03 Oct

La majorité parlementaire menacée par une fronde anti-vaccins ?

Eric Alauzet est le député de la 2e circonscription du Doubs (DR)

Eric Alauzet est le député de la 2e circonscription du Doubs (DR)

Des voix s’élèvent à l’Assemblée nationale contre le projet du gouvernement qui entend passer de 3 à 11 vaccins obligatoires. Plusieurs parlementaires, dont des députés de La République en marche (LREM), ont demandé ce lundi un « moratoire » avant d’étendre les obligations vaccinales pour les jeunes enfants, voulant « prendre le temps du débat démocratique ». Parmi ces députés, l’élu LREM du Doubs Eric Alauzet, par ailleurs médecin à la ville.

Au mois de juillet déjà, Eric Alauzet avait qualifié de « réponse démesurée et inappropriée » le projet de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Une initiative pas du tout du goût de Richard Ferrand. LCP nous rapporte que le patron du groupe LREM à l’Assemblée a rappelé ses troupes à l’ordre: « c’est arrivé une fois, mais ça ne pourra plus arriver » a-t-il prévenu, dénonçant « de la flibusterie sans intérêt ».

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui sera examiné prochainement par le Parlement, prévoit d’augmenter à onze le nombre de vaccins obligatoires à partir du 1er janvier, contre trois actuellement, ce qui fait polémique, notamment chez les anti-vaccins.

Le gouvernement justifie la mesure par la baisse du taux de couverture en France ces dernières années.

« Ce n’est pas l’obligation qui va lever la suspicion » 

La députée LREM Blandine Brocard, la sénatrice communiste Laurence Cohen et la députée européenne EELV Michèle Rivasi ont assuré lors d’une conférence de presse commune soutenir les vaccins en général, « formidable protection pour les populations ».

Mais « pour un vote éclairé » sur l’extension des vaccins obligatoires, il faut « entendre toutes les parties » et « rien n’oblige à agir dans la précipitation », estime l’élue LREM du Rhône, « très sollicitée » dans sa circonscription sur le sujet.

« Il nous manque des garanties pour une sécurité vaccinale », juge aussi Michèle Rivasi, qui pointe les adjuvants, ces substances utilisées pour accroître l’efficacité des vaccins. « Ce n’est pas l’obligation qui va lever la suspicion » des parents, ajoute Laurence Cohen.

Pas dans le programme d’Emmanuel Macron

« Des députés vont nous rejoindre », affirme Blandine Brocard, qui s’est déjà associée à Eric Alauzet, du même groupe LREM, afin de convaincre le gouvernement, dans une rare démarche publique de contestation. « Nous sommes beaucoup de femmes jeunes avec des enfants, la problématique nous touche personnellement », a souligné cette membre de la commission des Affaires sociales de 35 ans, juriste de profession.

« Je pense que je voterai contre » si la disposition est maintenue, a ajouté la députée, remarquant qu’elle ne figurait pas dans le programme du candidat Emmanuel Macron. Et de prôner: « Je reviens aux sources d’En Marche » en demandant « de discuter
et d’écouter » sur un sujet litigieux.

Associé à la même conférence de presse, Thomas Dietrich, ex-secrétaire général de la Conférence nationale de santé, qui avait démissionné en février 2016 en dénonçant une « mascarade » de « démocratie en santé », a aussi déploré l’absence d’un véritable
« débat public » sur les vaccins. (avec AFP)

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