03 Sep

Décapitation de Steven Sotloff : Visa réagit

Jean-François Leroy, directeur du festival, lors de l'ouverture de la projection mardi soir. ©Maud Coillard

Jean-François Leroy, directeur du festival, lors de l’ouverture de la projection mardi soir. ©Maud Coillard

La diffusion d’une vidéo de l’exécution du journaliste américain Steven Sotloff par l’Etat islamique, deux semaines après celle de James Foley, illustre une fois de plus le danger auquel sont confrontés les reporters sur le terrain. Les réactions à Visa pour l’image, entre colère et silence. 

« Le dégoût, la nausée, la lâcheté… On manque de mots pour qualifier cet acte. » L’annonce de la diffusion d’une vidéo de la décapitation du journaliste Steven Sotloff par les djihadistes de l’Etat islamique en Irak est tombée depuis quelques heures lorsque Jean-François Leroy, directeur de Visa pour l’image, lance la projection de ce mardi soir. Cette exécution intervient deux semaines après celle de James Foley.

Enlevé le 4 août 2013 près d’Alep, Steven Sotloff, 31 ans, « couvrait, depuis des années, le monde musulman avec prudence et respect », rappelle le directeur. « Ce soir, nous adressons nos pensées les plus chaleureuses à sa famille, à ses amis… et je sais pas quoi dire… »

Cette incapacité à s’exprimer, beaucoup de photographes et journalistes présents à Visa la ressentent. « C’est dramatique et trop complexe pour réagir à chaud », avance Oliver Laban-Mattei, qui expose à Visa son travail sur la Mongolie.

Au Café de la Poste, où tous se retrouvent après la projection, le sujet est sensible. Presque tabou. « Je préfère ne pas en parler, c’est trop difficile », évite Sebastian Liste, auteur d’une exposition sur la prison Vista Hermosa au Venezuela. Et Jorge Silva d’ajouter : « c’est affreux. Et il y a déjà un autre otage sur la liste : le Britannique David Haines. »

« Je n’en peux plus de voir des collègues et des amis mourir »

D’autres, comme le photojournaliste Patrick Chauvel, s’insurgent. « Ce sont des barbares qui n’ont rien dans le cerveau ! Prendre une balle ou un obus, c’est un risque qu’on prend tous. Mais là, c’est différent, c’est une autre menace. On est en guerre. » Une forme de danger qu’il encourage à combattre. « Il ne faut pas arrêter d’aller sur le terrain. C’est ce qu’ils veulent. Au contraire, il est indispensable de continuer et d’être toujours plus nombreux. »

Avec cette nouvelle exécution, les djihadistes « s’attaquent aux messagers de l’information, déplore Michaël Zumstein, photographe à l’agence VU’. L’Etat islamique nous prend pour des adversaires. C’est de la propagande par l’image et à Visa, on y est sensible justement. C’est une année noire pour notre profession. J’étais en Centrafrique il y a quelques mois. Là-bas, on a perdu Camille Lepage. Cette barbarie m’abat terriblement. Je n’en peux plus de voir des collègues et des amis mourir. »

Malik KEBOUR et Maud COILLARD