04 Fév

Elise Lucet interrompt leur dîner avec Syngenta, deux sénateurs de Franche-Comté s’offusquent

Elise Lucet invitée surprise d'un repas entre les dirigeants de Syngenta et des parlementaires, dont Gérard Bailly et Michel Raison (DR)

Elise Lucet invitée surprise d’un repas entre les dirigeants de Syngenta et des parlementaires, dont Gérard Bailly et Michel Raison (DR)

Mardi soir, France 2 diffusait une enquête détonnante du magazine Cash Investigation, consacrée au scandale sanitaire liée à l’utilisation des pesticides. Au cours de cette émission, la journaliste Elise Lucet s’est invitée à un dîner organisé par la multinationale suisse Syngenta, grand producteur de pesticides. Ce géant de l’agrochimie avait convié dans un « restaurant chic de la capitale » une poignée de parlementaires. Autour de la table, deux sénateurs franc-comtois, le Jurassien Gérard Bailly et le Haut-Saônois Michel Raison. Et les deux élus LR, anciens agriculteurs, n’ont guère apprécié que l’irruption des caméras interrompe leur tranquille séance de lobbying.

« Les médias se croient tout permis, arrêtez », s’offusque d’abord Gérard Bailly. Elise Lucet interroge pourtant le patron de Syngenta France sur une question majeure, la pollution liée à l’atrazine, fabriquée par le géant de l’agrochimie, et qui concerne plus de 420.000 personnes en France.

« Le jour où vous faites un repas de famille et que l’on vient vous interviewer comme ça, vous seriez contente vous? » lance de son côté Michel Raison.

« Parce que vous êtes en famille là », lui rétorque du tac au tac Elise Lucet. « On travaille en privé » répond alors le sénateur de Haute-Saône…

Une séquence, à revoir ci-dessous, jette une lumière crue sur les liens entre parlementaires et lobbyistes.

Suite à la diffusion de l’émission, les élus ont été interpellés sur les réseaux sociaux, souvent très durement, certains internautes n’hésitant pas à les accuser de « corruption ».

raisoncashinvestigationSur son compte Facebook, Michel Raison s’explique. Il regrette « que l’on puisse céder aussi facilement à cette réaction du « tous pourris » et défend sa « probité ». « L’échange de vues autour d’un déjeuner de travail organisé par des professionnels de la filière des pesticides – ou tout autre lobby (économique, associatif etc) – n’engage en rien mes votes, assure le sénateur. L’information et la concertation font partie intégrante de la mission d’un parlementaire ».

Interrogé par L’Est Républicain, Michel Raison dénonce les méthodes « inadmissibles » de Cash Investigation, « une sorte d’agression ».

Dans le Progrès, Gérard Bailly assure de son côté qu’il « ignorait l’existence de Syngenta jusqu’à cette soirée-là ». « Sincèrement, je ne vois pas ce qu’il y a de choquant, poursuit l’élu, Ça ne m’empêche pas de me sentir libre de mes décisions ».