01 Fév

Démantèlement nucléaire: Barbara Romagnan (PS) et Julien Aubert (LR) pointent l’excès d’optimisme d’EDF

Les députés Barbara Romagnan (PS) et Julien Aubert (LR) à l'Assemblée (DR)

Les députés Barbara Romagnan (PS) et Julien Aubert (LR) à l’Assemblée (DR)

Le démantèlement des centrales nucléaires françaises sera plus long, difficile et coûteux qu’anticipé par EDF, estime ce mercredi un rapport parlementaire qui pointe l’excès d’optimisme en la matière de l’exploitant du parc atomique tricolore. La députée PS du Doubs Barbara Romagnan est l’auteur de ce rapport avec son collègue du Vaucluse Julien Aubert (LR).

« D’autres pays se sont engagés dans le démantèlement de leurs centrales; les retours que nous en avons contredisent assez régulièrement l’optimisme dont fait preuve EDF, tant sur les aspects financiers que sur les aspects techniques du démantèlement », souligne le rapport d’information.

L’électricien exploite actuellement 58 réacteurs en France et compte neuf réacteurs à l’arrêt.

« Le coût du démantèlement risque d’être supérieur aux provisions »

Selon le document, EDF estime à 75 milliards d’euros les charges brutes pour le démantèlement de l’ensemble de son parc, dont 36 milliards ont à ce stade été provisionnés, par le biais notamment d’un portefeuille d’actifs dédiés.

Or, « le coût du démantèlement risque d’être supérieur aux provisions », estiment les auteurs, les députés LR Julien Aubert et PS Barbara Romagnan, soulignant que la faisabilité technique « n’est pas entièrement assurée » et que les travaux de déconstruction prendront « vraisemblablement plus de temps que prévu ».

Economies d’échelles

Alors que la doctrine prévalant en France veut que le démantèlement des réacteurs arrêtés intervienne immédiatement, EDF a déjà reporté de plusieurs décennies le démantèlement de six anciennes installations au graphite-gaz arrêtées pour la plupart depuis plus de 30 ans.

Pour justifier ses chiffres, EDF fait valoir des économies d’échelle qui découleront, selon lui, d’un effet de série lié à la standardisation du parc. Le groupe estime d’ailleurs le coût du démantèlement en extrapolant à l’ensemble des sites les charges estimées pour une centrale générique de quatre réacteurs de 900 mégawatts, celle de Dampierre (Loiret).

Des dépenses lourdes oubliées

Or « le postulat de départ selon lequel le démantèlement de l’ensemble du parc sera homogène est remis en cause par certains spécialistes qui arguent que chaque réacteur a une histoire particulière avec des incidents différents survenus au cours de son histoire », souligne le rapport.

EDF table aussi sur une mutualisation des coûts basée sur le fait que les sites en démantèlement se trouveront forcément à proximité de tranches en service ou en construction – ce qui sous-entend un renouvellement du parc actuel alors que la loi de transition énergétique limite à 50% la part de l’atome dans l’électricité produite en France à l’horizon 2025.

En outre, l’opérateur historique omet certaines dépenses lourdes, comme les taxes et assurances, la remise en état des sols  contaminés, le retraitement du combustible usage ou l’impact social du démantèlement, relèvent les auteurs, entrevoyant « un
sous-provisionnement manifeste ».

Mise en concurrence

Pour « retarder l’échéance du démantèlement et permettre à ses provisions d’atteindre le niveau requis », le groupe fait aussi le pari d’un allongement de la durée de vie de ses installations à 50 voire 60 ans.

Face à ces constats, le rapport insiste sur « la nécessité de rediscuter sérieusement la stratégie globale de démantèlement ». Une piste est aussi de favoriser la mise en concurrence en lançant des appels d’offres pour la déconstruction des centrales. (AFP)

 

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