17 Mai

Basket : 2015-2016, la saison de toutes les frustrations pour l’Elan Chalon

En perdant le match retour de son quart de finale face à l’ASVEL (79-71), ce mardi 17 mai 2016 à l’Astroballe, l’Elan Chalon se voit déjà éliminé des playoffs. Deux petits matchs, et puis s’en va. Un épilogue inattendu, presque sévère, pour une équipe qui a réussi une saison régulière solide, souvent enthousiasmante, terminée à une 4e place méritée. Mais comme en coupe d’Europe 15 jours plus tôt, l’avantage du terrain n’aura pas été suffisant. Pourtant, l’Elan avait une attaque clinquante, du beau matériel dans son effectif (dont le MVP de Pro A, Devin Booker). Si le club a fait un retour remarqué sur le devant de la scène, cette saison a aussi été parsemée de frustrations. L’Elan a eu des occasions de soulever un trophée, sans jamais réussir à conclure. Frustrant, oui. Analyse.

Chalon frustration

Avant de pointer du doigt ce qui peut légitimement frustrer les fans chalonnais après cette élimination rapide, rappelons tout de même tout ce qui a été positif dans cette belle saison : l’Elan s’est classé 4e de Pro A, 3e en FIBA Europe Cup, a tapé les gros du championnat, a fait un très beau parcours en Leaders Cup, et le tout, en proposant un basket offensif très spectaculaire. Dans beaucoup de clubs, on se satisferait largement d’un bilan aussi flatteur. Mais à Chalon, le public, les partenaires, les observateurs, ont pris goût aux titres ces dernières années. Ils sont devenus exigeants, c’est normal. Surtout quand ils sentent que l’équipe a le potentiel pour soulever des trophées. Cela semblait être le cas cette saison. A trois reprises, Chalon a eu l’occasion de faire sensation. Pour malheureusement, trois échecs, forcément cruels.

Une finale ratée chez Mickey

elan monaco disneyArrivé à Disneyland en pleine bourre, Chalon a déroulé en quart face au Mans (87-79), puis en demi-finale face à l’ASVEL (91-70). A l’issue de ce match, totalement maîtrisé, Jean-Denys Choulet déclare : « cette année, je retrouve un peu des choses que j’avais connues à Roanne en 2007. C’est une équipe différente mais dans l’esprit, ça y ressemble. Des joueurs capables de s’entraîner fort tous les jours, de jouer fort tous les jours mais la veille ils sont aussi capables de rentrer à 4 heures du matin après avoir bu des canons. » L’Elan envoie de bons signaux, mais pourra-t-il faire aussi bien que la Chorale en 2007 (vainqueur de la semaine des As, et du championnat) ? La réponse arrivera vite, dès le lendemain. En finale face à Monaco, après un départ canon, tout s’écroule en deuxième mi-temps. Et c’est la Roca Team qui soulève le trophée (99-74). En conférence de presse, l’entraîneur chalonnais constate : « On est ce soir battus par une équipe qui nous est supérieure, c’est aussi simple que ça. J’ai eu l’impression que certains avaient plus envie de se montrer sous les projecteurs que de ramener un trophée à l’équipe. On a battu cette même équipe de 20 points sans Jeremy Hazell et sans Devin Booker, alors comment peut-on expliquer ce soir qu’on prenne une ramassée pareille ? Le basket ce n’est pas que du talent, c’est aussi de l’envie et du travail défensif de temps en temps. » Chalon ne s’est pas montré assez solidaire pour gagner. En 3 jours, on a vu l’incroyable potentiel, mais aussi les limites de cette équipe. Premier avertissement. On se dit alors, pour positiver, qu’il faudra faire mieux en Coupe d’Europe, mais…

Un Final Four décevant à la maison

Chalon Varèse MichineauEngagé en FIBA Europe Cup, la 3e et plus « petite » coupe d’Europe, l’Elan a joué le jeu. Une compétition pas très relevée au début, mais plus intéressante à partir des phases finales. Les Chalonnais sortent Ostende puis Yuhzne, et se qualifient brillamment pour le Final Four. Cerise sur le gâteau, Chalon-sur-Saône obtient l’organisation de l’événement. Les dirigeants, les bénévoles, le public : tous assument cette responsabilité. Mais c’est sur le terrain que ça va coincer. En demi-finale face à Varèse, l’Elan est dominé, mais vire en tête à la pause (53-48) avant de lâcher prise. Une défaite 82-91, qui gâche un peu la fête. « Le club bourguignon peut nourrir de gros regrets devant cette occasion manquée, lui qui avait l’avantage d’évoluer devant son public. Son adversaire, qui plus est, ne semblait pas insurmontable », peut-on lire dans la dépêche AFP. « L’équipe dirigée par Jean-Denys Choulet a manqué de tranchant en défense et n’a pas réussi à rester sur sa cadence offensive affichée au terme d’une première mi-temps dominée. » En gros, la même histoire qu’au pays de Mickey, deux mois plus tôt. Pour la forme, les Chalonnais finissent sur le podium, mais cela n’efface pas la déception. On se dit alors, pour positiver, qu’il faudra faire mieux en playoffs, mais…

Panne d’adresse en playoffs

Chalon ASVEL BookerPatatras. Alors que les Chalonnais avaient fait le boulot en saison régulière, assurant une belle 4e place après le derby gagné de justesse lors de la dernière journée (85-81), ils perdent l’avantage du terrain dès le début des playoffs. Dans un Colisée pourtant bondé, bouillant, l’Elan se casse les dents sur la défense de l’ASVEL (la meilleure de Pro A cette saison), et s’incline 77-65 à cause d’une adresse famélique (4/28,14% à 3 points), et d’un jeu collectif perturbé par une équipe lyonnaise beaucoup plus agressive, et prête au combat. Pour le coach, seule la maladresse est en cause : « on perd parce qu’on ne met pas un tir dedans. Si on ne met pas nos tirs extérieurs, on est effectivement en souci. Je n’ai pas grand chose à dire sur mes joueurs, qui ont fait ce qu’ils pouvaient… En ce moment on a un peu les canons enrayés. Mais je ne pense pas qu’on refera un match à 14% de réussite à 3 points… » Mais l’adresse extérieure n’est pas revenue à l’Astroballe : 9/30 de loin, lors du match 2 (contre un brillant 10/19 côté ASVEL). Canons enrayés, ou groupe fatigué… L’Elan rend les armes face à une équipe qui lui a été clairement supérieure sur cette (courte) série…

Hazell, pour le meilleur et pour le pire

Jeremy hazellC’est un attaquant pur, magnifique, et, par séquences, intenable. Jeremy Hazell est un artilleur fou. La preuve, dans le match face à Cholet au Colisée, il aligne un 6/6 à 3 points, en un temps record, et dans des positions hallucinantes. Il terminera à 6/8 derrière l’arc ce soir-là. Mais le problème, c’est que l’arrière américain shoote beaucoup, qu’il soit en réussite ou pas. Il continue à envoyer, jamais rassasié. Si l’Elan Chalon a brillé offensivement (10 fois au-dessus des 100 points cette saison), c’est bien sûr en grande partie grâce à lui. Sauf que dans les grands rendez-vous, les matchs qui comptent double, l’artilleur s’est déréglé. Contre Monaco en finale de Leaders Cup ? 18 points, à 6/14 aux tirs (6/11 à 3 points, mais une évaluation à 11, à cause d’une deuxième mi-temps très poussive). Contre Varèse en demi-finale européenne ? 19 points, à 6/22 aux tirs (1/12 à 3 points, en 40 minutes de jeu). Et au match aller contre l’ASVEL en playoffs ? 11 points, à 4/16 aux tirs (1/8 à 3 points, 2 d’éval en 32 minutes sur le parquet). En cumulant ces 3 matchs clés, Hazell a tourné à 25% à 3 points. Et sa propension à croquer a, au final, pénalisé le collectif. Hazell veut bien faire, mais quand il s’obstine, la balle ne vit plus, et les coéquipiers s’agacent. Il n’a joué que 7 minutes au match 2 à Villeurbanne, pour une évaluation négative (-3). Malgré la confiance de son coach, il n’a pas été le « clutch player » attendu. Sa dernière « prestation » a même été vécue comme une trahison personnelle par Jean-Denys Choulet.


Jean-Denys Choulet fait le bilan après l’élimination de Chalon à Villeurbanne

Et pourtant…

Et pourtant, Chalon a bossé dur toute la saison, et obtenu de grosses satisfactions : l’apport de son banc (les jeunes Michineau, Lessort et Bouteille ont pris du volume, et Justin Brownlee a souvent été important), l’explosion de Devin Booker, la maestria de John Roberson à la baguette… Mais ni ses nombreux atouts, ni l’avantage du terrain (en coupe d’Europe et en playoffs) n’auront permis à l’Elan d’aller au bout d’une compétition. L’exercice 2015-2016 se termine donc plus tôt qu’espéré. Il laissera de grands souvenirs, des cartons offensifs dans les annales du championnat de France. Mais aussi de gros regrets.