15 Jan

« Non monsieur, je ne répondrai pas à votre question »

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PLEIN LA VUE – Le rendez-vous est fixé à 11h. Airbus Group a invité, en ce lundi 13 janvier 2014, les journalistes du monde entier pour sa conférence de presse annuelle. Avec une rédactrice et un photojournaliste de l’AFP, on entre dans cet espace qui ressemble à un show-room pour VIP en quête d’acquisition d’un A350. On se croirait presque même dans un aéroport, il ne manque plus que les hôtesses au comptoir d’enregistrement des bagages. On accède à l’étage supérieur, les hôtesses d’Airbus sont finalement bien là. Souriantes, elles nous invitent à rejoindre l’espace café. Toujours en face de nous, le tarmac avec deux avions idéalement disposés pour nos yeux. Tout semble être fortuit pour épater nos esprits encore un peu agacé par cette pluie ininterrompue.

 

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11h, c’est le début d’un grand cérémonial industriel. Les flashs crépitent, les caméras enregistrent. Dans l’arrière immense salle, des techniciens s’assurent que la retransmission du point presse sur Internet fonctionne bien. Pendant près d’une heure, Fabrice Brégier, le directeur exécutif d’Airbus, s’exprime en anglais. Il faudra ajouter une vingtaine de minutes de plus pour que les premières questions, toujours dans la langue de Shakespeare, des journalistes arrivent aux oreilles des responsables d’Airbus.

Certains yeux des journalistes-rédacteurs se ferment. L’ambiance est un peu étouffante, il y a près de 300 personnes dans la salle.

 

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Les questions qui fâchent

Des confrères en photo et télévision se mettent à l’écart, nous avons toutes les images que l’on souhaite. Pour certains, c’est l’heure de griller une cigarette à l’extérieur. A quelques pas, France 3 Midi-Pyrénées enregistre un duplex avec en toile de fond les deux avions fièrement exhibés. Entre-temps, un A380 siglé British Airways s’arrache du macadam, le bruit camoufle un peu la réponse de monsieur Brégier.

 

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Des journalistes s’ennuient, ils font les cents pas et rigolent à quelques blagues lancées par là. Ils attendent la fin de la conférence de presse pour être au plus près de Brégier et poser les questions qui fâchent.

«Non monsieur, je ne répondrai pas à votre question»

Pendant près d’une heure, le directeur exécutif répond encore aux questions des journalistes. Presse écrite étrangère ou française, télévisions, radio, tout y passe. Le Frenchie jette un coup d’œil vers le ciel, si la météo est mauvaise, les chiffres pour le consortium européen voient le beau temps.

Parmi la petite meute de journaliste, un monsieur, canne dans une main, micro radio dans l’autre, manque de peu de toucher le menton de Fabrice Brégier. Le journaliste radio ne s’aperçoit de rien étant donné qu’il est aveugle. «Non monsieur, je ne répondrai pas à votre question», réplique le directeur exécutif.

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Son attachée de presse mime le ciseau avec sa main pour signifier que les questions s’arrêtent ici. Fabrice Brégier se déplace maintenant vers un autre point pour réaliser un long-duplex télé. Entre deux verres de vin rouge et quelques petits fours, les journalistes-rédacteur et radio écrivent leur papier. Tout doit aller vite.

13h37, je vois un confrère de Radio France enregistrer son papier. «Voilà, une chose de faite. Il reste quelque chose au buffet ? Je n’ai pas encore eu le temps de manger…»

Les photojournalistes réquisitionnent Fabrice Brégier pour une photo posée devant une maquette d’un Airbus. La scène est pathétique et tellement fausse. «Monsieur Brégier, vous pouvez toucher l’avion svp?». Rien de tout cela est naturel mais ce genre d’image est tellement demandé par les journaux. On doit se plier à l’exercice, Fabrice Brégier, qui a fait un marathon médiatique de deux heures et demi esquisse les derniers sourires. A la sortie du bâtiment, plusieurs berlines françaises et allemandes attentent ses passagers. Airbus, atterrissage sans encombre d’une communication bien huilée.

 

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