16 Sep

Annie Genevard et le classement « injuste » des députés

Annie Genevard en commission à l'Assemblée nationale (DR)

Annie Genevard en commission à l’Assemblée nationale (DR)

DROIT DE SUITE. Nos députés ont repris le chemin de l’Assemblée nationale ce mardi. Lors de leur départ en vacances, nous avions publié ici un classement des députés de Franche-Comté, fondé sur les statistiques du site nosdeputes.fr. Suite à cet article, Annie Genevard, députée Les Républicains du Doubs, nous a écrit. « Il est injuste d’être jugé par dix chiffres », déplore la parlementaire. Elle l’assure: « De mes 3 années passées à l’Assemblée nationale, je crois n’avoir jamais autant travaillé ». Nous avons choisi de publier intégralement son courriel.

D’abord, rappelons une évidence, soulignée avec raison par Annie Genevard. Oui, ce classement des députés s’appuie sur des données purement quantitatives: taux de présence à l’Assemblée, en commission, nombre d’interventions, d’amendements signés… Ce ne sont que des chiffres certes, mais ils sont bien le reflet d’un certain travail.

Parmi 12 députés de Franche-Comté, certains vont à Paris deux fois plus souvent que d’autres ! Ce n’est pas anodin, et on estime que cela peut intéresser les citoyens.

D’ailleurs, notre article classe Annie Genevard parmi les bons élèves de la classe franc-comtoise. Elle hérite d’une mention « assez bien », et nous rappelons que c’est la députée de la région qui intervient le plus dans l’hémicycle.

« J’aurais pris avec amusement mon classement « assez bien » s’il ne fondait pas le jugement que nos concitoyens peuvent porter sur leurs élus et surtout si je n’avais pas le désagréable sentiment qu’il est un reflet bien infidèle de la réalité du travail d’un parlementaire », écrit la députée et maire de Morteau.

Bien sûr, l’idéal serait une évaluation qualitative de l’activité des députés, mais elle semble illusoire, et serait inévitablement taxée de parti pris idéologique…

Annie Genevard est sans aucun doute une députée active, impliquée. Nous avions d’ailleurs relayé ici son travail sur la montagne, ses engagements sur la loi Notre ou le conseil supérieur des programmes, qu’elle vient de quitter.

Sur le podium des députés de la région lors des deux premières années de mandat, elle a légèrement reculé dans le classement, devancée, en nombre de semaines d’activité, par Eric Alauzet (39), Marie-Christine Dalloz (35) et Jean-Marie Sermier (33).

A vrai dire, ce courriel un peu critique nous a fait plaisir. Il démontre s’il en était besoin que certains députés sont soucieux de défendre leur travail. D’autres, bien moins impliqués qu’Annie Genevard, ont semble-t-il moins de scrupules.

 

« Monsieur,

J’ai pris connaissance avec attention de votre article publié sur le blog de France 3 Franche-Comté le 26 juillet dernier intitulé « Qui sont les députés qui travaillent le plus ? » et souhaite vous livrer quelques remarques qui, je l’espère, alimenteront votre réflexion sur le sujet.

Tout d’abord, les éléments sur lesquels vous fondez votre classement sont purement quantitatifs. Certains comme les amendements signés sont à mon sens peu significatifs dans la mesure où ne sont pas distingués les amendements rédigés par le député lui même et ceux travaillés par un autre député et simplement co-signés. De même les questions écrites sont souvent rédigées sur la base de documents fournis par un tiers et repris dans les mêmes termes par plusieurs députés. De ce point de vue, leur limitation annoncée est une bonne chose.

Sur la question des semaines d’activité, je vous avoue ne pas très bien savoir à quoi cela correspond car, par exemple en ce qui me concerne, ma présence a été constante. Les réunions de la commission dans laquelle je siège ont donné lieu à 52 comptes-rendus et je comptabilise 51 présences attestées. Cela d’ailleurs ne rend pas compte de toutes les réunions de la commission et notamment les auditions et les déplacements sur le terrain qui ne donnent pas lieu à émargement contrairement à d’autres commissions. Cela ne tient pas compte non plus des organismes où nous siégeons à Paris en tant que parlementaire, par exemple celui du Conseil Supérieur des Programmes qui s’est révélé pour moi terriblement chronophage.

J’aurais pris avec amusement mon classement « assez bien » s’il ne fondait pas le jugement que nos concitoyens peuvent porter sur leurs élus et surtout si je n’avais pas le désagréable sentiment qu’il est un reflet bien infidèle de la réalité du travail d’un parlementaire.

Pour tout vous dire, de mes 3 années passées à l’Assemblée nationale, je crois n’avoir jamais autant travaillé.

En plus du travail « classique » de député, j’ai été oratrice de mon groupe sur des textes de lois très importants et très techniques comme la loi NOTRe qui ont exigé énormément de travail, invisible dans vos statistiques celui-là : des auditions, des jours de préparations, des heures passées dans la Commission des Lois (non comptabilisées dans vos chiffres), des jours et des nuits passées dans l’hémicycle comme l’atteste le nombre de mes interventions.

Dans le même temps, chargée par le Premier Ministre d’une mission sur l’acte II de la loi Montagne, j’ai réalisé des dizaines d’auditions et un rapport qui sera remis dans quelques jours au Premier Ministre. Ce travail très attendu du monde de la montagne a requis plusieurs centaines d’heures de travail spécifique.

A cela s’ajoute naturellement le travail en circonscription où je reçois quantité de personnes connaissant des situations difficiles et inextricables ou des porteurs de projets divers et variés et qui requièrent l’appui du député. Je consacre une partie de mon temps également à faire des visites dans les communes. Nos concitoyens ont besoin de cette proximité et cela nourrit la réflexion d’un élu national.

Aussi vous comprendrez combien il est injuste d’être jugé par dix chiffres dont j’espère vous avoir démontré leur caractère partiel et tout relatif quant à la qualité et la quantité du travail réellement fourni.

Je vous prie d’agréer, monsieur, mes sincères salutations. »

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