05 Mai

Huit BD qui nous parlent de demain ou d’après-demain histoire de bien préparer le déconfinement…

Jamais on a eu aussi hâte d’être à demain, voire à après-demain, de connaître des jours meilleurs, de pouvoir enfin reprendre une vie normale sans penser à cette saleté de virus. Malheureusement, le futur n’est pas toujours à la hauteur de nos espérances. En voici quelques exemples, des bandes dessinées disponibles en édition numérique ou auprès de vos libraires qui rouvrent le 11 mai…

Hôpitaux saturés, personnel soignant débordé, rassemblements interdits, transports publics suspendus, écoles et universités fermées, crise économique mondiale, mobilisation de l’armée, surmortalité… La Chute de Jared Muralt est censé se dérouler dans un avenir proche mais ça ressemble brougrement à notre quotidien. Avec un petit plus qui permet de maintenir le récit dans la catégorie science-fiction, et pour longtemps j’espère, il n’y a ici plus de continuité du service public, les magasins sont réellement vides et on tire à balles réelles dans les rues, bref, c’est le chaos total. Et dans ce chaos, une petite famille, un père et ses deux enfants, tente de survivre. Un dessin réaliste de belle facture, un scénario hyper-efficace qui met en scène un monde confronté à « un virus dont la dangerosité n’est pas comprise dès le début ». Sorti le 6 mars dernier, prévu en six tomes. Saisissant ! (La Chute tome 1, de Jared Muralt. Futuropolis. 15€)

Toujours dans un futur proche, toujours dans un contexte d’épidémie et de chaos général, Les Dominants de Martial Toledano et Sylvain Runberg chez Glénat nous entraîne dans les pas d’Andrew Kennedy, un survivant à la Grande Souche, nom donné à cette épidémie qui a ravagé l’essentiel de l’humanité – plus d’un milliard de morts – et laissé champ libre à une étrange race extraterrestre pas forcément belliqueuse mais qui provoque nausées, hystéries, migraines… Face à ces intrus, l’humanité s’est divisée en trois catégories : ceux qui ont décidé de s’adapter, ceux qui veulent résister et ceux qui leurs vouent un culte. Andrew Kennedy n’appartient à aucune de ces catégories, son choix à lui est de sauver ceux qu’il aime, notamment sa fille qui a rejoint une bande de résistants violents. La seule bonne nouvelle dans tout ça, c’est l’annulation de la 46e élection présidentielle aux USA qui donnait largement vainqueur Donald Trump. Pas le choix, tous les candidats à l’investiture étant décédés… (Les Dominants tome 1, de Runberg et Toledano. Glénat. 14,95€)

Pas de virus dans Planeta Extra, pas de virus mais une planète Terre à l’agonie. Plus d’air pur, plus d’eau potable, la Tour Eiffel rasée, l’Arc de triomphe squatté… et les ultra-riches qui s’enfuient les uns après les autres vers Luna Europa, planète de luxe située à plusieurs années-lumière de la Terre. Alors biens sûr, ça râle du côté des travailleurs. Les syndicats réclament un libre passage vers ce nouvel éden mais l’accès est verrouillé. Même Kiké, qui officie comme déménageur pour ces fameux ultra-riches, ne dépasse pas la limite du cosmoport (port pour le cosmos). Et il s’en porte plutôt pas mal, jusqu’au jour où il apprend que sa propre fille projette de s’installer sur Luna Europa… De la SF à la sauce politique signée par une tandem argentin qui n’est pas à son coup d’essai. En bonus, un graphisme qui a du caractèrere ! (Planeta Extra, de Diego Agrimbau et Gabriel Ippoliti. Sarbacane. 18€)

Un mur pour protéger les puissants de ce monde, du moins ce qu’il en reste. C’est l’idée à la base de cette histoire parue en janvier dernier chez Glénat et signée par un Français au scénario, Antoine Charreyron, et un Italien au dessin, Mario Alberti. Un Français et un Italien, et c’est intéressant de le noter car Le Mur est né en automne 2011 à l’occasion d’un accrochage politique franco-italien au sujet des migrants, Nicolas Sarkozy proposant la création d’un mur pour protéger l’Europe. Choqué, Antoine Charreyron écrira très vite la première version de cette histoire, d’abord pour le cinéma, et finalement pour la bande dessinée. L’histoire justement ? Celle d’un mur donc, censé protéger les derniers puissants d’un monde en ruine et sec comme un caillou. Même la Méditerranée est un vague souvenir. Dans ce monde-là, les survivants tentent de survivre et bien évidemment de franchir le mur par tous les moyens pour rejoindre ED3N où toutes les ressources nécessaires à la survie de l’homme seraient réunies. Parmi les survivants, Solar et sa soeur, Eva, atteinte d’une grave maladie respiratoire. Sa survie dépend des médicaments. Pour en trouver, une seule solution : franchir ce satané mur. Un road movie à la Mad Max, plein de fureur et de poussière ! (Le Mur tome 1, de Alberti et Charreyron. Glénat. 15,50€)

Colonisation nous embarque dans un futur où l’homme a dû quitter la Terre surpeuplée pour coloniser d’autres planètes. Un exode de masse à bord d’une multitude de vaisseaux spatiaux dont certains se sont perdus dans l’immensité de l’espace et sont sujets à des pillages. Retrouver ces vaisseaux, c’est précisément la mission de Milla Aygon et de son équipe, une mission dangereuse qui les entraîne dans des recoins inhospitaliers de l’univers... Un scénario toujours aussi captivant avec ce quatrième volet, une mise en images sublime, tout en finesse et dynamisme, une très bonne série ! (Colonisation tome 4, de Filippi et Cucca. Glénat.13,90€)

Changement de style avec ce one shot signé Nuno Plati et David Boriau chez Glénat. Cette fois, notre bonne vieille planète n’est pas à l’agonie, elle pourrait même intéresser des aliens venus d’on ne sait où. Tout commence dans l’observatoire de la petite ville de Grizzlown au Canada lorsque le jeune handicapé Josh et son ami scientifique Jorgen Wood captent la réponse à un signal émis depuis 20 ans en direction d’un trou noir. De quoi mettre en émoi toute la petite communauté d’autant que le signal est de plus en plus intense et donc de plus en plus proche de la Terre. Il pourrait venir d’un engin spatial qui aurait parcouru 25 0000 années-lumière en quelques heures et risque maintenant d’entrer en collision avec la Terre. Pour les plus jeunes… (Metanoïde, de Plati et Boriau. Glénat. 16,90€)

Bolchoi Arena, de Boulet et Aseyn nous embarque assez habilement dans l’univers du monde virtuel. Les premières pages du premier volet paru en septembre 2018 sont à cet égard assez bluffantes, déstabilisantes, le lecteur ne sachant plus très bien sur quel niveau d’imaginaire il se trouve. Dans un futur proche, internet n’est plus. Mais pas de panique les geeks, le réseau mondial de réalité virtuelle, le Bolchoi, l’a remplacé offrant des possibilités beaucoup plus infinies. Vous rêviez d’explorer l’espace aux commandes de votre propre vaisseau spatial ? Le Bolchoi vous le permet et sans bouger de votre canapé. Marje, jeune étudiante en astrophysique va y goûter et ne jamais s’en remettre. Une histoire bien ficelée, un trait léger, des couleurs pastel et une belle présentation avec jaquette transparente en rodoïde. Le tome 2 est sorti en janvier de cette année. (Bolchoi Arena, de Boulet et Aseyn. Delcourt. 19,99€)

C’est l’un des best-sellers de la bande dessinée de science-fiction, 20 ans d’existence, 20 albums au compteur, des centaines de milliers d’exemplaires vendus dans plusieurs langues, des séries parallèles… et un vingtième album essentiel qui dévoile enfin les origines de Nävis, l’héroïne de la série, seule humaine à bord du Sillage, un gigantesque convoi multiracial explorant l’espace à la recherche de planètes à coloniser. Un graphisme sublime, des planches d’une beauté plastique exemplaire, une narration sans faille, une héroïne toujours aussi attachante… De la très très très bonne SF made in France. (Sillage tome 20, de Buchet et Morvan. Delcourt. 14,50€

Eric Guillaud