12 Jan

« Adam et elle » ou les affres de l’amour, un album de Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman

Ce n’est pas l’histoire d’Adam et Eve, même si lui s’appelle Adam. Ce n’est pas non plus l’histoire de Roméo et Juliette, même si elle s’appelle Juliette. C’est pourtant une histoire toute aussi universelle que nous racontent ici Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman. Adam, la trentaine ou peut-être moins, dessinateur de BD ou en passe de le devenir, sort à peine d’un chagrin d’amour quand il croise Juliette un soir de sortie entre potes. Mais on ne l’y reprendra plus. Cette fois, Adam s’interdit de retomber dans une histoire sérieuse. Adam et Juliette se voient, ok. Ils couchent, ok. Mais c’est tout… Enfin presque, car heureusement ou hélas, c’est selon, l’amour est souvent plus fort que les bonnes résolutions. Et très vite, notre héros romantique ne sait plus trop bien où il en est…

Une histoire banale, déjà vue, déjà vécue ? Oui, et je l’espère pour vous. Ce qui compte ici, c’est la manière de la raconter. Et nos deux auteurs s’en sortent pour le moins avec les honneurs. Adam et elle est un album léger mais pas tant que ça, sérieux mais pas tant que ça, parisien mais pas tant que ça. On y parle d’amour et de tout ce qui va autour sur des airs de Bashung et de Gainsbourg. Une histoire universelle, oui, remise au goût du jour et très certainement agrémentée d’une part autobiographique qui la rend encore plus sympathique. On n’aime pas, on adore et on attend le second volet avec impatience ! EGuillaud

Adam et Elle (première partie), de Gwen de Bonneval et Michaël Sterckeman. Editions Glénat. 12,25 euros

09 Jan

Pablo – Apollinaire (t1&2) de Julie Birmant & Clément Oubrerie – Dargaud

Pablo T2 Couverture - dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 8

Pablo, vous le connaissez : c’est la figure emblématique de la peinture du XXème siècle. Mais ici pas question de nous présenter cette icône en maillot rayé sous laquelle notre imaginaire collectif se représente ce peintre. Ce Pablo Picasso là est un tout jeune homme qui découvre le Paris de l’expo universelle de 1900. Le Paris mythique de Montmartre et du Bateau-Lavoir, une ancienne manufacture de pianos transformée en repaire d’artistes fauchés.

Dans le premier tome intitulé « Max Jacob », c’est la rencontre avec le poète inspirateur de sa période bleue qui est décrite. Dans ce second opus, c’est celle avec un autre poète : Guillaume Apollinaire. Une rencontre tout aussi importante, dans une brasserie de la Gare Saint-Lazare, pour une nouvelle période de création : la rose. C’est le principe de cette surprenante série ; à chaque album correspond une période et une rencontre essentielle qui se transforme en amitié et contribue à faire évoluer la peinture de Pablo.

Pablo (t2) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Objectif atteint pour cette BD : faire vivre Pablo Picasso sans tomber dans l’académisme ou l’histoire de l’art didactique. Une réussite qui tient aux choix de la scénariste Julie Birmant, habituée des recherches historiques de par son travail de documentariste. Elle affirme ici que « tout est VRAI dans cette histoire ». Peu importe d’ailleurs si elle a pris quelques libertés avec le grand homme. Le plaisir est ailleurs : dans l’angle choisi pour entrer dans le récit.

L’auteur, qui avait livré de touchants portraits d’artistes dans Drôles de Femmes, privilégie ici aussi le point de vue d’une femme, celui de la première compagne du peintre, Fernande Olivier. Un point de vue original, puisé dans les Mémoires de ce modèle recherché des artistes parisiens. Nous apparaît alors un Pablo attachant, un amoureux fou, à la fois fleur bleue et dévoré par sa passion érotique, un gamin capable de faire feu avec un pistolet tout en martelant « A bas Laforgue ! Vive Rimbaud ! ».`

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

La liberté de ton se retrouve aussi dans les dessins de Clément Oubrerie, l’auteur de la série à succès Aya de Yopougon. Une gageure pour un dessinateur que de se de mesurer au génie du peintre ! Pari réussi car Clément Oubrerie, avec son trait naïf, s’est en quelque sorte installé sur les épaules de ce géant pour nous donner à voir l’envers des toiles du maître. De l’impossibilité commerciale de départ de représenter un seul tableau de Picasso (on ne plaisante pas avec le droit de reproduction des œuvres chez ces ayant droits…), il en fait une force graphique très évocatrice. Il joue avec notre mémoire picturale avec brio.

Pablo (t2) par Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud

Une histoire dont on attend avec impatience les deux tomes suivants, pour se plonger avec délectation dans les planches grand format du Paris d’une époque en plein mutation : du premier métropolitain au cirque Médrano, en passant par le Grand Palais. Clément Oubrerie confie d’ailleurs que pour cette série, chacune des cases est réalisée en format A4 puis réduite pour créer des planches. Un choix qui lui autorise toutes les techniques : fusain, encre … et insuffle une vitalité détonante.

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Julie Birmant - Dargaud/Cécile Gabriel

Clément Oubrerie - Dargaud/Rita Scaglia

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Arthur H « Lily Dale » de l’ album Négresse Blanche


Pour découvrir les premières planches de l’album : Pablo

Le point de vue de la presse spécialisée :

PlaneteBD , ActuaBD , Télérama

06 Jan

« La Survie de l’espèce » en question avec Paul Jorion et Grégory Maklès

Le salarié, le patron et le capital. Non, il ne s’agit pas là d’une fable de Jean de la Fontaine qu’on aurait retrouvée dans un grenier au fond d’un carton mais des trois personnages principaux de cet album édité conjointement par Futuropolis et Arte. Un salarié en forme de légo, un patron en général d’armée et le capital en financier à haut de forme et gros cigare… Une vision simpliste de notre monde ? Non, une version vulgarisée des écrits du chercheur en sciences sociales Paul Jorion connu pour avoir prédit la crise un an avant la chute de la banque Lehman Brothers. La Survie de l’espèce est vendu par l’éditeur comme « un essai dessiné incisif, humoristique et pas complètement désespéré ». Bon, autant le dire tout de suite, ce n’est pas non plus l’éclate générale mais la mise en images signée Grégory Maklès (Le Dernier rituel, Ruppert, Stevostin…) et le regard forcément décalé de Paul Jorion offrent au final un portrait singulier de notre monte, de son organisation économique et plus largement de son organisation humaine… EGuillaud

La Survie de l’espèce, de Paul Jorion et Grégory Maklès. Editions Futuropolis et Arte Editions. 18 euros

05 Jan

Les éditions Delcourt rééditent La Tête en l’air, la BD qui a inspiré le film d’animation en salles le 30 janvier

Parler de la vieillesse et de la maladie d’Alzheimer sans tomber dans le pathos larmoyant tient de la véritable gageure. Paco Roca y est pourtant parvenu avec cet album publié pour la première fois en France en 2007, sous le titre Rides. Vendu à plus de 30000 exemplaires en Espagne, traduit en 10 langues et récompensé par les prix les plus prestigieux en Europe et au Japon, Rides est aujourd’hui réédité à l’occasion de la sortie en salles, le 30 janvier, de son adaptation en film d’animation, sous le titre commun cette fois de La Tête en l’air.

Et quand je vous aurai dit que l’immense Jirô Taniguchi signe une préface enflammée à cette réédition, vous aurez compris que vous tenez ou tiendrez entre les mains un véritable chef d’oeuvre. Un chef d’oeuvre qui nous raconte le quotidien d’Ernest fraîchement débarqué dans une résidence pour personnes âgées dépendantes. Ernest perd de plus en plus la tête. Il ne s’en aperçoit pas ou refuse de s’en apercevoir jusqu’au jour ou Emile, un autre pensionnaire, lui ouvre les yeux et le persuade de combattre la maladie. Mais comment échapper à sa propre déchéance quand tout autour de soi, ce n’est qu’infantilisation, condescendance, quand les journées ne sont plus rythmées que par les repas, le sommeil et la prise des pilules ? Avec un brin d’humour, pas mal d’émotion et beaucoup d’amour, Paco Roca a compilé dans ce récit nombre d’anecdotes entendues de-ci de-là, d’histoires rapportées par des proches et de constatations faites lors de ses propres visites dans les maisons de retraite. Un album Magnifique à tous les points de vue ! EGuillaud

La Tête en l’air, de Paco Roca. Editions Delcourt. 14,95 euros

03 Jan

« Les Oiseaux de proie », premier volet du diptyque « Cambrioleurs » de Jake Raynal

Dans le temps, il existait un code de bonne conduite parmi les cambrioleurs. Mais c’était avant ! Avec la crise, les malfaiteurs cambriolent désormais les trafiquants, histoire d’être sûr de repartir avec de l’argent ou de la marchandise. Ruben, Elias et Prev en savent quelque chose. Ils viennent de détourner une cargaison de drogue de synthèse. Des milliers de comprimés que Wallach, leur commanditaire, se chargera d’écouler. Et parfois, le trio tombe sur des produits plus mystérieux, plus dangereux aussi. Nous sommes en Europe Centrale, plaque tournante de tous les trafics, de toutes les tentations, de toutes les magouilles mafieuses…

Album étonnant que celui-ci, étonnant et peut-être déroutant pour certains. Aux manettes, Jake Raynal qui a travaillé précédemment pour Fluide Glacial (Combustion spontanée, Esprit frappeur) et les éditions Cornélius (Francis Blaireau Fraceur). Avec ce premier volet du diptyque Cambrioleurs, l’auteur abandonne l’humour absurde de ses débuts pour le polar. Un polar froid, glacial, sombre qui nous plonge dans le milieu de la cambriole. Peu de dialogues, un graphisme fait de grands aplats ternes, des personnages sans relief, inexpressifs… et une histoire finalement étrange, difficile à pénétrer. A suivre malgré tout… EGuillaud

Les Oiseaux de proie, Cambrioleurs (tome 1), de Raynal. Editions Casterman. 13,95 euros

Spirou : jouez et gagnez peut-être l’album « Dans les griffes de la Vipère »

A l’occasion des 75 ans de Spirou et de la sortie de la 53e aventure de Spirou et Fantasio intitulée Dans les griffes de la Vipère, France 3 Pays de la Loire organise un quizz qui vous permettra peut-être de remporter un album. C’est ici !

Découvrez également les 7 premières pages de l’album en preview sur le site de France 3 Pays de la Loire ainsi que la chronique de l’album, un reportage dans l’atelier du dessinateur nantais Yoann et prochainement son interview

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27 Déc

J’aurai ta peau Dominique A, un récit d’Olivier Balez et Arnaud le Gouëfflec

20 ans qu’il joue les chanteurs à textes avec un look austère, alors forcément il a fini par énerver quelqu’un. En tout cas, c’est comme ça que son pote Philippe Katerine analyse la chose. Et ce quelqu’un lui a envoyé une lettre anonyme au message sans ambiguïté : « J’aurai ta peau Dominique A ». Reste à savoir qui ? Oui, qui est le dingue qui en veut à ce point au chanteur. Un fada qui ne supporte plus les Dominique ? Un détraqué qui veut se faire un artiste ? Un ennemi de la belle musique et des paroles intelligentes ? Face à la menace, Dominique A va-t-il devoir interrompre sa tournée ? Changer de style ? Voire changer de nom ? Et Philippe Katerine de lui lancer perfidement : « d’habitude, les dingues, ils s’attaquent aux stars, pas aux chanteurs plus… enfin, moins… C’est juste que t’es pas super connu, tu vois ? »….

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Découvrez l’interview des auteurs ici

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S’en prendre comme ça à un chanteur sans défense, ce n’est franchement pas charitable. Ce n’est pas charitable mais c’est drôle. Très drôle ! Et ce n’est bien évidemment qu’une fiction imaginée par le scénariste Arnaud Le Gouëfflec et mise en images par Olivier Balez. Dire que Dominique A chantait il y a quelques années : « Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça n’est jamais assez méchant, ça les fait vivre plus longtemps ». Finalement, sans vous dévoiler la fin de l’histoire, il y a beaucoup de vrai dans ces paroles. Beaucoup de vrai et pas mal d’ironie. Après Topless et Le Chanteur sans nom, le tandem Le Gouëfflec-Balez signe ici un récit singulier sur le plan scénaristique comme sur le plan graphique avec ce style remarquable de Balez inspiré de la sérigraphie. Et rien que pour ça mais aussi pour les échanges savoureux entre Dominique A et Philippe Katerine et la tournure parano que prend l’ensemble, on ne peut que vous en recommander l’achat ou la lecture ! Un livre qui devrait nous faire aimer l’année 2013 ! EGuillaud

Dans les bacs le 9 janvier

J’aurai ta peau Dominique A, de Le Gouëfflec et Balez. Editions Glénat. 16 euros

12 Déc

La nuit des Tuileries, le nouveau Jour J de Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Florent Calvez

Les Jour J se suivent mais ne se ressemblent pas ! Après la guerre froide, la Première guerre mondiale, la Révolution russe, l’assassinat de Kennedy, Mai 68… Fred Duval et Jean-Pierre Pécau revisitent cette fois une époque particulièrement agitée de l’histoire de France, la Révolution Française. Et notamment cette période de flottement au début des années 90, 1790 bien sûr, qui voit un pays sans constitution et un roi, Louis XVI, qui louvoie entre allégeance à la Nation, espoir d’une réaction des troupes royalistes massées aux frontières et fuite en territoire ami. En juin 1791, le roi décide finalement de s’enfuir en famille…

Et c’est précisément à ce moment que les scénaristes de la série reprennent l’histoire en main, l’histoire avec un grand H, pour développer leur propre histoire, une histoire alternative autrement appelée uchronie. Et si Louis XVI ne mourait pas sur l’échafaud mais d’une balle perdue pendant sa fuite ? Et si Marie-Antoinette, régente du royaume après la mort de son mari, parvenait à lever une armée et à l’emmener aux portes de Paris sous le commandement d’un mystérieux général ? Et si Louis XVII n’était pas mort et revenait en triomphateur ? Pour ce onzième volume, on retrouve aux pinceaux Florent Calvez qui avait déjà mis en images deux autres albums de la série, Septembre rouge et Octobre noir, avec un trait réaliste qui se rapproche ici de l’esprit de la collection Vécu chez Glénat.

Et si vous êtes perdu dans les méandres de l’histoire de France, un conseil, jetez un oeil rapide, c’est l’occasion, sur Wikipédia ou dans les pages de L’histoire de France pour les nuls consultable dans toutes les bonnes librairies. EGuillaud

La nuit des Tuileries, Jour J (tome 11), de Duval, Pécau et Calvez. Editions Delcourt. 14,95 euros

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L’info en +

Le scénariste rouennais Fred Duval finit l’année 2012 en beauté avec

la sortie d’un deuxième album, le 9ème volet de Hauteville House, une série steampunk avec pour cadre le Second empire. Et l’année 2013 commence pas mal non plus avec, dés janvier, la sortie du premier volet de la série L’Homme de l’année. Fred Duval, historien de formation s’est intéressé au soldat inconnu en compagnie de Jean-Pierre Pécau et Mr Fab. Et c’est toujours chez Delcourt !

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