« Vous les femmes, vous le charme, Vos sourires nous attirent nous désarment, Vous les anges, adorables… ». Bon, je ne sais pas si cette intrusion musicale dans cette présente chronique fera plaisir à François Bertin mais oui, je dois l’avouer, son album m’a immédiatement fait revenir en tête cette chanson du grand Julio Iglesias. Pour quelqu’un qui n’écoute que du pop-rock, c’est un peu étrange mais c’est la vérité. Et je ne remercie pas l’auteur. Impossible depuis la lecture de son livre de chasser de ma tête cet air et ces paroles d’un autre siècle.
Je ne le remercie pas. Enfin si, un peu quand même, parce que son album le mérite. François Bertin, transfuge du film d’animation, signe ici une très belle déclaration d’amour en direction de la gent féminine à travers un personnage, Antoine, alias François Bertin, personnage qui cause peu mais n’en pense pas moins. Sur près de 300 pages, on le voit tomber raide dingue amoureux d’une quantité invraisemblable de femmes, à commencer par sa mère, puis d’une speakerine de TF1, puis d’une vraie poupée Barbie en plastique, puis de sa maîtresse (d’école), puis d’une infirmière, puis de la soeur d’un copain, puis d’une inconnue dans la rue, bref de la femme en général, qu’elle soit mère, soeur, amie, amante…
Dans une interview accordée à Thierry Groensteen pour le site neuviemeart de La Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, François Bertin explique : « Au départ je voulais mettre en scène des éléments de ma vie, depuis l’enfance jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, mais peu à peu le propos s’est resserré autour de mes rencontres avec des personnages féminins. C’est devenu le fil conducteur du récit. Il y a ma mère, ma sœur, ma grand-mère, mon institutrice, ma prof de dessin, et bien sûr mes amoureuses. Je termine par la rencontre de la femme ultime !«
Maintenant que j’y pense, Regarde les filles me fait aussi revenir en mémoire la chanson J’aime regarder les filles de Patrick Coutin. « J’aime regarder les filles qui marchent sur la plage, Les hanches qui balancent et les sourires fugaces, Je regarde les vagues qui jouent avec leur corps« . C’est déjà un peu plus rock, un peu plus charnel, plus proche finalement de l’album de François Bertin. Vous me direz, ça ne change pas grand chose sur le fond, quelque soit la petite musique que vous avez à l’intérieur, Regarde les filles est une belle histoire à la narration efficace et au graphisme plutôt soigné. Une belle histoire avec plein de filles. Et ça c’est chouette !
Eric Guillaud
Regarde les filles, de François Bertin. Editions Vraoum. 20€