30 Sep

Les flux de la Loue mis à nu

Instruments de mesure posés par le BRGM sur la Loue à Vuillafans

Instruments de mesure posés par le BRGM sur la Loue à Vuillafans

C’était un engagement et il est tenu. Lors de la conférence départementale de la Loue de décembre 2014, l’Etat et le conseil départemental de l’époque avaient décidé de suivre les recommandations du Groupe scientifique. Des spécialistes de métrologie ( sciences des mesures) ont donc travaillé pour mettre au point un protocole encore inédit sur la Loue. Une série de capteurs est entrain d’être installée par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pour mieux connaître l’impact des activités humaines sur la rivière. Cette étude sera menée pendant au moins trois ans et elle devrait permettre aux élus d’agir en conséquence.

Pourquoi de nouvelles mesures alors qu’il existe déjà des études ou des recueils de données menées soit par l’Université de Franche-Comté soit par la DREAL et la DDT ? Parcequ’ aucune ne répond totalement à la question essentielle : comment mesurer l’impact des activités humaines sur la rivière ? Cette fois-ci, Agence de l’eau, conseil départemental du Doubs et BRGM ont décidé de voir les choses en grand. 287 000 euros vont servir à installer le matériel de mesure et à financer les interprétations des résultats. Un volet de 62 000 euros est destiné aux analyses des échantillons d’eau confiés au laboratoire Qualio de Besançon. Le syndicat mixte de la Loue a recruté un technicien pour assurer la gestion quotidienne du réseau.  Il sera chargé de se rendre toutes les semaines sur les cinq sites où des instruments de mesures ont été installés pour récolter les échantillons d’eau. Ces échantillons sont réalisés automatiquement : dans chaque flacon il y a de l’eau prélevée toutes les deux heures pendant une journée. Autre mission, environ deux fois par mois, ce technicien viendra télécharger les données collectées par une sonde. Température de l’eau, oxygène dissous, turbidité, PH, élements chimiques… la sonde ne devrait rien laisser au hasard. Quant aux échantillons d’eau, les concentrations d’azote et de phosphore seront prioritairement analysées mais d’autres études seront possibles.

Cinq sites ont été retenus pour cette étude : Les pertes du Doubs à Arçon ( La Loue étant en partie une résurgence du Doubs) , la source de la Loue, Vuillafans, le Lison à Nans-sous-Saint-Anne et enfin Chenecey Buillon.  L’intérêt de ces sites est de pouvoir coupler les résultats avec ceux de la DREAL. Par exemple, à Vuillafans, et Chenecey, la DREAL mesure automatiquement les débits de la Loue. Les scientifiques vont donc pouvoir calculer des flux de phospore ou d’azote en circulation dans la rivière, c’est à dire une quantité de ces éléments qui circulent entre deux points de la rivière et pendant un temps donné. Bref, c’est la mesure qui permet le mieux d’appréhender ce qui se passe dans la rivière. Pour la Loue, cette rivière aux humeurs si changeantes, c’est idéal. Cette méthode de mesure a d’ailleurs été utilisée par SOS Loue et rivières comtoises mais ces défenseurs des rivières ont du se contenter d’informations encore parcellaires pour faire leurs calculs.

Pour les scientifiques, cette étude devrait être une mine d’or. Le conseil départemental du Doubs réfléchit actuellement à la mise à disposition de toutes ces données sur un site internet accessible à tous.

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius@francetv.fr

Voici le reportage que nous venons de tourner avec Laurent Brocard, Abou Sow et Intissar Bahloul. Avec les interviews de Maurice Demesmay, président du syndicat mixte de la Loue, Jean-Baptiste Charlier, hydrogéologue du BRGM et Philippe Alpy, conseiller départemental du Doubs chargé de l’environnement.