31 Mai

Les rivières franc-comtoises et la transition énergétique

A première vue, cela pourrait être un dilemme, à bien regarder cela pourrait être une opportunité à saisir. Le débat actuel sur la transition énergétique met en lumière un paradoxe : deux objectifs environnementaux et gouvernementaux qui pourraient être contradictoires.
D’un côté, la loi sur l’eau prône l’amélioration de la continuité écologique et d’un autre côté, le Grenelle de l’environnement mise sur l’énergie hydraulique pour atteindre les objectifs fixés par l’Europe pour diminuer les gaz à effets de serre et développer l’utilisation des énergies renouvelables. 
Quelle ressource et quelle place l’hydro-électricité peut trouver dans l’enjeu de la transition énergétique ? Il y a-t-il un potentiel à développer en Franche-Comté ? Ces deux questions sont au coeur du débat, organisé par le cabinet Reilé, le 4 juin de 10h30 à 12h30 à la CCI de Besançon. Une initiative dans le cadre du débat national sur la transition énergétique. A cette occasion, France 3 Franche- Comté a tourné ce reportage.
les rivières et la transition énergétique en 2013.

Les intervenants du reportage : Gérard Marion, responsable environnement de la CCI 25, Vincent Porteret, de l’Agence de l’eau, Alain Migeon de la Société de production d’électricité de Fraisans, François Huger de l’ONEMA et Pascal Reilé, directeur du cabinet Reilé.

Qu’est ce que la continuité écologique ?
Selon la directive Cadre sur l’eau, La notion de continuité de la rivière, ou continuité écologique est un élément de qualité pour la classification de l’état écologique des cours d’eau. Il y est indiqué que pour les cours d’eau en très bon état « La continuité de la rivière n’est pas perturbée par des activités anthropogéniques et permet une migration non perturbée des organismes aquatiques et le transport de sédiments ». En clair, une rivière est en bonne état quand les poissons peuvent circuler en particulier pendant les périodes de reproduction et quand les sédiments ne stagnent pas.


Qu’en est-il dans notre bassin Rhône Méditerranée ?

Selon l’Agence de l’eau, 50% des rivières présentent des problèmes de continuité écologique et sédimentaire. Près de 2000 seuils et barrages bloquent la circulation des poissons et des sédiments.
Lors des Assises de la Loue, ces problèmes ont été pointés du doigt. Sur le site de la DDT, le groupe d’experts précise :
«Un Plan National de restauration de la continuité écologique a été mis en place dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Ce plan identifie les ouvrages prioritaires à traiter pour améliorer les conditions de migration des poissons, de l’écoulement des eaux ou des sédiments de la rivière. 12 ouvrages répondant à cette identification se trouvent sur la Loue : ils devraient faire prochainement l’objet de travaux et dans 2 cas, être arasés.»

Comment augmenter la production d’hydro-électricité sans altérer la continuité écologique des rivière ?

Le Cabinet Reilé a recensé 543 unités de production sur les rivières franc-comtoises. Tous ne sont pas exploités. Si c’était le cas, on pourrait produire sur un an l’équivalent de l’électricité consommée par 115 925 ménages. Selon le cabinet Reilé, il est possible d’augmenter la production sans altérer le bon fonctionnement des rivières. Il suffirait de savoir bien travailler tous ensemble : services de l’Etat, fédération de pêche, producteurs autonomes d’électricité. Un travail de longue haleine mais pas impossible.
Très prochainement, un arrêté préfectoral publiera les listes 1 et 2 des rivières, un classement qui peut imposer une obligation de restauration de la continuité écologique dans un délai de 5 ans.
Cette publication est attendue avec une certaine inquiétude par les producteurs autonomes d’électricité. Auront-il les moyens financiers suffisants pour réaliser ces travaux ? L’Agence de l’eau a un budget de 414 millions d’euros (2013-2018) pour parvenir à l’objectif européen de 66 % de rivières en bon état écologique d’ici 2016. Certains travaux, comme les passes à poissons, peuvent être aidés financièrement jusqu’à hauteur de 80% mais, attention, à partir de 2016, les budgets vont diminuer… En clair, les premiers dossiers arrivés seront les premiers servis ! L’Agence de l’eau a estimé son budget pour pouvoir soutenir l’aménagement de 600 ouvrages et la restauration de 100 kilomètres de rivière.

Isabelle Brunnarius

Pour aller plus loin :

http://www.franche-comte.developpement-durable.gouv.fr/le-schema-regional-climat-air-a2006.html http://www.doubs.equipement.gouv.fr/rendu-du-rapport-d-expertise-sur-r511.html http://www.eptb-saone-doubs.fr/Le-projet-de-SAGE-revise-valide http://www.contratriviereloue.org/fichetravaux.php?id_theme=14 http://www.transition-energetique.gouv.fr/