13 Mar

Gustave Doré ou les prémices de la BD

Gustave Doré Le Chat botté © Bibliothèque Nationale de France

Gustave DoréLe Chat botté© Bibliothèque Nationale de France

Gustave Doré. Ce nom ne vous est sans nul doute pas inconnu. Vous l’associez très certainement aux illustrations de grands textes de la littérature, comme les Contes de Perrault, les Fables de La Fontaine ou encore Don Quichotte de Cervantès. Mais peut-être ne savez vous pas que cet illustrateur du 19ème siècle, qui a composé plus de 10 000 planches dessinées, est aussi à considérer comme le premier auteur de bande dessinée français. C’est que propose la magnifique exposition L’imaginaire au Pouvoir au Musée d’orsay à Paris.

En effet, avant de se consacrer à l’illustration de classiques de la littérature, Gustave Doré (1832-1883) a commencé par une carrière de dessinateur. A l’âge de quinze ans, il se présente à Paris chez Charles  Philipon (1800-1862), le directeur du Journal pour rire, avec quelques uns de ses dessins. Le travail de ce tout jeune homme impressionne celui qui édite également, chez Aubert et Cie, les albums du père de la bande dessinée, le suisse Rodolphe Topffer (1799-1846). Gustave Doré est immédiatement engagé comme dessinateur régulier et pendant sept ans va fournir près de 1200 caricatures, devenant une signature incontournable du périodique.

Gustave Doré

Gustave Doré

En parallèle, Gustave Doré va publier quatre albums que l’on considère comme annonciateurs du genre de la bande dessinée. Les trois premiers, chez Aubert et Cie : Les Travaux d’Hercule (1847), Trois Artistes incompris et mécontents (1851) et Des-Agréments d’un voyage d’agrément (1851). Le quatrième, et le plus célèbre, paraît en 1854 dans une autre maison d’édition sous le titre d’Histoire pittoresque, dramatique et caricaturale de la Sainte Russie. Le point commun de ces quatre albums ? La création d’une nouvelle forme de récit qui allie texte écrit et images. Mais surtout leur caractère facétieux. Gustave Doré ouvre en effet la voie de la bande dessinée d’esprit satirique et parodique.

La petite maison d’édition 2024, basée à Strasbourg, ville natale de Gustave Doré, a eu l’idée de proposer une réédition de ses deux dernières histoires de « littérature en estampes », comme se plaisait à la définir Topffer. Si vous avez un esprit curieux, précipitez-vous sur ces deux albums. Ils regorgent d’inventions graphiques et narratives, que certains auteurs de B.D du siècle suivant n’ont pas manqué de reprendre et de développer.

Des-agréments d'un Voyage d'agrément de Gustave Doré

Des-agréments d’un Voyage d’agrément de Gustave Doré

 

Histoire de la Sainte-Russie de Gustave Doré

Histoire de la Sainte-Russie de Gustave Doré

Ainsi, Des-Agréments d’un voyage d’agrément se présente comme le carnet de voyage de monsieur César Plumet, commerçant en passementerie qui vient de prendre sa retraite, et qui décide un soir, après avoir assisté à une représentation de Guillaume Tell, de partir à la conquête des montagnes de la Suisse. Un projet qui n’enchante guère son épouse Vespasie. Elle craint en effet les chutes fatales dans « les abîmes sans fond » ! Mais son époux se montre inflexible, et le voilà parti pour des aventures dignes d’un Don Quichotte. Monsieur Plumet est en effet très souvent « abusé par une imagination trop brillante » comme se plaît à le répéter le narrateur. Sa naïveté sans bornes le conduit aussi à vivre des situations cocasses, dont il est le premier à rire !

 

Gustave Doré construit son personnage comme une figure caricaturale du bourgeois, reconnaissable à un indice vestimentaire : sa casquette, qui change de position en fonction de ses humeurs – un procédé que reprendra Uderzo pour le casque ailé d’Astérix. Autre trait caractéristique, et qui revient comme un leit-motiv dans l’album : les « grandes discussions sur la passementerie genevoise », le soir avant de s’endormir auprès de Vespasie. Et bien sûr, le ventre proéminent, signe de la fortune qu’il a accumulée au cours de sa carrière de négociant.

Les vingt-quatre planches qui composent cette histoire dessinée offrent une étonnante variation de mises en page. Le lecteur se retrouve constamment obligé d’adapter sa manière d’aborder la succession de ce que l’on peut bien appeler des vignettes, même si Gustave Doré ne leur donne pas la forme que nous leur connaissons aujourd’hui. Point de planches segmentées par un ensemble régulier d’images au format identique. Ici se mêlent images verticales et horizontales, pleines pages et miniatures, et même médaillons censés représenter la lorgnette au travers de laquelle Mme Plumet observe, depuis sa chambre d’hôtel, l’ascension du Mont Blanc par son courageux époux.

A l’occasion de la rétrospective que le musée d’Orsay organise sur Gustave Doré jusqu’au 11 mai prochain, la Bibliothèque Nationale de France s’est lancée dans un important travail de numérisation des lithographies de cet artiste. Vous pouvez ainsi feuilleter, sur le site de cette exposition virtuelle, les quarante-six planches qui composent le premier album imaginé par Doré : Les Travaux d’Hercule.

Les Travaux d’Hercule de Gustave Doré

Les Travaux d’Hercule de Gustave Doré

Exposition Gustave Doré (1832-1883). L’imaginaire au pouvoir jusqu’au 11 mai 2014 au Musée d’Orsay à Paris

07 Mar

Olympia : une femme dans son plus simple appareil

Moderne Olympia par Catherine Meurisse © Futuropolis

Moderne Olympia par Catherine Meurisse © Futuropolis

Moderne, elle l’est vraiment Olympia. Pourrait-elle pour autant porter le 8 mars les couleurs de la Journée Internationale des Droits de la Femme ? A l’époque le tableau de Manet a suscité un scandale encore plus important que son Déjeuner sur l’herbe. Cette femme nue, le regard tourné vers le spectateur, préfigure la modernité à venir. C’est bien pour cette raison que la dessinatrice Catherine Meurisse l’a choisi comme héroïne de son récit au cœur du Musée d’Orsay.

L’origine du monde de Courbet, elle en serait aussi le modèle. Depuis, Olympia a quitté la toile pour le Grand Ecran. Cet album iconoclaste fait alors le pari de la transformer en une icône de l’Histoire de l’Art. La lutte des classes culturelles, les Refusés contre les Officiels, devient comiquement une version picturale de West Side Story, Roméo et Juliette et Singing in the Rain. Tous les modèles des plus grands chefs d’oeuvre de l’impressionnisme prennent vie sous l’impulsion de l’ingénue, vêtue d’un simple ruban noire. Après le Musée du Louvre, les éditions Futuropolis lance une nouvelle collection avec Orsay. Le résultat, c’est une suite d’œuvres que l’on peut reconnaître ou pas dans un véritable jeu de piste picturale. Rassurez vous le décryptage des tableaux pastichés apparaît en fin d’album.

Moderne Olympia par Catherine Meurisse © Futuropolis

Moderne Olympia par Catherine Meurisse © Futuropolis

Après s’être illustrée à Charlie Hebdo, Catherine Meurisse dessine pour Libération, Les Echos, Le Nouvel Obs… Ici son graphisme est fluide et limpide. Inspirée manifestement par une grande dame du 9ème art, Claire Brétécher, elle trouve dans ce récit le ton juste pour parler de ce que cela fait d’être une femme libérée, mais refusée, et ça, c’est pas si facile.

Didier Morel

Moderne Olympia par Catherine Meurisse © Futuropolis

 La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Une Femme Libérée – Cookie Dingler

 

02 Mar

Max Winson : le champion qui n’a jamais perdu

Max Winson - 1.la tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Max Winson – 1.la tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Tout est parti de cette idée « Un type qui n’a jamais perdu, et qui va se retrouver à tenter de perdre. Il a été tellement conditionné à la victoire, est-ce qu’il est capable de perdre un match ? « . Ainsi Jérémie Moreau défini son tennisman Max Winson, le héros de son roman graphique, la bonne surprise de ce début d’année.

La carrière de son auteur est à l’image de son champion de tennis. Dès 8 ans, il participe pour la première fois au concours de la BD scolaire à Angoulême et il recommence chaque année. A 16 ans, il obtient le prix tant convoité, puis en 2012 le prestigieux prix Jeune Talent du 39ème Festival. L’an dernier à 26 ans, il signe avec Wilfrid Lupano, Le Singe de Hartepool, primé à son tour par les libraires. Doué aussi bien pour le film d’animation que pour la BD, Jérémie nous surprend à nouveau avec ce premier tome Max Winson – la tyrannie, un tennisman invaincu, numéro 1 mondial depuis 7 ans.

Le généticien Albert Jacquard l’affirmait haut et fort :

« Je suis absolument contre la compétition. En revanche, je suis absolument pour l’émulation ».

Il précisait : « La compétition, c’est la volonté d’être meilleur qu’autrui, de le dépasser. Quitte à tout faire pour le détruire… Elle transforme des êtres humains en une nouvelle espèce, intermédiaire entre les humains et les monstres. »

Max Winson - 1.la tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Max Winson – 1.la tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Jérémie Moreau ne s’en cache pas, la pensée du chercheur humaniste « sert de pilier au propos sous-jacent de cette bande dessinée ». Son personnage Max Winson est aussi librement inspiré des jeunes années du tennisman André Agassi. Ici aucune émulation possible, puisque Max Winson gagne tous ses matchs quelque soit son adversaire. Il est le meilleur et de loin, il est adulé pour cela, mais vit reclus avec son père tyrannique qui tient le rôle de mentor et de coach. Le prix à payer pour cette gloire est énorme : enfance volée, solitude, absence de libre arbitre …jusqu’à sa rébellion quand son père décline et qu’il est déstabilisé par une journaliste. Dégingandé et réveur avec un coté Petit Pince ou Little Nemo, la machine à gagner retrouve alors son humanité.

Max Winson - 1. La tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Max Winson – 1. La tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

Avec une belle inventivité graphique proche des mangas shônen, cet album en noir et blanc est une réussite dont attend le second tome avec impatience. C’est également une belle réflexion sur le sport comme un business-model, la compétition comme une vertu et la victoire comme une obsession.

Didier Morel

Max Winson – 1. La tyrannie par Jérémie Moreau © Delcourt

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Woodkid – Run boy run 

01 Mar

Gipi : Vois comme ton ombre s’allonge

 

Vois comme ton Ombre s'allonge par Gipi © Futuropolis

Vois comme ton Ombre s’allonge par Gipi © Futuropolis

 

Gipi n’est pas un dessinateur comme les autres. Cet italien n’est pas un auteur d’autofiction de plus. A 49 ans, il est un véritable écrivain, un artiste à part entière et son nouveau roman graphique une oeuvre sans commune mesure. Fait rare pour une BD, cet album est le premier à être sélectionné au prestigieux prix littéraire Strega, l’équivalent du Goncourt en Italie.

Son nouvel album Vois comme ton Ombre s’allonge (Una Storia) est à peine refermé et c’est peu de dire qu’il ne pose d’avantage de questions qu’il ne propose de réponses. C’est le récit fragmenté d’un homme hospitalisé pour « schizophrénie subite », sans signes précurseurs donc, et juste avant 50 ans, l’age de Gipi, de son vrai nom Gian Alfonso Pacinotti. Seul signe particulier, il se met à dessiner et redessiner sans arrêt le même arbre aux branches décharnées et la même station service. De quoi laisser perplexe ses médecins et le lecteur. Le récit devient un peu plus sinueux quand un lien possible se fait avec un aïeul, un poilu de 14-18. Il aurait commis un acte inavouable pour sauver sa peau sur le front. Peu à peu, les pièces du puzzle s’assemblent au fur et à mesures des délires hallucinatoires du personnage.

Vois comme ton Ombre s'allonge par Gipi © Futuropolis

Vois comme ton Ombre s’allonge par Gipi © Futuropolis

Chaque parcelle du récit fait appel à différentes techniques : typographie et crayonné en noir et blanc, lavis et aquarelle en couleur, comme autant d’écho aux multiples rides du visage creusées au fil des millénaires par les larmes, nous raconte l’auteur. La peur de vieillir après un demi siècle d’existence est au cœur de ce maelstrom graphique.

Vois comme ton Ombre s'allonge par Gipi © Futuropolis

Vois comme ton Ombre s’allonge par Gipi © Futuropolis

« Si l’homme de dix-huit ans se réveillait d’un coup une nuit, se levait et dans le miroir se voyait avec les peurs, avec les misères de ses futurs cinquante ans, il mourrait. »

Celui qui a obtenu de nombreux prix et en  2006, le Prix du Meilleur Album à Angoulême avec Notes pour une Histoire de Guerre, et qui a rencontré un grand succès critique avec Ma Vie Mal Dessinée, tisse une histoire (le titre original en italien est Una Storia) entre textes et images d’une grande force. Bouleversante et envoûtante, à votre tour de découvrir ce nouvel opus dans l’oeuvre de Gipi.

Didier Morel

Vois comme ton Ombre s’allonge par Gipi © Futuropolis

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Maxence Cyrin – Where is my mind (The Pixies piano cover)

23 Fév

Clarke : le père de Mélusine dévoile ce qui se cache derrière son Etiquette

Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange - Glénat

Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange – Glénat

Le papa de la sorcière rousse dévoile l’envers de son univers personnel. Qui se cache donc derrière l’étiquette de dessinateur de BD jeunesse à succès ? Par petites touches, Clarke laisse les artefacts et sans détour raconte son quotidien de dessinateur pris dans une tourmente familiale.

L’héroïne du Journal de SpirouMélusine, sa jeune (119 ans) et jolie sorcière, est depuis bientôt 20 ans le personnage qui assure la notoriété de Clarke dans tous les salons. Pas une dédicace sans qu’une fan ne vienne le voir déguisée en apprentie-magicienne. Qu’il vienne présenté d’autres travaux comme Sicilia Bella ou Les Amazones, rien n’y fait. Avec Les Étiquettes, il nous livre au fil de l’eau ses déboires et ces petits riens qui définissent un homme, un père, un ex-mari. Sa femme est partie. Frédéric Seron, de son vrai nom, a choisit de continuer à vivre presque comme avant à Bruxelles, avec ses trois enfants, deux garçons jumeaux et une fille. Il se sent alors comme « une coquille vide ». Une copine lui montre qu’il aime Les Étiquettes :

« Puisque l’image que tu as de toi, c’est celle que les autres te renvoient… Alors autant savoir comment on te voit, avant de savoir qui tu es … »

Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange - Glénat

Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange – Glénat

Il dessine alors un récit intimiste de cette longue période faite de rencontres avec des femmes autour d’un verre, des amis complices qui portent le nom de Denis Lapierre, Bob de Groot, Dany, Janry.., son oncle malade, Pierre Seron, auteur de BD lui aussi, Les Petits Hommes. L’émotion culmine avec les derniers jours de sa mère et de son choix d’en finir avec la vie. La poésie synesthésique étreint par les touches de couleurs musicales au milieu des cases en noir et blanc. Enfin l’humour délivre lors d’une escapade londonienne, un cadeau personnel qu’il se fait pour ses 39 ans. Clarke signe là un rare récit autobiographique, d’une grande sincérité, entre mélancolie et tendresse.

Didier Morel

Les Etiquettes par Clarke © treizeétrange – Glénat

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

La Mélancolie – Miossec

20 Fév

Guy Delisle : un mauvais père ?

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

A quoi reconnait-on un mauvais père ? La réponse est dans ce guide écrit et dessiné par Guy Delisle. Jouissif et permissif, ce papa de deux enfants ose tout et c’est cela qui est bon à lire.

Le Guide du Mauvais Père n’est peut être pas à laisser traîner entre les mains de vos enfants. Ils risqueraient de prendre au pied de la bulle les conseils de Guy Delisle. Fin observateur de ses contemporains, il a obtenu le Fauve d’or en 2012 à Angoulême pour Chronique de Jérusalem. C’est avec la même précision qu’il s’est observé lui même en tant que père face à ses deux enfants : l’aîné un garçon et la cadette une fille. En partant de situations réelles, il imagine ce que cela ferait de franchir la fameuse ligne rouge que chaque parent se fixe : imaginer que la sœur est un punching ball, appeler son fils bouboule quand il démarre un régime, profiter d’une pińata pour taper sur le sale gamin qui ne cesse d’importuner votre fille à l’école …

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

Transgressif et inventif, ce guide numéro 2 comme le premier tome, fait du bien. Pas besoin d’attendre la fête des pères pour le savourer et assumer les petits bobards enfantins. Un bel exutoire.

Didier Morel

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Placebo – Daddy Cool

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

Le Guide du Mauvais Père par Guy Delisle © Delcourt

13 Fév

Saint-Valentin : vivez la en BD et plus si affinité …

Histoires Inavouables par Ovidie et Jérôme d'Aviau © Delcourt

Histoires Inavouables par Ovidie et Jérôme d’Aviau © Delcourt

L’auteur Ovidie vous connaissez ? Je vois déjà les latinistes férus faire référence au poète qui a écrit L’art d’aimer à une époque où la République se transformait en Empire Romain. Que nenni ! Ce n’est pas d’Ovide dont j’entreprends de vous parler mais bien d’Ovidie, une demoiselle qui s’est fait connaître dans une première partie de sa vie par son talent dans un genre cinématographique plus connu par l’antépénultième lettre de l’alphabet. Osez lire ses Histoires Inavouables.

Eh oui, n’en déplaise à certains : la donzelle a des lettres et possède deux hémisphères, dont elle sait se servir à merveille. L’ancienne étudiante en philo l’a prouvé lors d’un dialogue avec André Comte-Sponville et à une autre occasion lors de sa participation à l’ouvrage Sexe & Philo. Le mot qui fait peur est lâché … Non pas philo bien sûr, mais le précédent. Car il s’agit bien de cela, dans ses Histoires Inavouables. Ovidie avertit le lecteur en 4ème de couverture : « Les dix histoires que vous allez découvrir sont toutes inspirées de faits réels, seuls les noms ont été modifiés. Trop croustillantes pour être avouées, elles m’ont été confiées dans le plus grand secret. J’en ai moi même vécu certaines d’entre elles, et je n’avais jamais osé en parler à ce jour. J’ai laissé quelques indices, je vous laisse deviner lesquels… ».

Je ne connais pas en détail sa carrière et encore moins sa vie. Alors, ne comptez pas sur moi pour vous aider à découvrir les indices susmentionnés. Par contre, je peux vous dire que, quel que soit votre genre (féminin, masculin ou indéterminé), vous rirez aux éclats car Ovidie sait raconter les histoires avec beaucoup d’humour. Comme nul autre pareil, elle désamorce les situations les plus scabreuses, de celle qui finissent en débandade. Elle est aussi très bien servie en noir et blanc par le trait léger, tout en subtilité, de son partenaire, Jérôme d’Aviau, celui qui nous avait convaincu dans ses illustrations des textes de Dominique A. Au final pas de pornographie, mais de l’érotisme dans cet album qui, certes, ne doit pas être placé entre des mains mineures. L’ensemble de ces histoires courtes constitue une belle suite de contes amoraux, plus proches de Fraise et Chocolat de Aurélia Aurita que de l’œuvre de Milo Manara.

Allez ! Un indice tout de même, dans une de mes histoires préférées : celle de Raziel, son chien amateur de préservatif. Ovidie lui dédicace ainsi sa première bande dessinée : « A celui qui a été le témoin, durant douze années, de mes joies et de mes peines, de mes amours et de mes chagrins. Le plus fidèle d’entre tous. Et le seul qui ne m’ait jamais jugée. »

Histoires Inavouables par Ovidie et Jérôme d'Aviau © Delcourt

Histoires Inavouables par Ovidie et Jérôme d’Aviau © Delcourt

Ars amaria, écrit en l’an 1 par le poète latin, est un des textes érotiques les plus connus au monde, peut-être moins lu que le Kama Sutra, le Satyricon ou encore La Prairie parfumée. Mais souhaitons à Ovidie une aussi grande postérité. Ses Histoires Inavouables sont un album à n’en point douter à partager à deux pour cette Saint-Valentin.

Didier Morel

Histoires Inavouables par Ovidie et Jérôme d’Aviau © Delcourt

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Tricky – Valentine

09 Fév

Paris Manga & Sci-Fi Show : 3 albums à découvrir

17ème édition Paris Manga & Sci-Fi Show

17ème édition Paris Manga & Sci-Fi Show

La 17ème édition pour le Paris Manga & Sci-Fi Show s’achève. Réunissant deux fois 70 000 amateurs lors de ses deux sessions annuels, ce salon de la Porte de Versailles est le petit frère de la Japan Expo, le blockbuster européen des fans de manga, de comics et de jeux vidéo. Entre fourre–tout et programmation pointue, les organisateurs préfèrent parler de festival ouvert à tous, aux familles comme aux férus de cases et de bulles. Voici notre choix de trois albums à découvrir : un manga historique : Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki, une uchronie française : Métropolis par Serge Lehman et Stéphane de Caneva et une BD jeunesse : Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin.

Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki © Komikku éditions

Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki © Komikku éditions

Le grand Hannibal, le carthaginois qui réussit l’exploit de traverser les alpes avec ses éléphants pour tenter de conquérir Rome, était il atteint de strabisme ? C’est une des surprises que réserve la lecture d’Eurêka !, une trouvaille parue au japon en 2002 et qui vient d’être traduite en français par la petite maison d’éditions Komikku. L’histoire reprend le mythique siège de Syracuse défendue par les inventions d’Archimède. Elle se déroule pendant la 3ème guerre punique entre Rome et Carthage. La cité sicilienne tente de profiter de la situation pour recouvrir son indépendance face à la tutelle romaine. C’est l’occasion pour le lecteur de mettre un visage sur l’auteur d’un théorème bien connu des collégiens : Archimède, l’auteur d’Eurêka (« j’ai trouvé ! » en grec). Le savant est aussi célèbre pour avoir aider à la sécurisation de sa ville. C’est là où le mangaka Hitoshi Iwaaki prend des libertés avec la réalité historique. Pour notre plus grand plaisir défilent alors toute sorte de machines, plus redoutables les unes que les autres, pour défaire la flotte et les armées romaines. Mêlant minutie dans la reconstitution des soldats, delà topographie des batailles et un récit amoureux, l’auteur nous séduit jusqu’au final, la mise en image de la légende de l’embrasement à distance de voiles des bateaux du Général Marcellus grâce au soleil et des miroirs.

Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki © Komikku éditions

Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki © Komikku éditions

 

Ne vous arrêtez pas à la couverture incompréhensible pour ma part : un œil, une oreille, un détail agrandi dans une loupe ??? Par contre, n’hésitez pas à découvrir les aventures en One-shot de Damippos, un spartiate devenu disciple d’Archimède, dans ce récit historique bien documenté.

Eurêka ! par Hitoshi Iwaaki © Komikku éditions

Métropolis par Serge Lehman et Stéphane De Caneva © Delcourt

Métropolis par Serge Lehman et Stéphane De Caneva © Delcourt

13 mai 1935 – des événements étranges se déroulent dans Métropolis, la capitale de l’Interland : un livre sur les Croix de Bois de Roland Dorgelès apparaît en vitrine d’une librairie, une statue d’un soldat inconnu remplace du jour au lendemain celle d’un phycien et philosophe autrichien Ernst Mach. Cela ne vous paraît pas étrange ? Cela l’est pour l’inspecteur Gabriel Faune. Depuis plus de 60 ans, le pays est en paix, la 1ère guerre mondiale n’a pas eu lieu et donc personne ne sait ce qu’est un poilu et Dorgelès n’a pu faire le récit de ses combats dans les tranchés. Un an plus tôt, un terrible attentat meurtrier a été perpétué. C’est le point de départ de cette thriller uchronique raconté avec brio par Serge Lehman, l’auteur remarqué de Masqué. Au fil de l’enquête sur de « vielles choses mortes », le lecteur croisera le docteur Freud et son Traumdeutung, Winston Churchill dans son club de fumeurs de cigares de la rue K, Peter Lore ans M le maudit ? autant de personnage réels dans une fiction qui créent de riches entrechocs de sens.

Métropolis par Serge Lehman et Stéphane De Caneva © Delcourt

Métropolis par Serge Lehman et Stéphane De Caneva © Delcourt

Les plus étonnants ce sont Aristide Briand et Gustav Streseman, artisan de la paix et nouveau dirigeant de cet Interland, un espace neutre entre la France et l’Allemagne, dont le héros est devenu à sa naissance le citoyen numéro 1. C’est le premier tome de 4 volumes, dans lesquels nous devrions voir apparaître la figure du mal absolu, Adolf Hitler. Souhaitons que le prochain à venir à la rentrée sera aussi haletant et graphiquement mené de main de maitre par Stéphane De Caneva (Sept Clones) Je vous recommande ses grandes cases muettes pleine page d’une grande virtuosité.

Pour feuilleter l’album c’est ici.

Métropolis par Serge Lehman et Stéphane De Caneva © Delcourt

Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin © Gallimard

Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin © Gallimard

Imaginez un nouveau programme scolaire où toutes les matières seraient basées à partir de jeux vidéo. Les sciences naturelles se consacrent à l’étude de monstres, le français au scénario de jeux de rôle, l’anglais devient un cours de langue elfique et l’histoire sert de contexte pour l’heroic fantasy ! Telles sont les nouvelles directives de l’Education Nationale. Après tout, c’est la crise et le jeu vidéo est devenu la première industrie du loisir, la seule réellement florissante. Renversant pour le premier de la classe qui n’a jamais touché une console et doit recommencer avec des jeux d e base comme Pong. Une aubaine pour les geeks et autre cancres qui affichent des heures de combats sur WOW (comprenez World of Warcraft). Le proviseur est rapidement dépassé et un grand frère spécialiste des jeux en réseau prend le relais pour le plus grand bonheur des élèves. Kräkaendraggon, une utopie ? Pas si sûre car les malicieux auteurs Lewis Trondheim (Lapinot, Donjon) et Mathieu Sapin (Sardine de l’Espace, Akissi) déroulent la logique de leur postulat de départ avec humour et maintiennent le récit jusqu’au bout. Ensemble, ils réussissent à se moquer subtilement de l’ancien monde comme du nouveau. Le tour de force est de raconter l’histoire tout en consacrant à chaque planche un gag sur une planche. Nous en redemandons.

Didier Morel

Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin © Gallimard

Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin © Gallimard

Kräkaendraggon par Lewis Trondheim et Mathieu Sapin © Gallimard

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

General Elektriks – Take Back the Instant

07 Fév

Ici et ailleurs : des Histoires Dessinées. 1913 – 2013

Albums - Bande dessinée et immigration. 1913-2013

Albums – Bande dessinée et immigration. 1913-2013

Le 9ème art est de nouveau à l’honneur dans les musées parisiens. Après Astérix, qui vient tout juste de fermer ses portes à la B.N.F, rendez-vous au Palais de la Porte Dorée pour découvrir, jusqu’au 27 avril prochain, l’exposition intitulée Albums : des histoires dessinées entre ici et ailleurs.

Les albums de voyage que cette exposition nous invite à parcourir sont d’un genre un peu particulier. Non parce qu’ils se présentent sous une forme dessinée. Mais parce que les périples qu’ils évoquent sont ceux effectués par les migrants, ces explorateurs des temps modernes.

Les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent

Pour partir ; cœurs légers, semblables au ballons,

De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,

Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

N’en déplaise à Charles Baudelaire, peu de voyageurs correspondraient à cette définition qu’il nous propose dans son poème « Le Voyage », extrait des Fleurs du Mal. Ni les touristes d’aujourd’hui, qui parcourent de vastes distances pour leurs loisirs. Ni les migrants, qui se confrontent à l’inconnu  – et parfois au danger  – par nécessité. L’exposition organisée par le Musée de l’Histoire de l’Immigration entend montrer comment la figure du migrant a investi le champ de la bande dessinée dès le début du 20ème siècle, en relation directe avec les deux grandes périodes de flux migratoires : avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’émigration suit principalement le trajet Europe – Amérique (du Nord ou du Sud) ; après les années 1950, quand c’est  l’Europe qui devient terre d’accueil.

George-Mcmanus -Bringing Up Father

George-Mcmanus -Bringing Up Father

La première période migratoire, nous pouvons la suivre au travers des personnages inventés aux Etats-Unis par George McManus (1884 – 1954) dans Bringing Up Father (1913), ou plus récemment par Will Eisner (1917 – 2005) dans son récit graphique d’inspiration autobiographique : To the Heart of the Storm (1990). Ces deux dessinateurs, descendants de migrants européens, ont placé la  richesse de leur double appartenance culturelle au service d’une représentation distanciée des mœurs de la société américaine. Dans les deux cas, le pays d’accueil n’apparaît en rien comme un Eldorado : le Nouveau Monde n’est à l’abri ni des préjugés ni du racisme …

Four immigrants Manga - Henry Yoshitaka Kiyama

Four immigrants Manga – Henry Yoshitaka Kiyama

Le parcours du migrant dans son pays d’accueil est semé d’embûches, mais il ne sort pas toujours valorisé par la succession de ses mésaventures. Ainsi en va-t-il des personnages inventés par Henry Yoshitaka Kiyama dans les années 1930 : les quatre émigrés japonais qui se retrouvent à San Francisco font face dans leur quotidien à la xénophobie ambiante tout en manifestant leur sentiment de supériorité par rapport aux autres migrants venus de l’Asie, comme les Chinois. A chacun son bouc émissaire …

Le seul émigré à conquérir le statut de héros dans la bande dessinée américaine des années 1930, c’est Superman. Et oui, n’oublions pas que ce super-héros créé par Jerry Siegel et Joe Shuster vient d’une autre planète et qu’il est un enfant adopté !

L’exposition s’attache dans un second temps à nous présenter des dessinateurs francophones qui, depuis les années 1950, puisent leur inspiration dans une histoire personnelle ou familiale liée à l’immigration, depuis René Goscinny à Marguerite Abouet, en passant par Enki Bilal ou Marjane Satrapi.

Les Indésirables - Reportages - Joe Sacco

Les Indésirables – Reportages – Joe Sacco

En parallèle, elle met en évidence le désir de certains dessinateurs de rapprocher le 9ème art d’un travail d’investigation journalistique. Dans ces albums, le ton se veut moins léger ; la dénonciation des stéréotypes qui affectent le migrant s’inscrit dans un projet militant. L’enjeu de la fiction en images : dénoncer les conditions d’accueil des migrants en France, dévoiler les dangers auxquels sont confrontés les clandestins.

Petite Histoire des Colonies Françaises - Grégory Jarry et Otto T.

Petite Histoire des Colonies Françaises – Grégory Jarry et Otto T.

La B.D se fait alors plus sérieuse. Elle se veut le compte rendu de vies d’hommes et de femmes, évoque leurs espoirs, leurs ambitions, et leurs déconvenues. Elle entend offrir  une voix aux minorités confrontées à la discrimination. Et aussi inscrire les parcours individuels dans une mémoire collective, à l’exemple de Thomas Dupuis, dit Otto T. qui dans sa Petite Histoire des colonies françaises, avec Grégory Jarryrappelle aux lecteurs que :

Connaître leur histoire apprend à se connaître soi-même car, en vérité je vous le dis, l’homme civilisé descend de l’immigré.

La pépite d’or de cette exposition ? S’il vous faut une seule raison de vous rendre au Palais de la Porte Dorée, c’est sans hésitation l’album Où vont nos pères de Shaun Tan que je convoquerais. Point d’orgue du parcours, cette BD brille par son originalité et la force de son contenu : les planches ne contiennent aucune parole ; pas de commentaire de narrateur non plus pour éclairer ce silence des personnages ; tout est dans l’image ; une image qui s’inspire de photographies de migrants prises à Ellis Island au début du 20ème siècle pour créer un univers qui se veut la métaphore de toutes les migrations.

Là ou vont nos pères - Shaun Tan - Dargaud

Là ou vont nos pères – Shaun Tan – Dargaud

Le musée qui accueille cette exposition est un lieu chargé d’Histoire : construit à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931, le Palais de la Porte Dorée a d’abord abrité le musée dit des colonies, transformé en musée des Arts africains et océaniens, avant de devenir celui de l’Histoire de l’immigration depuis une dizaine d’années. Un passage par le rez-de-chaussée pour observer le discours colonialiste des fresques de l’ancienne salle des fêtes et la décoration Art déco des deux bureaux officiels, « ça peut pas faire de mal ! ».

Loretta Giacchetto

Si vous visitez l’exposition Albums en famille, téléchargez auparavant le parcours conçu, c’est ici.

Albums – Bande Dessinée et Immigration. 1913 – 2013 jusqu’au 27 avril 2014

Musée de l’Histoire de l’Immigration – Palais de la Porte Dorée – Musée de l’histoire de l’immigration 293, avenue Daumesnil Paris 12e

Post-Scriptum :  Si d’aventure la lecture sans images ne vous rebute pas, un court roman de Daeninckx en relation avec le Palais de la Porte Dorée : Cannibale. A découvrir aussi dans son adaptation B.D par Emmanuel Reuzé !

Cannibale par Emmanuel Reuzé © Emmanuel Proust éditions

Cannibale par Emmanuel Reuzé © Emmanuel Proust éditions

29 Jan

Angoulême J-1 : 24 planches en 24h, le défi BD

 

Notes 8. Les 24 heures par Boulet - Delcourt

Notes 8. Les 24 heures par Boulet – Delcourt

Les 24 heures de la Bande Dessinée à Angoulême en est a 8ème édition. Inspiré d’un défi qui existe aux États-Unis (The 24 Hour Comics Day, lancé par Nat Gertler d’après une idée initiée par Scott McCloud), cette épreuve a été créée par Lewis Trondheim. A la veille de l’ouverture du festival, les 24 h s’achèvent. Ils étaient plus de 600 sur leur table à dessin au départ. Le plus connu de ses forçats, c’est Boulet. Il a publié, il y a peu,  le 8e tomes de ses Notes avec les 7 histoires produites dans les précédentes éditions.

C’est le dessinateur Lewis Trondheim (Lapinot, Ralph Azham) qui donne une fois de plus la contrainte pour ce défi. Cette année, Boulet (l’auteur de La Page Blanche) a été très surpris par le choix de son ami, car il s’agit d’utiliser ses 90 dernières photos postées sur compte Instagram. Le principe est pourtant on ne peut plus simple : 24 planches (dont la couverture et la 4ème de couverture) dessinée en 24 heures non-stop.Ce marathon graphique est ouvert à tous : auteurs, amateurs et élèves d’école d’art.

Les images à la disposition des auteurs - Boulet

Les images à la disposition des auteurs – Boulet

 « Je ‘n’étais pas au courant. Cette consigne est un cauchemar », a précisé l’intéressé au journal Sud-Ouest. Ce cauchemar, il le revit en fait chaque année dans la Maison des Auteurs à Angoulême et il le raconte dans son dernier album de la série Notes. C’est drôle et c’est un régal pour nous lecteur de suivre les pérégrinations du forçat du dessin Boulet pendant 1 440  minutes et ce sur 7 années. Comme quoi la contrainte est créative, car il sait avec humour jouer avec des consignes toujours plus loufoques au fil des éditions (une boule de neige, des pirates, Popeye …)

Didier Morel

Notes 8. Les 24 heures par Boulet - Delcourt

Notes 8. Les 24 heures par Boulet – Delcourt

Notes 8. Les 24 heures par Boulet – Delcourt

Pour lire les histoires de chacun des participants, c’est ici.

L’histoire créée par Lewis Trondheim (« C’est trop facile, j’ai terminé 10 minutes avant la fin », affirme-t-il !!!) et celle de Boulet

Pour aller plus loin, revivez les 24 heures de 2013 filmées par France 3 Poitou-Charentes