13 Mar

Ne buvez pas vos Grands Crus !

Cette remarque un peu iconoclaste m’est venue au détour d’une belle soirée de dégustation, comme il s’en organise de plus en plus. Une troupe d’amateurs, amoureux passionnés des grandes bouteilles, autour d’une dizaine  d’illustres (et onéreux) représentants d’un des plus célèbres  Grands Crus bourguignons, dans les plus beaux millésimes des 15 dernières années….
Et au bout de ce voyage gustatif , l’étrange impression d’une  forme de déception. Déçu, forcément déçu comme aurait dit  Marguerite Duras!

Déçu, parce que pour des bouteilles dont les prix se situent dans une fourchette entre 100 et 800 euros , le challenge est de gagner  chaque jour la finale de la Coupe du Monde, sans droit à l’erreur, sans distance… et finalement sans grand  plaisir, à quelques exceptions près , peut-être parce qu’à attendre la perfection, on ne la trouve que très rarement…
On a déjà beaucoup parlé ces derniers mois de cette hausse irréfléchie des prix des Grands Crus qui a entrainé un glissement vers les produits de luxe, et donc une augmentation du foncier progressivement confisqué aux producteurs par des investisseurs confortés dans leur choix par le prix de vente des bouteilles. Mais on a peu dit que cette escalade ôte au vin sa dimension de produit vivant , évolutif  et critiquable, qu’elle le prive de son droit à l’erreur en le sacralisant !
Les Grands Crus sont en Bourgogne le sommet d’une pyramide , par leur image, ils tirent commercialement l’ensemble de la production. Mais il y a un vrai risque de décalage entre les attentes immenses d’amateurs qui se ruineront de plus en plus pour y goûter, et ce qu’ils pourront donner…