01 Avr

La Loue sanctuarisée : un poisson peut en cacher un autre…

« Le Qatar dans le cadre de son programme de préservation de la biodiversité PSG-f (Préservation-Sauvegarde-Génération futures) a annoncé le rachat de l’ensemble de la vallée de la Loue de sa source à son confluent.
Un programme de dépollution de la rivière sera immédiatement entamé, et toute activité polluante sur le bassin versant de la rivière sera traitée en deux ans, ont annoncé les représentants de l’émirat :
– L’agriculture sera mise aux normes et, grâce à de généreuses subventions, le passage à l’agriculture biologique sera généralisé.
– Toutes les villes et villages bénéficieront de stations d’épuration, avec traitement tertiaire des effluents généralisé, tout traitement par phytosanitaires sera interdit dans l’espace public (ville, village, route, voie ferrées).
– Les phosphates seront interdits dans toutes les lessives, les produits phytosanitaires interdits à la vente aux particuliers ainsi que tous les produits ménagers dangereux pour l’environnement.
– Tous les barrages et seuils nuisibles seront effacés, et tous ceux qu’il convient de maintenir seront équipés de passes à poissons fonctionnelles.
– Les industriels, les fromageries, l’industrie agroalimentaire, seront aidés financièrement pour s’équiper de système de dépollution dans leurs entreprises.
– L’industrie du bois sera encadrée, plus aucun traitement ne sera autorisé en pleine nature, les engins de déboisement trop agressifs pour l’environnement seront interdits. Les scieries seront toutes équipées de système de dépollution de leurs rejets.
– La pêche sera autorisée, mais exclusivement en no-kill, et les alevinages seront interdits.

Le Collectif SOS Loue et Rivières Comtoises se félicite de cet engagement mais regrette qu’il faille compter sur des investissements étrangers pour enfin entreprendre un programme cohérent de sauvetage de la Loue. »

Voilà un joli poisson du collectif SOS Loue et rivières comtoises dévoilé dés hier par nos confrères de l’Est Républicain.

Tant pis. Le programme de Qatar a le mérite d’être radical. Il reprend point par point les axes déterminés pour agir sur la Loue mais, là, pas de négociations, pas de tergiversations, la priorité est clairement définie : restaurer au plus vite le milieu de la Loue. Et là, nous pourrions écrire un autre poisson d’avril aux allures de science-fiction :

En 2054, la Loue attire des touristes du monde entier  !

Karl Olef n’en revient toujours pas… A peine installé au bord d’un méandre de cette rivière qu’un ami lui avait tant vanté, il entame un jeu de cache cache avec un truite fario d’au moins 30 centimètres. Sur de sa mouche, réalisée par  son vieux guide Séverin Menigoz, il pense piéger la belle en deux temps, trois lancés… Il y passe l’après-midi, obnubilé par ce poisson farceur qui joue avec ses nerfs. Ce n’est que lorsque l’ombre fut venue sur la rive que le Suédois put enfin piéger la vigilance de la truite. A peine sortie de l’eau, il décroche délicatement le leurre puis embrasse sa prise comme on dépose un baiser sur le front d’un enfant. Karl Olef, était heureux, il venait de passer l’ une de ses plus belles journées au bord d’une rivière qu’il découvrait enfin. Cela faisait dix ans que son ami le tannait  pour qu’il vienne passer une semaine dans cette vallée de la Loue. Mais Karl avait encore en mémoire les années noires. Il n’était encore qu’un adolescent mordu de pêche à la mouche quand il avait vu des photos d’une rivière à l’agonie. Il avait alors pris l’habitude d’aller pêcher à Ovando, dans le  Montana. Il y avait croisé Séverin Menigoz. C’est finalement le Franc-Comtois qui réussit à la faire venir dans la vallée. Il n’était pas tout seul. Tous les hôtels, les gîtes, les chambres d’hôtes étaient réservés des semaines à l’avance. La vallée les avait tous conquis. Entre les parties de pêche, ils découvraient la vie tumultueuse de Gustave Courbet à Ornans, dégustaient le comté bio accompagné d’un Chardonnay, le vin de pays de la vallée… une parenthèse idyllique dans leurs vies trépidantes. Karl Olef n’avait qu’un seul regret : devoir payer une écotaxe au Qatar. L’Emirat avait sauvé la vallée de la Loue  en rachetant en 2013 tout le bassin versant mais aujourd’hui, avec l’effondrement du cours du pétrole, les Qataris ne roulaient plus sur l’or noir, ils vivaient de l’or vert…