10 Mar

Dimanche aux arènes : Police partout, Justice nulle part !

Pour les gens qui partagent la belle passion des toros, les dimanches de corrida dans les Landes ont un parfum unique, irremplaçable. Pas simplement parce que l’aficion de ces terres taurines là est à nulle autre pareille, mais parce que le partage va bien au-delà des deux heures que durent le spectacle.

En général, on arrive le matin, et il n’est pas rare que quelques carcassades de canards gras vous attendent sur une bonne braise, pas loin des portes des arènes.

Puis c’est le bar du village, la lecture commentée à voix haute, entre deux cafés, du Sud Ouest du jour, mauvaise foi comprise.

Les amis arrivent, surtout ceux que l’on n’attendait pas. On reprend un café, un Perrier, on est au soleil, à considérer l’art si particulier qu’on a, par ici, de tailler les mûriers-platanes.

On s’inquiète déjà de ce qu’on va manger à midi.

Ici ou là, une messe se termine : on voit passer, en petits groupes vifs, les fidèles qui se pressent vers le pâtissier. La messe, on s’en fout, on n’y était pas. Et puis on n’aime pas les gâteaux. Ou alors les tartes aux fraises, avec une très bonne pâte brisée.

En fait, c’est surtout la messe, qu’on n’aime pas, souvenirs d’enfance des petites lâchetés des uns et des autres, des silences et des omissions. Oui, la messe, on fait plus que s’en foutre, mais grâce à elle, et aux platanes, on se croirait dans une chanson de Charles Trénet. Alors c’est bien comme ça.

Une vieille dame passe : elle vient de chercher son pain chez le boulanger de la place. On regarde l’heure. On se dit que chaque jour, au même moment, à cinq minutes près, elle doit passer ici, près de la table où l’on s’est installé. Le pain sous le bras, le journal…

D’ailleurs, l’église ou la Mairie vient d’envoyer les cloches : il est midi.

On passe au rosé glace.

On ferme les yeux. Le soleil s’empare tout à coup des visages. On voit rouge.

Deux jeunes filles sortent d’une ruelle, juste derrière le café. Elles rigolent en regardant leur téléphone portable. Quand elles arrivent à la hauteur de la terrasse du café, elles ne voudraient pas, mais leur allure, leur pas, changent imperceptiblement. Elles savent le regard des attablés.

D’autres amis arrivent. Ils sont en retard. Rien de grave : encore cinq ou six heures avant les toros. On se demande quand est-ce que la vieille dame au pain a vu sa dernière corrida…

Ces moments de douceur, ces instantanés de village au goût de toros à venir, je prétends que seules les arènes landaises sont capables de les offrir à l’aficionado attentif. Vous ne trouverez jamais ailleurs une telle qualité d’atterrissage, d’accueil au sens propre du terme. Ou il faudrait aller bien loin, dans quelques villages d’Andalousie. Mais la douceur landaise est unique, éclairée de l’intérieur par une lumière très particulière.

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Je pensais à ça, dimanche à Samadet, en passant à pied le troisième barrage de gendarmes qui bouclaient, à partir de neuf heures du matin, l’intégralité du centre. Je me disais : « C’est ça que nous perdons avec toutes ces conneries de manifestations d’anti taurins : la douceur, et le temple. Cette manière géniale de laisser passer les heures qui nous inquiètent. Ensemble, en considérant les autres. »

Au dernier barrage, le gendarme m’a rendu ma carte de presse avec un mot aimable. En m’éloignant, je me suis entendu lui dire : « Merci, et bon courage. »

Je me suis figé un peu plus loin. Au fait, bon courage de quoi ? Bon courage quand il faudra que tu casses la tête à un jeune couillon de Hambourg ou de Besançon venu manifester contre ce qu’il pense être une « barbarie » hors d’âge ? Bon courage pour nous empêcher de traîner en terrasse, les narines à l’air ?

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Le bon sens et l’Observatoire auront raison de m’objecter que c’est le couillon d’Hambourg et pas le gendarme de Clermont Ferrand qui m’empêche de bader. Bien sûr.

Mais c’est plus fort que moi, je n’y arrive pas ! Aller aux arènes comme ça, protégé comme les Maîtres de Forges lors d’une grève, désolé, je ne peux pas.

Comme je n’arrive pas à me réjouir qu’on arrête ces gosses qui nous insultent à l’entrée des arènes. Je n’arrive pas à leur souhaiter le panier à salade, les claques préventives, la garde à vue désespérante. Ils ont le droit de manifester, de trouver que nous sommes de vieux réactionnaires sans excuses, ils ont le droit de le dire et de le penser. Simplement, ce qui serait super, c’est qu’ils fassent ça ailleurs…

A ce propos, que les antis taurins réfléchissent deux minutes (ça les changera) : ce n’est pas nous qu’ils doivent convaincre ! Ils n’y arriveront jamais… Le mieux serait qu’ils manifestent là où ils risquent d’être entendus. Devant les Préfectures, les Conseils Régionaux, à Bruxelles, bien sûr. En Crimée ! Mais pas devant les arènes ! Nous, nous continuerions tranquillement d’aller aux toros, comme de toute éternité, en traînant gentiment à la terrasse des bistrots. Et de temps en temps, nous irions nous aussi à Bruxelles, pour remettre leurs arguments à l’endroit.

Qu’ils manifestent, comme la Loi et la morale leur en fait droit. Mais ailleurs.

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Alors merci aux maires des villes taurines françaises de leur courage et de leur ténacité. Merci à l’Observatoire et aux autres de pousser les fers de la Loi et de son respect. Mais tout ceci n’aura, tout le monde le sait, qu’un temps. La communauté nationale, en ces temps de crise grave, ne pourra pas longtemps supporter le coût du déploiement policier. Les manifestants le savent. C’est même leur objectif principal.

Les pouvoirs publics doivent donc – c’est de leur responsabilité – trouver autre chose pour empêcher ces face à face mortifères et imbéciles. Et vite.

Car moi, je ne veux pas aller aux arènes « protégé » par la Police. Et je ne veux surtout pas faire une croix sur le doux rêve landais des matinées de corrida, quand on se dit que, finalement, tout ça vaut vachement la peine d’être vécu…

Jean-Michel Mariou

 BlogEnTête

 

 

 

 

 

04 Mar

Mozart, torero !

C’est une statue qui regarde le Guadalquivir, au coin du grand théâtre de la Maestranza, à Séville.

Wolfgang Amadeus Mozart appuie nonchalamment son pied droit sur une chaise.

Dans la main gauche, il tient une partition, qu’il parcourt du regard.

Dans la main droite, cet après-midi, il tenait un capote plié…

Mozart

01 Mar

Sur twitter avec les autres…

Paquirri est à Venise

Paquirri est à Venise. Avec son frère Cayetano, et avec sa femme. Quand on regarde le cliché qu’il a posté tout à l’heure sur twitter, c’est pas frappant. Mais elle est là : à leur gauche, on l’aperçoit, coupée à l’arrache. C’est juste que leur copain, qui prenait la photo, n’aime pas sa belle sœur. Ou alors, il venait de s’engueuler avec elle. Car sur d’autres clichés, on peut la voir en entier, tenant la main de son torero dans un canot à moteur, assis à la terrasse d’un café cher sur la Place San Marco, déguisé d’un masque emplumé dans ce qu’on imagine être leur chambre d’hôtel. Bref, Francisco Rivera Paquirri est en week-end à Venise, avec son frère et des amis, pour se régaler du fameux carnaval.

On s’en fout ? Bien sûr qu’on s’en fout ! Mais ainsi va twitter, qui mélange sans réfléchir l’information et le babillage.

J’ai découvert twitter très tard, fin 2012, et je m’y suis lancé avec gourmandise : le nombre d’informations que l’on peut y pêcher est tout à fait impressionnant. Pêcher est la bonne image, pourvu que ce soit à l’épuisette. Car on a l’impression d’être assis sur les berges d’une rivière, les pieds pendant négligemment dans l’eau, et de voir passer un flot ininterrompu d’informations, d’images, de vidéos. Il suffit de donner un petit coup d’épuisette pour remonter le poisson. J’ai tenu un an, et puis j’ai calé : mon « temps humain » n’a pas tenu le coup. Je me suis aperçu que je lisais moins de livres. J’ai donc fermé en catastrophe mon compte personnel, qui m’amusait pourtant (mêler les informations littéraires, politiques, et l’aficion aux toros met le petit peuple de vos suiveurs dans un malaise assez spectaculaire…), et je me contente, à défaut de l’animer vraiment, de suivre celui de Signes du Toro.

La time line que nous y avons choisie est composée de toreros, d’éleveurs, de journalistes spécialisés et d’aficionados concentrés, aux quatre coins de la planète taurine.

Aujourd’hui samedi, par exemple, on y a appris – en dehors du pathétique week-end de Paquirri – que les arènes de Saint Gilles ont été l’objet d’une attaque à la peinture de la part des antitaurins, que l’émission de Canal Sur, « Toros para todos », de l’énervé Enrique Romero, revient à l’antenne le dimanche 16 mars, que Léa Vicens reprenait la selle et l’épée cet après-midi à Artafe, et que jeudi prochain, pour l’ouverture de la féria d’Olivenza, Miguel Angel Perera donnera dans les arènes un tentadero gratuit pour 5000 gosses…

Mais l’effet de communauté, auquel les aficionados sont tellement attachés, se tisse aussi entre les infos. Les petits mots spontanés, les réactions, déclarations, forment le « son » si particulier d’une time line pertinente. Aujourd’hui, le son, comme parfois le samedi, était mélancolique…

« La double morale est banale. Et l’ignorance immense. Vivent les toros. Et longue vie à notre fiesta » (@cesar1973)

« Selon certains professeurs d’université, on ne doit pas diffuser de corridas quand les enfants regardent la télé. Par contre, Salvame, on peut ! » (@jm_elbomba)

« La passion des madrilènes pour marcher avec le parapluie planté dans le crâne, et en conséquence dans l’œil du voisin me surprendra toujours » (@Jdouetphoto)

« Merci à Mundotoro de m’avoir volé une photo des arènes d’Aignan. Mais au fond, c’est pas grave. Ça m’a même fait rire » (@florentmoreau17)

C’est ainsi, la passion des toros fait qu’on est tous sur twitter, avec les autres. Ceux qui vous font rire, et ceux qui vous volent. Quelque chose comme une société…

 

Jean-Michel Mariou

 

 

 

14 Fév

Marius, laisse un peu mesurer les autres !…

Marius dans son bar

Marius dans son bar

« Il y a des jours où l’on devrait pouvoir indulter la nuit… »

Il est près de cinq heures du matin. Nous ne sommes plus que trois ou quatre, accrochés au zinc du bar Le Méditerranée, rue Roussy à Nîmes. Ivres et heureux. Derrière son comptoir, Marius, le patron, vient de lâcher dans un soupir cette phrase qui va nous poursuivre pendant des années. Dans l’après-midi, Enrique Ponce a gracié un toro dans les arènes de la ville. Un moment exceptionnel, inoubliable. De ces petits miracles, on sort toujours transformés, un peu meilleurs qu’avant.

Mais l’accomplissement taurin réclame que l’on ajoute à ce bonheur des mots, des rires nerveux, de l’alcool, des phrases, sérieuses ou délirantes, des cris, des analyses, des souvenirs, des accolades, des bouts de poèmes et des yeux ronds. Une grande faena n’existe que lorsqu’on l’a suffisamment rabâchée, car l’on ne peut, littéralement, jamais en croire tout à fait ses yeux.

Pour ce travail de contre deuil (de naissance, donc ? « travail » est aussi le mot qui désigne la phase de préparation à l’accouchement), pour ce dernier temps du triomphe taurin qui consiste à tenter de le fixer définitivement, comme la couche de laque rajoutée à un tableau fini, il faut un lieu. Comme un atelier. Ce sera, le plus souvent, un bar taurin. Celui de Marius, à Nîmes, était le plus merveilleux de tous.

On n’ira pas jusqu’à prétendre que tout était pensé dans ces moindres détails, mais l’agencement des tables et des circulations vous obligeait, d’abord, à vous arrêter au zinc. Certains n’allaient pas plus loin. D’autres gagnaient les grandes tablées bruyantes d’amis regroupés comme autant de sectes pour célébrer les corridas du jour. Nous, nous glissions toujours jusqu’à la petite cour du fond, où Geneviève servait le pain andalou et les sèches à la madrilène. Et quelques rasades d’amitié. C’est au retour, avant de pouvoir atteindre la rue, que Marius vous arrêtait au bar. On y a bu de tout, des alcools doucereux, des rivières d’anis, du whisky ou du gin, de sages bières ou des Armagnacs de Decazeville. Toujours Marius souriait, bienveillant, amical, et toujours revenant, du fond de son immense aficion, à ce qui nous rassemblait là : la corrida du jour, avec ses risques et ses déceptions, ses merveilles et ses surprises.

Ce jour-là, le jour de Ponce, nous avions mis sept heures à répéter la même chose, que nous avions bien vécu, ensemble, finalement, ce que nous avions vu. Et dans l’ivresse épuisée qui nous faisait enfin glisser à petits pas vers la porte et la rue, il y avait eu cette phrase, merveilleuse pépite qui avait enfin dit ce que nous cherchions tous.

Chaque aficionado français, pour peu qu’il mérite ce beau nom, a un souvenir de ce genre avec Marius, dans son bar, un soir de corrida. C’est en ça qu’il était grand.

Il y a quelques années, Marius avait disparu plusieurs semaines dans les limbes de cette maladie qui l’a finalement vaincu hier. Absent à la ville, et à lui-même. En sortant de l’hôpital, il avait raconté son coma délirant dans lequel il combattait avec acharnement et pundonor un lourd toro blanc. Il pensait l’avoir terrassé. Mais il y a des toros morts qui vous tuent. Celui qui ôta la vie à Yiyo lui planta sa corne dans le cœur alors que, transpercé par l’épée, il s’effondrait dans un dernier sursaut.

Marius est mort. Pour ceux qui aiment la vie par dessus tout, c’est une défaite. Pour nous qui aimions Marius, c’est un désastre.

Jean-Michel Mariou

 

 

28 Juil

Toro Va ! Le torero à cheval

Il s’appelle Gabin Réhabi. C’est un des meilleurs picadors français à l’heure actuelle. Il est originaire d’Arles, et était hier à Beaucaire, pour piquer la corrida du Curé de Valverde.

Sur son compte twitter, on peut lire cette devise tomasiste : « Vivir sin torear no es vivir »…

24 Juil

Chiasme (mon oeil !)

Juan José Padilla à Mont-de-Marsan

Dans les années soixante-dix, on en aurait certainement pondu quelques pages savantes dans une revue de Sciences Humaines. On aurait intitulé ça :

« Volonté de spectacle et spectacle de la volonté« ,

et on aurait glosé à l’infini sur le « Paradoxe Padilla »…

Soyons honnêtes : tout ça n’aurait jamais dû se produire. Il y a deux ans, Juan José Padilla, sympathique torero spectaculaire de la fin des années 2000, se dirigeait tout tranquillement vers une retraite moyenne, comme la carrière qu’il déroulait depuis l’année 1994, au cours de laquelle il prit l’alternative.

Mais le 7 octobre 2011, dans les arènes de Saragosse, un toro de Ana Romero vint trancher, de la pire des manières, dans la chair biographique cousue d’avance. Padilla trébuche au moment de la pose d’une paire de banderilles, et reçoit un coup de corne dans le visage : traumatisme facial sévère, lésions auditives et du maxillaire irréversibles, perte de l’œil gauche… Les choses basculent. Et la presse raconte à l’infini cette carrière interrompue.

Mais à voir réécrire ainsi, sous le seul œil qui lui reste, la fin de son histoire, Padilla décide qu’il tiendra lui-même la plume. Et la muleta. Car démentant toutes les prévisions, il annonce à sa sortie de l’hôpital qu’il reviendra dans les arènes la saison suivante. Hochements de têtes. Mais bien sûr : après tout, il a bien droit à sa tournée d’adieux, comme un compagnon de la chanson borgne.

L’histoire taurine, qui a la mémoire longue, célèbre plusieurs borgnes, souvent pour leur courage, jamais pour leur longévité dans l’arène. Ainsi Manuel Domínguez Campos « Desperdicios », premier borgne de la tauromachie, l’œil droit énucléé par le toro Barrabas, le 1er juin 1857 dans les arènes du Puerto de Santa Maria : après la cornada, Domínguez s’arracha lui même le globe oculaire, pendant et inutile, avant de rejoindre à pied l’infirmerie. Cinquante trois jours après, le maestro « Desperdicios », borgne, reprenait l’épée…

Mais de Lucio Sandin à Luis de Pauloba, on sait que les toreros d’un seul œil ne font jamais long feu dans une arène…

En mars 2012, pour la feria d’Olivenza, la première de la saison, Juan José Padilla fait donc le paseo, un bandeau noir à l’ancienne posé sur l’œil. Pour cette première corrida, comme pour celles qui suivent, les gens viennent d’abord saluer le courage insensé de  celui qui ne se rend pas. Qui, bandeau de pirate sur l’oeil, refuse la fatalité. D’ailleurs, cette histoire de pirate, c’est pas si mal : pourquoi est-ce qu’on ne creuserait pas l’idée ? Après tout, il s’agit, ici aussi, plus ou moins, de marketing et de désir du public. Va pour le pirate. Spontanément, les peñas s’emparent de la mise en icône, et les drapeaux de circonstance – tête de mort blanche sur fond noir – fleurissent dans les gradins, surgissent en marées houleuses à chaque vuelta. Et puis pourquoi ne pas garder ce bandeau, alors que la chirurgie esthétique vous refait un visage et un œil comme si de rien n’était ?…

Résultat des courses à la fin 2012 : Soixante et onze corridas toréées en France, en Espagne et aux Amériques : beaucoup plus que dans n’importe lesquelles des dix sept saisons qui précédèrent celle-ci !

Car petit à petit, le projet a prit forme : vendre, avec Padilla et sa tauromachie joyeuse, violente, populaire, l’image de l’infini courage, et du spectacle de son engagement. Il faut certes plus que du courage pour continuer à toréer, comme si de rien n’était – banderilles incluses – à toréer « comme avant », comme quand on avait deux yeux pour voir venir le danger – cornes incluses… Jusqu’à la blessure, c’était la volonté de Juan José Padilla de donner du spectacle, qui s’organisait dans ses apparitions. Désormais, c’est le spectacle de cette volonté que l’on met en scène.

Ainsi, quelque chose s’est installé, impeccablement, avec la dose de cynisme dont les taurins sont aussi capables, et que l’on prit plaisir à observer la semaine dernière à Mont-de-Marsan, où Padilla triompha vraiment devant un bon toro de Joselito.
Un triomphe de plus dans cette étrange marche glorieuse qui, depuis sa terrible blessure, fait de Padilla un homme riche et adulé. Dans le callejon, le maigre Diego Robles, qui veille sur sa carrière, ne dit, dans un sourire forcé, pas autre chose :

« Dans notre malheur, le pire c’est que ça ne nous soit pas arrivé trois ans plus tôt »…

19 Juil

callejon

Le callejon est, dans une arène, l’endroit où se réunissent les professionnels indispensables au bon déroulement de la corrida. (Mont de Marsan, jeudi 18 juillet 2013)

18 Juil

Toro va !… Les larmes aux yeux

On le sait, le mot irrationnel est un de ceux qui s’appliquent le mieux à cet étrange monde des toros. Est irrationnel ce qui est en dehors de la raison, comme par exemple s’habiller en lampion avec des bas roses pour affronter un toro de cinq cent kilos. Ou certaines superstitions, qui ne s’expliquent pas.

Mercredi matin à Mont de Marsan, lors du tirage au sort de la corrida de Fuente Ymbro, les cuadrillas unanimes mirent tout de suite de côté un des toros : « Non, celui-là, non. On le garde comme remplaçant, mais il n’est pas dans les six de départ… » Dans ces cas-là, inutile d’aller savoir pourquoi…

Or, ce paria, ce recalé du matin, il a bien fallu que le Juli le torée, en remplacement du quatrième, qui s’était à moitié tué en tapant contre le montant d’un burladero. Le toro est donc finalement sorti, plutôt bien, magnifique de tête, de corps, de présence, et il a même laissé une de ses oreilles dans la besace du madrilène… Aussi a-t-on cherché à savoir pourquoi le matin les cuadrillas n’avaient pas voulu de lui. Et la réponse du callejon est venue, simple, désarmante :

« Il avait les larmes aux yeux !… »