25 Fév

Rewind, de Philippe Girard. Editions Glénat. 12,25 euros.

Imaginez un homme marchant dans la foule, deux tueurs à ses trousses qui lui tire dessus. Pour leur échapper, l’homme ne voit qu’une solution : se jeter dans les bras d’une jeune femme inconnue. Mais laquelle choisir ? La  petite grosse du genre complexée ? La grande lunatique à lunettes ? L’accro du téléphone portable ? Ou celle qui paraît le plus ordinaire possible ? Du choix qu’il fera dépendra sa survie…

Publiée dans la collection Glénat Québec, Rewind est une bande dessinée conceptuelle bâtie sur une succession de retours en arrière, nous offrant à chaque fois un angle différent en fonction du choix de la jeune femme chargée de sauver la peau du personnage principal et une remontée progressive vers la genèse de l’histoire. Philippe Girard, auteur québécois notamment responsable de Tuer Velasquez chez Glénat Québec ou encore de Danger public aux éditions La Pastèque, signe un récit singulier qui débute par une référence à la chanson de Neil Young « I’ve been waiting for you » : « I’ve been looking for a woman to save my life ». Un auteur à découvrir ! E.G.

Visitez le blog de de l’auteur

20 Fév

MetaMaus, d’Art Spiegelman. Editions Flammarion. 30 euros.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Art Spiegelman n’avait jamais envisagé le succès. Il pensait même que son œuvre serait appréciée à titre posthume ! On connaît la suite. Publié dans la revue Raw de 1981 à 1991, puis en album en 1986 et 1991, Maus recevra notamment le Prix Alfred du meilleur album étranger à Angoulême en 1988, le prix Alph’Art du meilleur album étranger en 1993 et le prestigieux prix Pulitzer en 1992 ! Résultat : des millions d’exemplaires vendus, des traductions dans le monde entier, des planches exposées dans les musées et un auteur, Art Spiegelman, mondialement consacré, au point de le rendre prisonnier de son œuvre…

30 ans après son lancement dans les pages de Raw, 25 ans après sa première parution en album, Maus est de nouveau sous les feux de l’actualité avec la parution de MetaMaus, un livre-DVD tout à fait remarquable tant par sa conception que par l’éclairage nouveau qu’il apporte sur le chef-œuvre d’Art Spiegelman. Le DVD, tout d’abord, propose une version numérisée des deux volumes de Maus, chaque planche pouvant être accompagnée par son brouillon, des esquisses ou des extraits sonores. Différents documents, des sources et des commentaires complètent cette offre numérique. Quant au support papier, MetaMaus réunit une série de conversations enregistrées avec Hillary Chute, professeur à l’université de Chicago. On y apprend bien évidemment comment Art Spiegelman a imaginé et réalisé Maus, comment il a vécu l’immense succès du livre, comment sa famille l’a elle-même vécu, pourquoi Art a représenté les juifs sous forme de rongeurs et les nazis en chats, pourquoi le livre a parfois soulevé la polémique. On y parle de la bande dessinée, de son choix pour ce médium, des techniques graphiques employées sur Maus… Un échange particulièrement dense sur près de 300 pages, accompagné d’une riche iconographie. En complément : l’arbre généalogique de la famille Spiegelman, la transcription d’entretiens avec son père, une chronologie, un index… Un ouvrage aussi fascinant et exigeant que Maus ! E.G.

Pour ceux qui n’auraient pas lu ce chef-d’œuvre, Maus traite de l’holocauste et est à la fois bâti à partir de l’histoire du père d’Art Spiegleman, déporté à Auschwitz, et des relations entre les deux hommes.

L’info en +

La bibliothèque du Centre Pompidou accueillera du 21 mars au 21 mai 2012 l’exposition consacrée à Art Spiegelman et présentée en avant-première au Festival international d’Angoulême en janvier dernier.

Plus d’infos sur le site du Centre Pompidou

18 Fév

Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie. Editions Flammarion. 32 euros.

La Nuit de Philippe Druillet, La Ballade de la mer salée d’Hugo Pratt, Mr Natural de Robert Crumb, Krazy Kat de George Herriman, Berlin la cité des pierres de Jason Lutes, Habibi de Graig Thompson, Palestine de Joe Sacco, Spirou le journal d’un ingénu d’Emile Bravo… Voici quelques uns des 770 albums répertoriés dans cet ouvrage de la collection 1001 réalisé sous la direction de Paul Gravett, coordonné par Nicolas Finet et préfacé par Benoît Peeters. 770 BD qui attestent de la richesse incroyable et de la diversité sans fin de ce médium mais aussi de sa capacité à se renouveler, à s’adapter, à explorer de nouveaux territoires, à survivre au cinéma, à la télévision et à internet.

Pour établir cette liste qui couvre plus de 170 ans d’histoires (de 1837 à 2011), Paul Gravett et Nicolas Finet se sont entourés de 67 grands spécialistes du genre originaires de 27 pays. Chaque BD sélectionnée est replacée dans son contexte de création avec un mot sur le style de l’auteur et sur son œuvre, offrant au final un large panorama d’un art résolument majeur. Un ouvrage sérieux et utile pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la bande dessinée ! E.G.

En vente le 14 mars

Congo-océan, de Loïc Malnati. Editions Glénat. 19,50 euros.

Brazzaville, 1934. L’esclavage a été aboli depuis longtemps. Ce qui n’empêche pas les employés noirs qui travaillent sur le chantier du chemin de fer Congo-océan d’être traités comme des moins que rien, humiliés, frappés et abattus à la moindre rébellion. Le sort de la faune locale n’est pas plus enviable. Les chasseurs blancs sont sans pitié allant jusqu’à massacrer les calaos, ces admirables oiseaux connus pour leur fidélité en amour. Et au milieu de ce monde de brutes, une fleur, Lisa, fille d’un puissant négociant colonial, amoureuse des animaux et amoureuse d’un homme, Paul, forcément différent de tous ces colons. Trop différent…

Direction l’Afrique noire pour ce récit de Loïc Malnati et cette très belle histoire d’amour contrariée par le poids colonial. Auteur notamment de Wounded chez Bamboo, d’Anahire pour Delcourt ou encore de la série Du plomb pour les garces aux éditions Soleil, Loïc Malnati, habitué à explorer un large champ de graphismes, se tourne aujourd’hui vers une simplification de son trait, un dessin au contour épais, des couleurs qui se limitent à des à plats, « Une ligne claire la plus radicale possible qui tend à universaliser le propos graphique », explique-t-il sur son blog. E.G.

Le blog de Loïc Malnati

17 Fév

Graine de champion, Le Roi du ring (tome 1), de Gigault et Rolland. Editions Dargaud. 13,95 euros.

Tobias n’a que dix ans lorsqu’il découvre l’univers du catch et en devient complètement amoureux. Son destin est dès lors scellé. Il se jure de devenir champion du monde de la discipline. Commence alors pour lui un long et difficile parcours rythmé par les entrainements, les coups, les blessures et les colères de sa mère qui ne voit dans le catch que violence et vulgarité. Mais très vite, l’enfant grandit, acquiert le physique et le mental d’une graine de champion. Il rejoint les rings japonais où il tombe une deuxième fois amoureux, d’une jeune fille cette fois, une jeune et jolie japonaise dont le père est yakusa…

Une bande dessinée dans l’univers du catch ! C’est suffisamment rare pour être signalé.  Et ce n’est pas la seule particularité de ce titre. Graine de champion est en effet l’un des premiers albums à être publié dans le cadre de My Major Company BD, une plateforme d’échange et de partage qui permet à de jeunes auteurs de bénéficier du soutien d’internautes passionnés et de grands éditeurs. A l’arrivée, Le Roi du ring premier des deux tomes prévus, est plutôt agréable à lire. Les personnages sont attachants, le graphisme et les couleurs sobres et efficaces.  Un premier album – et un sport – à découvrir chez Dargaud. E.G.

15 Fév

Békame (première partie), de Ducoudray et Pourquié. Editions Futuropolis. 17 euros.

Il se prénomme Bilel mais se fait appeler Békame. Békame, comme son idole. A trois lettres près ! Trois lettres qui font la différence. Car Bilel n’est pas un joueur de football professionnel, ni un milliardaire et il ne partage pas la vie d’une top model. Son seul luxe : une collection d’autocollants Panini sur les vedettes du ballon rond. Mais Bilel ne désespère pas de rejoindre lui aussi la terre promise, l’Angleterre, et peut-être d’y trouver sa place. Alors, direction Sangatte où il va tout d’abord tenter de retrouver son frère Ahmed arrivé deux ans plus tôt. Entre les hangars de regroupement et les squats sordides, entre la rapacité ou au mieux l’indifférence des uns et la générosité de quelques autres, Bilel découvre la vie de clandestin…

Békame est une fiction. Bilel n’existe pas. Mais le centre de Sangatte, les clandestins qui arrivent la peur au ventre, les mafieux qui rôdent autour avec l’espoir de se faire facilement de l’argent… tout cela est bien réel. Et les adolescents qui comme Bilel espèrent trouver ici un passage pour l’Angleterre, un passeport pour une vie meilleure, sont nombreux. Très nombreux ! Le scénariste Aurélien Ducoudray les a rencontré entre 2003 et 2004 alors qu’il était photographe de presse. « Nombre d’entre eux… », confie-t-il dans une interview réalisée par l’éditeur, « m’ont parlé de leur passé, des méthodes de traversée, de la galère en arrivant en France pour manger, dormir, faire les demandes nécessaires, tous les petits trucs de débrouille pour s’en sortir… Békame est né de l’envie de faire vivre tous ces témoignages, invisibles dans mes photos! ». Mais Békame est aussi une histoire d’amour entre deux frangins séparés par la misère. Auteur du magnifique Championzé, biographie du boxeur Amadou M’Barick Fall, et de La Faute aux Chinois, Aurélien Ducoudray aborde ici la BD sociale à la façon d’un Baru, avec beaucoup d’humanisme et d’acuité. C’est Jeff Pourquié (Des méduses plein la tête, Vague à l’âme…) qui signe la mise en images et en couleurs de l’album, un travail exceptionnel qui rend tangible la fragilité des protagonistes et donne au récit une réelle intensité dramatique ! E.G.

12 Fév

Castro, de Reinhard Kleist. Editions Casterman. 18 euros.

A ses amis qui se demandaient pourquoi il avait précisément choisi Cuba pour ce nouvel album et qui pouvaient lui reprocher d’être « un romantique de la révolution » ou une « victime incurable du kitch cubain », Reinhard Kleist répondait  : « Parce que c’est, précisément maintenant, un pays captivant […] Parce que Fidel Castro s’est retiré et qu’un tournant s’annonce dans un des derniers avant-postes du socialisme, fer de lance dans les flancs de l’Amérique du Nord ». Son livre publié dans la collection Écritures des éditions Casterman a nécessité des mois de préparation, de rencontres, de lectures, de contacts avec l’ambassade cubaine à Berlin et puis un voyage de quatre semaines pour tenter de trouver les réponses à ses nombreuses interrogations, sentir l’ambiance, approcher le mythe, comprendre aussi comment les cubains avaient vécu cette révolution et vivaient aujourd’hui l’après Fidel.

Et Reinhard Kleist, déjà responsable d’une biographie de Johnny Cash, parue chez Dargaud, approchera effectivement le mythe, le dépassera même pour s’intéresser à un homme, le charismatique Fidel Castro, un homme dévoué à une seule cause : la Révolution. Sur près de 300 pages, l’auteur s’empare des faits historiques pour développer une fiction autour d’un personnage inventé de toutes pièces, Karl Mertens, un jeune photographe allemand plongé dans le Cuba des années 50 et fasciné par l’histoire qui se joue en direct devant son objectif. On côtoie avec lui la pauvreté, la corruption, on suit le putsch des militaires, la prise de pouvoir par Batista, la prison pour Fidel, son exil, sa rencontre avec Ernesto Guevara, la guérilla, la victoire de la Révolution, les espoirs et les déceptions du peuple, les restrictions, le blocus américain, l’épisode de la Baie des cochons, l’expatriation de milliers d’opposants… 50 années d’histoire cubaine retracées avec beaucoup d’intelligence, d’exigence, de passion, d’objectivité et d’intensité graphique. Un album en tout point remarquable ! E.G.

Le blog de Reinhard Kleist en allemand

10 Fév

Cinq questions à… Bastien Vivès, auteur de l’album Le Jeu vidéo paru chez Delcourt

Sorti dans la collection Shampooing dirigée par Lewis Trondheim, Le Jeu vidéo nous permet de retrouver un jeune auteur en pleine ascension, Bastien Vivès, déjà remarqué pour ses romans graphiques, Le Goût du chlore et Polina, et pour sa contribution à la bédénovela Les Autres gens. Interview express…

©Olivier Roller
.

Quel a été votre premier coup de cœur BD ?
Bastien Vivès. Mon premier vrai coup de cœur reste Calvin et Hobbes de Bill Watterson… Ça doit être les albums que j’ai le plus relus et surtout la première fois ou j’ai vraiment acheté des BD avec mon argent. A chaque strip, je me demandais: « mais comment fait-il pour être aussi génial ? ». Et le dessin y est si impressionnant !

Quelle a été son influence sur votre travail, sur votre démarche ?

B.V. Peut-être au niveau de l’écriture, le décalage consistant à faire parler un enfant comme un adulte et surtout le fait que Calvin et Hobbes c’est sérieux… j’ai beaucoup utilisé ce ton dans mes strips. La situation est absurde mais les personnages gardent complètement leur sérieux et leur aplomb.

______________________________________________

retrouvez la chronique de l’album ici-même !

______________________________________________

Comment qualifiez-vous votre propre style ?
B.V. Un mix d’influences de toute part : animation japonaise, Richard Corben, Russ Meyer, Paul Verhoeven, Capcom … Ensuite, je reste dans  une mise en scène assez réaliste dans l’ensemble.

Quel a été l’élément déclencheur pour votre dernier album et le but recherché ?
B.V. Le fait de m’être mis sérieusement sur Street Fighter, et de partager cette passion avec d’autres.

Vos projets ?
B.V. Avec Ruppert et Mulot, on va sortir « La Grande odalisque » chez Dupuis Aire Libre, un récit d’action avec des voleuses de tableaux…

.

Interview réalisée par mail le 9 février 2012 – Eric Guillaud

08 Fév

Cinq questions à… Blan et Galou, auteurs de Sois gentil, tais-toi et dors!

Blan et Galou… Galou et Blan… Derrière ces pseudos dignes de héros de dessin animé se cachent deux jeunes auteurs de BD bien décidés à croquer la vie et partager avec nous un humour décalé et corrosif. Ils viennent de publier Sois gentil, tais-toi et dors aux éditions Blandine Lacour. Rencontre…

.

Quel a été votre premier coup de cœur BD ?

Galou. Mon premier coup de cœur remonte aux années 80. Je suis tombé sur une BD d’Hislaire, Bidouille et Violette : une histoire d’amour impossible entre deux adolescents séparés par deux mondes. C’était à la fois drôle, ténébreux, tragique et d’un romantisme digne de Roméo et Juliette. J’ai découvert à cette occasion qu’il n’y avait pas que les romans qui pouvaient nous emporter et que bien des sensations pouvaient être ressenties à la lecture d’une BD. Mon second coup de cœur, le coup fatal, c’est Bill Watterson avec son Calvin et Hobbes. Alors là, je dois dire que son travail m’a mis K.O. Encore aujourd’hui, je prends plaisir à étudier ses planches et je ne me lasse jamais devant autant de sommets d’inventivité.

Blan. Trois auteurs m’ont donné du plaisir et l’envie d’en donner aussi, à travers des mini-histoires tout en finesse : Scott Adams, Andy Riley et Martin Vidberg.  Dilbert, Bunny et les patates me font sourire et réfléchir. J’aime quand le texte et le dessin visent juste, quand ils sont efficaces et sans chichi. J’ai aussi redécouvert Sempé tardivement, je n’avais pas saisi toute la subtilité de certaines scènes plus jeune.

__________________________________________________________________

lire la chronique de l’album

__________________________________________________________________

Quelle a été son influence sur votre travail, sur votre démarche ?

Galou. Sans doute le noir et blanc que Watterson utilise à la perfection. J’ai beaucoup de mal à traiter un dessin avec de la couleur, je trouve que l’on perd en authenticité. J’aime ce côté un peu brut, un peu brouillon que le noir et blanc apporte et que la couleur a tendance à dissimuler.

Blan. Celui qui m’a décidé à faire de la BD, c’est Galou ! Il s’amusait à croquer sa vie et ses amis, c’est comme ça qu’est née La p’tite Blan. J’ai trouvé ça drôle et touchant, et je me suis dit que ce serait génial de pouvoir raconter l’histoire que j’aurais aimé pouvoir lire plus jeune à la place de Tom-Tom et Nana : une BD dont le personnage principal n’est pas forcément hétérosexuel, une BD légèrement déviante, une BD pour dire ce que je n’avais pas osé dire tout ce temps !

Comment qualifiez-vous votre style ?

Galou. Avant de rencontrer Blan, l’idée de devenir dessinateur ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Je dessinais des petits personnages pour les coller dans la rue, principalement des mains que je faisais sortir des bouches d’égouts, des distributeurs ou des toilettes publiques, mais je n’avais jamais pensé à faire de la BD. Je n’ai fait aucune école, mais je me suis lancé, je me suis fait la main sur Coming Soon, Naissance d’une déviante (notre premier tome) et depuis je dessine tous les jours des heures pour faire évoluer mon style ! Dans un premier temps, le trait était plutôt minimaliste, je ne m’encombrais pas de détails, j’allais à l’essentiel. Peu à peu, mon dessin a évolué : toujours épuré, avec un esprit « premier jet », mais avec plus de détails. J’apprends en regardant ce que font les autres et en faisant vivre mes personnages. J’essaie de ne pas m’enfermer dans une case/un style, mais de faire au mieux avec ce que je sais faire !

Blan. Humoristique et engagé, caustique et percutant. En tout cas c’est comme ça que j’aimerais qu’on le perçoive. Pour moi le top du style, c’est Desproges, si un jour quelqu’un trouve qu’on s’en approche, même de loin, ce sera la grande classe !

Quel a été l’élément déclencheur pour votre dernier album et le but recherché ?

Galou. Après avoir sorti les trois tomes de La p’tite Blan, nous avions envie de travailler sur quelque chose de différent et l’idée de Sois gentil, tais-toi et dors s’est naturellement imposée. Nous trouvions cela marrant de mettre en situation deux personnages qui partagent le même lit, mais pas toujours les mêmes envies ! L’idée était de dire tout fort ce que les hommes n’entendent même pas à voix basse : arrêtez de faire vos gros lourds, si votre femme ne veut pas faire l’amour avec vous, ce n’est pas à cause des migraines ou des règles, c’est seulement parce qu’elle n’a pas envie de vous là, maintenant. Et à en juger par l’accueil que Sois gentil, tais-toi et dors a reçu lors du Festival de BD d’Angoulême, il semble que beaucoup de femmes se soient reconnues sous le regard gêné de leur mari. Je me souviens en particulier de cette femme qui a tenté de convaincre sa belle-fille de ne pas l’acheter en lui disant que « cela pourrait porter à confusion » si elle l’offrait à son mari. Elle l’a pris quand même..

Blan. L’idée, c’est toujours de faire sourire mais à contre-pied de ce qu’on a l’habitude de trouver en rayons. Les BD dans lesquelles les femmes s’en prennent plein la poire pullulent, alors dans Sois gentil, tais-toi et dors on voulait remettre les choses et les hommes à leur place. Le lit est certainement l’endroit idéal pour ça…

Quels sont vos projets ?

Galou. Dans un premier temps nous allons travailler sur la suite des péripéties de La p’tite Blan avec un tome 4 dans la lignée des trois précédents. En parallèle, j’aimerais sortir une BD un peu plus personnelle sur mon expérience de quarantenaire pré-pubère, célibataire, immature et au chômage. D’ailleurs, à ce propos, si quelqu’un a quelque chose à me proposer (femme, homme, travail ou les trois), je suis preneur !

Blan. J’ai hâte de sortir un nouvel opus de La p’tite Blan et de publier la première BD 100% Galou. Dans le même temps, on continue de travailler beaucoup sur nos dessins d’actualités (www.laptiteblan.fr) car ça nous semble essentiel par les temps qui courent de réagir et de faire réfléchir… On travaille aussi pour des entreprises, c’est moins essentiel mais c’est amusant et ça permet de se remplir l’estomac !

.

Interview réalisée par mail le 7 février 2012 – Eric Guillaud

04 Fév

Sois gentil, tais-toi et dors, de Galou et Blan. Editions Blandine Lacour. 7 euros.

Un livre qui remet l’homme à sa place en trois coups de crayon et deux petites phrases assassines ! On pourrait imaginer ce livre écrit par des femmes. Seulement pour moitié ! Gaël Klein, alias Galou, et Blandine Lacour (l’éditrice), alias Blan, se partagent le dessin et le scénario de cet album lancé lors du dernier Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Alors, pourquoi tant de haine dans un livre qui parle d’amour ? C’est de l’humour, Madame, de l’humour caustique et ravageur qui décape en un rien de temps le vernis de l’hypocrisie conjugale. Un peu trop à votre goût ? Peut-être. Mais, en attendant, les deux auteurs, créateurs  de La p’tite Blan, responsables et coupables d’albums aussi corrosifs que Coming out, une histoire de sortie de placard ou Coming soon, naissance d’une déviante, nous offrent un album rose fluo rempli de strips de deux ou trois cases mettant en scène les échanges (verbaux) sur l’oreiller d’un jeune couple. Une intrusion dans leur intimité plutôt musclée. De quoi mettre l’égo des garçons au fond des chaussettes pour le prochain millénaire. De quoi peut-être aussi en décider certains à la vie de célibataire ! Mais heureusement, tout ceci n’est qu’humour ! Enfin… E.G.

_____________________________________________________

Retrouvez l’interview des auteurs ici-même!

________________________________________________