29 Avr

Le Jardin de minuit : le roman de Philippa Pearce librement adapté en BD par Edith

9782302045057_1_75C’est un jardin extraordinaire, coloré, joyeux, rempli d’arbres fantasmagoriques, de fleurs magnifiques et surtout de souvenirs incroyables.

Tom y est arrivé un peu par hasard. Grâce à la rougeole de son frère qui eut pour effet de le contraindre à une quarantaine chez Tante Gwen et Oncle Allan. Et ils ne sont pas très drôles ces deux -là, surtout Oncle Allan. Pas une once de poésie, pas un chouia d’humour, pas un gramme d’imagination. Bref, le séjour s’annonce pour le moins ennuyeux. En plus, Tante Gwen et Oncle Allan vivent dans un appartement, en pleine ville, des barreaux aux fenêtres, pas de jardin. Pas de jardin ? Si justement, Tom va finir par en découvrir un derrière une vieille porte, ce fameux jardin plein de souvenirs qu’il semble être le seul à voir dans l’immeuble. Tout y est magnifique, les arbres, les fleurs, les gens en costume d’époque. Chaque nuit, il part l’explorer et finit par rencontrer une petite fille prénommée Hatty. Avec elle, il va découvrir les secrets du jardin…

Il y a du Little Nemo in Slumberland dans cette histoire, du Petit Prince aussi, de ce genre de récits qui vous emmènent loin, très loin, dans l’imaginaire et le rêve. Auteure de livres jeunesse mais aussi de bandes dessinées, dont la fameuse série Basil et Victoria, Edith signe ici une très très belle adaptation du chef-d’oeuvre de la romancière anglaise Philippa Pearce, Tom et le jardin de minuit (Tom’s Midnight Garden), publié en 1958. On y retrouve tout ce qui fait le charme du roman, la poésie, la magie et le mystère, le délicat coup de crayon d’Edith en plus. on y parle de l’enfance, de l’amour, du temps qui passe, et des souvenirs qui restent figés dans nos mémoires. Une histoire magnifique, une histoire qui fait du bien !

Eric Guillaud

Le Jardin de minuit, librement adapté du roman de Philippa Pearce par Edith. Editions Soleil/Noctambule. 17,95 €

26 Avr

Un certain Cervantès, un récit picaresque de Christian Lax au coeur de l’Amérique

Couv_240029Il fut un temps ou l’appeler Miguel de Cervantès aurait eu tendance à le mettre en colère. Son nom à lui, c’était, c’est toujours, Mike, Mike Cervantès. Aucun lien de parenté direct ou indirect avec le célèbre romancier espagnol. Après avoir perdu un tiers de son bras en Afghanistan, il compte bien revenir au pays avec un nom intact.

Malgré tout, au F.B.I., on pense que Mike a lu trop de bouquins, un peu comme Don Quichottte justement, le cultissime héros de Miguel de Cerventès. Des bouquins qui l’auraient rendu dingue. Et c’est vrai que depuis son retour de la guerre, Mike a décidé de se faire le « défenseur des faibles et de toutes les catégories d’opprimés », comme il dit lui-même. De quoi être vite submergé ! Tour à tour, Mike vandalise une banque, sauve un clandestin péruvien des griffes de bikers pas vraiment accueillants, empêche une vente aux enchères de maisons saisies, offre les clefs d’une bibliothèque à un SDF, agresse un révérend.. S’il pouvait trouver des moulins à vent sur sa route ou des géants, il serait capable de les combattre à mains nues.

Jeté sur la route au volant de sa Mustang, pardon de sa « Rossinante », tel un chevalier errant, Mike nous entraîne dans les coins et recoins de l’Amérique, pas l’Amérique des magazines pour touristes, non l’Amérique sans paillettes, celle des indiens Navajo, des travailleurs clandestins, des motels pouilleux, des alcolos sans limite, des sans logis, des taulards et ex-taulards… l’Amérique de John Wayne aussi, de John Ford ou encore de Scorsese, des décors fabuleux, des paysages en cinémascope.

Après L’écureuil du Vel’d’Hiv, Amère patrie ou encore Pain d’Alouette, Christian Lax signe ici un récit picaresque époustouflant qui sent la poussière et la révolte, autour d’un Don Quichotte des temps modernes jusqu’au boutiste, aussi fou que génial.

Eric Guillaud

Un certain Cervantès, de Christian Lax. Editions Futuropolis. 26 €

22 Avr

Hermann aux Journées de la BD à Rouans les 25 et 26 avril

jdbd-28e-2015-affiche-officielIl est l’un des grands maîtres de la bande dessinée franco-belge, créateur de séries à succès comme Bernard Prince, Commanche, Jeremiah ou encore Les Tours de Bois-Maury, Hermann sera présent ce week-end aux Journées de la BD de Rouans en compagnie d’une quarantaine d’autres auteurs…

 

À 76 ans, Hermann ne semble aucunement songer à la retraite. Pas une année sans qu’il ne publie un ou deux albums, des one shots comme « Sans pardon » fraîchement publié au Lombard, « Station 16 » également sorti au Lombard en 2014, ou un nouvel épisode de la série culte post-atomique « Jeremiah », plus de 35 années d’existence pour cette dernière et 33 albums… pour le moment.

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Eric Guillaud

21 Avr

Un temps de Toussaint, une nouvelle d’Angelo Zamparutti mise en images par Pascal Rabaté rééditée chez Futuropolis

Capture d’écran 2015-04-20 à 14.20.02Au même titre que certaines plaisanteries, les histoires courtes seraient souvent les meilleures. Celle-ci en tout cas, intitulée Un temps de Toussaint, nous permet simplement de ne ne plus en douter. 

Vingt pages en tout et pour tout. Mais vingt pages de pure bonheur signées Angelo Zamparutti et Pascal Rabaté. Et que racontent nos deux auteurs en si peu de pages ? L’essentiel. La comédie humaine. Imaginez un village, un petit village ou tout le monde se connaît et se retrouve au bar du coin. Chez Paul, c’est le nom du bar ! On y vient pour s’en jeter un p’tit bien sûr mais aussi pour causer de tout de rien, pour téléphoner, manger un plat du jour pas toujours frais, faire un Loto et rêver d’une vie meilleure. Tenez le gars Raymond, si on n’était pas en train de lui enlever 1,50 mètre d’intestin, « la longueur d’une chambre à air » précise son frère, il serait là pour remplir sa grille hebdomadaire, le 1, le 2, le 3, le 4, le 5, le 6 et le 7 en complémentaire. Ça fait rire tout le monde mais imaginez que ces numéros, précisément, sortent…

Un temps de Toussaint est paru initialement en noir et blanc chez Frémok en 1999 avant d’être édité en couleurs et hors commerce chez Futuropolis en novembre 2014. L’album est aujourd’hui disponible pour le grand public grâce à cette très belle édition au prix doux de 6 euros seulement. Une histoire délicieusement drôle et piquante qui rappelle l’époque des Pieds dedans avec un graphisme proche d’Ibicus. Magnifique !

 Eric Guillaud

Un temps de Toussaint, de Zamparutti et Rabaté. Editions Futuropolis. 6 €

© Futuropolis / Zamparutti & Rabaté

© Futuropolis / Zamparutti & Rabaté

18 Avr

Hans, les micro-aventures d’un minuscule bonhomme signé Jérôme Anfré

Hans de AnfréIl est minuscule, tellement minuscule qu’il ne parvient même pas à briser en deux une brindille d’herbe. C’est dire…

Il est minuscule mais explose dans cet album de Jérôme Anfré. Il occupe l’espace, toutes les pages, toutes les cases. C’est le premier rôle, le patron d’un univers pourtant hostile aux petits : une forêt avec des arbres gigantesques, des fourmis qui lui arrivent aux genoux, des champignons qui lui servent d’abris en cas d’orage, des grains de myrtilles qui lui font un repas, des écureuils qu’il monte comme des chevaux et même des oiseaux qui vont lui apprendre à voler. Et surtout à se ramasser !

Hans, oui il s’appelle Hans, est un sacré lascar dont on ne sait finalement pas grand chose au début et dont on ne sait absolument rien à la fin. Il faut dire qu’il n’est pas très bavard le gars, pas loin de 120 pages et pas une parole, pas une révélation. D’où vient-il ? Qui est-il ? Ou va-t-il ? Est-il allergique au fromage au lait cru ? Autant d’interrogations légitimes pour le lecteur qui ne trouveront réponse ici.

Alors, j’ai mené mon enquête en plongeant dans les méandres du web et découvert que ce personnage, aussi minuscule soit-il, n’est pas né dans les choux, non non, mais sur un blog, celui de Jérôme Anfré en l’occurrence. Ça tombe plutôt bien sinon l’auteur aurait été accusé de plagiat. Donc, Hans serait né en février 2014 et aurait interpellé le sieur Lewis Trondheim, célèbre auteur de BD et accessoirement directeur de la collection Shampooing des éditions Delcourt qui publie ce mois-ci les aventures du dit Hans. Vous suivez ? Voilà, la boucle est bouclé. Vous savez tout ou rien, l’important maintenant c’est de lire l’album. C’est très muet et très drôle et vice versa !

Eric Guillaud

Hans, de Jérôme Anfré. Editions Delcourt. 12,50 €

© Delcourt / Anfré

© Delcourt / Anfré

15 Avr

Belle-île en père, un récit intimiste et iodé de Nicoby et Patrick Weber

501 BELLE-ILE EN PERE[VO].inddVanessa Blue est l’actrice principale de Plus belle la vie, non pardon d’Au premier regard, un feuilleton télévisé similaire qui rencontre lui-aussi un énorme succès d’audience.

Et pourtant, par amour pour un auteur de théâtre imbuvable mais alcoolique à qui elle a promis de jouer dans sa prochaine pièce, elle décide d’abandonner son rôle momentanément, de faire une pause et de réfléchir à la suite de sa carrière. Pour ça, direction Belle-île en mer, suffisamment loin pense-t-elle des journalistes, des paparazzis et autre fans un peu trop insistants. Et dans le même temps proche de son passé, de ce père disparu à sa naissance et qui lui manque tant…

Après Ouessantines, le journaliste, historien de l’art et romancier Patrick Weber retrouve le dessinateur Nicoby pour un nouveau voyage insulaire et breton. Direction cette fois Belle-île-en-Mer avec ce jeu de mot autour du père qui nous annonce un récit intimiste, une quête d’identité. Belle-île en père propose aussi une réflexion sur notre société, sur le vedettariat, la téléréalité, le sens de la vie… Une histoire simple, un scénario efficace, un dessin plaisant… et une Bretagne toujours aussi belle et mystérieuse. Que demander de plus ?

Eric Guillaud

Belle-île en père, de Weber et Nicoby. Editions Vents d’Ouest. 18,50 €

11 Avr

La République du catch de Nicolas de Crécy : l’imagination au pouvoir

republique-du-catch-castermanUn manchot pianiste, un mafieux 2 pièces, un bébé maléfique, des catcheurs fantômes, un cycliste raté, une perruque vivante et un vendeur de piano solitaire qui n’y connaît rien en musique classique, le casting annonce la couleur : La République du catch est un polar affreusement déjanté qui se lit à la vitesse d’un TGV en rase campagne.

Normal, ce nouveau récit, Nicolas de Crécy l’a écrit initialement pour les Japonais. Il a été prépublié dans la revue Ultra Jump entre les mois d’août 2014 et mars 2015. Il est aujourd’hui publié en album, simultanément au Japon par la Shueisha Publishing et en France par Casterman.  « L’idée d’une bande dessinée longue, 200 pages environ, en noir et blanc, avec une narration très fluide, me titillait depuis un moment« , confie l’auteur dans une interview publiée par Casterman. Bien qu’il ne connaisse pas précisément l’univers du manga, si ce n’est les classiques comme Otomo ou Taniguchi, Nicolas de Crécy a cherché à en cerner les spécificités et à adapter un tant soit peu son style « Le dessin est vraiment une écriture, c’est sans doute lié à l’écriture même au Japon, qui est dessinée. De notre côté, Européens, nous sommes beaucoup plus statiques dans la mise en scène, elliptiques et littéraires dans la façon de raconter« .

Pour ce récit, Nicolas de Crécy est allé puiser dans la mythologie yōkai mais aussi dans notre culture occidentale. « Je ne voulais pas faire un récit qui se déroule et utilise la culture spécifiquement japonaise, mais je voulais trouver des équivalents – mafia italienne – que les Japonnais puissent comprendre. Idem pour les fantômes, que je nomme comme des fantômes mais qui sont un hommage à la culture yōkai. Quant au catch, c’est la métaphore du Sumo ».

Quand l’imaginaire n’a plus de limite, c’est que Nicolas de Crécy n’est pas loin.

Eric Guillaud

La République du catch, de Nicolas de Crécy. Editions Casterman. 22€

© Casterman / De Crécy

© Casterman / De Crécy

05 Avr

La vie trépidante de Brigitte Tornade, une aventure pétillante et familiale de Camille Kohler adaptée en BD

501 LA VIE TREPIDANTE DE B TORNADE[VO].inddAu départ, La Vie trépidante de Brigitte Tornade est un feuilleton diffusé sur France Culture. En fait, au départ du départ, c’est surtout l’histoire des femmes, de toutes les femmes à travers le monde, qui doivent jongler en permanence entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, entre un patron exigeant et des enfants impatients, entre la remise d’un rapport urgent et la préparation d’un biberon pressant. Et ces femmes, toutes ces femmes, c’est Brigitte Tornade ! 35 ans, quatre enfants, responsable clientèle dans une grande agence de tourisme. Un poste qu’elle retrouvera d’ici quelques jours car pour le moment, Brigitte bénéficie d’un petit congé parental. Au grand dam de son boss. « Si tu préfères faire des gamins… », lui avait-il balancé au début de sa dernière grossesse, poursuivant « Mais c’est dingue, tu vas en pondre combien comme ça? ». La classe ! Dans ce contexte, le retour au boulot ne s’annonce pas franchement de tout repos…

Famille nombreuse, famille heureuse… En tout cas le petit monde de Brigitte Tornade est animé et plein de vie. Chacun, chacune, s’y reconnaîtra sans mal. Un regard pétillant et un trait plaisant sur notre quotidien : boulot, métro, dodo, enfants, parents, collègues, amis.

Eric Guillaud

La Vie trépidante de Brigitte Tornade; deCamille Kohler et AstridM. Editions Vents d’Ouest. 18,50 €

Vents d'Ouest / Kohler & AstridM

Vents d’Ouest / Kohler & AstridM

02 Avr

Le gang Mazda fait son intégrale et c’est toujours aussi drôle

S6OvJKVQdi8bNipIc9UKSE313JB1fVGx-couv-1200C’est l’histoire d’un gang mais un drôle de gang, pas du genre à vous détrousser au détour d’une rue sombre, non, plutôt du style à vous offrir du bonheur. C’est le gang Mazda. l’histoire d’une bande d’auteurs BD travaillant en atelier. Pourquoi Mazda ? Parce que l’atelier était tout simplement installé au dessus d’un garage Mazda. « Un pièce immense, inchauffable, cernée de vitres laissant passer le froid de l’hiver comme la chaleur de l’été », se rappelle aujourd’hui Darasse, l’un des auteurs.

Aux manettes de cette série, Darasse donc mais aussi Hislaire, le Hislaire de Bidouille et Violette et plus tard de Sambre. Tous les deux vont pendant une dizaine d’années, de 1987 à 1996, raconter leur quotidien d’auteurs de BD, mettre en scène des situations ubuesques, souvent vécues dans le secret de leur atelier. Mais le succès ne sera pas vraiment au rendez-vous. Même le rédacteur en chef du journal Spirou de l’époque, Philippe Vandooren,  trouvait qu’une « série comme Le gang Mazda où des dessinateurs se mettaient en scène était donc tout simplement aberrante et narcissique », raconte Hislaire.

Et pourtant, les gags à gogo du gang sont à mourir de rire. Ce premier volume de l’intégrale réunit les trois premiers albums de la série et un dossier introductif passionnant – vraiment – avec une interview de Darasse, Hislaire mais aussi de Zep et de Suzanne la coloriste. Indispensable pour tous ceux qui aiment Pauvre Lampil et L’Atelier Mastodonte!

Eric Guillaud

Le gang Mazda, intégrale. Editions Dupuis. 24 €

© Dupuis / Darasse & Hislaire

© Dupuis / Darasse & Hislaire

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