Le saviez-vous ? Le paysage de la vallée de la Loue est protégé.

Mouthiers, un site inscrit à l'inventaire. Une photo de jean-Claude Gagnepain.

C’est en lisant le tout récent numéro de la revue « En Vadrouille » que j’ai découvert cette protection. La « haute et moyenne vallée de la Loue » ( de la source à Quingey, 19 communes sont concernées) est un site inscrit à l’inventaire depuis 1979. La source de la Loue et les gorges de Nouailles sont, elles, classées à l’inventaire depuis 1933. Dernier paysage classé en 2003, les falaises d’Ornans et de la vallée de la Brême, un affluent de la Loue peint par Gustave Courbet. Huit communes sont concernées : Bonnevaux-le-prieuré, Charbonnières-les-sapins, Foucherans, Malbrans, Ornans, Saules, Scey-Maizières, Chassagne-Saint-Denis.

Il n’y a pas que les monuments qui peuvent être protégés par ces inscriptions ou ces classements. Le paysage est « un bien commun. Sa préservation permet maintenir la biodiversité, et possède désormais une valeur indéniable pour l’économie touristique » peut-on lire sur le site de la DREAL, la direction de l’environnement.

Toujours dans « En Vadrouille », Sylvie Debras nous apprend que nous devons cette protection des sites à un député du Doubs. Charles Beauquier est à l’origine de la loi de 1906. Cette législation s’applique aux paysages « dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général ».

Ainsi, si vous vivez dans le périmètre de l’inscription d’un site, vous devez faire une déclaration en préfecture quand vous réalisez des travaux : « L’inscription entraîne, sur les terrains compris dans les limites fixées par l’arrêté, l’obligation pour les intéressés de ne pas procéder à des travaux autres que ceux d’exploitation courante en ce qui concerne les fonds ruraux et d’entretien normal en ce qui concerne les constructions, sans avoir avisé, quatre mois d’avance, l’administration de leur intention (…) Dans les sites inscrits, le camping et la création de terrains de camping sont interdits, mais des dérogations sont possibles. Il en est de même pour l’installation de caravanes ». Pour le site classé, les contraintes sont plus importantes. Cette fois-ci, il faut demander l’autorisation à la préfecture pour réaliser des travaux.

Isabelle Brunnarius

22 Avr

Un film et une pétition pour le Doubs franco-suisse


Afficher Les trois barrages sur le Doubs sur une carte plus grande
Une image vaut mille mots. Patrice Malavaux, garde pêche de la Franco-Suisse devait avoir en tête ce proverbe lorsqu’il a entrepris de photographier et de  filmer ce qu’il constate au quotidien le long du Doubs. Un ras-le-bol qui ressemble fort à celui de Nicolas Germain,  l’auteur du DVD dénonçant le mauvais été des rivières jurassiennes.

Que se passe–t-il sur le Doubs franco-suisse ?  Selon Patrice Malavaux «Rien n’y fait, les barrages, et en particulier celui du Châtelot, continuent de régner en tyrans sur le Doubs Franco-Suisse en prenant la rivière pour un robinet que l’on ouvre ou que l’on referme au gré des besoins… On parle sans cesse d’amélioration, mais vu du terrain, la situation se dégrade d’année en année. 2012, que l’on croyait être l’année des progrès ne pourrait guère commencer plus mal.» Les images parlent d’elles-mêmes, les poissons ont du mal à survivre à ces changements brusque de débit.

«Dilapidation de la ressource eau»

Il existe bel et bien un règlement d’eau des barrages. Il doit être revu en 2014. Des efforts ont été réalisés en particulier par EDF sur le  barrage du Refrain mais d’après Patrice Malavaux, ils sont «réduits à néant par le régime du Châtelot toujours plus brutal et anarchique». Il semble donc urgent que le barrage franco-suisse du Châtelot mette au point une gestion plus équilibrée. D’autant plus que selon Patrice Malavaux «les millions de mètres cubes d’eau turbinés par le Châtelot n’arrivent pas à être absorber ni à turbiner par  les petits barrages en dessous (Refrain et Goule). C’est donc manque à gagner car l’eau est turbinée par un seul barrage au lieu des trois). La ressource en eau est dilapidée».

Cette situation, Cédric Journot, la dénonce également. Ce pêcheur est l’auteur
de la pétition « Un débit pour la survie du Doubs». Le problème est ancien et des actions ont déjà été entreprises pour tenter de faire réguler cette gestion des barrages. Alors pourquoi une nouvelle pétition ? En 2007, une  précédente initiative avait recueilli 1700 signatures. La video de Patrice Malavaux a été comme une goutte d’eau qui a fait déborder… la conscience de Cédric Journot. Le pêcheur s’est même donné un surnom «La truite qui meurt» d’où son cri d’alarme :  «Si vous souhaitez que vos enfants, petits-enfants et vous même puissiez encore voir des poissons vivants, martins pêcheurs, batraciens, micro faune, pour faire court  la vie tout simplement et ceci dans les années à venir, INDIGNEZ-VOUS SVP, car c’est le dernier moment pour le faire!!!!!»

«Libérer les rivières»


Les pêcheurs se mobilisent contre la gestion du… par F3FrancheComte
Ces deux nouvelles initiatives pour le Doubs franco-suisse interviennent alors que le Comité des Sages pour la Loue et les rivières comtoises vient d’affirmer que les très nombreux aménagements (barrages et seuils) agissent la qualité de la rivière (débit, température, continuité écologique). Une des actions préconisée est justement de redonner de la liberté à la rivière. C’est doute pour cela que les défenseurs du Doubs franco-suisse avaient l’espoir que la situation s’améliore en 2012 mais
une fois de plus, enjeux économiques et environnementaux s’entrechoquent.

Isabelle Brunnarius

14 Avr

Une journée pour comprendre les sols karstiques

Même si c’est un jour de pluie, il faut être motivé pour passer un samedi entier à écouter des spécialistes des sols karstiques et de la biologie de la Loue et de ses affluents. C’est le  cas d’une trentaine de personnes, venues des quatre départements de Franche-Comté. Quelques jeunes, des tempes grises avec tous une même préoccupation : la préservation de leur environnement. Ce rendez-vous à la Maison Nationale  de l’Eau de la Pêche d’Ornans était pourtant ouvert à tous et gratuit. Encore fallait-il avoir l’information…

Cette journée est une première pour le « plateau débat public » de la Maison de l’environnement de Franche-Comté. Une dénomination assez abstraite pour définir une des actions d’information de France Nature Environnement à destination du grand public. L’objectif découle du Grenelle de l’environnement. Cette journée répond à une ambition démocratique, proposer aux Franc-Comtois de se former pour ensuite participer au débat public sur la qualité de nos rivières. Avec Florence Petit et Frédéric Loth, nous avons suivi une bonne partie de cette journée de formation. Une fois de plus, je réalise que comprendre le fonctionnement de  la Loue et des rivières comtoises est extrêmement complexe. Voilà pour la certitude. J’ai aussi une incertitude :  je ne sais pas si les élus en charge de ce dossier ont le temps de tout assimiler ce que les spécialistes nous ont expliqué aujourd’hui.

Intervenants de cette journée : Pascal Reilé, hydrogéologue et ligue régionale de spéléologie, Michel Lassus Commission de Protection des eaux. Edouard Marius, EPTB Saône et Doubs, Jean-Baptiste Baud, Jura Nature Environnement et Denis Monmarché et Emmanuel Cretin du syndicat mixte de la Loue.

Isabelle Brunnarius

13 Avr

Le rapport des experts sur la mortalité des poissons sur la Loue est en ligne

Lors de la seconde réunion du Comité des sages en préfecture de Franche-Comté, le groupe d’expert présidé par Jean-François Humbert, a remis son rapport sur l’étude du fonctionnement de la Loue et de son bassin versant. Le rapport complet est publié sur le site de l’ONEMA, l’office national de l’eau et des milieux aquatiques.

Mortel début de saison pour la Loue

Ombres à l'agonie dans la Loue à Ornans, avril 2012.

C’est habituel mais cela ne devrait pas être une habitude. Une fois de plus, les truites et les ombres meurent dans la Loue. Cette semaine, plusieurs personnes ont alerté la fédération de pêche du Doubs. Des poissons ont été retrouvés morts entre Lods et Quingey, en particulier à Ornans ( confluence de la Boneuille) et Cléron.  Pierre Braems, du lodge de la Piquette comptabilise méticuleusement les poissons morts sur son parcours. Ce mardi, il a récupéré 28 ombres. Un chiffre « normal » par rapport aux autres années mais « ce n’est pas normal ». Surtout ne pas s’habituer… Ce qui l’inquiète le plus c’est le fond de la rivière tout noir. Cet hiver, avec les crues, le fond était redevenu clair, « Dame Nature avait, elle, fait son travail ». Mais, aujourd’hui, le fond est de nouveau encrassé.
Cette nouvelle mortalité énerve les pêcheurs. Alexandre Cheval, garde pêche de la fédération ironise « C’est bizarre, c’est toujours à la même époque… il a plu, les épandages ont commencé ». Les poissons sont en période de frai, ils s’abiment sur les pierres, ils sont fatigués et donc vulnérables aux maladies. La pêche aux ombres doit ouvrir le 19 mai, les pêcheurs risquent bien de continuer à déserter les bords de la Loue.

10 Avr

Revoir l’émission « Ma région, ça me regarde » : Pollutions au long cours

Si vous n’avez pas eu le temps de regarder notre émission du samedi 7 avril sur france 3 Franche-Comté, voici deux liens ( première partie et seconde partie ) pour la regarder car cette émission est en deux parties.
Mon confrère Jérémy Chevreuil avait invité Nicolas Germain, pêcheur, blogueur et auteur d’un DVD sur les mauvaises états de santé des rivières de la région. A ses côtés, Jean-François Robert, président du comité des sages et Daniel Prieur, président de la chambre agriculture du Doubs.

« Information, formation et pourquoi pas répression » c’est le triptyque souhaité par le président du comité des sages même si il reconnaît qu’il n’y a pas assez de personnel pour verbaliser. Le plus surprenant pour ce comité des sages est sans doute la découverte des actions des uns et des autres. Visiblement l’information n’ a pas forcément circulé entre tous les acteurs qui agissent sur le bassin versant de la Loue. Car des actions sont bien entreprises, de l’argent engagé mais les pêcheurs ne voient pas la qualité de la rivière s’améliorer.

Nouvelle réunion du comité des sages Loue et Rivières Comtoises

Pour la seconde fois, les « sages » se sont retrouvés jeudi 5 avril en préfecture à Besançon. Autour d’une même table, les uns et les autres n’ont pas les mêmes priorités mais, maintenant, ils discutent ensemble. C’est un premier pas. Tout l’enjeu de ce comité des sages est d’arriver à faire travailler ensemble des mondes qui s’ignorent ou s’invectivent. Le président du comité des sages, Jean-François Robert regrette l’absence de réflexion globale, chacun travaillant encore dans son coin. Les experts ont remis leur rapport, une synthèse des données existantes mais il faudra aller plus loin pour comprendre exactement ce qui se passe dans la rivière.

La composition du comité des Sages Loue et rivières comtoises, source : préfecture de région Franche-Comté

La Loue va mal depuis une trentaine d’années et il aura fallu la forte mortalité de 2010 pour que tous les acteurs du bassin versant se retrouvent ensemble. Les 17 membres du comité sont des représentants des services spécialisés de l’Etat, des industriels, des élus, des scientifiques, des agriculteurs, des représentants des associations environnementales  mais curieusement la fédération de pêche n’est pas représentée.

Michel Lassus, membre de la Commission de protection des eaux, « ne voit pas trop le bout du tunnel ». Il reconnaît que des efforts ont été faits mais beaucoup reste à faire. En particulier pour les stations d’épurations. En cas de crues, les eaux usées sont déversées sans être traitées. Finalement, c’est toujours le même sentiment qu’il y a beaucoup à faire et qu’il reste de nombreuses incertitudes. Par exemple, il est actuellement impossible de mesurer l’impact de l’activité des scieries du bassin versant sur la qualité de l’eau. Certaines grumes, explique François Lassus, sont traitées sur place en forêt…

Daniel Prieur, le président de la chambre d’agriculture, lui, est plus optimiste. En 2010, les agriculteurs ont mal vécu le fait d’être montrés du doigt lors de la mortalité des poissons sur la Loue. Des efforts ont été réalisés avec le soutien de l’agence de l’eau et du conseil général du Jura. Aujourd’hui, 65% des exploitations du bassin versant sont aux normes pour la gestion des effluents. Et pourtant, les épandages en période interdite existent toujours même si cela ne concerne que quelques exploitations. Dans les mois qui viennent, le  développement de la filière porcine avec l’installation de nouvelles porcheries va forcément ouvrir le débat. Comment concilier le développement économique et la préservation de l’environnement. Les lieux d’implantation seront étudiés de très près et il faudra choisir des techniques d’élevage compatibles avec la qualité des sols et donc des rivières… Daniel Prieur rappelle qu’il y a 20 ans, il n’y avait aucune discussion possible entre agriculteurs et défenseurs de l’environnement. Aujourd’hui, ils discutent ensemble même si cela peut virer au dialogue de sourd.

Jean-François Humbert

Jean-François Humbert, président du groupe national d'experts du comité des sages Loue et rivières comtoises.

Je réserve le mot de la fin à Jean-François Humbert. Ce Franc-comtois d’origine a présidé le groupe national d’experts qui s’est penché sur la Loue. C’est un spécialiste des cyanobactéries, son laboratoire est à l’Ecole Nationale Supérieure à Paris. Ce scientifique a travaillé sur le lac du Bourget, victime d’eutrophisation. Des mesures ont été prises pour diminuer le rejet de polluants dans le lac. Aujourd’hui le lac va mieux. Pour la Loue, le scientifique assure que la situation est également réversible. A condition de s’en donner l’énergie et les moyens.

04 Avr

Ma rencontre avec la Bienne, les coulisses d’un tournage.

Ce samedi 31 mars, nous avions décidé en conférence de rédaction de couvrir le premier jour d’interdiction de pêche sur une partie de la Bienne. Ainsi j’allais enfin découvrir cette rivière dont on parle même dans un des magazines américains de pêche. Avec ma consoeur Aline Fontaine, nous cherchions à savoir si cette décision allait avoir des conséquences économiques sur le tourisme dans la région. Premier réflexe, téléphoner  à l’office du tourisme de Saint-Claude.

Premier étonnement. Non, il n’y a pas d’hôtel, de restaurant qui travaillent particulièrement avec les pêcheurs… Impossible de joindre le camping de Saint-Claude, c’est un répondeur. Vous avez dit tourisme halieutique ? Autre coup de fil, cette fois-ci au parc naturel du Haut-Jura.  Christian Bruneel prend le temps de répondre à mes questions. Cette mortalité tombe vraiment mal : le PNR avait justement prévu de commencer à développer cette année le tourisme de pêche avec la fédération des pêcheurs du Jura. Il va falloir encore attendre. Sur le site officiel du tourisme du Jura, il y a bien des offres de séjours dans le département pour une « découverte du cadre sauvage et préservé des rivières du Jura » avec des guides de pêche. Nous avons justement rendez-vous avec l’un d’entre eux. Fabien Millet vient de l’Ain pour pêcher avec ses clients dans le Jura. Mais son territoire de pêche se réduit comme une peau de chagrin.

Nous avons également rendez-vous avec le président de la fédération de pêche du Jura Daniel Vionnet et son vice-président Bernard Schultz. Nous nous retrouvons sur le pont de Lizon, près de Saint-Claude. Et là, je découvre la Bienne ! D’en haut, nous voyons quelques belles truites Fario. Ouf, les beaux spécimens d’au moins 40 centimètres ne sont pas tous morts.

Voilà ces fameux poissons qui font venir les pêcheurs de très loin. Ils sont tellement passionnés qu’ils ne prêtent pas attention aux alentours de la rivière. Moi si ! Je ne pêche pas. Et si je m’intéresse à la Loue c’est parce que cette rivière symbolise la confrontation entre les enjeux environnementaux et économiques. Donc, j’observe autour de la rivière et je ne vois pas grand-chose d’attrayant. La route n’est jamais loin, la rivière est encaissée… Je comprends alors le désarroi des pêcheurs. Ils se sentent seuls. Comment faire comprendre aux collectivités l’importance d’investir pour protéger la Bienne des pollutions multiples dont elle est victime si l’enjeu touristique n’est pas à la hauteur ? La fédération de Pêche du Jura redoute que les financements déjà alloués pour sauver la Loue assèchent ceux auxquels elle voudrait prétendre. Son président nous déclare que le sous-préfet de Saint-Claude va agir pour faire mettre aux normes les stations d’épurations. Mais avec quels moyens ?

27 Mar

La Loue, bon exemple pour comprendre les réseaux karstiques.

Nous vous en parlions il y a quelques semaines, une formation sur le fonctionnement des réseaux karstiques va bien avoir lieu le samedi 14 avril de 10  à 18 heures à la Maison de l’Eau et de la Pêche d’Ornans. C’est gratuit, il suffit de s’inscrire auprès de Catherine Bahl, animatrice du Plateau débat Public (debat.public.mefc@gmail.com)

Cette formation est organisée par le « plateau débat public » de la Maison de l’environnement, elle a pour objectif d’informer,de sensibiliser le grand public à l’importance de la protection des réseaux karstiques pour tenter de préserver la qualité de l’eau en prenant l’exemple de la Loue, victime de plusieurs pollutions. Après une formation théorique le matin, des visites sur le terrain sont prévues l’après-midi.