vous jeter sur La Grosse tête, l’humour et l’aventure sont bien au rendez-vous de ce one-shot attendu en librairie le 20 mars.

Eric Guillaud

La Grosse tête, Le Spirou de Tehem, Makyo et Toldac. Editions Dupuis. 14,50 €

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

05 Mar

Rencontre avec l’auteur angevin Olivier Martin à l’occasion de la sortie de l’album Cases Blanches chez Grand Angle

Après Lloyd SInger, No stress ! ou encore Face Cachée, Olivier Martin sort Cases blanches, un récit qui met en scène un auteur de BD en panne d’inspiration depuis de longues années, incapable au grand dam de son éditeur d’achever un nouvel album. Eric Aubron et Pascal Cosset ont rencontré Olivier. Contrairement à son héros, l’auteur angevin ne manque pas d’inspiration…

03 Mar

Papier froissé : une histoire de destins croisés dans l’Espagne contemporaine signée Nadar

papier-froissc3a9-nadar-futuropolis-couverture1Pas loin de 400 pages ! Pour un premier livre, Nadar ne fait pas dans la demi-mesure. C’est énorme et en même temps Papier froissé, c’est son titre, se lit quasi d’un trait tant l’envie est pressante de savoir où l’auteur veut nous emmener.

L’histoire ou plus exactement les deux histoires que nous suivons dans les pages de ce livre prennent vie dans l’Espagne contemporaine, une Espagne en crise où l’argent et le travail ne courent pas franchement les rues, où la démerde est érigé en système économique, où l’illégal est parfois le seul moyen de survie. Deux histoires donc, d’un côté celle d’un jeune adolescent de 16 ans, Javi, qui préfère jouer les petits caïds que d’aller à l’école, monnayant ses services à quelques lycéens et étudiants. Son rêve : acheter un piano à queue. De l’autre, un homme, Jorge, solitaire, triste, dont le seul bien matériel est une Fiat Panda hors d’âge. Il débarque un beau jour dans la ville, trouve un petit boulot dans une menuiserie industrielle et s’installe à la pension Les Chevaux. Aucun rêve pour sa part. L’un et l’autre n’ont à priori rien en commun. Pourtant, dès le début du récit, on peut imaginer qu’ils partagent un passé et des souvenirs douloureux. Et ce passé, justement, pourrait bien ressurgir lorsque la Fiat Panda de Jorge se retrouve taguée. Devant, derrière, sur les côtés, le mot « lâche » s’affiche au regard de tous…

La crise, la solitude, l’exclusion sociale, l’homophobie… L’air de rien, Nadar nous parle de la société d’aujourd’hui avec un récit universel où se croisent des hommes et des femmes qui n’ont pas vraiment pris ou pu prendre leur destin en main. Les uns et les autres cherchent juste à vivre, parfois à survivre, emportés par le quotidien. C’est à la maison des auteurs à Angoulême que l’auteur s’est installé afin de réaliser Papel estrujado, Papier froissé. Un premier livre très réussi qui ne peut que marquer les esprits ! 

Eric Guillaud

Papier froissé, de Nadar. Editions Futuropolis. 29 €

© Futuropolis / Nadar

© Futuropolis / Nadar

01 Mar

De Tintin à La Vache qui rit, mais qui est donc Benjamin Rabier ? Une exposition rend hommage à l’illustrateur à Moulins

DR

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Il se cache derrière La Vache qui rit et le sel La Baleine, il a créé Gédéon le canard au long cou et inspiré Hergé. A Moulins, une exposition rend hommage à l’illustrateur Benjamin Rabier dont le coup de crayon est passé à la postérité.

La rétrospective « Il n’y a pas QUE la vache qui rit » se tient jusqu’au 31 août 2015 au Musée de l’Illustration Jeunesse (MIJ) à Moulins. Elle réunit une foisonnante collection de dessins originaux, objets, jouets, meubles et autres affiches publicitaires de ce pionnier de la bande dessinée et du dessin animé.

La suite ici

Claude Bouchet avec AFP

30 Jan

Les mains invisibles, un voyage au bout de l’enfer signé du Finlandais Ville Tietäväinen

9782203089198Fuir. Fuir la misère et l’humiliation, partir pour revenir au pays en héros, riche et couvert de gloire. Une quête du paradis ou, déjà, d’un meilleur vivre qui va jeter le jeune marocain Rachid sur la route de l’enfer.

Une route qui commence sur l’eau. Entassé dans une barquette qui n’arrivera pas à bon port. Rachid échappe de peu à la noyade, s’écroule de fatigue dans un bosquet pas loin de la plage, se fait ramasser par la Guardia Civil et emmené là où on a besoin de main d’oeuvre à pas cher. « Ici, vous n’avez pas de nom, ni de visage… que vos mains« , le prévient-on. Pas de nom, pas de maison non plus, une baraque sans eau, sans électricité, fait office de logement. Bienvenue en Espagne, plus précisément du côté d’Almería. Des serres à perte de vue, des clandestins par milliers qu’on laisse tranquille pourvu qu’ils soient rentables et discrets. De gentilles petites mains invisibles…

Publié initialement en Finlande où il a reçu le Prix Finlandia puis en Allemagne, où il a été nommé pour le prix Max und Moritz, ce récit de Ville Tietäväinen raconte la descente aux enfers d’un jeune homme prénommé Rachid mais qui aurait tout aussi bien pu s’appeler Mohamed, Youssef ou Fadil. Un jeune homme comme les autres qui rêve d’une vie meilleure et accepte pour ça l’inacceptable. Les Mains invisibles est un récit dense, âpre, hyper-réaliste qui a nécessité à l’auteur plus d’un an d’enquête en Espagne et au Maroc. Et au final, un témoignage bouleversant !

Eric Guillaud

Les Mains invisibles, de Ville Tietäväinen. Editions Casterman. 27 €

11 Jan

Charlie Hebdo : les éditeurs s’unissent pour publier un album collectif en hommage aux victimes

Et maintenant, qu’est ce qu’on fait ? La question est sur toutes les lèvres depuis ce funeste 7 janvier, jour de l’attentat dans les locaux de Charlie Hebdo. Oui, qu’est qu’on fait ? La France est dans la rue, les hommages sont mondiaux, le festival de la BD d’Angoulême annonce la création du « Prix Charlie de la liberté d’expression » et une vingtaine de maisons d’édition unissent leurs forces pour publier en février un album-hommage dont les bénéfices seront intégralement reversés aux familles des victimes des attentats. Une union sacrée, une première !

Bien sûr, certains diront que c’est peu face à l’ampleur du drame, mais c’est déjà beaucoup. Toutes les initiatives sont bonnes. Cet album qui devrait compter entre 200 et 300 pages sortira en février. « Son contenu sera une sélection de planches, strips et autres gags piochés au sein de la production pléthorique de dessins réalisés spontanément par des dessinateurs et illustrateurs professionnels depuis le 7 janvier », précise un papier du monde.fr posté le 10 janvier.

Casterman, Dargaud, Delcourt, Drugstore, Dupuis, L’Ecole des loisirs, Fluide glacial, Futuropolis, Glénat, Jungle, Kana, Le Lombard, Panini, Soleil, Steinkis, Urban Graphic, Vents d’Ouest ont d’ores et déjà annoncé leur participation. Des éditeurs indépendants devraient les rejoindre dans les jours à venir.

Eric Guillaud

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Attentat à Charlie Hebdo : le journaliste Denis Robert appelle à transformer le prochain festival BD d’Angoulême en « lieu de résistance contre le fanatisme et la barbarie »

Interviewé par nos confrères de France 3 Poitou – Charente, Denis Robert qui est en train d’achever un documentaire sur Cavanna, figure emblématique de Charlie-Hebdo, réagit à l’attentat qui a fait 12 morts parmi lesquels les 4 dessinateurs Cabu, Charb, Wolinski et Tignous.

À la question de savoir si le festival de la BD d’Angoulême ne va pas se tenir dans des conditions particulières cette année, le journaliste répond :

« Il faut bien sûr qu’il ait lieu, ce Festival de la BD. Il faut même le transformer en lieu de résistance contre le fanatisme et la barbarie. Nous devons être forts et solidaires, montrer que ce genre d’attentat ne peut pas avoir d’incidence sur la liberté de la presse. C’est exactement les thèmes qui sont abordés dans mon film sur Cavanna »

L’intégralité de l’interview ici