26 Juin

Le Japonais Jirô Taniguchi au festival d’Angoulême en janvier 2015

Le FIBD vient de l’annoncer officiellement par un communiqué de presse : le célèbre mangaka Jirô Taniguchi sera l’un des principaux invités de la 42e édition du festival qui se tiendra en janvier 2015.

L’auteur de L’homme qui marche, Le Journal de mon père, Quartier lointain, Enemigo, Furari, Au temps de Botchan, Les Années douces se verra consacrer une grande exposition monographique intitulée Taniguchi, l’homme qui rêve, qui proposera au visiteur, selon le FIBD, de « cheminer à travers quatre décennies de création tous azimuts en bande dessinée. Du récit intimiste au polar hard boiled, du western à la fresque historique, de la saga animalière à l’aventure sportive, du carnet de voyage à l’adaptation littéraire ou l’autobiographie, le maître japonais s’est en effet confronté à la plupart des genres dominants du 9e art, acquérant ainsi au fil des années un statut rare de « passeur » entre Orient et Occident, qui confère à son oeuvre une dimension universelle. C’est cette oeuvre foisonnante qui sera au rendez-vous du Festival, pour témoigner avec empathie, sensibilité et pudeur, par-delà de la diversité des formes et des thèmes, de l’humanisme d’un auteur majeur… »

© Casterman / Taniguchi

© Casterman / Taniguchi

25 Juin

Le monde d’Aïcha, une BD documentaire d’Ugo Bertotti sur la condition des femmes au Yémen

couv-AichaAïcha, Sabiha, Hamedda, Houssen, Ouda… Leur point commun ? Être femmes dans le Yémen d’aujourd’hui, un pays pauvre, l’un des plus pauvres au monde, écrasé par des traditions religieuses ancestrales. Cette bande dessinée réalisée par Ugo Bertotti parle de ces femmes et des autres, de toutes les autres. De celles qui ont été mariées de force parfois à l’âge de dix ans au nom d’Allah et de la religion, de celles qui n’ont plus eu le droit de sortir, de travailler et même de conduire une fois mariées. De celles que les maris ont répudiées pour un rien et qui se sont retrouvées à la rue, sans un sou, sans un abri pour leurs enfants. De celles qui bien sûr ne sortent jamais sans le fameux niqab, ce voile qui couvre entièrement le visage de la femme à l’exception des yeux…

Initialement publié dans la revue XXI, Le monde d’Aïcha s’inspire des impressions de voyage de la photographe Agnès Montanari, qui pendant 3 mois et demi a pu approcher, parfois partager le quotidien et l’intimité de femmes yéménites.

Dans une postface à l’album, Agnès Montanari explique :  « Quand on déambule dans les rues étroites de la vieille ville de Sana’a, on a l’impression de croiser des oiseaux mystérieux, des ombres noires, qui diffèrent que par leur taille. Et puisque ces femmes ne montrent pas leur visage, élément essentiel de connaissance et de reconnaissance dans nos sociétés occidentales, on en conclut rapidement qu’elles n’existent pas. »

Avec beaucoup de pudeur et d’humanité, l’auteur italien Ugo Bertotti lève un bout du voile sur ce pays méconnu du monde occidental, régi par la loi de l’honneur, l’honneur de la famille. Un récit surprenant, fascinant, dont la mise en images en noir et blanc, bien que plus réaliste et intégrant quelques photographies, rappelle bien évidemment l’album Persepolis de Marjane Satrapi.

Eric Guillaud

Le monde d’Aïcha, de Bertotti. Editions Futuropolis. 20 €

© Futuropolis / Bartotti

© Futuropolis / Bartotti

22 Juin

Petite Frappe, voyage au coeur de l’adolescence…

petite-frappe2Jonathan a tout de la parfaite tête à claques, une vraie teigne, une petite frappe comme ont dit. A part le football, la musique et un peu les filles, il n’aime rien. Les goals sont des cons, Barthez est un vieillard et Zidane, un nul. Sur le terrain comme dans la vie, Jonathan rejette toute autorité. Son père, son entraîneur, son président de club… tous sont logés à la même enseigne. Tous sauf sa môman ! Car oui, sous ses airs d’ado en pleine crise, Jonathan reste un enfant qui a besoin d’amour…

L’écrivain François Bégaudeau (Jouer juste, Entre les murs…) et le scénariste dessinateur Grégory Mardon (Vagues à l’âme, Corps à corps, Leçon de choses…) signent une splendide évocation de l’adolescence avec ce gamin au caractère trempé et aux répliques imparables. C’est drôle, fin et ça se mange comme du Baru, sans modération !

Eric Guillaud

Petite frappe, de François Bégaudeau et Grégory Mardon. Editions Delcourt. 18,95 €PlancheS_42994

18 Juin

« Tourne-disque », direction le Congo avec Zidrou, Beuchot et Murat

album-cover-large-23104-2Même s’il en rêve depuis des lustres, Eugène Ysaÿe n’a jamais mis les pieds en Afrique. L’homme n’est d’ailleurs pas du genre grand voyageur. Son truc à lui serait plutôt la musique classique, le violon pour être précis. Mais en 1930, à l’occasion de la commémoration des 100 ans de l’indépendance de la Belgique, le Gouverneur du Congo invite le musicien à se produire dans la capitale de la colonie belge. Eugène Ysaÿe ne peut décemment pas refusé, même à son âge, 70 ans, et même si le voyage s’avère long et difficile. C’est d’ailleurs avec un torticolis carabiné qu’il débarque là-bas. Ce qui l’empêchera de jouer mais pas de faire une étonnante rencontre en la personne de Tourne-disque, un boy chargé de remonter le gramophone et accessoirement de gérer la discothèque du maître des lieux…

Le prolifique scénariste Zidrou (L’Elève Ducobu, Les Crannibales, Tamara, La Peau de l’ours, Le Montreur d’histoires…) et le dessinateur Raphaël Beuchot (Le Montreur d’histoires…) signent ici un magnifique récit sur l’amitié au-delà des frontières et des races avec pour point de synergie la musique classique et ses grands compositeurs, passion commune du blanc Eugène Ysaÿe, qui exista réellement, et du noir Tourne-Disque. Un récit intime, tout en finesse et en douceur, qui met en scène l’époque de la colonisation belge sous un angle inhabituel mais pas pour autant édulcoré. Zidrou, passé maître en ambiances feutrées, nous régale avec cette histoire merveilleusement mise en images !

Eric Guillaud

Tourne-disque, de Zidrou et Beuchot. Editions Le Lombard. 17,95€

© Le Lombard - Zidrou & Beuchot

© Le Lombard – Zidrou & Beuchot

 

13 Juin

Billets d’amour ou la grande aventure du couple selon Romain Ronzeau

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Et si l’amour, le vrai, le grand, le fou, celui qui dure toute une vie, commençait tout simplement par un échange de mug ?

Je te prête mon mug Batman, tu me prêtes ton mug au coeur rose. De l’ordre du banal pensez-vous ? Et pourtant, une vie de couple épanouie commence par tous ces petits moments à priori anodins. Si vous ne me croyez pas, alors jetez-vous sur le nouveau recueil de Romain Ronzeau tendrement intitulé Billets d’amour. Après Carnets de mariage, qui portait donc sur le mariage, l’auteur poursuit dans ces nouvelles pages l’exploration de la vie intime et sentimentale du couple. Et on y a apprend énormément de choses essentielles comme bien dormir à deux, enfiler une housse de couette, arrêter de lire des BD aux toilettes, faire des compliments à son amoureux ou reuse, envelopper le poulet du dimanche avec du film plastique…

C’est drôle, c’est fin, ça se lit sans fin et, au final, ça fait du bien par où ça passe !

Eric Guillaud

Billets d’amour, de Romain Ronzeau. Editions Delcourt. 14,95 

© Delcourt / Ronzeau

© Delcourt / Ronzeau

09 Juin

Choc, les méchants ne meurent jamais !

album-cover-large-22662Je vais vous parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent connaître, un temps où les héros de BD se retrouvaient invariablement confrontés à des méchants capables des pires atrocités. C’était l’époque de la guerre froide, la peur d’une troisième guerre nucléaire, une vision manichéenne divisait le monde en deux, les bons d’un côté, les méchants de l’autre.

Bien entendu, ces méchants n’étaient pas des personnages principaux, plutôt des faire-valoirs permettant à nos héros de toujours, forcément du côté des gentils, de briller en société et dans nos yeux. D’ailleurs, sans eux, sans ces méchants, nos gentils Tintin, Spirou et autre Superman auraient-ils pu exister tout simplement ?

Et parmi tous ces méchants, certains l’étaient plus que d’autres. Choc par exemple. Apparu dans les aventures de Tif et Tondu au milieu des années 50 sous le pinceau du génialissime Will et la plume aiguisée de Maurice Rosy, alors scénariste de la série, M. Choc devint l’ennemi juré du duo de justiciers, un être machiavélique reconnaissable à sa queue-de-pie et son visage dissimulé sous un heaume. Pendant des années, des dizaines d’années même, il fut LE méchant idéal de la BD.

Mais qui était-il vraiment ? C’est ce que nous proposent aujourd’hui de découvrir Stéphane Colman et Eric Maltaite, le propre fils de Will, dans ce récit prévu en deux volumes. Un album indispensable pour tous les amoureux de la série et les autres !

Eric Guillaud

Choc, Les Fantômes de Knightgrave, de Maltaite et Colman. Editions Dupuis. 16,50 €

© Dupuis - Maltaite @ Colman

© Dupuis – Maltaite @ Colman

05 Juin

Le Tirailleur ou l’histoire vraie d’un Marocain engagé dans la Deuxième guerre mondiale

COUVE_TIRAILLEUR_WEBAlain Bujak n’est pas auteur de bande dessinée, il est photographe. Et c’est à l’occasion d’un reportage au coeur d’une résidence sociale à Dreux qu’il fait la rencontre d’Abdesslem, un ancien tirailleur marocain.

Que faisait-il ici dans une situation de total dénuement ? Pourquoi ce vieil homme n’était-il pas au Maroc au milieu des siens, de sa famille ? C’est ce qui intrigua Alain Bujak qui lui rendit régulièrement visite bien après la fin du reportage pour partager avec lui un peu de café et beaucoup de souvenirs. Et c’est l’histoire de cet homme, une histoire incroyable que raconte Le Tirailleur.

Tout commence en 1939 quelque part au Maroc, Abdesslem s’engage dans le 4e Régiment des Tirailleurs Marocains un peu pour sauver la France, beaucoup pour fuir la misère du bled et le désoeuvrement. Il n’a alors que 17 ans et ne quittera l’armée que 15 années plus tard après avoir connu la Drôle de guerre, la déroute, les camps de prisonniers, le débarquement des Américains en Afrique, la bataille du Garigliano en Italie… et finalement le retour sur ses terres. Mais avec la fin du protectorat de la France sur le Maroc et le gel des pensions d’anciens combattants, la vie devint de plus en plus difficile. Abdesslem se résigna alors à rejoindre la France et y habiter, condition sine qua non pour bénéficier d’une allocation vieillesse. D’où sa présence à Dreux, loin de sa terre, de ses oliviers, de ses proches.

C’est une histoire absolument émouvante et captivante que nous livrent Alain Bujak et le dessinateur italien Piero Macola, dont on avait déjà pu apprécier l’intelligence graphique dans une histoire parue aux éditions Vertige Graphic et intitulée Aller simple. Un album à mettre entre toutes les mains histoire de rappeler à certains « bons Français » que notre beau pays ne s’est pas sauvé seul des griffes nazies.

Eric Guillaud

Le Tirailleur, de Macola et Bujak. Editions Futuropolis. 20 €

© Macola & Bujak

© Futuropolis – Macola & Bujak

02 Juin

Bientôt le mondial et vous ne comprenez toujours rien au foot ? Alors voici un livre fait pour vous : Le foot expliqué aux filles, à ma mère et à Didier Deschamps

9782756055077vC’est une réalité, les filles en général détestent le foot…

Mais elles ne sont pas les seules, quelques garçons aussi, une poignée certes, et j’en fais partie, n’ont toujours pas compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à regarder 22 autres garçons courir pendant 90 minutes après un ballon. Mais le Mondial qui débute le 12 juin devrait réconcilier tout le monde, les passionnés de la première heure comme les réfractaires les plus acharnés. Car oui, le Mondial a un petit quelque chose de magique, souvenez-vous de 1998, qui réveille toutes les passions, qu’elles soient purement sportives ou un tantinet chauvines.

Mais voilà, si vous faites partie de ceux qui détestent le foot en temps normal, il sera peut-être difficile d’être crédibles dès les prochains matchs. Pas de panique, nous vous avons dégoté le livre qui va vous rendre intelligent, un livre logiquement intitulé Le Foot expliqué aux filles, à ma mère et à Didier Deschamps. Bon, je ne suis pas certain que Didier Deschamps, notre sélectionneur national, en ait réellement besoin mais pour les autres, ce ne sera pas inutile.

Car le livre de Sophie-Marie Larrouy et Marc Hervez, illustré par l’inégalable Guillaume Bouzard (Moi auteur de BD, Mégabras…) est drôle mais pas que. Il est aussi instructif et très complet. On y apprend la base du jeu, depuis le nombre de joueurs sur le terrain jusqu’aux gestes techniques les plus complexes, en passant par le nom des joueurs les plus célèbres ou des clubs les plus prestigieux, les différentes zones du terrain de jeu, la typologie des fans, les fautes, les irrégularités, les stratégies…

Un livre totalement indispensable pour vous préparer physiquement et moralement !

Eric Guillaud

Le Foot expliqué aux filles, à ma mère et à Didier Deschamps, de Larrouy, Hervez et Bouzard. Editions Delcourt. 14,95 €

© Delcourt / Larrouy, Hervez & Bouzard

© Delcourt / Larrouy, Hervez & Bouzard

29 Mai

La Mort blanche, une chronique de la Der des ders signée Robbie Morrison et Charlie Adlard chez Delcourt

Couv_215601Comme on pouvait s’y attendre en cette année marquée par la commémoration du centenaire de la Première guerre mondiale, les bandes dessinées portant sur cette thématique se suivent… mais ne se ressemblent pas !

Nouvel exemple en date, La Mort blanche, un récit de Robbie Morrison et Charlie Adlard, qui nous emmène sur le front italien en 1916 pour une « partie relativement obscure de ce conflit aujourd’hui connue sous le nom de Guerre Blanche », précise le scénariste en préface.

Après La Grande guerre (Futuropolis) de Joe Sacco qui nous dévoilait façon Tapisserie de Bayeux la bataille de la Somme côté britannique, nous voici donc rendus sur le front italien pour cette guerre blanche, aussi connue sous le nom de guerre de montagne ou guerre de glacier, tout simplement parce qu’elle se déroula sur les sommets glacés des montagnes du Trentin, des Dolomites et du Caporetto, à la frontière entre l’Italie et l’empire austro-hongrois. Là, à 2 ou 3000 mètres d’altitude, des milliers d’hommes s’affrontèrent dans des conditions extrêmes et moururent pour beaucoup ensevelis sous les nombreuses avalanches déclenchées notamment par les tirs de canons.

Le scénariste Robbie Morrison et le dessinateur Charlie Adlard, qui assure la partie graphique de la série Walking Dead depuis 2004, signent ici un récit particulièrement fort transpirant à chaque page la peur, la brutalité, l’horreur de la situation, la bêtise humaine et… bien sûr la mort blanche. Magnifique et effrayant en même temps !

Eric Guillaud

La mort blanche, de Morrison et Adlard. Editions Delcourt. 15,95 €

© Delcourt / Morrison & Adlard

© Delcourt / Morrison & Adlard

26 Mai

« Match » ou comment lire une bande dessinée de Grégory Panaccione tout en regardant un match de tennis ?

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C’est la dernière facétie de l’Italien Grégory Panaccione, raconter en BD et sans un mot l’intégralité d’un match de tennis point après point, set après set. Et cette bande dessinée s’appelle Match tout simplement…

Un peu moins de 300 pages et uniquement deux personnages, l’Anglais Rod Jones d’un côté, le Français Marcel Coste de l’autre. Bon autant vous le dire tout de suite, si l’Anglais a le physique et le tempérament d’un winner, le Français serait plutôt du genre looser, arborant fièrement un certain embonpoint en même temps qu’un penchant pour l’alcool et les cigarettes.

D’ailleurs, à la célèbre boisson à bulles présente sur les courts de tennis, Grégory Panaccione a préféré pour tenir le rôle du sponsor une non moins célèbre boisson alcoolisée de couleur jaune. Et Marcel n’est pas venu seul sur le court. Il a apporté avec lui son poisson rouge et son chien. Pourquoi ? Aucune idée. Peut-être n’avait-il pas trouvé à les faire garder. Ils n’interviendront finalement que très peu dans ce duel au soleil et sur terre battue, aussi peu que le public relégué à un élément de décor figé ou que les arbitres et ramasseurs de balles carrément absents.

Non, l’essentiel est bien ici le match et rien que le match. De quoi piquer un bon roupillon me diront les plus fatigués et les moins passionnés d’entre-vous ? Eh bien non. Non parce que Grégory Panaccione, qui nous avait déjà surpris avec ses deux premiers albums, Toby mon ami et Âme perdue, est un champion toutes catégories de l’album qu’on lit à toute vitesse, un as de la narration en même temps qu’un expert de l’écriture automatique sans crayonné préliminaire, une technique qui lui permet de garder un maximum de dynamisme au graphisme. Un mot, un seul, bravissimo !

Eric Guillaud

Match, de Grégory Panacionne. Editions Delcourt. 11,50 €

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