14 Juin

Le Petit prince (tomes 7 et 8). Editions Glénat. 11,50 euros le volume.

134 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, dans quelque 220 langues et dialectes ! Le Petit prince est une pièce maîtresse de notre patrimoine littéraire et son auteur, Antoine de Saint-Exupéry, une véritable légende. Parallèlement à son adaptation en dessin animé pour la télévision, pour France3 précisément, les éditions Glénat ont lancé voici quelques mois une adaptation en bande dessinée. La série comptera à terme 24 albums, autant d’aventures dérivées de la série d’animation mais également très largement inspirées du chef d’œuvre originel. Les tomes 7 et 8 viennent de paraître avec aux manettes, Clotilde Bruneau et Guillaume Dorison pour le scénario, Diane Fayolle et Audrey Bussi pour le dessin, tout ce beau monde réunit sous la coupe de Didier Poli, directeur artistique. Comme dans les volumes précédents, de grands noms du Neuvième art nous donnent leur propre vision du Petit prince sur quelques pages situées en fin d’album. Après Tebo, Mathieu Bonhomme, Convard, Griffo ou encore Moebius, ce sont Jérôme Jouvray et Jacques Lamontagne qui s’y sont collés. En route pour l’imaginaire ! EGuillaud

13 Juin

En silence, d’Audrey Spiry. Editions KSTR. 16 euros.

Un titre énigmatique, un graphisme très pictural, distordu, relevé par des couleurs très fortes… il n’en fallait pas plus pour que l’album En silence suscite notre curiosité. L’auteure, Audrey Spiry, est une parfaite inconnue dans le monde du Neuvième art, pas totalement dans celui de l’animation comme peuvent l’attester les vidéos ci-dessous intitulées Petite chorégraphie et Bach is dead, deux vidéos postées sur Dailymotion et YouTube il y a maintenant quelques années. Pour en revenir à cet album paru chez KSTR, Audrey Spiry nous offre le récit d’une journée particulière sur fond de canyoning. Nous sommes quelque part dans le sud de la France, Juliette et son petit ami Luis participent à une descente de canyon assez agitée en compagnie de quelques autres personnes. Pour chacun, c’est l’occasion de communier pleinement avec la nature. Pour juliette c’est surtout le moment qu’elle choisit pour faire le point sur sa vie, sur sa relation avec Luis, et de peut-être prendre une décision et éviter de sombrer définitivement. En effet, depuis quelques temps, Luis et Juliette ne sont plus synchros. Et finalement cette expédition servira de révélateur à la jeune femme… Une mise en scène de l’intime franchement surprenante ! EGuillaud

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11 Juin

Motherfucker (première partie), de Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Editions Futuropolis. 15 euros.

Si la bande dessinée met régulièrement en scène la question des droits civiques de la population noire américaine, très peu d’albums en revanche – pour ne pas dire aucun – portent véritablement sur le mouvement des Black Panthers. Un oubli, s’il en s’agit vraiment d’un, aujourd’hui corrigé grâce à la parution chez Futuropolis de Motherfucker, première partie d’un dytique signé Sylvain Ricard et Guillaume Martinez. Derrière ce libellé argotique, Motherfucker nous raconte l’histoire d’un homme. Son nom, Vermont Washington, Vermont comme le nom du premier état à s’être ajouté aux 13 états fondateurs de l’Union et Washington comme le premier président des Etats-Unis d’Amérique. De quoi symboliser à lui tout seul cette liberté chérie de l’Amérique… Mais Vermont Washington est noir. Et ça change tout ! Nous sommes à la fin des années 60, l’esclavage a été aboli il y a un peu plus de cent ans mais la ségrégation est courante, le racisme, ordinaire, les humiliations et passages à tabac, quotidiens. Dans ce contexte, le peuple noir n’a alors que deux possibilités : courber l’échine ou se révolter ! Vermont Washington a opté pour la deuxième solution. Avec le mouvement révolutionnaire Afro-américain Black Panther, il compte bien changer le cours de sa vie et plus largement le cours de l’histoire. Mais dans l’immédiat, Vermont doit faire face à son père qui, lui, a décidé de courber l’échine. De fait, il n’accepte absolument pas l’attitude de Vermont. Le père met le fils dehors, ainsi que son épouse et leur enfant. Pour Vermont, c’est le début d’un vrai combat… Un album en noir et blanc direct et implacable comme un uppercut ! EGuillaud

09 Juin

Buck Danny et Docteur Poche, deux nouvelles intégrales chez Dupuis

C’est en 1947 que le célèbre Buck Danny fait son apparition dans les pages du journal Spirou. 65 ans plus tard, bien que la série soit suspendue, la maison d’édition Dupuis alimente toujours le mythe grâce à la publication de cette très belle intégrale commencée en novembre 2010. Après un cinquième tome consacré au cycle polaire, retour dans le Pacifique avec quatre récits parus entre 1956 et 1958, Alerte en Malaisie, Le tigre de Malaisie, S.O.S. soucoupes volantes et Un Prototype a disparu. Et l’on reparle de la fameuse Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence qui refusa l’importation en France de l’épisode Le Tigre de Malaisie pour non conformité. Nous sommes en pleine guerre froide et certaines choses ne sont pas bonnes à dire, représenter et même sous-entendre. Il faudra toute la finesse de l’éditeur pour contourner cette interdiction. Une histoire à lire dans le traditionnel dossier qui revient sur le contexte de création des épisodes, illustrations, photos et documents d’époque à l’appui.

Plus proche de la fantaisie que d’un quelconque contexte géopolitique et de fait moins exposé à la censure de la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence, Docteur Poche, le héros de Marc Wasterlain, aura malgré tout une vie relativement courte. 9 albums en tout et pour tout. Une oeuvre magique mais éphémère que l’on retrouve avec enchantement aujourd’hui dans cette intégrale qui s’achève sur ce troisième volume. Au menu, trois longs récits, Le Renard bleu, Le Petit singe qui faisait des manières, La Forêt magique, quelques gags en une page publiés dans le journal Spirou et réunis pour une part dans l’album Gags en poche, et enfin un dossier qui revient sur le parcours de cet auteur hors-norme avec photos, illustrations inédites, dessins  de couvertures…

EGuillaud

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Dans le détail :

– Intégrale Buck Danny (tome 6), de Hubinon et Charlier. Editions Dupuis. 24 euros.
– Intégrale Docteur Poche (tome 3), de Wasterlain. Editions Dupuis. 24 euros.

07 Juin

La Gaule de l’emploi, Sarkozix (tome 4), de Lupano, Bazile et Maffre. Editions Delcourt. 10,95 euros.

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », écrivait Lamartine. Et de fait, combien de Français ont senti comme une certaine déprime au soir du 6 mai, pour ne pas dire une déprime certaine ? Pas franchement la tête à faire la fête…  Mais pas de panique, une bonne dose d’humour devrait remettre tout ça en ordre et permettre aux plus atteints de voir l’avenir en rose, pardon, comment dire… avec un peu moins d’appréhension. Sarkozy est parti, Sarkozix, le héros de Lupano et de Bazile, un Nantais, est lui de retour. Yes ! Ou plus exactement était de retour. Le quatrième volume de ses aventures est en effet sorti en avril dernier. Un peu avant la présidentielle. Alors pourquoi ne pas en avoir parlé avant me direz-vous ? J’ai beau chercher… je ne trouve aucune raison valable. Je ne peux que l’avouer ! Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et finalement se ruer sur les les gags de notre romain préféré. Et cette fois, l’heure est grave ! La campagne a commencé et les candidats sont nombreux, à droite comme à gauche. Visez plutôt : Boutinacrucifix, Dupontaignix, Bayrix, Villepinix, Evajolix, Melenchix, Marina, BorloJeanlouix, Arthix, Poutix… Sarkozix va devoir jouer des coudes s’il veut sauver son emploi… EGuillaud

06 Juin

Berlin, Istanbul et Montréal-Québec… les nouveaux city guides Casterman Lonely planet

Après Bruxelles, Rome, New York, Venise, Florence, Marrakech ou Prague, les éditions Casterman et Lonely Planet proposent trois nouveaux city guides consacrés à Berlin, Istanbul et Montréal-Québec. Le concept est inchangé. Chaque titre part d’une rencontre entre un journaliste confirmé dans le monde du voyage et un auteur de bande dessinée. Vous l’aurez compris, il n’y a pas de photographies dans ces guides de voyage mais des illustrations, beaucoup d’illustrations, qui nous donnent un tout autre aperçu de la ville en nous ouvrant une porte sur l’imaginaire. Deuxième particularité de ces guides, ils proposent de découvrir la ville, son histoire, son architecture, ses lieux de vie, sa vie culturelle… grâce à une dizaine d’itinéraires accompagnés bien entendu d’un plan détaillé. Un cahier graphique, un index très précieux et quelques mots de la langue locale complètent chacun de ces ouvrages. Des guides pour voir la ville autrement ! EGuillaud

04 Juin

L’Eau du golan, Carmen Mc Callum (tome 12), de Fred Duval, Emem et Vincent Froissard. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Nous l’avions laissée du côté de la Nouvelle Calédonie, nous la retrouvons à Jérusalem. Ceux qui connaissent un tant soit peu Carmen Mc Callum ne s’étonneront pas du grand écart, la jeune femme est du genre bourlingueuse. Mais ne vous méprenez pas, il n’y a aucune intention humanitaire ou touristique dans ses voyages d’une manière générale et dans celui-ci en particulier. Carmen Mc Callum est une mercenaire et c’est les armes à la main qu’on la récupère, combattant des centaines de drones à l’humeur réellement massacreuse. Aurait-elle décidé de mettre fin au chaos qui règne sur la ville depuis des années ? De ranger aux oubliettes ces monstres d’acier ? Non, Carmen est simplement venue récupérer un ami de longue date, un ami qu’elle croyait mort et enterré mais qui serait finalement enfermé dans un caisson de survie quelque part dans la ville. Et mieux vaut ne pas se mettre en travers de son chemin lorsqu’elle a décidé quelque chose…

15 ans d’aventures, 12 récits, 2 dessinateurs… et 1 héroïne, unique en son genre, Carmen Mc Callum. Née de l’imagination fertile d’un Rouennais, Fred Duval, cette belle mais dangereuse mercenaire nous ouvre les portes d’un univers futuriste crédible où se mêlent subtilement action de base et technologies de pointe, mondes virtuels et créations de designers. Admirez au passage le pont Coco Chanel délicatement posé sur la Seine à Paris ! A noter dans cette aventure la participation de Pacman, personnage issu de la série parallèle Travis du même scénariste et le changement de coloriste, Schelle ayant laissé sa place à Vincent Froissard. Résultat : des ambiances beaucoup plus sombres et un graphisme qui y gagne en visibilité. Une aventure survitaminée avec en toile de fond, comme très souvent dans les récits de Fred Duval, une pointe de gravité, la préservation de l’environnement et notamment ici la question de la gestion de l’eau. EGuillaud

02 Juin

Philippe Squarzoni sur tous les fronts…

Cinq albums en deux mois ! La bande dessinée politique fait un retour en force en ce printemps 2012. Un retour en force estampillé Philippe Squarzoni. Le voyageur militant, qui a changé de maison d’édition voici quelques temps, passant des Requins marteaux à Delcourt, voit en effet plusieurs de ses albums réédités chez ce dernier à l’occasion de la sortie de Saison brune, une nouveauté dont nous vous en avons parlé précédemment. Sa chronique est à lire ici-même.

Et parmi ces rééditions, il y a bien évidemment Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre, deux albums publiés au début des années 2000 et qui avaient révélé l’auteur au public, plus précisément aux amateurs de deux genres naissant : la bande dessinée documentaire et la bande dessinée politique. Dans une préface de l’époque, Ignacio Ramonet parle à leur sujet de « polar de la globalisation ». Dans un style narratif et graphique innovant, Philippe Squarzoni, alors militant de l’association Attac, aborde effectivement sur plus de 300 pages la mondialisation libérale et ses dérives, le « pillage planétaire » comme l’écrit Ignacio Ramonet. Et plus qu’un simple constat ou un cri de colère, l’auteur mène ici une enquête rigoureuse, documentée, chiffrée, complétée par des témoignages, une enquête qui nous emmène jusqu’au Mexique, dans un village que les habitants disent s’appeler Garduno en temps de paix et Zapata en temps de guerre. Un véritable appel à la résistance !

Changement de décor avec Torture blanche. Changement de décor mais engagement identique. Philippe Squarzoni nous fait revivre ici une « mission de protection du peuple palestinien » à laquelle il a participé entre décembre 2002 et janvier 2003. But de la mission : « essayer de limiter par la présence d’observateurs internationaux les souffrances infligées aux Palestiniens ». Philippe Squarzoni aborde le quotidien de ce peuple en axant son récit sur la dimension économique du conflit. Un travail qui n’est pas sans rappeler celui de l’auteur et journaliste américain Joe Sacco dans Gaza 1956, en marge de l’histoire ou Palestine, une nation occupée

Et pour finir, Dol. Ce gros pavé de 300 pages a été initialement publié à la veille de la présidentielle de 2007. Philippe Squarzoni, qui s’y représente sur un ring de boxe face à Jean-Pierre Raffarin, donne d’emblée la tonalité de l’ouvrage. C’est un combat pour l’auteur, un combat contre les politiques ultra-libérales menées en France depuis des années et dernièrement par le gouvernement Raffarin. Et tout est passé au peigne fin : les impôts, la réforme des retraites, la santé, le chômage, la lutte contre la délinquance, l’augmentation des rémunérations des ministres, la baisse des allocations… Le propos est bien évidemment politique, très politique, mais l’ouvrage, comme l’ensemble des livres de Philippe Squarzoni, a le mérite d’être basé sur une analyse sérieuse avec interview de spécialistes, de journalistes, d’économistes et bien sûr de personnalités d’Attac.

Qu’on soit proche ou éloigné de ses options politiques, il faut bien reconnaître que Philippe Squarzoni est un auteur singulier par son engagement et sa façon d’aborder la bande dessinée…

EGuillaud

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Dans le détail :

Garduno en temps de paix. 14,30 euros

Zapata en temps de guerre. 15,50 euros.

Dol. 25,50 euros.

Torture blanche. 12,50 euros.

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