24 Avr

Dimanche, 20h: et soudain, tout le monde ne pensa qu’à une chose, les législatives

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N’allez pas croire que la qualification d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle envoie aux oubliettes les partis traditionnels. Malgré l’élimination précoce et historique de leur candidat, PS et LR misent sur les législatives pour revenir dans le jeu, et pourquoi pas, remporter une majorité à l’Assemblée. Avec des candidats souvent méconnus, En Marche comme le FN ne seront pas en position de force pour ce scrutin, où la prime au sortant reste importante.

Le plus dur commence…

Pour Emmanuel Macron comme pour Marine Le Pen, une victoire le 7 mai, au second tour de la présidentielle, sera historique. Mais il faudra, pour gouverner sereinement pendant cinq ans, gagner ensuite les élections législatives de juin. Et ce n’est pas une mince affaire…

En Marche et le Front national auront la même difficulté: faire élire des candidats pour la plupart inconnus. En Franche-Comté, on ne sait d’ailleurs pas qui sera candidat pour Emmanuel Macron, dans aucune des douze circonscriptions. C’est presque la même chose au FN (à deux exceptions près, Julien Acard dans la 2e du Doubs et Sophie Montel dans la 4e)… Le Front national connaît d’ailleurs bien la difficulté de ce scrutin, lui qui multiplie les bons scores aux dernières présidentielles sans réussir à faire élire de député en Franche-Comté.

Encore une élection imperdable perdue par la droite

Comme aux régionales, la droite s’est pris les pieds dans le tapis électoral. Pendant deux ans, Alain Juppé était le futur président de la République, pendant deux mois, c’était François Fillon. En dépit d’une brillante victoire à la primaire, ce dernier a torpillé son propre camp, entraînant par le fond l’ensemble de la droite. Mais cette cuisante défaite est d’abord celle de François Fillon, plombé par les doutes concernant sa probité. Les Républicains et son allié l’UDI ont la capacité de rebondir aux législatives, notamment en Franche-Comté où la droite compte 8 sortants sur 12 députés.
Jacques Grosperrin: « Les Républicains ne sont pas morts »

Le PS espère discuter avec En Marche

Cela a été beaucoup commenté: de nombreux élus PS ont rallié Emmanuel Macron ces dernières semaines, au nom de la real politik. Après Jean-Louis Fousseret, le maire de Besançon, marcheur de la première heure, le député Jean-Michel Villaumé, le président du Département de Haute-Saône Yves Krattinger et la présidente de Région Marie-Guite Dufay ont officiellement rejoint l’ancien ministre de l’Economie.

Pour autant, En Marche (qui n’a investi officiellement aucun candidat en Franche-Comté) peut-il engager des négociations en vue d’un accord avec le PS? Théoriquement, c’est impossible. Le parti d’Emmanuel Macron veut investir 577 candidats, dont 50% issus de la société civile, et rejette la double étiquette. Pourra-t-il espérer une majorité parlementaire dans ces conditions? Beaucoup en doutent.

« L’erreur serait de considérer que le score de Benoît Hamon sera le score des candidats socialistes aux législatives, estime Nicolas Bodin, patron du PS dans le Doubs. C’est une erreur dramatique que commettrait Emmanuel Macron (…) Il va falloir qu’En Marche discute avec le PS ». Le député EELV (soutenu par le PS) Eric Alauzet révélait dans la foulée qu’il avait voté Emmanuel Macron, s’imaginant candidat d’un rassemblement le plus large possible.

Pas si simple pour le maire (PS) de Besançon, Jean-Louis Fousseret, adhérent d’En Marche, qui préfère botter en touche: « Nous avons des règles au niveau national (…) Nous appelons au rassemblement de toutes les forces de progrès, à gauche et au centre ».

Nicolas Bodin: « Il va falloir qu’En Marche discute avec le PS »

Jean-Louis Fousseret: « Nous avons des règles au niveau national »

Eric Alauzet

La France insoumise et le PCF enfin rassemblés ?

Les législatives seront aussi déterminantes à la gauche de la gauche, qui peut espérer des députés dans la foulée de l’excellent score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. Le problème, que nous avions déjà évoqué ici, c’est que les communistes et les insoumis se tirent constamment dans les pattes, envisageant même de présenter des candidats concurrents, comme c’est le cas sur la 2e circonscription du Doubs, avec le communiste Christophe Lime et l’insoumise Claire Arnoux. « A chacun de prendre ses responsabilités, pestait l’adjoint PCF au maire de Besançon dimanche soir. L’objectif des communistes c’est d’avoir une majorité véritablement à gauche à l’Assemblée nationale (…) C’est suicidaire d’aller divisés aux législatives ».

Emmanuel Girod, de la France Insoumise, rappelait lui que son mouvement a déjà ses candidats, désignés par la démocratie interne: « la recomposition se fera autour de France Insoumise », assure-t-il.

Christophe Lime (PCF): « C’est suicidaire d’aller aux législatives divisés »

Emmanuel Girod (FI): « On ne va pas retourner dans des accords d’appareils »

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