19 Déc

Battre le fer : quand les syndicalistes entrent en politique

L’ancien chef de file de la lutte des hauts-fourneaux de Florange, Edouard Martin sera tête de liste pour le PS aux Européennes dans le Nord-Est. Un passage du syndicalisme à la politique qui n’est pas sans rappeler ceux de deux de nos figures locales : Denis Parise conseiller régional groupe socialiste (ancien de chez Molex) et José Bové député Européen EELV (ancien de la Confédération Paysanne).

José Bové n’est pas le moins du monde étonné par la candidature Martin : « On en avait discuté avec Edouard. Il était venu plusieurs fois à Strasbourg pendant le conflit Arcelor-Mittal. Il avait vraiment envie de faire bouger les lignes. Son choix est très lié à sa forme de syndicalisme, sur le terrain tout en posant la question plus générale de la reconstruction d’une nouvelle voie ». Et l’Aveyronnais de préciser qu’une des têtes de listes EELV pour les Européennes, Sandrine Bélier, lui avait même proposé d’être numéro 2 sur sa liste.

Ouvriers dans l’hémicycle

Songer à s’engager en politique en pleine lutte syndicale, c’est aussi ce qui est arrivé à Denis Parise : « Quand on a discuté avec les élus et les officiels, on s’est très vite aperçu qu’on avançait mieux en étant dedans. Et puis c’est bien qu’il y ait autre choses que des médecins dans les hémicycles ». Les ouvriers ou les hommes du peuple en politique, la chose n’est pas courante dans notre système parlementaire. Autant dire que le PS a réalisé une belle prise même si ce type de transfuge passe parfois mal.

Denis Parise : l'ancien syndicaliste de Molex est devenu conseiller régional.

Denis Parise : l’ancien syndicaliste de Molex est devenu conseiller régional.

« Ce cloisonnement entre syndicalistes et hommes politiques est très français. On peut faire les deux à condition d’assumer ces rôles l’un après l’autre. Si on regarde chez les anglo-saxons, c’est généralisé et ça ne pose pas de problème » analyse José Bové. « Il faut bien apprendre tous les rouages et savoir composer avec tout le monde » se souvient Denis Parise.

Le grand saut

Il faut toutefois reconnaître que face à Nadine Morano pour l’UMP et Florian Philippot pour le FN, le grand saut va être brutal pour l’ancien leader CFDT d’ArcelorMittal. « Il va falloir qu’il soit costaud. Un mandat européen c’est pas pareil qu’un mandat régional » avoue Denis Parise. « Quand tu te lances, tu sais que tu vas prendre des coups » surenchérit José Bové. « Et je suis bien placé pour le savoir… ». Quant à l’aspect technique, pour l’ancien leader de la contestation paysanne aucune panique à avoir : « Il faut être soi-même, avec son histoire légitime et ses valeurs. Porter un message est plus compliqué mais personne n’est omniscient ! »

José Bové ©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

José Bové©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

« Parfois c’est lassant, c’est un travail de longue haleine. Mais au final, la politique est le seul moyen d’agir. Moi, je repartirais bien pour continuer à travailler sur l’aide aux entreprises en difficulté et pour éviter les plans sociaux» avoue Denis Parise avant les Régionales de 2015. José Bové, lui, est tête de liste pour les prochaines Européennes dans le grand sud-ouest. Pas de déception donc de leur côté, aucun ne regrette son choix. C’est ce qu’on souhaite à Edouard Martin.

Patrick Noviello