31 Déc

2020 c’est maintenant, une sélection de BD SF pour préparer l’avenir

2020. Pour les plus de 50 ans, dont je fais partie, ça commence sacrément à sentir le futur au niveau du compteur. 2001 représentait déjà une sacrée odyssée, alors que dire de la décennie qui s’ouvre dans quelques heures? Tous les futurs sont possibles, en voici quelques-uns…

On commence avec Renaissance, série emmenée par Fred Duval, Frédéric Blanchard et Emem. Le deuxième volet sorti en septembre ne fait que confirmer tout le bien qu’on en pensait à la parution du premier en octobre 2018, Renaissance est LA série SF du moment. Rien de bien étonnant quand on connaît un minimum le pedigree des auteurs, tous biberonnés à la science-fiction depuis leur plus tendre enfance, le premier s’étant fait connaître comme le scénariste des séries Carmen Mc Callum, Travis ou encore Jour J, le second ayant traîné son œil de designer et de directeur de collection sur quantité de titres, enfin Emem ayant un temps repris le dessin de Carmen Mc Callum avant de se consacrer pleinement à Renaissance. Si le dessin est au top, le scénario n’est pas en reste, bien au contraire. Nous sommes en 2084, la Terre agonise, le réacteur nucléaire du Tricastin a explosé, la tour Eiffel a les pieds dans l’eau, les champs de pétrole texans sont bombardés par les Sécessionnistes, des épidémies de grippes ravagent la Chine, le Sahara a été déclaré zone invivable pour tout le monde, la Californie et l’Oregon sont en guerre…  Bref, tout va mal, jusqu’au moment où une fédération de civilisations extraterrestres, Renaissance, beaucoup plus avancée et pacifique, décide d’intervenir et de sauver l’humanité. A moins que ce ne soit la planète. « L’un n’empêche pas l’autre, l’autre n’implique pas l’un! » nous rappelle la voix off au début du tome 2…(Renaissance tome 2, de Fred Duval, Frédéric Blanchard et Emem. Dargaud. 14€)

Préférence Système est l’un des meilleurs récits d’anticipation de l’année, l’un des meilleurs bouquins tout court. Ugo Bienvenu qui, dit-il, détestait la SF il y a encore cinq ans et dû s’y reprendre à huit fois pour arriver au bout de 2001, L’Odyssée de l’espace pour comprendre en quoi le film de Kubrick était un chef d’oeuvre (Les Cahiers de la BD n°9), nous plonge ici dans un univers qui pourrait bien ressembler à notre avenir proche, un monde littéralement noyé sous les données numériques, obligé de faire le ménage en permanence en supprimant d’un clic d’un seul des pans entiers de notre patrimoine culturel.

Et sur quel dossier le Bureau des Essentiels, chargé de gérer le stockage, doit-il présentement se pencher ? Je vous le donne en mille, ou plutôt en deux mille un. Oui, exactement, 2001, L’Odyssée de l’espace, le film mais aussi tout ce qui le concerne de près ou de loin, les photos de tournage, les articles de presse, les partitions de musique, les croquis de production, les storyboards, les citations… bref tout, jusqu’au nom, jusqu’à son souvenir, envoyés à la poubelle. Tout ça pour gagner 1100 go ! Ça peut faire peur… (Préférence Système, d’Ugo Bienvenu. Denoël Graphic. 23€)

La lutte de quelques individus pour exister dans une société ultra-technologique où l’humain a cédé le pas aux machines est l’une des thématiques les plus usées de la science-fiction. À ce titre-là, Flesh Empire ne se démarque donc franchement pas. Mais en fait, il assume carrément ses emprunts à droite et à gauche, que cela soit du côté cinématographique (TronBlade Runner) ou littéraire (un personnage qui se nomme Ray Zimov en forme de clin d’œil à l’auteur Isaac Azimov par exemple). Car peu importe le fond, c’est vraiment dans la forme qu’il se démarque.

Avec son noir et blanc ultra-contrasté et surtout ses formes géométriques à la fois limpides et complexes, chaque planche semble ici presque irréelle, presque mathématique. Certaines s’étalent parfois sur des double-pages hallucinantes, dans tous les sens du terme. Les gestes y sont comme figés et les hommes et les machines se confondent dans un seul et même jet. Un style qui résonne en fait avec ce monde peut-être pas si éloigné de nous qu’il décrit, cet univers du futur nommé ‘singularity’. Une sorte de super-conscience virtuelle y régente en dictateur toute la population et emmagasine, tel un disque dur géant, les personnalités de chaque individu pour ensuite mieux les réinjecter à l’infini dans de nouveaux corps, assurant ainsi leur immortalité. Mais aussi leur asservissement. Glacial et figé, véritable claque visuelle, ce récit cyberpunk pas si simpliste qu’il n’y paraît d’abord est unique. Une œuvre d’art à part entière à l’identité très singulière qui dépasse le simple cadre de la SF. (Flesh Empire de Yann Legendre. Casterman. 19€)

Initiée par le dessinateur Griffo et le scénariste Jean Van Hamme dans les années 80, S.O.S. Bonheur est une série de science-fiction sociale et politique naviguant dans un monde où le bonheur de chacun est garanti par l’Etat et régi par des lois qui empêchent finalement toute initiative personnelle, toute alternative individuelle. Santé, sécurité publique, emploi, sexe, vacances et même retraite…tout est sous contrôle, totalement verrouillé, au point de rendre ce monde totalement ubuesque et irrespirable. Après une prépublication dans les pages du magazine Spirou, S.O.S. Bonheur paraît en albums en 1988 et 1989, puis en intégrale en 2001. Il faut attendre 2017 pour qu’une suite soit imaginée, prenant la forme d’une nouvelle saison. Jean Van Hamme est remplacé au scénario par Stephen Desberg. Pour le reste, rien ne change fondamentalement, Griffo est toujours au dessin et les albums, le deuxième vient de sortir, retracent en une suite d’histoires courtes, les destins croisés d’hommes et de femmes confrontés à la toute-puissance d’un état despotique. (S.O.S. Bonheur, de Griffo et Desberg. Dupuis. 20,95€)

La carrière d’écrivain de Stefan Wul – alias Pierre Pairault, un dentiste ( !) parisien – a finalement été assez courte. Mais l’homme a malgré tout marqué de son empreinte la science-fiction française des années 50. Son œuvre est aujourd’hui de nouveau célébrée avec une nouvelle adaptation en bande dessinée, un gros morceau, l’ultime livre de Wul sorti en 1977 et baptisé Noô…

L’éditeur aime parler ici autant de ‘space opera’ que de ‘voyage initiatique’. ‘Space opera’ car le tout se passe de l’autre côté de l’univers, dans un monde où l’ultra-moderne se mélange à la nature la plus sauvage et où les hommes côtoient de drôles créatures évoquant des sortes d’oiseaux . Et ‘initiatique’ car tout tourne autour d’un jeune homme du nom de Brice. Arraché à la mort sur Terre par son père adoptif, il se retrouve, malgré lui, au plein cœur d’une rébellion qui l’oblige à fuir Grand’Croix, la capitale où il vivait, pour échapper aux forces gouvernementales lancées à sa poursuite.

L’intérêt de Noô est d’avoir permis la rencontre entre un dessinateur assez rôdé à la SF (Alexis Sentenac) et un auteur (Laurent Genefort) qui évoluait dans la même sphère mais, lui, en tant qu’auteur de romans et de nouvelles. C’est d’ailleurs sa première adaptation BD. Une relative inexpérience qui se ressent parfois dans le rythme général, des dialogues assez verbeux succédant parfois à des scènes plus graphiques sans trop crier gare, comme si en voulant rester le plus possible fidèle à l’esprit original du livre il avait tenu absolument à faire rentrer presque trop de choses dans ce premier volume.

En même temps, dans toute trilogie digne de ce nom, le rôle de celui qui ouvre le bal est de justement ‘poser le décor’ comme on dit et c’est ce que fait Soror. Et puis autant Sentenac semble, limite, manquer de place pour s’exprimer durant les (longues) phases de dialogues, autant lors des passages plus contemplatifs qui s’étalent parfois sur une pleine page, il donne alors toute l’ampleur de son talent. Un essai donc peut-être imparfait donc mais transfiguré par quelques moments de pure beauté et qui donne surtout envie de (re)découvrir Stefan Wul. (Noô, volume 1, de Laurent Genefort et Alexis Sentenac. Comix Buro/Glénat. 14,50€)

Dans un futur proche, la survie de l’humanité est sérieusement compromise par les bouleversements climatiques. L’air est devenu irrespirable, l’eau du robinet n’est plus potable, les derniers mammifères vivants, et bientôt les oiseaux, sont regroupés dans un conservatoire… Et plutôt que de changer ses habitudes, chacun se résigne à la prochaine disparition de la vie sur Terre. Jusqu’au jour où l’astrophysicienne Cécilia Bressler de l’agence spatiale européenne découvre une planète qui pourrait bien ressembler à la nôtre. Elle présente même des lueurs semblables à celles de nos villes. Le seul hic, c’est que cette planète, baptisée Gamma Cephei Bb, se trouve à 45 années-lumière… Tout le monde espère découvrir la première civilisation extraterrestre, événement qui pourrait provoU.C.C.quer le sursaut nécessaire à l’espèce humaine… De quoi nous faire réfléchir un peu plus sur notre comportement face aux enjeux écologiques actuels ! (Des milliards de miroirs, de Robin Cousin. FLBLB, 23€)

C’est l’un des best-sellers de la bande dessinée de science-fiction, 20 ans d’existence, 20 albums au compteur, des centaines de milliers d’exemplaires vendus dans plusieurs langues, des séries parallèles… et un vingtième album essentiel qui dévoile enfin les origines de Nävis, l’héroïne de la série, seule humaine à bord du Sillage, un gigantesque convoi multiracial explorant l’espace à la recherche de planètes à coloniser. Un graphisme sublime, des planches d’une beauté plastique exemplaire, une narration sans faille, une héroïne toujours aussi attachante… De la très très très bonne SF made in France. (Sillage tome 20, de Buchet et Morvan. Delcourt. 14,50€

Didier Tarquin. Ce nom vous dit forcément quelques chose. C’est le dessinateur de l’une des séries phares de l’heroic fantasy en BD, Lanfeust de Troy. Il revient en auteur complet cette fois sur une aventure SF dont le premier volet est sorti au début de l’année 2019 et le second il y a un petit mois. U.C.C. Dolores, c’est son nom, a tout du western intergalactique et peut-être déjà tout d’un classique du genre. « Quand on parle de western en bande dessinée… », explique l’auteur, « il y a une oeuvre qui vient immédiatement à l’esprit. Une et une seule : Blueberry. Avec, évidemment, la patte de Giraud. J’avais envie de retrouver ça, de faire quelques chose de très classique – de néo-classique, disons. Une BD moulée à la louche et au pinceau, c’était comme un besoin de revenir aux fondamentaux quelque part ».  Inutile de vous dire que le résultat est graphiquement sublime. Quand à l’histoire, celle d’une orpheline élevée dans un couvent qui se retrouve du jour au lendemain propriétaire d’un croiseur de guerre baptisé U.C.C. Dolores, on ne peut être que conquis ! Suite et fin au prochain tome. (U.C.C. Dolores tome 2, de Didier Tarquin et Lyse Tarquin. Glénat. 13,90€)

Eric Guillaud et Olivier Badin

20 Déc

Chroniques de Noël. Préférence Système, un futur possible imaginé par Ugo Bienvenu

Noël approche et vous séchez affreusement côté cadeaux ? Pas de panique, les Chroniques de Noël sont là pour vous venir en aide avec des bandes dessinées qui pourraient bien faire de l’effet au pied du sapin. Comme celle-ci, Préférence Système, un récit d’anticipation qui fait froid dans le dos…

On a du mal à croire que l’auteur de ce récit, Ugo Bienvenu, détestait la SF il y a encore 5 ans et qu’il lui a fallu huit tentatives avant d’arriver au bout de 2001, L’Odyssée de l’espace pour comprendre en quoi le film de Kubrick était un chef d’oeuvre (interview de Cahiers de la BD octobre décembre 2019).

Oui, on a du mal à le croire tant son récit paru chez Denoël Graphic est lui aussi un véritable bijou de SF, un voyage vers un futur assez effrayant, d’autant plus effrayant que l’auteur le rend quasi-familier par ses décors, piochant dans son quotidien, ici son appartement, là une maison qui a appartenu à ses grands parents, là encore un jouet de son enfance…

« Pour raconter des choses vraies, il faut partir de la précision du familier, prendre des éléments déjà habités », a-t-il confié aux Cahiers de la BD.

Tout ça pour nous dire, pour vous dire, que ce monde décrit dans Préférence Système est pour demain matin.

© Denoël Graphic / Bienvenu

Et dans ce monde-là, l’explosion quantitative des données numériques est devenue un sérieux problème au point qu’un bureau spécial, le « Bureau des Essentiels », a été crée pour en gérer le stockage et donc le déstockage. Ainsi, régulièrement, d’un clic d’un seul, des pans entiers de notre patrimoine culturel sont purement et simplement effacés de notre mémoire collective pour libérer de la place.

Prenez 2001 L’Odyssée de l’espace justement. Le film mais aussi les photos de tournage, les articles de presse, les partitions de musique, les croquis de production, les storyboards, les citations… bref tout, jusqu’au nom, jusqu’à son souvenir, envoyés à la poubelle par la décision des juges du « Bureau des Essentiels ». 1100 go de gagner !

© Denoël Graphic / Bienvenu

« Il me semble qu’au-delà  de sa rentabilité, ce film a été déterminant esthétiquement, narrativement… Il nous permet de comprendre nos ancêtres. Leur conception des robots, de l’évolution… Il interroge notre passé et continue de questionner notre futur! ».

L’archiviste du « Bureau des Essentiels », Yves Mathon, a beau prendre la défense du film, le jugement est sans appel : « Nous ordonnons l’exécution du mandat de destruction du dossier X-22057 ».

2001 L’Odyssée de l’espace aux oubliettes ! Comme tant d’autres films, écrits, oeuvres d’art…  Aux oubliettes ou presque car Yves Mathon ne supporte pas ce système et sauvegarde secrètement certaines données dans la mémoire de son robot domestique…

Une lueur d’espoir ? Dans ce monde finalement très sombre, déshumanisé, où le présent ne se nourrit plus du passé, où les hommes ne cherchent plus un lien dans une histoire commune, Yves incarne l’esprit de résistance et semble nous dire qu’un autre futur est possible ! À nous de le vouloir…

Eric Guillaud

Préférence Système, d’Ugo Bienvenu. Denoël Graphic. 23€

19 Déc

Chroniques de Noël : Alice au pays des merveilles… et nous avec

La période de Noël est propice aux ‘beaux livres’ comme on aime le dire. Mais au-delà de son format XL et de sa luxueuse présentation, cette nouvelle adaptation du célèbre roman de Lewis Carroll est avant tout une belle déclaration d’amour à ce texte plein de faux-semblants qu’on nous a, pendant des années, faussement présenté comme un conte pour enfants…

Oubliez les versions successives de Walt Disney et de Tim Burton. Elles n’ont pas, malgré leur succès auprès du jeune public, réussit à masquer la vérité : oui, publié pour la première fois en 1885, Alice Au Pays Des Merveilles est surtout une grosse pilule de LSD. Un trip plein de chapelier fou, de lapin toujours en retard et d’hallucinations qui n’en sont pas peut-être pas tant que ça… Il aurait été donc très tentant pour l’illustrateur Daniel Cacouault d’illustrer cette Xe adaptation d’une façon très psychédélique et délurée. Trop même.

Intelligemment, cet illustrateur qui vit entre Paris et Nantes, et qui enseigne, entre autres, à l’école des Gobelins a donc préféré puiser dans son expérience passée sur les contes de Grimm pour à la fois s’ancrer complètement dans l’univers victorien d’origine avec ses haut-de-forme, ses robes opulentes ou ses coiffes raphaelites tout en baignant le tout dans une atmosphère doucereuse de rêve éveillé.

En gros, prenez le compatriote de Carroll, le célèbre peintre John Martin, ôtez à ses oeuvres leurs symboliques guerrières voire sataniques et vous obtiendrez plus ou moins le même résultat.

© Bragelonne / Caroll & Cacouault

Ici, Alice n’est plus une enfant mais pas encore tout à fait une adulte. Elle rencontre des créatures fantastiques dont on ne sait si elles lui veulent du bien et du mal, tout comme on ne sait jamais ici si on nage en plein fantasme ou si ces forêts de champignons géants, par exemple, existent vraiment.

En fait, en gardant toutes ces frontières floues sans jamais en gommer la beauté intrinsèque, Daniel Cacouault, qui avoue avoir été aussi influencé par le travail du grand réalisateur japonais d’animation Hayao Miyazaki, rend hommage de la plus belle façon au texte d’origine dont il respecte, voire sublime, le parti-pris malicieux.

À ce titre, la postface où le traducteur Maxime Le Dain explique toute la difficulté, mais donc aussi l’intérêt, de traduire un texte bourré de références plus ou moins cachées à la culture anglo-saxonne populaire du XIXème siècle est aussi éclairante. Alors, un ‘beau livre’ comme on dit donc ? Oh que oui. Mais pas que…

Olivier Badin

Alice Au Pays Des Merveilles de Lewis Carroll, illustré par Daniel Cacouault et traduit par Maxime Le Dain, Bragelonne, 35€

© Bragelonne / Caroll & Cacouault

2020, année de la BD : des centaines d’événements partout en France annonce le ministre de la Culture

Le ministre de la Culture Franck Riester a lancé mercredi 18 décembre BD 2020, une année qui aura pour objectif de mettre en valeur « la formidable vitalité de la bande dessinée, le savoir-faire et la créativité de nos artistes, la richesse et la diversité des œuvres, et un patrimoine remarquable ».

2020 année de la BD ! C’est officiel depuis hier avec le discours de lancement prononcé par le ministre de la Culture Franck Riester, 2020 sera donc une année nationale de la BD avec quatre marraines et parrains, Florence Cestac, Catherine Meurisse, Jul et Régis Loisel, des centaines d’événements annoncés à travers la France et des actions en faveur des auteurs. 

Plus de 300 événements partout en France

Le détail des rendez-vous n’est pas encore connu mais le ministre parle de plusieurs centaines d’événements au plus près des Français.

« Tout au long de l’année 2020, nous allons promouvoir la bande dessinée, dans toute sa diversité, partout en France et dans le monde, favoriser l’intégration de cet art à nos politiques culturelles et veiller à mieux accompagner tous les créateurs (…) Pour cela, la bande dessinée doit s’enraciner dans les manifestations culturelles proposées dans tous nos territoires, trouver plus de place encore dans les bibliothèques et les médiathèques qui sont nos premiers services culturels de proximité.  Je sais que nous pouvons déjà compter sur les initiatives de nombreuses collectivités territoriales. Je pense en particulier, bien entendu, à Angoulême, devenue depuis de nombreuses années la capitale mondiale de la bande dessinée ».

Une commande publique nationale d’estampes

« Pour enrichir notre patrimoine et le faire circuler partout en France, j’ai décidé de lancer une commande publique nationale d’estampes. Cette commande mettra en valeur le travail des artistes de la BD. Leurs œuvres intégreront les collections du centre national des arts plastiques et pourront aussi être empruntées auprès des artothèques ».

La langue française en avant

« Le dynamisme de la BD française hors de nos frontières pourra naturellement s’appuyer sur la francophonie. Créer en langue française, cette langue que nous partageons avec 300 millions de locuteurs à travers le monde, est aussi une chance dans une compétition internationale toujours plus intense. Je sais pouvoir compter sur les actions menées par l’Institut français pour permettre aux œuvres de nos créateurs de rencontrer un public toujours plus large ».

Des actions dans les écoles

« Vous le savez, l’un de nos objectifs prioritaires est que 100 % des enfants de 3 à 18 ans bénéficient d’actions d’éducation artistique et culturelle à l’école. Dans cette perspective, je souhaite que la bande dessinée y trouve toute sa place. Je salue l’implication du Ministère de l’Education nationale et de la jeunesse dans « BD 2020 » pour travailler ensemble dans cette direction. Ainsi, nous permettrons que nos enfants se familiarisent avec le 9e art et aillent à la rencontre des créateurs, qui sont déjà nombreux à s’engager pour la transmission de leur art. Créer en langue française, cette langue que nous partageons avec 300 millions de locuteurs à travers le monde, est aussi une chance dans une compétition internationale toujours plus intense. Je sais pouvoir compter sur les actions menées par l’Institut français pour permettre aux œuvres de nos créateurs de rencontrer un public toujours plus large ».

Des actions concrètes au service des auteurs et des créateurs

« Au début de cette année, j’ai demandé à Bruno Racine de mener une mission d’analyse et de prospective autour des artistes auteurs, de leur place dans notre société. Son travail est aujourd’hui achevé. Il me sera remis prochainement et nous permettra d’envisager des actions concrètes au service des auteurs et des créateurs. Je veux faire de BD 2020 une chance pour entreprendre un certain nombre d’expérimentations au service des créateurs. Une occasion de conforter les éléments de connaissance dont nous avons besoin pour conduire notre action ».

L’intégralité du discours est disponible ici

16 Déc

Chroniques de Noël. La Tournée : une bonne dose d’humour british façon Andi Watson…

Noël approche et vous séchez affreusement côté cadeaux ? Pas de panique, les Chroniques de Noël sont là pour vous venir en aide avec des bandes dessinées qui pourraient bien faire de l’effet au pied du sapin. Comme celle-ci, La Tournée, une histoire savoureusement kafkaïenne au graphisme joyeusement minimaliste…

Vous imaginiez la vie d’écrivain fascinante, les tournées de dédicaces effervescentes, les rencontres incessantes ? Alors cet album-là pourrait bien vous amener à réviser quelque peu votre jugement.

Certes, G.H. Fretwell, le héros de cette histoire, n’a rien d’un écrivain célèbre, non seulement il n’est pas connu du public, mais pire encore, il n’est pas reconnu par ses pairs. Juste un petit écrivain qui vérifie tous les jours si la chronique littéraire du journal La Tribune parle enfin de son dernier livre baptisé « Sans K ».

C’est justement pour la promotion de celui-ci qu’il entame une tournée des librairies. Mais à chaque étape, c’est la même histoire, le libraire n’a pas reçu ses livres ou, plus pathétique encore, aucun lecteur ne daigne se présenter.

Les jours se suivent et se ressemblent, pluvieuses, tristes, jusqu’au moment où l’une des libraires, Rebecca, sans K, comme le nom de sa femme, disparaît après son passage. Il est le dernier à l’avoir vue vivante, la police le soupçonne…

Avec un dessin minimaliste, un trait simple, presque simpliste, en tout cas léger, tellement léger qu’il en deviendrait évanescent, Andi Watson nous embarque dans une histoire aussi burlesque que dramatique autour d’un pauvre type qui ne maîtrise plus rien, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle.

Connu pour ses romans graphiques qui explorent les relations entres les hommes et les femmes, parmi lesquels Breakfast After Noon (nominé aux Eisner Awards en 2001), l’auteur aborde dans ce polar à l’atmosphère très british la condition pas toujours enviable de l’écrivain. 272 pages pour rire tout de même à ses dépends et se donner envie d’en connaitre un peu plus sur Watson. Six albums ont été publiés à ce jour aux éditions Ça et Là La Tournée fait partie de la sélection officielle Angoulême 2020.

Eric Guillaud

La Tournée, d’Andi Watson. Çà et Là. 22€

© Çà et là / Watson

15 Déc

Chroniques de Noël. Clyde Fans, un pur chef-d’oeuvre signé Seth

Noël approche et vous séchez affreusement côté cadeaux ? Pas de panique, les Chroniques de Noël sont là pour vous venir en aide avec des bandes dessinées qui pourraient bien faire de l’effet au pied du sapin. Comme celle-ci, et particulièrement celle-ci, Clyde Fans du Canadien Seth, un véritable bijou d’écriture, de graphisme et de conception…

Vingt ans, oui vingt ans auront été nécessaires à Seth pour venir à bout de ce projet. Et même un peu plus si l’on remonte au moment précis où l’auteur colle son nez sur la vitrine du magasin Clyde Fans quelque part dans une rue de Toronto, aperçoit malgré l’obscurité deux portraits accrochés sur le mur du fond, et commence à imaginer l’histoire de ce lieu, fermé depuis belle lurette, et de ses habitants.

Clyde Fans a donc existé. Pour le reste, Seth a tout imaginé faisant de ce magasin le siège d’une entreprise de ventilateurs électriques créée par un certain Mr Matchcard, reprise et emmenée à la faillite par ses deux fils, Abe et Simon, qui n’ont pas anticipé l’arrivée de l’air conditionné. Un peu comme un réalisateur de films muets qui n’aurait pas cru au cinéma parlant.

« Je disais peut-être à l’époque que j’avais choisi cette devanture par goût du passé… », explique l’auteur, « ou parce qu’elle m’évoquait le progrès et l’échec. A posteriori, il me paraît évident que c’était plus simple que cela. J’ai été séduit par l’univers clôt de ce commerce disparu ».

© Delcourt / Seth

Dans cet « univers clôt », Seth élabore un monde figé, un monde qui aurait pris la patine du temps, à l’image de la devanture du magasin, un monde en noir et bleu, désuet et triste.

« Ce que j’y ai vu, et a nourri mon intérêt durant ce long projet, c’est un monde autonome. un petit monde tranquille, sombre et isolé, meublé des reliquats de l’après guerre morne de mes parents. Un monde de solitude peut-être, mais qui attirait parce qu’il existait distinctement de notre monde agité ».

© Delcourt / Seth

Seth déroule une histoire familiale sans réelle intrigue, sans faits marquants, mais qui pourtant nous absorbe du début à la fin, sur près de 500 pages. Et c’est là tout le talent d’écriture et de narration de l’auteur associé à un sacré coup de crayon. Chaque planche est une petite merveille de précision et d’élégance, on pense bien évidement par la méticulosité du dessin et par l’attention portée à la conception même du livre au Jimmy Corrigan du multi-primé Chris Ware (Une référence !), lequel a d’ailleurs écrit : « Seth est l’un des meilleurs auteurs de bande dessinée qui ait jamais vu le jour et Clyde Fans est l’un des meilleurs romans graphiques jamais écrits. Que vous faut-il d’autre ? »

Rien. Il ne nous faut rien d’autre, juste un peu de temps pour le lire et le savourer, et juste un peu d’argent pour l’acheter, plus qu’un peu d’ailleurs, c’est le seul hic de l’histoire, Clyde Fans est affiché à 50€. En période de fêtes, ça peut faire mal au porte-monnaie…

Eric Guillaud

Clyde Fans, de Seth. Delcourt. 49,90€

14 Déc

Devenez membre du jury du Prix du Public France Télévisions du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême !

Vous résidez en Nouvelle-Aquitaine, vous êtes un lecteur/une lectrice passionné(e) de bande dessinée et vous souhaitez devenir juré d’un prix littéraire ? Alors posez votre candidature pour être membre du jury du Prix du public France Télévisions lors du prochain festival d’Angoulême ! Comment faire ? On vous l’explique ici…

© extrait affiche 2020 Burns

Décerné par des lecteurs et très convoité par les éditeurs, le Prix du public du Festival de la BD d’Angoulême (FIBD) avait été mis en sommeil lors de l’édition 2019. Cette disparition n’aura été que provisoire, puisqu’il revient pour la 47e édition du festival, qui se déroulera du 30 janvier au 2 février prochain.

Comment ça fonctionne ?

Dans la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée, un comité de journalistes et spécialistes de la littérature de France Télévisions choisira 10 titres. Ensuite, c’est à vous de voter !

Suite à cet appel à candidatures 9 téléspectateurs seront sélectionnés et les 10 bandes dessinées leur seront offertes en lecture. Ce jury de lecteurs se réunira le samedi 1er février dans les coulisses du Festival pour délibérer, voter et élire l’heureux/euse lauréat(e) du Prix du Public France Télévisions ! Il sera décerné lors de la cérémonie de remise des prix du Festival le soir même.

Ne tardez plus, écrivez-nous une lettre bien argumentée et exposez les raisons pour lesquelles vous voulez participer à cette nouvelle aventure. Parlez de vous, de votre passion pour la bande dessinée, aussi bien que de vos derniers coups de cœur littéraires…

Pour poser votre candidature, c’est ici

Les Tuniques Bleues, La guerre des Lulus, Le Petit Spirou, Game Over, Gaston, Spirou… 10 BD jeunesse pour Noël

Dernière ligne droite avant Noël ! Pour vous aider dans vos cadeaux, voici une sélection de bandes dessinées pour les plus jeunes…

On commence avec la 63e, oui vous avez bien lu, la 63e aventure des Tuniques Bleues. Indémodables, indétrônables, incontournables, les héros de Lambil et Cauvin n’en ont toujours pas fini avec la guerre de Sécession. Une nouvelle bataille est engagée pour mettre un terme au siège de Peterburg, nous sommes en 1864, c’est la tristement célèbre bataille du Cratère qui fit plusieurs centaines de morts, « l’une des affaires les plus lamentables », aurait dit le Général Grant à son sujet. Quoiqu’il en soit, le sergent Chesterfield et le caporal Blutch sont appelés à la rescousse. Pas sûr que ça change quelque chose… Un classique toujours au top ! (Les Tuniques Bleues tome 63, de Lambil et Cauvin. Dupuis. 10,95€)

On fait un saut dans le temps de quelques dizaines d’années et nous voici au cœur d’une autre guerre, celle de 14-18, avec le sixième tome d’une très belle série imaginée par Régis Hautière et Hardoc. Au cœur de la guerre ? Plus exactement à la fin de la guerre, puisque ce nouvel album débute précisément le 11 novembre 1918. Les cloches sonnent la fin des hostilités mais pas la fin des difficultés. Lucien, l’un des Lulus de la série, est hospitalisé à Troyes. Il se remémore ses années à l’orphelinat de Valencourt et sa rencontre avec ceux qui allaient devenir ses meilleurs amis, Lucas, Ludwig et Luigi, la bande des Lulus… (La guerre des Lulus tome 6, de Hautière et Hardoc. Casterman. 13,95€)

Bientôt 30 ans et toujours aussi petit le Spirou de Tome et Janry. Normal puisqu’il s’agit ici de raconter les aventures du petit Spirou avant qu’il ne devienne grand et vive des aventures trépidantes en compagnie de son acolyte Fantasio. Il est petit mais il a tout du grand héros de papier, tellement universel. Dans ce nouvel opus, le dix-huitième, notre enfant terrible est bien décidé à dire la vérité sur tout, sur les cours de gym, sur l’hiver, sur la méditation, sur la fin du monde, sur les impôts, sur les fourmis volantes et même sur le Père-Noël… (Le petit Spirou tome 18, de Tome et Janry. Dupuis. 10,95€)

Après Une Mystérieuse mélodie publié chez Glénat en 2016, le Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée 2017 renoue avec l’univers de Mickey à travers cette histoire qui nous embarque tout en haut de la montagne. Au menu, une tante de 104 ans, exploratrice de son état fraîchement partie sous le soleil pour soigner ses rhumatismes, un précieux carnet que Minnie veut à tout prix récupérer dans le chalet himalayen de cette vielle tante et des histoires de Big Foot autrement appelé Homme des Neiges. Du Mickey avec la Swiss touch de Cosey, un régal ! (Minnie et le secret de Tante Miranda, de Cosey. Glénat. 17€)

Et hop, un petit dix-huitième pour la route ! La série Game Over, c’est aujourd’hui dix-huit albums parus en même pas quinze ans, plus d’un million d’exemplaires vendus, une série mère, Kid Paddle, qui cartonne de la même façon, et un auteur, Midam, nageant forcément dans le bonheur, en tout cas dans l’humour le plus débridé, preuve en est ce nouvel opus qui met toujours en scène le Petit Barbare et sa Princesse dans des gags aussi drôles que dégoulinants de mauvaises intentions. 43 gags, autant de façon de mourir bêtement, écrasé, broyé, découpé, haché menu, fondu. Autant de façons aussi de mourir de rire ! (Game over tome 18, de Midam, Adam et Thitaume. Dupuis. 10,95€)

Alix. Qui ne connaît pas Alix ? Depuis 1948, Jacques Martin, et ses successeurs nous plongent dans la Rome de César autour de ce jeune héros, esclave d’origine gauloise devenu le fils adoptif du riche romain Honorus Galla. Dans ce 38e épisode, inspiré d’un synopsis original de Jacques Martin, Mathieu Breda au scénario, Marc Jailloux au dessin et César au pouvoir, envoient Alix chez les Helvètes pour rallier les peuples à la cause romaine. Un grand classique ! (Alix tome 38, de Breda, Jailloux, Martin. Casterman. 11,95€)

En selle avec le sixième tome en quatre ans d’À Cheval!, une série qui permet de découvrir la vie d’un centre équestre à travers – et c’est là toute son originalité  – le regard de ses pensionnaires, en l’occurrence les chevaux. Au scénario, Miss Prickly, au dessin, Laurent Dufreney et dans les rôles principaux, Cookie, Xanax, Flash, Noisette, Bijou, Kamboui… ainsi que quelques humanoïdes. Dans ce nouvel épisode, l’hiver est arrivé, la neige est tombée en abondance, « un rêve éveillé » pour les chevaux… du moins au début ! (À Cheval! tome 6, de Dufreney et Prickly. Delcourt. 10,95€)

Les voitures Simca, la lessive Omo, les crayons Baignol et Farjon, les appareils photos kodak, les piles Philips ou encore la RATP, notre employé à tout faire préféré, s’est régulièrement adonné aux joies de la publicité. Pour de vraies ou pour de fausses marques, pour la promotion du journal de Spirou ou pour celle de ses propres aventures. Dans ce hors-série baptisé Gaffes en réclame, les édition Dupuis ont rassemblé nombre de ces illustrations et planches publicitaires, certaines inédites en album, d’autres publiées à l’époque dans le journal de Spirou ou en mini-albums. (Gaston, gaffes en réclame, de Franquin. Dupuis. 12,50€)

Petit retour dans le passé avec cette nouvelle aventure de Spirou et Fantasio hors série, scénarisée et dessinée par l’auteur allemand Flix. C’est effectivement à Berlin au temps où le mur existait, où la partie est de la ville appartenait à la République démocratique allemande (RDA) que nous retrouvons notre tandem. Nullement pour y faire du tourisme mais pour retrouver le comte de Champignac qui semblerait avoir été enlevé pour participer à un mystérieux congrès international de mycologie. Une aventure trépidante, une belle mise en images, un Spirou très réussi ! (Spirou à Berlin,de Flix. Dupuis. 14,50€)

On termine avec le cinquième volume de cette belle série de Mathieu Reynès qui remporte un certain succès auprès des jeunes filles. Il faut dire que l’héroïne, que l’on a pu découvrir dès novembre 2015 dans les pages du journal Spirou, puis à partir de janvier 2016 en album, est dotée d’un sacré tempérament et d’un pouvoir surnaturel qui fait fantasmer. Il s’agit de la télékinésie, faculté métapsychique hypothétique de l’esprit qui permettrait d’agir directement sur la matière. Ça peut aider à déplacer des montagnes. Harmony, c’est de la SF pour tous plutôt bien écrite et plutôt bien mise en images.  (Harmony tome 4, de Reynès. Dupuis. 12,50€)

Eric Guillaud

11 Déc

Chroniques de Noël. Les damnés de la Commune, un triptyque exceptionnel de Raphaël Meyssan

Noël approche et vous séchez affreusement côté cadeaux ? Pas de panique, les Chroniques de Noël sont là pour vous venir en aide avec des bandes dessinées qui pourraient bien faire de l’effet au pied du sapin. Comme celle-ci, Les damnés de la Commune, une histoire de la Commune racontée à partir d’authentiques gravures de l’époque…

On vous le disait à la parution du premier volet en décembre 2017, c’était un boulot de titan, un boulot de dingue, qui attendait l’auteur Raphaël Meyssan. Au risque qu’il n’en voit pas le bout, qu’il abandonne devant la difficulté de l’entreprise. Mais non, Raphaël Meyssan est bien allé jusqu’au terme de son projet, livrant en cette fin d’année le troisième et dernier volet d’une aventure pas comme les autres.

Et toujours avec le même principe : raconter l’histoire d’un communard et à travers lui l’histoire de la Commune dans une BD exclusivement réalisée avec des gravures de l’époque.

Tout est parti, nous explique l’auteur-narrateur dans les premières pages de l’album, d’une étrange découverte à la bibliothèque historique de Paris. Dans un livre ancien, une adresse, 6 rue Lesage, la sienne précisément. Et un nom, Charles Lavalette, sergent du 159e bataillon pendant le siège de Paris, promu commandant par la Commune, un gars qui semble avoir compté à époque mais qu’on a complètement oublié, comme tant d’autres, aujourd’hui.

© Delcourt / Meyssan

« Il y a avait dans mon immeuble, dans mon quartier si éloigné du centre de la cité, une histoire. Une toute petite histoire, effacée par le temps. Celle d’un homme inconnu enfouie dans une histoire méconnue : la Commune de Paris de 1871 ».

Piqué par la curiosité, Raphaël Meyssan plonge dans les archives papier, consulte des journaux, des centaines de journaux, et des gravures. Pendant des mois, des années, il cherche, trie, engrange, jusqu’à se demander quoi en faire ?

« Je suis parti à sa recherche comme on part en voyage. J’ai bourlingué dans le temps , parcouru les rues pour retrouver sa trace, arpenté des livres pour rattraper sa vie. Au milieu des archives, j’ai cherché son histoire « 

© Delcourt / Meyssan

Son histoire, il l’a raconte finalement en BD mais d’une façon peu orthodoxe. Il faut préciser que Raphaël Meyssan ne sait absolument pas dessiner. Alors, son regard, son pinceau, son trait, il les trouvera dans les gravures de l’époque qu’il scanne, avant de recadrer, grossir, retourner, mettre en cases et ajouter le texte, exactement comme dans une bande dessinée classique.

Et il nous raconte ainsi l’histoire de cet homme, Lavalette, mais aussi et surtout l’histoire de la Commune, la République assiégée, l’insurrection du 31 octobre, le siège de Paris, la faim, le froid, la mort, le lait coupé à l’eau ou au plâtre, les animaux du zoo du Jardin des plantes qu’on abat pour avoir un peu de viande, Gustave Flourens, Auguste Blanqui, Jules Ferry….

Un travail extraordinaire qui devrait donner lieu à une adaptation audiovisuelle sur Arte dans le cadre de la commémoration des 150 ans de la Commune en 2021.

Eric Guillaud

Les Damnés de la Commune (3 tomes), de Raphaël Meyssan. Delcourt. 23,95€ le volume