13 Juil

Miss Annie, de Balthazar et Le Gall. Editions Dupuis. 13,50 euros

Une petite douceur dans un monde de brutes ! Une petite douceur signée Frank Le Gall, le créateur de la mythique série Théodore Poussin, et Flore Balthazar, dont c’est ici le premier album. Ces deux là partagent pas mal de choses, à commencer par le quotidien et… surtout… un chat, répondant au délicieux nom de Miss Annie. Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, cet album là est donc très largement inspiré des faits et gestes du chat de la maison. De là à penser qu’ils l’ont choisi sur casting… Quoiqu’il en soit, Frank Le Gall et Flore Balthazar nous offrent avec Miss Annie un récit à hauteur de félin, sans êtres humains, si ce n’est quelques jambes par-ci par-là, un récit plein de fraîcheur et d’humour, de légèreté et d’esprit, où l’on découvre à quoi peut ressembler l’initiation à la vie d’un chaton, son exploration du monde, depuis le canapé du salon jusqu’aux rues et toits du quartier. Une belle histoire mise en images de manière très élégante ! E.G.

L’info en +

Les éditions Dupuis proposent un tirage de tête noir & blanc numéroté et signé par les auteurs au prix de 20 euros.

11 Juil

Les Pionniers, Les Champs d’azur (tome 1), de Frank Giroud et Luc Brahy. Editions Glénat. 13 euros.

Son nom  : Théodore Faillard. Sa passion : les aéroplanes. Déjà, pendant son service militaire, l’homme fabriquait de ses mains des modèles réduits volants qui faisaient l’admiration de ses compagnons. Et en 1908, presque naturellement, Théodore Faillard intègre l’entreprise Joliot qui fabrique des automobiles mais aussi des  »plus lourds que l’air » comme on les appelle à l’époque. Et le voilà parti pour une aventure exceptionnelle faite de quelques réussites mais aussi et surtout de multiples échecs. Car l’aéronautique en est à ses balbutiements et Théodore Faillard, Fernand Joliot, comme les frères Wright ou Voisin sont des pionniers…

Décollage immédiat pour cette nouvelle série présentée par l’éditeur comme une grande saga historique qui devrait nous entraîner de 1909 à 1970 au gré des découvertes aéronautiques en compagnie de la famille Fayard. Réalisé par le scénariste Frank Giroud (Louis la Guigne, Les oubliés d’Annam, Azrayen, Quintett, Secrets…) et le dessinateur Luc Brahy, dont le grand-père fut pilote de chasse en 14-18, Les Champs d’azur commence de belle façon avec ce premier album au scénario bien pensé et au graphisme réaliste très agréable. Le second volet est annoncé pour le 1er octobre 2010 ! E.G.

L’Oeil des Celtes, Les Carnets de Darwin (tome 1). Editions Le Lombard. 13,50 euros.

1860, sur un chantier des chemins de fer, quelque part dans la région du Yorkshire. Deux ouvriers ont été retrouvés morts, atrocement mutilés, l’un deux empalé sur un enclos. Une véritable boucherie que l’on attribue très vite à un des ces griffus, redoutables bêtes sauvages dont personne n’a jamais pu attester de l’existence. Bien que le gouvernement ait envoyé des soldats pour assurer la sécurité des lieux, tous les employés se sont mis en grève. Une mauvaise affaire pour les propriétaires de la société chargée des travaux. Une mauvaise affaire aussi pour le gouvernement qui décide de faire appel  à un homme controversé pour ses travaux sur l’évolution de l’espèce humaine : Charles Darwin. Sa mission ? Identifier l’animal afin que cessent les rumeurs et reprenne enfin le travail… au risque de bousculer certitudes scientifiques !

Paru il y a quelques temps déjà, ce premier volet des Carnets de Darwin marie avec bonheur la vérité historique et le fantastique autour d’une des plus grandes figures scientifiques de l’humanité, Charles Darwin, et d’un mythe universel, celui de l’homme-animal. « L’idée de base… », confie le scénariste Sylvain Runberg, « était le mythe de l’homme-sauvage qui existe depuis longtemps dans divers endroits du monde et que l’on retrouve à travers le yéti, le loup-garou ou le sasquatch, des êtres d’ailleurs souvent associés à l’obscurité des forêts […] Je me suis  basé sur certains points du personnage réel de Darwin : son goût pour les expéditions scientifiques et sa grande ouverture d’esprit. Ensuite, je suis parti vers ma fiction qui n’a pas grand-chose à voir avec la réalité. Partir de bases historiques réelles pour ensuite dériver à ma façon, c’est quelque chose que j’aime bien faire. Ca crée de la surprise, ça éveille de la curiosité chez le lecteur ». D’une très grande maîtrise graphique et d’une belle précision scénaristique, L’Oeil de Celtes est une belle réussite ! E.G.

10 Juil

Black Crow, Achab, Une Brève histoire de l’avenir, London calling… Séries en cours !

Petit coup d’oeil rapide sur quelques séries en cours…  

avec tout d’abord Black Crow dont le second volet vient tout juste de sortir aux éditions Glénat. Ce récit maritime signé par un véritable passionné de la mer, Jean-Yves Delitte, met en scène les aventures d’un corsaire amérindien à la fin du XVIIIe siècle. Après une très belle ouverture en Amérique, en pleine guerre d’indépendance, nous voici en Afrique, sur les eaux boueuses du Zaïre plus précisément. Black Crow est cette fois victime d’un chantage de la part du Flamand Van Steenvoorde. Il doit emmener ce dernier, ainsi que ses hommes, pour une étrange mission dans les terres africaines… Un graphisme réaliste élégant, de magnifiques voiliers, une histoire bien construite, des personnages à fort caractère… Tout est réuni pour faire de Black Crow une grande série d’aventure. En bonus, dans la première édition de ce deuxième volume, un poster du Revenge, le bateau du héros.

Un autre récit d’aventures maritimes avec le troisième volet d’Achab, intitulé Les Trois doublons.  Pour cette sympathique série, l’auteur, Patrick Mallet, s’est librement inspiré des personnages créés par Herman Melville dans Moby Dick avec un héros, Achab Hawthorne, obsédé par le terrible cachalot blanc qui aurait déjà emporté plusieurs de ses proches. Nous le retrouvons ici le 27 mars 1810 juste après avoir mené un effroyable combat contre Moby Dick, combat qui s’est soldé par le naufrage du Bruce, son navire. En très fâcheuse posture, Achab n’a en rien perdu de sa détermination et l’homme reste décidé à poursuivre le cachalot jusqu’au bout des océans…

Dans un genre très différent, vient de sortir le second volet d’Une Brève Histoire de l’avenir aux éditions Delcourt. Le scénariste Jean-Pierrre Pécau ( Zentak, Little Blade, Nash, Arcane Majeur…) et le dessinateur Damien ( Les Fées noires, Arcane Majeur…) mettent ici en images le best-seller éponyme de Jacques Attali, paru en 2006 et vendu à plus de 230000 exemplaires. Construite autour du destin de quatre amis, Jacques François, Marie Dubois, Paul Vange et Thomas Duchat, cette série nous propulse dans un avenir proche après l’explosion d’une bombe nucléaire dans la vieille ville de Jerusalem. Un monde au bord de l’implosion et un futur malheureusement possible !

Suite et fin pour London calling, série initialement publiée dans la feu collection 32 des éditions Futuropolis et rapatriée depuis dans le catalogue classique de l’éditeur. Sylvain Runberg et Phicil nous invitent donc pour la dernière fois à suivre les aventures de Thibault et Alex, deux jeunes Marseillais lassés de leur quotidien, amoureux du rock et bien décidés à faire leur trou dans l’Angleterre des Rolling Stones, des Clash et de… Margaret Thatcher. Partis plein d’espoir, d’enthousiasme, d’illusions, nos deux compères vont être vite confrontés à la dure réalité du pays. Alex travaille dans un sex shop et Thibault fait la plonge à la cantine d’un poste de police. Rien de très rock’n’roll ! Une série à lire en écoutant Sonic Youth, Dinosaur Jr, Smashing Pumpkins, Pixies, The Cramps ou un de ces groupes réunis dans la playlist des auteurs à la fin de l’album. E.G.

  

Dans le détail :

Le Trésor maudit, Black Crow (tome 2), de Jean-Yves Delitte. Editions Glénat. 13 euros.

Les Trois doublons, Achab (tome 3), de Patrick Mallet. Editions Treize Etrange. 13,50 euros.

Une Brève histoire de l’avenir (volume 2), de Jean-Pierre Pécau, Damien et Jean-Paul Fernandez, d’après le livre de Jacques Attali. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Le Grand soir, London Calling (tome 3/3), de Sylvain Runberg et Phicil. Editions Futuropolis. 18 euros.

09 Juil

Paris, secteur soviétique, Jour J (tome 2), de Pécau, Duval et Séjourné. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Et si l’Allemagne avait gagné la Première Guerre mondiale ? Et si l’attentat de Dallas avait eu lieu en 1973 et non en 1963 ? Et si les Russes avaient réussi à marcher sur la Lune avant les Américains ? Et si les anarchistes avaient renversé le tsar Nicolas II en 1917 ? Avec des Si, on mettrait Paris en bouteille. On pourrait surtout imaginer le monde autrement. C’est justement le parti pris de cette nouvelle série qui relève de l’uchronie, un genre littéraire directement rattaché à la science fiction et basé sur la modification d’un événement passé. A la barre, deux scénaristes de choc, Jean-Pierre Pécau (Arcanes, L’Histoire secrète…) et Fred Duval (Carmen Mc Callum, Travis, Tartuffe, Hauteville House…)  qui ont pour ce nouvel opus, le second, imaginé ce qui aurait pu se passer si le débarquement du 6 juin avait été un total échec. Peut-être que l’armée soviétique aurait libéré une partie de la France et fait jonction avec les troupes alliées à Paris, à hauteur de  la Seine. Peut-être que la France et Paris auraient été, à l’image de l’Allemagne et de Berlin, coupés en deux. Peut être que le Checkpoint Charlie aurait été installé au niveau du pont au Change. Peut-être que des deux côtés, on se serait espionné pendant des années… Peut-être que… 

Pure fiction, Jour J n’en reste pas moins une série très documentée – comme toutes les séries de Fred Duval - et appuyée sur des faits, des personnages, qui ont existé, dans un autre contexte. Une série concept bien pensée et au rythme de parution très serré puisque les cinq volumes prévus pour le moment devraient être publiés en 10 mois. L’Histoire n’attend pas ! E.G.

08 Juil

Soul Man, Le Casse (tome 3), de Chauvel et Denys. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Vingt millions de dollars ! Un beau petit pactole. Mais un pactole qui s’est envolé. Disparu. Disparu aussi le gars qui devait transporter cet argent à Las Vegas pour le compte de la mafia new yorkaise. Un certain Anthony « Half Finger » Giarolamo. Pourtant tout le monde lui faisait confiance…

40 ans ! 40 ans de prison et une réputation de tueur. Soul Man n’est effectivement pas un tendre. Plusieurs de ses compagnons de cellule sont morts sous ses coups. Alors, pourquoi Félix Richards, un blondinet de 27 ans, a-t-il été placé avec lui ? Pour que Soul Man le tue ? Pour que Richards obtienne des informations ? Etrange…

Troisième volet d’une série de one-shots réunissant différents dessinateurs et scenaristes, Soul Man est un thriller qui tient en haleine jusqu’à la dernière page, la dernière vignette. Aux manettes cette fois, le concepteur de cette série, David Chauvel, et le dessinateur Denys, dont on a déjà pu admirer le trait réaliste et percutant dans Comptine d’Halloween ou Dans La nuit. Le prochain album, dont la sortie est prévue fin août, sera réalisé par deux grandes signatures rouennaises, Fred Duval et Christophe Quet, le fameux tandem de Travis. E.G.
 

07 Juil

Corps de pierre, de Joe Casey et Charlie Adlard. Editions Delcourt. 12,90 euros.

Aucun doute, avec son divorce, Thomas Dare traverse une période difficile. Très difficile. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui l’attend. Déjà, quelques engourdissements se font ressentir au niveau des mains. Gênant pour un musicien ! Et plus le temps passe, plus son corps semble se pétrifier. Son poids augmente. Tout mouvement devient de plus en plus difficile. Et le corps médical, impuissant, ne peut que constater : son corps se transforme inéluctablement en pierre. Une maladie inconnue, sans nom… pour le moment !

Présenté par l’éditeur comme un récit situé entre le drame personnel et la fable sociale, Corps de pierre évoque en tout cas un parcours de vie hors du commun, celui d’un homme condamné par un mal étrange, un parcours mis en scène par deux spécialistes du comics, d’un côté le scénariste Joe Casey qui a notamment travaillé sur des séries comme Alpha Flight, Batman, Les 4 Fantastiques, X-Men…, de l’autre le dessinateur Charlie Adlard qui s’est fait connaître avec Walking Dead, publié en France chez Delcourt. Son trait est ici très épuré, sans ombres si ce n’est pour marquer l’avancée de la maladie chez son personnage. Un album d’une grande force graphique et un récit bouleversant ! E.G.
 

Un Piano, de Louis Joos. Editions Futuropolis. 20 euros.

Une merveille ! A tout point de vue. Autant graphique que narratif. Son titre : Un Piano. Son auteur : Louis Joos. L’histoire : celle d’un père et d’un fils, deux destins singuliers au coeur du XXe siècle. Le premier, Henry, est un grand pianiste de musique classique à qui on prédit un avenir radieux. Plusieurs fois déjà, il s’est rendu aux Etats-Unis pour des séries de concerts. Mais la Première Guerre mondiale met un terme à sa carrière. Bloqué en Europe, il devient professeur de musique. Son fils, Louis, lui rend visite tous les jeudis pour son cours de piano. Pendant des années ! Et lorsque le père meurt, Louis hérite du fameux piano. Un magnifique cadeau même si Louis ne fera pas carrière dans la musique mais dans la peinture. Et à l’occasion d’une exposition à New York, Louis retrouve une trace bien singulière du passage de son père en Amérique…

Pour parler aussi bien de la musique, il faut tout simplement s’appeler Louis Joos. Auteur belge né en 1940, Louis Joos a publié son premier ouvrage, La Colaxa, en 1982 chez Futuropolis première époque. Suivront chez le même éditeur Foutue croisière, Le Mal de l’espace, Musique de nuit et ailleurs des livres sur Thélonius Monk, Mingus, Bud Powell (que l’on croise dans l’album) ou encore John Coltrane et Charlie Mingus. Le dessin et le jazz , vous l’aurez compris, sont les deux passions de Louis Joss. Avec Un Piano, l’auteur nous parle de sa vie, de son père, de la passion que celui-ci lui a certainement transmise. Une évocation en cinq temps magistralement mis en images, chaque planche nous absorbant véritablement dans l’histoire, chaque vignette nous transportant dans un autre monde, une autre époque, grâce à l’encrage partiel qui nous fixe sur l’essentiel et, en même temps, nous invite à lévasion. On vous l’a dit, Un Piano est une merveille, un chef d’oeuvre ! E.G.
 

05 Juil

Ils Iront au jazz, de Ben. Editions Hécatombe. 13 euros.

Pendant que certains vont en enfer ou au paradis, d’autres vont au jazz ! Un plan B en quelques sortes pour les mélomanes, amoureux de Miles Davis, Lee Morgan, Clifford Brown ou encore Bessie Smith… Un plan B que les héros ou plus exactement les antihéros de ce récit, un trompettiste et une chanteuse, ont sans doute espéré durant toute leur vie de misère. Lorsqu’ils se rencontrent au fond d’une impasse sordide et crasseuse, ces deux amoureux du jazz espèrent peut-être en terminer avec la pauvreté et la solitude. De fait, ils vont très vite partager le même lit et, surtout, une solide addiction à l’alcool qui finira par les anéantir…

Avec cet album publié dans la collection Inaccessible étoile de la structure indépendante suisse Hécatombe, Ben, lui-même musicien, rend hommage au jazz. Un récit quasi-muet, en noir et blanc, avec un personnage principal représenté sous les traits d’un animal, un ton cru, direct, une atmosphère glauque… Ils Iront au jazz parle de la rue, de l’amour, de la mort, de la brutalité de la vie… Une oeuvre à découvrir, un auteur à suivre ! E.G.
 

Seconde chance, de Ozanam et Renart. Editions Casterman. 14 euros.

Marianne Welles est une pro de la gâchette. Une vraie, largement appréciée par sa hiérarchie et respectée par ses collègues. La minutie chirurgicale avec laquelle elle accomplit toutes ses missions lui ont valu de nombreuses promotions. Mais aujourd’hui, Marianne s’ennuie ferme. Tirer pour tirer ne l’amuse plus, même s’il s’agit pour elle de déclencher des coups de foudre et non de provoquer la mort. Marianne Welles n’est effectivement pas une tueuse mais plutôt une combattante de l’amour. Et voilà qu’on l’oblige même à travailler le 14 février, son seul jour de congés de l’année. Un comble ! Mais ce jour là, Marianne va à son tour tomber amoureuse et refuser de tirer sur un client. Tout va alors très vite se compliquer pour Marianne…

Le scénariste Antoine Ozanam et le dessinateur Renart revisitent le mythe de Cupidon avec un polar sentimental qui commence dans une ambiance à la Saint-Valentin et s’achève dans un véritable bain de sang. Une histoire d’amour et de haine ! E.G.