31 Jan

L’Ostie d’chat (tome 2), de Iris et Zviane. Editions Delcourt. 8,95 euros.

Bon autant le dire tout de suite, l’histoire d’Ostie d’chat est une histoire de garçons imaginée par… deux filles. On pourrait donc s’attendre à trouver dans ces pages un esprit revanchard, un tacle de la gent féminine sur la gent masculine, et ce serait sûrement mérité, mais non ! Du moins… pas trop. Iris et Zviane, les deux auteures, québécoises, racontent la vie façon Jean-Seb et Jasmin, deux potes de jeunesse qui se partagent un chat, un « ostie d’chat » répondant au doux nom de Legolas, et quelques mésaventures sentimentales et professionnelles… Feuilleton 100% made in Québec, L’Ostie d’chat est né en 2009 sur le web avant de commencer une seconde vie sur papier, en l’occurrence dans la collection Shampooing des éditions Delcourt. Une série franchement drôle prévue en trois volumes ! E.G.

L’info en +

Retrouvez les aventures de L’Ostie d’chat en cliquant sur miaou !

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Relire la chronique du tome 1

29 Jan

La bande dessinée, de Christophe Quillien. Editions Gallimard jeunesse. 14,90 euros.

Publié aux éditions Gallimard jeunesse, cet ouvrage de la collection Tothème n’est pas le premier livre portant sur la bande dessinée, loin de là. Alors qu’offre-t-il de plus que les autres ? Une mise à jour, tout d’abord, même si elle est relative. Aux côtés des historiques Pratt, Franquin, Spirou, Tintin, Tardi, Pif, Snoopy et autres Moebius, Christophe Quillien ouvre ses pages à quelques « petits nouveaux », des nouveaux classiques en fait tels que Zep, Satrapi, Trondheim, Guibert, Largo winch, Lapinot… Mais surtout, il offre une approche et une iconographie résolument originales et ludiques. L’ouvrage se présente comme un parcours en 60 étapes, autant d’entrées réparties en 6 familles : auteurs, repères, personnages, étapes, genres et univers. On y parle de cases, de magazines, de scénarios, de la BD numérique, de la BD d’aventure et de la BD reportage, du manga et du comics, de la place des filles ou encore de l’heroic fantasy… Côté iconographie, l’ouvrage associe des extraits de planches, des couvertures d’albums et des mises en scène de personnages 3D. Un index, un glossaire, une liste des 80 albums indispensables, les noms des Grands prix de la ville d’Angoulême… complètent le livre de Christophe Quillien qui constitue une très bonne approche du Neuvième art pour les enfants dès 9 ans ! E.G.

Pour en savoir plus, visionnez l’interview de Christophe Quillien réalisée par l’éditeur ci-dessous…

La bande dessinée, le nouveau titre de la… par GallimardJeunesse

Angoulême 2012 : Jean-Claude Denis couronné Grand prix de la ville et Cyril Pedrosa, prix BD Fnac…

La cérémonie officielle qui vient de se tenir à Angoulême pour clôturer la 39ème édition du Festival international de la bande dessinée a consacré l’auteur Jean-Claude Denis Grand prix 2012 de la ville, le propulsant de fait président de l’édition 2013, quarantième du nom.

Jean-Claude Denis est l’auteur notamment de la série Luc Leroi, de Quelques mois à l’Amélie, d’Un peu avant la fortune et de Tous à Matha dont vous pouvez retrouver la chronique ici.

De son côté, le Nantais Cyril Pedrosa a reçu le prix BD Fnac pour son merveilleux album Portugal… Retrouvez la chronique de l’album ici-même!

28 Jan

Affaires de famille, de Will Eisner. Editions Delcourt. 12,95 euros.

Une famille formidable ! Papy Ben va fêter ses 90 ans. Et pour l’occasion, toute la famille décide de se réunir autour de lui le temps d’une soirée. Molly, Greta, Selena, Al, Léo, Sammy et toutes les pièces rapportées iront lui dire ô combien ils l’aiment dans un élan d’hypocrisie mal contrôlé ! Car sous le vernis des bons sentiments ne tarde pas à transparaître l’avidité des uns, la jalousie des autres, le mensonge, la haine, les rancœurs et les secrets les plus anodins comme les plus terribles…

L’Américain Will Eisner est sans conteste l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée mondiale. Et cet ouvrage, initialement publié aux éditions USA, aujourd’hui réédité dans la collection Contrebande des éditions Delcourt, en apporte, si besoin était, une nouvelle preuve.  L’auteur, qui avait au moment de son écriture plus de 80 printemps, plonge le lecteur dans un huis-clos à l’atmosphère particulièrement lourde. L’image de la cellule familiale protectrice et unie explose autour d’un patriarche transformé en simple spectateur cloué par la maladie sur une chaise roulante. Côté graphisme, les amateurs de Will Eisner retrouveront ce trait expressif et libéré du carcan des vignettes qui a fait sa réputation à travers la planète. E.G.

L’info en +

La quasi-totalité des œuvres de Will Eisner, hormis Spirit, est aujourd’hui disponible au sein de la collection Contrebande.

Plus d’infos sur Will Eisner et son œuvre sur le site officiel (en anglais) willeisner.com

24 Jan

L’Enfant cachée, de Marc Lizano, Loïc Dauvillier et Greg Salsedo. Editions Le Lombard. 16,45 euros.

Une vague d’émotion ne peut que submerger tout lecteur normalement constitué ! L’Enfant cachée raconte l’histoire de Dounia, une petite fille juive qui, pendant la Seconde guerre mondiale, échappe à la déportation grâce à la clairvoyance de ses parents qui la cachent dans un double fond d’armoire un soir de rafle, grâce aussi à quelques âmes charitables qui n’acceptent pas ce que beaucoup considèrent subitement comme une évidence : la chasse aux juifs. Une vague d’émotion parce que, bien sûr, l’histoire est bouleversante, tragique, avec cette très jeune enfant plongée dans un univers de brutes, mais aussi parce que Loîc Dauvillier, Marc Lizano et Greg Salsedo, les trois auteurs, ont donné tout ce qu’ils avaient en eux pour que cet album ait ce supplément d’âme qui le rend incontournable.

Les enfants, puisqu’il s’adresse en priorité à eux, mais aussi les grands, y trouveront l’évocation avec beaucoup de pudeur d’une des périodes les plus noires de notre histoire ainsi qu’une réflexion sur la transmission de la mémoire. « Actuellement, nous sommes à un moment de basculement… », confie Loïc Dauvillier, « Les deniers témoins de ces événements disparaissent… En tant qu’auteur, j’ai une responsabilité. Il me semble important de réaliser ce devoir de mémoire dont parlait Primo Levi. C’est pour cette raison aussi que j’aimais l’idée de destiner le récit aux plus jeunes ». Pour autant, même si les personnages ont tous des grosses têtes , un peu comme si on leur avait appliqué une loupe sur le visage, L’enfant cachée est un livre grave qui ne prend pas les lecteurs pour des demeurés. « Je me refuse de parler à un enfant avec des raccourcis au niveau des phrases et je ne trouve pas intéressant d’adapter le vocabulaire sous prétexte que l’on s’adresse à un public jeune. Quelque soit le lecteur, l’histoire reste la même et c’est ça qui est important ». Un très beau récit à mettre entre toutes les mains ! E.G.

L’info en +

Du 26 au 29 janvier, à Angoulême, l’espace Franquin accueillera pendant le Festival international de la bande dessinée une exposition pédagogique de l’AJPN (Anonymes, Justes et Persécutés durant la période nazie) autour de cette page sombre de l’histoire avec notamment les planches de « L’enfant cachée ».

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Le site de Loïc Dauvillier

23 Jan

Angoulême 2012, la BD en vol stationnaire…

C’est parti ! Pour la 39ème fois, la ville d’Angoulême se transforme le temps d’un week-end rallongé (du 26 au 29 janvier) en capitale mondiale de la bande dessinée. 4 jours de débauches graphiques, des dizaines de milliers de visiteurs attendus, plus d’un millier d’auteurs et d’éditeurs sur leur 31, des centaines de journalistes aux aguets, des millions de livres empilés, des expositions, des conférences, des films, des concerts, des rencontres, des découvertes, des séances de dédicaces… et un bilan étonnant pour ce secteur éditorial alors que la France connaît une crise sans précédent. 5327 livres de bande dessinée publiés en 2011, ce qui représente une progression d’un peu plus de 3% par rapport à 2010 (chiffres de l’ACBD). Qui dit mieux ? Des chiffres qui font rêver, et pas seulement le secteur de l’édition ! Le monde de la BD est en vol stationnaire même si la vigilance, la prudence, comme le rappelle l’ACBD, sont de mise.

Au programme de cette nouvelle édition, une exposition consacrée au Président bien sûr, l’Américain Art Spiegleman, auteur de Maus, une exposition Jeunes talents, une autre réunissant les créations originales d’une cinquantaine d’auteurs européens, un regard sur la bande dessinée espagnole et suédoise, un voyage dans l’imaginaire de Fred, des concerts de dessin, les rencontres internationales…
Parmi les centaines d’auteurs présents, de nombreux Ligériens parmi lesquels Etienne Davodeau, Cyril Pedrosa, Fred Blanchard, Brüno

Plus d’infos sur le site du festival

22 Jan

Le Jeu vidéo (tome 1), de Bastien Vivès. Editions Delcourt. 9,95 euros.

Voici un grand écart digne d’un danseur étoile ! Après une immersion dans le milieu de la danse classique avec l’exccccccccccccellent Polina, Grand prix de la critique, Prix des libraires BD et sélection officielle d’Angoulême 2012, Bastien Vivès nous ouvre les portes d’un tout autre univers, celui du jeu vidéo. Et nul besoin d’être un super-méga-pro-gamers pour s’approprier les courts récits mis en images dans cet album. Bastien Vivès, en grand connaisseur du genre et en fin observateur de ses semblables, croque ici quelques personnages savoureux et scènes de jeu pour le moins cocasses. Page après page, vous partagerez le quotidien, parfois difficile des joueurs, et de leur entourage, vous découvrirez le secret pour faire une bonne « Atomic ultra reversal » ou un « Tiger uppercut », vous serez enfin si Mozzarella est un gamers plutôt sympa ou non, vous vous initierez au « Stand light punch en anti-air », vous apprendrez comment faire pour vous fâcher avec votre petite amie qui ne comprend pas votre engouement pour les jeux vidéos… plein de petites choses utiles en somme pour la vie de tous les jours !

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L’interview express de l’auteur ici-même!

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Publié dans la collection Shampooing des éditions Delcourt, Le Jeu vidéo est le premier album d’une série réunissant les strips publiés par l’auteur sur son blog, accompagnés de nombreux inédits. Les volumes paraîtront à un rythme soutenu, annonce l’éditeur, à raison d’un album tous les deux mois. Les prochains devraient porter sur la famille, l’amour ou encore la blogosphère.

Considéré comme l’un des auteurs les plus en vue du moment, Bastien Vivès nous dévoile dans ces strips un sens de l’humour et de l’esquisse tout en retenue Brillant ! E.G.

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Découvrez le blog de Bastien Viviès

18 Jan

Vertige, de Hélène Georges et Lisa Mandel. Editions KSTR. 17 euros.

D’un côté, Vertige, une actrice riche, célèbre et adulée. De l’autre, Adélia, une acrobate de talent, vedette d’un petit cirque. Entre les deux jeunes femmes, aucun lien. Aucun ? Pas tout à fait. L’une et l’autre cherchent à fuir la réalité, leur réalité. Avec chacune sa manière. Vertige en se faisant quelques lignes de coke. Jusqu’à la ligne de trop qui provoque l’accident. Vertige manque de se noyer dans sa piscine. Adélia, en choisissant de tout plaquer, le monde du cirque et surtout Reginaldo, le patron de la troupe… Deux vies, deux trajectoires, deux femmes qui cherchent refuge ailleurs et à l’arrivée un album très particulier, très personnel, tant sur le plan scénaristique que graphique. Comme un Vertige, à découvrir chez KSTR ! E.G.

17 Jan

La Page blanche, de Boulet et Pénélope Bagieu. Editions Delcourt. 22,95 euros.

Elle ne se rappelle de rien. Son travail, ses études, sa famille, son adresse, son nom… le trou noir total. Bien sûr, elle sait encore où sont les stations de métro, qui est Britney Spears… Mais pour le reste, ce qui la concerne directement… rien. Absolument rien ! En fouillant dans son sac, elle trouve une adresse. La sienne ? Elle s’y rend. Sa clef ouvre la porte de l’appartement. A partir de ce moment précis, Eloïse – ce serait son prénom – va tout faire pour cacher son amnésie à son entourage et reconstituer son passé, sa personnalité. Mais ce que la jeune femme découvre sur elle-même au fil de sa quête ne lui plaît guère…

Boulet, au scénario, et la flamboyante Pénélope Bagieu, au dessin, signent avec ce premier album commun une drôle d’histoire qui commence somme toute assez classiquement autour d’un personnage qui perd subitement la mémoire et se lance dans une quête d’identité, une « enquête d’identité » dirait Boulet. Elle se poursuit plus curieusement avec ce même personnage qui renonce finalement à sa quête pour se forger une nouvelle identité. Après le trou noir, c’est donc une page blanche qui s’ouvre, une page blanche qu’il va falloir noircir.

Outre la quête d’identité abordée de manière assez légère et même humoristique, les auteurs brocardent dans cette histoire la société de consommation et ses dérives. « L’album se passe pour partie dans une grande surface culturelle [où travaille Eloïse, ndlr], et nous en profitons… », précise Pénélope, « pour décrire sans complaisance ce milieu de la consommation de masse. Je suis particulièrement indignée par le fait que l’on vende des livres comme n’importe quelle marchandise ». De toute évidence, La Page blanche n’est pas une marchandise comme les autres, c’est un livre, un bon livre, un très bon livre, qui interroge sur ce qu’on est, sur ce qu’on laisse entrevoir à travers les objets qui nous entourent, un livre sur le superflu et le paraître avec cette question omniprésente et revendiquée par les auteurs : « l’essence d’un individu ne réside-t-elle pas dans sa mémoire ? ».

Une mise en scène innovante, un graphisme jeune et dynamique… Une chose est sûre, vous n’oublierez jamais La Page blanche ! E.G.

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Découvrez le génialissime blog de Pénélope Bagieu

PS: Dis Pénélope… tu me fais un p’tit dessin pour le blog ?

15 Jan

Ô dingos, ô châteaux, de Jean-Patrick Manchette, adapté par Jacques Tardi. Editions Futuropolis. 19 euros.

Ô dingos, ô châteaux! est la troisième adaptation par jacques Tardi d’un roman de Jean-Patrick Manchette, son ami décédé en 1995. Il y eut d’abord Le Petit bleu de la côte ouest, réédité en 2009 par Futuropolis, La Position du tireur couché publié en 2010, toujours par Futuropolis, et donc ce récit un peu dingo, un peu château aussi, troisième pierre d’un édifice que Jean-Patrick Manchette baptisera lui-même de « néo polar » et qui recevra, comme nous le rappelle Claude Guérif en préface, le Grand Prix de Littérature Policière en 1973.

L’histoire ne commence pas dans un château, comme pourrait le laisser croire le titre, mais dans un immeuble. Un immeuble chic tout de même plus proche de l’hôtel particulier que du HLM. C’est là, au troisième étage, que Julie Bellanger, tout juste sortie d’une clinique psychiatrique, logera dorénavant pour s’occuper du jeune neveu de Michel Hartog, le propriétaire des lieux. Michel Hartog est un industriel très riche et étrangement philanthrope, capable de choisir une épileptique pour cuisinière, un manchot pour jardinier, une aveugle pour secrétaire et donc une déjantée, pyromane et voleuse à ses heures, pour nouvelle nurse. Mais Julie n’aura pas le temps de se familiariser avec son nouvel emploi. Elle et le fameux neveu vont avoir à faire à un certain Thompson, un tueur à gages chargé de liquider le gamin. Ca commence par un kidnapping, se poursuit en course-poursuite infernale à travers la France et s’achève dans un effroyable bain de sang quelques part dans un château…

Pas de surprise, l’adaptation de Jacques Tardi est un régal pour les yeux et pour la tête. L’histoire est sombre à souhait, les personnages absolument désespérés, parfois désespérants, l’atmosphère des années 70 parfaitement reconstituée, les décors très détaillés et documentés, et le trait du maître, comme toujours, absolument génial ! Un bonheur… E.G.
Une interview réalisée par l’éditeur Futuropolis

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